Après la guerre de Cent Ans, le village jusque-là situé sur le « grand chemin » (Route de Troyes à Dijon actuelle), ruiné, se déplace à 3 km de là, près de l’Hozain, en bordure de forêt. Jean Colet, nouvellement nommé à la cure, chanoine et official de Troyes, envisage de construire une nouvelle église pour le nouveau village. Il s’assure du soutien de l’évêque Odard Hennequin (et de son architecte) qui, de Senlis arrivent à Troyes ; il profite de la bulle d’indulgences obtenue à Rome en 1493 par son frère JacquesColet, curé de l’ancienne église, pour obtenir les fonds nécessaires à son projet. On dit qu’il y consacra une grande partie de sa fortune à laquelle s’ajouta le produit des quêtes qu’il fit partout en France. C’est son souvenir qui reste attaché à l’édifice grâce à des inscriptions, des sculptures et des vitraux. (voir Status synodaux de Jean Colet )
En 22 ans, de
1527 à 1549, le nouvel édifice est édifié. Il a été doté d’un campanile élevé
sur le transept qui sera abattu par un orage en 1739, relevé, puis de nouveau
éliminé par un incendie en l’an VI (1798) qui a détruit l’ensemble de la
toiture. Malgré les restaurations qui ont suivi, il garde encore aujourd’hui la
trace de ce dernier désastre. Bâti sur un plan presque rectangulaire, il
allonge ses 38 m sur 18 en largeur et 13 m de hauteur pour la voûte de la nef
centrale. On y dénombre encore 12 autels, un autel principal et onze dans les
travées latérales.
Au chevet de l’édifice, une pierre gravée rappelle la date de 1527, en août, quand en fut « posée » la première pierre.
De nouveau, face à l’entrée, il faut remarquer la « porte du baptême » et la coquille des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle.
L’intérieur apparaît immense avec les statues des douze apôtres adossés aux piliers, dais au-dessus de leur tête, deux anges à leurs pieds présentant la croix de consécration.
Le vitrail des quatre vertus, offert par Jean Colet en 1548, présente un thème particulièrement original. Tandis que le registre inférieur est consacré à Anne et Siméon d’une part, à la résurrection des morts d’autre part, la Justice, la Paix, la Miséricorde et la Vérité, sous forme de personnages, côtoient le Christ bénissant et l’Annonciation au registre médian, pour occuper tout le registre supérieur. Tous les personnages sont entourés de grands phylactères décoratifs et votifs. Au soubassement, l’inscription de donation est encadrée par deux blasons des Colet. Le tympan, avec une Trinité et des anges, date du XIXe siècle.
Sainte Brigitte est représentée debout, accompagnée
de bovins à droite et du diable à gauche. Elle tient un livre ouvert dans la
main gauche, sa main droite est manquante. Les restes de ce qui devait être une
bourse sont accrochés sur son flanc droit. Au bas de la statue, le diable est
assis aux pieds de la sainte, agrippant de ses longs doigts griffus la chaîne
qui le contraint. Son visage est celui d'une créature mi-homme/mi-bête,
adoptant certains traits caractéristiques du bouc, sa musculature est très
développée au niveau des bras et des cuisses. Les bœufs, protégés par la
sainte, ne semblent pas dérangés dans leur occupation. Le drapé et les
expressions sont empreints d'une certaine délicatesse : aux regards doux de la
sainte et des bovins s'opposent la vivacité de celui du diable.
Au trumeau du portail, au-dessus d’un véritable «
tronc » (il n’en existe que deux dans l’Aube et ils sont en l’église de
Rumilly) une plaque rappelle la cérémonie de 1549 au cours de laquelle l’église
Saint-Martin a été consacrée par le révérend père en Dieu et très illustre
prince maitre Louis de Lorraine, évêque de Troyes. (voir le chapitre : les évêques de Troyes )
Plaque commémorative de la consécration de l'église 1549
Cartouche : la charité de saint Martin au-dessus, et
un donateur agenouillé à l'intérieur même du cadre de l'inscription.
Transcription : L'AN DE GRACE 1549 / LE DIMANCHE 22
ET LE / LUNDI 23 IOURS DU MOIS / DE SEPTEMBRE FURENT / PAR REVEREND PERE EN /
DIEU Me ANDRE RICHER EVSQUE DE CALCEDOINE / VICEGEREND DE DE NOBLEET / REVEREND
AUSSY PERE / EN DIEU ET TRES ILLUSTRE / PRINCE Me LOYS DE / LORRAINE EVESQUE DE
/ TROYES DEDIES ET / CONSACRES CESTE / DEVOTE EGLISE / ET TOUTS SES / TRESE
AULTELS.
L'on trouve également quelques tableau dont : Une Annonciation de 1736 par Guillaume II Cossard .
La cure était à la collation seule de l'évêque de Troyes, la dîme était entre le curé et l'abbé de Molesme.
L'édifice est actuellement en restauration et une "cagnotte" est en ligne car la petite commune n'a pas assez de moyen pour réaliser tous les travaux :
FONDATION DU PATRIMOINE
Sauvegarder une église du 16è
siècle classée au patrimoine en 1840
Votre soutien est indispensable à la restauration de
l'église de Rumilly-lès-Vaudes. Dictés par l'état sanitaire préoccupant de
l'église, les travaux de restauration sont importants et concernent en priorité
l'ensemble des toitures puis des maçonneries extérieures avant de se consacrer
aux intérieurs de l'édifice.
L'analyse historique et architecturale montre
l'intérêt archéologique majeur de notre église, basé sur un exceptionnel
ensemble sculpté et des vitraux de très haute qualité.
Une restauration à l'identique nécessite la
réfection quasi complète des couvertures, la révision des charpentes, la
restauration des maçonneries extérieures et intérieures, la restauration
soignée des sculptures et des vitraux.
Le lieu et son histoire :
Rumilly-lès-Vaudes, petit village Champenois
Située à 12km au nord de Chaource, L'église de
Rumilly-lès-Vaudes se distingue dans le riche patrimoine de la Renaissance en
Champagne méridionale par la cohérence de son programme artistique, touchant
les arts, l'architecture, la sculpture et la peinture, un programme édifié au
service de la foi.
Sa façade rappelle celle de la cathédrale de Senlis. A l'entrée on observe la "porte du Baptême" et la coquille des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. L'église est dotée d'un campanile élevé sur le transept qui allonge ses 38 m sur 18 m en largeur et 13 m en hauteur pour la Nef centrale. Le vitrail du transept "le Procès en Paradis" de 1548 présente un thème original et unique. Le magnifique retable de la passion daté de 1533 pour la sculpture (composé de 70 personnages) et de 1536 pour la polychromie. Le collège apostolique, ses douze Apôtres adossés aux piliers de l'église est aussi à remarquer, c'est le plus beau de France à cette époque
La mobilisation : un territoire rural
soudé autour du projet
Tous les visiteurs sont frappés par la beauté qui se
dégage de ce lieu. L'association pour la sauvegarde du patrimoine Rumillon
(créée de bénévoles, conseillers municipaux) associée à la population du
village oeuvre depuis 2017 pour collecter des fonds afin d'aider à la
restauration et poursuivre la sauvegarde de ce magnifique édifice dont nous
avons hérité et le transmettre aux générations futures, préserver et valoriser
les richesses patrimoniales de notre commune. Que chacun puisse s'approprier à
sa façon cet édifice. (Cérémonies, Mariage, Baptême..) La valorisation du
patrimoine est l’autre réussite puisqu'il est organisé des visites, concerts
d'orgue, de corps de chasse...
La restauration de l'église Saint-Martin sera
réalisée par huit entreprises locales ainsi que les compagnons du Devoir et du
Tour de France.
Pour avoir accès à la tirelire cliquez sur le lien ci-dessous :
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