vendredi 16 août 2024

Les NOTRE-DAME

  

LA DAME, NOTRE-DAME

 

Déesse-Mère

Vénus de Willendorf, Paléolithique supérieur, vers 22 000–24 000 av. J.-C.


De tout temps, les chrétiens ont honoré Marie avec une ferveur extrême, beaucoup plus profonde que celle qu’ils ont pu témoigner à n’importe quel saint du calendrier. Ferveur assez semblable à celle que les anciens ont portée aux Déesses-Mères de l’Antiquité.

Celles-ci étaient généralement le symbole de la terre féconde prête à recevoir en son sein la chaleur et la lumière du ciel afin que jaillisse d’elle l’explosion lumineuse et glorieuse des germinations.

Mais selon les peuples et suivant les époques, le mythe de la déesse-mère a, non seulement évolué mais s’est aussi multiplié. Si l’Egypte a connue GEB, la terre – dont l’image est une oie – elle eut également Isis (Sit ou Tist) déesse des moissons, de la médecine et des mariages, qui donnera à son époux Osiris, génie du Nil, un fils, Horus, le dieu épervier.


Une statue d'Isis nourrissant au sein Horus, musée du Louvre. Il est admis que cette figure a probablement inspiré les représentations de Marie dans le christianisme, mais ses liens avec les « Vénus paléolithiques » sont improbables


En Grèce, la terre Gaya et le ciel Ouranos auront un fils Kronos, dieu céleste. Mais une autre déesse-terre Rhéa épousera Kronos. Leur fils sera Zeus le dieu des dieux.

Enfin, Maya et Zeus auront un fils Hermès, dieu de l’éloquence et des voleurs.

Cette filiation se retrouvera également à Rome où la terre et le ciel donneront également naissance à un dieu à figure humaine. Tellus, la terre et Caellus, le ciel, engendrent Saturne, tandis que Gea, déesses-terre et Uranus, dieu du ciel ont une fille Cybèle. Les « deux familles seront bientôt réunies » car Cybèle épousera Saturne. Ils auront pour enfants Cérès, déesse de l’agriculture et Jupiter (Jovis), dieu des dieux italiques, du ciel, de la lumière, de la foudre, maitre du Capitole. Une planète portera également son nom, la planète Jupiter qui comprend douze satellites…

On ne peut manquer d’être frappé par les similitudes de ces générations ainsi que par les parentés des noms, surtout lorsque Maïa et Jupiter auront un fils Mercure, dieu de l’éloquence et des voleurs…

A propos de Maïa, mère de Mercure, on peut noter aussi la similitude phonique que l’on rencontre avec Maïus (Maïa – maium) dont le substantif Maius a donné en français le mois de Mai, mois de Marie… Cette évocation succincte de la Mythologie terminée, revenons à Notre-Dame et signalons pour mémoire que MARIA (Sainte-Marie) et JAHVE (Iahvé – Yahvé) Dieu, donnerons au monde Jésus, 1er Fils de Dieu, qui par son éloquence entrainera le peuple vers la Foi et qui mourra, crucifié entre deux voleurs.

 

Déesses-Vierges

 Durant la période pré-chrétienne, les déesses-mères, symboles de la terre féconde ne semblent pas être considérées comme vierges. Elles ont des époux et, comme de simples mortels, procréent un ou plusieurs enfants. La virginité n’aurait été d’ailleurs qu’un état préparatoire et limité dans le temps, pré-existant à chaque maternité et destiné à la préparer.

Il existait, parallèlement aux déesses-mères une divinité à concept matriarcal d’origine pré-indo-européenne. Cette « Mère » enfantait par son propre pouvoir et cette déesse de la fécondité qui, trois mille ans avant J.-C. se confondait peut-être avec la mère terre apparait à Babylone comme étant la Vierge Ishtar. En Assyrie ou chez les Phéniciens, ce fut Ashtart, déesse de l’enfantement ou Astarte déesse du ciel. Dans la mythologie Grecque il y eut la vierge Artemis, puis la Rome Antique connu Diana, la vierge Reine des Bois qui parcourait les forêts au milieu de son cortège de Nymphes.

Artémis polymaste,  IIe siècle, Galerie des Candélabres, musées du Vatican.


La Vierge du Zodiaque

Vierge du zodiaque de la basilique Ste Marie-Madeleine de Vézelay XIIe

Bien que l’origine du Zodiaque ne soit pas précisément déterminée, il apparaitrait que son berceau fut la Mésopotamie du 2ème millénaire avant J.-C. En tout cas, les Babyloniens, vers 700 av. J.-C. avaient attribué la figure de la Vierge à l’un des douze signes, celui qui, situé entre le lion et la balance, correspondait au sixième mois Elûl de leur calendrier.

Etant donné qu’en ce temps, Nisan, le premier mois de l’année correspondait à l’équinoxe de printemps et que le soleil se trouvait alors dans la constellation du Taureau, l’apparition de la Vierge à l’horizon, au début de la nuit, coïncidait avec la période des moissons de l’ancienne Égypte. Ceci nous permet de comprendre pourquoi trois des étoiles de cette division zodiacale ont été figurées par des épis de blé.

Du fait de la précession des équinoxes, le soleil de printemps s’est d’abord déplacé dans le Bélier au début de l’ère chrétienne. Actuellement il entre dans les Poissons. Par la suite, l’apparition de la constellation de la Vierge à l’horizon nocturne a rétrogradé elle aussi de fin juin à début septembre.


Croyances

 Tenant compte de ce Panthéon de déesses-mères et de vierges à l’apparition de l’ère chrétienne, - encore que nous n’ayons signalé que les religions les plus représentatives – il n’est pas extraordinaire que se soient perpétuées, certaines croyances en des Dames, des Fées, à pouvoir spécifiques, en même temps que s’implantait la dévotion en la Saint Vierge Marie.

Culte païen d’une part, dévotion de l’autre, ont pu aussi bien s’imposer, se réparer ou s’amalgamer, pour finalement, ensemble, essayer de répondre – le moins mal possible – aux exigences spirituelles de la foi nouvelle.

 Cela fait que certaines de ces antiques croyances devinrent suspectes : on les chargea de maléfices afin de pouvoir mieux les renier. D’autre firent cause commune avec la dévotion à la Mère de Dieu et par là-même, furent considérées comme bénéfiques et sanctifiées.

Quelques-unes de ces coutumes ancestrales survivaient encore, il y a peu de temps, dans les cultes particuliers rendus aux Vierges locales.

 

DÉESSES   PRÉ-CHRÉTIENNES

 

Vierge noire de la cathédrale du Puy-en-Velay.

Vierges Noires

Ces vierges noires pourraient être la survivance de la plus ancienne croyance aux déesses-mères. Telles les statuettes féminines du paléolithique elles exprimeraient l’idée du germe emprisonné dans les enveloppes concentriques de la graine, de la semence confiée à la terre nourricière ou de l’enfant délicatement protégé dans le sein de sa mère.

La légende en situe au moins deux dans notre département de l'Aube (10) :

Rumilly-les-Vaudes

La vierge noire aurait été placée au manoir des tourelles. Elle est aujourd’hui disparue, volée, dit-on par une anglaise…

 Courteron

Ici, la statue de la vierge noire était très petite et couchée dans une sorte de crèche. Le curé l’aurait détruite, la jugeant indigne de représenter réellement la Mère du Christ.

Vierges d’un lieu-dit

Si le christianisme réussit à faire oublier les cultes païens et à leur substituer la dévotion à la Vierge Marie, il semble lui avoir toujours été impossible de déplacer le lieu précis des antiques vénérations. Le refus qu’exprime une statuette ou une vierge, - par l’intermédiaire de la légende qui la conserve – de quitter le lieu où elle fut découverte, équivaut à prouver la préexistence, en cet emplacement précis, d’un culte païen. Très souvent même, la date de l’intervention est inconnue. Les chroniqueurs ont régulièrement affirmé que tel culte voué à la Vierge en ce lieu, l’est de temps immémorial.

Chennegy

chapelle ND du Hayer

On prétend ne plus avoir souvenir de la date à laquelle on a trouvé, dans un buisson d’épines, la statue de Notre-Dame du Hayer, tant la découverte en est ancienne. Une statue de la Vierge à l'Enfant, trouvée au milieu des épines (hayer), est à l'origine de l'ermitage édifié en 1353. Les religieux reconstruisirent leur ermitage en 1639. La chapelle fut de nouveau rebâtie et bénite le 25 mars 1867. Elle a été restaurée en 1996. 

La Louptière

 Ici, Notre-Dame des Bornes, désigna elle-même le lieu où on se devait de l’honorer, entre La Loupière et Saint-Maurice

Nogent-sur-Seine

La Belle Dame, que des mariniers nogentais retirèrent de la Seine, n’admit jamais qu’on la déposât à l’église Saint-Laurent. Elle retourna seule – dit-on – à l’endroit où on l’avait trouvée, marquant ainsi sa volonté d’être vénérée là et non ailleurs. Elle refusa ensuite de quitter la chapelle qu’elle occupait lorsque l’abondance des pèlerins fit qu’on fut obligé d’en construite une plus spacieuse à côté de l’ancienne.

Villiers

On raconte que, lorsque Notre Dame de Villiers fut solennellement transportée, en 1775, en l’église de Montmorency, on la vit pleurer à chaudes larmes pendant la procession ; elle témoignait ainsi de sa peine à quitter un sanctuaire où elle avait fait tant de miracles.

Pratiques antiques

Certains aspects du culte rendu il n’y a pas encore très longtemps aux Vierges locales, semblent, eux aussi, plutôt relever de croyances antiques que de rites chrétiens.

A Notre Dame des Bornes, par exemple, les malades liaient leur fièvre à l’aide d’un petit ruban qu’ils nouaient dans la chapelle. Lors du pèlerinage, avant l’offertoire, les fidèles, à tour de rôle, s’agenouillaient devant le prêtre qui devait dire l’évangile en leur apposant l’étole sur la tête ; quand l’exorcisme était terminé, chaque pénitent faisait une offrande en nature.

Bien que fréquemment refusé par les prêtres qui jugeaient ce rituel hors de propos, ce geste a persisté car il était exigé par les fidèles.

Il n’est pas impossible que d’antiques pratiques cultuelles aient pu se dérouler devant un de ces mégalithes dont la région connait encore quelques exemplaires. Le christianisme aurait pu consacrer la pierre à la religion nouvelle et plus spécialement à la Vierge Marie, avant que de la laisser oublier pour finalement la remplacer par une chapelle, monument plus adapté à la nouvelle dévotion.  Les pratiques des rubans, de l’imposition et des offrandes ont subsisté. Il n’avait pas été possible de les faire oublier. Elles furent adoptées et intégrées.

Ainsi, ont été vouées à la Vierge Marie les pierres antiques, telle celle de La Loupière, aussi les arbres et les arbustes comme les chênes de Bar-sur-Seine et de Crespy, l’orme de Gyé-sur-Seine, les noisetiers de Notre-Dampe de la Coudre d’Auxon, les buissons de Notre-Dame du Hayer, de Cussangy et de Chennegy.

 BELLES – DAMES

 Les légendes que nous rapporte la tradition et qui concernent les lieux où la Vierge est honorée sont toutes très belles. Elles sont plus symboliques que réalistes mais cependant, empreintes d’un réel et naïf souci de vérité.

La Dame du Val Suzenay  à Vendeuvre-sur-Barse

 


L’emplacement de la fontaine de Val Suzenay n’était autrefois qu’un bourbier, ont écrit ceux qui nous ont rapporté son histoire. Il advint, il y a fort longtemps, qu’un pauvre homme manqua de d’y enliser avec son char et ses chevaux. Bien heureusement, sa foi le fit invoquer la Vierge Marie. L’image de celle-ci lui apparut miraculeusement et il fut sauvé.

En reconnaissance de ce bienfait, il fit édifier une chapelle au-dessus de la claire fontaine qui venait de remplacer le gouffre où il avait failli périr.

Cette légende est le symbole de la purification souhaitée et réalisée en un lieu qui était jusqu’alors souillé par le souvenir du culte à une déesse antique. Un infâme bourbier païen devint, une source limpide et bienfaisante par la grâce de la Sainte Vierge Marie. Le nom celtique de Val sur Zeneth signifie précisément Val de la source de la prêtresse ou de la vierge ; il n’a été francisé qu’au XVIIIe siècle en Val Suzenay. Que cette vierge de Vendeuvre ait été une prêtresse gauloise ou bien une déesse païenne suppléant la vierge que nos ancêtres avaient fixée parmi les étoiles, le christianisme lui substitua définitivement une image conforme à la vraie religion, celle de Sainte-Marie, en l’honneur de laquelle, en ce lieu, fut érigée la chapelle que nous connaissons.

Jusqu’au début du XXe siècle, le pèlerinage se déroulait le 8 septembre. Le prêtre disait la messe sous un chêne situé près de la chapelle puis, tous les pieux visiteurs se préparaient à un gouter champêtre qui se prolongeait jusqu’au soir.

 

Notre-Dame des Bornes à La Louptière-Thénard



Il y a de cela bien longtemps, les seigneurs de La Louptière et de Saint-Maurice (Yonne) étaient en désaccord – comme le sont souvent deux propriétaires riverains – sur la délimitation exacte de leur territoire. Chacun d’eux, convaincu de son bon droit, allait nuitamment et tour à tout déplacer à son profit la borne, objet du litige.

Au petit matin, on retrouvait la pierre, soit à l’entrée de La Louptière, soit à l’orée de Plessis-Gatebled. Mais, ce qui devait arriver arriva : par une sombre nuit les deux seigneurs se trouvèrent face à face au pied de la borne. La querelle était inévitable et ils allaient en venir aux mains lorsque la Vierge leur apparut. Elle les sépara et en toute équité prit soin de planter elle-même la borne à mi-distance entre les deux villages.

Une chapelle fut construite à cet endroit en témoignage de reconnaissance. Elle marque de nos jours la limite départementale entre l’Aube et l’Yonne.

On ajoute aussi parfois que ce ne fut pas tellement la reconnaissance qui présida à l’édification mais que, la discorde persistant, on dut faire appel à un tribunal. Le jugement rendu condamnait le seigneur de La Louptière, qui fut contraint de construire cette chapelle par pénitence.


 La Vierge de Fouchères

 


 A l’entrée du pont, la Vierge-Mère est représentée sous le crucifix, souriant à l’Enfant Jésus qu’elle presse affectueusement sur son cœur. On raconte qu’elle fut sculptée il y a fort longtemps par Jean Poussin. Celui-ci avait tout juste quinze ans quand, se rendant à Paris, il passa par le village. Pour subsister et poursuivre son voyage, il lui fallait bien travailler. A Fouchères, il entreprit de sculpter cette Vierge. On dit que cette statue fut, pendant la Révolution, enlevée de son socle et cachée sous la paille, au fond d’une grange.

Une légende relate également que le Comte Clérembault-le-Lépreux aurait été délivré des mains des musulmans à la suite d’un vœu qu’il aurait fait à Notre-Dame de Fouchères. En signe de reconnaissance, celui-ci aurait remis ses fers d’esclavage en la chapelle de Fouchères. Coutant, vers 1850 aurait encore vu des fragments de ces fers et de l’armure. En 1929, Robert en parle dans son ouvrage et signale que cette curiosité existait toujours.

 Notre-Dame de Cussangy

Elle  fut sauvée de la tourmente révolutionnaire puis gardée de père en fils dans la même famille. De nos jours, la statue a disparu.

  

LIEUX DE VÉNÉRATION

Environ 70 églises paroissiales du département de l’Aube (10) sont placées sous le vocable de la Vierge (Assomption ou Nativité). Ceci représente 15 à 20% des édifices religieux. D’autre part, on peut admettre que presque toutes les autres églises recèlent une petite chapelle dédiée à Marie. S’il en était besoin, cette profusion démontre l’importance prise par le culte marial dans le catholicisme.

Il existe aussi une cinquantaine de lieux cultuels retenus par la tradition. Ces oratoires fréquemment éloignés des habitations sont toujours désignés par le vocale Notre-Dame suivi de l’indication de l’objet de la vénération.

Celui-ci peut-être une appellation d’origine chrétienne ou locale ou bien désigner un lieu-dit ou un objet, arbre, pierre, etc.

Appellation d’origine chrétienne :

Notre-Dame    des vertus à Sivrey

                        de la Merci à Jasseines

                        de la Pitié à Pont-Sainte-Marie et La Rothière

                        du Bon Secours à Plancy

                        de l’Espérance à Mesnil-Saint-Loup

                        de l’Immaculée Conception à Chamoy

                        de Lorette à Nogent-sur-Seine, au Plessis-Gatebled et à Villenauxe

 

Appellation locale :

 Notre-Dame la Doré ou N.D. l’Honorée à Troyes

                        des Gaudichots ; ND de la Recouvrance à Turgy

                        de Saint Langueur à Vitry- le-Croisé

 Lieu-dit :

 Notre-Dame de la Perthe à Mailly

                        de Thouan aux Riceys

                        de Bonneval à St Jean-de-Bonneval

                        de la Prée à Saint Léger-près-Troyes

                        de Trioux ou à Belle-Dame à Villenauxe-la-Grande

                        de Villiers à Villeret

                        de Précy à Précy-Notre-Dame

                        des Trévois à Troyes

                        d’Ormont à Arrembécourt

                        de Boulanges à Boulanges

                        du Mée à Dienville

                        du Tertre à Dienville (située sur un monticule près d’une source miraculeuse)

                        des champs à Prunay-Belleville

                        des vignes à Neuville-sur-Seine

 Arbres :

 Notre-Dame    du chêne à Bar-sur-Seine et à Crépy-le-Neuf

                        de Fouchères, de Fouchaux ou du Pont à fouchères (aurait été située près d’un

                                   Chêne ?)

                        de Valsuzenay à Vendeuvre-sur-Barse, érigée sous un chêne

de l’Écherelle ou de l’Échelette, de l’Échelle à Troyes dont la désignation     vient d’Aichele, l’aesculus des latins, le chêne rouvre.

de Foolz, de Foix, de Faux à Bourguignon et à Ricey-Bas, dérivé de Fouace (lat. Fagus) le hêtre

de l’Orme à Gyé-sur-Seine et à Piney

de la Coudre à Auxon, le coudrier étant l’appellation ancienne du Noisetier

du Hayer à Chennegy

du Buisson à Cussangy

 

Pierre :

 Notre-Dame des Bornes à la Louptière-Thénard

 Rivières :

 Belle-Dame de Nogent-sur-Seine

 Origines culturelles :

Si la raison qui a présidé à l’érection de certains oratoires reste souvent obscure, car la tradition n’en a plus souvenance, des fouilles archéologiques pourraient souvent être révélatrices.

Pour d’autres chapelles, la légende ou simplement le vocable sont suffisamment évocateurs pour nous préciser leurs origines : le chêne est l’arbre sacré, le totem fort de nos régions, les Romains dédiaient l’aesculus à Jupiter, le deru était le « père » des druides gaulois et symbolisait Teutates.

- Le hêtre également consacré à Jupiter, était vénéré dans le fagutaculus de l’Esquilin à Rome.

- Le noisetier, le coudrier des sourciers possédait des propriétés magnétiques qui se manifestent en présence de l’eau, l’un des quatre éléments, symbole de la connaissance.

- Les hayers, ces petits bois sacrés, devenus parfois des buissons sont les restes de la croyance totémique des Germains qui se disaient descendants des arbres de la forêt, résidence du dieu teutonique.


PELERINAGES


 Les chapelles dédiées à la Vierge étaient autrefois fort fréquentées.

Ces grands rassemblements de fidèles autour des images de la Mère de Dieu se tenaient en générale soit le 25 mars, à la fête de l’Annonciation comme à Champignol et à Chennegy, soit au 15 août pour l’Assomption, soit plus communément à la fête de sa Nativité le 8 septembre.

Cette dernière date fut souvent préférée à celle de la mi-août parce qu’à ce moment là de l’année, les moissons sont terminées et il n’est pas encore question de vendanges ; chacun peut ainsi prendre le temps d’un pèlerinage.

Au 15 août, à Mailly, on honorait Notre-Dame de la Perthe. A Plessis-Gatebled c’était Notre-Dame, tout court…

Le 8 septembre, au pèlerinage de ND des Bornes de la Louptière-Thénard, la foule assiste à la cérémonie sur la route qui passe entre la chapelle et la borne. Autrefois, on distribuait jusqu’à 60 pains bénits et même davantage.

A Vendeuvre-sur-Barse, trois à quatre mille personnes venaient s’agenouiller dans l’antique chapelle devant l’image miraculeuse, et s’en allaient boire à la fontaine avant de goûter sur le pré.


 Guérisons et miracles

 Si les fidèles se pressaient à l’occasion de ces manifestations, c’est qu’ils y venaient implorer les secours de la Vierge Marie, et principalement, lui demander le soulagement de leurs maux.

- A Chennegy, on pouvait espérer la guérison, par ND du Buisson, de n’importe quelle maladie.

- A Plessis-Gatebled, ND apportait son secours aux fiévreux.

- A La Louptière, dans la chapelle consacrée à ND des Bornes, les malades liaient leur « fièvre » à l’aide d’un ruban et… s’en retournaient guéris.

- A Palis, la Vierge guérissait les épileptiques.

 - A Vitry-le-Croisé, ND de Langueur était réputée soulager les enfants. Il suffisait que la Sainte porte quelque linge ou ruban appartenant au malade, qu’on bénisse ensuite et qu’on récite une neuvaine pour que le bébé retrouve la santé. On croit toujours qu’un cimetière de bébés mort-nés se trouve au pied de la chapelle. Ceci permettrait de penser que la ND avait aussi le pouvoir de donner le signe de vie nécessaire au baptême.

 Mais les malades qui avaient le plus recours à cette Vierge étaient très précisément ceux qui étaient atteint d’une maladie de langueur, ceux que l’on appelait autrefois les poitrinaires. Chaque jour il en arrivait, qui entraient à la chapelle le temps d’une prière puis, s’en allaient s’allonger dans le pré de la côte-aux-malades, face au bleu du ciel. Il fallait ainsi faire et recommencer, tant que l’on n’était point guéri.

 Les pèlerinages du 15 août et de la Fête-Dieu, rassemblaient un concours important de fidèle. La messe était célébrée dans le modeste oratoire situé à l’entrée du village et qu’encadrent deux très vieux tilleuls, face à la statue de la Vierge qui domine l’autel. Cette vierge est une image de terre cuite fort naïve, portant une couronne de métal ornée de pierres et de perles de verre. Elle est encore aujourd’hui drapée d’un ample et léger vêtement de tulle plumetis bordé de deux rangs de fine dentelle et agrémenté d’un large ruban. Cette sorte de robe de baptême glisse sur ses épaules et sur l’Enfant nu qu’elle tient dans ses bras.

 A Villeret, avant que la statue de Notre-Dame de Villiers fût transportée en l’église de Montmorency à la suite de la ruine du couvent des Minimes incendié en 1719, d’extraordinaires guérisons furent enregistrées.

En 1646, un laboureur recouvrit l’usage de ses jambes.

Edmée Jacquin de Chavanges, infirme et incapable de sortir de sa maison, même avec un bâton, se transporta en esprit près de la sainte, s’y fit conduire ensuite, éprouva pendant le voyage des douleurs de plus en plus vives, s’évanouit et revint à elle… guérie.

Un abcès au bras fut résorbé. Des convulsions cessèrent. Un muet parla. Des enfants mort-nés donnèrent signe de vie, juste assez pur qu’on les ondoie.

A Villeret, comme à Pâlis ou à Chennegy, Notre-Dame guérissait ainsi ceux dont la foi était vive.

Mais, la ferveur populaire l’implorait aussi parfois pour que cesse une longue période de sécheresses préjudiciable aux récoltes.

A Nogent-sur-Seine, la tradition rapporte que le 19 mai 1556, de nombreux pèlerins accoururent de toute la région afin de demander à la Belle-Dame la pluie qui depuis longtemps faisait défaut.

 A Cussangy, Notre-Dame du Buisson avait le même pouvoir. Encore fallait-il auparavant qu’on la mène voir son cousin Saint-Phal. On la conduisait donc en carriole, jusqu’au bourg de St Phal et on l’en ramenait. Le résultat ne s’est, parait-il jamais fait attendre…

 A Bar-sur-Seine, Notre-Dame du Chêne fit elle, le miracle inverse.

 On ne croit plus de nos jours à de telles guérisons, à de tels miracles et c’est probablement la raison pour laquelle nos sanctuaires locaux dédiés à la Vierge son abandonnés. C’est sans doute pour cela que la petite sainte de Vitry-le-Croisé à l’air si triste…


 NOTRE DAME DU CHENE A BAR-SUR-SEINE

 



 Le 25 mars… Bar de l’Aube va à Sainte Germaine

                        la petite porteuse d’eau

                        Bar de la Seine monte à son antique Vierge noire.

 

La Vierge du Chêne

 Selon la tradition, de jeunes pâtres auraient découvert cette statuette, à une époque très ancienne. La Vierge se trouvait au creux d’un chêne dans le Bois de la Garenne des comtes, aujourd’hui Bois de Notre-Dame, situé à 1,5 km au sud de Bar-sur-Seine.

Cette ND de Pitié, de la hauteur d’une main, sculptée dans un bois inconnu, a été taillée grossièrement dans ce qui semble être un morceau de buis ( ?). Elle mesure 12 cm de haut.

Toujours selon la croyance, on assure que Saint Bernard, Abbé de Clairvaux est venu prier la Vierge au pied du vieux chêne.

Plusieurs hypothèses ont tenté d’expliquer la présence de la statue dans cet arbre. Elle aurait pu être sculptée naïvement et incomplètement par des bûcherons, ou des bergers, qui l’auraient ensuite déposée, au hasard, sur ce chêne… On prétend encore qu’un ancien usage voulant que l’on dispose des statuettes au long des chemins, ND du Chêne pourrait être une de ces saintes oubliées sur l’ancien chemin d’Auxerre à Joinville.

Enfin, certains auteurs pensent qu’il s’agit d’un très ancien lieu cultuel d’origine celtique : les vieux chênes auraient abrité les réunions d’un collège de Druidesses…

 

La légende

 Lorsque, à une époque inconnue, les petits pâtres découvrirent la Vierge, ils s’empressèrent de la rapporter dans leur chaumière. D’elle-même, la statuette retourna dans son chêne. Le clergé averti décida de transporter solennellement la ND en l’église Saint Etienne de Bar (sur Seine).

Peine perdu, elle revint de nouveau à son chêne.

Enfin, on assure qu’un plaisantin ou un incrédule l’ayant enlevée avec de mauvaises intentions, la retrouva le lendemain à sa place habituelle.

 Un autre fait merveilleux s’attache à cette statuette. Bien qu’elle fût petite et en bois, lorsque le curé de Bar voulu la transporter il lui trouva brusquement une pesanteur anormale.

 

Pèlerinage

 Les pèlerins montaient autrefois en procession à la Vierge du Chêne, le premier jour de mai au lever de l’aurore.

 On s’y rendit ensuite deux fois l’an : le 25 mars et le 8 septembre. La première de ces fêtes, qui attirait le plus de monde, fut reportée au deuxième dimanche après Pâques au début du XIXe siècle.

En 1867, Mgr Ravinet, Evêque de Troyes, fixe le pèlerinage officiel, chaque année, au premier mardi qui suit la fête de la nativité de la Sainte Vierge.

De nos jours, le pèlerinage du début de septembre rassemble encore un nombre important de fidèles, au-dedans et à l’entour d’une vaste chapelle.

 Les chroniques anciennes précisent que, au début du XIXe siècle, la coutume de détacher des parcelles du chêne était habituelle aux pèlerins.                                                                      Ces éclats de bois, mis en croix ou simplement conservés avec dévotion avaient la propriété de protéger des accidents. La fontaine qui jouxte la chapelle est également considérée comme miraculeuse. L’eau se conserve même pendant les plus fortes chaleurs et pendant bien longtemps, les fidèles qui voulaient obtenir guérison de quelques maladies buvaient de cette eau boueuse.

La Chapelle

En 1667, on ne trouvait en ce lieu qu’un énorme et très vieux chêne dans une cavité duquel était la Vierge. On célébrait l’office sous son ombre, sur un autel surmonté d’un humble toit de feuillages entrelacés.

L’affluence de pèlerins était telle que le maire, les échevins et les habitants de Bar présentèrent, le 28 mars 1669 à Madame la Duchesse de Montpensier, Comtesse de Bar et propriétaire du bois, une requête tendant à ce qu’il lui plaise avoir la bonté d’accorder la permission de bâtir et faire enfermer en une petite chapelle la dite Notre-Dame et chesne où elle avait été trouvée.

L’autorisation fut accordée ! Le chêne âgé d’au moins 500 ans fut coupé à hauteur de la voûte, ses branches et sa cime furent distribuées à des personnes pieuses qui en firent des croix ; plusieurs malades ont été guéris en les portant et en buvant de l’eau dans laquelle on les avait trempés. Ce fut là une source de revenus qui contribua au paiement des sommes engagées : les parcelles ainsi distribuées, le furent en si grande quantité, disent les méchantes langues, qu’avec tout le bois ainsi disséminé on aurait pu certainement reconstituer plusieurs chênes entiers…                                                                                                                      

Les auteurs ne sont pas d’accord quant à la date de l’émondage du chêne. Ils le situent soit à l’occasion de la construction de la première chapelle ou bien pensent qu’il ne s’est produit qu’ensuite. Il est vraisemblable que cette opération eut lieu dès le XVe siècle.                        

En 1724, M. Hénault, maire de Bar, fait remplacer la chapelle primitive par un nouvel édifice en bois, surmonté d’un petit clocher.                                                                                          

Le 29 juillet 1865, l’abbé Prud, curé de Bar-sur-Seine, grâce au produit de la quête fait auprès de six mille (6 000 !!!) pèlerins, pose la première pierre de l’actuelle chapelle.                        

Le 9 juin 1867, Mgr Ravinet, Evêque de Troyes, consacra solennellement le nouvel édifice. Les chrétiens qui s’en vont prier Notre-Dame du Chêne ne se soucient plus actuellement d’emporter un fragment de bois. Ils délaissent aussi le trou d’eau aménagé en manière de grotte.

Mais, seule des vierges locales antiques de notre département de l’Aube, la Vierge du Chêne rassemble encore, chaque année, le 8 septembre, sous les ombrages et dans sa chapelle, une foule de pieux visiteurs. Mon arrière-grand-mère, ma grand-mère, ma mère faisaient la procession de Saint-Aventin à Notre-Dame du Chêne soit environ 5h00 de marche.

 

Miracle

«  Le mardi 25 juillet 1758,  il pleuvait depuis six semaines, les bleds germoient sur pieds. L’on projeta d’aller en procession à la chapelle. Le bailliage en robe, la maitrise, le grenier à sel, les corps de métiers, tous les habitants… en corps de procession après les Vespres de la feste St Jacques et St Christophe… L’abbé Autrand, chanoine, monta sur l’autel. Au même instant, les nuages qui estoient sur nous se séparèrent comme on ouvre deux rideaux, une moitié rétrograda au midi et l’autre moitié au nord, sans vent, l’air au contraire étoit très tranquille, ce qui est contre nature, par conséquent qualifie le miracle.

 Alors, tout le monde s’écria au miracle et les larmes coulèrent des yeux de près de 2 000 témoins. Le soleil devint brûlant, la Vierge fut portée sous un dais à la paroisse de Bar-sur-Seine, où elle est restée douze jours, puis elle a été reportée à la chapelle le dimanche 6 aoust avec la même cérémonie. Le temps est resté constamment au beau, la récolte s’est bien faire. Je ne suis pas un fanatique, je ne crois pas facilement mais j’ai vu et j’en crois mes yeux, et je certifie le fait être véritable.

Il y a un procès-verbale signé de tout le monde. »

Signé : Lefrançois l’ainé


                                   Notre-Dame des Vignes à Neuville-sur-Seine

archives Colonne de Notre Dame des vignes érigée en 1864 à Neuville sur Seine, 
œuvre des deux frères Charton, élèves du sculpteur François-Joseph Valtat.

Charton di Charton-Joanot a réalisé la statue monumentale, son frère cadet Athanase Chartin dit Charton-Froissard a réalisé les sculptures sur la colonne.

 Un curieux contestataire

« Août 1864

Depuis quelques années, il était question d’élever une colonne en l’honneur de la Sainte-Vierge sur le finage de Neuville, au haut de la montagne de Champbouton qui domine notre belle vallée.

Ce monument est dû à l’initiative de M. Poupelier, desservant de Neuville qui, en 1860, fît le voyage de Rome pour assister aux fêtes de la canonisation des martyrs japonais morts sur la fin du XVIe siècle, il y a donc plus de 300 ans. C’est là, comme il le dit lui-même, en voyant des monuments élevés en l’honneur de l’Immaculée Conception, c’est là qu’il connut l’idée d’ériger dans nos localités un monument en l’honneur de la Vierge, auquel il désirait donner le nom de Notre-Dame des Vignes.

……………

Depuis le mois de mai, des ouvriers n’ont cessé de travailler ; ce monument est massif, tout en pierre de taille de Coulmiers-le-Sec, excepté la statue. Il a seize mètres de hauteur et la statue a près de cinq mètres ; en tout vingt et un mètres. Il est assis sur une couche de béton car le sol est une couche argileuse qui n’offrait pas assez de solidité.

Il est situé sur une montagne qu’environne un beau site, entrecoupé de montagnes et de vallons. La vue s’étend très loin. Mais pour y arriver c’est d’un très difficile accès. Aussi pour obvier à cet inconvénient, monsieur le Pasteur de Neuville a, du haut de sa chaire, appelé son troupeau pour tracer un chemin dans le flanc de la montagne et aussitôt, troupeau docile, presque tous ont obéi à sa voix, et les 22 et 23 août, une armée de cent vingt à cent trente vignerons de Neuville, la hotte sur le dos, avec pioches et pelles frayait un chemin au son du clairon et rentrait au pas de charge. Vous pouvez juger si c’était beau à voir. L’appareil ou équipage qui a servi à monter les pierres du monument était cinq pieux de bois en sapin de vingt-six mètre de longueur, formant pied des chèvres d’une grosseur extraordinaire.

Le trente juillet, un ouvrier charpentier, se faisant hisser avec une corde, celle-ci cassant, tomba à dix mètres de hauteur et eut les deux poignets et une cuisse cassés.

Ce monument a été terminé sur la fin d’août.

La cérémonie de l’inauguration de la colonne a été fixée au lundi 19 septembre, le lundi de la fête de Courteron et c’est Mgr l’Évêque de Troyes qui doit présider cette cérémonie.

………………

 Dès le samedi, le village était déjà en fête, pour recevoir Mgr l’Évêque qui est arrivé dès ce jour pour donner la confirmation, le lendemain dimanche.                                                         

Il y avait déjà ce jour une grande affluence de monde.

Mais, le lundi 19, dès le matin, on voyait, malgré un temps couvert et incertain, les populations accourir de tous côtés pour assister à la solennité de l’inauguration d la colonne de Notre Dame des Vignes qui devait placer sous sa protection les verdoyants coteaux qui font la richesse de nos pays.

La statue tient dans la main droite un raison doré, symbole du travail et des vignobles, qu’elle embrasse de son regard ; de la gauche elle montre le ciel dont elle semble implorer la protection.

Cette statue est due aux ciseaux des frères Charton de Dampierre.

Avant dix heures, les pompiers de Gyé et Neuville, précédés des fanfares de Châtillon, Musay, Gyé et Landreville ainsi que les membres de l’orphéon de Laignes étaient réunis sur la place pour accompagner la procession qui devait conduire Mgr l’Évêque sur la montagne où il devait officier et bénir la statue.                                                                                                 

Près de cent prêtres étaient venus de tous côtés pour assister à la solennité.

Des personnes disaient que le cortège se composait bien de 12 000 à 14 000 personnes, mais moi je crois que le nombre est trop exagéré, il pouvait y en avoir de 9 à 10 000. Une foule immense emplissait le plateau de la montagne de Champbouton ; cependant, le chemin était couvert de monde depuis Neuville jusqu’au bout de la montagne.

Deux oriflammes aux couleurs nationales indiquaient le chemin que la procession devait suivre et qui se déroulait comme un panorama magnifique sous les yeux de ceux qui pouvaient embrasser cette belle réunion. Pendant la messe, les fanfares ont joué plusieurs morceaux. A la fin de la messe, deux discours ont été prononcés, l’un par Monseigneur et l’autre par le curé de Neuville, mais le vent de l’ouest soufflait avec violence et le public n’a pu les entendre.

On a dit que pendant la messe, tous les assistants courbaient la tête sous la même pensée ; cela aurait pu se croire il y a des siècles, mais aujourd’hui c’est passé de mode, la plupart des prêtres même qui entouraient l’Évêque la levaient bien haut et regardaient tout le public.

Effectivement cette cérémonie religieuse restera longtemps en souvenir parmi nous, mais ce qui avait attiré une si grande foule de  monde était plutôt la curiosité que la dévotion et on le comprendra facilement. Dans la soirée les fanfares ont joué plusieurs morceaux.                  

Cette belle journée s’est terminée par un feu d’artifice.                                                                          

Le soir, le presbytère et les abords de l’église étaient illuminés, le portail était illuminé en verre de couleurs.

Jamais Neuville n’a eu une aussi, belle fête ; il y a eu foule dans les rues jusqu’à une heure très avancée da la nuit. Aussi les habitants se sont montrés à la hauteur des circonstances par leur généreuse hospitalité envers les étrangers.

…………….

« L’année 1864 sera mémorable dans nos vignobles, tant par cette cérémonie que par le défaut de récolte. Aussi les étrangers étaient-ils bien surpris de ne rien voir dans les vignes : ainsi depuis Neuville jusqu’à la colonne on pouvait se croire après vendange.

Si Monsieur le Curé de Neuville avait fait ériger son monument de ND des Vignes un an plus tôt, le terrible fléau qui a ravagé nos vignobles le 21 mai aurait détruit le peu de foi que l’on avait. »

                                                                                  Récit d’Alexandre Raguet (1817-1892)

 

- La statue a été détruite par la foudre en 1977.

- Elle a été remplacée par une œuvre sculptée en 1980 par Nadège Mermet dans son atelier de Saint-André-les-Vergers – Aube (10)

 

 


ND des Vignes par Nadège Mermet




Vierge d’accouchée

Usage

Lorsqu’une future mère présentait les premières douleurs, on allait chercher la Vierge chez la dame qui en avait la garde. On la remettait ensuite à la parturiente qui la serrait dans sa main jusqu’à la fin de l’accouchement.

Après la naissance de l’enfant on rendait la statuette à sa propriétaire.

Il semble que la petite Vierge a vu naitre de nombreux petits Champenois car elle est très fortement usée et patinée.

Culte ancien

Si cette Vierge aidait physiquement et moralement la mère dans son travail en lui apportant un point tant de crispation que d’attention, on lui prêtait vraisemblablement le pouvoir de procéder miraculeusement à l’accouchement.

Cette conception rappelle celle de la Déesse de l’enfantement la Vierge Ashtart des Phéniciens ou  bien la Vierge Ishtar qui, il y a trois ou quatre millénaires, aidait à la fécondité des Babyloniennes.

 

Vierge d'accouchée, faïence de Nevers XVIIe s.



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