mardi 26 mars 2024

Eglise Saint Pierre de Bar-sur-Aube (10)

 Eglise Saint Pierre de Bar-sur-Aube XIIe

 L'histoire débute par une église carolingienne qui devient un prieuré de bénédictins. Ceux-ci sont originaires de l'abbaye de Saint-Claude dans le Jura.  Les terrains avaient été donnés à l’abbaye par le dernier comte de Bar-sur-Aube, Simon de Crépy-Valois (futur Saint-Simon) qui se fit moine dans cette abbaye. Le remaniement complet de  l’église vers 1170, a été financé par Nocher et son épouse Adélaïde. L'église fut unie au chapitre Saint Maclou de Bar-sur-Aube en 1378.

Clairvaux, qui est à quinze kilomètres, a imprégné le style de l'église : très dépouillé, sans chapiteaux historiés ni grandes fresques, et avec des vitraux blancs ; ainsi en décident l'idéal cistercien et l'esprit de saint Bernard.

Dans cette église prieurale et paroissiale, jusqu’à la Révolution, le prieur et son sacristain jouissaient pour les offices du chœur, de chapelles absidiales et du transept, tandis que les fidèles utilisaient nef et bas-côtés. Les prêtres desservant Saint-Pierre étaient choisis par et parmi les chanoines de la collégiale Saint Maclou, l’ancienne chapelle du château des comtes de Champagne, l’une des trois paroisses de la ville.

Le clocher fut frappé par la foudre le 24 mai 1706 et fortement abîmé, les sept cloches détruites.

A la Révolution, l’église fut fermée au culte, transformée en magasin de fourrage, puis ouverte au culte en 1800. En 1814, lors de la campagne de France, elle fut transformée en infirmerie pour y soigner les soldats blessés lors des batailles du pont Boudelin. Pour se réchauffer, ils brulèrent tout le mobilier.

Le Halloy, nom de la galerie en bois du XIVe siècle, qui longe l’église au sud et à l’ouest, fut sous sa forme primitive, un aître : un ancien cimetière, comme il y en avait habituellement autour des églises. La tradition rapporte que l’aître abritait les étals des marchands de Provins, au temps des célèbres foires de Champagne.

[le Halloy est la construction en bois qui entoure l'église sur les parties sud et ouest]

Lorsque l’on pénètre dans l’édifice, on doit descendre 7 marches (réalisées à partir d’anciennes pierres tombales) et ainsi dominer la nef. L’architecture globale et de type roman bourguignon, style de transition entre le roman de l’élévation de la nef et le gothique de la voûte. La nef à 6 travées est ponctuée de piles alternativement fortes et faibles. Les ouvertures en arc brisé, donnant sur les bas-côtés, sont surmontées d’un joli faux triforium à petites arcades en plein cintre. La coloration ocre permet de restituer l’ambiance qui existant au Moyen-Age où les structures étaient badigeonnées d’un lait de chaux coloré avec de la poussière de brique.


Le chœur, polygonal à 7 pans, s’élève sur trois niveaux, dont le second est aveugle. La fresque murale datant du début du XIVème siècle est d’inspiration byzantine.


Plusieurs chapelles s’ouvrent sur les bas cotés ; elles ont été ajoutées au XVe et XVIe siècles. A gauche, près de la première chapelle (côté Nord) on voit nichée dans le mur, la mesure qui servait de référence pour la vente des grains à l’époque des foires de champagne.

ci-dessus : Le retable en bois doré dans la chapelle Saint-Joseph est attribué à Jean-Baptiste Bouchardon (1667-1742) sculpteur natif de Chaumont. Cette œuvre a été commandée par les marguilliers de l'église Saint-Pierre en 1733, puis installée en 1736. Pendant la Révolution, en 1801, le retable est transféré à la collégiale Saint-Maclou pour y servir de maître-autel. Cette église étant depuis peu désaffectée, il a été restauré, puis installé en 2008 dans une chapelle latérale du bas-côté Sud de l'église Saint-Pierre.

Le Maître-Autel est réalisé au XVIIIe pour l’église abbatiale de Clairvaux, il est en marbre blanc et brun. Il fut installé après la Révolution.


La seconde chapelle (côté Nord) est dédiée à Saint Paul, Patron de la Confrérie des vignerons à Bar-sur-Aube. On peut y admirer dans un plafond compartimenté : pampres, serpettes et têtes de personnages.

La statuaire est principalement du XVIe s.  À noter une remarquable Vierge au bouquet du XVIe dans le pur style champenois. Faut-il admirer son visage très jeune au front légèrement bombé qui nous gratifie d’un sourire espiègle et légèrement moqueur, ou de la main tenant le bouquet.


Un peu plus loin, près du chœur, une sublime Vierge à l’Enfant en Majesté en bois peint du XIIIe siècle.



Les quelques vitraux que l'on y voit de nos jours datent du XIXe siècle. Ils embellissent l'abside et le transept. Dans une chapelle latérale, on peut voir un beau retable de Jean-Baptiste Bouchardon (1667-1742), autrefois maître-autel de la collégiale Saint-Maclou. Enfin, l'église Saint-Pierre est riche d'une remarquable collection de statues du XVIe siècle, issue de l'école troyenne.

L’Orgue provient de l'abbaye de Remiremont dans les Vosges et est l'œuvre de Nicolas Dupont, Jean-François Vautrin et Antoine François Brice Didelot. Le buffet est l'œuvre de  Rémy Stourme en 1744. Il fut remanié par Antoine Lété en 1845... Ce type d’orgue français est rare car il relie la facture de Clicquot et celle de Cavaillé-Coll.


L’église possède encore une soixantaine de pierres tombales datant du XIII aux XVIIIe siècles. Si, comme dans bien des endroits, prêtres, seigneurs, notables y ont élu leur sépulture, nous trouvons aussi de nombreux artisans et commerçants, qui ont fait graver leurs outils de travail en guise d’armes dans des écussons ; on y trouve des bouchers, architectes, tailleurs de pierres, chaudronniers, cordonniers, maitres maçons, maitre d’œuvre…

A l’extérieur

Le très beau chevet qui rappelle celui de l’abbatiale cistercienne de Pontigny (89). Sa grande toiture basse semi-circulaire recouvre d’un seul jet les chapelles absidiales et le déambulatoire.



Le portail Sud est surmonté d’une arcature en plein cintre, il est fermé par une porte en bois dont les deux vantaux sont constitués de panneaux remarquablement sculptés datant de la Renaissance.

Au-dessus de l’entrée, la statue de Saint Mammès avec son lion


Un peu d’Histoire :

Le comté de Champagne absorba la seigneurie de Bar quand Thibaud Ier épousa la comtesse de Bar. Les célèbres foires de Champagne débutèrent vers 1190 au temps de Thibaud II. Elles se succédaient scrupuleusement dans le même ordre : Lagny en janvier-février ; Bar-sur-Aube en février-mars ; Provins vers mai-juin ; Troyes en juillet-août (la «foire chaude») ; Provins à nouveau en septembre/octobre et enfin Troyes en novembre/décembre (la «foire froide»). Une foire durait de deux à trois semaines. Les marchands venaient de Flandre, d'Italie, de l'Empire, mais jamais d'Angleterre car les Anglais avaient leurs propres foires. On faisait du négoce de draps, de cuirs et autres matières non périssables. Assurant la richesse du comté, les foires possédèrent une personnalité juridique avec leur sceau (1247). En 1260, elles cessent d'être les «foires du comte Thibaud» pour devenir les «foires de Champagne et de Brie».

"La mesure Matrice" figée dans la pierre du côté nord de l'église près de l'entrée, servait d'étalon à une mesure de volume locale : le boisseau de Bar-sur-Aube, qui accusait 23,99 litres. On l'utilisait en cas de contestation entre vendeur et acheteur.





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