Au début du XIIe siècle, Creney était le siège d'une
paroisse, et l'évêque Haton a donné cette église et les dîmes qui lui étaient
attachées au chapitre Saint Pierre de Troyes.
En 1208, le chapitre et l'évêque Hervé ont donné la
paroisse à l'hôtel-Dieu Saint Nicolas, le plus ancien établissement de charité
de la ville de Troyes. L'hôtel-Dieu avait droit aux dîmes sur les céréales, et
sans doute à quelques terres. Rapidement, cette institution a bénéficié
d'importantes donations de terres et maisons, à Creney, Belley, Mergey, et plus
tard dans de nombreuses autres localités. (voir Seigneurie de Creney )
En 1500, l'hôtel-Dieu Saint Nicolas possédait
plusieurs centaines d'hectares de terres organisées en grosses fermes, ainsi
que des vignes à Creney, Belley, Chablis, et 66 maisons louées, essentiellement
à Troyes... Un champ planté de 62 noyers à Creney en 1381 était si remarquable
que cette partie du finage porte toujours le nom : "Les noyers de
l'hôtel-Dieu".
Pendant les périodes de grande prospérité de la
ville de Troyes, au XIIIe siècle comme au début du XVIe siècle, l'hôtel-Dieu a
su attirer la générosité des riches familles troyennes, ce qui a permis de
construire une nouvelle église au XIIIe siècle, puis de la reconstruire presque
entièrement et de la décorer richement au XVIe siècle.
De l'église de 1208, ne subsistent que la base de la
tour et, ce qui ne devait être provisoire, le porche. Au XVIème siècle, la
première tranche de reconstruction a concerné le chœur et les deux travées
suivantes, avec des baies flamboyantes garnies de vitraux. La tour a été
coiffée d'une haute flèche aujourd'hui garnie d'essentes de châtaignier. La
seconde tranche est de style renaissance, avec des baies en plein-cintre. La
porte latérale sud, du milieu du XVIème siècle, montre que les travaux se sont
arrêtés subitement. Un beau portail renaissance était vraisemblablement prévu
pour terminer la façade ouest. L'ancien portail en retrait par rapport aux
bas-côtés, avait été protégé par un auvent de bois qui a tenu jusqu'en 1847. A
cette date, il a fallu démonter et reconstruire toute la façade ouest qui
menaçait de s'effondrer. La mode était alors au style néogothique. Un avant
porche orné d'un dragon protège maintenant le porche roman conservé.
Seuls quelques décors végétaux sculptés agrémentent l'intérieur, si on excepte deux têtes visibles dans la chapelle des fonts baptismaux, qui pourraient symboliser le bien et le mal. Quatre petits dragons se cachent autour de l'ouverture du passage de la cloche, difficiles à repérer. Par contre beaucoup d'images peintes ornaient autrefois les murs et les piliers. Comme la restauration de 1847 prévoyait grattage et blanchiment de l'intérieur, ne subsistent plus que quelques témoins d'un collège apostolique sur les premiers piliers.
Vitraux
Baie 0 - Depuis l'entrée, l'œil est attiré par ce
magnifique vitrail daté de 1520, qui représente la crucifixion. Il a été offert
par Jean Godet, curé de Creney et de Saint Nicolas, représenté à gauche avec
son blason orné de trois godets d'argent. On remarquera les costumes de
l'époque de François 1er, la richesse du harnachement du cheval, les étoiles
montées en chef-d’œuvre.
Curiosité : le mauvais larron à droite de la baie
avait réussi à s'évader avant 1850. Il avait été remplacé par Saint Vincent et
Saint Barnabé, qui ont retrouvé leur place dans la baie 6. Le panneau manquant
a été habilement recréé après la seconde guerre mondiale, avec un larron musclé
!
La baie 1, de 1520 également, a été donnée par Henri
de Foissy, capitaine de Chaource et seigneur de Creney. Il représente des
scènes de la Passion du Christ, avec une profusion du précieux jaune d'argent.
Le créateur de ce vitrail a utilisé les cartons ayant servi pour un vitrail de
1496 visible à l'église Sainte Madeleine de Troyes, qui regorge de prouesses
techniques. Ces cartons auraient même été utilisés dans une trentaine d'église,
tant ils avaient suscité l'admiration des fidèles.
N'oubliez pas que l'on doit lire un vitrail de gauche à droite et bas en haut
La baie 2 représente en bas la circoncision de Jésus, encadrée par les donateurs François Hennequin et Louise Molé. Celle-ci arbore le joli blason de sa riche famille troyenne. Par contre, comme le mauvais larron, François Hennequin a disparu. Il a été remplacé par une scène montrant Saint Eloi ferrant la patte d'un cheval, après l'avoir coupée pour se simplifier le travail. L'animal attend calmement la remise en place de cette patte ferrée de neuf ! Au-dessus, les rois mages apportent leurs présents à la Vierge et à l'Enfant Jésus
Apparition du Christ à la Vierge - "Noli me
tangere" - Colombe du Saint-Esprit
Vie de Saint Eloi, le miracle du cheval au pied coupé - Circoncision -
Les donatrices présentées par Saint Louis
Vous remarquerez que tous les vitraux sont armoriés
Baie 3 : Sous une intéressante Sainte-Marguerite du
début XVIème, Max Ingrand a remplacé en 1958 le verre blanc par une évocation
de symboles bibliques.
La baie 4 est consacrée à la Vierge. En bas à gauche, l'Annonciation. En bas à droite, les apôtres assistent à ses derniers moments. En haut à gauche, Saint Pierre la bénit au moment de sa mort.
Le quatrième panneau raconte que le grand prêtre des
Hébreux a voulu renverser le cercueil de la Vierge. Mal lui en a pris : ses
deux bras sèchent et se collent au cercueil. Il devra reconnaître Jésus pour
récupérer ses bras. L'inscription qui accompagne cette image montre l'état
d'esprit de l'époque : il est écrit : "Perfide juif de race de Lévi".
La baie 6 a été offerte par la corporation des
vignerons, d'où la présence de leurs outils dans les lancettes. Saint Vincent
et Saint Barnabé ont retrouvé leur place, mais les deux panneaux inférieurs ont
été créés par l'atelier de Max Ingrand.
On remarquera surtout la Vierge de pitié qui domine
cette baie.
Les baies 10, 11, 14 montrent des fragments d'origine inconnue rassemblés au moment de la repose des vitraux après la guerre.
quelques sculptures
Cette Vierge à l'Enfant du XIIIème siècle avait bien traversé le temps.
Le 13 juin 1940,
des avions allemands ont bombardé la rue du Moulin, détruisant plusieurs maisons,
la plus proche se trouvant de l'autre côté de la rue. Le souffle de l'explosion
a projeté les remplages des baies à l'intérieur de l'église, ceux du côté
opposé à l'extérieur, tandis que le bas-côté nord a été sérieusement secoué. La
tête de l'enfant Jésus a disparu.
Seuls quelques décors végétaux sculptés agrémentent l'intérieur, si on excepte deux têtes visibles dans la chapelle des fonts baptismaux, qui pourraient symboliser le bien et le mal. Quatre petits dragons se cachent autour de l'ouverture du passage de la cloche, difficiles à repérer. Par contre beaucoup d'images peintes ornaient autrefois les murs et les piliers. Comme la restauration de 1847 prévoyait grattage et blanchiment de l'intérieur, ne subsistent plus que quelques témoins d'un collège apostolique sur les premiers piliers.
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