Les bombardements de 1940 détruisirent de nombreuses maisons faubourg Croncels, dont la chapelle Saint-Gilles, ce qui suscita d’énormes regrets parmi les Troyens.
En 1928, la Société Académique de l’Aube s’est émue de l’état d’abandon, devenu dangereux, dans lequel se trouvait la petite chapelle Saint-Gilles, et encouragée par l’offre spontanée d’une importante contribution, elle a décidé de faire appel à la générosité des habitants de Troyes, afin de réunir les fonds nécessaires à la remise en état de ce curieux édifice : « On dit que la France, devancée dans le domaine des choses pratiques par des pays mieux organisés, doit porter son effort sur les métiers d’art, où elle excelle. Montrons à nos ouvriers avec quel soin leurs ancêtres, de simples charpentiers de faubourg, ont décoré les bois de leur chapelle : sans prétention, avec de l’étude, du goût et du temps, avec l’amour aussi de leur métier, ils ont fait à la fois solide et beau. C’est leur travail qu’il s’agit de sauver.
Saint-Gilles,
chef-d’œuvre d’artisanat local, ne doit pas tomber en ruines faute de subsides,
il faut conserver sa silhouette pittoresque au vieux faubourg, leur cadre aux
intéressantes peintures et sculptures qu’il renferme. »
La
guerre de Cent Ans répandit sur la Champagne les torrents dévastateurs des
armées anglaises et bourguignonnes. C’est alors en 1420, que Saint-Gilles, qui
a vu les ruines s’amasser autour de lui, disparaît à son tour sous la pioche.
Après
la ruine de la chapelle, les paroissiens fréquentèrent l’église de
A la fin du XVIIIe siècle, Saint-Gilles, dont la sacristie n’existait pas encore, était entourée de son cimetière..
Le 20 janvier 1798, la municipalité troyenne, sur la proposition de l’architecte Milony, décide la destruction de toutes les églises, sauf la Cathédrale. Saint-Gilles, vendue, ferait place à des maisons particulières. Fort heureusement cette délibération resta lettre morte. Une ordonnance royale du 20 mars 1844 érige la chapelle Saint-Gilles en secours de la paroisse Saint-Jean.
Vierge
au manteau rouge
Huile
sur bois, 16e siècle
123
x 100 cm
Ce tableau représente la Vierge Marie, assise sur un banc, dans une arcade en anse de panier. Elle porte dans ses bras l’enfant Jésus. Caractéristique du style gothique du Moyen Âge, le fond d’or symbolise ici le monde céleste et le rayonnement divin.
Enveloppée dans un ample manteau rouge bordé d’un
galon précieux et portant une couronne richement ornée, la Vierge s’impose ici
comme Reine du ciel et de la terre comme dans de nombreuses représentations
nordiques, notamment celles de Jan Van Eyck (La Vierge au chancelier Rolin, 15e
siècle).
Ce type de représentation qui montre la Vierge
assise sur un siège ou un trône et richement vêtue est appelée « Vierge en
Majesté », par opposition à la « Vierge de l’humilité », souvent assise à même
le sol et parfois représentée pieds nus.
Ce panneau de bois révèle également l’influence des
gravures d’Albrecht Dürer, qui ont pu être diffusées grâce à l’imprimerie. S’il
pourrait sembler plus ancien au vu de son style gothique, il a pu être daté
grâce aux armoiries représentées dans ses angles inférieurs : à gauche celles
de la famille La Ferté et à droite celles de la famille Godier, qui avaient
noué une alliance en Champagne au début du 16e siècle.
Le panneau se trouvait à l’origine dans la chapelle
Saint-Gilles (15e-16e siècles), qui fut détruite durant la Deuxième Guerre
mondiale. Elle est visible à L'Hôtel de Vauluisant .
Cette œuvre majeure est un jalon entre l’art du
Moyen Age, plein de retenue, et celui plus expressif, qui va s’épanouir avec
une force accrue tout au long du siècle, sous l’influence de Fontainebleau et
de l’Italie.
Espacées entre ces panneaux, se voyaient de belles sculptures du XVIe siècle : « saint Jérôme », 2 statues du patron de la chapelle, une le montrant en religieux, très âgé avec sa biche familière, l’autre en abbé revêtu de l’étole et de la chape, tenant une croix et un livre, la troisième, en religieux, une mitre à ses pieds ; une « Piéta », une « sainte Catherine », un « saint Sébastien », une « sainte Anne et la Vierge ».
Abbé Jean Dieudonné Bonnard
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