Le Comte Henri le Libéral (sa dévotion à Saint-Nicolas est historique), comme la paroisse Saint-Jean est bien loin en ville, décide la création d’une chapelle de secours sur le rempart, contigüe au château fort élevé pour la défense de la ville (XIIe siècle). Elle doit servir aussi bien aux gens du château (la vicomté), qu’aux manants hors les murs.
Le recteur de Saint-Nicolas se rend à Jérusalem, pour visiter les Lieux Saints. En Palestine, il vénère le tombeau du Sauveur, va à la montagne de Sion, à celle des Oliviers, Bethléem, le mont Thabor… et revient à Troyes, s’arrêtant à Rome, Saint-Jacques de Compostelle, Saint-Nicolas du Port… et en 1504, il fait édifier à ses frais, un calvaire et un sépulcre..
Mais, le terrible
incendie de 1524, réduit Saint Nicolas à des pans de murs. Les marguilliers de
la paroisse s’adressent au pape Clément VII, le suppliant d’ouvrir les trésors
de l’Eglise. Les paroissiens multiplient les sacrifices d’argent nécessaires
pour faire face aux dépenses. L’évêque Guillaume Petit obtient de l’autorité
ecclésiastique la permission de quêter dans les églises de son diocèse. En
1525, le pape accorde une bulle d’indulgences en faveur de la réédification de
l’église. Grâce à ces ressources, la première pierre est posée le 23 avril
1526, le conseil de fabrique décida l'agrandissement de l'édifice. Le maitre
maçon Gérard Faulchot proposa un plan qui fut mis en réalisation en avril ; un
long chantier acheva les parties basses du chœur en 1535 et la partie nord de
l'église. Son fils Jean édifia les chapelles de la nef puis le côté sud de 1551
à 1553. Une nouvelle campagne de 1553 à 1566 acheva le côté nord. Rémy
Mauvoisin finit la couverture de l'édifice entre 1582 et 1608 en laissant la
date de 1594 entre la deuxième et la troisième travée. L'église se trouvait
adjacente à la muraille.
L’étendue de la
paroisse reste la même que par le passé. Elle a pour limites, au sud celle de Saint-André,
à l’ouest Sainte-Savine et Saint-Martin, au nord Sainte-Madeleine et
Saint-Jean, et à l’est, Saint-Pantaléon.
Le clocher construit de l'autre côté de la ruelle sur le flanc nord a été détruit au XVIIIe siècle. Lorsque les fortifications furent rasées, le portail occidental fut édifié en 1840. La baie d'axe, derrière le maitre autel, ne date que de 1900.
Par le portail
occidental se fait l'entrée en en passant sous la chapelle au calvaire ; elle
est en quatre travées, les deux centrales étant plus importantes. Les deux des
extrémités ont de petites ouvertures ovales pour y faire entrer la lumière. Le
pilier central possède un bénitier décoré d'un blason portant C.R et I.L. qui
date du XVIIe siècle. Une statue de saint Roch posée là accueille le pèlerin.
Le portail sud est un chef-d'œuvre de la Renaissance, il a deux sculptures de François Gentil : David et Isaïe et, à l'intérieur une statue de sainte Agnès. Le portail sud fut édifié entre 1551 et 1554 par Jean Falchot, maçon, sur un plan de Dominique Florentin. La fontaine de vie, ensemble de statues, fut réalisée par François Gentil.
Au-dessus d'Isaïe se
trouve : « Pauvres pécheurs venez tous de randon
Pour vous laver dedans
cette fontaine
Par vrai confes en
gaignant le pardon
Rend son ame de peche
nette et saine
et au-dessus de david :
En la fontaine te viens diligement
Laver pecheur pour te
mondifier
Car elle est plaine du
pur sang penment
De Jesucrist qui fut
crucifie ».
La paroisse
Saint-Nicolas souffre particulièrement de l’incendie qui, en 1686, anéantit
plus de la moitié des maisons et endommage tellement l’église, qu’elle a besoin
de beaucoup de réparations. Une fois de plus, cela est possible, grâce aux
aumônes des fidèles et aux indulgences du pape Innocent XI. Les aumônes des
paroissiens sont d’autant plus méritoires, que, privés de leurs logis et ayant perdu
leur mobilier, ils ont eux-mêmes besoin de secours pour réparer tant de pertes.
En 1583, le pape
Grégoire XIII accorde une indulgence plénière, renouvelée par Urbain VIII en
1635 et Grégoire XVI, en 1832.
Parmi les verrières de
l'église on peut citer :
Une grisaille
représentant les béatitudes du maître verrier Jean Soudain,
Un miracle des
billettes don des familles Marisy, Mauroy, le Tartier,
Une vie de Daniel
datant de 1535.
Les niches du portail, les piliers de la nef et ceux du chœur, sont ornés de figures de plusieurs apôtres et autres saints personnages.
La chaire est la plus
belle de Troyes, et compte parmi les plus précieux mobiliers de ce genre.
L’histoire de saint Nicolas se trouve tout entière dans la Chaire du XVIe. Un
tableau représente la maman de saint Nicolas dans son lit à baldaquin, pendant
que les sages-femmes s’occupent du petit. Une autre sculpture montre les 3
filles dotées par le saint. L’une coupe une pièce, la deuxième file une
quenouille et la troisième a replié son métier à tisser. Les autres panneaux
représentent la donatrice assistant au miracle des enfants au saloir, le sauvetage,
à la dernière minute de trois soldats innocents, aux jours de Constantin. Sur
la porte d’entrée, le port de Myre où Nicolas marchande 3 sacs de blé pour des
indigents.
Le vaisseau de l’église,
quoique simple, plait par sa majesté. La voûte a de la hardiesse, et l’on y
voit plusieurs clefs pendantes.
Les vitraux de droite
sont de jolies grisailles représentant l’histoire de saint Claude, en face les
béatitudes.
Lorsque Girardon venait
à Troyes, il se faisait placer dans un fauteuil vis-à-vis le portail, pour en
admirer la beauté, sur laquelle il s’exprimait avec transport.
Desservi par le clergé
constitutionnel de Saint-Pantaléon, Saint-Nicolas est fermée en 1792, comme les
autres paroisses, sous prétexte que des ecclésiastiques insermentés y viennent
dire leur messe. Les fonts baptismaux sont transportés à Saint-Pantaléon. Le
reste du mobilier est mis en vente le 27 janvier1794. Une grande partie des
objets de culte est rachetée par des paroissiens. On loge dans l’église, des
prisonniers de guerre. Des 3 cloches, une seule est conservée. On place une des deux autres sur la porte de Paris. Les spoliateurs enlèvent à la couverture et au
clocher, 2 millions de plombs !
La Terreur passée, les
paroissiens obtiennent à force de réclamations, la réouverture et la jouissance
de leur église, en juin 1795. Ils réclament en même temps, les tableaux qui la
décoraient et les objets les plus nécessaires au culte, surtout les ornements.
Mais, bien entendu, les objets volés au nom de la loi, ne sont jamais retournés
dans leur église.
Il y avait un usage
très rare à l’époque : le diacre de la messe solennelle présentait à ceux qui
venaient de communier, une coupe (pas le calice consacré) en argent, étain ou
verre, avec du vin et de l’eau et une serviette pour s’essuyer la bouche. Cette
ablution se faisait pour que l’hostie pût être avalée plus facilement et pour
qu’il ne restât aucune particule du sacrement dans la bouche du communiant.
Sommier du G.O. de 1785, avec des emprunts importants dans l'aigu
Sommier d'Echo de Cochu posé en 1805
Mélange de tuyaux des différents facteurs ayant travaillé sur l'instrument. Le fond le plus important est de René Cochu
Tuyauterie coupée au ton
Nombreuses chapes vides
Autre coutume : le jour de la Pentecôte, les enfants de chœur montaient sous les voûtes de l’édifice, d’où ils faisaient descendre un pigeon blanc orné de fleurs. Celui qui recevait le pigeon, le portait dans le chœur.
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