mardi 15 octobre 2024

Châteaux de Villechétif, Villemaur

 Château de Villechétif  

Maison seigneuriale en 1556.

 Château de Villemaur 


Durant tout le XIIe siècle, Villemaur appartient aux Comtes de Champagne.

La seigneurie entre dans le domaine comtal champenois vers 1195. Le comte choisit d'ériger Villemaur au rang de châtellenie. On lui rattache ainsi des fiefs dont les titulaires n'ont plus à se rendre à Troyes pour accomplir leur devoir féodal. De cette petite châtellenie dépendra la seigneurie de Marigny (propriété d'une branche de la famille de Traînel) ; et le fief de la Mothe, à la sortie Nord de Rigny-le-Ferron. Un prévôt comtal succède au prévôt seigneurial.

Un chemin conduit directement à Joigny, comté qui intègre la vassalité du comté de Troyes dès l'année 1100. Ce chemin passe par Coulours où les Templiers installent leur première commanderie, et par Rigny-le-Ferron, où les vicomtes de Joigny installent le siège de leur vaste seigneurie.

La famille de Villemaur possède la seigneurie. Son autorité est néanmoins cantonnée par d'autres seigneurs des environs : les Trainel à Pouy et Villeneuve-l'Archevêque; les de Mauny à Bagneaux, vassaux des Trainel; les vicomtes de Joigny à Rigny-le-Ferron ; l'évêque de Troyes à Aix-en-Othe; le sire de Marigny (cadet de la famille de Trainel) au Nord. La seigneurie, sous la suzeraineté du comté de Troyes, se fond dans le comté de Champagne à partir des années 1160.

Le premier titulaire connu est Manassès. En épousant Ermensent, veuve d'un vicomte de Sens, il portera courtement le titre vicomtal (de Sens) en 11033. Il vit en 1125 et est peut-être décédé avant 1127. Il semble être le frère d'un Hilduin de Marolles (-sur-Seine ?). Son fils puîné Manassès sera chanoine de Sens (1164) et archidiacre de Troyes (1131), mettant à profit la paix retrouvée après 1152 entre le domaine royal et la Champagne pour faire une carrière à cheval sur la frontière. Son fils aîné Eudes de Villemaur décède avant 1154. Sa veuve Hélie se remarie à Guillaume Le Roi, maréchal de Champagne (1158).

Les seigneurs disposent d'un château à Villemaur. Deux familles de chevaliers sont vouées à sa garde : les « le Louche » et les « le Chasseur ». Une collégiale dotée de chanoines démontre la volonté de prestige de la famille.

À la fin du XIIe siècle, le lignage disparaît à la quatrième génération

À la fin du XIIIe siècle le comté de Champagne passe à la Couronne de France par le mariage en 1284 de la comtesse Jeanne avec Philippe IV le Bel. En 1316, leur fils aîné le Roi Louis X le Hutin décède, rapidement suivi dans la tombe par son fils posthume Jean Ier.

Sa fille, Jeanne de France, est dépossédée de la couronne de France et de ses droits en Champagne-Brie par son oncle Philippe de Poitiers (Philippe V) : son tuteur et oncle, le duc de Bourgogne, puis son mari Philippe d'Evreux, lui font ménager par plusieurs traités passés avec Philippe V, Charles IV et Philippe VI, un dédommagement financier sous forme de rentes et assignations. À cette occasion, on découvre l'existence de forges, sans doute alimentées en combustible et en minerai par la forêt d'Othe voisine.

L'assiette de ce dédommagement successoral est arrêtée en 1328. Jeanne de France reçoit la châtellenie de Villemaur, et celles de Chaource, d'Isle (-Aumont) et de Payns. Elle résulte du travail conjoint du bailli de Troyes et du doyen de la cathédrale de Troyes, missionnés par Philippe VI. Devant l'insuffisance de l'assiette de la seule châtellenie de Villemaur, les autorités parisiennes ont donné l'autorisation de ponctionner les trois autres châtellenies.

L'assiette de la seule châtellenie de Villemaur est vaste. Elle s'étend alors de Vauluisant, Les Sièges et Coulours jusqu'à Fontvannes, Messon, Sormery, Vauchassis.

Il est de ce fait assuré que la châtellenie de 1328 dépasse largement la seigneurie indépendante dans ses éléments relevés au XIIe siècle. Par ailleurs, les experts chargés localement d'estimer le revenu des différents éléments constitutifs insistent pesamment sur le fait que la valeur du fermage de la prévôté est montée excessivement et que les derniers prévôts-fermiers "en ont été de leur poche". Cette difficulté économique un peu antérieure à 1328 est aussi relevée dans les autres châtellenies incluses dans l'assiette. Les estimateurs ont refusé d'assigner une valeur au revenu tiré des châteaux comtaux de la quasi-totalité de l'assiette (sauf Payns). Ils ont donc été cédés à Jeanne de France pour une valeur nulle.

La charte originale de l'assiette se trouvait à la Chambre des Comptes de Paris et brûla avec elle en 1737. Par chance une copie avait été opérée un demi-siècle auparavant.

Aux XVe – XVIe siècles, Villemaur forme avec Isle, Chaource, Maraye, Payns, un groupe de châtellenies constituant un ensemble féodal aux mains des ducs de Bourgogne, notamment la duchesse Marguerite, puis leurs descendants comtes ou ducs de Nevers.

Villemaur accueillait plusieurs administrations royales, dont un grenier à sel et un siège particulier d'élection.

Aux XVIIe – XVIIIe siècles, Villemaur forme avec Saint-Liébault le duché de Villemaur érigé pour le chancelier Séguier, puis le duché d'Estissac pour les descendants du chancelier membres de la famille de La Rochefoucauld-d'Estissac.

Cette dernière famille a conservé des documents sur Villemaur depuis le XVIe siècle.


Le village fortifié de Villemaur


Voir :  Châtellenie de Villemaur

de nos jours, Villemaur se nomme : Villemaur-sur-Vanne

Vous pourrez admirer dans ce village la magnifique collégiale de l’Assomption de Marie avec son extraordinaire jubé tout en bois du XVIe siècle


Classé sur la liste de 1862, le jubé de l’église de Villemaur-sur-Vanne constitue presque un unicum dans le corpus français conservé.

Nommé à partir de la locution latine « jube, domine, benedicere » (daigne, seigneur, me bénir), le jubé a dans l’église une fonction liturgique précise : il sépare la nef (où se situent les fidèles) du chœur, où le clergé officie.

Cet élément remarquable pour le patrimoine aubois et national se distingue principalement pour la qualité de ses décors sculptés : 15 scènes de la Passion du Christ donnent sur la nef, tandis que côté chœur prennent place 11 scènes de la Vie de la Vierge.

Traditionnellement daté de 1521, il a fait l’objet de nombreuses études universitaires, qui ont mis en avant les influences stylistiques et iconographiques à l’œuvre dans la création artistique de la Champagne méridionale de la fin du Moyen Âge et du début de la Renaissance (Véronique Boucherat, L’Art en Champagne à la fin du Moyen Âge : Productions locales et modèles étrangers (v. 1485 – v. 1535), Rennes, P.U.R., 2005 (415 p.)).

Aujourd’hui reconnu comme l’une des œuvres monumentales caractéristiques de la sculpture champenoise de la période, ce jubé est également l’un des rares témoignages en place des pratiques liturgiques qui précèdent le Concile de Trente (1545-1563).

 

Les châteaux dans l'Aube


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