Héraldique : « d’azur à la bande d’argent côtoyée de 2 cotices potencées et contre potencées de 13 pièces d’or, au chef cousu d’argent chargé de 3 fleurs de lys d’or rangées en face ».
Les armes de Troyes
rappellent le rattachement de la Champagne à la France en 1284, par le mariage
de Jeanne de Navarre, héritière du comté, avec le roi de France Philippe le
Bel. Au blason de Champagne s’ajoute le chef de France aux 6 fleurs de lys.
Sous la Révolution toutes les armoiries furent dès 1790,
déclarées abolies et souvent martelées en tant que symbole de l’Ancien régime
et du despotisme.
Napoléon remplaça les fleurs de lys par 3 abeilles. En 1825,
Troyes reprit son blason fleurdelisé. Mais la Monarchie de Juillet, issue de la
Révolution de 1830, adopta à la place des fleurs de lys, 3 étoiles d’or. Cet
usage n’a été qu’éphémère, comme le prouve une reprise déjà ancienne des fleurs
de lys. En même temps que le drapeau blanc disparaissait, la France retrouvait
le drapeau tricolore.
Napoléon III rétablit les abeilles de son oncle.
L’ancien Lycée de
garçons, boulevard Gambetta, construit en 1861, porte naturellement les 3
abeilles de Napoléon III. Le Théâtre 1875, la Caserne Beurnonville, blason au
fronton de l’aile sud, côté cour 1877, le Monument des Enfants de l’Aube 1890,
le Cirque municipal 1903, l’hôtel du Petit Troyen puis de Libération Champagne,
rue Général de Gaulle 1904, sont ornés du blason avec 3 étoiles en chef. La
Caisse d’Epargne 1893, le pont Danton
1893 (démoli en 1953), le réservoir des Hauts-Clos, avenue Edouard Herriot
1896, les anciennes bornes fontaines 1908, l’ancien Lycée de filles, rue
Pasteur 1914, retrouvèrent les 3 fleurs de lys. Celles-ci ont donc fait une
courte apparition de 1893 à 1896, cédant la place aux étoiles au début du XX°
siècle, avant de revenir définitivement.
Cette apparente incohérence s’explique par les tendances
politiques des municipalités successives. Les 3 étoiles furent adoptées par les
premiers républicains, adversaires des bonapartistes, puis les radicaux. Les
maires étaient alors : en 1877 Arthur-Camille Pierret, en 1890 Eugène Boullier
radical, en 1903 Charles Lemblin Armant, en 1904 Louis-Joseph Mony,
radical-socialiste, franc-maçon.
Les 3 fleurs de lys furent reprises par les modérés. En
1893, le maire Edmond Delaunay était le candidat du « Petit Républicain ». Ses
adversaires : Charles Lemblin Armant, Louis Mony et Gaston Arboin, avec « le
Petit Troyen », le qualifiaient de « réactionnaire ». Cependant, le système des
bornes fontaines adopté lors de l’extension du réseau par l’arrêté du 2 mai
1908, porte le blason de la ville de Troyes avec 3 fleurs de lys.
La querelle semble dépassée. En 1914, Armand-Célestin Michel
est soutenu au premier tour par la « Tribune de l’Aube », mais ensuite condamné
par ce journal à la suite de son élection réalisée avec l’aide de certains de
ses anciens adversaires radicaux.
L’« Annuaire de
l’Aube », qui paraissait depuis 1828, orna en 1857 son chapitre sur
l’arrondissement de Troyes des armes de la ville avec 3 étoiles en chef. A
cette époque, sous le règne de Napoléon III, on aurait attendu les abeilles.
Cet annuaire eut son dernier numéro en 1933 et resta fidèle aux étoiles. Le «
Bulletin municipal » garda les abeilles impériales jusqu’en 1924 et adopta les
fleurs de lys le 1er janvier 1925. La municipalité du socialiste Emile Clévy,
secrétaire de la fédération socialiste de l’Aube, en place de 1919 à 1929, ne
se soucia plus de ces querelles vieilles de plus de 50 ans et ne revint pas aux
étoiles.
Le blason de la ville ne fut plus que celui de la Champagne,
jusqu’en 1970, année où les fleurs de lys réapparurent sous la municipalité
d’Henri Terré, en place depuis 1947. Une nouvelle présentation du budget fut
alors adoptée, avec des armes dans un ovale, forme de blason datant du XVIII°
siècle. Le blason est sculpté dans la pierre au fronton de l’hôpital des
Hauts-Clos, 101 avenue Anatole France, inauguré en 1961.
La municipalité a fait peindre partout ce symbole de notre
ville, sur des panneaux indicateurs…
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