Château de Villechétif
Maison seigneuriale en 1556.
Château de Villemaur
Durant tout le XIIe siècle, Villemaur appartient aux
Comtes de Champagne.
La seigneurie entre dans le domaine comtal
champenois vers 1195. Le comte choisit d'ériger Villemaur au rang de
châtellenie. On lui rattache ainsi des fiefs dont les titulaires n'ont plus à
se rendre à Troyes pour accomplir leur devoir féodal. De cette petite
châtellenie dépendra la seigneurie de Marigny (propriété d'une branche de la
famille de Traînel) ; et le fief de la Mothe, à la sortie Nord de
Rigny-le-Ferron. Un prévôt comtal succède au prévôt seigneurial.
Un chemin conduit directement à Joigny, comté qui
intègre la vassalité du comté de Troyes dès l'année 1100. Ce chemin passe par
Coulours où les Templiers installent leur première commanderie, et par
Rigny-le-Ferron, où les vicomtes de Joigny installent le siège de leur vaste
seigneurie.
La famille de Villemaur possède la seigneurie. Son
autorité est néanmoins cantonnée par d'autres seigneurs des environs : les
Trainel à Pouy et Villeneuve-l'Archevêque; les de Mauny à Bagneaux, vassaux des
Trainel; les vicomtes de Joigny à Rigny-le-Ferron ; l'évêque de Troyes à
Aix-en-Othe; le sire de Marigny (cadet de la famille de Trainel) au Nord. La
seigneurie, sous la suzeraineté du comté de Troyes, se fond dans le comté de
Champagne à partir des années 1160.
Le premier titulaire connu est Manassès. En épousant
Ermensent, veuve d'un vicomte de Sens, il portera courtement le titre vicomtal
(de Sens) en 11033. Il vit en 1125 et est peut-être décédé avant 1127. Il
semble être le frère d'un Hilduin de Marolles (-sur-Seine ?). Son fils puîné
Manassès sera chanoine de Sens (1164) et archidiacre de Troyes (1131), mettant
à profit la paix retrouvée après 1152 entre le domaine royal et la Champagne
pour faire une carrière à cheval sur la frontière. Son fils aîné Eudes de Villemaur
décède avant 1154. Sa veuve Hélie se remarie à Guillaume Le Roi, maréchal de
Champagne (1158).
Les seigneurs disposent d'un château à Villemaur.
Deux familles de chevaliers sont vouées à sa garde : les « le Louche »
et les « le Chasseur ». Une collégiale dotée de chanoines démontre la
volonté de prestige de la famille.
À la fin du XIIe siècle, le lignage disparaît à la
quatrième génération
À la fin du XIIIe siècle le comté de Champagne passe
à la Couronne de France par le mariage en 1284 de la comtesse Jeanne avec
Philippe IV le Bel. En 1316, leur fils aîné le Roi Louis X le Hutin décède,
rapidement suivi dans la tombe par son fils posthume Jean Ier.
Sa fille, Jeanne de France, est dépossédée de la
couronne de France et de ses droits en Champagne-Brie par son oncle Philippe de
Poitiers (Philippe V) : son tuteur et oncle, le duc de Bourgogne, puis son mari
Philippe d'Evreux, lui font ménager par plusieurs traités passés avec Philippe
V, Charles IV et Philippe VI, un dédommagement financier sous forme de rentes
et assignations. À cette occasion, on découvre l'existence de forges, sans
doute alimentées en combustible et en minerai par la forêt d'Othe voisine.
L'assiette de ce dédommagement successoral est
arrêtée en 1328. Jeanne de France reçoit la châtellenie de Villemaur, et celles
de Chaource, d'Isle (-Aumont) et de Payns. Elle résulte du travail conjoint du
bailli de Troyes et du doyen de la cathédrale de Troyes, missionnés par Philippe
VI. Devant l'insuffisance de l'assiette de la seule châtellenie de Villemaur,
les autorités parisiennes ont donné l'autorisation de ponctionner les trois
autres châtellenies.
L'assiette de la seule châtellenie de Villemaur est
vaste. Elle s'étend alors de Vauluisant, Les Sièges et Coulours jusqu'à
Fontvannes, Messon, Sormery, Vauchassis.
Il est de ce fait assuré que la châtellenie de 1328
dépasse largement la seigneurie indépendante dans ses éléments relevés au XIIe
siècle. Par ailleurs, les experts chargés localement d'estimer le revenu des
différents éléments constitutifs insistent pesamment sur le fait que la valeur
du fermage de la prévôté est montée excessivement et que les derniers
prévôts-fermiers "en ont été de leur poche". Cette difficulté économique
un peu antérieure à 1328 est aussi relevée dans les autres châtellenies
incluses dans l'assiette. Les estimateurs ont refusé d'assigner une valeur au
revenu tiré des châteaux comtaux de la quasi-totalité de l'assiette (sauf
Payns). Ils ont donc été cédés à Jeanne de France pour une valeur nulle.
La charte originale de l'assiette se trouvait à la
Chambre des Comptes de Paris et brûla avec elle en 1737. Par chance une copie
avait été opérée un demi-siècle auparavant.
Aux XVe – XVIe siècles, Villemaur forme avec Isle,
Chaource, Maraye, Payns, un groupe de châtellenies constituant un ensemble
féodal aux mains des ducs de Bourgogne, notamment la duchesse Marguerite, puis
leurs descendants comtes ou ducs de Nevers.
Villemaur accueillait plusieurs administrations
royales, dont un grenier à sel et un siège particulier d'élection.
Aux XVIIe – XVIIIe siècles, Villemaur forme avec
Saint-Liébault le duché de Villemaur érigé pour le chancelier Séguier, puis le
duché d'Estissac pour les descendants du chancelier membres de la famille de La
Rochefoucauld-d'Estissac.
Cette dernière famille a conservé des documents sur
Villemaur depuis le XVIe siècle.
Voir : Châtellenie de Villemaur
de nos jours, Villemaur se nomme : Villemaur-sur-Vanne
Vous pourrez admirer dans ce village la magnifique collégiale de l’Assomption de Marie avec son extraordinaire jubé tout en bois du XVIe siècle
Classé sur la liste de 1862, le jubé de l’église de Villemaur-sur-Vanne constitue presque un unicum dans le corpus français conservé.
Nommé à partir de la locution latine « jube, domine,
benedicere » (daigne, seigneur, me bénir), le jubé a dans l’église une fonction
liturgique précise : il sépare la nef (où se situent les fidèles) du chœur, où
le clergé officie.
Cet élément remarquable pour le patrimoine aubois et
national se distingue principalement pour la qualité de ses décors sculptés :
15 scènes de la Passion du Christ donnent sur la nef, tandis que côté chœur
prennent place 11 scènes de la Vie de la Vierge.
Traditionnellement daté de 1521, il a fait l’objet
de nombreuses études universitaires, qui ont mis en avant les influences
stylistiques et iconographiques à l’œuvre dans la création artistique de la
Champagne méridionale de la fin du Moyen Âge et du début de la Renaissance
(Véronique Boucherat, L’Art en Champagne à la fin du Moyen Âge : Productions
locales et modèles étrangers (v. 1485 – v. 1535), Rennes, P.U.R., 2005 (415
p.)).
Aujourd’hui reconnu comme l’une des œuvres
monumentales caractéristiques de la sculpture champenoise de la période, ce
jubé est également l’un des rares témoignages en place des pratiques
liturgiques qui précèdent le Concile de Trente (1545-1563).
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