Église Sainte Madeleine
La réalité historique de Sainte Madeleine est difficile à discerner. Trois femmes portent ce nom : Marie de Magdala, une des témoins de la Résurrection ayant participé à l’ensevelissement du Christ, nommée Marie-Madeleine, Marie de Béthanie, sœur de Lazare et de Marthe (parfumant les pieds de Jésus et les essuyant avec ses cheveux quelques jours avant sa mort), parfois assimilée à une pécheresse anonyme, et Marie Jacobée l’épouse de Clopas, mère de Jacques le Mineur et de Joset, figurant parmi les témoins de la Résurrection et placée à proximité du Calvaire. La légende a réuni ces trois personnages en un seul portant le nom de Marie-Madeleine, souvent représentée portant son principal attribut : le vase à parfum.
L’église Sainte Madeleine est une des plus anciennes de Troyes, mentionnée dès 1157Elle mesure 48 mètres de long et 29,30 mètres de large. La belle porte latérale nord, est du XIIe siècle. L’église a la forme symbolique d’une croix encadrée de 4 collatéraux qui se prolongent par un déambulatoire à l’entour du chœur.
Le transept est séparé du chœur par le magnifique jubé de pierre construit en 1508, achevé en 1517 et inauguré le jour de Noël. Il figure parmi les sept restants en France, et reste toujours le plus célèbre en Europe. Dans l’Aube, nous avons également le jubé en bois de Villemaur-sur-Vanne.
Le nom jubé provient de la formule latine « Jube, Domine, me benedicere » qui signifie : « Voulez-vous Père, me bénir » prononcée par le diacre du haut de la tribune face aux fidèles.
Le jubé permet de séparer l’espace sacré, réservé au clergé (le chœur), des fidèles. Il est construit en pierre de Tonnerre (Yonne). Véritable dentelle ciselée, il a été sculpté par Jehan Gailde, maître-maçon et architecte troyen de renom dans le style flamboyant et ses collaborateurs Huguenin Bailly, Martin de Vaulx, Nicolas Havelin et Simon Mauroy. Commandé par les marguilliers vers 1503-1505. Jean Gailde qui est inhumé en-dessous, avec pour épitaphe « qu’il attendait la résurrection bienheureuse, sans peur d‘être écrasé ».
Ce jubé est considéré comme un chef-d’œuvre d’élégance, de grâce, de fantaisie, en même temps qu’un tour de force, car d’une virtuosité étonnante. Il paraît suspendu dans le vide.
L’escalier du jubé réalisé entre 1514-1515, a sa rampe garnie d’animaux fantastiques. Sur elle s’élève un Christ en Croix entre la Vierge et Saint Jean, statues du XVIe s. Deux vantaux en bois de l'ancienne clôture ont été déposés au musée de Vauluisant de Troyes. Autrefois, le jubé était polychrome comme en témoigne la couleur verte des tentures de pierre et orné de statues disparues à la Révolution.
Outre le maître-autel, douze autels sont consacrés à
saint Jean-Baptiste, saint Christophe, sainte Catherine, saint Nicolas, la
Sainte Vierge et sainte Barbe, saint Claude, saint Thibaud, saint Thomas de
Cantorbéry, saint Antoine, tous les saints, saint Jean l’évangéliste et saint
Michel.
Le Chambellan de Charles VII fait bâtir la chapelle
de Saint-Blaise, et fonde une messe quotidienne, qui doit être dite par « un
prêtre idoine, bon homme, ni vicieux, ni concubinaire ».
Toute la statuaire est admirable : un saint Antoine,
saint Michel terrassant le démon, une très jolie statue en bois de saint Robert
portant dans chaque main une église, symbole des abbayes de Molesmes et de
Citeaux, fondées par lui… Mais surtout, l’autre gloire de la madeleine, est la
très belle statue de sainte Marthe, « un des plus purs chefs-d'œuvre de la
sculpture troyenne», en pierre polychrome, qui suscite l’admiration.
Les archers de Troyes, ayant pour patron Saint
Sébastien, martyrisé à coups de flèches au IIIe siècle, donnent à la Madeleine,
une statue.
Les grandes verrières du chœur, aux couleurs
éclatantes, les meilleures de l’École champenoise du XVIe siècle, représentent
La vie de Saint-Louis, la Création du Monde, l’Arbre de Jessé connu du monde
entier, la Passion du Christ, la Légende de Sainte Marie-Madeleine, l’Histoire
de Constantin et l’Invention de la vraie croix.
Sainte-Madeleine était la paroisse des orfèvres.
Leur Corporation a offert en 1506, la verrière centrale, qui expose la Vie de
saint Eloi, la Prédiction de la naissance de saint Eloi, sa Naissance, la
Légende de Saint Eloi, saint Eloi apprenti orfèvre, saint Eloi patron, lisant
la Sainte Ecriture, secourant les voyageurs malheureux, son sacre, sa mort,
saint Eloi sur son tombeau, avec les infirmes, les malades guéris, le duc de
Thérouanne priant le saint pour obtenir sa guérison, la duchesse au tombeau du
saint le remerciant d’avoir guéri son mari, et bien entendu les Armoiries des
Orfèvres. Sur le vitrail de la Passion figurent plus de 130 personnages.
Plusieurs tableaux sont attribués à Van-Oort, maître
de l’illustre Rubens. La tour renaissance de la Madeleine, a trois étages qui
accusent trois ordres d’architecture. Une souscription paroissiale permet
l’acquisition d’une horloge en 1536. Le sol de l’église est composé de 57
pierres tombales. Sainte-Madeleine était la paroisse des gens de robe et des
seigneurs, dont les hôtels occupaient une partie du voisinage.
Au XVIe siècle, deux bourgeois voisins, Nicolas Fay
et Isabeau Monnot son épouse, établissent une distribution de pain
hebdomadaire, aux pauvres de la paroisse.
A la Révolution, le jubé de la Madeleine échappe de
justesse à sa destruction, car une paroissienne dit aux ouvriers qui allaient y
procéder, qu’il servait de soutien aux piliers et qu’ils allaient être
ensevelis avec ! Ils se contentent de marteler les fleurs de lys.
En 1535, est construit un charnier du côté du midi,
qui est fermé en 1778, date à laquelle la façade principal fut refaire. Très
sobre, elle se distingue par la savante mise en œuvre des pierres du portail.
L’église Saint-Madeleine est blanchie à la chaux au cours du XVIIIe siècle puis
restaurée en 1861 par Fléchey et Bailly, architectes de la ville, d’après les
conseils de l’architecte parisien Henri Labrouste. Une flèche en charpente
démolie en 1876-1877, s’élevait à la croisée du transept.
La tour de l’église est conçue par Martin de Vaulx
et dessinée par Nicolas Cordonnier et construite à partir de 1532. Le chantier
se poursuit sous la direction de Nicolas Mauvoisin en 1535. Les trois premiers
niveaux existent alors jusqu’à la coursive pourvue d’un garde-corps en métal.
Dès 1558, la construction reprends sous l’impulsions de Jean et Gérard
Faulchot. Les niveaux supérieurs sont achevés peu après 1561.
Les murs de l’église bordant l’ancien cimetière furent repris par Martin le Vaulx à partir de 1525. Une sainte Madeleine couchée (détruite à la Révolution) ornait le tympan du grand portail, surmonté d’un galbe, enrichi des emblèmes de François Ier, le « F » et la salamandre, en mémoire de son premier passage à Troyes en 1521. Une galerie à usage d’ossuaire avait été prévue autour du cimetière, mais seule une petite partie est réalisée. Elle disparait au 19e siècle mais reste aujourd’hui matérialisée par des arcades métalliques. En 2008, la ville de Troyes l’ouvre et le baptise « Jardin des Innocents ». Agrémenté d’arbustes et de rosiers blancs (les enfants y étant enterrés).
L’église de la Madeleine présente une élévation à trois niveaux : grandes arcades, triforium et fenêtres hautes. On remarque deux particularités inhabituelles en Champagne-Ardenne : la hauteur du triforium et la coursière au niveau des fenêtres hautes. Plus avant, vers le chœur le vaisseau central comprend seulement deux niveaux : grandes arcades sur colonnes (principe qui se répandra beaucoup en Champagne méridionale et fenêtres hautes de petite taille. Au XIXe s, on construit des voûtes en bois enduit dans la nef et le transept tandis que la pierre est privilégiée pour celles des bas-côtés, du chœur et du chevet.
Le décor vitré de l’église Sainte Madeleine a servi de modèle pour de nombreuses églises champenoises et bourguignonnes.
Cette verrière évoque la Création du monde jusqu’à la Rédemption ; elle a certainement été pensée par un ecclésiastique en raison de la précision des épisodes. Comme souvent, le couple de donateurs figure sur le vitrail, ici placé dans le tympan, ce qui est peu fréquent. Le peintre verrier a réalisé un montage en chef-d’œuvre dans le panneau présentant la Création des astres en intégrant des pièces de verre au sein d’une autre plaque de verre.
L’ARBRE DE JESSÉ vers 1500
On suppose que l’auteur est Jean 1er Macadré. Il s’agit de l’arbre généalogique du Christ dont les racines émergent de Jessé, père de David, premier roi d’Israël, et se développent à travers les autres rois d’Israël. Chaque branche de l’arbre porte un des ancêtres de Jésus, représentés à mi-corps dans des corolles de fleurs. Ce thème est également représenté dans la cathédrale de Troyes et d’autres églises de la région. On admire ici les décors perlés et l’harmonie des couleurs chatoyantes.
VIE DE SAINT ÉLOI – 1506
Nicolas Cordonnier est l’auteur de cette baie, commande de la confrérie des orfèvres (le blason est au registre inférieur) dont Éloi est le saint patron. Elle présente saint Éloi en compagnie d’un jeune apprenti. La perspective géométrique du pavement est remarquable. En outre, cette verrière relate de façon assez précise le quotidien d’un atelier d’orfèvre au 16e siècle.
VERRIERE DE LA PASSION vers 1490
Ce vitrail est également attribué à Jean 1er Macadré. Il fut offert par Nicolas le Muet et Catherine Boucherat, qui figurent au registre inférieur, et montre plusieurs scènes de la Passion du Christ, de l’agonie au jardin des oliviers à la mort sur la Croix. Le peintre verrier a utilisé différentes techniques du vitrail en vogue à cette époque : verre gravé, vénitien, aspergé…
Cette verrière qui glorifie Saint Louis, constitue un des rares vitraux historiques champenois puisqu’elle montre la soumission au Saint Roi du Comte de Champagne Thibaud IV, annonçant ainsi le futur rattachement de la Champagne au Royaume de France.
SAINTE MARTHE vers 1510-1520
Cette statue en pierre polychrome est attribuée au Maître de Chaource, que certains identifient avec le sculpteur jacques Bachot. Elle porte les caractéristiques de son art : yeux en amande, paupières tombantes, nez traité en méplat, visage triangulaire, attitude mélancolique, lèvres fines double-drapé autour du visage, le tout empreint de réalisme. Marthe est la sœur de Lazare et de Marie-Madeleine, ce qui pourrait expliquer sa présence dans l’église. Si l’on se réfère à la Légende Dorée de Jacques de Voragine, saint Marthe est représentée avec un seau d’eau bénite qu’elle tient de la main gauche et un goupillon dans la droite lui servant à asperger la tarasque, montre sévissant en Provence et à la capturer à l’aide de la sangle enroulée autour de la main ; cette sculpture est un chef-d’œuvre de la statuaire champenoise de la Renaissance.
SAINT SEBASTIEN
vers 1530
Le culte de saint Sébastien est très répandu au Moyen-Age. Officier martyrisé à Rome en raison de sa foi, il fut percé de flèches. On lui attribue le pouvoir d’éradiquer les épidémies de peste, selon la croyance biblique assimilant la maladie à des flèches envoyées par les dieux. Cette sculpture en pierre polychrome, est réaliste dans le traitement de l’anatomie. Les flèches devaient être placées dans les plaies. Il porte le collier de l’ordre royal de saint Michel composé de coquilles. Certaines parties de la sculpture étaient couvertes de feuilles d’or : collier, cheveux, linge.
SAINT FROBERT
début XVIe siècle
Cette statue en bois, jadis polychrome représente saint Frobert portant les maquettes des abbayes de Molesmes et de Cîteaux dont il fut le fondateur. Saint Frobert est également fondateur de l’Abbaye Montier-la-Celle de Saint-André.
NOTRE DAME DE LIESSE vers 1540
Au bout de la terre de France, au milieu des marais
de la Souche, en limite des forêts des Ardennes et de Thiérache, le hameau de
Liance vit naître en 1134 un pèlerinage à la Vierge noire qui devint assez vite
renommé dans le royaume... Le récit fondateur nous raconte le départ pour la
croisade de trois chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem (ordre de
Malte aujourd’hui), de la famille d’Eppes. Faits prisonniers à Ashkelon, ils
sont transférés au Caire où le sultan veut les voir embrasser la foi musulmane.
Face à leur refus, il finit par leur envoyer sa fille Ismérie pour les
convertir. Mais ils parlèrent si bien de Jésus et de sa mère que la jeune fille
demanda à voir une image de la Vierge. Ne sachant sculpter l’image promise, ils
prient et s’endorment. Pendant leur sommeil, des anges apportent une statue de
bois noir, qu’ils présentent à la jeune fille le lendemain.
Apparaissant à Ismérie dans la nuit suivante, la
Vierge l’invite à libérer les chevaliers et à partir avec eux pour se faire
chrétienne. La fuite se fit dans la nuit et ils finissent par s’endormir
d’épuisement au bord du Nil. Ils se réveillent le lendemain et ne reconnaissent
pas le lieu. Demandant à un passant, ils se découvrent revenus à Liance, dans
le domaine de Marchais dont un des trois est le Seigneur...
LE CALVAIRE XVIe
Outre le prêtre donateur à genoux sur la gauche, ce relief présente dans le même espace plusieurs scènes du Calvaire :
A gauche, la Vierge s’affaisse dans les bras de saint Jean. Marie-Madeleine tend les bras vers le Christ (disparu du relief).
Au-dessus, le soldat Longin, à cheval perce la poitrine de Jésus
A droite, un groupe de soldats, dont trois cavaliers gardent les suppliciés.
Au pied de la Croix, d’autres soldats se disputent la tunique de Jésus.
JESUS CHEZ MARTHE ET MARIE DE BETHANIE
Tableau de Jacques de Létin, peintre troyen XVIIe siècle
Il représente Jésus à Béthanie, dans la demeure de Lazare, Marthe et Marie.
Marie est assise aux pieds du Christ. A leurs côtés, Marthe demande à Jésus d’inciter Marie à aider au service du repas (Luc10, 38).
Le style de Jacques de Létin se rapproche de celui du Caravage, qu’il avait étudié à Rome, chez qui les couleurs franches, les ombres portées et les clairs obscurs apportent une impression réaliste et souvent dramatique aux scènes représentées.
Scènes de la vie de Marie-Madeleine par Jean Nicot XVIIe
Il ne reste aujourd’hui que sept panneaux des dix
qu’a réalisés le peintre troyen Jean Nicot en 1671 et qui ornaient à l’origine
dans cette église les piédestaux des colonnes du maître-autel de la chapelle de
la Vierge dans l’axe du sanctuaire. Traités dans le goût de Nicolas Poussin,
dont Nicot fut l’élève, ces panneaux d’un parfait classicisme relatent des épisodes
de la vie de sainte Madeleine, remontés de manière anachronique entre la
méditation de Madeleine à la Sainte-Baume en haut à gauche, et l’apparition du
Christ sous les traits d’un jardinier tenant une bêche (noli me tangere) en bas
à droite. La sainte est représentée avec son attribut le plus fréquent, le vase
à parfum qui aurait servi à oindre les pieds de Jésus chez Simon. Certains
panneaux témoignent d’une influence des peintres de l’école bolonaise Annibal
Carrache (1560-1609) et Le Dominicain (1581-1641).
Jean Nicot, peintre d'histoire, né à Troyes, le 8
février 1629. Élève du Poussin, auquel il était très attaché ; il le quitta
lorsque son maître retourna à Rome. Nicot s'établit à Troyes, où il mourut le 5
juin 1697. (Fichot reprenant Émile Socard). Il existait à l'origine dix
tableaux. Dès la description de Ch. Fichot et à l'époque actuelle, ils sont au
nombre de sept. Autrefois distincts les uns des autres, ils ornaient les socles
des colonnes du maître-autel et du sanctuaire. Ces sept tableaux ont été
assemblés à une date inconnue. Restaurés par Malesset en 1973. Dépose pour
traitement : automne 2004.
Le seul orgue symphonique de la ville. L’orgue le
plus fatigué de toute la ville et il y a
nécessité d’une restauration. L’Instrument est mal conçu : la pédale est
trop courte. Le sommier date de 1901. Mécanique Barker. Transmission mécanique
par vergettes et abrégées. Mécanique. Tirages de par tirants
tournant et étiquettes à porcelaines. Un grand réservoir cinq plis compensés situé dans le
soubassement. Façade: 41 tuyaux muets sur 53 (1901), Toute la
tuyauterie est de Rolin frères 1901, à
entailles de timbre sauf sur Doublette et
Fourniture. Melle Dauphin organiste de la Madeleine m'a initié sur cet instrument.
Pierre tombale de Jean de Bournan et Catherine de Melligny
Jean de Bournan, élu de Troyes, fut écuyer « maistre dostel » du dauphin, fils de Charles VII.
Jean de Bournan, dit Franquelance, est à gauche, vêtu en guerrier, la tête nue, un glaive à la ceinture
A ses pieds, ses trois fils.
Catherine
de Melligny, sa femme, joint les mains, sa tête est coiffée d’une cornette, un
manteau recouvre ses épaules.
A ses pieds se trouvent sa mère et sa fille, ainsi qu’un petit chien, symbole de fidélité.
Dalle funéraire de François Cissant de 1346
Figure d'ecclésiastique sous dais architecturé gothique.
Transcription (d'après la bibliographie) : FEU .
FRANCOIS . CISSANT . QUI . TRESPASSA . LAN . DE . GRACE . MIL . CCC . XLVI
(...) PRIEZ POUR (...). 1346 - XIVe siècle
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