dimanche 1 septembre 2024

Église St Aventin de Creney

 


Au début du XIIe siècle, Creney était le siège d'une paroisse, et l'évêque Haton a donné cette église et les dîmes qui lui étaient attachées au chapitre Saint Pierre de Troyes.

En 1208, le chapitre et l'évêque Hervé ont donné la paroisse à l'hôtel-Dieu Saint Nicolas, le plus ancien établissement de charité de la ville de Troyes. L'hôtel-Dieu avait droit aux dîmes sur les céréales, et sans doute à quelques terres. Rapidement, cette institution a bénéficié d'importantes donations de terres et maisons, à Creney, Belley, Mergey, et plus tard dans de nombreuses autres localités. (voir Seigneurie de Creney )

En 1500, l'hôtel-Dieu Saint Nicolas possédait plusieurs centaines d'hectares de terres organisées en grosses fermes, ainsi que des vignes à Creney, Belley, Chablis, et 66 maisons louées, essentiellement à Troyes... Un champ planté de 62 noyers à Creney en 1381 était si remarquable que cette partie du finage porte toujours le nom : "Les noyers de l'hôtel-Dieu".

Pendant les périodes de grande prospérité de la ville de Troyes, au XIIIe siècle comme au début du XVIe siècle, l'hôtel-Dieu a su attirer la générosité des riches familles troyennes, ce qui a permis de construire une nouvelle église au XIIIe siècle, puis de la reconstruire presque entièrement et de la décorer richement au XVIe siècle.

De l'église de 1208, ne subsistent que la base de la tour et, ce qui ne devait être provisoire, le porche. Au XVIème siècle, la première tranche de reconstruction a concerné le chœur et les deux travées suivantes, avec des baies flamboyantes garnies de vitraux. La tour a été coiffée d'une haute flèche aujourd'hui garnie d'essentes de châtaignier. La seconde tranche est de style renaissance, avec des baies en plein-cintre. La porte latérale sud, du milieu du XVIème siècle, montre que les travaux se sont arrêtés subitement. Un beau portail renaissance était vraisemblablement prévu pour terminer la façade ouest. L'ancien portail en retrait par rapport aux bas-côtés, avait été protégé par un auvent de bois qui a tenu jusqu'en 1847. A cette date, il a fallu démonter et reconstruire toute la façade ouest qui menaçait de s'effondrer. La mode était alors au style néogothique. Un avant porche orné d'un dragon protège maintenant le porche roman conservé.

Seuls quelques décors végétaux sculptés agrémentent l'intérieur, si on excepte deux têtes visibles dans la chapelle des fonts baptismaux, qui pourraient symboliser le bien et le mal. Quatre petits dragons se cachent autour de l'ouverture du passage de la cloche, difficiles à repérer. Par contre beaucoup d'images peintes ornaient autrefois les murs et les piliers. Comme la restauration de 1847 prévoyait grattage et blanchiment de l'intérieur, ne subsistent plus que quelques témoins d'un collège apostolique sur les premiers piliers.

Vitraux 


Baie 0 - Depuis l'entrée, l'œil est attiré par ce magnifique vitrail daté de 1520, qui représente la crucifixion. Il a été offert par Jean Godet, curé de Creney et de Saint Nicolas, représenté à gauche avec son blason orné de trois godets d'argent. On remarquera les costumes de l'époque de François 1er, la richesse du harnachement du cheval, les étoiles montées en chef-d’œuvre.

Curiosité : le mauvais larron à droite de la baie avait réussi à s'évader avant 1850. Il avait été remplacé par Saint Vincent et Saint Barnabé, qui ont retrouvé leur place dans la baie 6. Le panneau manquant a été habilement recréé après la seconde guerre mondiale, avec un larron musclé !

Baie 0 - Crucifixion


La baie 1, de 1520 également, a été donnée par Henri de Foissy, capitaine de Chaource et seigneur de Creney. Il représente des scènes de la Passion du Christ, avec une profusion du précieux jaune d'argent. Le créateur de ce vitrail a utilisé les cartons ayant servi pour un vitrail de 1496 visible à l'église Sainte Madeleine de Troyes, qui regorge de prouesses techniques. Ces cartons auraient même été utilisés dans une trentaine d'église, tant ils avaient suscité l'admiration des fidèles.

Baie 1 - Passion


Devant Pilate - Portement de croix - Dieu le Père
Devant Caïphe - Baiser de Judas - Au Jardin des Oliviers
Entrée à Jérusalem - Lavement des pieds - La Cène
Saints Henri, Barbe, Catherine et Marguerite

 N'oubliez pas que l'on doit lire un vitrail de gauche à droite et  bas en haut

La baie 2 représente en bas la circoncision de Jésus, encadrée par les donateurs François Hennequin et Louise Molé. Celle-ci arbore le joli blason de sa riche famille troyenne. Par contre, comme le mauvais larron, François Hennequin a disparu. Il a été remplacé par une scène montrant Saint Eloi ferrant la patte d'un cheval, après l'avoir coupée pour se simplifier le travail. L'animal attend calmement la remise en place de cette patte ferrée de neuf ! Au-dessus, les rois mages apportent leurs présents à la Vierge et à l'Enfant Jésus

Baie 2 - La circoncision

Apparition du Christ à la Vierge - "Noli me tangere" - Colombe du Saint-Esprit

Vie de Saint Eloi, le miracle du cheval au pied coupé - Circoncision - 

Les donatrices présentées par Saint Louis

Vous remarquerez que tous les vitraux sont armoriés

Baie 3 : Sous une intéressante Sainte-Marguerite du début XVIème, Max Ingrand a remplacé en 1958 le verre blanc par une évocation de symboles bibliques.

Baie 3

La baie 4 est consacrée à la Vierge. En bas à gauche, l'Annonciation. En bas à droite, les apôtres assistent à ses derniers moments. En haut à gauche, Saint Pierre la bénit au moment de sa mort.

Le quatrième panneau raconte que le grand prêtre des Hébreux a voulu renverser le cercueil de la Vierge. Mal lui en a pris : ses deux bras sèchent et se collent au cercueil. Il devra reconnaître Jésus pour récupérer ses bras. L'inscription qui accompagne cette image montre l'état d'esprit de l'époque : il est écrit : "Perfide juif de race de Lévi".

Baie 4 - Vie de la Vierge


La baie 5 où ne subsiste que la partie supérieure d'un arbre de Jessé, peu lisible, dans le tympan, tandis que Jésus recueille son âme. Max Ingrand
  en 1958 pour la partie « moderne ».

Baie 5 
Au tympan une partie d'un arbre de Jessé avec la Vierge à l'Enfant et 
des symboles bibliques dans les lancettes


La baie 6 a été offerte par la corporation des vignerons, d'où la présence de leurs outils dans les lancettes. Saint Vincent et Saint Barnabé ont retrouvé leur place, mais les deux panneaux inférieurs ont été créés par l'atelier de Max Ingrand.

On remarquera surtout la Vierge de pitié qui domine cette baie.

Baie 6

Baie 6 - Pietà


Les baies 10, 11, 14 montrent des fragments d'origine inconnue rassemblés au moment de la repose des vitraux après la guerre.

quelques sculptures


Cette Vierge à l'Enfant du XIIIème siècle avait bien traversé le temps.

 Le 13 juin 1940, des avions allemands ont bombardé la rue du Moulin, détruisant plusieurs maisons, la plus proche se trouvant de l'autre côté de la rue. Le souffle de l'explosion a projeté les remplages des baies à l'intérieur de l'église, ceux du côté opposé à l'extérieur, tandis que le bas-côté nord a été sérieusement secoué. La tête de l'enfant Jésus a disparu.


La photo en noir et blanc prise avant 1894 par P. Robert


Vierge à l'Enfant XIIIe
avec ses donateurs soient Jean de Creney et Marguerite de Brillecourt


Dalle funéraire de Jean de Creney et Marguerite de Brillecourt


Pietà XVIe


Fonts Baptismaux du XVIe
Don de Guichard, baron du Vouldy, à l'occasion du baptème d'un premier fils,
par les ateliers de François Gentil et Dominique Le Florentin.


Saint Aventin - bois XVIe

Saint Aventin était disciple et serviteur de l'évêque Saint Loup. Responsable de l'intendance, on dit que sous sa surveillance non seulement le niveau de vin ne baissait pas mais que parfois même il augmentait. Il aurait également retiré une épine de la patte d'un ours, ce qui est représenté ici. Il allait également racheter des prisonniers. Un maître ayant refusé de libérer le prisonnier bien qu'ayant pris la rançon, son doigt, puis son bras lui firent très mal et il en mourut. Sa femme également mourut. Plus tard, Aventin fonda le monastère d'Isle Aumont, et il en confia la direction à cet ancien prisonnier. Il se retira pour vivre en ermite dans une île sur la Seine, à Saint-Aventin, hameau de Verrières (Aube). 



Châsse-reliquaire de Saint Aventin XIXe, autrefois surmonté d'une statuette.
 La relique a été apportée en procession par les chanoines de Saint Etienne de Troyes.








Seuls quelques décors végétaux sculptés agrémentent l'intérieur, si on excepte deux têtes visibles dans la chapelle des fonts baptismaux, qui pourraient symboliser le bien et le mal. Quatre petits dragons se cachent autour de l'ouverture du passage de la cloche, difficiles à repérer. Par contre beaucoup d'images peintes ornaient autrefois les murs et les piliers. Comme la restauration de 1847 prévoyait grattage et blanchiment de l'intérieur, ne subsistent plus que quelques témoins d'un collège apostolique sur les premiers piliers.



Maître-Autel 
Les 11 panneaux ont été réemployés sur l'ancienne tribune du 16e siècle démontée en 1847. Sur le panneau central se trouvaient les armoiries de France et sur deux autres, les armoiries des seigneurs de Creney.



Ce fragment de tour eucharistique a été intégré dans un autel néogothique de la fin du 19ème siècle, placé dans le bas-côté nord de l’église. Il a été pourvu d’une porte à cette occasion afin de permettre son usage comme tabernacle


Vierge à l'Enfant au milieu de deux évêques XVIIe
huile sur toile, armoiries non identifiées


Lutrin aigle de st Jean - fin XVIIIe



Éducation de la Vierge - XVIe
bois de chêne polychrome




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