L'église Saint-Parre date du XVIe siècle porte le nom comme la commune, du premier martyr troyen : saint Parre. La ville se nomme aujourd'hui : Saint-Parres-aux-Tertres - Aube (10)
Elle comptait à
l'origine une travée de plus à l'ouest, dont toute trace a disparu lors de la
réfection du mur pignon en 1877-1878.
Son portail sud est en
gothique flamboyant, et date de 1547 ; les statues ont été brisées lors de
la Révolution. Il ne reste que Saint Michel vainqueur de Satan et David
triomphant de Goliath, des angelots et des satyres.
A l’Ouest, la tour est de 1557. L'église doit son nom à un martyr (Parres ou Patrocle), citoyen de Troyes, mort en 275, sous l'empereur Aurélien. Une chapelle fut érigée à l'endroit où Parres est mort, et enfin l'église actuelle.
Bâtie en craie, l’église
a été très endommagée en 1940 ; les MH la restaurent de 1954 à 1962.
Les fouilles
archéologiques menées sur la commune dans le dernier quart du XXe siècle ont
montré que Saint-Parres-aux-Tertres est construit sur une gigantesque
nécropole. Des dizaines de sépultures (datées entre le IIe et le VIIe siècle)
ont été mises au jour. Un sarcophage a même été ouvert en 1981. Le cercueil de
plomb qu'il renfermait est exposé au musée Saint Loup de Troyes. Aux alentours
de l'église, les sarcophages remontaient à l'époque franque. À ce titre, un
petit musée a été érigé tout près de l'église. On peut y voir quelques
sarcophages.
Grégoire de Tours
déclare qu’au IIIe siècle, il existe sur le Tertre, une basilique élevée
au-dessus de la tombe de Parre.
Le plan est typiquement
champenois, à 3 nefs. La nef centrale est terminée par un chevet polygonal.
L'église conserve une belle collection de vitraux du XVIe siècle, l'essentiel de la verrière étant toutefois constituée de verres blancs, ce qui assure à la nef une grande luminosité. Au-dessus de l’autel, un trilobé offre la scène d’ensevelissement d’un évêque. Dans le chœur à gauche, une verrière blanche est surmontée d’un trilobé qui représente la réception d’une âme en paradis. Côté nord, on voit Guillemette, veuve de Colas Vinot, qui a donné ce vitrail où elle s’y fait portraiturée devant St Jean-Baptiste, face à son noble époux, entouré de ses 5 enfants. Côté sud, on peut admirer l’image de la Création et aussi de la tentation. Devant l’autel de la Vierge : Sainte Geneviève distribue des pains.
Comme la plupart des
églises anciennes voisines de Troyes, on y trouve exposées des statues de
l'école troyenne de l'époque du «beau
XVIe siècle» : une Vierge à l’enfant travaillée dans le bois de chêne, un
Saint Augustin assis, qui, de sa chaire, crosse en main, bénit son peuple, une
Sainte Anne jeune qui instruit sa fille prédestinée…
A l’autel, une belle statue de pierre du XVIe s. représente Saint Parre décapité, portant sa tête sur son évangéliaire. Une châsse de bois du XVIe s., en forme d’église gothique, qui ne possède que quelques reliques, les principales ayant été emportées au Xe s. en Wesphalie, où elles sont vénérées à Soest. Les os du crâne du Martyr sont placés dans un reliquaire de pierre, reproduisant le visage de la grande statue.
Chaque pilier porte sa statue : Saint Fiacre patron des maraîchers, Saint Memmie évêque de Châlons, Saint Nicolas en pierre peinte du XVIe s., avec les 3 petits enfants sortant du caveau…
La restauration de
cette église est due à M. Pierre Taittinger, Président du Conseil Municipal de
Paris (dont le fils officier a été tué en 1940, devant le pont de la Seine de
St-Parres), et à M. Henri Volhuer, qui ont œuvré de 1940 à 1942, pour
l’inscription aux Monuments historiques, et ensuite, pour sa reconstruction.
Saint Parre, le plus
ancien et le plus attesté des saints et des martyrs du diocèse, mourut décapité
pour n’avoir pas voulu renoncer à sa foi chrétienne. On trouve sa trace dès 592
(martyrologe hiéronymien) : " Le martyr Patrocle de Troyes montre bien souvent
qu'il était l'ami de Dieu, par une foule de miracles ".
Le premier historien
qui ait parlé de saint Parre est Grégoire de Tours. Il nous raconte une
anecdote savoureuse : « Près de Troyes, sur la tombe du martyr Patrocle,
s’élevait un petit oratoire qui était desservi par un clerc. Or les gens du
pays montraient peu de dévotion à l’égard du saint, parce que l’on ne
connaissait pas l’histoire de sa passion. Un jour, un voyageur apporte le récit
de la mort du martyr. Tout heureux, le clerc passe toute sa nuit à le recopier
et le remet à son évêque. Mais celui-ci, flairant une supercherie, accuse son
subordonné de l’avoir inventé et le fait fouetter ! Longtemps après, des
soldats qui reviennent d’Italie, rapportent une histoire de Patrocle toute semblable
à la première. L’évêque, dès lors, se laisse convaincre. On fait connaître
cette histoire et le peuple manifeste désormais plus de dévotion, tant et si
bien qu’il faut construire une basilique et que l’on célébra chaque année avec
éclat, la fête du saint ».
Nous savons donc qu’au
VIe siècle, un culte est rendu à saint Parre, qu’une basilique (modeste sans
doute), a été élevée en son honneur, qu’une histoire de son martyr existe déjà.
L’existence d’un oratoire desservi par un clerc, d’un culte, même peu fervent,
dénotent la survivance d’une tradition plus ancienne. Un texte du VIIIe siècle
indique : " il y avait dans la ville de Troyes un homme de grande noblesse
du nom de Parre. Il avait sa demeure à environ 200 pas de la ville, que ses
parents lui avaient laissée avec d’autres constructions. Il y vivait en servant
le Dieu du ciel jour et nuit, et il aimait la loi catholique. Bien formé dans
les lettres, prudent, priant à genoux des heures entières, si bien que chaque
jour il ne se nourrissait qu’à la douzième heure. Il rendait ses devoirs au
Seigneur avant le repas, par maintes oraisons et demandes. Tout ce qu’il tenait
de la fortune de ses parents, il le donnait aux veuves et aux orphelins, car il
aimait le Christ de tout son cœur. Et tous les chrétiens l’estimaient comme un
distributeur des biens célestes. Le saint homme Parre demeurait dans la crainte
de Dieu et la prière, chassait les démons, et le Seigneur manifestait par lui
de nombreux prodiges, et tous le vénéraient comme un juste et digne ministre de
Dieu à cause de son attitude religieuse, et de la beauté de son visage et de
son aspect ".
L’empereur Aurélien,
qui a décrété une persécution contre les chrétiens, passe à Troyes et le fait
amener en sa présence. Il l’interroge sur sa religion et l’invite à sacrifier
aux idoles. Parre refuse et affirme sa croyance au Dieu du ciel. Aurélien,
furieux, le fait jeter en prison, lourdement enchaîné, pendant 3 jours. Traduit
une seconde fois devant lui (ce serait le 21 janvier 275), il est sommé de sacrifier
aux dieux païens : " rachète-toi ", lui lance Aurélien. Parre répond
: " Le Seigneur rachètera la vie de ses serviteurs, il n’abandonnera pas
ceux qui espèrent en lui. Oui, tu as le pouvoir de torturer mon corps, mais tu
ne pourras faire aucun mal à mon âme, car tu n’en as pas le pouvoir, elle est
en celui de Dieu seul qui l’a mise dans mon corps ".
Saint Parre est
condamné à être décapité :" emmenez-le dans un lieu humide, là
décapitez-le, pour que son corps ne repose pas dans la terre ferme ". Parre
est emmené par les bourreaux sur les rives de la Seine. Alors, il prie Jésus
pour que son corps ne repose pas dans cette terre humide. Les soldats le
conduisent au bord de la Seine. Mais il ne veut pas que son corps disparaisse
dans la boue des marais. A sa prière, Dieu le délivre de ses bourreaux et lui
fait traverser le fleuve à pied sec. Grâce à une païenne qui le dénonce, les
soldats le retrouvent en prière sur le Mont de Idoles : " l’un d’eux plus
sanguinaire que les autres, lui trancha le chef de son coutelas, que soudain le
martyr recueillit de ses mains et le porta jusqu’au tertre le plus haut de la
montagne et s’abaissant à terre, rendit son âme à Dieu…".
Deux vieux mendiants,
qui bénéficiaient des aumônes du saint homme pendant sa vie le recueillent et
le gardent toute la nuit. L’archiprêtre Eusèbe prévenu célèbre les funérailles
avec son diacre et enterre le martyr. La persécution passée, il fait élever sur
son tombeau une petite chapelle et se fait lui-même enterrer auprès, selon la
coutume dans l’Eglise de ce temps, où les chrétiens veulent être enterrés à
côté de ceux qui les introduiraient en paradis.
Dans la France entière,
seulement deux communes portent le nom de notre saint :
Saint-Parres-aux-Tertres et Saint-Parres-les-Vaudes.
De plus, il est le
patron des églises de Fralignes, Onjon et Praslin. Sur le territoire de la
Saulsotte existe encore une chapelle Saint Parre. Les paroisses de Lusigny et
de Saint-Mards-en-Othe possèdent de ses reliques. Une statue en pierre du début
du XVIe siècle, de l’Ecole Troyenne de sculpture avec quelques traces de
polychromie, classée Monument historique, représente saint Parre debout,
décapité. La tête du martyr repose sur le plat d’un livre qu’il tient de sa
main gauche sur sa poitrine. L’église possède aussi une châsse du XVIe s., de
bois sculpté, à la forme d’une petite église gothique, et un reliquaire en bois
peint, du XVIe s.
A
Saint-Parres-les-Vaudes, un panneau de la chaire montre le saint tenant sa tête
d’une main. A Fralignes, un vitrail du XIX° s. représente saint Parre revêtu
d’une bure de moine.
Il se présente devant
la ville avec une armée pour la lui ravir. Le siège dure peu. Ansegise est
obligé d’abandonner sa ville épiscopale. Il se retire en Saxe où il obtient des
secours de l’empereur Othon. En 960, Othon envoie à Troyes son frère
l’archevêque Brunon, pour demander au comte Robert le rétablissement d’Anségise
sur son siège épiscopal, ce qui lui est accordé. Pour ses services,
l’archevêque ne réclame que le corps de saint Parre : " l’évêque, qui
était en grande dette, finit par céder à la demande pour ne pas paraître
ingrat, d’autant plus que le demandeur attaché à ce seul présent, refusait tous
les autres ". Les reliques furent emportées à Cologne, mais l’archevêque
en fit don à la ville de Soest, dans une région récemment évangélisée et encore
peu chrétienne. Cette ville ayant été délivrée en 1447 d’un siège par
l’intervention de saint Parre, il en fut reconnu pour le patron particulier.
Elles y furent l’objet d’un culte fervent. Depuis, des liens étroits se sont
noués entre cette ville et Saint-Parre-aux-Tertres, qui se sont jumelées.
Les reliques du saint
seront transférées à Cologne en 960 par Bruno, archevêque de la ville et duc de
Lorraine. Elles seront déposées à Soest en 963.
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