Des
plantes pour guérir
Remèdes
de bonnes femmes
Il était une fois, un chien et un chat. Tous deux se
sentaient mal-à-l’aise, leur estomac se refusait à digérer. Ils se mirent en
quête dans la prairie… d’instinct le chien se mit à manger du chiendent tandis
que le gros minet mastiquait son herbe-à-chat.
Il y a quelque cinq millions d’années, notre grand-père
australanthropien devait faire de même. D’instinct il savait, lui aussi
reconnaitre les « herbes médecines » qui soulageaient ses maux.
Aujourd’hui « grâce à » la civilisation,
notre flair est incapable de discerner un bon champignon d’une amanite
morelle ! Nous sommes, doucement, devenus de gentils lapins de clapier qui
ingurgitons sans hésitation notre fatal « réveil matin »… cette
civilisation, dont nous sommes souvent trop fiers nous fait oublier qu’il y a
des millénaires, des hommes savaient, guérissaient, opéraient, n’hésitaient pas
à réduire les fractures, à trépaner même, en usant simplement des possibilités
que la nature leur offrait.
Une nature que ces sauvages primitifs ne savaient pas encore
polluer à coup de produits scientifiquement élaborés…
Mais le jour n’est peut-être plus très loin où les savants
réunis en congrès scientifique dévoileront solennellement une plaque de marbre
noir où l’on aura gravé en lettres d’or :
« En l’honneur des sorciers que nous avons brûlés parce
qu’ils savaient depuis des siècles et des siècles ce que nous vous démontrons
aujourd’hui ».
Il ne reste qu’à souhaiter que ce jour-là, un sorcier, un
vrai, se cache encore dans le peuple des hommes pour transmettre son initiation
millénaire … aux savants.
DES
PLANTES POUR GUÉRIR
Herbes
de sorcières
La médecine par les plantes relève de différentes pratiques.
Certaines tiennent compte d’une propriété chimique qui servira de
thérapeutique. D’autres de son aspect physique qui agira par mimétisme.
D’autres encore feront matérialiser des « pouvoirs » occulte ou
astrologiques. D’autres enfin auront pour support le « symbole »
attribué au végétal.
Toutes ces méthodes sont souvent liées et font que le
« sorcier », le « guérisseur », le « maugeux »
agit le plus souvent par « phyto-magico-thérapie ». Si l’on ajoute à
cela les interférences religieuses et le caractère secret de l’enseignement, de
l’initiation, on comprendra aisément l’aspect étrange et complexe de cette
« médecine ».
Ajoutons enfin qu’elle est toujours restée l’apanage du
« peuple ». Ceci suffisait donc pour qu’elle soit déconsidérée,
négligée et condamnée par les hommes « hautement civilisés » du XIXe
siècle…
Phytothérapie
et aromathérapie
Nous avons sciemment voulu dissocier ces
« médecines » et ne traiter présentement que la thérapeutie chimique.
Celle-ci est aujourd’hui subdivisée en deux classes :
« Phyto et aromathérapie ».
Si l’un et l’autre de ces traitements sont médicalement reconnus,
il ne faut pas les confondre.
La science de l’aromathérapie
est exacte. Elle s’appuie sur des principes actifs connue et reconnues et fait
l’objet d’une industrie pharmaceutique. Mais elle ne pouvait être que
difficilement abordable par nos ancêtres car elle exige des techniques très
complexes et souvent de création
récente. C’est grâce à elle que l’on peut produire des extraits, des intraits,
des huiles essentielles et des essences.
La phytothérapie
ne peut pas encore être considérée comme une science exacte. Elle met en jeu
trop d’aspects inconnus des plantes. En outre, lorsque l’on sait que le sol, la
lumière agissent considérablement sur la « pousse » de la végétation,
on comprendra que les « dosages » ne peuvent être que très relatifs.
Encore ne tient-on pas compte de la « pollution »… On peut donc
admettre que les infusons agissent « grosso-modo » comme prévu mais,
sans plus. Ceci n’empêche que de nos jours, il est encore et toujours bon de
connaitre les « vertus » des « simples ». Ne serait-ce que
pour ne pas s’empoisonner !
Préparation et « posologies »
Le moyen le plus direct et le plus rapide pour absorber les
composants chimiques d’une plante, c’est évidemment de la manger. C’est ce que
nous faisons couramment avec les légumes. Toutefois, ce système n’est pas
toujours applicable, soit que les végétaux n’aient pas les qualités
« gastronomiques » requises par notre palais, soit que leur
résistance mette à l’épreuve notre dentition ou notre digestion.
Empiriquement toujours les anciens ont remarqué que ses
principes actifs se concentraient différemment dans les parties de la plante et
que même parfois certains éléments d’une mémé plante pouvaient causer des
réactions opposées.
Il faut donc savoir préparer une tisane mais aussi connaitre
le procédé de conservation de l’espèce choisie, cueillir judicieusement fleurs,
feuilles, fruits ou racines et tenir compte de la période de l’année où la
plante est « à point » pour ne pas chercher des « prunes fraiches
en janvier » !
Infusion,
décoction, macération
Pour préparer une infusion vous mettrez, en général un
pincée de plante dans un bol, ou une tasse ; peu importe le récipient à
condition qu’il ne soit jamais en métal. Ensuite, vous verserez lentement de
l’eau bouillante. Vous recouvrirez le récipient et vous laisserez
« infuser » pendant un petit quart d’heure. Il ne vous restera plus
qu’à passer la liqueur (la filtrer) et vous y ajouterez du miel (ou du sucre)
avant de la faire avaler.
Les racines, les tiges et les écorces se préparent le plus
souvent en décoction. Il vous faudra alors procéder « à l’envers ».
C’est-à-dire que vous jetterez votre pincée de plante dans le pot contenant
l’eau bouillante et vous laisserez se poursuivre l’ébullition encore un quart
d’heure. Comme précédemment vous mettrez un « bouchon » et vous
laisserez infuser une dizaine de minutes, après quoi vous « passerez et
vous servirez dans un bol avec du miel.
Il existe deux sortes de macérations pour es racines et les
bois. Vous pouvez mettre la plante dans un « têchon » contenant de
l’eau froide ou « douce », vous recouvrez et vous laisser ainsi
pendant une nuit ou un jour. Vous pouvez aussi, selon la médication, faire
votre macération dans l’alcool ou dans le vin et laisser ainsi plusieurs jours.
« Ordonnance »
Indépendamment des tisanes qui sont faites pour être bues,
bon gré, mal gré, ces préparations peuvent servir pour des lavages, des
lotions, des bains. Les plantes nous l’avons vu, peuvent être mangées crues ou
cuites mais peuvent aussi être appliquées en compresses ou en
cataplasmes ; on peut également les triturer avec de l’huile ou des
graisses pour obtenir des pommades, des onguents, des baumes.
La plante peut aussi agir par sa simple présence. Ainsi le
plantain apporte la fécondité, la verveine revigore les amours, le sureau
provoque l’asthme, le noyer rend fou. Mais nous touchons là au domaine du
mystère et de l’occulte…
Gourme
– Impétigo
Pour faire « tomber » les croûtes purulentes on
appliquera des emplâtres de feuilles de cresson-de-fontaine
hachées. Conjointement on fera boire des tisanes d’infusion de feuilles de noyer ou de feuilles de sureau.
Eczéma
Il faut écorcer un jeune bouleau en pleine sève puis, frotter les parties eczémateuses avec
le côté humide des morceaux d’écorce.
Aphtes
Donner au malade des gargarismes tièdes de décoction de feuilles de ronce. Lui donner à manger
une pâte constituée par un sedum blanc
écrasé et lié avec de l’eau auquel on ajoutera une quantité de miel suffisante
pour que le tout ait la consistance de la confiture.
Furoncles
– Panaris
Placer un cataplasme tiède d’oignon cuit sur le « clou » pour le faire
« murir ». Pour les « gros boutons » on pourra aussi avoir
recours à un procédé de guérison occulte. Il suffit pour cela de suspendre une
branche de lierre grimpant dans la cheminée.
Verrues
Frictionner les verrues avec un trognon de chou vert fraichement coupé. On peut
également placer sur les verrues un emplâtre de feuilles de rumex oseille pilées dans l’huile. Mais
le remède le plus efficace consiste à mettre matin et soir « entre les
deux rosées » sur chaque « poireau » une goutte de suc de ficaire-fausse-renoncule. Pour que le
remède agisse, il faut attendre que le « lait » sèche et ne pas
l’essuyer.
Engelures
Pour guérir les engelures, le remède le plus efficace
consiste simplement à marcher pieds nus dans la neige fraiche… si vous êtes
vraiment frileux alors contentez-vous de faire cuire un oignon de lis blanc dans du lait et mettez cette pâte en
cataplasme. Vous pouvez également faire une pommade en mélangeant une partie de
fleurs de modèle-bouillon-blanc avec
deux parties d’huile que vous laisserez réduire à feu doux. Vous protègerez
efficacement la blessure en appliquant dessus du duvet de Massette.
Cors
aux pieds
Appliquez une feuille de saule marsault sur le cor ou bien frottez-le avec de la pulpe de
gousse d’ail écrasée. S’il résiste
encore, alors faite macérer dans l’huile une feuille de sédum reprise que vous maintiendrez ensuite sur le cor avec une
charpie. En dernier ressort vous pourrez tenter ce procédé magique :
Placer dans une poche du côté du cor une branche d’ « herbe-à-cochon », renouée-des-oiseaux, en disant :
« Que mon cor s’en aille à l’aide de cette herbe ».
Œil de
perdrix
Il suffit de faire infuser des feuilles de lierre grimpant dans du vinaigre
assaisonné de sel et poivre et d’en placer chaque jour une feuille sur l’œil de
perdrix
Ampoules
aux pieds
Appliquer sur la phlyctène un cataplasme froid de feuilles
de chou vert cuites dans du lait.
Piqures
de moustiques et d’orties
Le plantain lancéolé
supprime la sensation de piqure donnée par les moustiques et l’ortie. Presser
la feuille entre les doigts jusqu’à ce que le « jus » sorte.
Appliquer ce jus à l’endroit de la piqure.
Piqures
de guêpes et d’abeilles
Il faut d’abord s’efforcer d’extraire le dard, notamment
celui de l’abeille « qui a des crochets », ensuite, il faut frotter
sur la partie piquée un bouquet de persil
ou une feuille de poireau. Mais,
pour éviter de vous faire piquer, il suffit de vous frotter la tête et les bras
avec de la Camomille fétide ou de l’Armoise commune.
Brûlures
Le procédé le plus radical connu des forgerons et des
cuisinières consiste simplement à exposer devant un feu vif la partie qui vient
déjà d’être brûlée. Si vous souhaitez des remèdes moins brutaux, vous pouvez
placer une pomme de terre coupée en
deux sur la brûlure ou bien la lotionner avec du jus de sedum blanc écrasé. Vous pourrez aussi poser des emplâtres de
feuille de jusquiame des toits
écrasée de pulpe de carotte rouge
écrasée, de pulpe de racine fraiche de consoude
officinale écrasée ou encore une pâte faite d’un oignon écrasé ou de sel
de cuisine.
Mauvaise
haleine
Quand on a mauvaise haleine, notamment lorsque l’on a mangé
de l’ail, il suffit de mâcher du persil.
Digestion,
maux d’estomac
Pour éliminer les lourdeurs il faut prendre après le repas,
un petit verre de « goutte » dans laquelle on aura mis à infuser des
fleurs de millepertuis perforé
récoltées au mois de mai. On peut aussi prendre des infusions de thym serpolet, de feuilles de ménianthe à trois folioles, de sommités
fleuries de mélisse ou d’érythrée petite centaurée.
Manque
de tonus général
Pour se stimuler on boira des infusions de carline vulgaire, de spirée ulmaire, de véronique petit chêne, de feuilles de berle à feuille étroite, de fleurs d’achillée millefeuille, d’erythrée
petite centaurée, d’origan vulgaire ou des infusions de feuilles
et de racine d’aneth fenouil. On
peut également saupoudrer ses aliments d’une pincée d’écorce pulvérulente de berbéris commun.
Toux
Pour calmer la toux il faut prendre des tisanes pectorales
d’infusion de fleurs de bourrache
officinale, de mauve à feuille ronde,
de mélicot des champs, de primevère officinale, de molène bouillon blanc (récoltées par
temps sec et chaud) ou de feuilles et fleurs de mauve sauvage.
Etc.
etc…….
Ces quelques petites recettes d’autrefois en mémoire de nos
aïeuls…
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