Congrégation
du Bon Secours
Paul-Sébastien Millet
naît dans le petit village aubois, le Mériot, le 21 mai 1797, dans les remous
de la Révolution française. Il entre au Petit Séminaire de Troyes, le 12
janvier 1816. Il est ordonné prêtre le 31 août 1823, et devient vicaire
d’Arcis-sur-Aube, le 1er juin 1824.
Il découvre que les
malades de toutes catégories sociales manquent de soins efficaces et sont
souvent abandonnés dans les campagnes mais aussi dans les villes. Mal soignés,
la mort est précoce et la cellule familiale se détériore rapidement, tant au
niveau de la cohésion de la famille qu’au niveau de la vie de foi.
Il est inspiré de
fonder une congrégation de religieuses qui, selon lui, pourraient porter remède
au dépérissement de l’esprit de foi et de la famille, par la garde et le soin
des malades à domicile, dans un service gratuit.
Une anecdote peu connue
: le 15 mars 1840, la maison d’Arcis du Maréchal Ludot est à vendre : mise à
prix, plus de 10.000 fr. Se portent acquéreurs : la ville d’Arcis, M. Lasnier
marchand de grains, tous deux voulant absolument l’acheter et Pierre Néty le
charpentier. M. Lasnier vient de mettre 100 fr, ce qui porte à 12.500 fr
l’enchère. M. Néty ajoute 100 fr, cela fait 12.200 fr. A ce moment, M. Lasnier
se trouve mal : on le sort de la salle, on lui donne de l’air, on se procure de
l’eau sucrée… Enfin, on oublie l’adjudication… et la petite chandelle allumée
pour la mise de Néty s’éteint ! La maison lui est adjugée ! Mais pour qui M.
Néty enchérissait-il ? Pour l’abbé Millet !
Le 25 mars 1840, l’abbé
fonde pour le soin des malades à domicile, la congrégation de Notre-Dame du Bon
Secours, qui célèbre chaque année, le 25 mars, son entrée dans l’église. Ce
prêtre se dévoue sans compter auprès des enfants pour leur instruction et
auprès des malades pauvres, et il souhaite que sa communauté prenne racine à
Troyes, chef-lieu du diocèse.
En 1841, une maison de
Saint-André-les-Vergers offerte pour des religieuses institutrices, devient
libre. Le curé l’offre au Père Millet.
Dix sœurs en voile à
Arcis, c’est beaucoup pour les besoins d’une petite ville, même si elles vont
parfois dans les villages avoisinants. Les habitants de Troyes n’ont pas
réclamé les sœurs, qui ne sont connues que d’un petit nombre de Troyens. Elles
sont donc reçues sans enthousiasme, mais sans hostilité. Bientôt, mieux
connues, les sœurs sont beaucoup demandées et ne suffisent plus à la tâche. Il
faut du renfort. Heureusement, les vocations commencent à venir plus
régulièrement. Le renom des sœurs s’établit en ville, et les prêtres ne sont pas
les derniers à en faire l’éloge.
La décision est prise :
il faut que les sœurs se consacrent au soin des malades à domicile. C’est le
pressentiment que le milieu est un facteur de guérison, l’hospitalisation à
domicile le dit assez aujourd’hui ! La sœur ira donc à domicile, souvent et
longuement. Le Père Millet sait bien qu’une amitié ne se noue pas en un jour ou
par de brèves visites, le temps d’administrer un remède. Il ne s’agit pas de
porter le pain de la boulangère malade, ni de traire une vache, mais suppléer
la ménagère défaillante dans les mille petits travaux quotidiens, va établir un
lien profond qui permettra l’échange au-delà des soins. C’est une véritable
solidarité avec tous ces pauvres gens que la Congrégation a rencontrés.
Pauvres, sans espoir, vaincus de la vie qui allaient sombrer dans le
découragement et l’oubli.
Le 24 octobre 1843, la
communauté s’installe dans des locaux provisoires, rue Hennequin, et en octobre
1849, rue du Cloître Saint Etienne.
Le 24 février 1863,
c’est reconnaissance par le Saint-Siège.
A la veille de la
Séparation de 1903, cette congrégation compte 119 maisons répandues en France :
Algérie, Tunisie, Belgique, Italie, Espagne, Angleterre, Suisse et États Unis,
et 7 dans l’Aube.
Au 31 décembre 1989, il
n’en subsiste plus que 27, dont 3 dans l’Aube.
Troyes est la Maison Mère.
Le centre de soins infirmiers Bon Secours est
une association loi 1901 créée en 2008.
Initialement gérée par des religieuses, le personnel laïc a repris l'activité
des sœurs depuis 2009.
Congrégation
des sœurs Clarisses
Les Clarisses, ou ordre
des Pauvres Dames, tiennent leur nom de sainte Claire d’Assise (1193-1253).
Conquise par l’idéal de
pauvreté prêché par François d’Assise, Claire d’Assise crée cet ordre en 1212,
à sa demande. A 18 ans, ayant fait profession de foi devant lui, elle coupe sa
longue chevelure blonde et revêt la bure. Elle rédige la règle de son ordre :
moniales cloîtrées, contemplatives, bannissant toute propriété individuelle ou
collective. Ce nouvel Ordre se développe rapidement et le pape Innocent IV en
approuve la règle en 1253.
Le comte Thibaud V de
Champagne a épousé une fille de Saint-Louis, Isabelle de France. La tante de
celle-ci, également dénommée Isabelle, sœur de saint Louis, fonde à Longchamp
en 1255, un monastère de Clarisses.
Ces religieuses
reçoivent du pape Troyes Urbain IV (1261-1264), le 22 juin 1264, leur règle
définitive, d’où le nom d’Urbanistes qu’elles portent concurremment avec celui
de Cordelières et Petites Cordelières. Le pape troyen adoucit la règle
primitive, en permettant à cet Ordre de recevoir des dons et de posséder des
biens et des revenus.
En 1269, la comtesse de
Champagne Isabelle appelle des Urbanistes à La Chapelle-Saint-Luc où le lieu-dit
La Cordelière existe toujours. Elles ont aussi une maison à Troyes, dans le quartier
de la Juiverie ou la Broce aux Juifs, au centre duquel se trouve précisément le
couvent des Cordeliers.
Le premier monastère
des religieuses Franciscaines de Troyes est fondé par M. l’abbé Jean-Baptiste
Heurlaut (1816-1887), curé de Maizières-les-Brienne, originaire de
Ville-sur-Terre, ayant fait ses études au Grand Séminaire de Troyes. Il
songeait à fonder dans sa paroisse une petite communauté de religieuses. Il
réalise ce dessein avec l’aide d’une jeune fille dont il connaissait les
secrètes aspirations à la vie du cloître et l’amour ardent pour la
Sainte-Eucharistie : Joséphine Bouillevaux, née à Maizières le 1er juin 1820,
décédée à Troyes le 8 août 1871. Après ses études à la Visitation de Troyes,
elle avait crée dans sa paroisse une école de filles.
En 1846, l’abbé
Heurlaut transforme la direction de l’école en communauté : « Les Sœurs de
l’Immaculée Conception ». Fondateur et fondatrice revêtent l’un après l’autre
les livrées franciscaines. En 1851, l’abbé Heurlaut prend le nom de Père
Bonaventure et un an après, Joséphine Bouillevaux devient Sœur Marie de Sainte
Claire, pour son admiration de Sainte Claire et de Saint François d’Assise. Le
8 janvier 1854, la petite communauté s’installe à Paris, rue d’Enfer.
Le 15 décembre 1854, le
Père Bonaventure procède aux premières vêtures. Devenues Religieuses
Franciscaines du Très Saint-Sacrement, le 24 mai 1856, elles obtiennent le
privilège si désiré, de l’Adoration perpétuelle jour et nuit.
Le 15 juillet, les
Sœurs quittent Paris pour Troyes, où elles emménagent dans une maison située
rue du Cloître Saint-Pierre, devenue rue Mitantier. Les corps de bâtiment
datent des XII° et XIV° siècles, s’agissant d’une ancienne maison canoniale.
Leur chapelle est installée dans un dortoir. Les Franciscaines obtiennent de
l’exposition permanente du Saint-Sacrement, jour et nuit. En 1872, l’Ordre est
cloîtré, suite au souhait de Mère Marie de Sainte-Claire. Depuis le 10 juin
1969, avec l’autorisation du Saint-Siège, les Sœurs adoptent la Règle de Sainte
Claire d’Assise, d’où le changement de nom en Clarisses.
Monseigneur Cortet,
évêque de Troyes, pour trouver des fonds afin d’ériger une chapelle, fait imprimer
une image vendue 1 F à l’époque. Le 17 septembre 1875, la première pierre de la
chapelle est posée, et est consacrée par Monseigneur Cortet en juillet 1879,
qui dépose à l’autel les reliques de SS. Calixte, Eugène et Sabin martyrs. Elle
est placée sous le vocable de Notre Dame des Anges, comme celui de la Chapelle
d’Assise où saint François a commencé la fondation de l’Ordre des Franciscains et où sainte
Claire prit l’habit et fit profession.
La chapelle est en
pierre, avec voûtes lambrissées. Le tympan est percé par un triplet. En partie
détruite durant la guerre, elle est reconstruite de façon identique en 1945.
Elle mesure 17 m sur 6,20 m et a 9 m de haut dans la nef et 12 dans le
sanctuaire. Elle peut accueillir 120 personnes. Sur l’ogive du chœur est écrite
la devise des sœurs Clarisse : « Rendons grâce à Dieu par Jésus au Très Saint
Sacrement ». Le Très Saint Sacrement est
continuellement exposé.
Mère Marie de Sainte
Claire est enterrée dans la clôture du monastère de Troyes.
Le père Bonaventure est
enterré dans le cimetière de Nogent sur Aube.
Le 10 décembre 2011,
dans la chapelle réhabilitée, un nouvel autel est consacré par Mgr Marc
Stenger, évêque de Troyes. Dans cet
autel, ont été déposées les reliques des saints martyrs Callixte, Eugène et
Sabin, provenant de l’autel précédent,
plus celles des saintes Agathe et Apolline, des saints Bernard de Clairvaux,
Frobert, sainte Exupérance, et un fragment de l’aube du Père Bonaventure Heurlaut, fondateur de l’Ordre, et un morceau
de l’habit de Mère Marie de Sainte Claire Bouillevaux, fondatrice des Clarisses
de l’Adoration perpétuelle.
En 2017, sœur
Marie-Antoinette, violoniste professionnelle avant son appel à la vie
religieuse, sort son 3ème disque au profit de la rénovation du
monastère, rue Mitantier.
Congrégation
des sœurs de la Providence
Nicolas Boigegrain naît
le 7 mars 1763, d’origine paysanne, d’un milieu très chrétien. A 10 ans il
entre au Petit Séminaire de Langres et le 22 décembre 1787, il est ordonné
prêtre.
En 1789, il est nommé
desservant de Pargues (6 km de Chaource). Après les difficultés de la
Révolution Française, avec l’aide de 4 jeunes filles qui veulent consacrer leur
vie à Dieu, pour le service de l’éducation des enfants et à l’assistance des
malades et des personnes âgées, il ouvre, en 1819, une petite école qui se
remplit d’enfants.
Rapidement, d’autres
jeunes filles accourent des pays voisins, et en quelques années elles
deviennent nombreuses et se répandent dans tous les coins du département pour
ouvrir de nouvelles écoles.
En 1834, la
Congrégation du chanoine Boigegrain compte plus de 80 membres et a 16 maisons
de dépendance, implantées dans 4 diocèses.
Le siège est transporté
à Troyes, où les religieuses arrivent le 15 octobre 1834, et s’installent rue
des Terrasses, dans l’immeuble qu’elles occupent encore aujourd’hui.
En 1835, la
Congrégation est reconnue par ordonnance du Roi Louis Philippe.
Les religieuses fondent
le pensionnat Saint Nicolas, boulevard Victor Hugo, sur l’emplacement du « château de la Vicomté ». Il est supprimé
par la loi de 1904, interdisant l’enseignement aux congrégations religieuses
(60 écoles sont supprimées dans le département de l’Aube).
Après la suppression de cette loi, en 1940, la Congrégation peut de nouveau enseigner et fonde en 1950, l’école Marguerite Bourgeoys. Le pensionnat est alors transformé en clinique chirurgicale (Clinique du docteur Mérat), qui reçoit de nombreux patients jusqu’en 1979. A cette date, les Religieuses décident d’utiliser les bâtiments pour en faire une maison d’accueil des personnes âgées qui prend le nom de « Maison de Retraite de la Providence ». La chapelle de la rue des Terrasses est construite en 1858. Elle peut recevoir 120 personnes plus 50 à la tribune. La bénédiction est faite par Monseigneur Pierre-Louis Coeur évêque de Troyes, dédiée à la Divine Providence et placée sous le vocable de Sainte Anne.
En 1859, c’est la
translation du cœur du vénéré fondateur, Nicolas Boigegrain, déposé dans un
coffret en plomb et scellé dans le mur.
Deux autels
particuliers dédiés à la Sainte Vierge et à Saint Joseph, sont placés dans 2
chapelles latérales. La pierre d’autel contient les reliques de Saint Lupien,
martyr de Troyes, Sainte Jule martyre de Troyes, Saint Augustin, Saint Loup,
Saint Bernard, Saint Louis de Gonzague, Sainte Thérèse d’Avila, Sainte Maure
vierge de Troyes et Sainte Monique. Quelques joyaux de cette chapelle : un
retable évoquant la dormition de la Vierge, un grand tableau de Sainte Anne
initiant la Vierge enfant à la lecture de la Sainte Bible, une statue de Saint
Michel, et de très beaux vitraux.
Une chapelle est
aménagée boulevard Victor Hugo en 1887, dans une maison particulière. Elle est
bénite le 30 juin 1888 par Monseigneur Cortet et est dédiée à l’Immaculée
Conception de la Vierge Marie. Elle est de petite superficie : 10 m x 9,30 m,
avec une tribune qui surplombe la pièce. Elle est chaude par ses boiseries et
son plancher de chêne. En 1899, elle est embellie de nombreux vitraux
historiés, avec personnages : Sainte Jeanne d’Arc, Saint Dominique, l’Ange
gardien, Sainte Appoline, Saint Joachim, Sainte Anne, Saint Louis Roi de
France, Saint Stanislas Kostka, Saint JeanBerkmans, Saint Louis de Gonzague,
Sainte Cécile, Sainte Elisabeth de Hongrie, Sainte Agnès, Sainte Catherine, et
les apôtres Saint Pierre et saint Paul. Un certain nombre de statues de style
Saint Sulpice ornent la chapelle. La chapelle peut recevoir jusqu’à 70
personnes plus une trentaine à la tribune. Elle est privée, réservée pour les
résidents de la maison de retraite.
La Ville de Troyes
rachète l’immeuble, le démolit, et attend des propositions pour faire un pôle
attractif avec la Bourse du Travail. Les religieuses transfèrent leur maison de
retraite dans leur propriété rue des Terrasses, où elles ont construit des
bâtiments neufs.
Les Cordeliers
En 1236, le mystique saint
François d’Assise prêche la pauvreté et l’humanité, et crée, avec Thibaut IV,
comte de Champagne, les frères franciscains ou frères mineurs, plus connus à
Troyes, sous le nom de Cordeliers. Leur nom leur est attribué par Jean de
Beaufort, lors de la septième croisade. Pendant la croisade de 1250, le roi
Saint Louis remarque des religieux très combatifs envers les Sarrasins, et
demande leur nom. On lui répond qu’ils sont « de cordes liés » (cordeliers). En
effet, ces moines portent sur leur robe de bure brune ou grise, une grosse
corde, armée de nœuds de distance en distance, qui tombe presque jusqu’à leurs
pieds et d'un capuchon court et arrondi.
D’abord fixés au
faubourg de Preize, non loin de la porte dite de César ou de Comporté qui donne
entrée à la ville sur l’actuel boulevard Danton, à la hauteur du Cirque, ils y
demeurent environ 20 ans. Le Frère Jean, profès de la maison et docteur de
Paris, sollicite auprès du Comte Thibaut V, la création d’un autre
établissement à Troyes. Le pape Alexandre IV, le 14 juin 1259, donne une bulle
à cet effet, et la première pierre dans le quartier de la Broce-aux-Juifs (où
se trouve aujourd’hui la Maison d’Arrêt de Troyes), est posée par Nicolas de
Brie, évêque de Troyes, le 14 juin. L’édifice fut achevé en 1263, et dédié sous
le vocable de Saint-Jean-l’Evangéliste et de Sainte-Madeleine.
En octobre 1263,
Thibaut, comte de Champagne, permet aux Cordeliers d'étendre l'emplacement de leur établissement jusqu'au
fossé de la tour royale, en y comprenant une ruelle qui séparait le couvent de
la tour.
En 1271, le comte Henri
III fit encore acheter en son nom quelques maisons et places pour augmenter le
couvent et le fermer de murailles, et ratifia les donations de son frère
Thibaut V. Depuis la réunion de la Champagne à la couronne, nos rois ont
confirmé l’établissement des Cordeliers.En 1299, Philippe le Bel ordonne au
bailli de Troyes « et à tous les justiciers de prendre ce couvent sous leur
protection et sauve garde, et de les maintenir dans leurs privilèges ». Louis X
le Hutin, en 1315, leur « fit rendre des aumônes et des legs pieux qui leur
étaient refusés, et manda au bailli de Troyes de faire jouir ces religieux
d’une place qui avait communication jusqu’à la Tour Royale ». Charles V, en
1378, fit rétablir la place du jardin et la rue ou passage entre le couvent et
la cour. En 1381, Charles VI exempte les Cordeliers de tous droits d’entrée
dans la ville. Charles VII, en 1432 leur remit une rente qui lui était due sur
leur jardin, et amortit toute l’enceinte de leur couvent. Le 22 juin 1472, le
pape Sixte IV accorde pour 20 ans des indulgences de 100 ans et autant de
quarantaines aux fidèles qui donneront des aumônes pour la librairie ou
bibliothèque placée au-dessus de la chapelle de la Passion et pour la
réparation des autres bâtiments. Le 22 juillet 1475, le pape étend à perpétuité
les indulgences précédentes. C'est par ces aumônes que fut achetée la chapelle
de la Passion, détruite seulement en 1863. Louis XI les confirme dans « le
droit de funérailles qui leur était disputé par les curés de Saint-Jean et de
Saint-Remi. En 1476, Nicolas Guiorelli, docteur de Sorbonne, fait le projet de
la chapelle de ce couvent, et intéresse à sa construction le pape Sixte IV,
avec qui il a fait ses études.
François 1er leur remit
« un cense de quarante sols pour une
partie de leur jardin, et leur accorde, en 1529, le Franc-salé, de six minots
de sel », à la sollicitation du Père Antoine Vriot, docteur de Sorbonne. Dans
la suite, ils n’ont plus joui que de 4 minots, et en 1574, ils ont encore
essuyé la suppression d’un minot.
En 1546, le provincial
Morelli, natif de Troyes, fit construire l’aile du côté de la sacristie et les
2 autres, avec le bâtiment qui regarde la rue du Bois et celui qui sert
d’écurie aux chevaux de la maison du roi. Le provincial Regnault de Marescot le
fit achever en 1581, et l’orna de diverses peintures « que le laps des temps a
gâtées ». Ce Regnault fit aussi présent du pupitre de cuivre et du beau calice
de vermeil qui n’a pu être vendu en 1689, lorsque le roi fit vendre les
argenteries des sacristies, parce qu’on vit ces mots gravés au bas : « Non
venundetur ». Jusque vers la fin du XVI° siècle, le couvent de Troyes fut très
florissant, c'était "une pépinière de grands hommes, une source féconde de
vertus, de science et d'éloquence qui alimentait les autres maisons du même
Ordre. On compta plus de 60 religieux dans le couvent de Troyes, mais au
commencement du XVII°, siècle ils n'étaient plus que 30, en en 1780, 12
seulement.
L’église des Cordeliers
est grande et belle. C'est un vaisseau unique comportant 5 arcades dans la
longueur. L’édifice subit des transformations importantes du XIV° au XVI°
siècle. Le jubé, construit en pierre est décoré d’ordre dorique. Des sculptures
remarquables qui la décoraient, quelques unes nous sont restées : le groupe
polychrome des saints Crépon et
Crépinien, aujourd'hui à Saint-Pantaléon, une Mater dolorosa et un Saint
Jean, à Saint-Urbain, l'Ecce homo dont a hérité la cathédrale, et deux culs de
lampe recueillis au Musée. L’église renferme la bibliothèque. Ces belles
constructions sont dans le genre gothique. On voit sur l’un des vitraux,
l’histoire d’une mère, qui, pendant le siège de Jérusalem par Titus, fit rôtir
à la broche son propre fils et le mangea ! Il y avait autrefois dans cette
église une très belle vierge d’albâtre, mais une disette de vin s’étant fait
sentir, les Cordeliers la vendirent à des religieux proche de Tonnerre, afin
d’avoir du vin pour offrir le sacrifice de la messe.
En 1629, le roi cède «
aux bons pères cordeliers », certains bâtiments servant aux réunions publiques.
Près de l’entrée du
couvent, qui se trouve en face de l’actuelle rue du Paon, 2 galeries couvertes
en bois sont aménagées, où le public vient entendre les sermons. Aussi
l’endroit s’appelle « le prédicatoire ». Et cependant, ce genre populaire
n’empêche pas que l’église des Cordeliers ne soit fréquentée par la haute
société troyenne.
Le vaisseau de la bibliothèque fut bâti en même temps que la chapelle. M. Hennequin, docteur et lecteur en théologie de la maison et société de Sorbonne, le trouva digne de servir de dépôt pour les livres qu’il voulait consacrer au service de ses compatriotes. Il en fit la donation le 22 novembre 1651, et, après sa mort en 1658, tous les livres, manuscrits et imprimés y furent déposés. Deux ans après, le chapitre provincial ratifia cette fondation, et les Cordeliers promirent « d’approprier le lieu qui serait appelé - La Bibliothèque de Troyes - ». Ils s’obligèrent en même temps d’établir un bibliothécaire pour ouvrir la bibliothèque les lundis, mercredis et vendredis, depuis midi jusqu’au soleil couchant. M. Hennequin nomma, pour inspecteurs ou surintendants, l’Evêque de Troyes, le doyen de la cathédrale, le doyen des conseillers du bailliage et celui des conseillers de ville, qui doivent en faire le recollement tous les 3 ans. A la donation, il joignit 2.400 livres qui furent placées sur l’Hôtel-Dieu qui devait payer l’intérêt annuel aux Cordeliers. Dès cette époque commence de se former une bibliothèque publique à Troyes et dont l’actuelle en 2000, à vocation régionale, a recueilli les richesses.
Louis XIV, vers 1705,
donne des subsides, pour réparer l’église « qui menaçait ruine ».
Ce couvent devient
rapidement un centre très actif de la vie religieuse, la prédication
franciscaine, essentiellement populaire, y contribuait. Mais ce nouvel
établissement ne fut pas sans difficultés. Les chapitres de Saint-Pierre et de
Saint-Etienne, et les curés de Saint-Jean et de Saint-Remi s’y opposèrent sous
prétexte de droits annuels qui leur étaient dus sur quelques maisons. Frère
Jean poursuivit l’affaire et la fit porter au pape Alexandre IV. Le souverain
pontife nomma des arbitres, et il fut ordonné que les Cordeliers feraient une
rente de 20 livres au chapitre de Saint-Etienne et au curé de Saint-Remi, ce
qui fut exécuté et payé par les procureurs du comte de Champagne.
En 1414, l’évêque de
Troyes convoque un synode, réunion préalable avant l’ouverture du concile de
Constance. Il se tient dans le réfectoire des Cordeliers. Il se compose de
prélats, d’abbés, de docteurs et d’autres députés au concile de Constance et
est présidé par le patriarche d’Antioche.
Les cordeliers sont
très populaires à Troyes. Des legs nombreux et le choix de ce lieu pour la
sépulture de personnages notables en sont la preuve. Une noble dame y est
inhumée en 1270, l’évêque Pierre de Villiers, à la fin du XIV° siècle, dans le
chœur fut inhumé, en 1507, le P. Raphaël Lebel, ancien Provincial, nommé par le
Pape Alexandre VI, à l’évêché de Tégitane, et donné pour suffragant à l’évêque
de Troyes. Sous une arcade pratiquée dans la muraille du chœur est le tombeau
de Michel Juvénal des Ursins, seigneur de la Chapelle-Gonthier, et bailli de
Troyes, mort en 1470, et d’Yolande de Montberon son épouse. Dans la chapelle de
saint François fut inhumé Oudart Colbert, seigneur de Villacerf, Saint-Pouange
et Turgy, Robert de Chantaloë, seigneur de Baire, mort en 1535, et Catherine
Dorigny son épouse, en 1550. On remarque encore la sépulture de Jacques de
Mauroy, écuyer, seigneur de Plyvot, mort en 1561, et inhumé devant la chapelle
du saint nom de Jésus, qu’il avait fait construire. Dans le caveau pratiqué
sous le sanctuaire, sont Pierre Pithou mort en 1596, et François Pithou son
frère, mort en 1621, avec leurs épitaphes. Pierre composa lui-même la sienne,
et il ordonna qu’elle fut mise sur son tombeau. Cette église possède aussi les
cendres de Claude et Henri Mauroy, Cordeliers, natifs de Troyes, morts l’un en
1570 et l’autre en 1572.
En 1493, le maire
Edmond Boucherat est élu au réfectoire des cordeliers. En 1504, le chapitre
général des cordeliers se tient à Troyes. Le général de l’Ordre en est le
président. Le Pape attache à cette réunion des pardons et des indulgences. Ce
chapitre est « le plus considérable de l’Ordre ». Lors de son décès, le corps
du cardinal Charles de Lorraine, archevêque de Reims, est reçu en grande
cérémonie au couvent des Cordeliers, où le service se fait aux frais de la
ville. Lors de l’épidémie de la peste noire, en 1582, le Conseil de ville fonde
aux Cordeliers, un service en l’honneur de Saint-Roch, qui est continué
jusqu’en 1790.
Des confréries, des
corporations eurent leur siège dans ce couvent, plusieurs chapitres généraux et
provinciaux s’y tiennent, et en 1763, un chapitre extraordinaire, organisé pour
l’élection d’un provincial, est présidé de la part du roi, par Joseph de
Barral, évêque de Troyes.
Le couvent des
Cordeliers de Troyes « a produit beaucoup de religieux recommandables par leurs
vertus et par leur science. Il y a eu plusieurs docteurs et provinciaux qui se
sont distingués par leur sagesse dans le gouvernement ». On a vu jusqu’à 60
religieux dans cette maison. En 1783, ils ne sont plus que 12, sous la
dépendance de la custodie de Champagne (une custodie dans la famille
franciscaine est une sous-province dépendant d'une province). En, 1789, les
Cordeliers possèdent en France 284 couvents, qui sont tous fermés en 1790.
L'église des Cordeliers est alors affectée à une écurie de passage pour la
cavalerie. Ce bel édifice, disparut définitivement en 1835, après de
successives déprédations.
La rue des Cordeliers a
été tracée sur l'enclos qui séparait le couvent des Cordeliers du Château des
Comtes de Champagne. Elle s'appelait avant le 12 août 1851, rue des
Nouvelles-Prisons.
Le Couvent de la Visitation
Ce n’est donc que le 14 mai 1631, que 4 sœurs et 2 novices arrivent en carrosse et entrent dans la maison des Filles-Pénitentes. Elles s’installent tout d’abord à la Commanderie du Temple (où est actuellement le cours Saint François de Sales), puis faubourg Croncels. Saint François de Sales reçoit le vœux des 3 premières mères de la Visitation : sainte Jeanne de Chantal, mère F… et mère J. de Brécharel.
Elles s’installent à la Piolée, où la première pierre est posée le 7 décembre 1633, au nom du roi, par Monsieur de la Fémas intendant de Champagne, avec l’inscription suivante: " Cette Pierre fondamentale de l’église et monastère de la Visitation de Sainte-Marie, a été posée au nom du roi très-chrétien Louis XIII, roi de France et de Navarre, fondateur dudit monastère, par messire Isaac de la Fémas, conseiller de Sa Majesté en les conseils d‘état et privé, maître des requêtes ordinaire de son hôtel, et intendant de la justice, police et finances ès provinces de Champagne, la bénédiction et cérémonie requises faites et observées par messire René de Breslay, évêque de Troyes...". La Cour de France, pour construire le monastère, fait un don de 6.000 livres.
16 religieuses s’installent
le 17 octobre 1635. Elles ont la joie de recevoir le 12 avril 1636, la visite
de sainte Jeanne de Chantal.
Des centaines de
religieuses vont se succéder dans ce monastère, l’éducation chrétienne sera
dispensée à des milliers d’enfants, l’essor de très nombreuses oeuvres sociales
prendront naissance grâce à ce monastère.
En 1649, Louise-Marie
de Gonzague, reine de Pologne, épouse du roi Casimir, désire avoir dans ses
états une maison de religieuses " qui voulussent retirer chez elles des
filles pénitentes, jeta les yeux sur les Visitandines, chargea Monsieur
Desnoyers, secrétaire de Sa Majesté et mademoiselle de Lamoignon, de traiter de
cette affaire avec les religieuses de la Visitation... ".
La proposition est
agréée par le pontife et par les religieuses. " Pour compléter le nombre
de 12 désiré par la reine on s’adressa aux Visitandines de Troyes qui entrèrent
dans les pieuses vues de cette princesse, et donnèrent 7 religieuses. "
Après de multiples
péripéties, elles arrivent à Varsovie le 30 juin 1654. La reine les reçoit avec
une joie inexprimable, et leur témoigne la satisfaction la plus parfaite et
l’affection la plus tendre. Elles apprennent alors que cette princesse ne
destine plus leur maison pour des filles pénitentes, qu’elle aime mieux
prévenir les désordres par une sage éducation, et qu’elles sont préposées à
l’instruction des pauvres petites filles, pour laquelle " elles
tiendraient des écoles par 6 tourières consacrées à cette fonction ". Elles
sont mises en possession de leur monastère avec la plus grande solennité et
" avec une pompe vraiment royale ".
La mère Claude-Agnès
Camusat du couvent de Troyes, est deux fois supérieure de la maison de
Varsovie, et y meurt en odeur de sainteté.
Elle trouve alors un
monastère vivant, un pensionnat en plein essor, et elle va y remettre tout son
cœur. De suite ses filles trouvent en elle une vraie mère, faisant " tout
par amour et rien par force ", même si ce n'est pas sans effort qu'elles
retrouvent tout d'abord l'esprit d'obéissance et d'abandon cher à la Visitation
imposé par leur nouvelle mère. Mais les fruits sont si rapides qu'elles se
mettent bien vite à sa suite, et ce n'est pas sans raisons qu'elle sera
surnommée la " Bonne Mère " par les habitants de Troyes.
Un jour, elle voit un
jeune séminariste accompagnant un prêtre venu donner le Sacrement des malades à
une religieuse. Le Seigneur s'ouvre alors à elle, et la mère confie au prêtre :
" Vous nous avez amené aujourd'hui notre confesseur. Il faut nous le
réserver car Dieu nous l'a choisi ". Et en effet, ce jeune séminariste, M.
l'abbé Brisson, sera aumônier et confesseur de la Visitation 44 ans durant.
S'est réalisé le voeu
que formulait la Mère Marie-Jacqueline Favre : " Nous espérons, avec la
grâce de Dieu, que ces commencements seront suivis d'un heureux progrès, et que
cette œuvre réussira à la gloire de Dieu. Qu'il en soit béni à jamais... Ce 9
juillet 1631 ".
Aujourd’hui, après 381
ans de présence à Troyes, la Visitation Sainte Marie est toujours un ordre
contemplatif cloîtré, les sœurs se consacrent entièrement à Dieu, abandonnant
la vie dans le monde, pour une vie communautaire, chacune dépendant des autres.
Le
Carmel
Le couvent des
Carmélites de Troyes doit son origine à Marie de Mesgrigny, épouse de Jacques
de Vignier, marquis des Riceys, conseiller d’État, maître des requêtes,
intendant des finances, président aux États de Bourgogne.
En septembre 1620, elle
fait venir à Troyes six Carmélites, et leur offre la maison de son père, sa
maison natale, un hôtel particulier, situé où se trouve notre Palais de Justice
actuel.
Soeur Marie de la
Trinité, première Carmélite de France, est nommée première supérieure de ce
couvent.
En 1630, faubourg
Croncels, est fondé le nouveau couvent, sous le titre de Notre-Dame de Pitié,
nom reçu par Marie de la Trinité, au cours d’une vision.
La reine Anne
d’Autriche, entourée des grands personnages de la Cour, pose la 1ère pierre,
lors d’une fête brillante, le roi y ayant envoyé sa musique. (Lors de
différents travaux, il fut trouvé des vases de l’époque du monastère, qui
furent données au Musée de Troyes).
Pour ne pas se
soumettre à la suite de querelles provoquées par la fameuse bulle Unigenitus du
pape Clément XI, les Carmélites, préférant rester plus d’un an sans se
confesser, sont expulsées en 1749.
En1792 : dispersion des
Sœurs à cause de la Révolution. Leur couvent est vendu en 1793.
En 1794, elles se
rasemblent dans une maison du Cloître Saint-Etienne.
En 1828, les Carmélites
s’installent au faubourg Saint-Jacques notre avenue du 1ermai. Le nom vient de
ce que c’était la voie empruntée jadis par les pèlerins pour se rendre à
Compostelle. La première pierre de la chapelle est posée en 1855. En 1857, le
chapitre et les bâtiments sont terminés. Le vendredi 14 juin 1940 Troyes subit
de violents bombardements, lors de la prise de la ville par les Allemands.
L’Avenue du 1er mai brûle, ainsi que le Carmel situé à son extrémité. Un
premier miracle : la statue de la sainte Vierge, dressée au milieu d’un amas de
décombres, est la seule épargnée. Deuxième miracle : des soldats allemands
veulent alors détruire complètement cette statue. Ils tirent sur elle avec une
mitrailleuse. Les balles touchent la statue, sans l’abîmer, et se retournent
contre ceux qui les ont tirées et les tuent.
Cette statue se trouve
aujourd’hui à Saint-Germain, dans le jardin de la propriété, une ancienne
briqueterie, où le carmel s’est réinstallé en 1948, dans un beau monastère tout
neuf.
En 1997 il se
transforme en accord avec le Conseil Général, pour devenir " Maison de
retraite pour sœurs carmélites âgées ". Jusqu’en 2012, 23 carmélites
venant de 9 carmels continuent de donner vie à ce lieu. Dans un silence perpétuel,
matin et soir, elles consacrent une heure à l’oraison, toutes ensemble à la
chapelle ou dans leur cellule. La prière silencieuse, appelée oraison, est au
centre de leur vie. Elles consacrent une heure à la lecture spirituelle. En plus
de l’Eucharistie quotidienne, la Prière des Heures réunit la Communauté
plusieurs fois par jour : le matin (Laudes) au cours de la journée (Tierce -
Sexte - None) le soir (Vêpres) avant la nuit (Office des Lectures et Complies).
Carmélites
devant le Tribunal Révolutionnaire
Anne Donon, née à Maison les Chaource, âgée de 40 ans, en religion sœur Chrétienne chez les Carmélites, Angélique Vitasse âgée de 32 ans, Thérèse Chenet âgée de 58 ans, et 5 autres sœurs du couvent de la Visitation de la rue du Bac, sont arrêtées le 30 novembre 1793. Les religieuses sont au secret et endurent 5 heures de séance.
Elles refusent de
prêter le serment de liberté égalité, en disant qu’elles ne vivent pas sous le
régime de la liberté puisqu’elles sont prisonnières.
On les menace du
Tribunal révolutionnaire : elles répondent qu’elles iront avec plaisir.
" Renoncez-vous à
votre pension ?
Non, parce qu’elle
représente les biens qu’on nous a pris.
Mais la loi défend de
payer ceux ou celles qui refusent de lui obéir et comment vivrez-vous ?
La Providence aura soin
de nous.
Mais la Providence ne
vous donne pas de pain.
Nous ne demandons rien
à personne.
Comme la République ne souffre pas d’ennemis dans son sein, on vous déportera, où voulez-vous
aller ?
En France qui est notre
patrie."
La sœur Chrétienne
reste très ferme et refuse le serment. Le juge lui dit qu’elle est une menteuse
parce qu’elle n’a rien voulu avouer et comme elle se défend avec force, il lui
dit qu’elle est la plus méchante.
Une heure après minuit,
le 1er décembre les religieuses sont conduites dans une maison d’arrêt, sans
être munies des choses les plus nécessaires.
Cependant, un jour, à 2
heures du matin, les sœurs sont appelées et partent toutes, les unes après les
autres, pour être soumises à l’interrogatoire.
Les dernières
descendent à 5 heures du soir, et à "7 heures après le repas du juge
", la sœur Vitasse est conduite dans une grande salle.
Elle refuse obstinément
de révéler les noms des prêtres qui leur rendaient visite et de faire le
serment, malgré l’insistance pressante du juge et du commis greffier.
Elles sont alors mises
sur la paille deux par deux dans de grandes chambres qui ressemblent à des
caves par leur humidité et leur noirceur.
Elles y sont couvertes
de vermine, ce qui n’est pas une petite souffrance car elles ne peuvent avoir
la nuit un seul moment de repos.
Le 7 février, à 5
heures du soir, un huissier du tribunal et un gendarme viennent les prendre
pour les conduire à la Conciergerie.
Le Tribunal
Révolutionnaire de Paris juge l’affaire de ces 8 religieuses, prévenues de
fanatisme et de refus de jugement.
L’accusateur public lit
les chefs d’accusation, faux, qui sont tels, qu’elles pourraient aller à la
guillotine.
Le président demande à
sœur Chrétienne, après avoir procédé au même interrogatoire avec les autres
religieuses, si elle veut faire le serment ou non.
" Avez-vous
connaissance de cet écrit ? (c’était une pièce à conviction trouvée chez une
sœur et émanant d’un prêtre).
Je l’ai entendu lire à
la section et ici. "
Le président veut la
persuader qu’elle a avoué dans son interrogatoire.
Elle se défend
beaucoup, mais comme il veut lui soutenir qu’elle lui a dit, elle lui répond
avec beaucoup de vivacité :
" Non, mon père,
je ne l’ai pas dit ", ce qui fait beaucoup rire les autres religieuses,
ainsi que tous les assistants et le président lui-même est obligé de perdre sa
gravité.
Le défenseur commis
d’office, qui a été sur sa demande payé 200 livres d’avance, après une collecte
faite en faveur des religieuses dans leur prison, déclare que, à cause de leur
vie privée, il serait grand de ne pas les juger selon la sévérité des lois, et
ensuite il demande la permission de leur faire un sermon républicain, ce qu’il
fait sans les faire changer d’opinion.
Sans succès, alors que
beaucoup de personnes, gendarmes compris, leur adressent des exhortations à le
faire.
Enfin, après
délibération du jury, l’accusateur public les qualifie de vierges folles et lit
le jugement.
Malgré l’effrayant
réquisitoire, qui veut les impliquer avec les prêtres réfractaires contre la
Révolution et les principes de la liberté et de l’égalité qui en sont la base,
le tribunal se montre bienveillant.
Dans les questions
posées au jury, Dumas qui préside l’audience en insère une qui est résolument
négative et qui ôte au crime tout caractère intentionnel.
Ce fut leur salut.
Voici cette question :
" L’ont-elles fait
dans le dessein de troubler l’Etat par une guerre civile en armant les citoyens
les uns contre les autres et contre l’autorité légitime ? ".
Au lieu d’être
condamnées à la peine de mort, les religieuses en sont quittes pour la
déportation, qui n’a pas lieu, suite à la réaction thermidorienne.
Dumas fut guillotiné
après Robespierre.
Frères
prêcheurs, Dominicains
Le concile de Latran
autorise, en 1215, des ordres nouveaux, dont un ordre catholique né sous
l’impulsion de saint Dominique. Il appartient, comme l'ordre des Frères
mineurs, à la catégorie des ordres mendiants.
Les dominicains sont
des religieux mais pas des moines : ils ont la particularité de ne prononcer
qu'un seul vœu, celui d'obéissance, dans les mains du maître de l'ordre, les
vœux de pauvreté et de chasteté étant implicitement inclus. Ils ne font, par
contre, pas vœu de stabilité comme les moines. Ils vivent dans des couvents et
non dans des monastères. Leur vocation est de prêcher.
Ils portent un habit de
couleur blanche, composé de trois pièces : une tunique serrée par une ceinture
de cuir, un scapulaire (pièce de tissu sans manches, reposant sur les épaules),
un capuce (pièce de tissu reposant sur les épaules : il couvre le thorax
jusqu'au sternum et les bras jusqu'aux coudes, et se termine en pointe dans le
dos. Il comprend en outre une capuche).
L’établissement des frères
Prêcheurs ou Dominicains, plus connus à Troyes, sous le nom de Jacobins, est le
plus ancien de l’ordre de saint Dominique, qui est approuvé en 1216, par le
pape Honorius III.
Avant de partir pour
son voyage en Terre-Sainte, Thibaut le Posthume, comte de Champagne, demande au
fougueux saint Dominique quelques uns de ses religieux, pour les établir dans
la ville de Troyes, en juin 1232.
Il choisit à cet effet
l’emplacement d’une ancienne chapelle de Saint-Paul, ce qui explique que ces
religieux sont pendant un assez long temps appelés Frères de Saint-Paul. Ce
terrain est situé en bordure du rû Cordé, derrière le jardin de l’abbaye
Notre-Dame aux Nonnains.
En 1317, le roi de
France Philippe le Long, donne un canal de la Seine avec quelques maisons de
tanneurs, pour augmenter le terrain du couvent.
Une maison est bâtie
pour cent religieux, et l’on remarque qu’il n’y en a jamais eu moins pendant
quatre siècles. C’est par les soins des Jacobins surtout, que Troyes est préservée
des erreurs du Calvinisme. Cette congrégation a eu des hommes qui se sont
signalés par leur science et par leur piété, des prélats célèbres, d’habiles
prédicateurs, des directeurs éclairés et de savants docteurs, parmi lesquels on
distingue :
- Jean Hugo, de Troyes,
qui partagea avec saint Thomas d’Acquin " l’applaudissement général de la
faculté de Paris ", comme l’indiquait son épitaphe dans le couvent de
Troyes où il fut enterré,
- un général de
l’ordre, nommé Jean Clercé (ou Clerié), prédicateur et confesseur de Louis XII
et d’Anne de Bretagne, et ancien vicaire-général de la congrégation en
Hollande,
- Guillaume Rance qui
fut évêque de Seez, conseiller du roi Jean et exécuteur de son testament en
1364,
- plusieurs vicaires et
provinciaux,
- Pierre de Villiers,
confesseur de Charles V, évêque de Troyes (1375-1377),
- Guillaume Parvi,
évêque de Troyes (1518-1527),
- Simon l’empereur,
d’Argentan, vicaire-général de Claude de Beauffremont, évêque de Troyes
(1562-159 ), une des plus illustres familles du royaume,
- Nicolas Hennequin,
trois fois prieur des Dominicains, et vicaire-général de cette congrégation en
France au XVI° siècle, etc...
Depuis qu’une compagnie
des gardes du corps du roi est en garnison à Troyes, les officiers municipaux,
pour décharger ses habitants de leur logement, font le projet de construire une
caserne.
Le couvent des Jacobins
devenant vétuste, ces messieurs du corps municipal demandent au roi Louis XIV
la possibilité de l’utiliser à cet effet.
Supprimés en France en
1790, par le décret du 13 février qui interdit les vœux monastiques et supprime
les ordres religieux réguliers, les dominicains y sont restaurés en 1850.
Expulsés en 1903 et
leurs biens confisqués dans le cadre des dispositions d'exceptions prévues
contre les congrégations dans la loi de 1901 sur les associations, ils sont
autorisés à revenir en France dans les années 1920.
De nos jours, l'Ordre
compte près de 6 000 frères, plus de 3 000 moniales en 247 monastères, 40 000
dominicaines apostoliques dans 119 congrégations.
Frères
des Ecoles chrétiennes
Jean-Baptiste de la
Salle fonde l’Institut des " Frères des Ecoles Chrétiennes " en 1680.
Madame Madeleine de
Galmer, veuve de Gilles de Launay, laisse, par testament, la somme de deux
cents livres de rente pour l’établissement d’une école de charité sur la
paroisse de Saint- Nizier.
Monsieur le Bey, curé
de cette paroisse, pourvoit à la formation de la jeunesse cléricale et se
préoccupe de l’éducation des enfants pauvres de sa paroisse. C’est à lui que le
diocèse doit l’une des plus belles pages de sa renaissance. Il demande en 1701,
à Jean-Baptiste de la Salle, instituteur des frères de Saint Yon, fondateur des
Frères de la doctrine chrétienne, de lui donner un disciple pour la direction
de cette nouvelle école, ce qui est accepté.
En 1703, il en reçoit
un second, pour tenir une école (2 classes), connue sous le nom d’École
Saint-Pierre, parce qu’installée rue du Cloître Saint-Pierre (aujourd’hui rue
Mitantier). Elle émigre en 1861, rue Hennequin.
Un père de l’Oratoire
demande cinq autres frères, prêchant pour les avantages des écoles gratuites.
En 1720, avec l’aide du
corps de ville qui fait aux frères une pension de 300 livres, on ouvre deux
nouvelles écoles, l’une sur la paroisse de Saint-Jean (4 classes), l’autre sur
celle de Sainte-Madeleine (2 classes).
En 1741, les frères
demandent à leur général une maison pour habiter. Il leur en achète une, proche
du prieuré de Saint-Quentin.
En 1780, une autre
école est ouverte sur la paroisse de Saint-Pantaléon.
En 1783, les frères
sont au nombre de dix : huit pour les écoles, un directeur et un cuisinier.
La période 1702-1792
est marquée par la pauvreté partagée : " Les Frères qui étaient en classe
manquaient souvent des aliments nécessaires, et le Frère " servant "
était obligé de demander aux revendeuses les restes de leur étal pour faire le
repas des pauvres Frères, de là le nom de " coupe-choux " encore aujourd’hui
donné aux Frères à Troyes ».
Le décret du 2 novembre
1789, mettant " à la disposition de la nation " les biens
ecclésiastiques, c’est la suppression des écoles des Frères des Ecoles
Chrétiennes.
1792 voit la dispersion
des dix Frères (ayant refusé de prêter le serment) chargés de quatre écoles
(St-Pierre, St-Jean, Ste-Madeleine, St-Pantaléon).
En 1821, c’est le
rétablissement des Frères. L’enseignement primaire n’a pas été interrompu par
le retrait des écoles communales aux Frères, car sécularisés, ils en ont formé
d’autres : 5 à Troyes qui, en 1911 totalisent 550 élèves et 450 en 1955, pour
les 2 écoles subsistantes. Arcis, Bar-sur-Seine, Bar-sur-Aube, Chaource, le
Mesnil-St-Loup, Montardoise, Nogent, Romilly ont aussi leurs écoles, dès 1911.
En 1852, les trois
écoles paroissiales du moment, éduquent 670 enfants et 350 ouvriers (en cours
d’adultes), avec 11 Frères.
De la dispersion de
1904 demeurent aujourd’hui quatre témoins : L’école-collège St-Pierre ( repris
par les Frères entre 1940 et 1972), l’école Ste-Jule (regroupant l’école
St-Martin reprise par les Frères entre 1945 et 1984, en milieu populaire), le
Foyer Hoppenot (aujourd’hui La Salle) créé sur la période 1949-1958, pour
héberger des jeunes travailleurs, le groupe scolaire Saint-Joseph, né en 1921
et confié aux Frères depuis 1940.
A côté de cet
enseignement traditionnel, primaire et secondaire, de la jeunesse, un autre
apparaît après la Séparation, et, très vite, conquiert une place de grande
importance dans la vie diocésaine : l’enseignement technique ou, d’un mot plus
exact, professionnel. C’est l’Ecole d’apprentissage Saint-Joseph, où se
formeront les aspirants aux divers métiers rattachés à la construction. Fondée
le 1er août 1921, dans les locaux de l’ancienne Institution Saint-Etienne, par
un Jésuite, le P. Henry, elle est confiée en 1934 à un ancien officier
d’artillerie, le Colonel Marc Millard, animateur incomparable, qui lui donne
une " magnifique impulsion " et, à partir d’octobre 1940, en partage
la direction avec les Frères des Ecoles Chrétiennes.
Le Groupe Saint-Joseph regroupe de nombreuses formations : Ecole maternelle, Ecole élémentaire, Lycée général de technologie, Lycée professionnel, Post-bac et études supérieures, Centre de Formation Continue (CFC), Classe d’initiation professionnelle en alternance (Clipa).
Les Frères des Ecoles
Chrétiennes sont toujours présents dans 80 pays et au nombre de 5 000. (moyenne
d'âge : 54,3). Avec leurs collaborateurs enseignants, ils sont au nombre de 83 000.
Petites
Sœurs de l'Assomption
« L’Assomption c’est
bien entendu, l’enlèvement de Marie en plein ciel : celui qui s’en émerveille y
lit son propre destin. Mais ce n’est pas une fête sans lendemain ». C’est ce
que Dieu fit un jour comprendre à « 2 bourgeoises de la belle époque », à
Troyes. Ces demoiselles s’appelaient Berthe et Jeanne Chapuy.
Elles avaient 70 ans.
Longtemps elles avaient dirigé « les Elégantes », (« Miss élégante » aujourd’hui, à l’angle des
rues Emile Zola et Général Saussier), magasin de nouveautés alors « interdit
aux petites payes ». Elles s‘étaient
retirées place Jean Jaurès, dans une maison que leur charité allait rendre
historique. Elles occupaient leurs loisirs à la visite des pauvres.
Un jour qu’elles
arrivaient dans un fond de cour, elles furent accueillies par les jurons d’un
manœuvre en colère et qui menaçait d’en finir au gaz avec sa femme alitée (un
phlegmon mal placé !) et ses enfants qui pleuraient.
Entre temps, elles
assistaient aux manifestations communistes qui se déroulaient sous leurs
fenêtres et que la garde à cheval dispersait sans ménagement : c’était vers
1920.
Elles voulaient faire
quelque chose pour ces « brebis sans pasteur », donner leur maison pour qu’elle
soit leur foyer. Mais elles ne savaient comment s’y prendre. Leur curé, un
chanoine d’un autre âge, intelligent et direct, leur dit tout net : « donnez
donc votre maison aux Petites Sœurs de l’Assomption, et mettez dans la lettre
un billet pour le voyage ! Elles n’ont pas le sou ! Elles viendront voir ».
Les « vieilles filles »
obéirent à leur curé, le brave abbé Brusson.
Et c’est ainsi qu’après
3 ans de négociations, en grande pauvreté et difficultés, les petites sœurs
s’installèrent place Jean Jaurès, le 23 septembre 1925. Les vieilles
demoiselles se retirèrent dans une maison de famille à Arcis. Elles y moururent
« rassasiées de jours », à l’âge de 90 ans ! On les y enterra sans discours,
mais l’Assomption vivait à Troyes.
Les petites Sœurs de l'Assomption avaient été
fondées en 1865, alors que l’Europe réalisait dans la misère ouvrière une
mutation industrielle colossale. C’est à
elle que se heurta Etienne Pernet, un religieux assomptionniste, frappé
par ces détresses qu’il ne connaissait même pas de nom : abandon des malades, solitude
des faibles, désagrégations des familles dont tous les membres étaient accablés
de travail, enfants y compris, saleté des taudis, misère que nulle espérance
religieuse n’éclairait plus. Les chrétiens de l’époque affrontaient
généralement ces situations par la charité et l’aumône. L’inspiration du P.
Pernet, ce fut de comprendre qu’il ne s’agissait pas tant de donner quelque
chose aux pauvres que de se donner soi-même ! Il fallait aider ces familles
humiliées à se remettre debout, ces malades à rester chez eux, là où ils
étaient aimés, ces foyers cassés à se reconstituer, ces « baptisés tristes à
retrouver leur fierté de fils de Dieu ».
C’est pour « assumer »
toutes ces misères au jour le jour que le Père fonda l’Assomption.
Des filles se
groupèrent autour d’une ouvrière infirme, admirable et émouvante : Antoinette
Fage. Leur consécration à Dieu sera absolue. Leur total dévouement aux familles
en détresse en sera la marque : servir, soigner, emmailloter, faire le ménage
et la cuisine, assister les mourants, multiplier les gestes d’amitié, telle
sera pour elles « l’annonce de Jésus-Christ ».
Depuis la seconde
guerre mondiale, la Société s’est structurée : le travail des Petites-Sœurs de
l'Assomption s’inscrivit alors dans un métier : travailleuse familiale, infirmière,
travailleuse sociale. La collaboration de la sécurité sociale avec tous ceux
qui travaillent au bien des familles est leur vocation de service.
En octobre 1967, la
communauté quittait la place Jean-Jaurès pour la rue Victorien Sardou : 30.000
habitants dans les quartiers ouvriers de Sainte-Savine, les Noës, La
Chapelle-Saint-Luc et Saint-Martin, où elle restera jusqu'en 1986, tandis
qu'une autre communauté s'installait dans un H.L.M. de la Chapelle Saint-Luc,
de 1971 à 1993, avant de quitter Troyes définitivement.
Une jeune fille de
Troyes, Marie-Madeleine Loiselet, petite sœur de l’Assomption place Jean
Jaurès, novice depuis 1923, est décédée le 3 juillet 1925, à l’âge de 26 ans,
après avoir été contaminée par des malades qu’elle soignait. Elle avait été
transférée à l'infirmerie de la Maison Mère à Paris, et comme elle n’avait pas
encore fait ses vœux, elle a été enterrée dans le caveau familial à Troyes le 7
juillet.
Actuellement, les Petites Sœurs de l'Assomption poursuivent leur mission auprès des familles ouvrières et pauvres. Elles sont présentes sur les 5 continents, dans 20 pays avec de nouvelles fondations à Madagascar, en République Démocratique du Congo, au Vietnam, au Burkina Faso...
Petites
Sœurs des Pauvres
Celle qui devait
devenir la fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres, Jeanne Jugan, est née à
Cancale, le 28 août 1792. Fille d’un marin pêcheur, elle fut béatifiée par
Jean-Paul II en 1982 et canonisée le 11 octobre 2009, par Benoît XVI.
Toute jeune, elle
sentit en elle l’appel de Dieu, mais ce n’est qu’après la mort de ses parents
que Jeanne entre dans le Tiers-Ordre du Sacré-Cœur. Remplie de la charité du
Christ, Jeanne Jugan ne songe qu’à venir en aide à ses semblables. Et c’est
ainsi que nous la retrouvons à l’hôpital de Saint-Servan, attentive au chevet
des malades.
En 1839, avec 2
compagnes, elle consacre son activité au service des malades à domicile. C’est
à cette époque qu’elle recueille une femme âgée dont l’unique soutien vient de
disparaître. Une autre bientôt la rejoindra. Mais le modeste logement de Jeanne
est devenu trop étroit. Elle loue une maison où s’installe la petite communauté
rapidement augmentée de 4 unités nouvelles.
Dès lors la sainte
fille a une compréhension très nette de sa vocation : recueillir et soigner les
vieillards. Ses ressources se sont rapidement épuisées. Qu’à cela ne tienne !
Avec ses compagnes, elle deviendra mendiante. « Ainsi, tout simplement est né
l’Ordre des Petites Sœurs des Pauvres ».
Le 9 juillet 1854, le
Saint-Père, Benoît XV en approuvait les statuts.
Jeanne Jugan, devenue
Sœur Marie de la Croix, devait rendre le dernier soupir. Elle avait eu le temps
cependant de constater l’opportunité et l’utilité de son œuvre, puisque, déjà à
cette époque, existaient 36 maisons de vieillards avec 500 religieuses.
A Troyes, la fondation
de la maison du 3 bis du Boulevard du 14juillet, remonte à 1875, sous
l’épiscopat de Monseigneur Ravinet.
Le 14 juillet 1935, Les
Petites Sœurs des Pauvres lancent, par l’intermédiaire du journal catholique
troyen « L’Express », un appel aux âmes
généreuses. Une aile du bâtiment qu’elles occupent, minée dans ses fondations,
avait dû être reconstruite de toute urgence. Confiantes en la Providence et en
leur saint patron Saint Joseph, les Petites Sœurs, pressées par le temps,
n’hésitèrent pas à se lancer dans l’aventure.
Qui ne connaissait pas
la silhouette de la « Petite Sœur des Pauvres » ?
Qui donc ignorait
encore leur œuvre splendide de foi et
d’amour ?
Souvent, oublieuse
volontaire, d’une illustre origine, elle s’est faite toute petite, toute humble
pour aller de portes en portes quêter pour les autres. L’histoire des débuts de
leur congrégation est toute empreinte d’ailleurs, de simplicité évangélique.
Le bâtiment,
reconstruit, est alors tiré d’affaires. Mais il n’en est pas de même des
Petites Sœurs dont les soucis quotidiens se trouvent alors ainsi accrus. La
générosité des Troyens a constitué pour elles un puissant soutien moral, et une
aide matérielle intéressante. En quelques jours, plus de 100.000 francs furent
recueillis, mais insuffisants.
Le Conseil Général de
l’Aube accorda une somme de 12.000 francs aux Petites Sœurs des Pauvres.
En mars 1986 est créée
l’entreprise « Petites Sœurs des Pauvres », Congrégation qui correspond au secteur Hébergement
médicalisé pour personnes âgées.
Aujourd’hui, la
congrégation est établie dans 31 pays, sur les cinq continents. Elle compte 202
maisons où sont accueillies des personnes âgées sans ressources ou de
ressources modiques.
Il y a environ 2.500
Petites Sœurs et une quarantaine de novices, originaires d'une cinquantaine de
pays.
Aux trois vœux
habituels de religion – chasteté, pauvreté et obéissance – elles ajoutent le
vœu d'hospitalité envers les personnes âgées pauvres. De très nombreux laïcs
collaborent à leur œuvre.
Ursulines,
Congrégantines
Cet ordre des
religieuses est un des plus utile à la société parce qu’il se livre à l’éducation
et à l’instruction publiques, suivant l’esprit de sa fondatrice Angèle Merici
ou Angèle de Bresse morte en 1540 et béatifiée en 1770.
Elle établit les
Ursulines en Italie en 1537, d’où elles se propagent en différentes régions
d’Europe. Sainte Ursule, leur patronne dont elles prirent le nom, était fille
d’un prince de la Grande Bretagne. On dit qu’elle avait recruté 11.000
compagnes qu’on appelait les 11.000 vierges. La vérité doit être qu’elle n’en
avait que 11 lorsque près de Cologne en 384, elle fut martyrisée par les Huns .
En février 1627, ce
prince leur accorde des lettres-patentes, et écrit même aux officiers
municipaux de la ville, pour les engager à favoriser cet établissement.
En 1628, après s’être
vu refuser l’ouverture des portes de la ville, arrivant de Saint-Lyé, où l’évêque
les reçoit, les Ursulines viennent enfin à Troyes.
Les Congrégantines de
Châlons sollicitent l’achat du collège de la Licorne, pour y établir aussi un
couvent de leur ordre. Cette maison parait commode aux Ursulines, il y a
plusieurs enchères de part et d’autre, et les Congrégantines l’emportent. Cependant,
leur établissement n’empêche point d’admettre les Ursulines avec l’offre de
sept mille livres pour être employées à la réunion des hôpitaux.
Jacques Dorigny,
seigneur de Fontenay, receveur du Taillon en l’élection, leur offre la maison
du Marché à blé (place Jean Jaurès) " où pendait pour enseigne le
Laboureur, et elles s’y logèrent au mois de juillet de la même année 1628
".
L’année suivante, se
trouvant trop à l’étroit, elles font l’acquisition de l’hôtellerie du Dauphin
(rue Turenne).
Les officiers
municipaux voyant qu’ils n’ont pas été consultés pour cet achat, s’y opposent
et veulent empêcher les Ursulines de s’établir à l’hôtellerie du Dauphin,
alléguant que le procédé de ces religieuses est contraire à l’un des articles
d’une assemblée tenue à l’évêché, qui dit expressément « qu’elles ne pourraient
acquérir place, maison et bâtiments sans la permission du bailli de Troyes ou
de son lieutenant, et des procureurs du roi, maire et échevins .
Mais ces religieuses,
ne veulent pas abandonner leur projet, et continuent de poursuivre
l’aménagement de leur nouvel établissement.
Le maire fait cesser
les ouvrages, congédie les ouvriers et saisit les clefs de la maison.
Lorsque le roi Louis
XIII vient à Troyes, le 23 février 1630, les Ursulines s’adressent à monsieur
de Marillac, garde des sceaux de France, et lui demandent sa protection et
l’autorisation de se retirer en la maison du Dauphin.
Ce seigneur leur promet
toute satisfaction, et le corps de ville ayant d’ailleurs besoin de sa
protection, consent aux vœux des religieuses et leur remet les clefs de la
maison du Dauphin.
En 1708, les Ursulines
ne se trouvent pas assez au large, et achètent L’hôtellerie des Trois Maures,
proche de leur monastère, et dans la même rue.
Le 23 juin 1756, une
religieuse de ce couvent descend dans une cave où du fumier a été mis pour
faire une couche, et tombe évanouie. Une autre, qui la suit est aussi frappée
de la même vapeur mortelle, deux ou trois autres éprouvent le même malaise.
" Des particuliers accoururent à leurs cris sans oser descendre en cette
cave. Un garçon plus hardi le tenta, mais se trouvant saisi il remonta sur le
champ, puis, s’étant abreuvé d’eau-de-vie, il se fit lier par le corps,
descendit une seconde fois et retira les religieuses par le moyen d’une corde
".
Les secours ne sont
inutiles, que pour une seule, qui y perd la vie.
Le 20 mai 1779, les
Ursulines posent la première pierre de nouveaux bâtiments d’une maison achetée
aux religieux Antonins, l’ancienne commanderie de Saint-Antoine, de
Saint-Martin-ès-Vignes qu’elles ont réparée et augmentée.
Le 21 juin 1780, les
travaux sont terminés, les religieuses vendent leur maison de la ville à des
particuliers.
En 1804, l’école des
Ursulines regroupe plus de 300 jeunes filles pauvres.
En 1831, le Petit
Séminaire s’installe dans leur maison, à laquelle se substituera en 1907, le
Lycée de Jeunes Filles (toujours actuellement).
En 1921, les Ursulines
ouvrent avec le Docteur Pâris, une clinique 17, rue Raymond Poincaré.
En 1937, Monseigneur
Heintz évêque de Troyes, réalise la fusion des Ursulines de Chavanges avec
celles de Troyes.
En 2012, la clinique
s’appelle Polyclinique des Ursulines, fait partie du groupe Vitalia, regroupe
47 médecins spécialistes, et possède 82 lits.
3.000 religieux et
religieuses Ursulines peuplent plus de 300 maisons dans le monde entier.
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