Le Saint Suaire dans l'Aube
Geoffroi de Charny, fils de Jean de Charny et de
Marguerite de Joinville, combat avec Charles de Blois pendant la guerre de
Succession de Bretagne.
Il est fait prisonnier par les Anglais à la bataille
de Morlaix, en septembre 1342. Il fait le vœu de fonder une chapellenie après
sa libération, en 1343, à la suite du paiement d'une rançon par le duc de
Normandie Jean de Valois.
En 1343, le roi Philippe VI signe une charte
accordant à Geoffroi de Charny l'amortissement d'une rente de 120 livres pour
la fondation de la collégiale. Le 3 janvier 1349, Henri de Joinville, comte de
Vaudémont, sénéchal de Champagne, approuve les donations qui sont faites dans ce
but. Geoffroi de Charny est de nouveau prisonnier le 31 décembre 1349.
En 1353, Geoffroy 1er de Charny, seigneur de Lirey
(Aube), qui s’illustre plusieurs fois au service de Philippe VI, puis de Jean
le Bon, fonde une collégiale de six chanoines et leur confie une relique
insigne, qui, dit-il est un don qu’il a reçu lors de sa participation à la
croisade de 1345 (il décède à la bataille de Poitiers en 1356) : " un
linceul ou suaire sur lequel on voyait
imprimée l’image du Christ Sauveur " (fondation confirmée par Henri de
Poitiers le 28 mai 1356).
Le Suaire de Lirey a probablement été acquis par
Geoffroi de Charny entre 1343 et 1353, mais aucun document ne permet de
préciser comment il a pu l'acquérir. Aussitôt, on expose la relique aux jours
de fête, et les foules se pressent pour la vénérer. C'est après les ostensions
du Suaire que l'évêque de Troyes, Henri de Poitiers, va mettre en doute
l'authenticité du Suaire et les interdire
Geoffroy II de Charny (fils de Geoffroy 1er)
s’adresse directement au légat du pape, qui autorise d’exposer l’image du Saint
Suaire. Les pèlerins affluent de nouveau à Lirey.
Notre évêque Pierre d’Arcis interdit aux curés et
prédicateurs de parler de l’image du Saint Suaire. Le doyen de Lirey en appelle
au pape Clément VII (neveu de la veuve de Geoffroy 1er), qui confirme
l’autorisation donnée par son légat et impose à notre évêque " un silence
perpétuel sur cette question ". [En
1389, le pape Clément VII avait accordé l'ostension du Suaire demandé par
Jeanne de Vergy, veuve de Geoffroi de Charny, remariée à Aymon de Genève (†
1369), fils d'Hugues de Genève et cousin du pape.]
En juillet 1418, Humbert de La Roche, mari de
Marguerite de Charny, fille de Geoffroi II de Charny (†1398), prend en garde la
relique dans son château de Montfort près de Besançon, pour la protéger des
effets de la guerre qui se déroule à proximité. La mention du suaire comme
propriété du chapitre de Lirey apparaît pour la première fois dans l'acte fait
au moment de ce transfert. Le Suaire est déposé dans la collégiale Notre-Dame
de Saint-Hippolyte. Après la mort de son époux, les chanoines de Lirey lui
réclament leur bien, mais, Marguerite de
Charny obtient un accord, le 8 mai 1443 pour établir que le Suaire était la
propriété de son grand-père. La guerre de Cent Ans terminée, le Suaire ne
revient pas à Lirey.
C’est ainsi que le Saint Suaire devient propriété de
la famille de Savoie qui le conserve à Chambéry, puis à Turin, où il se trouve
toujours. Il est exposé dans la cathédrale de la ville, et accueille des
millions de visiteurs, pèlerins, princes, rois… Le pape Benoît XVI a vénéré
cette relique.
Le Saint Suaire est un grand drap de lin de 4,41
mètres de long sur 1,13 mètres de large contenant l'image du corps d'un homme
torturé et flagellé avant d'être crucifié.
Le contact du drap avec le corps nu provoqua des
empreintes d'un brun plus foncé, suivant la pression plus ou moins grande.
L'agent actif de cette impression aurait été la sueur alcaline, qui rendit en
vapeurs ammoniacales ce qu'elle avait reçu en urée exsudée. Le corps du Christ,
enduit d'aromates, poisseux de sueurs multiples, se décalqua en quelque sorte
sur le tissu imprégné d'huile et d'aloès. C'est donc une photographie en noir,
c'est-à-dire négative, qui resta sur le linge.
Les taches de sang au contraire et les autres liquides séreux du corps
produisirent des taches positives.
400 scientifiques, experts de la NASA, ont travaillé
dans leurs laboratoires entre 1976 et 1980 à raison de 150.000 heures d'analyse
en spectrométrie par fluorescence sous rayon X, radiographie par infra-rouge,
spectroscopie sous ultra-violet, technologie de renforcement d'image par
ordinateur, macroscopes..., sans compter 100.000 heures supplémentaires
d'analyses micro-chimiques !
L'analyse la plus connue fut celle du programme de
décodage ordinateur appelé V.P.8. analyser, grâce auquel on peut lire les
photographies prises par des sondes sur Vénus ou sur Mars, et reproduire en
relief le paysage représenté. Appliqué au Suaire, il donna un résultat
totalement inattendu : le relief était restitué en creux, ce qui prouvait sans
contestation possible que l'origine de la lumière qui imprima l'image venait de
l'intérieur du cadavre, et cela d'une manière uniforme dans tout le corps, et
enfin avec des caractéristiques thermiques inconnues de nous...
A Rome en juin 1993 un grand nombre des spécialistes de la Sindonologie (ou science du suaire) venus de 18 pays différents, a unanimement, formellement, et pour la première fois, " pris acte du fait que… au vu des résultats déjà acquis, elle ne peut que conclure : l'homme du Linceul ne peut pas ne pas être Jésus de Nazareth ".
LE LINCEUL DU CHRIST ARRACHÉ AUX BYZANTINS SE RETROUVE FINALEMENT À
LIREY, EN
CHAMPAGNE
Comment ce tissu a-t-il pu arriver là et d’où pouvait-il venir ? Le Linceul de Turin est selon toute probabilité le « linge d’Édesse », très connu dans l'Antiquité, appelé souvent à tort Mandylion. On s'en convainc en suivant son itinéraire : Eusèbe de Césarée (écrivain de Palestine, 264 - environ 340) évoque dans son « Histoire Ecclésiastique » la légende du roi Abgar qui aurait reçu une image miraculeuse du Christ. Il est question ensuite à Édesse (aujourd’hui Urfa, dans l’extrême sud-est de la Turquie) d’une image mystérieuse, « non faite de main d’homme » (acheiropoïète selon le terme grec), qui repousse, paraît-il, les Perses en 544.
À partir de cette date, on constate un changement
radical dans la représentation du Christ. Après les premières représentations
symboliques (pain, ancre, poisson) le Christ avait été représenté comme un
jeune pasteur grec imberbe (notamment dans les catacombes et dans toutes les
églises antiques Milan, Ravenne, etc.). Puis, très curieusement, à partir du
VIe siècle, toutes les représentations du Christ vont changer relativement
brutalement dans le monde chrétien oriental. On va lui substituer une image de
face, des cheveux longs avec une raie centrale, une barbe bifide, un visage
ovale et un nez allongé, avec bien souvent une double mèche au sommet du front,
à l’endroit où il y a une double tache de sang sur le Linceul. On le constate
par exemple sur la monnaie de l’Empereur Justinien, frappée en 565, ainsi que
sur la magnifique image du Christ du monastère Sainte Catherine en 550, sur les
icônes de la Basilique Sainte Sophie à Constantinople, à Ohrid en Macédoine, à
Palerme, au Mont Athos, etc. Partout la ressemblance de ce nouveau « canon »
avec le visage du Christ sur le Linceul est frappante. On en est donc venu
naturellement à imaginer que le « linge d'Édesse », probablement à l'origine de
cette nouvelle iconographie, pouvait être le Linceul de Turin. En effet, les
représentations du linge d'Édesse en notre possession, se rapprochent du visage
du Linceul en imaginant le Linceul replié huit fois sur lui-même.
En 650, Édesse est conquise par le califat islamique
mais le « linge d'Édesse » reste vénéré malgré la présence musulmane, ce qui
lui permettra providentiellement d’échapper aux destructions liées à la crise
iconoclaste entre 730 à 787. Le second concile de Nicée (787) rétablit la
légitimité des images, en utilisant comme argument essentiel « l'image d'Édesse
», pour légitimer l'usage des images sacrées : « En tant qu'homme parfait, le
Christ non seulement peut, mais doit être représenté et vénéré en image. »
Léon, lecteur de l'église de Constantinople, est cité comme témoin principal et
atteste avoir vu à Édesse l'image d'un linceul.
En 943, l’Empire byzantin lance une expédition
ponctuelle et assiège Édesse dans le but d’acquérir la précieuse relique. Pour
éviter une dégradation de ce linge, les chrétiens préfèrent négocier et
acquérir ce célèbre trésor, par le versement de 12 000 pièces d'or. Ils la
ramènent à l’Empereur de Byzance, dans une procession triomphale le 15 août
944. Cette réception grandiose sera illustrée ultérieurement (au XIIe siècle)
dans le manuscrit de Jean Skylitzes. À cette occasion, Grégoire le Référendaire
évoque dans une homélie « cette empreinte qui nous donne ici le visage du
Christ », qui « est embellie par les gouttes de sang jaillies de son côté ».
Cette relique sera conservée dans la chapelle du Palais du Boucoléon
(Constantinople), puis dans l’église Sainte-Marie des Blachernes.
En 1190, le Linceul est précisément dessiné dans le
Codex de Pray. Un pèlerin hongrois de passage à Constantinople livre un
témoignage saisissant dans ce premier texte hongrois conservé à la Bibliothèque
de Budapest (découvert au XVIIIe siècle par le jésuite Georgius Pray qui laisse
son nom au manuscrit), sur lequel on
peut reconnaître le Christ dans l’état et la position exacte du Linceul de
Turin : nudité, croisement des bras dans la même position que le Linceul,
pouces cachés, traces de sang, tentative d'imitation des chevrons, trous, etc…
Suite à toutes ces constatations et indices convergents, la probabilité pour
que le Linceul de Turin soit ainsi passé par Constantinople est très
grande.
En 1203, le chevalier picard Robert de Clari, auteur
d’une chronique sur la quatrième Croisade, décrit le Linceul à Constantinople :
« Il y a un monastère appelé Sainte-Marie des Blachernes », où il aperçut « le
Linceul où Notre Sire fut enveloppé, qui chaque vendredi se dressait tout
droit, si bien qu'on pouvait y voir la figure de Notre Seigneur ».
En 1204, la quatrième Croisade détournée de son but
dévaste Constantinople. 33 000 croisés français et 17 000 Vénitiens, lancés par
le pape Innocent III, partent délivrer Jérusalem conquis par Saladin en 1187.
Suite à des querelles confuses et à l'âpreté relative au gain des Vénitiens,
ils vont attaquer et piller Constantinople pendant plusieurs jours à partir du
14 avril 1204. Au cours de cette dévastation, les soldats de Venise et de
France vont se déshonorer par un pillage généralisé, en s'appropriant tous les
trésors d’or, d’argent et d’ivoire de tous les édifices possibles. Robert de
Clary témoigne de la disparition du linceul au cours du pillage : « Plus jamais
personne, ni Grec, ni Français, ne sut ce que ce Linceul devint quand la ville
fut prise. » Cette disparition suscita un grand émoi, car les Byzantins
considéraient vraiment leur linceul comme une relique insigne. Dans sa lettre
au pape Innocent III, Théodore Ange Comnène, neveu du dernier empereur, réclame
la restitution de « la relique la plus sacrée, le linteum, dans lequel le Christ
avait été enveloppé ». « Nous savons que le sacré Linceul est à Athènes. »
À partir de cette date et jusqu'en 1357, les indices
disparaissent et une foison d'hypothèses a été émise, toutes fragiles.
En 1357, le Linceul se retrouve à Lirey, en
Champagne. Ce linge y réapparait dans la famille d’un certain Geoffroy de
Charny, seigneur de Lirey tué en 1356 en défendant le roi Jean II, à la
bataille de Maupertuis dite « de Poitiers ». Sans être un grand du royaume, ce
proche du roi joua un rôle important. Il laissa une veuve dans le besoin,
Jeanne de Vergy. Celle-ci organisa en 1357 à Lirey, les première ostensions du
Linceul du Christ dans la collégiale de Lirey. L'évêque de Troyes, Henri de
Poitiers, prit ombrage du succès de ces ostensions et les fit interdire
jusqu'en 1388. Elles reprirent à cette date et le nouvel évêque Pierre d'Arcis
envoya au pape Clément VII, un célèbre mémorandum repris aujourd'hui par tous
les opposants au Linceul. En réponse, le Pape émet deux bulles en 1390 pour
autoriser les ostensions. Veuve et sans enfant, Jeanne de Vergy « fait don » le
22 mars 1453, de la précieuse relique au duc Louis de Savoie qui lui donnera
gracieusement les revenus de la seigneurie de Varembon…
De 1453 à 1983, le « Saint Suaire » reste donc la
propriété de la Maison de Savoie. D’abord dans son château de Chambéry, puis à
partir de 1502 dans la « Sainte chapelle » où il subira, dans la nuit du 3 au 4
décembre 1532, un incendie qui y fera des brûlures et de nombreux trous. Par
une chance incroyable, due au pliage, une partie importante de l'empreinte ne
fut pas altérée. Puis, le Linceul fut transféré à Turin en 1578. Il restera la
propriété de la Maison de Savoie jusqu’à la mort, en 1983, du grand-duc Umberto
II de Savoie qui en fit don au Vatican par testament.
En conclusion, l’ensemble de ces témoignages semble
très cohérent et ce parcours pourrait tout à fait être celui du Linceul du
Christ, qui semble être passé par Jérusalem et par le désert de Judée si l’on
en croit l’analyse des pollens de Max Frei, Avinoam Danin, Uri Baruch, les
époux Whanger et Marzia Boi. Ces études sur les pollens retrouvés sur le
Linceul restent cependant contestées par manque de preuves.
Enfin, au-delà de cette analyse historique,
l’analyse scientifique de ce drap si mystérieux conclut aussi à l’authenticité
(cf proposition de formation en bas de cette page). Ce linge en lin pur, sans
mélange de laine animale selon les traditions juives antiques, tissé en
chevrons, a commencé à étonner la science après la photographie de l’avocat
italien Secundo Pia le 28 mai 1898. Lors de la révélation du négatif, l’image
corporelle de couleur sépia et peu visible, devint une image beaucoup plus
nette. Le Suaire se comporte en fait comme un négatif photographique : une
notion tout à fait inconnue avant l’invention de la photographie au XIXe
siècle. Cette découverte qui fit l’effet d’une bombe et qui engendra
immédiatement de très intenses polémiques, intervint un an seulement après la
mort en 1897 de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, qui
avait dédié sa vie à la Sainte Face du Christ...
À partir de ces différentes analyses, il n’est pas
inutile d’approcher la question à partir d’un arbre logique :
1. Le Linceul
a été réalisé par une personne : cette hypothèse, la plus courante, d'un
faussaire du Moyen Âge n’est pas valide pour plusieurs raisons.
- Toutes les analyses scientifiques de
spectrographies prouvent l’absence des composants d'une peinture (pigments et
liant).
- D'autre part, on observe sur la vue
négative une vingtaine de détails, présents sur le Linceul et absolument
inconnus au Moyen Âge : image en négatif, intensité liée au relief,
tuméfactions diverses (visage et dos), position des clous dans le carpe,
position dissymétrique du corps, sang rouge sous l’action de la bilirubine,
présence d’aragonite invisible à l'œil et identique à celle de Jérusalem (sur
le genou, sous les pieds et sur le nez), présence de quatre muscles fessiers
tétanisés ne touchant pas le sol, anomalies de proportion, etc. Il est frappant
que l’image que ce corps a transmise, soit si conforme, et sans aucune erreur,
à l’intégralité des textes évangéliques de la Passion du Christ, avec tous les
détails de la flagellation, du port du patibulum, de la crucifixion, du
couronnement d’épines, du coup de lance post mortem, du transport au tombeau,
etc. De plus, cette image nous a même révélé des détails sur le crucifiement
que nous ne connaissions pas jusqu’alors, comme par exemple la position
dissymétrique des condamnés sur la croix. Ces détails inconnus au XIVe siècle,
ne pouvaient pas non plus être imaginés donc a fortiori réalisés par un
faussaire. Cette hypothèse est donc vraiment impossible.
2. Si
elle n'a pas été réalisée par une personne, l'empreinte s’est donc faite soit
par contact, soit à distance, par un rayonnement. L’hypothèse d’une image
produite par contact est exclue, car il devrait y avoir dans ce cas une
déformation de l’empreinte sur les côtés de la tête et du corps, ce qui
élargirait l'image.
3. Il
reste une production par rayonnement. Il faudrait d'abord que ce rayonnement
génère une oxydation déshydratante, identique à celle observée sur l'empreinte
du Linceul. Le biophysicien français J-B Rinaudo a montré, par l'irradiation de
lin à partir d'un accélérateur de particules, qu'un jet de protons répondait à
la question, ainsi qu'à la possibilité de donner le relief 3D. Avec des
réglages adéquats, l'empreinte obtenue a la même épaisseur que sur le Linceul.
Il a imaginé alors que l'éclatement de particules de deutérium sur la peau
devrait générer un double flux de protons et de neutrons. Après avoir
expérimenté le jet de protons, il s'est attaqué à une irradiation de neutrons.
Le Père Rinaudo a pu prouver expérimentalement que l'irradiation de neutrons «
rajeunissait » la cible de tissu. Ainsi, son hypothèse d'éclatement de
deutérium utilise des phénomènes naturels connus et pourrait expliquer aussi
bien la nature de l'empreinte que le rajeunissement du tissu, ce qui rendrait
le résultat de l'analyse au carbone 14 sans signification. Le premier vrai
problème réellement impénétrable est donc l'origine de cet éclatement du
deutérium. D'où viendrait l'énergie nécessaire à cet éclatement ? Le deuxième
problème, particulièrement insoluble, est de savoir pourquoi ce rayonnement se
serait produit de manière directionnelle, perpendiculairement au tissu, de
façon à dessiner une image parfaite, alors que tous les rayonnements connus
sont d’habitude omnidirectionnels ? En résumé, le rayonnement dont on parle est
actuellement doublement incompréhensible…
Finalement, l'explication de l'origine de l'image
semble devoir rester cachée aux hommes. Après plus de 500 000 heures d’étude
par des chercheurs de haut niveau (le Linceul est de très loin, aujourd’hui,
l’objet matériel le plus étudié au monde), la science doit s’avouer vaincue,
n’ayant aucune explication valable à fournir à ce jour. La seule explication
cohérente se situe au-delà de la science : car pour interpréter l'image du
Linceul, les chrétiens pensent naturellement à quelque chose semblable à un «
flash » de la résurrection. Comme pour la démonstration de l’existence de Dieu,
il s’agit bien évidemment de la conclusion d’un raisonnement indirect, car il
n’y a aucun élément scientifique pour prouver cela positivement et directement,
mais il n’y a aujourd’hui aucune autre explication disponible qui soit
cohérente. En toute logique, un effet absolument singulier ne peut être
effectivement produit que par une cause absolument singulière...
Ce linge qui ne pouvait ni être conçu ni être réalisé au Moyen Âge est donc bien réellement « une provocation à l’intelligence » comme disait Jean-Paul II. Au total, les conclusions auxquelles toutes ces études et raisonnements nous conduisent aujourd’hui semblent nous obliger à considérer le Linceul de Turin comme un signe clair, fort et finalement assez incontestable que Dieu donne à notre époque pour qu'elle reconnaisse la réalité des mystères de l'Incarnation, de la souffrance, de la mort et de la Résurrection de son Fils !
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Compléments :
Méditation du pape Jean-Paul II, devant le Linceul, en la cathédrale de Turin, le 24 mai 1998. Après s'être recueilli longuement à genoux devant le Linceul exposé dans la cathédrale, le Saint Père, au cours d'une liturgie de la Parole, a prononcé la méditation suivante, après l’adresse de Salut à l’Archevêque de Turin, S.Em. le Cardinal Giovanni Saldarini (Documentation catholique le 21 juin 1998, n°2184).
Très chers frères et sœurs !
1. Le regard tourné
vers le Saint Suaire, je désire vous saluer tous cordialement, vous les fidèles
de l’Eglise de Turin. Je salue les pèlerins qui, durant la période de
l’ostension du Saint-Suaire, viennent de toutes les parties du monde pour
contempler l’un des signes les plus bouleversants de l’amour dans la souffrance
du Rédempteur. En entrant dans la cathédrale, qui porte encore les blessures
provoquées par le terrible incendie d’il y a un an, je me suis arrêté en
adoration devant l’Eucharistie, le Sacrement qui se trouve au centre des
attentions de l’Eglise, et qui, sous des apparences humbles, protège la
présence véritable, réelle et substantielle du Christ. A la lumière de la
présence du Christ parmi nous, je me suis arrêté ensuite devant le
Saint-Suaire, le Lin précieux qui peut nous aider à mieux comprendre le mystère
de l’amour du Fils de Dieu pour nous. Devant le Saint-Suaire, image intense et
poignante d’un supplice inénarrable, je désire rendre grâce au Seigneur pour ce
don particulier, qui exige du croyant une attention bienveillante et une
disponibilité totale à la suite du Seigneur.
2. Une provocation à l’intelligence. Le Saint-Suaire est une provocation à l’intelligence. Il exige avant tout l’engagement de chaque homme, en particulier du chercheur, pour saisir avec humilité le message profond adressé à sa raison et à sa vie. La fascination mystérieuse qu’exerce le Saint-Suaire pousse à formuler des questions sur le rapport existant entre le Lin sacré et la vie historique de Jésus. Ne s’agissant pas d’un thème de foi, l’Eglise n’a pas la compétence spécifique pour se prononcer sur ces questions. Elle confie aux scientifiques le devoir de poursuivre les recherches afin de réussir à trouver des réponses adéquates aux interrogations liées à ce Suaire qui, selon la tradition, aurait enveloppé le corps de notre Rédempteur lorsqu’il fut déposé de la croix. L’Eglise exhorte à aborder l’étude du Saint-Suaire sans préjugés, qui considéreraient comme une évidence des résultats qui ne le sont pas; elle les invite à agir avec une liberté intérieure et un respect attentif à la méthodologie scientifique et à la sensibilité des croyants.
3. Ce qui compte surtout pour le croyant est que le Saint Suaire est un miroir de l’Evangile. En effet, si l’image du Christ se reflète sur le Lin sacré, on ne peut faire abstraction de la considération que celle-ci a un rapport si profond avec ce que les Evangiles racontent de la Passion et de la mort de Jésus que tout homme sensible se sent intérieurement touché et ému en le contemplant. Celui qui s’en approche est également conscient que le Saint-Suaire n’arrête pas sur lui le cœur des personnes, mais renvoie à Celui au service duquel la Providence bienveillante du Père l’a placé. C’est pourquoi il est juste d’alimenter la conscience de la richesse de cette image, que tous voient et que personne, jusqu’à présent, n’a pu expliquer. Pour chaque personne soucieuse, il est un motif de réflexions profondes, qui peuvent arriver à toucher la vie. Le Saint-Suaire constitue ainsi un signe tout à fait particulier qui renvoie à Jésus, la véritable Parole du Père, et qui invite à modeler son existence sur celle de Celui qui s’est donné pour nous.
4. Dans le Saint Suaire se reflète l’image de la souffrance humaine. Il rappelle à l’homme moderne, souvent distrait par le bien-être et par les conquêtes technologiques, le drame de tant de frères et l’invite à s’interroger sur le mystère de la douleur pour en approfondir les causes. L’empreinte du corps martyrisé du Crucifié, en témoignant de la terrible capacité de l’homme à procurer la douleur et la mort à ses semblables, se présente comme l’icône de la souffrance de l’innocent de tous les temps: des innombrables tragédies qui ont marqué l’histoire du passé, et des drames qui continuent de se consumer dans le monde. Face au Saint-Suaire, comment ne pas penser aux millions d’hommes qui meurent de faim, aux horreurs perpétrées dans les si nombreuses guerres qui ensanglantent les Nations, à l’exploitation brutale de femmes et d’enfants, aux millions d’êtres humains qui vivent de privations et d’humiliations dans les périphéries des métropoles, en particulier dans les pays en voie de développement ? Comment ne pas rappeler avec douleur et pitié tous ceux qui ne peuvent pas jouir des droits civils élémentaires, les victimes de la torture et du terrorisme, les esclaves d’organisations criminelles ? En évoquant de telles situations dramatiques, le Saint-Suaire nous pousse non seulement à sortir de notre égoïsme, mais également à découvrir le mystère de la douleur qui, sanctifiée par le sacrifice du Christ, engendre le salut pour l’humanité tout entière.
5. Le Saint Suaire est également l’image de l’amour de Dieu, outre celle du péché de l’homme. Il invite à redécouvrir la cause ultime de la mort rédemptrice de Jésus. Dans l’incommensurable souffrance dont ce dernier porte les signes, l’amour de Celui qui "a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique" (Jn 3, 16) devient presque palpable et manifeste ses dimensions surprenantes. Face à lui, les croyants ne peuvent que s’exclamer en toute vérité : "Seigneur, tu ne pouvais pas m’aimer davantage !", et se rendre immédiatement compte que le responsable de cette souffrance est le péché: ce sont les péchés de chaque être humain. En nous parlant d’amour et de péché, le Saint-Suaire nous invite tous à imprimer dans notre esprit le visage de l’amour de Dieu, pour en exclure la terrible réalité du péché. La contemplation de ce Corps martyrisé aide l’homme contemporain à se libérer de la superficialité et de l’égoïsme avec lesquels il traite très souvent l’amour et le péché. Faisant écho à la Parole de Dieu et à des siècles de conscience chrétienne, le Saint-Suaire murmure: Crois en l’amour de Dieu, le plus grand trésor donné à l’homme, et fuis le péché, le plus grand malheur de l’histoire.
6. Le Saint Suaire est également une image d’impuissance : impuissance de la mort, dans laquelle se révèle la conséquence extrême du mystère de l’Incarnation. La toile du Saint-Suaire nous invite à nous mesurer à l’aspect le plus troublant du mystère de l’Incarnation, qui est également celui à travers lequel se révèle avec quelle vérité Dieu s’est véritablement fait homme, assumant notre condition en tout, hormis le péché. Chacun est troublé à l’idée que le Fils de Dieu lui-même n’a pas résisté à la force de la mort, mais nous sommes tous émus à la pensée qu’il a tellement participé à notre condition humaine qu’il a voulu se soumettre à l’impuissance totale du moment où la vie s’éteint. C’est l’expérience du Samedi saint, un passage important du chemin de Jésus vers la Gloire, dont émane un rayon de lumière qui atteint la douleur et la mort de chaque homme. La foi, en nous rappelant la victoire du Christ, nous communique la certitude que le sépulcre n’est pas le but ultime de l’existence. Dieu nous appelle à la résurrection et à la vie immortelle.
7. Le Saint Suaire est l'image du silence. C'est le silence tragique de qui est incommunicable, qui trouve dans la mort sa plus haute expression, et c'est le silence de la fécondité, qui appartient propre à celui qui renonce à se faire entendre, pour atteindre, au plus profond, les racines de la vérité et de la vie. Le Saint-Suaire exprime non seulement le silence de la mort, mais également le silence courageux et fécond du dépassement de l’éphémère, grâce à l’immersion totale dans l’éternelle actualité de Dieu. Il donne ainsi la confirmation émouvante du fait que la toute-puissance de notre Dieu n’est arrêtée par aucune force du mal, mais sait au contraire, changer en bien la force même du mal. Notre époque a besoin de redécouvrir la fécondité du silence, pour surmonter la dissipation due aux sons, aux images, aux bavardages qui empêchent trop souvent d’entendre la voix de Dieu.
8. Très chers frères et
sœurs ! Votre Archevêque, le cher Cardinal Giovanni Saldarini, Custode
pontifical du Saint-Suaire, a proposé comme devise de cette ostension
solennelle les paroles suivantes : « Tous les hommes verront ton Salut. » Oui,
le pèlerinage que des foules nombreuses accomplissent vers cette ville est
précisément un « venir voir » ce signe tragique et illuminant de la Passion,
qui annonce l’amour du Rédempteur. Cette icône du Christ abandonné dans la
condition dramatique et solennelle de la mort, qui depuis des siècles est
l’objet de représentations significatives et qui depuis 100 ans, grâce à la
photographie, est diffusée à travers de très nombreuses reproductions, nous
exhorte à aller au cœur du mystère de la vie et de la mort pour découvrir le
message élevé et réconfortant qui nous est remis avec elle. Le Saint-Suaire
nous présente Jésus au moment de son impuissance la plus grande, et il nous
rappelle que dans l’annulation de cette mort se trouve le salut du monde
entier. Le Saint-Suaire devient ainsi une invitation à vivre chaque expérience,
y compris celle de la souffrance et de son impuissance suprême, avec l’attitude
de celui qui croit que l’amour miséricordieux de Dieu vainc toute pauvreté,
tout conditionnement, toute tentation de désespoir. L’Esprit de Dieu, qui
habite dans nos cœurs, suscite en chacun le désir et la générosité nécessaires
pour accueillir le message du Saint-Suaire et pour en faire le critère
inspirateur de l’existence.
Anima Christi, sanctifica me! Corpus Christi, salva
me ! (Âme du Christ, sanctifie-moi, Corps du Christ, sauve-moi !)
Passio Christi, conforta me! Intra tua vulnera, absconde me ! (Passion du Christ, réconforte-moi, Dans tes blessures, cache-moi !)
Visite pastorale à Turin, vénération du Saint
Suaire, Méditation du pape Benoît XVI, dimanche 2 mai 2010. (© Copyright 2010 -
Libreria Editrice Vaticana)
Chers amis,
C'est pour moi un moment très attendu. En diverses
autres occasions, je me suis trouvé face au Saint-Suaire, mais cette fois, je
vis ce pèlerinage et cette halte avec une intensité particulière : sans doute
parce que les années qui passent me rendent encore plus sensible au message de
cet extraordinaire Icône; sans doute, et je dirais surtout, parce que je suis
ici en tant que Successeur de Pierre, et que je porte dans mon cœur toute
l'Eglise, et même toute l'humanité. Je rends grâce à Dieu pour le don de ce pèlerinage
et également pour l'occasion de partager avec vous une brève méditation qui m'a
été suggérée par le sous-titre de cette Ostension solennelle : « Le mystère du
Samedi Saint. » On peut dire que le Saint-Suaire est l'Icône de ce mystère,
l'Icône du Samedi Saint. En effet, il s'agit d'un linceul qui a enveloppé la
dépouille d'un homme crucifié correspondant en tout point à ce que les
Evangiles nous rapportent de Jésus, qui, crucifié vers midi, expira vers trois
heures de l'après-midi. Le soir venu, comme c'était la Parascève, c'est-à-dire
la veille du sabbat solennel de Pâques, Joseph d'Arimathie, un riche et
influent membre du Sanhédrin, demanda courageusement à Ponce Pilate de pouvoir
enterrer Jésus dans son tombeau neuf, qu'il avait fait creuser dans le roc à
peu de distance du Golgotha. Ayant obtenu l'autorisation, il acheta un linceul
et, ayant descendu le corps de Jésus de la croix, l'enveloppa dans ce linceul
et le déposa dans le tombeau (cf. Mc 15, 42-46). C'est ce que rapporte
l'Evangile de saint Marc, et les autres évangélistes concordent avec lui. A
partir de ce moment, Jésus demeura dans le sépulcre jusqu'à l'aube du jour
après le sabbat, et le Saint-Suaire de Turin nous offre l'image de ce qu'était
son corps étendu dans le tombeau au cours de cette période, qui fut
chronologiquement brève (environ un jour et demi), mais qui fut immense,
infinie dans sa valeur et sa signification. Le Samedi Saint est le jour où Dieu
est caché, comme on le lit dans une ancienne Homélie : « Que se passe-t-il? Aujourd'hui,
un grand silence enveloppe la terre. Un grand silence et un grand calme. Un
grand silence parce que le Roi dort... Dieu s'est endormi dans la chair, et il
réveille ceux qui étaient dans les enfers » (Homélie pour le Samedi Saint, PG
43, 439). Dans le Credo, nous professons que Jésus Christ « a été crucifié sous
Ponce Pilate, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers. Le troisième
jour est ressuscité des morts ». Chers frères et sœurs, à notre époque, en
particulier après avoir traversé le siècle dernier, l'humanité est devenue
particulièrement sensible au mystère du Samedi Saint. Dieu caché fait partie de
la spiritualité de l'homme contemporain, de façon existentielle, presque
inconsciente, comme un vide dans le cœur qui s'est élargi toujours plus. Vers
la fin du xix siècle, Nietzsche écrivait : « Dieu est mort ! Et c'est nous qui
l'avons tué ! » Cette célèbre expression est, si nous regardons bien, prise
presque à la lettre par la tradition chrétienne, nous la répétons souvent dans
la Via Crucis, peut-être sans nous rendre pleinement compte de ce que nous
disons. Après les deux guerres mondiales, les lager et les goulags, Hiroshima
et Nagasaki, notre époque est devenue dans une mesure toujours plus grande un
Samedi Saint: l'obscurité de ce jour interpelle tous ceux qui s'interrogent sur
la vie, et de façon particulière nous interpelle, nous croyants. Nous aussi
nous avons affaire avec cette obscurité. Et toutefois, la mort du Fils de Dieu,
de Jésus de Nazareth a un aspect opposé, totalement positif, source de
réconfort et d'espérance. Et cela me fait penser au fait que le Saint-Suaire se
présente comme un document "photographique", doté d'un
"positif" et d'un "négatif". Et en effet, c'est précisément
le cas : le mystère le plus obscur de la foi est dans le même temps le signe le
plus lumineux d'une espérance qui ne connaît pas de limite. Le Samedi Saint est
une "terre qui n'appartient à personne" entre la mort et la
résurrection, mais dans cette "terre qui n'appartient à personne" est
entré l'Un, l'Unique qui l'a traversée avec les signes de sa Passion pour
l'homme : "Passio Christi. Passio hominis". Et le Saint-Suaire nous
parle exactement de ce moment, il témoigne précisément de l'intervalle unique
et qu'on ne peut répéter dans l'histoire de l'humanité et de l'univers, dans
lequel Dieu, dans Jésus Christ, a partagé non seulement notre mort, mais
également le fait que nous demeurions dans la mort. La solidarité la plus
radicale. Dans ce "temps-au-delà-du temps", Jésus Christ "est
descendu aux enfers". Que signifie cette expression ? Elle signifie que
Dieu, s'étant fait homme, est arrivé au point d'entrer dans la solitude extrême
et absolue de l'homme, où n'arrive aucun rayon d'amour, où règne l'abandon
total sans aucune parole de réconfort : "les enfers". Jésus Christ,
demeurant dans la mort, a franchi la porte de cette ultime solitude pour nous
guider également à la franchir avec Lui. Nous avons tous parfois ressenti une
terrible sensation d'abandon, et ce qui nous fait le plus peur dans la mort,
est précisément cela, comme des enfants, nous avons peur de rester seuls dans
l'obscurité, et seule la présence d'une personne qui nous aime peut nous
rassurer. Voilà, c'est précisément ce qui est arrivé le jour du Samedi Saint:
dans le royaume de la mort a retenti la voix de Dieu. L'impensable a eu lieu:
c'est-à-dire que l'Amour a pénétré "dans les enfers": dans
l'obscurité extrême de la solitude humaine la plus absolue également, nous
pouvons écouter une voix qui nous appelle et trouver une main qui nous prend et
nous conduit au dehors. L'être humain vit pour le fait qu'il est aimé et qu'il
peut aimer; et si dans l'espace de la mort également, a pénétré l'amour, alors
là aussi est arrivée la vie. A l'heure de la solitude extrême, nous ne serons
jamais seuls: "Passio Christi. Passio hominis". Tel est le mystère du
Samedi Saint! Précisément de là, de l'obscurité de la mort du Fils de Dieu est
apparue la lumière d'une espérance nouvelle : la lumière de la Résurrection. Et
bien, il me semble qu'en regardant ce saint linceul avec les yeux de la foi, on
perçoit quelque chose de cette lumière. En effet, le Saint-Suaire a été immergé
dans cette obscurité profonde, mais il est dans le même temps lumineux; et je
pense que si des milliers et des milliers de personnes viennent le vénérer,
sans compter celles qui le contemplent à travers les images - c'est parce qu'en
lui, elles ne voient pas seulement l'obscurité, mais également la lumière; pas
tant l'échec de la vie et de l'amour, mais plutôt la victoire, la victoire de
la vie sur la mort, de l'amour sur la haine; elles voient bien la mort de
Jésus, mais elles entrevoient sa Résurrection; au sein de la mort bat à présent
la vie, car l'amour y habite. Tel est le pouvoir du Saint Suaire : du visage de
cet "Homme des douleurs", qui porte sur lui la passion de l'homme de
tout temps et de tout lieu, nos passions, nos souffrances, nos difficultés, nos
péchés également - "Passio Christi. Passio hominis" - de ce visage
émane une majesté solennelle, une grandeur paradoxale. Ce visage, ces mains et
ces pieds, ce côté, tout ce corps parle, il est lui-même une parole que nous
pouvons écouter dans le silence. Que nous dit le Saint Suaire? Il parle avec le
sang, et le sang est la vie! Le Saint-Suaire est une Icône écrite avec le sang
; le sang d'un homme flagellé, couronné d'épines, crucifié et transpercé au
côté droit. L'image imprimée sur le Saint-Suaire est celle d'un mort, mais le
sang parle de sa vie. Chaque trace de sang parle d'amour et de vie. En
particulier cette tâche abondante à proximité du flanc, faite de sang et d'eau
ayant coulé avec abondance par une large blessure procurée par un coup de lance
romaine, ce sang et cette eau parlent de vie. C'est comme une source qui
murmure dans le silence, et nous, nous pouvons l'entendre, nous pouvons
l'écouter, dans le silence du Samedi Saint.
Chers amis, rendons toujours gloire au Seigneur pour son amour fidèle et miséricordieux. En partant de ce lieu saint, portons dans les yeux l'image du Saint Suaire, portons dans le cœur cette parole d'amour, et louons Dieu avec une vie pleine de foi, d'espérance et de charité. Merci.
Saint Suaire de 1349 à nos jours
Documentations :
Association Montre-nous ton visage, Guide du linceul
de Turin, Téqui, 2016.
- Baima Bollone Pier Luigi, 101 questions sur le
Saint Suaire, Saint-Augustin, 2001.
- Cataldo Sébastien, Heimburger Thibault, Castex
Thierry, Le linceul de Turin : complément d'enquête, Docteur angélique, 2015.
- Clercq Jean-Maurice, La passion de Jésus, F.-X. de
Guibert, 2011.
- Riedmatten Pierre (de), Le Saint Suaire, Éditions
Fidelité, 2015.
- Rinaudo J-B et Gavach Claude, Le linceul de Jésus
enfin authentifié, F-X de Guibert, 2010 (ouvrage de référence selon Jean
Dartigues).
- Frale Barbara, Le suaire de Jésus de Nazareth,
Bayard - 2011.
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