jeudi 10 octobre 2024

Châteaux de Pont-sur-Seine, Pouy-sur-Vanne

- Château de Pont-sur-Seine :

gravure du XVIIe

Si Pont n’est aujourd’hui qu’un bourg de 1.100 habitants, château et église sont les vestiges d’un riche passé. Cet important lieu de passage, où l’on franchit la Seine par plusieurs ponts, est habité depuis la préhistoire.

A l’époque carolingienne c’est le centre d’un pays, le pagus Mauripensis ou Morvois. Aux XIe-XIIe siècles, la seigneurie appartient à la puissante maison de Pont-Traînel, dont Philippe de Pons, évêque de Troyes de 1083 à 1121.

En 1147, elle passe au comte de Champagne Thibaut II : siège d’un doyenné, comptant deux paroisses et plusieurs prieurés.

Pont est une châtellenie. Prévôté comtale, puis royale, elle suit le sort du comté de Champagne : en 1284, elle est apportée en dot par Jeanne de Navarre à son mari Philippe le Bel, roi de France en 1285 sous le nom de Philippe IV.

En 1404, lors de l’érection du duché de Nemours, Pont y est compris. Pendant plus de 21 siècles Pont partage l’histoire mouvementée tragique même, des maisons d’Armagnac, de Foix, de Savoie, qui possèdent le duché de Nemours.

Cédé au roi en 1623 par le duc de Nemours, Pont est, le 10 mars 1629, échangé contre d’importantes terres souveraines à sa proche cousine Louise Marguerite de Lorraine, princesse de Conti, qui décède en 1631, laissant pour héritière la duchesse douairière de Guise qui cède ses droits à ses fils, Charles duc de Guise, et Claude, duc de Chevreuse.

En 1632, les deux ducs vendent Pont à Claude Bouthillier de Chavigny, créature de Richelieu, surintendant, ministre des finances, pour y bâtir un château (62 m x 61 m) convenant à l’un des premiers personnages de l’Etat.

Les Bouthillier donnent à Troyes deux évêques : François (1679-1697) et son neveu Denis (1698-1716). Claude Bouthillier commence alors la construction du château sur les dessins de Pierre Le Muet. Les matériaux de construction : pierres de taille de grès très piqué et briques. Dans cette alternance, de briques et de pierres, on reconnait un château de l’époque Louis XIII. Côté parc, on a des parterres et des pelouses, avec un mur de terrasse de 20 pieds de haut formant la séparation d’un jardin anglais qui est à la suite et auquel on communique par un très grand et superbe escalier à 2 rampes descendant de droite et de gauche à une splendide grotte bien voûtée au-dessus de la terrasse, pratiquée dans un grand bassin muré autour duquel sont plusieurs jets d’eau arrosant la grotte.

En 1773, Pont est vendu au célèbre archevêque de Bordeaux, Ferdinand Maximilien Mériadec de Rohan.

En 1775, le cardinal de Rohan revend Pont à François Xavier de Saxe, comte de Lusace, fils de l’électeur de Saxe Frédéric Auguste de Saxe, roi de Pologne, sous le nom d’Auguste III et de Marie-Josèphe d’Autriche, et neveu du maréchal de Saxe, le vainqueur de Fontenoy. Sa sœur Marie Josèphe de Saxe ayant épousé le Dauphin, Xavier de Saxe était oncle de Louis XIV. Par ses alliances de famille, le comte de Lussac était un des plus grands personnages de son temps. Ayant choisi de vivre à la Cour de France, il s’installe à Pont, y fait faire de grands travaux et y réunit une très riche collection de porcelaines de …Saxe.

La Révolution le force à revenir en Allemagne. En l’an VI, le département de l’Aube déclare Xavier de Saxe émigré, et ses propriétés biens nationaux.

Le 8 thermidor an XIII, Pont est acheté par Napoléon pour sa mère, Letizia Ramolino, et lui écrit : « Vous avez là l’une des plus belles campagnes de France ». Madame Mère y réside, ce qui valut au château de Bouthillier et de Xavier de Saxe d’être incendié sur ordre du prince royal de Würtemberg lors de la Campagne de France (1814). On avait entassé du bois, de la paille et du foin dans tous les appartements pour qu’ils brûlent mieux.

En 1821, les ruines de Pont sont achetées par Casimir Perier I (1777-1832), dont le père avait mis le château de Vizille, qu’il avait acheté en 1780, à la disposition des Etats du Dauphiné. Député de Paris depuis 1817, Auguste Casimir I Périer est à la Chambre, l’un des chefs du parti libéral. En 1817, il est élu député de l’Aube, devient président de la Chambre, puis président du Conseil en 1831. Casimir Pierre Perier entreprend alors la construction d’un château : une maison rectangulaire, munie de 4 perrons.

Son fils Auguste, Victor, Laurent Casimir Périer II (1811-1876), est l’un des fondateurs de la IIIe République. Député de Paris en 1846, de l’Aube en 1849, il compte parmi les membres les plus importants de l’opposition libérale au Second Empire. Ministre de l’intérieur de Thiers (1871-1873), il contribue de façon décisive à l’établissement de la IIIe République. Président du Conseil général de l’Aube de 1871 à 1873, il construit des 2 pavillons de brique reliés par une galerie qui, avec les communs forment le château actuel.

Son fils Jean-Paul, Pierre Casimir Périer III (1847-1907), député de l’Aube en 1876, sous-secrétaire d’Etat en 1877, président du Conseil en 1893, est élu 6ème président de la République du 27 juin 1894 au 16 janvier 1895, à la suite de l'assassinat de Sadi Carnot, par un anarchiste italien. Elu à 46 ans, il est le plus jeune jamais élu à cette fonction, mais aussi il détient le record du mandat  de président de la République française le plus court ! Après sa mort le château de Pont est habité par sa fille, Mme Sommier (décédée en 1968).

Du château de Claude Bouthillier et de Xavier de Saxe ne subsistent que les communs et, dans la cour, le colombier et l’ancien abreuvoir. Le reste a été construit par Casimir II Périer. 

Le château actuel ne présente qu’un intérêt architectural secondaire, par contre, de nombreux objets d’art, conservés avec soin par les amateurs qu’étaient les Casimir-Périer, rappellent le souvenir des importants personnages qui s’y sont succédé.

Hommes d’une riche culture (Casimir II fut membre de l’Académie des sciences morales et politiques), les Casimir-Périer se sont constitué une importante bibliothèque (il y a le plan de l’ancien château détruit en 1814).

Le Conseil municipal du 30 avril 1910  donne le nom de Casimir Périer (Casimir II), à la place donnant boulevard Gambetta à Troyes.

Plan et élévation du château de Pont-sur-Seine, construit d'après les dessins de Pierre Le Muet, architecte du Roy. Archives départementales de l'Aube, 61 J 306

Pont aujourd'hui

Admiré de l'Europe entière il reçut des hôtes célèbres Catherine de Médicis, Richelieu, la Grande Mademoiselle...

Propriété privée - ne se visite pas


- Château de Pouy-sur-Vanne


Juan Pable Molyneux devant son château de Pouy

Le château de Pouy sur Vannes a une histoire longue de plus de 800 ans. Il est construit en 1145.

Il présente le rare privilège d’unir l’architecture de deux grandes époques : le Moyen Age et le début du XVIIe siècle. Sa longue histoire peut se décomposer en quatre parties du Moyen Age jusqu’à la fin du XVe siècle.

Forteresse conçue pour la défense, sa mission lui est dictée par sa situation à la frontière de la Champagne et de la Bourgogne. Il est édifié pour la défense de la ville de Sens.

Uniquement conçu pour la guerre, le corps de bâtiment central n’avait pas d’ouvertures extérieures, à l’exception des meurtrières. A l’intérieur il n’y avait pas d’escalier et les hommes d’armes devaient accéder aux étages supérieurs par des échelles mobiles. En cas de siège, les communications vers l’extérieur pouvaient se faire par des souterrains, murés au début du XXe siècle dont le plus long, vers Sens, faisait 15 km de longueur.

Au cours de son voyage à Sens pour accueillir la couronne d’épine du Christ, Saint Louis fit étape au Château de Pouy sur Vannes pour s’y reposer.

Deux familles les Saint Blaise et les Le Bascle d’Argenteuil étaient co-seigneurs de Pouy.

A la fin du XVe siècle, le château, pillé et incendié à plusieurs reprises, n’est plus que ruines. La famille Saint Blaise l’occupe pendant le XVIe  siècle et la première moitié du XVIIe. C’est Hector II de Saint Blaise qui est le constructeur, au début du XVIIe siècle, du beau toit et de sa charpente qui existent toujours.

La famille Le Bascle d’Argenteuil l’occupe pendant la moitié du XVIIe siècle et le XVIIIe.

Louis de Saint Blaise continue l’œuvre de réunification de Pouy en achetant, en 1642, la part d’héritage de sa demi-sœur Catherine de Saint Blaise.

A Louis succède François Le Bascle d‘Argenteuil, lieutenant-colonel de cavalerie en 1688.

A son fils Jean-Louis échoient les plus grands honneurs puisque le 14 septembre 1716, il est nommé lieutenant général des Provinces de Champagne et de Brie, en même temps que Gouverneur de Troyes. Sa mort survint au château de Pouy en 1758.

Le château et ses 750 hectares de terres est alors la propriété de plusieurs grands agriculteurs dont les derniers, M. et Mme Laproste en deviennent propriétaires en 1896. Ils sont les grands parents de Mme de la Noë, marquise de Cacqueret, qui épouse en 1892, un officier de marine.

Deux enfants naissent de cette union : Jacques en 1893 et Renée (Madame de La Noë) en 1898.

Jacques, Saint-Cyrien de la promotion Croix du Drapeau, est malheureusement tué à Hébuterne, le 11 novembre 1914.

Sa sœur, mariée en 1920 à Marc de la Noë, officier de marine, n’a pas d’enfant.

C’est ainsi qu’à sa mort en 1971, Madame de La Noë lègue le château et ses terres à la Société d’Entraide des Membres de la Légion d’Honneur. Au moment du don, le château et ses annexes méritent des réparations, mais les terres représentent encore plus de 600 hectares, dont 250 hectares de forêts.

Dans un cadre de classe et chaleureux, le château de Pouy accueille depuis, ceux qui désirent déjeuners, dîners ou recevoir à l’occasion de mariages, anniversaires et autres fêtes de famille. Il permet aussi les séjours de détente et de repos dans un cadre champêtre et reposant. Le cadre se prête aussi à la tenue de séminaires, de réunions de travail ou d’assemblées générales.

2015 : après quarante années aux mains de la société d'entraide des membres de la Légion d'honneur, le château de Pouy-sur-Vannes change de mains.

Ce bien est propriété de Juan Pablo Molyneux, un architecte d'origine chilienne installé à Paris et à New York. 

Diplômé en architecture classique de l'École des Beaux-Arts de Paris, le nouveau propriétaire a un studio dont la réputation dépasse largement les frontières de l'Hexagone. 

De nombreuses réalisations ont été conduites par ses équipes auprès d'institutionnels et de privés.

L'architecte a lancé un vaste chantier de rénovation. Un escalier en verre serait aménagé pour conduire aux étages. Et la salle « Empereur » du 1er étage, qui pouvait accueillir 150 personnes, serait transformée en deux chambres-suites. 

Par ailleurs, dans l'ancienne bergerie, une piscine a été construite.

Dans le vestibule principal, une peinture vénitienne du XVIIe siècle de l’école du Tintoret

Statue romaine 1er siècle ap. J.-C.








Propriété privée 

Les châteaux de l'Aube




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