dimanche 28 juillet 2024

Les bains-douches à Troyes

 

Des bains-douches à la piscine du Vouldy 

appelée également Piscine Lucien Zins

Cet établissement aura une fonction sanitaire permettant de :

- doter la population de lavoirs avec eau de sources permettant de remplacer les lavoirs à eau sale établis sur les ruisseaux sillonnant la Ville

- de proposer des bains-douches pour la population qui ne dispose pas d’eau courante

La Municipalité Clévy précise que l’établissement pourra être complété par une piscine d’eau chaude. Le site a été retenu : entre le quai Lafontaine, le quai St Dominique et la Rue du Cloître St Etienne, sur l’emplacement de l’ancienne usine élévatoire des eaux du canal


Plusieurs projets voient le jour. Ci-dessous (à gauche) le projet prévoit un réaménagement de l’usine élévatoire des eaux. Ci-dessous (à droite) le projet présente un nouveau bâtiment dans lequel apparaissent une piscine… et l’emplacement d’une deuxième piscine si nécessaire.


Benoit Klopstein, Président du Cercle des Nageurs Troyens, vice-Président de la fédération française de natation et de sauvetage, et homme fort de la natation troyenne, engage un fort lobbying auprès des élus municipaux et des autres sociétés sportives. Ainsi, les 45 sociétés sportives troyennes somment, dès juin 1929, dans un courrier collectif adressé au Maire de reconsidérer le projet précédent et demandent la création d’une piscine en même temps que les bains-douches. Avec trois sociétés de natation (Les Mouettes de Troyes, l’Energie Troyenne et le Club des Nageurs Troyens), il est vrai que Troyes dispose d’un potentiel important de nageurs.

Le 28 mai 1930, sous l’impulsion du Maire Armand Privé, le Conseil Municipal considère que la construction d’une piscine s’impose. Afin de former un établissement modèle et d’éviter les complications techniques liées à une construction ultérieure, il est acté la construction :

  • de bains-douches comprenant 16 cabines de bains, 24 cabines de douches et 4 WC
  • d’un bassin de 25m x 12m d’environ 550m3
  • d’un lavoir de 48 places et d’une buanderie aménagée
  • de 104 cabines de déshabillage réparties sur 2 niveaux en passerelle
  • d’un labyrinthe hydraulique permettant aux nageurs accédant au bassin de se savonner et de se rincer

Les eaux seront déversées après filtration et épuration dans le canal ou dans la Seine.


Plan du projet final On distingue chaque espace : les douches, les bains, les lavoirs, la buanderie, au centre le bassin et le labyrinthe hydraulique. Crédits photos : Carole Bell / Ville de Troyes

La dépense totale pour la construction de l’établissement est évaluée à 3 720 000 francs.

Il est prévu que la Ville participe à hauteur de 800 000 francs et l’Etat à hauteur de 700 000 francs. La « Société d’Habitations à bon marché et de bains-douches » doit réaliser les travaux et en financer une partie pour en bénéficier ensuite d’un droit d’exploitation pour une durée de 15 ans.

Suite aux difficultés financières et la probable faillite de la « Société d’Habitations à bon marché et de bains-douches » en octobre 1932, une négociation est engagée avec la « Société des belles piscines de France » (SBPF). Seulement, la « Société d’Entreprises et de Constructions en Béton Armé » (SECBA) fait une meilleure offre à la Ville (3 500 000 francs) avec une durée de concession de 30 ans contre 40 pour la SBPF. Le projet est sensiblement amélioré et le nombre de cabines est porté de 104 à 180. Le Conseil Municipal approuve, le 25 juillet 1933, le contrat avec la SECBA et prévoit une durée de réalisation de 10 mois.

 Le 4 septembre 1934, Armand Privé, Maire de Troyes, donne le premier coup de pioche de cet établissement hydrothérapique. C’est M. Lévrier, architecte et ingénieur de la Ville qui a apporté tout son savoir-faire dans l’élaboration d’une ligne architecturale avant-gardiste pour l’époque mêlant briques, grandes surfaces vitrées et verrières en toiture.




Après 10 mois de travaux, « la piscine modèle » est inaugurée par le nouveau Maire, René Plard, le 29 juin 1935. Le Petit Troyen dit d’elle : « (…) ses lignes bien proportionnées, sa silhouette moderne d’une heureuse sobriété ont rallié les suffrages de tous les troyens ». Les cabines réparties sur deux niveaux dont un côté réservé aux dames, permettent aux baigneurs d’y laisser leurs habits. Les usagers passent préalablement par un labyrinthe d’eau chaude afin de se laver avant de plonger dans le bassin. En plus d’une filtration mécanique et d’un traitement chimique à l’eau de javel, la piscine est chaque semaine complètement vidée afin d’être nettoyée. Il est prévu de compléter l’établissement d’un solarium en toiture ainsi que d’un buffet-bar pour l’agrément des nageurs et des visiteurs.

Enfin, la piscine du Vouldy est la première piscine française à être dotée de plots de départs qui doivent permettre d’améliorer des records.


Le personnel est composé, en plus des techniciens, de garçons de cabines qui assurent les ouvertures et fermetures. Le maître–nageur est Gabriel Thiéblemont, une figure bien connue de la natation troyenne, qui gérait précédemment le Bain de Charmilles.

Le Maire se félicite de l’ouverture de cet établissement modèle : « La population ouvrière de Troyes à qui manquait depuis si longtemps un établissement de ce genre, pourra profiter de ses avantages au plus grand bien de l’hygiène ».

Benoit Klopstein qui est sans nul doute le principal instigateur du projet déclare que « d’ici deux ans, les nageurs des clubs troyens réaliseront des progrès qui les placeront parmi les meilleurs nageurs français ». Il insiste par ailleurs sur la nécessité de rendre obligatoire l’apprentissage de la natation pour les écoliers troyens sur le modèle tourquenois où 90 % des enfants savent nager.

Le Championnat de l’Est est la première compétition organisée à Troyes le dimanche 8 septembre 1935 avec diverses épreuves de natation, de plongeons, de sauvetage et des rencontres de water-polo. Y participent Marcel Schmitt, le champion de l’époque, et un jeune débutant en catégorie minimes, un certain Lucien Zins.

Programme des Championnats de l’Est Dimanche 8 septembre 1935 


La gestion complexe d’un établissement précurseur

Malheureusement, après seulement une année d’exploitation, les fréquentations ne sont pas celles escomptées et d’autant plus en période hivernale. Par ailleurs, les relations avec la SECBA posent des difficultés à la Ville qui intente un procès à l’exploitant dès 1937.

 Le 22 mai 1939, le Conseil Municipal acte la reprise en régie directe de la piscine suite à la faillite de la SECBA.

La guerre survient et l’établissement est réquisitionné par l’armée française d’abord, puis par l’armée allemande en juillet 1940. L’occupant accorde l’accès de la piscine aux meilleurs nageurs de la Ville mais ferme ses portes en janvier 1941 faute de réparations indispensables à son exploitation.

 En septembre 1941, sur ordre de l’autorité militaire allemande, la piscine est remise en état de marche. Des pourparlers permettent de fixer les modalités de fonctionnement. L’autorité allemande disposera à titre exclusif de la piscine les mardi, mercredi et vendredi. L’établissement fonctionnera pour la population civile les jeudi, samedi et dimanche, le lundi étant consacré au nettoyage. L’occupant prend à sa charge la moitié des frais de fonctionnement. Sont recrutés un gérant, un maître-nageur, un caissier comptable, un chauffeur (technicien), un manœuvre, deux garçons de cabine et une femme de ménage.



L’établissement évolue peu pendant plusieurs années. Toutefois l’environnement urbain se transforme avec la couverture d’une partie du canal de Haute-Seine afin de laisser place à une avenue.

En 1967 la piscine est dotée d’un bassin d’apprentissage de 10m par 10m, le bâtiment est alors agrandi vers le quai Saint-Dominique. Ces travaux respectent l’architecture originelle, l’agrandissement reprend les codes de la construction de 1935 : briques, sous-bassement en pierre, verrières en toiture, fenêtres … Enfin en 1995 de grands travaux de réhabilitation donnent un nouveau visage à la piscine. A l’extérieur la façade est remodelée part un entrée entièrement vitrée. L’intérieur quant à lui est réaménagé, disparaissent alors bains, douches, lavoirs ainsi que l’appartement du directeur.


Le bassin d’apprentissage en 1995 Crédits photos : Ville de Troyes


La façade actuelle


Les champions :

Lucien Zins

 Né le 14 septembre 1922 à Troyes , décédé le 13 décembre 2002 à Vittel

Crédit photo : Mme Ratiskol

Georges Zins, le frère ainé de Lucien, est sans nul doute à l’origine de la carrière d’un des plus grands sportifs troyens de l’histoire. Il lui apprend les premiers rudiments de brasse alors que leur mère s’inquiète de les voir jouer le long du canal de Haute Seine, à proximité duquel ils habitent. Disposant de qualités certaines, il commence à fréquenter le Bassin des Charmilles où Claude Thiéblemont, propriétaire des lieux, lui apprend le dos crawlé.

En 1936, quelques mois seulement après la construction de la piscine municipale du Vouldy, il se fait remarquer avec un premier titre de champion de France cadet au 100m dos.
L’année 1938 marque le début de sa carrière de haut niveau. A tout juste 16 ans et alors qu’il encore junior, Lucien Zins améliore le record de France du 200m et 400 m dos à la Piscine du Vouldy. « Ma vie ?… je le passe sur les bords de la Piscine » confie-t-il à la presse de l’époque.

Doté de prédispositions physiques pour la pratique de la natation (1.86m pour 78kg), il devient international en 1939 date à laquelle il bat le record de France du 100m dos détenant ainsi les records nationaux sur chaque distance en dos. La consécration arrive la même année à la Piscine des Tourelles avec son premier titre de Champion de France devant son éternel rival, le parisien Blanc.

En 1941, le troyen se signale en remportant, en sus du 100 dos, le 1500m nage libre. Sa performance est unique dans les annales puisqu’il accomplit l’épreuve sur le dos alors que ses adversaires nagent en crawl ! Sa souplesse et sa remarquable habileté à prendre les virages lui ont permis d’accomplir cet exploit.
« Ce n’est plus gagner dans un fauteuil, c’est nager dans un transtlantique ! » peut-on lire dans la revue sportive nationale L’Auto. Et pourtant, cette année-là, la piscine du Vouldy est fermée depuis plusieurs mois (elle le restera durant deux ans) contraignant Lucien Zins à s’entrainer en Seine, dans une eau à 14°, ou dans les gravières autour de Troyes, et démontrant ainsi une motivation sans faille. Il lui arrive même de s’entrainer dans le canal où il se paie le luxe de sprinter contre une barge chargée de ballast. Par ailleurs, son frère Georges, qui n’a cessé de l’entrainer jusque-là, est prisonnier de guerre, tant et si bien que l’un des deux meilleurs nageurs français ne dispose ni de bassin ni d’entraîneur ! « Un grand nageur sans piscine : ce que ferait Zins s’il pouvait s’entrainer » titre encore l’Auto.
Il bat en octobre 1942 le record d’Europe du 400m dos.

Pendant l’occupation, aucun titre ne lui échappera… ou presque. Ainsi, en juillet 1943 alors que sous la pression allemande la Fédération doit refuser la participation du second meilleur nageur française de l’époque – Artem Nakache – Lucien Zins décide par solidarité de ne pas défendre son titre sur 100m dos alors qu’il s’est rendu à Toulouse en vélo. Il sera suspendu pendant une année.
Il reprend son titre en 1944 à la Piscine des Tourelles, peu après le débarquement et alors que les trains ne circulent plus, le contraignant à se rendre à Paris à bicyclette, une fois de plus.

Après la seconde guerre, la fulgurante progression de Georges Vallerey va quelque peu freiner le troyen dans sa course aux titres et aux records de 1945 à 1947. Il participe toutefois aux championnats d’Europe à Monaco en 1947.
En 1948, après un nouveau titre sur 100m dos, il est le premier nageur troyen à se qualifier aux Jeux Olympiques de Londres où il sera demi-finaliste et s’adjugera la 10ème place.
En 1950, il remporte son 6ème et dernier titre national sur 100m dos et participe aux championnats d’Europe à Vienne où il échoue au pied du podium (4ème place).

Sa carrière de nageur de haut niveau s’arrête aux Olympiades de 1952 à Helsinki où il est encore demi-finaliste. Tout en continuant à nager, il est devenu entraineur du club de Troyes et a repris en mains la carrière du double recordman du monde Gilbert Bozon qui finira second du 100m dos à ces mêmes Jeux Olympiques.
Fort de son charisme et de son expérience, il devient entraineur national en 1955 puis Directeur Technique National en 1964. Il encadre ainsi les équipes de France durant cinq Olympiades : Melbourne (1956), Rome (1960), Tokyo (1964), Mexico (1968) et Munich (1972).

Il se retire en 1973 de ce poste de n°1 de la natation française pour ouvrir le Centre de Préparation Olympique à Vittel.

 

Gilbert Bozon

Né le 19 mars 1935 à Troyes, décédé le 21 juillet 2007 à Tours

Crédit photo : Michel Bozon

Les performances sportives de Gilbert Bozon auront tenu en haleine les troyens autant que ses revirements. Il changea à plusieurs reprises d’entraîneurs et de clubs, créant à chaque fois une émotion certaine pour ceux qui suivaient ses exploits. Ces péripéties étaient à l’image d’une natation troyenne très agitée qui comptabilisa jusqu’à quatre clubs de natation peu après la fin de la seconde guerre mondiale.

Après un accident de gymnastique, il est amené à la piscine par Roger Vittenet, un voisin de ses parents, qui était maître-nageur. En 1947, détectant rapidement son potentiel, Jacques Latour, poissonnier de son état et responsable du Racing Club des Cheminots Troyens, prend en mains l’adolescent. Après seulement deux années, il positionne le jeune Bozon comme un des meilleurs spécialistes de dos, discipline qui était à cette période la spécialité d’un autre troyen, Lucien Zins.
En 1949, Gilbert Bozon prend précisément Zins comme conseiller tout en restant entraîner par Latour. En décembre 1950, et alors qu’il vient de remporter un ultime titre national sur 100 mètres dos, Zins annonce « J’entraîne un jeune qui devrait me battre dès 1951… ». Peu après, le garçon de seize ans (1m60 pour 65 kilos) réalise 1’08’’2 à la piscine du Vouldy. Ce n’est qu’un début qui situe déjà Bozon parmi les dix meilleurs nageurs de dos au monde.
En 1951, Gilbert Bozon bat Lucien Zins lors des championnats de France à Bordeaux remportant son premier titre majeur. La prophétie s’est réalisée.

1952 marque un tournant dans la carrière du jeune Bozon. Dans la piscine municipale où son aîné Lucien Zins battit dix ans plus tôt un record d’Europe sur 400 et un record de France sur 100 dos, il bat le record d’Europe de cette même distance en 1’04’’3 détenu par Georges Vallerey. Il améliore également le record du monde du 3 x 100 mètres 3 nages en compagnie de Lusien et Jany, égalant au passage le record du monde du 100 dos.
En proie à quelques difficultés avec les instances fédérales et municipales, il prépare secrètement les Jeux Olympiques d’Helsinki où son objectif est clair : obtenir le titre olympique sur sa distance fétiche. Afin de préparer l’épreuve en grand bassin, on lui fait monter dans une gravière deux rails avec deux planches aux extrémités lui permettant de nager comme dans une ligne d’eau de 50 mètres.
Le 1er août, il est en passe de réaliser son rêve d’or olympique. En final, il affronte les meilleurs spécialistes américains. Après un départ prudent, il vire troisième à mi-distance, il fournit son effort aux 75 mètres se propulsant en tête d’une demi-longueur. Malheureusement cette accélération violente lui est fatale puisqu’il ne peut résister au sprint de l’Hawaïen Oyakawa dans les derniers mètres, qu’il avait pourtant battu de plus d’une seconde deux mois plus tôt aux Tourelles. Il admit plus tard avoir fait une erreur tactique en partant trop tôt. Il concéda également avoir mal vécu la pression qui pesait sur lui. Cette médaille d’argent fût la plus grande déception de sa carrière et il se sépare de Jacques Latour après les JO.
Revanchard, le 26 décembre, dans une piscine du Vouldy acquise à sa cause, il s’attaque au record du monde du 100 mètres dos détenu par l’Américain Stack. Seul face au chronomètre, il l’améliore de 3 dixièmes (1’03’’3). Il le conservera jusqu’au 1er avril 1954.

En juin 1953 à Alger, il bat le record du monde du 200 mètres dos d’Allan Stack en 2’18’’3 possédant ainsi les deux records mondiaux en dos. Il bat également le record du monde du 4 x 100 mètres quatre nages avec Dumesnil, Lucien et Jany.

En 1954, en plus de son quatrième titre national sur 100 mètres dos, il est vice-champion de France du 200 mètres nage libre avec Eminente et second sur 100 mètres démontrant ainsi une belle polyvalence. En septembre 1954, il est finaliste des championnats d’Europe à Turin. Ayant appris de son échec olympique il gère parfaitement sa course pour ravir le titre continental en réalisant la meilleure performance mondiale en grand bassin (le record du monde en grand bassin n’existe pas encore). Il fait enfin retentir la marseillaise sur une compétition internationale majeure.
Quelques semaines après, il annonce qu’il abandonne la natation afin de gagner sa vie car sa famille a besoin de lui… Il a seulement dix-neuf ans. Aidé financièrement et matériellement par Maître Jean Mayer, notaire et Président de la section natation du Troyes Gymnique, il va revenir sur sa décision et replonger dans le bassin du Vouldy.

En 1955, à tout juste vingt-ans, il est au sommet de sa carrière. Il s’entraine désormais avec Lucien Zins qui est devenu l’homme influent de la natation française. Il a gagné en expérience, technique et puissance, et ce malgré son petit gabarit pour un nageur de niveau mondial (1m78). Alors que le champion olympique Américain Oyakawa lui a ravi son record mondial sur 100 mètres dos, il décide de reprendre son bien. Le 27 février 1955, la piscine du Vouldy est de nouveau le théâtre d’une performance sportive exceptionnelle. Sous les ordres du starter Pierre Woelflé, il s’élance aux côtés de Coignot dans une piscine surchauffée. Grâce à une fréquence de bras exceptionnelle, il est en avance sur le record du monde dès les 50 mètres. Portée par la foule, il maintient son effort jusque dans le dernier 25 mètres. Après une courte délibération des trois chronométreurs, le speaker peut annoncer que le record du monde est amélioré de 7 dixièmes et porté à 1’2’’10. Recueillant les ovations d’une foule en liesse, Bozon associe deux hommes à cette performance exceptionnelle : Lucien Zins son entraîneur actuel et Jacques Latour son formateur.

Il honore une de ces dernières sélections en équipe de France aux Jeux Olympiques de Melbourne (1956). Il est accompagné de trois autres troyens, gage de la qualité de la natation locale : Lucien Zins devenu entraîneur des équipes de France, Jacques Collignon et Gérard Coignot. Alors que le record du monde battu l’année précédente laisse espérer enfin le titre olympique, Bozon se contente d’une modeste place de demi-finaliste.

Il quitte Troyes, la piscine du Vouldy et le Troyes Olympique natation, en 1957, pour poser ses valises à Tours où lui est proposé un emploi à la piscine municipale. Il forme au cours de sa carrière d’entraîneur 36 nageurs internationaux dont trois sélectionnés olympiques.

 

Gabriel Thiéblemont

 • propriétaire du bain des Charmilles

 • 1er maitre-nageur de la piscine municipale

 • entraineur de l’équipe de water-polo Troyes-Gymnique

 • 15 fois champion de Champagne de plongeons

 • chronométreur fédéral

 Le Bain des Charmilles et son école de natation ouvrent en 1864. Plusieurs personnalités construisent aux Charmilles l'histoire de la natation troyenne. Gabriel-Thiéblemont, responsable du site, anime l'établissement durant l'entre-deux-guerres. Se côtoient ici ceux qui se formeront à la natation et continueront à la faire vivre à la piscine du Vouldy : Gabriel-Thiéblemont et ses enfants, les frères Schmitt, les frères Zins, Marcel-Perrin, Pierre-Woëlflé...

Le Bain des Charmilles est le fief, entre-autre, du Club des Nageurs Troyens.

De nombreuses activités y sont proposées : Leçons de natation, rencontres de water-polo, compétitions de natation et de plongeon...

L'ouverture du Vouldy en 1935 et les aléas de la natation en milieu naturel entraineront la fermeture des Bains à la fin des années 1940. 


Sur le cliché, on retrouve les frères Zins à gauche ou encore Pierre-Woëlflé dit la Cerise au debout au centre.

 Un peu d’Histoire avec quelques dates : 

 En 1839, la mairie de Troyes procède à l’adjudication du droit d’établir une Ecole de Natation sur le bras de la Seine entre le pont Saint-Jacques et celui des Fileurs.

En 1864, création de Bains Froids sur le bras de la Seine qui borde le mail de Chaillouet : «...Les Bains, sont ouverts de 5h à 21 h. Les femmes sont admises de 8h à 11 h ... les hommes porteront au moins un caleçon, les femmes seront vêtues d’un pantalon et d’une camisole. Il est défendu à toutes personnes de sortir et de se montrer dans ces costumes hors de l’enceinte du Bain... L’établissement sera ouvert gratuitement au public tous les dimanches, de 5 h00 à 16 h00 ».

En 1874, s’ouvre une Ecole de Natation à l’entrée du mail des Charmilles, et en 1876, une Ecole de natation à l’usage des hommes sur la Seine le long du mail de Chaillouet.

En 1886, l’Ecole de Natation, ouverte de 5h à 20 h est réservée aux dames les mardi, mercredi, vendredi et samedi de 8 heures à midi, entrée gratuite les mêmes jours pour les enfants des écoles communales de filles accompagnées de leurs maîtresses, entrée gratuite des écoles de garçons accompagnés de leurs maîtres, les lundi et jeudi de midi à 14h heures.

 En 1897, les bains sont transférés mail des Charmilles, en raison de la pollution : résidus de teintureries et de triperies, déjections humaines, égouts…

En 1921, création du Club des Nageurs Troyens (CNT).

En 1935 est inaugurée la piscine municipale du Vouldy, 25 x 12 m 50, à 26°, avec enseignement scolaire : Pierre Woelflé (La cerise), de 1945 à 1993, y apprend à nager à des milliers de jeunes aubois, pendus à des câbles avec sangles ! Marcel Perrin en est le directeur de 1942 à 1973.

En 1967, on ajoute un bassin d’apprentissage de 10 mètres sur 10.

En 1974 s’ouvre la piscine olympique des Chartreux : 4.000 m², avec bassin d’apprentissage, pataugeoire, tremplins de plongeon, aménagée pour les handicapés, avec baby club (enfants de 3 mois à 3 ans), cours 3ème âge, gymnastique aquatique pour les futures mamans… pouvant accueillir 1.200 baigneurs. Claude Perrin en est le directeur.

1975 : organisation championnat de France d'hiver de natation.

La Piscine Lucien Zins aujourd'hui


 Principaux résultats sportifs :

En 1931, les frères Schmitt, Lambert et Shilliger sont champions de France par équipe lors de la traversée de Paris (8 km). Le Club des nageurs troyens, qui s'entraîne dans les bains froids du bras de Seine des Charmilles, remporte cette même année, le titre national par équipe. Toute la presse parisienne souligne son étonnement, prouvant que la natation de haut niveau peut se passer de piscine d'eau chaude !!

En 1934, Marcel Schmitt du SNT, termine 1er du championnat de l’Est, aux 1.500, 400, 200 et 100 m nage libre.

En 1937, à 14 ans, Lucien Zins devient champion de France cadet en 100 m dos.

De 1937 à 1945, Lucien Zins remporte 5 titres de champion de France.

En 1944, il est champion de France de natation.

En 1946, il participe aux championnats d'Europe du 100 m dos à Monaco.

En 1947, il remporte à nouveau le titre de champion de France du 100 m dos.

En 1937, création du club Les Mouettes qui totalisera 24 titres régionaux.

En 1948, Les Mouettes et le CNT fusionnent pour donner naissance au Troyes Olympique Natation (TON).

 En 1949, Lucien Zins, Pierre Woelflé et P. Roland sont recordmen de France du 3 fois 100 m trois nages, et le TON devient champion de France Honneur de water-polo.

En 1952, à 17 ans, Gilbert Bozon devient champion de France du 100 m dos devant Zins et recordman du monde du 100 m dos (détenu par l'américain Allan Stack en 1' 03'' 6/10) en 1' 02'' 1/10, à la piscine du Vouldy de Troyes., et remporte une médaille d’argent aux Jeux Olympiques d’Helsinki.

En 1953, il bat le record du monde du relais 4 x 100 m quatre nages.

En 1954, Coignot est 3° au championnat d’Europe, et G. Bozon champion d’Europe du 100 m dos et médaille d’argent du relais 4 x 200 m nage libre. Gilbert Bozon est champion d'Europe du 100 m dos et médaille d'argent du relais 4 x 100 m quatre nages.

En 1957, Jacques Collignon remporte le titre de champion de France sur 200 m nage libre, et participe aux Jeux Olympiques de Melbourne en compagnie de Coignot.

En 1975, Philippe Zins est champion de France sur 100 m nage libre avec palmes et 3° au relais 4 x 200 m de l’équipe de France au championnat d’Europe.

En 1977, Claude Thomas tente de battre le record de Rousseau en parcourant plus de 62 km en 24 h (il ne nage que 59 km).

En 1985, Nicolas Granger est champion de France du 200 m 4 nages avec le record national, et est vice-champion de France du 400 m 4 nages.

En 1991, Olivier Corpel est deux fois médaillé de bronze au championnat de France (été et hiver) sur 200 m papillon et médaillé à deux reprises aux Jeux Olympiques des jeunes. 

 

 

 

 






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