mardi 9 avril 2024

Ordres, communautés - Aube (10)

 

Notre-Dame-en-l'Isle

 


Les chanoines réguliers du Val des écoliers se proposent pour établir à Troyes une maison de leur ordre, sous l’épiscopat d’Hervée (1206-1223). On leur indique à cet effet " un lieu proche les murs de la ville, nommé Marais du Cul-chaud ", sur la paroisse de Saint-denis.

En 1222, les frères Ecoliers font bâtir leur monastère et leur église sous le vocable de l’annonciation de la sainte Vierge, d’où elle prend le nom de Notre-Dame-en-l’Isle, parce qu’en effet, elle est comme une île, environnée de divers canaux de la Seine.

Cette maison doit sa plus grande magnificence au zèle de Simon Pépin qui reçut ce prieuré de son oncle vers 1650. Simon fait de Notre-Dame-en-l’Isle un séjour très agréable par les jardins ornés de charmilles, remplis de parterres et coupés par des canaux, où il fait venir l’eau d’une division de la Seine. M. Huez, maître de langue latine à Troyes chante les beautés de cette habitation et dédie son poème au prieur Pépin, dont il exalte la piété, le caractère et l’affabilité. Il compare la Seine qui environne la ville de Troyes aux Xanthe ou Scamandre qui arrose l’ancienne Troie, en Phrygie.

En 1653, les chanoines réguliers du Val des Ecoliers sont réunis à la Congrégation de France.

Le prieuré de Notre-Dame-en-l’Isle devient un prieuré simple à collation royale.

En 1703, les Jésuites veulent l’acheter et établir une maison de leur société, mais la ville n‘a jamais voulu recevoir ces religieux.

En 1720, Mgr Bossuet évêque obtient un brevet du roi, et établit dans cette maison, les prêtres de la Mission, directeurs du Grand-Séminaire, fixés dans le diocèse (faubourg Croncels) depuis un siècle. Les conditions de cette fondation avaient été acceptées en 1643, par " l’instituteur saint Vincent-de-Paul, lui-même, qui était alors à Troyes ".

En 1733, les Missionnaires ou Lazaristes entrent à Notre-Dame-en-l’Isle. Les premiers bâtiments ayant été construits à la hâte, ne sont pas trouvés solides, et menacent ruine. Mgr Bossuet fait reconstruire en entier le séminaire.

Pour subvenir aux dépenses qu’entraîne l’administration du Séminaire, et afin de procurer plus de bourses aux jeunes ecclésiastiques pauvres, Mgr de Barral y réunit deux prieurés : celui d’Isle-Aumont et celui de Saint-Flavit de Villemaur. Cela est confirmé par brevet du roi de 1777, et une bulle du pape Pie VI de 1778.

 En 1791, les directeurs du séminaire refusent d’adhérer à la Constitution Civile du Clergé. Les Lazaristes abandonnent le Grand Séminaire, qui est déclaré bien national à la Révolution. Sous la Terreur, il sert de prison pour les "  suspects ", puis pour les prisonniers de guerre.

 En 1801, la réouverture des séminaires est autorisée par le Concordat, et le culte peut de nouveau s’exercer dans notre ville. Mais le séminaire de Troyes est affecté par les consuls au logement des troupes.

En 1803, Mgr de la Tour-du-Pin consacre une partie du Palais Episcopal à l’installation du séminaire. Cela dure 15 ans.

Louis XVIII, sur les instances Mgr de Boulogne, lui remet en 1815, les bâtiments du grand séminaire. Notre évêque fait toutes les réparations nécessaires, et achète les maisons contiguës pour y installer le petit séminaire en 1819.

En 1850, Mgr Cœur obtient du ministère une allocation pour exécuter des travaux importants, dont la chapelle.

Depuis 1791, le Grand Séminaire était dirigé par des prêtres du clergé diocésain. En 1876, Mgr Cortet fait appel aux lazaristes.

Expulsés en 1901, par la Loi sur les Associations, les lazaristes sont à nouveau remplacés par les prêtres séculiers.

En 1905, la Loi de la Séparation de l’Eglise et de l’Etat désaffecte l’établissement. L’ancien séminaire est alors le siège des patronages laïques. Pendant la guerre 1914-1918 , il abrite l’hôpital militaire.

 En 1906, les prêtres trouvent asile dans une partie de l’ancienne abbaye de Saint-Martin-ès-Aires, devenue pensionnat de jeunes-filles. L’Etablissement n’ayant pas le droit de porter le nom de Grand Séminaire, prend celui d’Institut Saint-Loup, Ecole Supérieure d’Etudes Religieuses et Morales, qui y reste jusqu’en 1945.

En 1943, suite au décret signé par Pierre Laval et Mgr Lefebvre, l’évêché rachète l’établissement. Le Grand Séminaire retrouve sa destination première en 1945. Il s'y était installé en 1722.

En 1960, faute de vocations, les séminaristes sont regroupés au Grand Séminaire de Reims.

Les bâtiments reçoivent de nouveaux services :

- " Maison Notre-Dame-en-l’Isle ", maison d’accueil spirituel,

- l’Association Diocésaine occupe en 1982 une aile du bâtiment,

- une autre partie plus récente, abrite une communauté des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame,

- RCF, la radio diocésaine.        

En 1994, Mgr Daucourt souhaite regrouper dans ce patrimoine les services diocésains qui sont alors éclatés

D’importants travaux de réhabilitation pour la mise en conformité des lieux sont alors réalisés.

Mgr Stenger inaugure en 1999, la " Maison Diocésaine Notre-Dame-en-l’Isle ", lieu d’accueil, de rencontre, de formation.

La chapelle désaffectée de Notre-Dame-en-l’Isle est devenue une vaste salle polyvalente de 200 à 240 places, pour des conférences, des concerts.

Dans le jardin, s’élève une petite chapelle construite en bois, du XVIII° siècle, dite de " l’Enfant Jésus " ou de " l’Horloge ".

 

 

Les Antonins de Troyes

 

 L’Ordre de Saint-Antoine de Vienne avait pour but le soulagement des malades affligés de l’affreux mal qu’on appelait le feu sacré, le feu infernal ou le feu de Saint-Antoine, feu étrange qui brûlait tout noir et desséchait le membre qu’il atteignait.

 L’Ordre de Saint-Antoine est établi en 1095, au bourg de Saint-Antoine en Dauphiné, par un gentilhomme nommé Gaston et par son fils Girinde, miraculeusement guéri du feu sacré par l’intercession de saint Antoine.

 

Saint Antoine abbé XVe s. - Musée de Louvre - Paris

 Les religieux Antonins s’appellent Frères, et le supérieur Grand-Maître. Ce n’est qu’en 1218 qu’ils obtiennent du pape Honorius III, la permission de faire les 3 vœux de religion. Ils portent au côté gauche, sur l’habit noir et sur le manteau long, la figure du tau couleur d’azur. A Troyes, le tau est surmonté de flammes.

 Les documents relatifs aux Antonins de Troyes sont fort rares. Le plus ancien titre qui se trouve dans les archives, est de 1268. Ce sont des lettres-patentes de Thibaut V, « roy de Navarre, comte Palatin de Champagne et de Brie,  du lendemain de Pâques, 9 avril,  par lesquelles il permet à frère Durand, maître de l’hôpital de Troyes, de faire entrer chacun an dans la ville, 3 tonneaux de vin pour la boisson, francs et quittes de portage, avec défense de lui faire, pour raison de ce, aucun tort ni grief ». L’année suivante, au mois de mars, ce prince renouvelle, par lettres-patentes, la même grâce aux frères de Saint-Antoine de Viennois. Il est clair, d’après ces 2 actes, que les Antonins ont, en 1268, un établissement à Troyes. Thibaut V, prince croisé avec saint Louis vient de prendre la route de Marseille pour s’embarquer. De Chaumont le 15 avril 1270, par de nouvelles lettres patentes, il donne au maître et aux frères de l’hôpital Saint-Antoine, 120 arpents de bois à prendre dans la forêt d’Isle. Plus tard, les Antonins font bâtir sur des terrains, une métairie qui est appelée Saint-Antoine-aux-Bois. Le 25 juin, de Marseille, Thibaut adresse des lettres-patentes, il leur donne 100 sous de rente sur le portage de Troyes. Les religieux devront célébrer pour lui, une messe tous les ans tant qu’il vivra, et après sa mort, il feront son anniversaire. En 1286, messire Aldobrandin de Sienne, médecin à Troyes, donne aux Antonins plusieurs biens, entre autres, quelques maisons, vergers et jardins, situés sur la rue de Saint-Abraham.

Où les religieux de Saint-Antoine de Vienne sont-ils établis à Troyes ? Sans doute dans la rue des Bûchettes (quartier de Comporté, s’est aussi appelée Clos-de-la-Madeleine), « tenant à la maison du Maître de l’Hôpital de Saint-Antoine », d’après la donation d’une maison qui leur est faite en 1294.

Au XIIIe siècle, comme plus tard, les quêtes sont, pour les Antonins de Troyes, la principale source de leurs revenus. Ces religieux doivent recueillir d’abondantes aumônes, car ils paient à la Cathédrale, pour le droit de quête dans le diocèse, une redevance annuelle de 22 livres, somme considérable au XIII° siècle. Après 200 ans de vie florissante, l’Ordre de Saint-Antoine tombe en décadence. Le pape Boniface VIII, en 1297, soumet les Antonins à la règle des chanoines réguliers de Saint-Augustin, déclarant : « que le premier supérieur s’appellerait abbé, et que toutes les maisons de l’ordre dépendraient et relèveraient de l’abbaye ou maison mère de Saint-Antoine en Dauphiné, qu’il déclarait chef de tout l’ordre et soumise entièrement au Saint-Siège ».

En 1338, les Antonins de Troyes sollicitent la permission de s’établir près des murs de la ville, à l’entrée du faubourg Saint-Martin, dans la maison qui leur a été donnée dans la rue de Saint-Abraham, par le médecin Aldobrandin. Il leur est permis d’avoir un oratoire ou une chapelle, avec cimetière et hôpital pour eux, ceux de leur Ordre et pour les infirmes de la maison du feu de la saint Antoine. L’évêque de Troyes Jean d’Aubigny accepte, à condition que ces religieux ne reçoivent pas chez eux les habitants de Saint-Martin, en qualité de paroissiens, à moins qu’ils ne soient attaqués de la maladie du feu. Les Antonins  font bâtir une maison et une église avec cimetière en 1341. L’hôpital en faveur des pauvres malades de Saint-Antonin est construit en même temps

En 1590, les Troyens appréhendent que la ville ne soit assiégée à cause des guerres civiles qui troublent le royaume et que les ennemis s’approchent à la faveur de l’église et des bâtiments des Antonins. Ils les font raser.

L’une des principales gloires de l’Ordre de Saint-Antoine au XV° siècle, est Pierre de Provins, précepteur de Troyes, docteur en droit canon.

Dans le cours du XV° siècle, la Commanderie ou préceptorie de Saint-Antoine, placée à l’entrée de la ville, sur la route de Paris, sert souvent de pied à terre aux rois et aux princes, lorsqu’ils viennent à Troyes et font leur entrée solennelle. En 1486, le 12 mai, le jeune roi Charles VIII venant visiter la ville de Troyes, reçoit l’hospitalité à Saint-Antoine.

Le 25 mars 1553, le corps du duc de Guise, assassiné devant Orléans, est reçu solennellement par toute la ville de Troyes, dans l’église de Saint-Antoine.

Lorsqu’en 1554, Charles IX et Catherine de Médicis se rendent à Troyes pour les conférences de la paix avec l’Angleterre, le roi trouve à Saint-Antoine un festin qui lui a été préparé et un cheval frais pour faire son entrée dans la ville.

En 1590, leur église fut démolie en même temps que celle de la paroisse et la chapelle des Trinitaires de Preize, pour fournir des pierres au boulevard de Chevreuse. A la suite de cet événement, les Antonins, forcés d’émigrer, « jettent les fondements de l’église et bâtiments de Saint-Martin-ès-Vignes ». Ils construisent une maison « dans une belle et commode situation ». En 1625, le roi Louis XIII le Juste, ayant résolu de faire solennellement son entrée à Troyes, choisit cette maison pour y recevoir les hommages des habitants. Il se fait une joie de voir, d’une fenêtre de son appartement, défiler devant lui et tous les seigneurs qui l’accompagnent, la milice de la ville et des faubourgs, qui précède ensuite le cortège royal jusqu’à la cathédrale.

Mais bientôt, c’est le relâchement dans toutes les maisons de l’Ordre, les sujets manquent dans les noviciats, et en 1771, il est demandé de fermer toutes les maisons où ne se trouvent pas 20 religieux.

En 1777, les Antonins de Troyes s’unissent à l’Ordre de Malte et sont remplacés par les Ursulines acquéreurs de la maison en 1780.

 Pendant plus de 500 ans, les Antonins de Troyes se sont dévoués au soulagement des pestiférés et des pauvres malades.

 

 

Communauté du Bon Pasteur

 


Toutes les informations ci-dessous sont tirées de documents authentiques conservés aux archives du Bon Pasteur et du registre de l’ancienne maison et de celui de la nouvelle, ainsi que la vie manuscrite de M. de la Chasse, premier directeur de la maison.

En 1692, six dames de Troyes « distinguées par leur piété, plus encore que par leur naissance, entreprirent une grande œuvre ». Touchées de l’état malheureux  dans lequel végétaient les filles enfermées à l’hôpital Saint-Nicolas, qui avait été transformé en maison de correction, et d’ailleurs désirant réunir et « ramener à la vertu un grand nombre de jeunes personnes engagées dans le désordre », elles demandèrent à cet effet l’hôpital Saint Bernard (maison 33, rue de la Monnaie), que les administrateurs des hôpitaux cédèrent volontiers.

L’œuvre commença. Mais on comprit bientôt que la maison ne pouvait marcher si quelques personnes ne se dévouaient à cette œuvre d’une manière toute spéciale. Alors, une bonne veuve, Madame Arson avec sa fille, et 2 dames Legrin, rentrèrent à la maison, pour en prendre la conduite, et Denis François 1er Bouthillier de Chavigny, évêque de Troyes, confia la direction spirituelle de Saint Bernard, à un saint personnage, Nicolas de la Chasse, chanoine de la cathédrale. Toutefois, pendant plusieurs années, le bien se fit d’une manière presque insensible parce que la maison avait conservé à son ancien caractère, celui d’une maison de force. Pour remédier à cet inconvénient et introduire un autre esprit, l’Evêque de Troyes, sans déclarer sa pensée intime, proposa de faire venir une religieuse de la communauté du Bon Pasteur, créée pour venir en aide aux jeunes filles et femmes en difficulté, désireuses de se convertir et de changer de vie, qui venait d’être fondée au faubourg Saint-Germain, à Paris, par Madame de Combé (en quelques années, le Bon Pasteur de Paris prit une extension considérable et eu des maisons de dépendance dans les principales villes de France. Les archives de la maison de Paris sont perdues). Cet avis ayant été goûté par les personnes qui s’occupaient de l’œuvre, on pria Madame Lapostole, deuxième supérieure générale de Paris, de donner une de ses religieuses pour former et diriger la maison de Troyes, et une fille pénitente pour servir de modèle aux recluses. Le choix tomba sur la sœur Péclavé qui arriva à Troyes avec sa compagne au mois de janvier 1695. Quelques jours après son arrivée, la sœur Péclavé représenta avec toute l’énergie qu’inspire une charité ardente, qu’elle ne voulait avoir auprès d’elle, que des pénitentes volontaires et disposées à servir Dieu par amour comme des enfants, et non par crainte comme des esclaves. « Je ne suis pas une geôlière, dit-elle, mais une sœur du Bon Pasteur, il faut ouvrir les portes à toutes les personnes qui sont ici par force ». Alors, la division qui existait depuis longtemps entre dames, par rapport à la direction à imprimer à l’Œuvre, augmenta. Elles se retirèrent peu à peu, et elles retirèrent en même temps, les secours qu’elles procuraient. Pendant 5 ans, il fallut à M. de la Chasse des efforts inouïs de charité et de dévouement, pour soutenir cette Œuvre menacée de périr à son berceau.  Enfin, le 2 février 1700, Madame Arson, sa fille et les 2 dames Legrin, qui étaient encore supérieures en titre, abandonnèrent définitivement la maison, mais elle était fondée !

 Le 11 mars 1700, la sœur Lavallée, venue du Bon Pasteur de Paris, prenait la direction de la maison de Troyes, dont elle fut la première supérieure en nom. M. de la Chasse, jusqu’à sa mort, qui arriva le 29 novembre 1734, se dévoua généreusement  à consolider et à développer cette Œuvre qui devait être si utile à la ville et au diocèse de Troyes. « Il fit fleurir au Bon Pasteur, l’esprit religieux aussi bien que l’esprit de pénitence », et il sut préserver la maison des doctrines jansénistes qui, à cette époque « infectèrent de leur venin », la plupart des communautés religieuses de notre ville.

Après avoir habité l’hôpital Saint Bernard pendant 55 ans, les religieuses du Bon Pasteur furent transférées, le 6 janvier 1750, à la rue du Bourg Neuf (du Palais de Justice), dans la maison que venaient de quitter les Carmélites. La cour, qui essayait par tous les moyens, depuis plus de 16 ans, d’amener ces religieuses à adhérer à la bulle « Unigenitus », venait enfin, en désespoir de cause, de les expulser et de les disperser dans d’autres communautés. Les religieuses habitaient depuis 15 ans la rue du Bourg Neuf, lorsque la ville demanda leur établissement légal.  Il fut autorisé, par lettres patentes de Louis XIV, datées de Versailles du mois de Juin 1765 :« Joseph Claude de Barral, évêque de Troyes, et nos chers et bienaimés les maire et échevins de la ville, nous ont fait représenter que les Sœurs dites du Bon-Pasteur qui, depuis plus de 70 ans, s’étaient toujours comportées avec la plus grande édification, s’occupent continuellement d’œuvres de charité et spécialement de retirer et de ramener à Dieu des filles repenties qui voulaient faire pénitence. Cette communauté, refermant plus de 50 de ces filles dirigées par les religieuses, le succès de cet établissement faisant désirer aux habitants de la ville de Troyes… ».

En 1766, les religieuses du Bon Pasteur quittent la rue du Bourg Neuf et sont transférées à la rue des bains, dans la maison occupée par des religieuses de la Congrégation qui donnaient l’enseignement gratuit aux jeunes filles de la ville. Attachées d’une manière forcenée au jansénisme, ces religieuses, après plusieurs mémoires justificatifs de leur désobéissance et après d’insolentes remontrances, venaient d’être supprimées par arrêt épiscopal de Claude-Mathias de Barral, le 5 juin 1766. Par le même arrêt, il leur avait donné une maison et une partie de leurs biens aux sœurs du Bon Pasteur, cela confirmé en août par lettres patentes de Louis XIV. Par décret, 2 sœurs devaient être chargées de tenir une école publique pour les jeunes filles. A peine installées dans leur nouvelle maison, les religieuses du Bon Pasteur furent tracassées par le curé de la paroisse qui adressa une requête au Parlement contre elles, parce qu’elles refusaient de se soumettre aux devoirs paroissiaux (présentation du pain bénit, assistance aux offices de la paroisse, confession annuelle au propre prêtre, communion pascale de la main du curé, derniers sacrements et sépulture par le curé). Le 9 Janvier 1768, sœur Marie-Jeanne de Sainte-Marthe, supérieure, et sa communauté adressèrent à leur tour au Parlement une requête solidement appuyée, à l’effet d’être dispensées de ces mêmes devoirs paroissiaux. Le 1er mars 1768, le Parlement envoya l’affaire à l’évêque de Troyes qui décida en faveur des religieuses.

 Le Bon Pasteur fut fermé le 2 novembre 1792. Il y avait à cette époque 70 religieuses et pénitentes et 2 domestiques dans la maison. Dans l’espace de 99 ans, 60 religieuses firent profession dans cette communauté qui servit de refuge à 650 repenties.

Le 13 juin 1796, la municipalité de Troyes fait dresser un état des bâtiments nationaux. Les locaux du Bon Pasteur abriteront les déserteurs étrangers, et un local sera destiné à la gendarmerie.

Sœur Constance et sœur Augustine, de l’ancienne maison, ayant conservé leur vocation, sollicitent le rétablissement du Bon Pasteur. Le 11 juin 1818, Monseigneur de Boulogne, évêque de Troyes, leur donne la permission de se réunir dans la maison de M. Lalauze, curé de Sainte Madeleine, à l’entrée de la rue du Cloître Saint-Etienne, cette maison leur était léguée. Le 23 juin, les 2 religieuses entrent dans la nouvelle maison avec 2 jeunes personnes, sœur Constance Roizard 17 ans et sœur Constance  Germaine 16 ans, rejointes quelques jours après par Mademoiselle Cécile Fournerot, nièce de M. l’abbé Fournerot. Louis XVIII, par lettres patentes du 2 septembre 1815, autorise la communauté du Bon Pasteur. Le 23 avril 1827, Charles X le confirme, et sanctionne les constitutions. De 1818 à 1868, 49 religieuses ont fait profession au Bon Pasteur et elles ont eu sous leur conduite, 200 jeunes filles, qu’elles ont nourries et entretenues gracieusement. La maison n’ayant aucun revenu, c’est à la pointe de leur aiguille que les religieuses ont soutenu leur vie et celle des enfants que les familles leur confiaient.

En 1818, l'ancien "Bon-Pasteur", dispersé par la tourmente révolutionnaire, se reconstitue, sous une forme nouvelle, à Troyes, rue du Cloître Saint-Etienne. Les sœurs  du Bon-Pasteur d'Angers reviendront, il est vrai, à la prière de Mgr Cortet, évêque de Troyes, le 6 juillet 1879, et ouvriront un Refuge, rue des Terrasses. Mais elles devront se retirer au début de 1907, du fait des lois anticléricales.

 

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