mardi 9 avril 2024

Congrégations, couvents, Carmel, dans l'Aube (10)

 

Congrégation du Bon Secours

 


Paul-Sébastien Millet naît dans le petit village aubois, le Mériot, le 21 mai 1797, dans les remous de la Révolution française. Il entre au Petit Séminaire de Troyes, le 12 janvier 1816. Il est ordonné prêtre le 31 août 1823, et devient vicaire d’Arcis-sur-Aube, le 1er juin 1824.

Il découvre que les malades de toutes catégories sociales manquent de soins efficaces et sont souvent abandonnés dans les campagnes mais aussi dans les villes. Mal soignés, la mort est précoce et la cellule familiale se détériore rapidement, tant au niveau de la cohésion de la famille qu’au niveau de la vie de foi.

 

Il est inspiré de fonder une congrégation de religieuses qui, selon lui, pourraient porter remède au dépérissement de l’esprit de foi et de la famille, par la garde et le soin des malades à domicile, dans un service gratuit.

Une anecdote peu connue : le 15 mars 1840, la maison d’Arcis du Maréchal Ludot est à vendre : mise à prix, plus de 10.000 fr. Se portent acquéreurs : la ville d’Arcis, M. Lasnier marchand de grains, tous deux voulant absolument l’acheter et Pierre Néty le charpentier. M. Lasnier vient de mettre 100 fr, ce qui porte à 12.500 fr l’enchère. M. Néty ajoute 100 fr, cela fait 12.200 fr. A ce moment, M. Lasnier se trouve mal : on le sort de la salle, on lui donne de l’air, on se procure de l’eau sucrée… Enfin, on oublie l’adjudication… et la petite chandelle allumée pour la mise de Néty s’éteint ! La maison lui est adjugée ! Mais pour qui M. Néty enchérissait-il ? Pour l’abbé Millet !

Le 25 mars 1840, l’abbé fonde pour le soin des malades à domicile, la congrégation de Notre-Dame du Bon Secours, qui célèbre chaque année, le 25 mars, son entrée dans l’église. Ce prêtre se dévoue sans compter auprès des enfants pour leur instruction et auprès des malades pauvres, et il souhaite que sa communauté prenne racine à Troyes, chef-lieu du diocèse.

En 1841, une maison de Saint-André-les-Vergers offerte pour des religieuses institutrices, devient libre. Le curé l’offre au Père Millet.

Dix sœurs en voile à Arcis, c’est beaucoup pour les besoins d’une petite ville, même si elles vont parfois dans les villages avoisinants. Les habitants de Troyes n’ont pas réclamé les sœurs, qui ne sont connues que d’un petit nombre de Troyens. Elles sont donc reçues sans enthousiasme, mais sans hostilité. Bientôt, mieux connues, les sœurs sont beaucoup demandées et ne suffisent plus à la tâche. Il faut du renfort. Heureusement, les vocations commencent à venir plus régulièrement. Le renom des sœurs s’établit en ville, et les prêtres ne sont pas les derniers à en faire l’éloge.

La décision est prise : il faut que les sœurs se consacrent au soin des malades à domicile. C’est le pressentiment que le milieu est un facteur de guérison, l’hospitalisation à domicile le dit assez aujourd’hui ! La sœur ira donc à domicile, souvent et longuement. Le Père Millet sait bien qu’une amitié ne se noue pas en un jour ou par de brèves visites, le temps d’administrer un remède. Il ne s’agit pas de porter le pain de la boulangère malade, ni de traire une vache, mais suppléer la ménagère défaillante dans les mille petits travaux quotidiens, va établir un lien profond qui permettra l’échange au-delà des soins. C’est une véritable solidarité avec tous ces pauvres gens que la Congrégation a rencontrés. Pauvres, sans espoir, vaincus de la vie qui allaient sombrer dans le découragement et l’oubli.

Le 24 octobre 1843, la communauté s’installe dans des locaux provisoires, rue Hennequin, et en octobre 1849, rue du Cloître Saint Etienne.

 Lors des épidémies qui éclatent dans le département en 1846 (200 malades sur 800 habitants à Bligny), elles y gagnent leurs premières médailles (il y en a plein une armoire !), mais y laissent leurs premières martyres.

Le 24 février 1863, c’est reconnaissance par le Saint-Siège.

A la veille de la Séparation de 1903, cette congrégation compte 119 maisons répandues en France : Algérie, Tunisie, Belgique, Italie, Espagne, Angleterre, Suisse et États Unis, et 7 dans l’Aube.

Au 31 décembre 1989, il n’en subsiste plus que 27, dont 3 dans l’Aube.

 Troyes est la Maison Mère.

 Le centre de soins infirmiers Bon Secours est une  association loi 1901 créée en 2008. Initialement gérée par des religieuses, le personnel laïc a repris l'activité des sœurs depuis 2009.

 

Congrégation des sœurs Clarisses




Les Clarisses, ou ordre des Pauvres Dames, tiennent leur nom de sainte Claire d’Assise (1193-1253).

Conquise par l’idéal de pauvreté prêché par François d’Assise, Claire d’Assise crée cet ordre en 1212, à sa demande. A 18 ans, ayant fait profession de foi devant lui, elle coupe sa longue chevelure blonde et revêt la bure. Elle rédige la règle de son ordre : moniales cloîtrées, contemplatives, bannissant toute propriété individuelle ou collective. Ce nouvel Ordre se développe rapidement et le pape Innocent IV en approuve la règle en 1253.  

Le comte Thibaud V de Champagne a épousé une fille de Saint-Louis, Isabelle de France. La tante de celle-ci, également dénommée Isabelle, sœur de saint Louis, fonde à Longchamp en 1255, un monastère de Clarisses.

Ces religieuses reçoivent du pape Troyes Urbain IV (1261-1264), le 22 juin 1264, leur règle définitive, d’où le nom d’Urbanistes qu’elles portent concurremment avec celui de Cordelières et Petites Cordelières. Le pape troyen adoucit la règle primitive, en permettant à cet Ordre de recevoir des dons et de posséder des biens et des revenus.

En 1269, la comtesse de Champagne Isabelle appelle des Urbanistes à La Chapelle-Saint-Luc où le lieu-dit La Cordelière existe toujours. Elles ont aussi une maison à Troyes, dans le quartier de la Juiverie ou la Broce aux Juifs, au centre duquel se trouve précisément le couvent des Cordeliers.

 Dès 1289, ces religieuses retournent à Paris. Déçue par les adoucissements de la règle par Urbain IV, sainte Claire ramène l’Ordre à la rigueur, et est confirmée dans cette mission par les papes Martin V (1431) et Benoît XIII (1730).

Le premier monastère des religieuses Franciscaines de Troyes est fondé par M. l’abbé Jean-Baptiste Heurlaut (1816-1887), curé de Maizières-les-Brienne, originaire de Ville-sur-Terre, ayant fait ses études au Grand Séminaire de Troyes. Il songeait à fonder dans sa paroisse une petite communauté de religieuses. Il réalise ce dessein avec l’aide d’une jeune fille dont il connaissait les secrètes aspirations à la vie du cloître et l’amour ardent pour la Sainte-Eucharistie : Joséphine Bouillevaux, née à Maizières le 1er juin 1820, décédée à Troyes le 8 août 1871. Après ses études à la Visitation de Troyes, elle avait crée dans sa paroisse une école de filles.

En 1846, l’abbé Heurlaut transforme la direction de l’école en communauté : « Les Sœurs de l’Immaculée Conception ». Fondateur et fondatrice revêtent l’un après l’autre les livrées franciscaines. En 1851, l’abbé Heurlaut prend le nom de Père Bonaventure et un an après, Joséphine Bouillevaux devient Sœur Marie de Sainte Claire, pour son admiration de Sainte Claire et de Saint François d’Assise. Le 8 janvier 1854, la petite communauté s’installe à Paris, rue d’Enfer.

Le 15 décembre 1854, le Père Bonaventure procède aux premières vêtures. Devenues Religieuses Franciscaines du Très Saint-Sacrement, le 24 mai 1856, elles obtiennent le privilège si désiré, de l’Adoration perpétuelle jour et nuit.

Le 15 juillet, les Sœurs quittent Paris pour Troyes, où elles emménagent dans une maison située rue du Cloître Saint-Pierre, devenue rue Mitantier. Les corps de bâtiment datent des XII° et XIV° siècles, s’agissant d’une ancienne maison canoniale. Leur chapelle est installée dans un dortoir. Les Franciscaines obtiennent de l’exposition permanente du Saint-Sacrement, jour et nuit. En 1872, l’Ordre est cloîtré, suite au souhait de Mère Marie de Sainte-Claire. Depuis le 10 juin 1969, avec l’autorisation du Saint-Siège, les Sœurs adoptent la Règle de Sainte Claire d’Assise, d’où le changement de nom en Clarisses.

Monseigneur Cortet, évêque de Troyes, pour trouver des fonds afin d’ériger une chapelle, fait imprimer une image vendue 1 F à l’époque. Le 17 septembre 1875, la première pierre de la chapelle est posée, et est consacrée par Monseigneur Cortet en juillet 1879, qui dépose à l’autel les reliques de SS. Calixte, Eugène et Sabin martyrs. Elle est placée sous le vocable de Notre Dame des Anges, comme celui de la Chapelle d’Assise où saint François a commencé la fondation  de l’Ordre des Franciscains et où sainte Claire prit l’habit et fit profession.

La chapelle est en pierre, avec voûtes lambrissées. Le tympan est percé par un triplet. En partie détruite durant la guerre, elle est reconstruite de façon identique en 1945. Elle mesure 17 m sur 6,20 m et a 9 m de haut dans la nef et 12 dans le sanctuaire. Elle peut accueillir 120 personnes. Sur l’ogive du chœur est écrite la devise des sœurs Clarisse : « Rendons grâce à Dieu par Jésus au Très Saint Sacrement ». Le Très Saint Sacrement  est continuellement exposé.    

Mère Marie de Sainte Claire est enterrée dans la clôture du monastère de Troyes.

Le père Bonaventure est enterré dans le cimetière de Nogent sur Aube.

Le 10 décembre 2011, dans la chapelle réhabilitée, un nouvel autel est consacré par Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes.  Dans cet autel, ont été déposées les reliques des saints martyrs Callixte, Eugène et Sabin,  provenant de l’autel précédent, plus celles des saintes Agathe et Apolline, des saints Bernard de Clairvaux, Frobert, sainte Exupérance, et un fragment de l’aube du Père Bonaventure  Heurlaut, fondateur de l’Ordre, et un morceau de l’habit de Mère Marie de Sainte Claire Bouillevaux, fondatrice des Clarisses de l’Adoration perpétuelle.

En 2017, sœur Marie-Antoinette, violoniste professionnelle avant son appel à la vie religieuse, sort son 3ème  disque au profit de la rénovation du monastère, rue Mitantier.

 

 

Congrégation des sœurs de la Providence

 

Nicolas Boigegrain naît le 7 mars 1763, d’origine paysanne, d’un milieu très chrétien. A 10 ans il entre au Petit Séminaire de Langres et le 22 décembre 1787, il est ordonné prêtre.

En 1789, il est nommé desservant de Pargues (6 km de Chaource). Après les difficultés de la Révolution Française, avec l’aide de 4 jeunes filles qui veulent consacrer leur vie à Dieu, pour le service de l’éducation des enfants et à l’assistance des malades et des personnes âgées, il ouvre, en 1819, une petite école qui se remplit d’enfants.



Rapidement, d’autres jeunes filles accourent des pays voisins, et en quelques années elles deviennent nombreuses et se répandent dans tous les coins du département pour ouvrir de nouvelles écoles.

En 1834, la Congrégation du chanoine Boigegrain compte plus de 80 membres et a 16 maisons de dépendance, implantées dans 4 diocèses.

Le siège est transporté à Troyes, où les religieuses arrivent le 15 octobre 1834, et s’installent rue des Terrasses, dans l’immeuble qu’elles occupent encore aujourd’hui.

En 1835, la Congrégation est reconnue par ordonnance du Roi Louis Philippe.

Les religieuses fondent le pensionnat Saint Nicolas, boulevard Victor Hugo, sur l’emplacement du  « château de la Vicomté ». Il est supprimé par la loi de 1904, interdisant l’enseignement aux congrégations religieuses (60 écoles sont supprimées dans le département de l’Aube).

Après la suppression de cette loi, en 1940, la Congrégation peut de nouveau enseigner et fonde en 1950, l’école Marguerite Bourgeoys. Le pensionnat est alors transformé en clinique chirurgicale (Clinique du docteur Mérat), qui reçoit de nombreux patients jusqu’en 1979. A cette date, les Religieuses décident d’utiliser les bâtiments pour en faire une maison d’accueil des personnes âgées qui prend le nom de « Maison de Retraite de la Providence ». La chapelle de la rue des Terrasses est construite en 1858. Elle peut recevoir 120 personnes plus 50 à la tribune. La bénédiction est faite par Monseigneur Pierre-Louis Coeur évêque de Troyes, dédiée à la Divine Providence et placée sous le vocable de Sainte Anne.

En 1859, c’est la translation du cœur du vénéré fondateur, Nicolas Boigegrain, déposé dans un coffret en plomb et scellé dans le mur.

Deux autels particuliers dédiés à la Sainte Vierge et à Saint Joseph, sont placés dans 2 chapelles latérales. La pierre d’autel contient les reliques de Saint Lupien, martyr de Troyes, Sainte Jule martyre de Troyes, Saint Augustin, Saint Loup, Saint Bernard, Saint Louis de Gonzague, Sainte Thérèse d’Avila, Sainte Maure vierge de Troyes et Sainte Monique. Quelques joyaux de cette chapelle : un retable évoquant la dormition de la Vierge, un grand tableau de Sainte Anne initiant la Vierge enfant à la lecture de la Sainte Bible, une statue de Saint Michel,  et de très beaux vitraux.

Une chapelle est aménagée boulevard Victor Hugo en 1887, dans une maison particulière. Elle est bénite le 30 juin 1888 par Monseigneur Cortet et est dédiée à l’Immaculée Conception de la Vierge Marie. Elle est de petite superficie : 10 m x 9,30 m, avec une tribune qui surplombe la pièce. Elle est chaude par ses boiseries et son plancher de chêne. En 1899, elle est embellie de nombreux vitraux historiés, avec personnages : Sainte Jeanne d’Arc, Saint Dominique, l’Ange gardien, Sainte Appoline, Saint Joachim, Sainte Anne, Saint Louis Roi de France, Saint Stanislas Kostka, Saint JeanBerkmans, Saint Louis de Gonzague, Sainte Cécile, Sainte Elisabeth de Hongrie, Sainte Agnès, Sainte Catherine, et les apôtres Saint Pierre et saint Paul. Un certain nombre de statues de style Saint Sulpice ornent la chapelle. La chapelle peut recevoir jusqu’à 70 personnes plus une trentaine à la tribune. Elle est privée, réservée pour les résidents de la maison de retraite.

La Ville de Troyes rachète l’immeuble, le démolit, et attend des propositions pour faire un pôle attractif avec la Bourse du Travail. Les religieuses transfèrent leur maison de retraite dans leur propriété rue des Terrasses, où elles ont construit des bâtiments neufs.   

 

 

Les Cordeliers


En 1236, le mystique saint François d’Assise prêche la pauvreté et l’humanité, et crée, avec Thibaut IV, comte de Champagne, les frères franciscains ou frères mineurs, plus connus à Troyes, sous le nom de Cordeliers. Leur nom leur est attribué par Jean de Beaufort, lors de la septième croisade. Pendant la croisade de 1250, le roi Saint Louis remarque des religieux très combatifs envers les Sarrasins, et demande leur nom. On lui répond qu’ils sont « de cordes liés » (cordeliers). En effet, ces moines portent sur leur robe de bure brune ou grise, une grosse corde, armée de nœuds de distance en distance, qui tombe presque jusqu’à leurs pieds et d'un capuchon court et arrondi.

D’abord fixés au faubourg de Preize, non loin de la porte dite de César ou de Comporté qui donne entrée à la ville sur l’actuel boulevard Danton, à la hauteur du Cirque, ils y demeurent environ 20 ans. Le Frère Jean, profès de la maison et docteur de Paris, sollicite auprès du Comte Thibaut V, la création d’un autre établissement à Troyes. Le pape Alexandre IV, le 14 juin 1259, donne une bulle à cet effet, et la première pierre dans le quartier de la Broce-aux-Juifs (où se trouve aujourd’hui la Maison d’Arrêt de Troyes), est posée par Nicolas de Brie, évêque de Troyes, le 14 juin. L’édifice fut achevé en 1263, et dédié sous le vocable de Saint-Jean-l’Evangéliste et de Sainte-Madeleine.

En octobre 1263, Thibaut, comte de Champagne, permet aux Cordeliers d'étendre  l'emplacement de leur établissement jusqu'au fossé de la tour royale, en y comprenant une ruelle qui séparait le couvent de la tour.

En 1271, le comte Henri III fit encore acheter en son nom quelques maisons et places pour augmenter le couvent et le fermer de murailles, et ratifia les donations de son frère Thibaut V. Depuis la réunion de la Champagne à la couronne, nos rois ont confirmé l’établissement des Cordeliers.En 1299, Philippe le Bel ordonne au bailli de Troyes « et à tous les justiciers de prendre ce couvent sous leur protection et sauve garde, et de les maintenir dans leurs privilèges ». Louis X le Hutin, en 1315, leur « fit rendre des aumônes et des legs pieux qui leur étaient refusés, et manda au bailli de Troyes de faire jouir ces religieux d’une place qui avait communication jusqu’à la Tour Royale ». Charles V, en 1378, fit rétablir la place du jardin et la rue ou passage entre le couvent et la cour. En 1381, Charles VI exempte les Cordeliers de tous droits d’entrée dans la ville. Charles VII, en 1432 leur remit une rente qui lui était due sur leur jardin, et amortit toute l’enceinte de leur couvent. Le 22 juin 1472, le pape Sixte IV accorde pour 20 ans des indulgences de 100 ans et autant de quarantaines aux fidèles qui donneront des aumônes pour la librairie ou bibliothèque placée au-dessus de la chapelle de la Passion et pour la réparation des autres bâtiments. Le 22 juillet 1475, le pape étend à perpétuité les indulgences précédentes. C'est par ces aumônes que fut achetée la chapelle de la Passion, détruite seulement en 1863. Louis XI les confirme dans « le droit de funérailles qui leur était disputé par les curés de Saint-Jean et de Saint-Remi. En 1476, Nicolas Guiorelli, docteur de Sorbonne, fait le projet de la chapelle de ce couvent, et intéresse à sa construction le pape Sixte IV, avec qui il a fait ses études.

 Les diverses parties du couvent furent faites à plusieurs reprises. Vers 1523, le gardien Banqueville fit bâtir l’aile du cloître du côté du réfectoire.

François 1er leur remit « un cense de quarante sols  pour une partie de leur jardin, et leur accorde, en 1529, le Franc-salé, de six minots de sel », à la sollicitation du Père Antoine Vriot, docteur de Sorbonne. Dans la suite, ils n’ont plus joui que de 4 minots, et en 1574, ils ont encore essuyé la suppression d’un minot.

En 1546, le provincial Morelli, natif de Troyes, fit construire l’aile du côté de la sacristie et les 2 autres, avec le bâtiment qui regarde la rue du Bois et celui qui sert d’écurie aux chevaux de la maison du roi. Le provincial Regnault de Marescot le fit achever en 1581, et l’orna de diverses peintures « que le laps des temps a gâtées ». Ce Regnault fit aussi présent du pupitre de cuivre et du beau calice de vermeil qui n’a pu être vendu en 1689, lorsque le roi fit vendre les argenteries des sacristies, parce qu’on vit ces mots gravés au bas : « Non venundetur ». Jusque vers la fin du XVI° siècle, le couvent de Troyes fut très florissant, c'était "une pépinière de grands hommes, une source féconde de vertus, de science et d'éloquence qui alimentait les autres maisons du même Ordre. On compta plus de 60 religieux dans le couvent de Troyes, mais au commencement du XVII°, siècle ils n'étaient plus que 30, en en 1780, 12 seulement.

L’église des Cordeliers est grande et belle. C'est un vaisseau unique comportant 5 arcades dans la longueur. L’édifice subit des transformations importantes du XIV° au XVI° siècle. Le jubé, construit en pierre est décoré d’ordre dorique. Des sculptures remarquables qui la décoraient, quelques unes nous sont restées : le groupe polychrome des saints Crépon et  Crépinien, aujourd'hui à Saint-Pantaléon, une Mater dolorosa et un Saint Jean, à Saint-Urbain, l'Ecce homo dont a hérité la cathédrale, et deux culs de lampe recueillis au Musée. L’église renferme la bibliothèque. Ces belles constructions sont dans le genre gothique. On voit sur l’un des vitraux, l’histoire d’une mère, qui, pendant le siège de Jérusalem par Titus, fit rôtir à la broche son propre fils et le mangea ! Il y avait autrefois dans cette église une très belle vierge d’albâtre, mais une disette de vin s’étant fait sentir, les Cordeliers la vendirent à des religieux proche de Tonnerre, afin d’avoir du vin pour offrir le sacrifice de la messe.

En 1629, le roi cède « aux bons pères cordeliers », certains bâtiments servant aux réunions publiques.

Près de l’entrée du couvent, qui se trouve en face de l’actuelle rue du Paon, 2 galeries couvertes en bois sont aménagées, où le public vient entendre les sermons. Aussi l’endroit s’appelle « le prédicatoire ». Et cependant, ce genre populaire n’empêche pas que l’église des Cordeliers ne soit fréquentée par la haute société troyenne.

 


 Le vaisseau de la bibliothèque fut bâti en même temps que la chapelle. M. Hennequin, docteur et lecteur en théologie de la maison et société de Sorbonne, le trouva digne de servir de dépôt pour les livres qu’il voulait consacrer au service de ses compatriotes. Il en fit la donation le 22 novembre 1651, et, après sa mort en 1658, tous les livres, manuscrits et imprimés y furent déposés. Deux ans après, le chapitre provincial ratifia cette fondation, et les Cordeliers promirent « d’approprier le lieu qui serait appelé  - La Bibliothèque de Troyes - ». Ils s’obligèrent en même temps d’établir un bibliothécaire pour ouvrir la bibliothèque les lundis, mercredis et vendredis, depuis midi jusqu’au soleil couchant. M. Hennequin nomma, pour inspecteurs ou surintendants, l’Evêque de Troyes, le doyen de la cathédrale, le doyen des conseillers du bailliage et celui des conseillers de ville, qui doivent en faire le recollement tous les 3 ans. A la donation, il joignit 2.400 livres qui furent placées sur l’Hôtel-Dieu qui devait payer l’intérêt annuel aux Cordeliers. Dès cette époque commence de se former une bibliothèque publique à Troyes et dont l’actuelle en 2000, à vocation régionale, a recueilli les richesses.

Louis XIV, vers 1705, donne des subsides, pour réparer l’église « qui menaçait ruine ».

Ce couvent devient rapidement un centre très actif de la vie religieuse, la prédication franciscaine, essentiellement populaire, y contribuait. Mais ce nouvel établissement ne fut pas sans difficultés. Les chapitres de Saint-Pierre et de Saint-Etienne, et les curés de Saint-Jean et de Saint-Remi s’y opposèrent sous prétexte de droits annuels qui leur étaient dus sur quelques maisons. Frère Jean poursuivit l’affaire et la fit porter au pape Alexandre IV. Le souverain pontife nomma des arbitres, et il fut ordonné que les Cordeliers feraient une rente de 20 livres au chapitre de Saint-Etienne et au curé de Saint-Remi, ce qui fut exécuté et payé par les procureurs du comte de Champagne.

En 1414, l’évêque de Troyes convoque un synode, réunion préalable avant l’ouverture du concile de Constance. Il se tient dans le réfectoire des Cordeliers. Il se compose de prélats, d’abbés, de docteurs et d’autres députés au concile de Constance et est présidé par le patriarche d’Antioche.

Les cordeliers sont très populaires à Troyes. Des legs nombreux et le choix de ce lieu pour la sépulture de personnages notables en sont la preuve. Une noble dame y est inhumée en 1270, l’évêque Pierre de Villiers, à la fin du XIV° siècle, dans le chœur fut inhumé, en 1507, le P. Raphaël Lebel, ancien Provincial, nommé par le Pape Alexandre VI, à l’évêché de Tégitane, et donné pour suffragant à l’évêque de Troyes. Sous une arcade pratiquée dans la muraille du chœur est le tombeau de Michel Juvénal des Ursins, seigneur de la Chapelle-Gonthier, et bailli de Troyes, mort en 1470, et d’Yolande de Montberon son épouse. Dans la chapelle de saint François fut inhumé Oudart Colbert, seigneur de Villacerf, Saint-Pouange et Turgy, Robert de Chantaloë, seigneur de Baire, mort en 1535, et Catherine Dorigny son épouse, en 1550. On remarque encore la sépulture de Jacques de Mauroy, écuyer, seigneur de Plyvot, mort en 1561, et inhumé devant la chapelle du saint nom de Jésus, qu’il avait fait construire. Dans le caveau pratiqué sous le sanctuaire, sont Pierre Pithou mort en 1596, et François Pithou son frère, mort en 1621, avec leurs épitaphes. Pierre composa lui-même la sienne, et il ordonna qu’elle fut mise sur son tombeau. Cette église possède aussi les cendres de Claude et Henri Mauroy, Cordeliers, natifs de Troyes, morts l’un en 1570 et l’autre en 1572.

En 1493, le maire Edmond Boucherat est élu au réfectoire des cordeliers. En 1504, le chapitre général des cordeliers se tient à Troyes. Le général de l’Ordre en est le président. Le Pape attache à cette réunion des pardons et des indulgences. Ce chapitre est « le plus considérable de l’Ordre ». Lors de son décès, le corps du cardinal Charles de Lorraine, archevêque de Reims, est reçu en grande cérémonie au couvent des Cordeliers, où le service se fait aux frais de la ville. Lors de l’épidémie de la peste noire, en 1582, le Conseil de ville fonde aux Cordeliers, un service en l’honneur de Saint-Roch, qui est continué jusqu’en 1790.

Des confréries, des corporations eurent leur siège dans ce couvent, plusieurs chapitres généraux et provinciaux s’y tiennent, et en 1763, un chapitre extraordinaire, organisé pour l’élection d’un provincial, est présidé de la part du roi, par Joseph de Barral, évêque de Troyes.

Le couvent des Cordeliers de Troyes « a produit beaucoup de religieux recommandables par leurs vertus et par leur science. Il y a eu plusieurs docteurs et provinciaux qui se sont distingués par leur sagesse dans le gouvernement ». On a vu jusqu’à 60 religieux dans cette maison. En 1783, ils ne sont plus que 12, sous la dépendance de la custodie de Champagne (une custodie dans la famille franciscaine est une sous-province dépendant d'une province). En, 1789, les Cordeliers possèdent en France 284 couvents, qui sont tous fermés en 1790. L'église des Cordeliers est alors affectée à une écurie de passage pour la cavalerie. Ce bel édifice, disparut définitivement en 1835, après de successives déprédations.   

La rue des Cordeliers a été tracée sur l'enclos qui séparait le couvent des Cordeliers du Château des Comtes de Champagne. Elle s'appelait avant le 12 août 1851, rue des Nouvelles-Prisons.

 

 

 Le Couvent de la Visitation


gravure de 1670 - la visitation est en bas à droite

L’évêque de Troyes, René de Breslay, voulant employer les religieuses de la Visitation de Sainte-Marie pour réformer les Filles-Pénitentes de l’Hôpital Saint Abraham, profite du voyage de Louis XIII, à Troyes en 1630, pour obtenir la permission de les y établir. En effet, n’ayant pas été consulté, et estimant Troyes suffisamment pourvue de communautés, le maire leur avait interdit l’entrée de la ville.

Ce n’est donc que le 14 mai 1631, que 4 sœurs et 2 novices arrivent en carrosse et entrent dans la maison des Filles-Pénitentes. Elles s’installent tout d’abord à la Commanderie du Temple (où est actuellement le cours Saint François de Sales), puis faubourg Croncels. Saint François de Sales reçoit le vœux des 3 premières mères de la Visitation : sainte Jeanne de Chantal, mère F… et mère J. de Brécharel.

Elles s’installent à la Piolée, où la première pierre est posée le 7 décembre 1633, au nom du roi, par Monsieur de la Fémas intendant de Champagne, avec l’inscription suivante: " Cette Pierre fondamentale de l’église et monastère de la Visitation de Sainte-Marie, a été posée au nom du roi très-chrétien Louis XIII, roi de France et de Navarre, fondateur dudit monastère, par messire Isaac de la Fémas, conseiller de Sa Majesté en les conseils d‘état et privé, maître des requêtes ordinaire de son hôtel, et intendant de la justice, police et finances ès provinces de Champagne, la bénédiction et cérémonie requises faites et observées par messire René de Breslay, évêque de Troyes...". La Cour de France, pour construire le monastère, fait un don de 6.000 livres.

16 religieuses s’installent le 17 octobre 1635. Elles ont la joie de recevoir le 12 avril 1636, la visite de sainte Jeanne de Chantal.

Des centaines de religieuses vont se succéder dans ce monastère, l’éducation chrétienne sera dispensée à des milliers d’enfants, l’essor de très nombreuses oeuvres sociales prendront naissance grâce à ce monastère.

En 1649, Louise-Marie de Gonzague, reine de Pologne, épouse du roi Casimir, désire avoir dans ses états une maison de religieuses " qui voulussent retirer chez elles des filles pénitentes, jeta les yeux sur les Visitandines, chargea Monsieur Desnoyers, secrétaire de Sa Majesté et mademoiselle de Lamoignon, de traiter de cette affaire avec les religieuses de la Visitation... ".

La proposition est agréée par le pontife et par les religieuses. " Pour compléter le nombre de 12 désiré par la reine on s’adressa aux Visitandines de Troyes qui entrèrent dans les pieuses vues de cette princesse, et donnèrent 7 religieuses. "

Après de multiples péripéties, elles arrivent à Varsovie le 30 juin 1654. La reine les reçoit avec une joie inexprimable, et leur témoigne la satisfaction la plus parfaite et l’affection la plus tendre. Elles apprennent alors que cette princesse ne destine plus leur maison pour des filles pénitentes, qu’elle aime mieux prévenir les désordres par une sage éducation, et qu’elles sont préposées à l’instruction des pauvres petites filles, pour laquelle " elles tiendraient des écoles par 6 tourières consacrées à cette fonction ". Elles sont mises en possession de leur monastère avec la plus grande solennité et " avec une pompe vraiment royale ".

La mère Claude-Agnès Camusat du couvent de Troyes, est deux fois supérieure de la maison de Varsovie, et y meurt en odeur de sainteté.

 En 1844, Marie Chappuis rejoint Troyes, où la communauté l'a rappelée avec ferveur et insistance comme supérieure. Elle s'en remet à la Providence, cette dernière ne l'ayant jamais abandonnée par la suite. C'est ainsi que miraculeusement elle peut agrandir le monastère et restaurer la chapelle. Troyes porte beaucoup de fruits, et le Bon Dieu y montre clairement sa volonté, accomplissant en elle ce qu'elle écrivait quelques années plus tôt : " J'ai vu que j'aurai le fruit et les effets de la vie contemplative et active ".

Elle trouve alors un monastère vivant, un pensionnat en plein essor, et elle va y remettre tout son cœur. De suite ses filles trouvent en elle une vraie mère, faisant " tout par amour et rien par force ", même si ce n'est pas sans effort qu'elles retrouvent tout d'abord l'esprit d'obéissance et d'abandon cher à la Visitation imposé par leur nouvelle mère. Mais les fruits sont si rapides qu'elles se mettent bien vite à sa suite, et ce n'est pas sans raisons qu'elle sera surnommée la " Bonne Mère " par les habitants de Troyes.

Un jour, elle voit un jeune séminariste accompagnant un prêtre venu donner le Sacrement des malades à une religieuse. Le Seigneur s'ouvre alors à elle, et la mère confie au prêtre : " Vous nous avez amené aujourd'hui notre confesseur. Il faut nous le réserver car Dieu nous l'a choisi ". Et en effet, ce jeune séminariste, M. l'abbé Brisson, sera aumônier et confesseur de la Visitation 44 ans durant.

S'est réalisé le voeu que formulait la Mère Marie-Jacqueline Favre : " Nous espérons, avec la grâce de Dieu, que ces commencements seront suivis d'un heureux progrès, et que cette œuvre réussira à la gloire de Dieu. Qu'il en soit béni à jamais... Ce 9 juillet 1631 ".

Aujourd’hui, après 381 ans de présence à Troyes, la Visitation Sainte Marie est toujours un ordre contemplatif cloîtré, les sœurs se consacrent entièrement à Dieu, abandonnant la vie dans le monde, pour une vie communautaire, chacune dépendant des autres.

chapelle de la visitation


 


Le Carmel



Dès le douzième siècle, des hommes vivent en ermites à la recherche de Dieu dans les grottes du Mont Carmel. Albert, patriarche de Jérusalem, leur donne une règle de vie vers 1209.

Le couvent des Carmélites de Troyes doit son origine à Marie de Mesgrigny, épouse de Jacques de Vignier, marquis des Riceys, conseiller d’État, maître des requêtes, intendant des finances, président aux États de Bourgogne.

En septembre 1620, elle fait venir à Troyes six Carmélites, et leur offre la maison de son père, sa maison natale, un hôtel particulier, situé où se trouve notre Palais de Justice actuel.

Soeur Marie de la Trinité, première Carmélite de France, est nommée première supérieure de ce couvent.

 La communauté des carmélites prospère rapidement, son rayonnement est grand. Ces religieuses s’attirent la bienveillance de nos citoyens, et méritent les largesses de nombreuses personnes pieuses. L’Evêque y vient fréquemment et demande un nouveau couvent à Jacques de Vignier, qui accepte avec empressement la proposition de s’en rendre fondateur.

En 1630, faubourg Croncels, est fondé le nouveau couvent, sous le titre de Notre-Dame de Pitié, nom reçu par Marie de la Trinité, au cours d’une vision.

La reine Anne d’Autriche, entourée des grands personnages de la Cour, pose la 1ère pierre, lors d’une fête brillante, le roi y ayant envoyé sa musique. (Lors de différents travaux, il fut trouvé des vases de l’époque du monastère, qui furent données au Musée de Troyes).

Pour ne pas se soumettre à la suite de querelles provoquées par la fameuse bulle Unigenitus du pape Clément XI, les Carmélites, préférant rester plus d’un an sans se confesser, sont expulsées en 1749.

En1792 : dispersion des Sœurs à cause de la Révolution. Leur couvent est vendu en 1793.

En 1794, elles se rasemblent dans une maison du Cloître Saint-Etienne.

En 1828, les Carmélites s’installent au faubourg Saint-Jacques notre avenue du 1ermai. Le nom vient de ce que c’était la voie empruntée jadis par les pèlerins pour se rendre à Compostelle. La première pierre de la chapelle est posée en 1855. En 1857, le chapitre et les bâtiments sont terminés. Le vendredi 14 juin 1940 Troyes subit de violents bombardements, lors de la prise de la ville par les Allemands. L’Avenue du 1er mai brûle, ainsi que le Carmel situé à son extrémité. Un premier miracle : la statue de la sainte Vierge, dressée au milieu d’un amas de décombres, est la seule épargnée. Deuxième miracle : des soldats allemands veulent alors détruire complètement cette statue. Ils tirent sur elle avec une mitrailleuse. Les balles touchent la statue, sans l’abîmer, et se retournent contre ceux qui les ont tirées et les tuent.

Cette statue se trouve aujourd’hui à Saint-Germain, dans le jardin de la propriété, une ancienne briqueterie, où le carmel s’est réinstallé en 1948, dans un beau monastère tout neuf.

En 1997 il se transforme en accord avec le Conseil Général, pour devenir " Maison de retraite pour sœurs carmélites âgées ". Jusqu’en 2012, 23 carmélites venant de 9 carmels continuent de donner vie à ce lieu. Dans un silence perpétuel, matin et soir, elles consacrent une heure à l’oraison, toutes ensemble à la chapelle ou dans leur cellule. La prière silencieuse, appelée oraison, est au centre de leur vie. Elles consacrent une heure à la lecture spirituelle. En plus de l’Eucharistie quotidienne, la Prière des Heures réunit la Communauté plusieurs fois par jour : le matin (Laudes) au cours de la journée (Tierce - Sexte - None) le soir (Vêpres) avant la nuit (Office des Lectures et Complies).

 Le 5 février 2012, le départ des Carmélites est définitif. Ne reste que l'ordre séculier du carmel Déchaux composé de sept laïques. Cette congrégation religieuse établie à la fin du XVI° siècle, est née d'une réforme des Carmes. Cette réforme fut d'abord appliquée à des couvents de femmes par sainte Thérèse d'Avila en 1562. Ensuite, la réformatrice, secondée par saint Jean de la Croix, l'introduisit dans les couvents d'hommes. Ces Carmes marchaient pieds nus dans leurs sandales (d'où leur nom).

 

Carmélites devant le Tribunal Révolutionnaire


Notre Dame du Mont Carmel avec Marie-Madeleine de Pazzi, Thérèse d'Avila, 
Ange de Jérusalem et Simon stock. Toile de Pietro Antonia Novelli



Anne Donon, née à Maison les Chaource, âgée de 40 ans, en religion sœur Chrétienne chez les Carmélites, Angélique Vitasse âgée de 32 ans, Thérèse Chenet âgée de 58 ans, et 5 autres sœurs du couvent de la Visitation de la rue du Bac, sont arrêtées le 30 novembre 1793. Les religieuses sont au secret et endurent 5 heures de séance.

Elles refusent de prêter le serment de liberté égalité, en disant qu’elles ne vivent pas sous le régime de la liberté puisqu’elles sont prisonnières.

On les menace du Tribunal révolutionnaire : elles répondent qu’elles iront avec plaisir.

" Renoncez-vous à votre pension ?

Non, parce qu’elle représente les biens qu’on nous a pris.

Mais la loi défend de payer ceux ou celles qui refusent de lui obéir et comment vivrez-vous ?

La Providence aura soin de nous.

Mais la Providence ne vous donne pas de pain.

Nous ne demandons rien à personne.

Comme la République ne souffre pas d’ennemis dans son sein, on vous déportera, où voulez-vous 

aller ?

En France qui est notre patrie."

La sœur Chrétienne reste très ferme et refuse le serment. Le juge lui dit qu’elle est une menteuse parce qu’elle n’a rien voulu avouer et comme elle se défend avec force, il lui dit qu’elle est la plus méchante.

Une heure après minuit, le 1er décembre les religieuses sont conduites dans une maison d’arrêt, sans être munies des choses les plus nécessaires.

 Elles restent 10 jours dans l’inconfort, avec 4 lits et 4 couvertures pour 8, et reçoivent la visite d’administrateurs qui, sur le champ, " leur font donner une chambre à feu et des lits ", et, durant 6 semaines, croyant être oubliées, elles restent dans le calme.

Cependant, un jour, à 2 heures du matin, les sœurs sont appelées et partent toutes, les unes après les autres, pour être soumises à l’interrogatoire.

Les dernières descendent à 5 heures du soir, et à "7 heures après le repas du juge ", la sœur Vitasse est conduite dans une grande salle.

Elle refuse obstinément de révéler les noms des prêtres qui leur rendaient visite et de faire le serment, malgré l’insistance pressante du juge et du commis greffier.

Elles sont alors mises sur la paille deux par deux dans de grandes chambres qui ressemblent à des caves par leur humidité et leur noirceur.

Elles y sont couvertes de vermine, ce qui n’est pas une petite souffrance car elles ne peuvent avoir la nuit un seul moment de repos.

Le 7 février, à 5 heures du soir, un huissier du tribunal et un gendarme viennent les prendre pour les conduire à la Conciergerie.

Le Tribunal Révolutionnaire de Paris juge l’affaire de ces 8 religieuses, prévenues de fanatisme et de refus de jugement.

L’accusateur public lit les chefs d’accusation, faux, qui sont tels, qu’elles pourraient aller à la guillotine.

Le président demande à sœur Chrétienne, après avoir procédé au même interrogatoire avec les autres religieuses, si elle veut faire le serment ou non.

" Avez-vous connaissance de cet écrit ? (c’était une pièce à conviction trouvée chez une sœur et émanant d’un prêtre).

Je l’ai entendu lire à la section et ici. "

Le président veut la persuader qu’elle a avoué dans son interrogatoire.

Elle se défend beaucoup, mais comme il veut lui soutenir qu’elle lui a dit, elle lui répond avec beaucoup de vivacité :

" Non, mon père, je ne l’ai pas dit ", ce qui fait beaucoup rire les autres religieuses, ainsi que tous les assistants et le président lui-même est obligé de perdre sa gravité.

Le défenseur commis d’office, qui a été sur sa demande payé 200 livres d’avance, après une collecte faite en faveur des religieuses dans leur prison, déclare que, à cause de leur vie privée, il serait grand de ne pas les juger selon la sévérité des lois, et ensuite il demande la permission de leur faire un sermon républicain, ce qu’il fait sans les faire changer d’opinion.

 Les juges attendent avec beaucoup de patience pour voir si elles se décident à faire le serment.

Sans succès, alors que beaucoup de personnes, gendarmes compris, leur adressent des exhortations à le faire.

Enfin, après délibération du jury, l’accusateur public les qualifie de vierges folles et lit le jugement.

Malgré l’effrayant réquisitoire, qui veut les impliquer avec les prêtres réfractaires contre la Révolution et les principes de la liberté et de l’égalité qui en sont la base, le tribunal se montre bienveillant.

Dans les questions posées au jury, Dumas qui préside l’audience en insère une qui est résolument négative et qui ôte au crime tout caractère intentionnel.

Ce fut leur salut.

Voici cette question :

" L’ont-elles fait dans le dessein de troubler l’Etat par une guerre civile en armant les citoyens les uns contre les autres et contre l’autorité légitime ? ".

Au lieu d’être condamnées à la peine de mort, les religieuses en sont quittes pour la déportation, qui n’a pas lieu, suite à la réaction thermidorienne.

Dumas fut guillotiné après Robespierre.

 

Frères prêcheurs, Dominicains



Le concile de Latran autorise, en 1215, des ordres nouveaux, dont un ordre catholique né sous l’impulsion de saint Dominique. Il appartient, comme l'ordre des Frères mineurs, à la catégorie des ordres mendiants.

Les dominicains sont des religieux mais pas des moines : ils ont la particularité de ne prononcer qu'un seul vœu, celui d'obéissance, dans les mains du maître de l'ordre, les vœux de pauvreté et de chasteté étant implicitement inclus. Ils ne font, par contre, pas vœu de stabilité comme les moines. Ils vivent dans des couvents et non dans des monastères. Leur vocation est de prêcher.

Ils portent un habit de couleur blanche, composé de trois pièces : une tunique serrée par une ceinture de cuir, un scapulaire (pièce de tissu sans manches, reposant sur les épaules), un capuce (pièce de tissu reposant sur les épaules : il couvre le thorax jusqu'au sternum et les bras jusqu'aux coudes, et se termine en pointe dans le dos. Il comprend en outre une capuche).

L’établissement des frères Prêcheurs ou Dominicains, plus connus à Troyes, sous le nom de Jacobins, est le plus ancien de l’ordre de saint Dominique, qui est approuvé en 1216, par le pape Honorius III.

Avant de partir pour son voyage en Terre-Sainte, Thibaut le Posthume, comte de Champagne, demande au fougueux saint Dominique quelques uns de ses religieux, pour les établir dans la ville de Troyes, en juin 1232.

Il choisit à cet effet l’emplacement d’une ancienne chapelle de Saint-Paul, ce qui explique que ces religieux sont pendant un assez long temps appelés Frères de Saint-Paul. Ce terrain est situé en bordure du rû Cordé, derrière le jardin de l’abbaye Notre-Dame aux Nonnains.

En 1317, le roi de France Philippe le Long, donne un canal de la Seine avec quelques maisons de tanneurs, pour augmenter le terrain du couvent.

Une maison est bâtie pour cent religieux, et l’on remarque qu’il n’y en a jamais eu moins pendant quatre siècles. C’est par les soins des Jacobins surtout, que Troyes est préservée des erreurs du Calvinisme. Cette congrégation a eu des hommes qui se sont signalés par leur science et par leur piété, des prélats célèbres, d’habiles prédicateurs, des directeurs éclairés et de savants docteurs, parmi lesquels on distingue :

- Jean Hugo, de Troyes, qui partagea avec saint Thomas d’Acquin " l’applaudissement général de la faculté de Paris ", comme l’indiquait son épitaphe dans le couvent de Troyes où il fut enterré,

- un général de l’ordre, nommé Jean Clercé (ou Clerié), prédicateur et confesseur de Louis XII et d’Anne de Bretagne, et ancien vicaire-général de la congrégation en Hollande,

- Guillaume Rance qui fut évêque de Seez, conseiller du roi Jean et exécuteur de son testament en 1364,

- plusieurs vicaires et provinciaux,

- Pierre de Villiers, confesseur de Charles V, évêque de Troyes (1375-1377),

- Guillaume Parvi, évêque de Troyes (1518-1527),                                     

- Simon l’empereur, d’Argentan, vicaire-général de Claude de Beauffremont, évêque de Troyes (1562-159 ), une des plus illustres familles du royaume,

- Nicolas Hennequin, trois fois prieur des Dominicains, et vicaire-général de cette congrégation en France au XVI° siècle, etc...

Depuis qu’une compagnie des gardes du corps du roi est en garnison à Troyes, les officiers municipaux, pour décharger ses habitants de leur logement, font le projet de construire une caserne.

Le couvent des Jacobins devenant vétuste, ces messieurs du corps municipal demandent au roi Louis XIV la possibilité de l’utiliser à cet effet.

 Sa Majesté accède à leur demande, et par lettres-patentes, datées de Compiègne du mois d’août 1766, il est arrêté que les religieux sont transférés à l’ancienne maison des Carmélites qu’ont occupée les filles du Bon-Pasteur.

Supprimés en France en 1790, par le décret du 13 février qui interdit les vœux monastiques et supprime les ordres religieux réguliers, les dominicains y sont restaurés en 1850.

Expulsés en 1903 et leurs biens confisqués dans le cadre des dispositions d'exceptions prévues contre les congrégations dans la loi de 1901 sur les associations, ils sont autorisés à revenir en France dans les années 1920. 



De nos jours, l'Ordre compte près de 6 000 frères, plus de 3 000 moniales en 247 monastères, 40 000 dominicaines apostoliques dans 119 congrégations.

 

 

Frères des Ecoles chrétiennes




Jean-Baptiste de la Salle fonde l’Institut des " Frères des Ecoles Chrétiennes " en 1680.

Madame Madeleine de Galmer, veuve de Gilles de Launay, laisse, par testament, la somme de deux cents livres de rente pour l’établissement d’une école de charité sur la paroisse de Saint- Nizier.

Monsieur le Bey, curé de cette paroisse, pourvoit à la formation de la jeunesse cléricale et se préoccupe de l’éducation des enfants pauvres de sa paroisse. C’est à lui que le diocèse doit l’une des plus belles pages de sa renaissance. Il demande en 1701, à Jean-Baptiste de la Salle, instituteur des frères de Saint Yon, fondateur des Frères de la doctrine chrétienne, de lui donner un disciple pour la direction de cette nouvelle école, ce qui est accepté.

En 1703, il en reçoit un second, pour tenir une école (2 classes), connue sous le nom d’École Saint-Pierre, parce qu’installée rue du Cloître Saint-Pierre (aujourd’hui rue Mitantier). Elle émigre en 1861, rue Hennequin.

Un père de l’Oratoire demande cinq autres frères, prêchant pour les avantages des écoles gratuites.

En 1720, avec l’aide du corps de ville qui fait aux frères une pension de 300 livres, on ouvre deux nouvelles écoles, l’une sur la paroisse de Saint-Jean (4 classes), l’autre sur celle de Sainte-Madeleine (2 classes).

En 1741, les frères demandent à leur général une maison pour habiter. Il leur en achète une, proche du prieuré de Saint-Quentin.

 En 1779, on s’aperçoit que trois écoles ne sont pas suffisantes, en fonction de la population des pauvres qui augmente.

En 1780, une autre école est ouverte sur la paroisse de Saint-Pantaléon.

En 1783, les frères sont au nombre de dix : huit pour les écoles, un directeur et un cuisinier.

La période 1702-1792 est marquée par la pauvreté partagée : " Les Frères qui étaient en classe manquaient souvent des aliments nécessaires, et le Frère " servant " était obligé de demander aux revendeuses les restes de leur étal pour faire le repas des pauvres Frères, de là le nom de " coupe-choux " encore aujourd’hui donné aux Frères à Troyes ».

Le décret du 2 novembre 1789, mettant " à la disposition de la nation " les biens ecclésiastiques, c’est la suppression des écoles des Frères des Ecoles Chrétiennes.

1792 voit la dispersion des dix Frères (ayant refusé de prêter le serment) chargés de quatre écoles (St-Pierre, St-Jean, Ste-Madeleine, St-Pantaléon).

En 1821, c’est le rétablissement des Frères. L’enseignement primaire n’a pas été interrompu par le retrait des écoles communales aux Frères, car sécularisés, ils en ont formé d’autres : 5 à Troyes qui, en 1911 totalisent 550 élèves et 450 en 1955, pour les 2 écoles subsistantes. Arcis, Bar-sur-Seine, Bar-sur-Aube, Chaource, le Mesnil-St-Loup, Montardoise, Nogent, Romilly ont aussi leurs écoles, dès 1911.

En 1852, les trois écoles paroissiales du moment, éduquent 670 enfants et 350 ouvriers (en cours d’adultes), avec 11 Frères.

De la dispersion de 1904 demeurent aujourd’hui quatre témoins : L’école-collège St-Pierre ( repris par les Frères entre 1940 et 1972), l’école Ste-Jule (regroupant l’école St-Martin reprise par les Frères entre 1945 et 1984, en milieu populaire), le Foyer Hoppenot (aujourd’hui La Salle) créé sur la période 1949-1958, pour héberger des jeunes travailleurs, le groupe scolaire Saint-Joseph, né en 1921 et confié aux Frères depuis 1940.

A côté de cet enseignement traditionnel, primaire et secondaire, de la jeunesse, un autre apparaît après la Séparation, et, très vite, conquiert une place de grande importance dans la vie diocésaine : l’enseignement technique ou, d’un mot plus exact, professionnel. C’est l’Ecole d’apprentissage Saint-Joseph, où se formeront les aspirants aux divers métiers rattachés à la construction. Fondée le 1er août 1921, dans les locaux de l’ancienne Institution Saint-Etienne, par un Jésuite, le P. Henry, elle est confiée en 1934 à un ancien officier d’artillerie, le Colonel Marc Millard, animateur incomparable, qui lui donne une " magnifique impulsion " et, à partir d’octobre 1940, en partage la direction avec les Frères des Ecoles Chrétiennes.

Le Groupe Saint-Joseph regroupe de nombreuses formations : Ecole maternelle, Ecole élémentaire, Lycée général de technologie, Lycée professionnel, Post-bac et études supérieures, Centre de Formation Continue (CFC), Classe d’initiation professionnelle en alternance (Clipa).

Les Frères des Ecoles Chrétiennes sont toujours présents dans 80 pays et au nombre de 5 000. (moyenne d'âge : 54,3). Avec leurs collaborateurs enseignants, ils sont au nombre de 83 000.

 

 

Petites Sœurs de l'Assomption

 


« L’Assomption c’est bien entendu, l’enlèvement de Marie en plein ciel : celui qui s’en émerveille y lit son propre destin. Mais ce n’est pas une fête sans lendemain ». C’est ce que Dieu fit un jour comprendre à « 2 bourgeoises de la belle époque », à Troyes. Ces demoiselles s’appelaient Berthe et Jeanne Chapuy.

Elles avaient 70 ans. Longtemps elles avaient dirigé « les Elégantes »,  (« Miss élégante » aujourd’hui, à l’angle des rues Emile Zola et Général Saussier), magasin de nouveautés alors « interdit aux petites payes ».  Elles s‘étaient retirées place Jean Jaurès, dans une maison que leur charité allait rendre historique. Elles occupaient leurs loisirs à la visite des pauvres.

Un jour qu’elles arrivaient dans un fond de cour, elles furent accueillies par les jurons d’un manœuvre en colère et qui menaçait d’en finir au gaz avec sa femme alitée (un phlegmon mal placé !) et ses enfants qui pleuraient.

Entre temps, elles assistaient aux manifestations communistes qui se déroulaient sous leurs fenêtres et que la garde à cheval dispersait sans ménagement : c’était vers 1920.

Elles voulaient faire quelque chose pour ces « brebis sans pasteur », donner leur maison pour qu’elle soit leur foyer. Mais elles ne savaient comment s’y prendre. Leur curé, un chanoine d’un autre âge, intelligent et direct, leur dit tout net : « donnez donc votre maison aux Petites Sœurs de l’Assomption, et mettez dans la lettre un billet pour le voyage ! Elles n’ont pas le sou ! Elles viendront voir ».

Les « vieilles filles » obéirent à leur curé, le brave abbé Brusson.

Et c’est ainsi qu’après 3 ans de négociations, en grande pauvreté et difficultés, les petites sœurs s’installèrent place Jean Jaurès, le 23 septembre 1925. Les vieilles demoiselles se retirèrent dans une maison de famille à Arcis. Elles y moururent « rassasiées de jours », à l’âge de 90 ans ! On les y enterra sans discours, mais l’Assomption vivait à Troyes.

 Les petites Sœurs de l'Assomption avaient été fondées en 1865, alors que l’Europe réalisait dans la misère ouvrière une mutation industrielle colossale. C’est à  elle que se heurta Etienne Pernet, un religieux assomptionniste, frappé par ces détresses qu’il ne connaissait même pas de nom : abandon des malades, solitude des faibles, désagrégations des familles dont tous les membres étaient accablés de travail, enfants y compris, saleté des taudis, misère que nulle espérance religieuse n’éclairait plus. Les chrétiens de l’époque affrontaient généralement ces situations par la charité et l’aumône. L’inspiration du P. Pernet, ce fut de comprendre qu’il ne s’agissait pas tant de donner quelque chose aux pauvres que de se donner soi-même ! Il fallait aider ces familles humiliées à se remettre debout, ces malades à rester chez eux, là où ils étaient aimés, ces foyers cassés à se reconstituer, ces « baptisés tristes à retrouver leur fierté de fils de Dieu ».

C’est pour « assumer » toutes ces misères au jour le jour que le Père fonda l’Assomption.

Des filles se groupèrent autour d’une ouvrière infirme, admirable et émouvante : Antoinette Fage. Leur consécration à Dieu sera absolue. Leur total dévouement aux familles en détresse en sera la marque : servir, soigner, emmailloter, faire le ménage et la cuisine, assister les mourants, multiplier les gestes d’amitié, telle sera pour elles « l’annonce de Jésus-Christ ».

Depuis la seconde guerre mondiale, la Société s’est structurée : le travail des Petites-Sœurs de l'Assomption s’inscrivit alors dans un métier : travailleuse familiale, infirmière, travailleuse sociale. La collaboration de la sécurité sociale avec tous ceux qui travaillent au bien des familles est leur vocation de service.

En octobre 1967, la communauté quittait la place Jean-Jaurès pour la rue Victorien Sardou : 30.000 habitants dans les quartiers ouvriers de Sainte-Savine, les Noës, La Chapelle-Saint-Luc et Saint-Martin, où elle restera jusqu'en 1986, tandis qu'une autre communauté s'installait dans un H.L.M. de la Chapelle Saint-Luc, de 1971 à 1993, avant de quitter Troyes définitivement.

Une jeune fille de Troyes, Marie-Madeleine Loiselet, petite sœur de l’Assomption place Jean Jaurès, novice depuis 1923, est décédée le 3 juillet 1925, à l’âge de 26 ans, après avoir été contaminée par des malades qu’elle soignait. Elle avait été transférée à l'infirmerie de la Maison Mère à Paris, et comme elle n’avait pas encore fait ses vœux, elle a été enterrée dans le caveau familial à Troyes le 7 juillet.

 Actuellement, les Petites Sœurs de l'Assomption poursuivent leur mission auprès des familles ouvrières et pauvres. Elles sont présentes sur les 5 continents, dans 20 pays avec de nouvelles fondations à Madagascar, en République Démocratique du Congo, au Vietnam, au Burkina Faso...

 


 

Petites Sœurs des Pauvres




Celle qui devait devenir la fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres, Jeanne Jugan, est née à Cancale, le 28 août 1792. Fille d’un marin pêcheur, elle fut béatifiée par Jean-Paul II en 1982 et canonisée le 11 octobre 2009, par Benoît XVI.

Toute jeune, elle sentit en elle l’appel de Dieu, mais ce n’est qu’après la mort de ses parents que Jeanne entre dans le Tiers-Ordre du Sacré-Cœur. Remplie de la charité du Christ, Jeanne Jugan ne songe qu’à venir en aide à ses semblables. Et c’est ainsi que nous la retrouvons à l’hôpital de Saint-Servan, attentive au chevet des malades.

En 1839, avec 2 compagnes, elle consacre son activité au service des malades à domicile. C’est à cette époque qu’elle recueille une femme âgée dont l’unique soutien vient de disparaître. Une autre bientôt la rejoindra. Mais le modeste logement de Jeanne est devenu trop étroit. Elle loue une maison où s’installe la petite communauté rapidement augmentée de 4 unités nouvelles.

Dès lors la sainte fille a une compréhension très nette de sa vocation : recueillir et soigner les vieillards. Ses ressources se sont rapidement épuisées. Qu’à cela ne tienne ! Avec ses compagnes, elle deviendra mendiante. « Ainsi, tout simplement est né l’Ordre des Petites Sœurs des Pauvres ».

Le 9 juillet 1854, le Saint-Père, Benoît XV en approuvait les statuts.

Jeanne Jugan, devenue Sœur Marie de la Croix, devait rendre le dernier soupir. Elle avait eu le temps cependant de constater l’opportunité et l’utilité de son œuvre, puisque, déjà à cette époque, existaient 36 maisons de vieillards avec 500 religieuses.

A Troyes, la fondation de la maison du 3 bis du Boulevard du 14juillet, remonte à 1875, sous l’épiscopat de Monseigneur Ravinet.

Le 14 juillet 1935, Les Petites Sœurs des Pauvres lancent, par l’intermédiaire du journal catholique troyen «  L’Express », un appel aux âmes généreuses. Une aile du bâtiment qu’elles occupent, minée dans ses fondations, avait dû être reconstruite de toute urgence. Confiantes en la Providence et en leur saint patron Saint Joseph, les Petites Sœurs, pressées par le temps, n’hésitèrent pas à se lancer dans l’aventure.

 Pouvaient-elles laisser sans abri les 200 vieillards (102 hommes et 98 femmes) confiées à leurs soins vigilants ?

Qui ne connaissait pas la silhouette de la « Petite Sœur des Pauvres » ?

Qui donc ignorait encore leur œuvre splendide  de foi et d’amour ?

Souvent, oublieuse volontaire, d’une illustre origine, elle s’est faite toute petite, toute humble pour aller de portes en portes quêter pour les autres. L’histoire des débuts de leur congrégation est toute empreinte d’ailleurs, de simplicité évangélique.

Le bâtiment, reconstruit, est alors tiré d’affaires. Mais il n’en est pas de même des Petites Sœurs dont les soucis quotidiens se trouvent alors ainsi accrus. La générosité des Troyens a constitué pour elles un puissant soutien moral, et une aide matérielle intéressante. En quelques jours, plus de 100.000 francs furent recueillis, mais insuffisants.

Le Conseil Général de l’Aube accorda une somme de 12.000 francs aux Petites Sœurs des Pauvres.

En mars 1986 est créée l’entreprise « Petites Sœurs des Pauvres », Congrégation  qui correspond au secteur Hébergement médicalisé pour personnes âgées.

Aujourd’hui, la congrégation est établie dans 31 pays, sur les cinq continents. Elle compte 202 maisons où sont accueillies des personnes âgées sans ressources ou de ressources modiques.

Il y a environ 2.500 Petites Sœurs et une quarantaine de novices, originaires d'une cinquantaine de pays.

Aux trois vœux habituels de religion – chasteté, pauvreté et obéissance – elles ajoutent le vœu d'hospitalité envers les personnes âgées pauvres. De très nombreux laïcs collaborent à leur œuvre.

 

 

Ursulines, Congrégantines

des soeurs Ursulines arrivant au Canada


Cet ordre des religieuses est un des plus utile à la société parce qu’il se livre à l’éducation et à l’instruction publiques, suivant l’esprit de sa fondatrice Angèle Merici ou Angèle de Bresse morte en 1540 et béatifiée en 1770.

Elle établit les Ursulines en Italie en 1537, d’où elles se propagent en différentes régions d’Europe. Sainte Ursule, leur patronne dont elles prirent le nom, était fille d’un prince de la Grande Bretagne. On dit qu’elle avait recruté 11.000 compagnes qu’on appelait les 11.000 vierges. La vérité doit être qu’elle n’en avait que 11 lorsque près de Cologne en 384, elle fut martyrisée par les Huns .

 Les Ursulines de Châtillon-sur-Seine interviennent auprès du roi Louis XIII, car leur maison est trop petite pour contenir toutes leurs religieuses, elles " désiraient en établir une colonie dans la ville de Troyes ".

En février 1627, ce prince leur accorde des lettres-patentes, et écrit même aux officiers municipaux de la ville, pour les engager à favoriser cet établissement.

En 1628, après s’être vu refuser l’ouverture des portes de la ville, arrivant de Saint-Lyé, où l’évêque les reçoit, les Ursulines viennent enfin à Troyes.

Les Congrégantines de Châlons sollicitent l’achat du collège de la Licorne, pour y établir aussi un couvent de leur ordre. Cette maison parait commode aux Ursulines, il y a plusieurs enchères de part et d’autre, et les Congrégantines l’emportent. Cependant, leur établissement n’empêche point d’admettre les Ursulines avec l’offre de sept mille livres pour être employées à la réunion des hôpitaux.

Jacques Dorigny, seigneur de Fontenay, receveur du Taillon en l’élection, leur offre la maison du Marché à blé (place Jean Jaurès) " où pendait pour enseigne le Laboureur, et elles s’y logèrent au mois de juillet de la même année 1628 ".

L’année suivante, se trouvant trop à l’étroit, elles font l’acquisition de l’hôtellerie du Dauphin (rue Turenne).

Les officiers municipaux voyant qu’ils n’ont pas été consultés pour cet achat, s’y opposent et veulent empêcher les Ursulines de s’établir à l’hôtellerie du Dauphin, alléguant que le procédé de ces religieuses est contraire à l’un des articles d’une assemblée tenue à l’évêché, qui dit expressément « qu’elles ne pourraient acquérir place, maison et bâtiments sans la permission du bailli de Troyes ou de son lieutenant, et des procureurs du roi, maire et échevins .

Mais ces religieuses, ne veulent pas abandonner leur projet, et continuent de poursuivre l’aménagement de leur nouvel établissement.

Le maire fait cesser les ouvrages, congédie les ouvriers et saisit les clefs de la maison.

Lorsque le roi Louis XIII vient à Troyes, le 23 février 1630, les Ursulines s’adressent à monsieur de Marillac, garde des sceaux de France, et lui demandent sa protection et l’autorisation de se retirer en la maison du Dauphin.

Ce seigneur leur promet toute satisfaction, et le corps de ville ayant d’ailleurs besoin de sa protection, consent aux vœux des religieuses et leur remet les clefs de la maison du Dauphin.

En 1708, les Ursulines ne se trouvent pas assez au large, et achètent L’hôtellerie des Trois Maures, proche de leur monastère, et dans la même rue.

 Ces religieuses dirigent des écoles publiques et gratuites pour les jeunes filles. Malgré cela, en 1726, il leur est reproché de n’admettre dans leurs classes que des jeunes filles appartenant aux classes aisées. Leur église est dédiée à sainte Ursule.

Le 23 juin 1756, une religieuse de ce couvent descend dans une cave où du fumier a été mis pour faire une couche, et tombe évanouie. Une autre, qui la suit est aussi frappée de la même vapeur mortelle, deux ou trois autres éprouvent le même malaise. " Des particuliers accoururent à leurs cris sans oser descendre en cette cave. Un garçon plus hardi le tenta, mais se trouvant saisi il remonta sur le champ, puis, s’étant abreuvé d’eau-de-vie, il se fit lier par le corps, descendit une seconde fois et retira les religieuses par le moyen d’une corde ".

Les secours ne sont inutiles, que pour une seule, qui y perd la vie.

Le 20 mai 1779, les Ursulines posent la première pierre de nouveaux bâtiments d’une maison achetée aux religieux Antonins, l’ancienne commanderie de Saint-Antoine, de Saint-Martin-ès-Vignes qu’elles ont réparée et augmentée.

Le 21 juin 1780, les travaux sont terminés, les religieuses vendent leur maison de la ville à des particuliers.

En 1804, l’école des Ursulines regroupe plus de 300 jeunes filles pauvres.

En 1831, le Petit Séminaire s’installe dans leur maison, à laquelle se substituera en 1907, le Lycée de Jeunes Filles (toujours actuellement).

En 1921, les Ursulines ouvrent avec le Docteur Pâris, une clinique 17, rue Raymond Poincaré.

En 1937, Monseigneur Heintz évêque de Troyes, réalise la fusion des Ursulines de Chavanges avec celles de Troyes.

En 2012, la clinique s’appelle Polyclinique des Ursulines, fait partie du groupe Vitalia, regroupe 47 médecins spécialistes, et possède 82 lits.

3.000 religieux et religieuses Ursulines peuplent plus de 300 maisons dans le monde entier.

 

 

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