vendredi 16 août 2024

Seigneurie de Montmorency-Beaufort

 


D’or à la croix de gueules cantonnée au 1) d’une gerbe de blé de sinople, au 2) de trois broyes d’azur rangées en pal, au 3) d’une tour du même ouverte du champ, au 4) d’une barre ondée d’azur.

 Montmorency Beaufort est située à la limite entre la Champagne humide et la Champagne crayeuse dans le département de l’Aube (10), arrondissement de Bar-sur-Aube. 

Le village est mentionné dès l'époque carolingienne sous le nom de Beaufort (sans doute Bellum Forte).



Des Broyes aux Rethel



Au moins depuis le Xe siècle, la seigneurie de Beaufort (châtellenie vers 1274-1275, au bailliage de Vitry) appartint d'abord à la famille de Broyes, qui eut Broyes, Arc, Châteauvillain et Baye en Champagne ou en Barrois champenois, Trilbardou et Charmentray en Brie, Pithiviers et Nogent-le-Roi en Beauce, Commercy aux marges de la Champagne et du Barrois, et le comté de Sarrebruck.

En 1199-1257, l'héritière Félicité de Broyes fut dame de Beaufort, qu'elle transmit à son mari le comte champenois Hugues II de Rethel. Leurs descendants les comtes de Rethel eurent Beaufort jusqu'à Hugues IV qui le vendit à Blanche d'Artois, comtesse de Champagne et reine de Navarre, en 1270.


Entre Champagne-Navarre et Lancastre 


La seigneurie de Beaufort fut donc acquise en juin 1270 par Blanche d'Artois, épouse d'Henri III comte de Champagne et roi de Navarre († 1274) : parents de la comtesse-reine Jeanne, femme de Philippe IV le Bel. Veuve, Blanche se remaria en 1276 avec le prince Edmond d'Angleterre, comte de Lancastre, fils d'Henri III Plantagenêt et frère cadet d'Édouard Ier, et lui apporta la seigneurie en dot.


Le règne anglais des Lancastre 


Devenu possession des comtes puis ducs de Lancastre, Beaufort va constituer pendant toute la guerre de Cent Ans, un verrou anglais au cœur de la Champagne. Jean de Gand († 1399, fils cadet du petit-fils d'Edouard Ier : Édouard III (arrière-petit-fils de Blanche d'Artois par sa mère Isabelle de France fille de Jeanne 1ère de Navarre-Champagne), duc de Lancastre par son premier mariage avec Blanche arrière-petite-fille d'Edmond et Blanche d'Artois) donna le nom de Beaufort aux quatre bâtards légitimés qu'il eut de sa maîtresse puis troisième épouse Catherine Roët Swynford, la belle-sœur de Chaucer, fondant ainsi la Maison de Beaufort, qui joua un rôle important durant la guerre des Deux-Roses. 
Portent toujours le titre de duc de Beaufort les derniers Plantagenêts en ligne directe masculine (et naturelle) : les Beaufort-Somerset-Worcester.

Les débuts des princes Valois. 



Son château fort, puissamment fortifié et réputé imprenable, dominait la plaine de Brienne, et c'est par trahison que Charles V réussit à s'emparer du château en 1369. Le destin féodal de Beaufort devient alors assez chaotique, car il appartient à la Couronne, et les rois Valois le cèdent ou l'engagent régulièrement à des serviteurs de l'État ou à des princes, en récompense, en gage de dettes royales, ou pour s'assurer des fidélités. 

Ainsi Charles V le céda à titre viager à Jean II-III de Melun, alias Jean II comte de Tancarville, chambellan de France († 1382 ; sa descendance conduit aux ducs d'Orléans-Longueville comtes de Tancarville et de Dunois) (le roi Charles aurait aussi déjà donné Beaufort en 1357-61 à son cousin Louis d'Evreux comte d'Étampes († 1400), intermède dans la possession de Blanche et Jean de Lancastre ?). 

Puis Beaufort est donné à titre viager dès 1382 au dernier frère de Charles V, Philippe II le Hardi duc de Bourgogne († 1404), par son neveu Charles VI. 

Sa fille Catherine de Bourgogne, duchesse d'Autriche, reçut Beaufort en partie seulement (par sa mère Marguerite comtesse de Flandre, Nevers, Rethel et Bourgogne, elle descendait des premiers seigneurs de Beaufort).

Nemours et Armagnac. 


La seigneurie principale revint au roi qui l'intégra, avec Nogent-sur-Seine, Pont-sur-Seine, Soulaines [Dhuys], au duché de Nemours créé par Charles VI à titre viager pour Charles III d'Evreux roi de Navarre († 1425 ; dit le Noble ; arrière-arrière-petit-fils de Philippe le Bel et de Jeanne de Champagne-Navarre évoqués plus haut, et donc par Jeanne : arrière-arrière-arrière-petit-fils de Blanche d'Artois ; petit-cousin de Louis d'Étampes ci-dessus ; cousin germain de Charles VI par sa mère). 

Ensuite, Beaufort continue sa destinée erratique, mais ses possesseurs descendent presque tout le temps des rois de Navarre, et donc de Blanche d'Artois. À la mort de Charles III le Noble, le duché de Nemours revient à la Couronne (il sera recréé régulièrement pour certains de ses descendants), alors que la seigneurie de Beaufort passe à sa fille Blanche († 1441) ; le roi Charles VII la donne ensuite à son oncle maternel Charles d'Anjou-Maine († 1472 ; aussi comte de Guise), dont la fille Louise († 1470) le transmet à son mari Jacques d'Armagnac, arrière-petit-fils de Charles III le Noble par sa grand-mère maternelle Béatrice d'Evreux, comte de Castres, de la Marche et de Pardiac. 

En 1462, Jacques est créé duc de Nemours par Louis XI : mais c'est une coïncidence, il tient Beaufort par sa femme, pas par son duché. Comme tous les biens de Jacques d'Armagnac accusé de trahison, Beaufort est confisqué et revient à la couronne de France lorsque Jacques est condamné à mort par Louis XI et décapité en août 1477.

Le comté de Beaufort.

 


En 1477/1479, Louis XI donne Beaufort, érigé en comté, à titre viager avec Soulaines, Larzicourt et Villemaheu (à Soulaines), à son conseiller-chambellan Thierry III de Lenoncourt, bailli de Vitry († 1483). 

En 1484, Charles VIII fils de Louis XI, restitue le duché de Nemours et les comtés de Beaufort, de Guise et de Pardiac aux enfants de Louise d'Anjou-Maine et de Jacques d'Armagnac : Jean d'Armagnac († 1500) puis Louis († 1503) ; Guise, Nemours, le Pardiac et Beaufort sont alors hérités par leur sœur Marguerite († 1503) et son époux le maréchal Pierre de Rohan-Gié († 1513 ; issu de Jeanne de Navarre-Evreux, tante de Charles le Noble).

Foix. 


Mais dès 1507, Louis XII donne le comté de Beaufort (sans doute échangé avec Pierre de Rohan en 1504), plus le duché de Nemours avec Soulaines, Villemaheu, Larzicourt, Saint-Florentin, Ervy, Dannemoine et Coulommiers, à son neveu Gaston de Foix-Navarre comte d'Étampes, le Foudre d'Italie (issu de Charles le Noble ; cousin germain d'Anne de Bretagne femme de Louis XII ; † 1512 à Ravenne). 

Sa sœur Germaine de Foix, reine d'Aragon, † 1536, en hérite avec en plus Séant-en-Othe, puis vend (en partie seulement ou en créant un contesté ? car Odet de Foix ci-après est « comte de Beaufort ») à Guillaume de Croÿ seigneur de Chièvres, comte de Beaumont et marquis d'Arschot († 1521 ; lié à Charles Quint ; fils de Philippe de Croÿ et de Jacqueline de Luxembourg). 

Mais son neveu Philippe II de Croÿ doit restituer en 1530 aux héritiers du maréchal Odet de Foix-Lautrec († 1528), comte de Beaufort en tant qu'héritier de la reine Germaine par retrait lignager (comme le rappelle le traité de Cambrai, 1529). 

De plus, la seigneurie d'Isles, avec Chaource, Maraye & Villemaur, au bailliage de Troyes, était venue à Odet de Foix par son mariage avec Charlotte d'Albret d'Orval, fille de Jean et de Charlotte de Bourgogne-Nevers comtesse de Rethel. 

Après leur fils Henri de Foix-Lautrec († 1540), c'est leur fille Claude qui hérite du tout († 1553 ; elle épouse en 1535 Guy XVII de Laval, † 1547, puis en 1547 Charles de Luxembourg-Brienne-Penthièvre seigneur de Martigues, † aussi en 1553, frère aîné de Sébastien). 

Héritier de sa femme Claude de Foix-Lautrec, Charles de Luxembourg lègue Beaufort à son oncle maternel Jean de Brosse-Penthièvre duc d'Étampes, qui s'empresse de le céder en 1554 à François Ier de Clèves.

Nevers. 


François Ier de Clèves-Nevers, † 1562, fut le premier duc de Nevers ; par sa mère Marie d'Albret d'Orval, comtesse de Rethel : il était donc le cousin germain de Claude de Foix-Lautrec ci-dessus, qui lui avait déjà légué la seigneurie d'Isle venue des Bourgogne-Nevers-Rethel ; par les Rethel il descendait des premiers seigneurs de Beaufort. 
Sa femme fut Marguerite de Bourbon-Vendôme. 

Les Clèves-Nevers gardèrent Beaufort jusqu'en 1597 : le duc Jacques de Nevers († 1564 ; fils cadet de François de Clèves et Marguerite de Vendôme ; seigneur puis premier marquis d'Isles, baron de Jaucourt et seigneur de Jully) ; puis sa sœur Marie († 1574 ; princesse de Condé par son mariage avec son cousin Henri Ier < Catherine de Condé, † 1595 sans postérité) ; enfin leur sœur Catherine de Clèves, comtesse d'Eu, duchesse de Guise par son mariage avec le Balafré.


Le duché de Beaufort des Bourbon-Vendôme


La duchesse de Guise vendit Beaufort et Jaucourt à Gabrielle d'Estrée le 6 juillet 1597. Le comté de Beaufort, comprenant les seigneuries de Soulaines, Villemaheu et Larzicourt, fut alors réuni à la baronnie de Jaucourt et érigé en duché-pairie en faveur de César de Vendôme, fils naturel de Gabrielle d'Estrées et d'Henri IV roi de France et de Navarre. 

Le benjamin de César et Françoise fut François duc de Beaufort, le Roi des Halles, † 1669 sans postérité. Son frère aîné Louis transmit Beaufort à son propre fils aîné Louis-Joseph alias le Grand Vendôme, † 1712.

Duché de Montmorency


Le petit-fils de César, le Grand Vendôme, vendit pour 460 000 livres, avec l'approbation du roi, le duché de Beaufort en mai 1688 à Charles-François Frédéric Ier de Montmorency-Luxembourg († 1726 ; duc de Piney; fils du célèbre maréchal de Luxembourg). 

Un an après, en octobre 1689, la famille de Montmorency-Luxembourg obtint de Louis XIV de renommer le « duché de Beaufort » : « duché de Montmorency », car l'ancien « duché de Montmorency » au nord de Paris venait lui-même d'être rebaptisé « duché d'Enghien ». 

< Charles-François Frédéric II († 1764) < Anne-François († 1762) < Charlotte-Françoise x Anne-Léon II de Montmorency-Fosseux (branche aînée des Montmorency ; † 1799 ; il obtint en décembre 1767-mai 1768 la substitution à son profit du duché de Montmorency (-Beaufort)).

En 1845, le territoire est de nouveau divisé entre les communes de Longeville, Puellemontier (Haute-Marne), Lentilles, Villeret, Hampigny et Montmorency.

Les Prussiens arrivent à Montmorency le 25 août 1870, dévalant les côtes environnantes. Les habitants, apeurés, quittent vivement le village et se réfugient dans le bois de la « Fin Champ », emmenant avec eux leurs bestiaux. Les Prussiens ne restent que le temps de se reposer et repartent rapidement vers Sedan, où s'écroulera l'Empire.

À partir de cette époque, Beaufort est appelé « Montmorency » : ce n'est qu'en 1919 que le village prit son nom actuel de « Montmorency Beaufort »

 Y en a-t-il qui savent que le cardinal Henri de Beaufort fut un des juges qui prononça la peine de mort contre Jeanne d’Arc ?

Son château-fort dominait la plaine de Brienne et était réputé pour être imprenable grâce à ses fossés de 12 mètres de profondeur, sa construction massive, caractérisée par une grosse tour de 40 mètres de circonférence sur 27 mètres de haut, avec des murs de 3 mètres d'épaisseur, ainsi que de nombreux souterrains qui sillonnent la région. En 1764 ses ruine s'élevaient encore à 14 mètres de haut.

 

 Eglise de l'Assomption de la Ste Vierge


XVIe siècle, 2e quart XIXe siècle

La nef, comme les bas-côtés, est voutée sur croisée d’ogives quadripartites. Elle communique avec eux par de grandes arcades brisées. Elle est éclairée indirectement par les baies des bas-côtés. Auparavant une baie percée dans le mur gouttereau (mur portant une gouttière) occidental permettait une plus grande luminosité.

Les bas-côtés de la nef sont séparés du transept par une grille en fer forgé du XVIIIème siècle.

Le chœur est formé d’une travée droite s’ouvrant sur les deux chapelles latérales par des arcades, l’abside possède une voûte de six quartiers.

On remarque que, suivant un parti assez rare dans cette régions, les ogives et les arcs doubleaux ne retombent pas en pénétration dans les piles mais descendent jusqu’à la base de celles-ci.

Tous les vitraux de cette église sont du XVIème siècle.


Vierge à l’enfant en bois du XIIe siècle :

aujourd'hui cette Vierge se trouve au "Trésor des Églises"

Cette image miraculeuse de la Sainte-Vierge a été transférée, avec permission de monseigneur l'évêque de Troyes, de la chapelle des religieux Minimes de Villiers en cette église, par Mr Mony, curé de cette paroisse, en l'année 1775, le 4 novembre, à trois heure après midi.


Monument funéraire de Pierre Adam et de sa famille XVIIIe siècle


Armoiries buchées. Transcription : D.O.M. Cy gisent honorables personnes Pierre Adam, seigneur de Châtelier, Ormont, Chassericourt et Rambécourt, Bailly et lieutenant général de ce duché, qui décéda le 11 avril 1725, âgé de 63 ans. Marguerite Pothier, son épouse, qui décéda le 14 février 1724, âgée de 55 ans. François Adam, leur fils, seigneur des mêmes lieux, écuyer, conseiller secrétaire du Roy, Bailly et lieutenant général et gruyer de ce duché, qui décéda le 10 avril 1761, âgé de 66 ans. Et Elisabeth Navelet, son épouse, qui décéda le 17 janvier 1725, âgée de 25 ans, Lesquels ont fondez dans cette église chacun un service à perpétuité le jour de leur décès. Requiescat in pace.

Pierre Adam, seigneur du Chatelier, lieutenant général du duché, mort en 1724. Marguerite Pothier, son épouse, morte en 1724. François Adam, leur fils, mort en 1761, et Elizabeth Navelet, son épouse, morte en 1725.


Saint Nicolas – pierre calcaire XVIe

cliché lors de l'exposition le beau XVIe à Troyes

Cette sculpture représente saint Nicolas pourvu de ses attributs d'évêque. A l'origine, il était accompagné de trois enfants, mais seulement deux ont été conservés. Saint Nicolas porte la mitre, une chasuble sous laquelle nous pouvons voir une soutane, ainsi qu'une paire de gants épiscopaux, dont les coutures sont exécutées de manière très réaliste donnant la parfaite illusion de gants de cuir. Il tient la crosse de sa main gauche et accomplit le signe de bénédiction de sa main. Un des deux enfants agrippe la manipule de saint Nicolas, l'autre croise les mains sur sa poitrine. Leur chevelure est épaisse et bouclée. On peut voir que leur musculature est surdéveloppée.



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