dimanche 31 mars 2024

Hôtel de ville de Troyes

 Troyes, capitale de la province de la Champagne devait tenir son rang avec un Hôtel de Ville monumental. Les Troyens voulaient un édifice de haute tenue, qui leur fasse honneur.

A 288 ans, en 2012, l’Hôtel de Ville voit sa façade rénovée. 

Les gens de Troyes ont d’abord un local communal, le Beffroy (Beffroi), construit au-dess
us du rempart près de l’église Saint-Nicolas, et mentionné dès le 30 novembre 1279. C’est à la fois une tour de guet, où on peut mettre en branle une cloche d’alarme, et une maison de ville, communément appelée « l’Hôtel du Beffroy, le signe extérieur des privilèges de la commune », qui devient le symbole de la communauté des habitants, puisque dans sa galerie s’abritent les assemblées générales qui, réunies au son de la cloche, comptent plusieurs centaines d’habitants dans certains cas.

A partir du milieu du XIV° siècle, les habitants de Troyes élisent donc en assemblée générale, un conseil municipal pour administrer les affaires de la ville : ils se réunissent pour cela chaque année en la Salle royale, au mois de septembre ou d’octobre. A partir de 1429, les habitants de Troyes réorganisent leur administration municipale. Le conseil fait tenir soigneusement un registre de ses délibérations, et délègue ses pouvoirs à des commissions, qui se réunissent, à partir de 1431, dans des locaux loués à cet effet, et où l’on trouve la chambre des comptes, l’écritoire de la ville, la chambre des œuvres, et où seront installés à demeure le secrétariat et les archives. La maison louée se situe près de la collégiale Saint-Urbain, chez Laurent Tournier. Le prix annuel du loyer est de six livres tournois. Cette maison est désignée sous le nom de chambre de l’Echevinage et aussi d’Hôtel de ville. On y place une cloche pour l’appel aux assemblées. La ville de Troyes est très fière de la grosse cloche (posée en 1432) Marie la Bourgeoise, qui a une grande renommée dans tout le royaume, et qu’elle doit à sa grosseur et à sa beauté, et de sa fille la grosse Marie (en 1462). Convoquée le 20 novembre 1494, l’Assemblée Générale des habitants autorise Edmond le Boucherat, maire de Troyes, à se porter acquéreur, au nom de la ville, de l’hôtel de Jeanne de Mesgrigny, veuve de feu Jean Molé et d’Edmone de Mesgrigny, femme de Simon Griveau (Jeanne et Edmone étaient filles de Jean de Mesgrigny, en son vivant receveur des aides à Troyes). L’acquisition se fait moyennant 2.770 livres tournois.

Cet hôtel occupait l’emplacement de l’Hôtel de ville actuel. Construit au XIV° siècle, il est en très mauvais état, et tombe en ruine. Cette vieille bâtisse, croule de toute part, et est indigne de la ville de Troyes. Sa reconstruction s’impose au plus vite. Depuis le XVI° siècle, elle abrite la juridiction consulaire (notre Tribunal de Commerce), puis la Justice de Paix s’y installe. On pense alors au déplacement de cet édifice : peut-être dans le Quartier-Bas, « par-dessus le canal, ou à l’emplacement de l’Hôtel-Dieu… et le vieil Hôtel de Ville pourrait recevoir l’Hôtel des Postes… ».

Ce n’est qu’en 1511, que le conseil se résout à faire reconstruire à neuf l’Hôtel-de-ville. Mais cette résolution n’est suivie que d’une restauration de l’ancien hôtel de Mesgrigny. La façade, en bois, est alors revêtue d’une peinture « honneste », et les armoiries de la ville, placées au pignon, sont remises à neuf. Sur cette façade, et selon le goût de l’époque, on  inscrit cette belle devise : « Pax huic et omnibus habitantibus in ea ! » (Paix à cette demeure et à tous ceux qui habitent en elle).

Résurrection - Pâques

 
Dieric Bouts XVe siècle

 
Fra Angelico 1440


Hans Multscher XVe siècle

Le Caravage 1603 



Raphaël 1501

Pierro della Francesca 1460

Tapisserie du XVIe siècle - Musées du Vatican

 

samedi 30 mars 2024

Résurrection de Jésus-Christ



La résurrection de Jésus est un fait historique indéniable. Le premier événement de la matinée du dimanche de Pâques a été la découverte du tombeau vide (cf. Mc 16, 1-8). C’était la base de toute l’action et de la prédication des apôtres et ils l’ont très bien enregistrée. Saint Jean dit : « Ce que nous avons vu, ce que nous avons entendu et ce que nos mains ont touché, nous en rendons témoignage » (1 Jn 1, 1-2).


Jésus ressuscité est apparu à Madeleine (Jn 20, 19-23) ; aux disciples d’Emmaüs (Lc 24, 13-25), aux Apôtres au Cénacle en l’absence de Thomas (Jn 20, 19-23) ; puis en présence de Thomas (Jn 20, 24-29) ; au lac de Génésareth (Jn 21, 1-24) ; sur la montagne de Galilée (Mt 28, 16-20) ; selon saint Paul, il est apparu à plus de 500 personnes (1 Co 15, 6) et à Jacques (1 Co 15, 7).

Saint Paul a dit : « Car tout d’abord, je vous ai enseigné ce que j’avais appris moi-même, que le Christ est mort pour nos péchés... et qu’il a été enseveli, et qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, et qu’il a été vu par Céphas, puis par les Onze ; Puis il a été vu par plus de cinq cents frères à la fois, dont la plupart sont encore en vie aujourd’hui et quelques-uns se sont endormis ; puis elle fut vue par Jacques, puis par tous les apôtres ; et enfin, après tout, j’ai aussi vu qu’il avait fait une fausse couche (1 Co 15, 3-8).

Dieu a ressuscité ce Jésus d’entre les morts, et nous en sommes tous témoins (Ac 2, 32), disait saint Pierre le jour de la Pentecôte. Saint Pierre dit le jour de la Pentecôte : " Que toute la maison d’Israël sache avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur (Kyrios) et Christ ce Jésus que tu as crucifié (Ac 2, 36). Christ est mort et a revécu pour être le Seigneur des morts et des vivants (Rm 14, 9). Dans l’Apocalypse, Jean conclut : Je suis le Premier et le Dernier, le Vivant ; J’étais mort, mais voici, je suis vivant aux siècles des siècles, et j’ai les clefs de la mort et de la terre des morts » (Ap 1, 17 sq.).

La première expérience des Apôtres avec Jésus ressuscité a été remarquable et inoubliable : Jésus s’est tenu au milieu des Apôtres et a dit : « La paix soit avec vous ! » Remplis d’étonnement et de crainte, ils crurent voir un esprit. Mais il dit : « Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi de tels doutes s’élèvent-ils dans vos cœurs ? » Voici mes mains et mes pieds : c’est moi ! « Touchez-moi, et comprenez qu’un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai. En disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds. Et comme ils n’en croyaient pas à cause de leur joie, et qu’ils étaient encore étonnés, il leur dit : « Avez-vous quelque chose à manger ? » On lui a présenté un morceau de poisson rôti. Puis il le prit et le mangea devant eux (Lc 24, 34 sq.).

vendredi 29 mars 2024

Les Comtes de Champagne

 

Herbert II de Vermandois (900-943)




Le carolingien Herbert II de Vermandois (900-943), a pour aïeul Charlemagne, dont le père Herbert I a été assassiné en 900. Il fait un beau mariage avec la fille d’un premier lit du roi Robert, Adèle qui lui apporte le comté de Meaux.

Après la destitution du roi carolingien, l’Est et l’espace champenois s’ouvrent devant lui.

Il sert loyalement le roi Raoul, et lui sauve même la vie dans un combat contre les Normands. Le roi attribue la succession de l’archevêque de Reims à Hugues, le second fils d’Herbert, qui n’a alors que 5 ans. En attendant qu’il soit en âge d’exercer le ministère, son père prend en charge le temporel, laissant le spirituel à l’évêque de Soissons, qui lui est tout acquis. Hugues ayant atteint sa vingtième année, obtient la prêtrise et peut être alors consacré archevêque.

Herbert de Vermandois est le premier de la lignée. Il disparaît en 943, la mort le surprenant au milieu d’une harangue, devant ses hommes.

Ses terres sont dispersées en 946, entre ses enfants, tous ses fils ayant atteint leur majorité, fixée à 12 ans chez les Carolingiens.

 

 Herbert III, dit le Vieux (943-980)



Herbert II décédé, lui succède son fils aîné Herbert III, dit le Vieux (943-980), qui épouse en 951 la vieille reine Ogive, la mère de Louis IV. Il entre si bien dans la faveur du roi Lothaire, qu’il peut se targuer du titre de comte des Francs, puis de la charge de comte du palais, origine du titre de comte palatin, que porteront plus tard des comtes de Champagne. Son nom figure même au revers d’un denier royal.

Tandis que son aîné s’emploie à faire fructifier sa part de l’héritage paternel, son frère Robert, reçoit en dot, lors de son mariage avec la fille de Gilbert comte d’Autun et de Châlons, le comté de Troyes, et devient ainsi comte de Meaux et de Troyes. Il expulse, en 959, notre évêque Anségise (ancien chancelier du roi Raoul), s’intitulant « le très glorieux comte de la ville de Troyes ».

Troyes est alors la seule cité épiscopale de Champagne dans laquelle le comte règne sans partage.

Jusqu’au début du XIII° siècle, où le pape Innocent III désigne l’archidiacre Hervée, c’est lui qui propose les évêques, dispose de la régale (droit de percevoir les revenus de l’évêché pendant sa vacance), est le seul maître de la monnaie…

Toutes ces prérogatives expliquent le rôle capital que la ville de Troyes jouera dans la constitution du futur comté de Champagne.

 

 Herbert IV le Jeune (980-995)



Herbert le Vieux ne laisse aucun héritier direct, mais deux neveux, l’un  Herbert IV dit le Jeune, fils de son frère Robert de Meaux et de Troyes, l’autre Eude I de Blois.


Eudes I de Blois (980-996)



Eudes I de Blois fils de son beau-frère Thibaud de Blois, désignés à cette époque, comme « des hommes illustres et d’une puissance reconnue », auxquels le roi Lothaire partage l’héritage d’Herbert le Vieux.

Le fils d’Herbert le Jeune décède en 1020, ainsi s’éteint la lignée herbertienne à Troyes.

 

Garde d'Honneur sous l'Empire

 L’histoire de la Garde d’Honneur de Troyes sous le second Empire, tient tout entière dans le récit du séjour que firent successivement en cette ville, au mois d’avril 1805, L’Empereur et l’Impératrice des Français, puis le Souverain Pontife. La ville de Troyes fut choisie comme première étape du voyage que Napoléon 1er et Joséphine devaient entreprendre dès le 2 avril 1805 pour se rendre à Milan et y être sacrés Roi et Reine d’Italie.  



Les Autorités municipales prévenues tardivement de l’arrivée de leurs Majestés Impériales organisèrent aussitôt, conformément à l’invitation du Préfet du département de l’Aube, une Garde d’honneur qui fut recrutée en faisant appel au dévouement des habitants. Ceux-ci ne se firent pas prier. La Garde, dont le commandement fut confié au général de division en retraite Charles Morard de Labayette de Galles, comprenait une compagnie à pied forte de 71 officiers, sous-officiers, caporaux et fusiliers, et une compagnie à cheval de 3 officiers, 2 maréchaux-des-logis, 2 brigadiers, 33 chasseurs et 1 trompette. Cette formation ayant eu une existence circonstancielle et très éphémère, les descendants de ces aubois ignorent que l’un de ceux-ci eut l’honneur de faire escorte à l’Empereur et à l’Impératrice des Français, ainsi qu’au Souverain Pontife en germinal de l’an 13.

La Garde d’Honneur de Troyes présente, quant à sa composition, les caractéristiques communes à ce genre de formation : éléments variés, dévoués au gouvernement impérial, où l’on rencontre à la fois des propriétaires, des fonctionnaires, des industriels, des négociants, des artisans, des employés issus tantôt de l’ancienne noblesse, tantôt du peuple, mais uniformément épris de l’ordre nouveau. Parmi ces citoyens de Troyes habituellement penchés sur leurs pacifiques travaux professionnels ou vivant de leurs rentes, maints servirent et combattirent dans les armées royales ou républicaines et d’aucuns prirent part plus tard à la Grande Epopée. A ces « civils », se mêlent des officiers et sous-officiers en retraite ou en activité de service bénéficiaires d’un congé alors que l’Empereur et l’Impératrice passent dans leur ville. Ils sont de tous les âges, depuis le vieux général Morard de Labayette de Galles qui, en la circonstance, « a déployé tout le zèle et l’activité de la jeunesse », jusqu’au jeune Nicolas de Mauroy dont les 15 années en font déjà un homme arrivé au seuil du métier des armes et du sacrifice. Ainsi, tout concourt à donner à la Garde d’honneur de Troyes (qui n’a aucun rattachement statutaire ou administratif avec l’Armée), une âme et un cœur militaires sous l’éblouissant panache à une époque où « servir » n’était pas une « humiliation » mais une fierté.

Armoiries de Troyes

 


Héraldique  : « d’azur à la bande d’argent côtoyée de 2 cotices potencées et contre potencées de 13 pièces d’or, au chef cousu d’argent chargé de 3 fleurs de lys d’or rangées en face ».

 Les armes de Troyes rappellent le rattachement de la Champagne à la France en 1284, par le mariage de Jeanne de Navarre, héritière du comté, avec le roi de France Philippe le Bel. Au blason de Champagne s’ajoute le chef de France aux 6 fleurs de lys.

Sous la Révolution toutes les armoiries furent dès 1790, déclarées abolies et souvent martelées en tant que symbole de l’Ancien régime et du despotisme.

Napoléon remplaça les fleurs de lys par 3 abeilles. En 1825, Troyes reprit son blason fleurdelisé. Mais la Monarchie de Juillet, issue de la Révolution de 1830, adopta à la place des fleurs de lys, 3 étoiles d’or. Cet usage n’a été qu’éphémère, comme le prouve une reprise déjà ancienne des fleurs de lys. En même temps que le drapeau blanc disparaissait, la France retrouvait le drapeau tricolore.

Napoléon III rétablit les abeilles de son oncle.

 L’ancien Lycée de garçons, boulevard Gambetta, construit en 1861, porte naturellement les 3 abeilles de Napoléon III. Le Théâtre 1875, la Caserne Beurnonville, blason au fronton de l’aile sud, côté cour 1877, le Monument des Enfants de l’Aube 1890, le Cirque municipal 1903, l’hôtel du Petit Troyen puis de Libération Champagne, rue Général de Gaulle 1904, sont ornés du blason avec 3 étoiles en chef. La Caisse  d’Epargne 1893, le pont Danton 1893 (démoli en 1953), le réservoir des Hauts-Clos, avenue Edouard Herriot 1896, les anciennes bornes fontaines 1908, l’ancien Lycée de filles, rue Pasteur 1914, retrouvèrent les 3 fleurs de lys. Celles-ci ont donc fait une courte apparition de 1893 à 1896, cédant la place aux étoiles au début du XX° siècle, avant de revenir définitivement.

Cette apparente incohérence s’explique par les tendances politiques des municipalités successives. Les 3 étoiles furent adoptées par les premiers républicains, adversaires des bonapartistes, puis les radicaux. Les maires étaient alors : en 1877 Arthur-Camille Pierret, en 1890 Eugène Boullier radical, en 1903 Charles Lemblin Armant, en 1904 Louis-Joseph Mony, radical-socialiste, franc-maçon.

Les Saints et leurs attributs

  À partir de la fin du 2ème siècle, les chrétiens commencent à célébrer la vie des Sains et à leur rendre des hommages, notamment en venant se recueillir sur leurs tombeaux. Ces visites devinrent pèlerinages et engendrent, notamment au cours de la période médiévale, une économie qui permet d'échanger des vœux (pour une meilleure santé, pour des pêchés rachetés...) contre des dons. 

Les tombeaux demeurant là où le Saint est censément décédé, ce sont des reliques qui vont dotés certains centres religieux d'un prestige supplémentaire. Les Saints, ainsi que le Christ, commencent alors à parer les édifices religieux, soit par le biais de statues, soit grâce à des sculptures enchâssées (le tympan pour le Christ et les autres parties de l'église pour les Saints). 

 Afin de les distinguer, des attributs génériques leur sont attribués. Ces attributs s'appliquent à certaines catégories de Saints : la palme et la couronne (martyrs), le lis (vierges), la mitre et la crosse (évêques), le livre des Évangiles (diacres et Docteurs de l’Église), la couronne et le globe (Saints rois), le glaive ou la lance (saints militaires), une tête coupée (céphalophores), un modèle d'église (saints fondateurs). 

Mais les Saints ont également des attributs individuels qui peuvent être liés à des données physiques, des éléments vestimentaires, des objets ou bien à des animaux. 







jeudi 28 mars 2024

Procès, Condamnation, Exécution, Réhabilitation de Jeanne d'Arc

 

Procès en condamnation et exécution de Jeanne d’Arc

Au nom du Seigneur, ainsi soit-il.

Ici commence le procès en matière de foi contre défunte femme Jeanne, appelée vulgairement la Pucelle.



A tous ceux qui les présentes lettres verront, Pierre Cauchon, par la miséricorde divine évêque de Beauvais, et frère Jean Lemaître, de l’Ordre des frères prêcheurs, commis, dans le diocèse de Rouen, et chargé spécialement, eu qualité de vice-inquisiteur, de suppléer dans ce procès religieuse et prudente personne maître Jean Graverent, dudit Ordre, docteur distingué en théologie, inquisiteur de la foi et de la plaie hérétique, député, par délégation apostolique, au royaume de France; salut en Notre-Seigneur Jésus-Christ auteur et consommateur de la foi.

Il a plu à la céleste Providence qu’une femme nommée Jeanne et vulgairement la Pucelle ait été prise et appréhendée par les gens de guerre dans les bornes et limites de nos diocèse et juridiction.

Or, c’était un bruit public que cette femme, au mépris. de la pudeur et de toute vergogne et respect de son sexe, portait, avec une impudence inouïe et monstrueuse, des habits difformes convenant au sexe masculin.

On disait encore que sa témérité l'avait conduite à faire, dire et semer beaucoup de choses contraires à la foi catholique et aux articles de la croyance orthodoxe. Ce faisant, elle s'était rendue gravement coupable tant dans notre diocèse que dans plusieurs autres lieux du royaume.

L'Université de Paris ayant eu connaissance de ces faits, ainsi que frère Martin Belorme, vicaire général de mon dit seigneur l'inquisiteur ès perversité hérétique, s'adressèrent aussitôt à l'illustre prince monseigneur le duc de Bourgogne et au noble seigneur Jean de Luxembourg, chevalier, qui tenaient ladite Pucelle sous leur puissance et autorité. Ils requirent lesdits seigneurs, par sommation, au nom du vicaire, sous les peines juridiques, de nous rendre et envoyer ladite femme ainsi diffamée et suspecte d'hérésie, comme au juge ordinaire.

Nous, évêque susdit, remplissant notre office pastoral, travaillant de toutes nos forces à l'exaltation et promotion de la foi chrétienne, avons voulu nous livrer à une en- quête légitime sur les faits ainsi divulgués et procéder , avec mûre délibération, conformément au droit et à la raison, à la conduite ultérieure qui nous paraîtrait légitime.

C'est pourquoi nous avons à notre tour, et sous les peines de droit, requis lesdits prince et seigneur de remettre à notre juridiction spirituelle ladite femme pour être jugée.

A son tour, le sérénissime et très chrétien prince notre maître, le roi de France et d’Angleterre1, a requis lesdits seigneurs, pour parvenir au même résultat. Enfin le très illustre duc de Bourgogne et le seigneur susnommé Jean de Luxembourg, accordant favorable accueil auxdites monitions et désirant, dans leurs âmes catholiques, accorder leur aide à des actes ayant pour but l'accroissesement de la foi, ont livré et envoyé ladite Pucelle à notre dit seigneur et à ses commissaires.

Ledit seigneur, dans son zèle et sa royale sollicitude en faveur de la foi, nous a ensuite délivré ladite femme, pour que nous soumettions les faits et dits de la prévenue à une enquête préalable et approfondie, avant de procéder ultérieurement. En suite de ces actes, nous avons prié l'illustre et célèbre chapitre de Rouen, détenteur de toute la juridiction spirituelle et administration, le siège épiscopal vacant, de nous accorder territoire dans cette ville de Rouen, pour y déduire ce procès: ce qui nous a été gracieusement et libéralement concédé.

Avant de procéder contre ladite Pucelle à la procédure ultérieure, nous avons jugé raisonnable de nous concerter, par une grave et mûre délibération, avec des personnes lettrées et habiles en droit divin et humain, dont le nombre, grâce à Dieu, en cette ville de Rouen, est considérable.

 1. Henri VI d’Angleterre

 

mardi 26 mars 2024

Eglise Saint Pierre de Bar-sur-Aube (10)

 Eglise Saint Pierre de Bar-sur-Aube XIIe

 L'histoire débute par une église carolingienne qui devient un prieuré de bénédictins. Ceux-ci sont originaires de l'abbaye de Saint-Claude dans le Jura.  Les terrains avaient été donnés à l’abbaye par le dernier comte de Bar-sur-Aube, Simon de Crépy-Valois (futur Saint-Simon) qui se fit moine dans cette abbaye. Le remaniement complet de  l’église vers 1170, a été financé par Nocher et son épouse Adélaïde. L'église fut unie au chapitre Saint Maclou de Bar-sur-Aube en 1378.

Clairvaux, qui est à quinze kilomètres, a imprégné le style de l'église : très dépouillé, sans chapiteaux historiés ni grandes fresques, et avec des vitraux blancs ; ainsi en décident l'idéal cistercien et l'esprit de saint Bernard.

Dans cette église prieurale et paroissiale, jusqu’à la Révolution, le prieur et son sacristain jouissaient pour les offices du chœur, de chapelles absidiales et du transept, tandis que les fidèles utilisaient nef et bas-côtés. Les prêtres desservant Saint-Pierre étaient choisis par et parmi les chanoines de la collégiale Saint Maclou, l’ancienne chapelle du château des comtes de Champagne, l’une des trois paroisses de la ville.

Le clocher fut frappé par la foudre le 24 mai 1706 et fortement abîmé, les sept cloches détruites.

A la Révolution, l’église fut fermée au culte, transformée en magasin de fourrage, puis ouverte au culte en 1800. En 1814, lors de la campagne de France, elle fut transformée en infirmerie pour y soigner les soldats blessés lors des batailles du pont Boudelin. Pour se réchauffer, ils brulèrent tout le mobilier.

Le Halloy, nom de la galerie en bois du XIVe siècle, qui longe l’église au sud et à l’ouest, fut sous sa forme primitive, un aître : un ancien cimetière, comme il y en avait habituellement autour des églises. La tradition rapporte que l’aître abritait les étals des marchands de Provins, au temps des célèbres foires de Champagne.

[le Halloy est la construction en bois qui entoure l'église sur les parties sud et ouest]

Lorsque l’on pénètre dans l’édifice, on doit descendre 7 marches (réalisées à partir d’anciennes pierres tombales) et ainsi dominer la nef. L’architecture globale et de type roman bourguignon, style de transition entre le roman de l’élévation de la nef et le gothique de la voûte. La nef à 6 travées est ponctuée de piles alternativement fortes et faibles. Les ouvertures en arc brisé, donnant sur les bas-côtés, sont surmontées d’un joli faux triforium à petites arcades en plein cintre. La coloration ocre permet de restituer l’ambiance qui existant au Moyen-Age où les structures étaient badigeonnées d’un lait de chaux coloré avec de la poussière de brique.


Le chœur, polygonal à 7 pans, s’élève sur trois niveaux, dont le second est aveugle. La fresque murale datant du début du XIVème siècle est d’inspiration byzantine.

Eglise Saint-Etienne de Bar-sur-Seine (10)

 


La première pierre de l'église Saint-Etienne de Bar-sur-Seine a probablement été posée en 1505 par Jacques de Dinteville, gouverneur et comte usufruitier de Bar.

La construction débute par le bas-côté nord de la nef, avec la 2e chapelle, dédiée à saint Barthélemy, au début du XVIe siècle. Le millésime de 1531 figure sur la façade occidentale et celui de 1541 sur une chapelle du chœur.

Si l’édifice est principalement de style gothique, les parties hautes de la nef ont été achevées entre 1561 et 1582 dans le style Renaissance (gros chapiteaux ioniques et arcs en anse de panier) puisque le monogramme LDB, pour Louis de Bourbon, comte usufruitier de Bar-sur-Seine, apparaît sur le garde-corps du triforium.

Le portail de façade est daté de 1616 et l’édifice consacré en 1628.

L’église présente un plan en croix latine avec une nef et un chœur à trois vaisseaux de quatre travées et chapelles latérales. Un transept saillant marque la jonction entre ces deux parties. La nef comporte des arcades basses en arc brisé surmontées par un triforium et des baies à remplage. Les vaisseaux latéraux du chœur se terminent par des pans coupés tandis que le vaisseau central est prolongé par une abside à trois pans.

                             La tour du clocher est implantée dans l'angle nord-ouest de la nef.

Recettes champenoises

  La soupe aux choux et la potée champenoise Ce n’était pas un plat bien compliquée à faire, il représentait un avantage pour la ménagère ...