L’Eglise Saint Pantaléon
L’existence d’une église à cet endroit est mentionnées dès 1189 ; on croit qu’elle aurait été érigée à la place d’une synagogue détruite sous Philippe auguste (d’où le nom de la rue qui borde l’église au nord, rue de la Synagogue).
Elle ne fut d'abord construite qu'en bois, avec moins d'étendue qu'aujourd'hui. La place qu'elle occupait faisait partie de l'hôtel de Vauluisant, qui devint de Mesgrigny, ou au moins en dépendait, puisque les religieux y percevaient une rente.
A partir de 1482, pour entrer dans la corporation des bourreliers, un chef-d’œuvre est exigé (il se compose d’un travail exécuté avec 1 ou 2 peaux de vache tannées). Il est soumis à justice. Le droit d’entrée est fixé à 60 sous, destinés à l’entretien de 4 gros cierges de la confrérie qui s’est toujours fait à Saint-Pantaléon, le jour du Saint-Sacrement.
Une partie est prise sur l'hôtel de Vauluisant qui leur appartenait, et dont la clôture fut retirée de quelques toises. On prit 15 pieds à la ruelle du Midi, appelée place du Marché aux noix. La rue des Ursulines fut redressée et ouverte pour la commodité des paroissiens. Les Molé et Jean Dorigny achètent également l'emplacement d'un jeu de boules, et le maçon en a conservé le souvenir en sculptant sur les murs de l'église quelques boules de pierre. Aujourd'hui, on en voit en effet encore un dans la petite rue du Marché-aux-Noix. Le vaisseau est alors agrandi du côté du portail. En effet l’église était devenue trop petite. Les familles Claude Molé et Dorigny font construire chacune une chapelle (Saint-Jacques pour les Dorigny).
Un orage de grêle cause en 1644 de nombreux dégâts sur le portail et son porche qui est alors reconstruit.
En 1719, Monseigneur Bossuet, évêque de Troyes, érige cette paroisse en cure. M. Lefebvre, alors curé de Saint-Jean, s'y oppose. Mais le prélat termine l'affaire par une sentence où il fut mis que le curé de Saint-Jean serait regardé comme curé primitif de Saint-Pantaléon, pourrait y officier le jour de la fête patronale, et recevoir 10 francs avec la moitié des offrandes. Ce n’est qu’en 1745 que la construction est terminée.
En 1780, un frère de Jean-Baptiste de la Salle ouvre une école à Saint-Pantaléon. En 1791, Augustin Sibille, curé de Saint-Pantaléon depuis 40 ans, troyen, est élu évêque constitutionnel du département.En 1795, avec la loi sur la liberté des cultes, c’est la réouverture de l’église.
Dès 1862, elle est
classée au titre des Monuments Historiques. Lors de la loi de la séparation des
Eglises et de l’Etat en 1905, pour l’inventaire des biens de Saint-Pantaléon,
l’inspecteur des Domaines, après la protestation du curé et sur l’invitation de
quelques paroissiens, a « l’intelligence de se retirer paisiblement », évitant
ainsi les manifestations brutales de Saint-Urbain.
A la Révolution, l’église collégiale Saint-Etienne est dépouillée de son mobilier, de ses statues et tableaux, et est démolie en 1789.
Par bonheur ont survécu à ce désastre les statues de la Foi et de la Charité de Dominique Florentin (1550-1551), qui sont transportées à Saint-Pantaléon. Il y a une remarquable statue de Sainte-Barbe (1530), située sur le deuxième pilier sud de la nef. Les détails de son costume et de sa coiffure, caractéristiques de l'époque de François 1er, en font un des bijoux de la statuaire du Beau XVIe siècle.
Le trésor de cette église possède un reliquaire de bois enrichi de plusieurs ornements, où est la tête de saint Victoric, martyr, qu'Antoine Barolet, bourgeois de Troyes, a rapporté de Rome, et qui fut embelli par les religieuses de Notre-Dame-aux-Nonnains. On y voit aussi un os du bras de saint Pantaléon, dans un reliquaire de la façon du célèbre Papillon qui a fait le chef de saint Loup, et un reliquaire très estimé, qui renferme des reliques de saint Sébastien.
Les vitraux historiés, souvent en grisaille, forment un remarquable ensemble du XVIe siècle.
Les verrières de l’Histoire de Daniel et de La Passion, sont datées de 1531. Le tympan d’une des baies ornant le chœur de l’église est consacré au jugement dernier. En 1538, au-dessus de la porte du bras nord est taillé un tabernacle, au-dessus de l’arc surbaissé de la porte, occupant toute la largeur de la baie du transept, ce motif décoratif se divise en trois compartiments : celui du centre, plus élevé est surmonté d’un fronton triangulaire. Les niches en plein cintre des trois compartiments contenaient des statues disparues lors de la Révolution : le Christ montrant ses plaies au centre, avec de chaque côté la Vierge et saint Jean.
Des sculptures remarquables qui décoraient à l’origine l’église des Cordeliers (prison de la rue Hennequin), dont le groupe polychrome des saints Crépin et Crépinien ont trouvé refuge à Saint-Pantaléon.
De nombreuses statues ornent les piliers du vaisseau central sur deux niveaux superposés et les chapelles en sont aussi décorées : Saint-Nicolas (1535), Saint-Jacques (1550).
L'église Saint-Pantaléon abrite également un ensemble intéressant de 6 toiles de Jacques Carrey (1649-1726), représentant les miracles et le martyre du saint Eponyme. Ces tableaux sont classés Monuments Historiques depuis 1908.
A admirer
également, le Christ au Jardin des Oliviers (1650), peint par Jacques de Létin.
En 1926, l’œuvre de la Jeunesse ouvre un patronage,
réunissant le jeudi, les garçons de 7 à 14 ans.
A partir de 1952, la Section des Monuments
Historiques au Ministère des Beaux-Arts enlève d'immenses tableaux obstruant
les entre colonnements de la nef, et fait une nouvelle répartition des statues
qui font de cette église, au caractère architectural très particulier pour
Troyes, un véritable musée.
A l’origine, les offices religieux pour les Polonais sont célébrés en la chapelle des sœurs Clarisses, rue Mitantier.
A partir de 1918, il y a un prêtre en présence permanente à Troyes. Les offices sont ensuite célébrés à l’église Saint-Rémi.
En 1963, Monseigneur Le Couédic crée la première paroisse polonaise de Troyes à Saint-Pantaléon où la liturgie s’y déroule en langue polonaise.
Le dimanche 13
janvier 2013, pour fêter les 50 ans de la paroisse polonaise, le père Wieslaw
Gronowicz reçoit Marc Stenger évêque de Troyes et Monseigneur Stanislas Jez,
recteur de la mission catholique polonaise en France.
Description
extérieure :
Le soubassement du chevet de la rue de Turenne est
de style gothique, comme la façade méridionale rue du Marché-aux-Noix où
débouche le transept par un portail gothique flamboyant en cintre surbaissé. En
poursuivant vers l’ouest, l’architecture est de style Renaissance.
Le grand portail a été construit au XVIIe siècle, puis refait au XVIIIe (on lit la date de 1745). Il est un peu triste et ne laisse pas présage les richesses que l’on trouve à l’intérieur. Sur la partie nord de l’église, rue de la Synagogue, le portail est classique. De cet ensemble s’élève le chœur en retrait du chevet.
En entrant dans l’église, on découvre l’abondance et la beauté des statues qui font de Saint Pantaléon un véritable musée de la sculpture troyenne du XVIe siècle. Provenant de différentes églises de la ville, elles ont pu être sauvées de la Révolution et rassemblées ici par le curé de la paroisse dans les dernières années du XVIIIe siècle. On peut dire aujourd’hui que Saint Pantaléon est le musée le plus riche de la sculpture troyenne.
Ne pouvant toutes les décrire, je m’attarde
seulement sur quelques-unes.
- Sur le premier pilier de la nef gauche, on trouve « Saint Joseph endormi »
XVIe, une œuvre de François Gentil, sculpteur troyen. Il est le premier à
s’être affranchi des écoles allemande et flamande implantées à Troyes depuis le
XVe siècle. C’est donc le premier représentant de l’Ecole troyenne du XVIe s.
qui a produit tant de chefs-d’œuvre.
- Sur le premier pilier de la nef droite, on peut admirer une statue représentant « Saint Jacques le Majeur » XVIe, frère de Saint Jean l’Evangéliste. Cette œuvre exprime à la fois la lassitude du pèlerin (il s’appuie sur son bâton) et la sérénité de l’apôtre. L’auteur est Dominique dit le Florentin, né à florence en 1501. Le Primatice le fit venir en France pour décorer le château de fontainebleau. Le chantier étant suspendu deux ans, Dominique vient s’établir à Troyes en 1547, il y réalisa plusieurs statues, ainsi que le jubé de l’église Saint-Etienne de Bar-sur-Seine. Il a travaillé aussi pour Joinville en Haute-Marne, Meudon et Saint Denis. Après avoir réalisé le portail de notre église Saint-Nizier. Dominique est mort à Troyes en 1572.
- Sur le deuxième pilier de la nef à droite, on
admire une ravissante statue de « Sainte
Barbe » de 1530. Les détails de son costume et de sa coiffure
caractéristiques de l’époque de François Ier, en font un des bijoux de la
statuaire du Beau XVIe siècle. Elle tient une palme, (actuellement brisée)
attribut des Martyrs, dans sa main droite et un livre dans sa main gauche.
- Dans les chapelles méridionales, on voit « La rencontre à la Porte dorée » XVIe, épisode de la Légende Dorée : Sainte Anne, mère de la Vierge Marie, qui se désolait de ne pas attendre d’enfant, se rend compte qu’elle est enceinte ; elle rencontre son mari Joachim devant la porte de Jérusalem et lui annonce l’heureuse nouvelle.
l’Arrestation
de Saint Crépin et Saint Crépinien (1540-1560)
Provient de l’église disparue des Cordeliers.
De la moitié du XVIe s, un groupe polychrome et doré
représente l’arrestation sur l’ordre de l’empereur romain Maximilien, de Saint
Crépin et de Saint Crépinien. Ils vécurent au 3ème siècle de notre
ère. Partis d’Italie pour la Gaule dans le but d’évangéliser la population, ils
fabriquaient des chaussures qu’ils donnaient aux pauvres. Maximilien leur
demanda de renoncer à leur foi. Refusant de se soumettre, ils furent arrêtés
par deux soldats. En raison de leur fidélité au christianisme, les deux
cordonniers furent torturés mais survécurent à de nombreux supplices. Le petit
chien qui se cache sous l’établi de st Crépinien représente la fidélité des
deux saints en la foi chrétienne. Œuvre de François Gentil pour la corporation
des cordonniers et des savetiers.
- Sur les deux derniers piliers du chœur nous pouvons admirer deux célèbres statues se faisant face de Dominique le Florentin, « La Foi » et « La Charité » 1550-1551. Elles proviennent de l’église Saint-Etienne.
Contrairement à ce que l’on trouve dans beaucoup d’églises troyennes, les vitraux de
Saint Pantaléon sont principalement des « grisailles » du XVIe
siècle. On nomme ainsi une technique de qui consiste à utiliser de la poudre de
verre qui est mélangée à différents oxydes métalliques selon la couleur
souhaitée. Elle est déposée à la surface d’un verre déjà cuit. L’ensemble est
ensuite recuit à une température plus basse pour fixer les pigments de couleur.
(jaune, argent, sanguine).
« Cette technique moins coûteuse permet aux artistes, en partie libérés du tracé des plombs, de multiplier les personnages et les détail pittoresques à l’intérieur d’un même panneau ».
Dans la deuxième chapelle de la nef, à gauche à
partir du fond de l’église : Chapelle Saint Jacques on trouve la verrière
de « La bataille de Saint Jacques ».
C’est la victoire remportée sur les Maures par les espagnols grâce à la
protection de Saint Jacques. Celui-ci monté sur son cheval blanc porte un
étendard frappé d’une croix d’or avec des coquilles.
La chapelle du chevet à gauche, chapelle
de « l’Invention
de la Croix » est décorée d’une des rares verrières polychromes de
l’église et la plus ancienne. Un ange peint en rouge apporte à Seth fils d’Adam
un rameau de l’arbre de vie qu’il doit planter sur la tombe de son père et qui
deviendra le bois de la Croix. La scène se passe devant une muraille qui
empêche les hommes de rentrer dans le paradis terrestre qu’on aperçoit
par-dessus la muraille.
La haute fenêtre du sanctuaire à gauche est divisée
en trois parties ou lancettes. Sur la troisième grisaille : Saint Jean Baptiste patron des
donateurs avec à ses côtés l’Agneau symbolique. Sur la première, Saint Pantaléon qui était médecin et
qui est représenté avec son bonnet de docteur tenant de la main gauche un livre
ouvert.
Haute fenêtre centrale, le vitrail de « La Crucifixion » avec la Vierge et
St Jean.
La première verrière du chœur à droite représente le
« Baptême du Christ et Saint jean
Baptiste devant Hérode ». On y trouve les armoiries du donateur,
Pierre Maillet, conseillé du roi et de ses quatre épouses successives.
Dans la dernière chapelle, une grande verrière
représentant « l’Histoire du
Prophète Daniel » le Festin de Balthasar, le procès de Daniel, Daniel
dans la fosse aux lions, Daniel remis en liberté, Suzanne et les Vieillards.
Les dates de 1531 (création du vitrail) et 1546 (restauration du vitrail) se
lisent sur la verrière.
Saint Vincent, sainte Catherine, Vierge de
l'Assomption, sainte Reine et saint Dominique
Grisaille rehaussée de jaune d'argent
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire