« Un château
disparait, une route s’éloigne et un village en meurt : c’est toute
l’histoire de Courmononcle ».
Dès la
fin du XIe siècle, Courmononcle était assez important pour s’offrir une
chapelle encore existante, dédiée à Saint-Gengoult. Il ne reste pas d’autre trace du village
primitif.
Pourtant,
dès avant la construction de la chapelle, une bâtisse importante, devenue
par la suite un château, s’élevait au fond de la vallée, au pied de cette
chapelle et au bord des pâtures.
A cet
emplacement, vers 1890, M. Fruitier retrouva dans sa propriété les
fondations d’une tour ou d’un colombier, seuls vestiges de l’ancienne
seigneurie de Courmononcle.
Ce fut, à l’époque
gallo-romaine, l’origine de cette seigneurie, autour de laquelle vinrent se
fixer quelques cultivateurs et ouvriers employés au domaine pour la plupart.
En
1360, la première châtelaine est Mélinette de Foujon, dame de
Cormononcle, « qui fait aveu et dénombrement à la comtesse de
Flandre, dame de Villemaur pour la motte de Cormononcle, tous les hommes
et femmes du corps du dit lieu (serfs et serves) ».
Ensuite viennent Jean
de Cormononcle, écuyer, fils et héritier de Guyot de Cormononcle, écuyer
(1690), Guillaume de la Palu, qui fait dénombrement à cause de Jeanne de
Cormononcle, sa femme, « … pour la fort maison de Cormononcle… la chasse à
toutes bêtes rousses et noires ».
En 1543, les droits de la
seigneurie sont en plusieurs mains : Claude de Midy pour
¼, Jacques de Nausot pour un autre ¼, et la seconde moitié se divise
par tiers entre Charles de la Haye, Nicole Poard et Louise des
Essarts, et dans l’énumération des biens figure la « maison
seigneuriale ».
En 1549, Jacques de Nausot, rend « foi et hommage » à son suzerain, le baron de Villemaur qui était alors le duc de Nevers.
Pendant
tout le XVIe siècle, la Seigneurie de Courmononcle passe et se partage entre
les mains de nombreux ayants-droit : en 1596, Etienne de
Saint-Paul en possède un quart et demi, le reste se partage entre Louis
de Chaumont, Jehan le Masson et les héritiers de Claude de Midy.
En
1601, c’est Louis de Chaumont, seigneur de Royainvilliers qui demeure à
Courmononcle, puis Simon Cottenet, un Gallas de Bérulles. Dès
1608, par rachat de ces diverses parts de droits, Louis de Chaumont
devient seul seigneur de Courmononcle.
Sous un possesseur
unique, les ruines disparaissent et le dénombrement de
1619, mentionne le château reconstruit.
En
1652, la fille d’Amayry, dame de Sacey, veuve de Christophe de Sommermont,
fait de tous ses biens 2 lots, dont la seigneurie de Cormononcle à une de ses
filles, épouse de Charles de la Grange de Villedonne.
En 1691, au décès de
Madeleine de Bretel, veuve de Joachim de la Grange de Villedonne, revient
à l’aîné de ses enfants Charles, François, au service du Roi,
capitaine d’une compagnie de Chevaux au Régiment de Rennepont. A sa mort en
1755, il laisse à ses 4 filles la seigneurie. Elles en vendent le quart en 1759
à leur voisin, le Vicomte Charles-François de Vienne, ancien capitaine au
Régiment de Picquigny, qui a bien l’intention de s’y fixer. Or, le château de
Saint-Benoît était occupé par le frère aîné, Pomponne, qui possédait aussi
celui de Courmononcle, à moitié ruiné et occupé par un fermier.
Ce châtelain de Saint-Benoît,
était le Vicomte Nicolas François Pomponne, comte de Vienne, ancien
capitaine au Régiment de Saintonge. Le domaine appartint ensuite à sa fille
mariée à Nicolas René Peschard, baron de Le Voncourt, Chevalier d’Ambly,
Seigneur de Saint-Benoît.
C’est
la fin de la seigneurie de Courmononcle, la nuit du 4 août, en supprimera le
titre, et, du vieux château déjà en ruines, les fossés eux-mêmes disparaîtront
presque totalement.
Sur sa
part, le vicomte Charles François de Vienne avait construit une gentilhommière.
En
1814, les armées et les Cosaques, par l’imprudence d’un habitant qui aurait
tiré sur une estafette russe, occasionnent l’incendie d’une partie du
village, dont la gentilhommière.
En
1819, les époux Lagoguey vendent le domaine aux époux
Harel qui le revendent en 1825 à M. de Brioude, qui augmente la
propriété par 13 achats différents.
A partir de cette
époque, le village dépérit. Le nombre des habitants tombe en dessous de
100.
En
juin 1854, Courmononcle est réuni à Saint-Benoît-sur-Vanne.
Les beaux pèlerinages à Saint-Gengoult, qui regroupaient des milliers de fidèles, sont finis.
La seigneurie de
Courmononcle était un fief mouvant de la baronnie de Villemaur qui relevait
elle-même du duché d’Estissac, alors au marquis de la Rochefoucauld Liancourt.
Au
milieu du XVIIIe siècle, elle sera, pour la première fois, divisée en 2 lots
formés, l’un, des ¾, qui tombera dans la famille d’Ambly, de Saint-Benoît,
l’autre, d’1/4 seulement, qui constituera la modeste gentilhommière devenue
finalement la propriété de M. Henry Robin.
En 1793, Courmononcle
appartenait au canton de Rigny-le-Ferron puis à celui de Aix-en-Othe en 1801.
La chapelle a été édifiée au XIIème siècle puis
légèrement remaniée au XVIème siècle. En contrebas s’élevait le château de
Courmononcle, comme en témoignent les fondations d’une tour retrouvées dans la
propriété voisine, seuls vestiges de l’ancienne Seigneurie. On entre dans la
chapelle par un porche de style roman, en brique rehaussée de voussures en
pierres de taille, surmonté d’un clocher accueillant une cloche de 1562. A
l’intérieur, plusieurs magnifiques statues : une Vierge à l’Enfant, un Christ
enseignant et deux anges du XVème siècle et une rare statue équestre de
Saint-Gengoult du XVIème siècle.
Associée à la chapelle, une source, dite de Saint
Gengoult, attira de nombreux pèlerins à la mémoire du saint protecteur du
mariage, et ce jusqu’à la fin du XIXème siècle.
La légende de Saint-Gengoult raconte que le saint,
un homme pieux, épousa une jeune femme volage. En revenant de la guerre, il
confronta sa femme à ses infidélités en lui faisant plonger son bras dans la
source. Confondue lors de ce test, la femme de Saint-Gengoult voulu se venger
et le fit assassiner par son amant. C'est ainsi que le saint mourut, en martyr
de la foi conjugale. Sa mémoire fut vénérée dans toute la Champagne et invoquée
pour la paix des ménages.
voir : Saint Gengoult
Un projet de restaurations de l'édifice est en court avec appel aux dons !
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