mardi 9 avril 2024

Prieuré de Foissy

Le prieuré de Foissy (ou Foicy)


Fondé en 1134 par le comte Thibaud II aux portes de Troyes (Saint-Parre-aux-Tertres), le prieuré de Foissy, sous le vocable de Notre-Dame, appartenait à l’ordre de Fontevrault. . Thibaud a succédé à son oncle Hugues entré en religion en 1125 dans l’Ordre des Templiers. Dans sa jeunesse, il a entendu parler de Robert d’Arbrissel qui a fait sur lui et les siens une très forte impression et c’est d’autre part le fait de sa femme Mathilde de Carinthie qui tient à mourir dans l’habit des religieuses de l’Ordre et que trois de ses filles la suivirent.

Suivant la coutume de cet ordre, il comportait 2 communautés, l’une d’hommes, l’autre de femmes, ayant chacune son église, ses bâtiments claustraux et son jardin. La première, celle des hommes disparut en 1484, mais la seconde a subsisté jusqu’à la Révolution, et elle était un des rares prieurés demeurés conventuels.

1129 : Renaud d’Epagne, chevalier, et Colin de Ramerupt sont témoins d’une charte de donation faite au prieuré de Foicy, par Guy du Mesnil consistant en 4 setiers de grains à prendre sur le four de Précy. Renaud d’Epagne est l’oncle d’Agnès prieure de Foicy et Colin de Ramerupt son cousin.

1134 : Thibaud II et avec le consentement de Mathilde, sa femme, donne aux religieuses deux fours à Troyes avec les maisons adjacentes

1136 : le prieuré de Foicy est cité dans le privilège de 1136 comme devant son origine à Alix, dame de Chappes et au comte de Champagne, Thibaud II, qui, en tant que comte de Blois, quatrième du nom, avait aussi favorisé le prieuré de L’Epine-aux-Autels au diocèse de Chartres. L’abbesse Pétronille vient visiter ce prieuré accompagné d’Hugue du désert récemment rallié à Fontevraud avec ses frères de la Chaise-Dieu ; ce fut en leur présence et celle de Guy, frère de Saint-Bernard, qu’au chapitre de Saint-Martin-ès-Aires, Guillaume, abbé de cette abbaye augustine de Troyes, céda aux moniales de Foicy des terres, bois et prés à Jully-sur-Sarce.

1139 : sous le sceau de Geoffroi de Rochetaillé, évêque de Langres, qui constate une donation de Gauthier de Maleterre pour la dot de sa fille quand elle entra en religion à Foicy, Il promet de servir tous les ans, sa vie durant, une rente de 3000 oignons à la communauté.

La prieure la plus anciennement connue (1155) était la veuve d’Anseau 1er de Traînel. Non seulement, Anseau appartenait à l’une des plus illustres familles champenoises (son fils Anseau II, fut bouteiller de Champagne sous Henri le Libéral) mais il se signala par d’importantes libéralités envers divers établissements religieux du diocèse, parmi lesquels l’abbaye de Saint-Loup dont un de ses petits-fils fut abbé, et surtout la seconde des maisons religieuses, l’abbaye très intellectuelle du Paraclet.

1159 : Henri, comte de Troyes, confirme la donation faite par son père à Foicy, des usages dans le bois d’Isles.

1165 : Henri le Libéral, fils et successeur du comte Thibaud II de Champagne : « Mon père donna aux moniales de Foissy sa garenne, au milieu de laquelle est une chapelle et un ermitage ; c’est là qu’elles habitèrent. Puis poussé par sa piété et son zèle, il leur construisit un monastère et une église en l’honneur de la bienheureuse marie. Pour l’entretien de ses religieuses, qui se consacraient là au service de Dieu, il leur donna des vignes et d’autres terres »

1184 : Mathilde d’Anjou (1149-1155) fait confirmer par la papauté qu’elle est indiscutablement le chef de l’Ordre tout entier, la même bulle a compensé la dépendance de l’abbesse à l’égard de l’évêque de Poitiers pour sa bénédiction. Réitérée sous Gilette (1180-1189) par Lucius III en 1184 cette dernière est respectée puisque l’évêque de Troyes, Manassès, le jour de la Saint-Thomas (21 décembre) vient bénir les vierges du prieuré de Foicy : de la reine-mère de France Adèle de Champagne- fille de Thibaut II – de la « reine d’Angleterre » Marguerite de France et de la demi-sœur de cette dernière, la comtesse régente de Champagne, Marie, qui fait à cette occasion, don de ses droits  de pécher à volonté dans l’eau de la seine jusqu’à Payns.

1220 : Haya, sœur de Geoffroy de Villehardouin, et damerons, sa fille, toutes deux religieuses à Foicy, abandonnent leurs droits de la dîme de Chesley en faveur des religieux de Molême. Acte ratifié en 1229 par Hugues, évêque de Langres.

1360 : Eléonore de Parthenay, fille de Jean de Parthenay, âgée de 27 ans rentre en religion de Saint-Benoît au Bourg de Saint-Jean à l’âge de 5 ans, y porte le voile jusqu’à l’âge de 15 ans et est reçue en religion à Fontevraud en 1451. En 1360, elle devient prieure de Foicy.

1453 : le 2 mars Marie de Montmorency, 24ème abbesse (1451-1457), demande à la prieure et au prieur de Foicy d’aller recevoir sœur Catherine de Saint-Amand avec le congé de son abbesse, à la requête de madame la comtesse de Vendôme et d’Harcourt.

En 1460, Marie de Bretagne, pour réformer tout l’ordre, donne au père Guillaume Bailleul, grand prieur de Fontevraud l’ordre de visiter tout l’ordre et de rapporter un compte exact du nombre de personnes religieuses qu’il trouvera dans chaque prieuré, l’état des maisons tant pour le spirituel que pour le temporel. La ruine des bâtiments, la perte des revenus à cause des guerres avec les Anglais provoque un grand désordre dans l’ordre. Nous voyons dans quel abandon se trouve la grande majorité des prieurés. Le prieuré de Foicy est habité par une prieure et 8 religieuses et un prieur avec un revenu de 1800 livres

Mentionné dans la bulle papale d’Eugène III, du 16 septembre 1145

Depuis un siècle, la prépondérance de Fontevraud a été accrue par le pouvoir royal, qui a décidé d’étendre à presque toute la France la réforme de Fontevraud instauré par Marie de Bretagne.

Foicy est réformé sous Anne d’Orléans (1477-1491)

1499 : Renée de Bourbon  (1491-1534) confirme l’élection à Foicy en la personne de Sœur Françoise du Pont.

En 1501, frère Olivier Maillard, vicaire général des Franciscains de France expédia au prieuré de Foissy certains privilèges qu’il avait obtenus du légat en faveur de cette maison.

1577-1580 : les catholiques bénéficient au XVIe siècle d’une possibilité d’enrôlement dans la Confrérie du Rosaire dressée entre 1577 et 1580 dans le prieuré de Foicy? C’est Louise de Bourbon (1534-1575) qui en fait la demande à Séraphin Caballi, général des dominicains. Au cours de la démarche apparait le nom de Jean Millet, prêtre natif de Troyes et résidant à Rome où il tient la signature des brefs apostoliques. Dès 1577, la prieure de Foicy met en place une chapelle du Rosaire. Il faut orner les murs d’une Représentation des 15 Mystères de la Vierge et fait peindre un tableau sur lequel Saint-Dominique reçoit à genoux le Rosaire de la Vierge . Les Troyens peuvent s’y inscrire pour manifester à un culte contre-réformateur

1542 le 18 octobre : Incendie entre 10 H et 11 H du soir, le feu pris par accident à la ramée de l’église de Foicy. Le clocher, la moitié des dortoirs et une grande quantité de joyaux et d’ornements servant à l’église sont brûlés, les cloches fondues. Mais les habitants des villages voisins sauvent les provisions du monastère.

En 1544, les bâtiments, incendiés avec la plupart des titres, furent rétablis avec l’aide des aumônes d’un jubilé ordonné à cet effet par le Souverain Pontife.

1609 : 60 religieuses qui font jusqu’en 1793 l’édification de Saint-Parres-aux-Tertres.

1647 : 70 religieuses

En 1688, Jeanne-Baptiste de Bourbon, abbesse de Fontevrault, envoie une partie des reliques de Sainte-Radegonde, reine de France. Les populations environnantes venaient en foule les vénérer le lundi de Pâques. C’était une des fêtes chrétiennes les plus populaires des alentours de Troyes.

Jeanne-Baptiste de Bourbon - Fresque de la salle capitulaire de l'Abbaye de Fontevraud


1697 le mercredi 19 juin vers 3h00 du soir, grande pluie qui dura 3 jours et 3 nuits. Le dimanche la pluie recommence à 4 H du matin et avec violence le soir qu’il en résulte une inondation qui causa de grands ravages. Le prieuré de Foicy est submergé et 15 maisons sont ruinées.

1729 : dans la déclaration des biens du prieuré on apprend que le prieuré est habité par 38 religieuses (28 religieuses de chœur et 10 converses), le revenu dépasse 8000 livres

1760 ; il reste un pigeonnier du XVe siècle d’environ 1000 pots ; une belle grille qui remplace la porterie démolie en 1776 (inondation de 1697 et PV de 1698).

En 1792, il reste 22 religieuses avec un revenu de 11.000 livres.

En 1793, vente du prieuré de Foissy. Les Bénédictines sont accueillies rue de la Petite Tannerie (aujourd’hui rue Charles Gros).

Foissy avant sa destruction

En 1873, l’abbé Etienne Georges de Troyes, « membre de plusieurs société savantes », visite l’ancien prieuré de Foissy : « Je me reposais un jour de promenade, au bas de la colline de Saint-Parres, près du superbe pont de pierre sur lequel passe la route nationale de Troyes à Bar-sur-Aube, lorsqu’il me prit la fantaisie de visiter les ruines de l’ancien prieuré de Foissy. Je m’acheminai le long de la rive gauche de la Seine et j’arrivai dans l’allée de l’ancien prieuré de Foissy, à quelques pas de la grille d’entrée. Cette magnifique porte, que surmonte un bel écusson aux armes de la maison prieurale était ouverte à deux battants. J’avançai dans la cour où les granges, les écuries, les étables, tous les bâtiments d’une exploitation agricole, ingénieusement combinée et symétriquement distribuée, annonçaient une culture intelligente et considérable. Je visitai ce vaste domaine qui, à l’époque de l’introduction du christianisme dans le pays des Tricasses, avait servi d’ermitage à un  jeune néophyte de noble extraction. Patrocle, c’était le nom du nouveau converti, appartenait en effet, à l’une des familles gallo-romaines les plus influentes de la vieille cité troyenne. Pour approfondir son christianisme, il souhaita trouver quelque gite où il lui serait loisible de se dérober à tous les regards et de vivre loin des bruits du monde. La contrée de Foissy, alors isolée de la capitale des Tricasses par des bois et des marécages, lui présentait tout naturellement une solitude en parfaite concordance avec ses goûts de vie d’abnégation et d’obscurité. Il s’y retira furtivement dans une villa dont il avait hérité. Nul bruit du monde n’arrivait dans cette demeure enveloppée de verdure et d’eau. Nul écho profane ne retentissait dans ce tranquille ermitage, si ce n’est celui des fêtes païennes du coteau voisin où les flamines d’Auguste avaient érigé des autels. Les abords de cette habitation étaient difficiles et périlleux, surtout en automne et en hiver. L’amitié chrétienne, seule, soutenait le courage des fidèles qui affrontaient tous les obstacles pour voir et entendre le pieux et noble ermite, avec une humeur douce, une affabilité peu commune, une parole éloquente et persuasive. Toutes les populations d’alentour l’écoutaient comme un oracle et le vénéraient comme un thaumaturge. Aurélien gouverneur des Gaules s’alarma de l’influence toujours croissante des pèlerins qui, attirés par la renommée des miracles et des aumônes de Patrocle, accouraient à Foissy. Il lui fit trancher la tête (voir le chapitre Saint-Parre). Pendant plusieurs siècles une humble chapelle, érigée à Foissy par des mains pieusement reconnaissantes, rappela le souvenir de cette fin tragique, en abritant glorieuse dépouille du martyre troyen. Les comtes de Champagne Thibaud-le-Grand et Henri-le-Libéral y fondèrent dans le XIIe siècle un couvent de religieuses hospitalières, sous le patronage de la Sainte-Vierge et sous la règle de Saint-Augustin. Ces charitables filles s’unirent aux bénédictines de FontevraultLa Révolution a jeté bas l’ancienne maison prieurale, et dispersé les cendres de ses vénérables mères. La loge du jardinier, le colombier des sœurs, les bâtiments des pères, la chambre où l’on cuisait le pain destiné aux pauvres des environs, un magnifique lierre qui couvre le vieux pan de murailles encore debout le long de la Seine, une pierre tombale, malheureusement mutilée, où l’on déchiffre à moitié l’inscription funéraire d’une abbesse, une plaque de cheminée où l’on voit représenté en relief le martyre de Saint-Parre, voilà tout ce qui reste des bénédictines de Foissy ».  


Reliquaire de la dent de St Pierre - trésor de la cathédrale de Troyes

 Reliquaire renfermant une dent de Saint-Pierre : il est d’argent doré en forme de petit édicule surmonté d’un toit à deux pentes, couronné d’un acrotère ogival. Il provient de l’ancien prieuré de Foicy, près de Troyes, et remplace aujourd’hui la dent de Saint-Pierre, qui faisait partie du reliquaire appelé « le chef de Saint-Philippe » ainsi qu’il résulte de l’inventaire du mois de juin 1429. Il parait que le trésor de la cathédrale détenait cette précieuse relique de la munificence du comte Henri qui l’avait rapportée de Rome, et qui avait, sans doute à cette occasion, fait don d’un splendide reliquaire à Saint-Philippe (reliquaire brisé à la révolution).

« La dent de Saint-Pierre aurait été offerte par le pape Alexandre VII (1655-1667) à Jeanne-Baptiste de Bourbon, abbesse de Fontevraud, laquelle l’aurait donné en 1622 à Anne de Mesgrigny, prieure de Foicy. A la Révolution, la relique est sauvée par une moniale qui l’apporta au Vicaire Général de l’évêché de Troyes, Mr Arvisenet qui l’authentifia en 1827 ».


Deux châsses renfermant les reliques de Saint-Eugène et de Sainte-Euphémie, donnée par Anne de Mesgrigny, prieure de Foicy en 1639. 

Châsses en chêne, XVIIe siècle, en forme d’église gothique, bois peint, doré ; église se Saint-Parres-aux-Tertres.




Saint Pierre, Vierge à l'Enfant, Ste Madeleine



St Jacques

Saint Parre

Saint-Parre,  noble citoyen de Troyes du nom de Patrocle fut décapité en bas du tertre vers 275 sur l’ordre d’Aurélien. La légende veut qu’après sa décapitation, il porta sa tête sur un évangéliaire jusqu’en haut de la colline où il fut enterré.

Missel fontevriste de Foicy, XIIe s. Bnf, Ms. lat. 9437, f.25.



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