Château de Rosières
En 1860, voici la description qui en est faite :
« A une courte distance de Saint-Julien, et à
l’extrémité d’une avenue plantée qui aboutit à la route de Croncels, on trouve
le château de « Rozières ». C’est le rendez-vous de la ville de Troyes, le jour
de la fête patronale de sainte Madeleine. « Rozières » n’a pas seulement les
plus belles pelouses, les allées les mieux sablées, et le parc de plus
habilement planté de tous les châteaux du voisinage, il a encore un parterre
digne de son nom, de beaux canaux encadrés de gazon, et au-dessus desquels le
peuplier, le saule, le noisetier, le sycomore, rempart impénétrable aux rayons
du soleil, secouent leurs têtes feuillues. Ajoutez des percées habilement
ménagées sous les dômes de feuillage, des salles de verdure, des sentiers qui
fuient et se jouent dans les réseaux des taillis, une allée d’ypréaux presque
séculaires dont les cimes gigantesques font l’étonnement des curieux, et vous
aurez le côté champêtre de la résidence. Pas de journal, pas de chronique d’été
qui n’ait dit sous une forme ou une autre, ce que nous disons ici ».
Charles Fichot, peintre, architecte et lithographe,
qui s'est taillé en son temps une grande réputation locale et nationale, décrit
au XIXe siècle le Château de Rosières :
«… La porte d’entrée a conservé une partie de son
ancienne défense militaire. Protégée par des fossés remplis d’eau, elle était
appuyée de chaque côté par de fortes murailles et fermée par un pont-levis et
des vantaux. Cette défense possédait aussi une citerne latérale avec petit
pont-levis particulier, suivant l’usage admis au XIVe siècle. Elle conserve encore
les rainures du grand pont-levis et l’unique rainure du pont-levis de la
poterne. La façade de la tour d’entrée était défendue par des mâchicoulis qui
devaient être crénelés avant la construction de sa toiture moderne. Ces
mâchicoulis se composent de fortes consoles de pierres sur lesquelles reposait
une plate-bande, aujourd’hui corniche. A droite de la porte est une plus
ancienne construction, probablement le corps de garde. Les murs d’enceinte s’y
rattachant ont été détruits pour dégager la vue et laisser voir la maison
seigneuriale. A gauche sont les communs longeant le fossé. Ils s’appuient par
de lourds contreforts et sont limités par une petite tourelle avec meurtrières.
Le beau parc fut, dit-on, dressé par Le Nôtre. En tout cas, il appartient à l’Ecole
qui a discipliné la végétation des jardins de Versailles ».
Il ne faut pas conclure de Rosières à Roses, car ce
serait donner une entorse à l’étymologie. Rosières n’a pas une origine si
fleurie. Son nom vient uniquement des roseaux qui hérissaient le territoire
avant le défrichement des marais de Saint-Germain et de Viélaines.
« A force d’industrie, l’homme a triomphé des
conditions paludéennes de la contrée. Les rigoles ont eu raison des flaques
d’eau, le roseau a disparu ou tout au moins, s’est exilé, et sur ce sol
fertilisé se sont élevés le parc et les jardins qui sont l’honneur de la
résidence. Le restaurateur du jardin français de Rosières est M. Arson, ancien
maître de forges, qui a soustrait le domaine aux risques d’un morcellement qui
eut achevé de compléter les dommages causés par l’industrie un moment en
possession du château ».
Autrefois, le château était ceint de murailles
crénelées et pourvu de tout l’attirail militaire des places fortes. La
seigneurie était tenue noblement en franc-alleu, avec des droits afférents aux
trois justices féodales.
Le beau parc, de 23 hectares fut, dit-on, dressé par
Le Nôtre. En tout cas, il appartient à l’Ecole qui a discipliné la végétation
des jardins de Versailles. Il comprend notamment un rond-point d’où partent de
larges allées, de très beaux tilleuls font une voûte de feuillage et ont valu
le titre de « salon de verdure ».
Parmi les anciens propriétaires figurent : en 1242
Guillaume 1er de Rosières qui était vassal du comte de Troyes, de 1249 et à
1252 son fils Thibaud III, avec pour coseigneurs ses frères, Guillaume II et
Thomas de Rosières. Les actes d’Henri III (qui succéda à son frère Thibault V)
sont peu nombreux. Il y a entre autres une donation, datée de
Saint-Jean-Pied-de-Port, du 13 décembre 1273, faite en faveur de Guyot de
Quatre Sols de Rosières et de ses successeurs, qui tiendront la maison de
Rosières, de droits d’usage dans les forêts d’Isle et de Chaource.
En 1448 Pierre de Verdun, clerc, vivant à Troyes, en
1478 Pierre Le Pelé, puis sa sœur Guillemette Le Pelé, épouse de Jean de
Vittel, en 1547 leur fille Antoinette de
Vittel mariée en 1516 à Pierre de Provins.
Les titres de
propriété indiquent que la terre de Rosières, de franc- alleu noble (héritage
libre de tous devoirs féodaux), a été acquise par Pierre de Provins, maire de Troyes de 1538 à 1542, de Robert de
Chantaloé, écuyer, sieur de Baires et de Laines-Bourreuses, et de Katherine
d’Origny, sa femme. Un fragment de la tombe, en marbre noir et avec armoiries
de ces deux époux, est déposé au Musée de Troyes, depuis 1806.
En septembre 1521, François 1er est en visite à
Troyes. Il accorde à Pierre de Provins, écuyer, sieur de Viâpres-le-Petit, de
Rosières et de Laine-Boureuses, la permission d’établir, « en chacune de ces 2
seigneuries, où il y a grosse motte, close et environnée de grands fossés à eau
vive avec bondes » et après avoir pris l’avis du conseil de ville, des ponts
levis avec chaînes de fer à l’entrée et à l’issue desdites mottes, le roi se
réservant le droit de les faire démolir, s’il y a préjudice pour lui et la
chose publique.
En 1542, Odard Hennequin, évêque de Troyes, et Noël
Coiffart, lieutenant-général au bailliage, furent, en qualité de commissaires
royaux, chargés de vendre les droits de jurés levés pour le roi dans la ville
et la prévôté de Troyes.
Christophe Ménisson, écuyer, sieur de St-Aventin, se
rendit acquéreur de cette partie du domaine royal. Cette première aliénation
qui comprenait les droits levés sur Rosières, opéra un démembrement
considérable de la prévôté de Troyes.
Les sieurs de Rosières sont ensuite en 1547, Adrien de Pétremol, trésorier
extraordinaire des guerres,
Pierre Guichon trésorier-général des fortifications
de France, son frère Antoine, président de la chambre des comptes à Châlons,
qui vend la seigneurie à Charlotte Hennequin et à sa sœur Geneviève, qui vend
ses terres en 1615 à Vincent Le Marguenat, époux de Nicole de la Ferté.
Le 15 août 1615, le prince de Condé envoie à Troyes,
avec lettre de créance, un sieur Gombault, ancien officier de l’Hôtel de des
Monnaies de Troyes, alors seigneur de Rosières, capitaine de 100 hommes d’armes
au service du roi, mais servant le prince. Arrêté aux portes de la ville avec
un archer, il est conduit aux maire, échevins et officiers de justice. Cette
arrestation cause de l’émoi parmi la population, car l’armée du prince est dans
le voisinage.
De suite, M. de Lenoncourt, qui est à Lusigny avec 2
compagnies, est invité à jeter sans délai ses troupes dans les faubourgs. La
lettre, apportée par le sieur Gombault, seigneur de Rosières, donnait
l’assurance de l’attachement du prince envers le roi. La prise d’armes n’avait
pour but que son service, et seulement contre les ennemis et les perturbateurs
de l’Etat.
Le prince avait su que les Troyens se préparaient à
lui faire la guerre. Il demandait que le commerce continuât avec les gens de
son parti et « qu’ils demeurassent neutres ». Le conseil de ville éluda la
réponse et, de fait, il se déclara pour le roi.
En 1656, le nouveau propriétaire est Samuel Guichon
receveur général des rentes de la ville de Paris. Le domaine resta au sein de
la famille Guichon jusqu’en 1733, date à laquelle Anne Guichon, dernière
héritière de Samuel, céda l’ensemble des terres que constituaient Rosières,
Laines-Bourreuses et Viélaines, à Pierre de Puget, seigneur de la Marche, grand
bailli de Troyes, qui la vend à son tour à Claude Raphaël Dufour en 1749,
marchand à Troyes, puis officier chez le roi.
En 1766, Louis-Nicolas Berthelin est le nouveau
propriétaire, qui en fait don à son neveu et filleul, mais avec réserve
d’usufruit.
A la révolution française, le Château est déclaré
bien national et revendu en tant que tel.
Ensuite, de nombreux propriétaires se succèdent :
Jean Edme Berthelin de Viélaines en 1800, Louis Bénigne Dussonay de Mély en
1812, les filateurs Roblot et Chaumet en 1818, Jean Baptiste Arson en 1822.
En 1919, Rosières devient « Rosières près Troyes ».
En 1923, le commandant de cavalerie Louis Joseph
Reynard-Lespinasse, membre résidant de la société académique de l’Aube, achète
le château. Sa veuve le revendra en 1933 à M. Pomez Jolly (commissaire-priseur) ;
elle vendra également l’entier mobilier du château, c’est ainsi qu’une aïeule,
la baronne Marthe de Nicolas du Plantier, acheta une magnifique paire
d’encoignure d’époque Louis XIV, une pendule en vermeil XVIIIe et un service de
table complet de 156 pièces en porcelaine de Sèvres.
1926, inscription aux MH
Le château appartient à différents membres de la famille Pomez jusqu’en 2022 date à laquelle le château est mis en vente :
Vente château 33 pièces, 1504 m², 3
500 000 € ; présentant plusieurs périodes de constructions XVIe, XVIIe et
XVIII e siècles.
UNIQUE pour son parc somptueux de 13ha qui fut
autrefois des jardins à la Française, rappelant les jardins de Versailles
dessinés par André le Nôtre.
L'entrée principale du château s'établit par le
châtelet, où l'on peut apercevoir d'anciennes traces du pont levis.
L'allée dessert quatre bâtiments entourés de douves
; chacun présentant une habitation distincte et chacune ayant une vue
imprenable sur le parc.
Le prestigieux pavillon en pierre du XVIe siècle
abrite également une habitation avec piscine offrant des éléments
architecturaux nobles. L'ancien colombier octogonal en parfait état s'érige
fièrement dans le jardin privatif devant la piscine, tel un témoin d'une grande
époque.
Se succède une autre bâtisse en pierre qui était
autrefois une Chapelle, aménagée depuis en appartement.
À droite, se développe une longue aile du XVIIIe
siècle, dotée d'une suite d'arcades et d'un fronton armorié. Cette partie
d'habitation offre de très belles pièces de réception et chambres, traversantes
et donc baignées de lumières.
Les anciens bâtiments agricoles transformés en
habitation principale offrent tout le confort moderne avec une seconde piscine,
salle des fêtes et dépendances.
Ces bâtiments présentent tous la particularité de
s'élever en saillies sur les douves, donnant l'impression, depuis certains
points de vue, de vivre sur l'eau. De nombreux matériaux anciens ont été
conservés, dans les grands salons de réception et chambres, avec au sol,
parquet point de Hongrie, pierre de Bourgogne ou dallage à cabochon. Des
cheminées monumentales ou escalier en pierre se distinguent de ce joyau…..
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