vendredi 23 août 2024

Baronnie de Poussey et son église de Maizières

 


Écartelé : au 1er de gueules à la grange d’or,
au 2e d’azur au lion d’or,
au 3e d’azur à trois étoiles d’or ordonnées en chevron couché,
au 4e de gueules à la roue dentée d’argent remplie en écartelé de gueules et de sinople.


Au Nord-Est de Maizières que se trouve le hameau de Poussey. Le nom de "Poussey" serait d'origine celtique. Il viendrait de Pouilly, de Paull - mare - terrain bas et aquatique, pauwl, pull, marais; poël, mare, étang, d'où Pouan, Pougey, et Poucey. De fait, la contrée de Poussey est assez marécageuse.

Poussey était un finage de Maizières* qui formait une baronnie de l'évêque de Troyes

 La seigneurie de Poussey est mentionnée dès le Xe siècle, et relevait de l’évêque de Troyes, nous donnant l’origine des « Barons de la Crosse ». Chaque seigneur rendait à ce prélat foi et hommage, lui présentait aveu et dénombrement.               

Trois siècles plus tard, elle fut mouvante du Roi et du Chapitre de la Sainte-Chapelle du bois de Vincennes, à qui Charles V la donna en dotation, et le 20 février 1389. L’Evêque de Troyes rédigea à ce sujet des lettres d’amortissement.

Dès le Xe siècle, les seigneurs de Poussey avaient droit de justice sur les habitants de Poussey, Maizières et Origny.

 Après notre évêque Anségise (914-970), les premiers barons de cette seigneurie appartiennent à la famille de Mesgrigny :

Jean I, Guyot de Mesgrigny,

Jean II, baron de Poussey en partie, seigneur de Mesgrigny, Fontaine-les-Bar-sur-Aube, Fontaine Saint-Georges, Villy-le-Maréchal, Assenay… (il servit avec armes et chevaux les rois de France, Charles VII et Louis XI),

Edmond Maret (mari de Claude, fille du précédent).

La famille Raguier (dont Louis, évêque de Troyes 1426-1450) est celle qui posséda le plus longtemps la baronnie de Poussey :

Dreux Raguier, Antoine Raguier, Jacques Raguier, Charles Raguier, Pierre Raguier, Gaspard Raguier, Armand Raguier, Hector Raguier, Anne Raguier.

Cette dernière n’eut qu’une fille Angélique Cécile, qui se maria en 1713, à Jean-Charles de Mesgrigny. Cette alliance fit rentrer la seigneurie de Poussey dans la famille de Mesgrigny, qui la possédait au XIVe siècle.

 Il y eut ensuite :

Louis IV Le Peletier de Rosanbo (1717-1760), marié en 1738 avec Marie-Claire-Aimée de Mesgrigny d'Aunay (1718-1761), arrière-petite-fille du maréchal de Vauban qui lui apporta en dot l'hôtel particulier de la rue Jacob (actuel no 56). Carrière : président à mortier (1736).

Le Peletier de Rosanbo

[de Rosambo   (également orthographié « Rosambo », « Rozambo » ou « Rosambault » ]

son fils Louis Le Pelletier de Rosambo, seigneur en partie de Méry, de Marcilly-le-Hayer, d’Orvilliers, Origny et baron de Poussey et de Maizières,

son fils, Louis V Le Peletier de Rosanbo (né en 1747, guillotiné le 21 avril 1794), marié en 1769 avec Marguerite de Lamoignon de Malesherbes (née en 1756, guillotinée le 22 avril 1794), fille de Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes - ministre de Louis XVI, puis défenseur de celui-ci lors de son procès révolutionnaire, guillotiné le 22 avril 1794 - ; président à mortier au parlement de Paris (1765).

François-Etienne Lenoir de Balay, fils du conseiller-secrétaire du roi,

Jean-Louis Bayle son cousin, ancien religieux des Chartreux, que la Révolution avait chassé de son couvent, et qui eut le titre de chanoine honoraire de la cathédrale de Troyes,  J-B. de Lesseps, époux de Marie-Anne Françoise Bauzil de Rivette, héritière de Jean-Louis Bayle.

Le parc attenant présentait un peuplier "remarquable tricentenaire mesurant 8 m de circonférence". M. de LESSEPS, ancien sous-préfet de Nogent-sur-Seine, qui posséda le domaine par sa femme de 1830 à 1850 aimait tant cet arbre qu'il avait construit entre ses branches une sorte de fauteuil où il se livrait à la lecture et à l'étude. Il y mourut le 29 juin 1850.

Le terme de "château" désigne maintenant la demeure qui aurait été aménagée dans les communs d'un édifice féodal détruit vraisemblablement aux alentours de 1700. 

Le domaine de Poussey fut alors occupé par MM. de Mortarieu et de la Rachée, qui le vendirent en 1858.

Le château ne comprenait alors que la partie centrale basse où se distinguent deux lucarnes. Mais elle changea profondément d'aspect après son acquisition par les frères JULIEN en 1858. Ils firent construire deux importantes ailes en briques avec cave, rez-de-chaussée et deux étages pour loger leurs familles respectives. L’église doit à tous deux de splendides verrières qui perpétuent leurs noms et leurs bienfaits. 


Le château vers 1890

A leur décès, le château fut acheté en 1888, par M. de Préaumont, ingénieur civil.

Une belle allée d'épicéas donnait accès au château. M. de PRÉAUMONT leur succéda en 1888 pour peu de temps. Déçu par le manque de réussite de ses tentatives agricoles, incommodé comme son épouse par les moustiques et par un minuscule lépidoptère qui pullula quelques années à l'époque, il vendit le domaine le 1er août 1891 à M. et Mme PATRIS - DEBREUIL de GUILLEBON qui en étaient encore les propriétaires au début du siècle XXe siècle. 

 Description de la maison seigneuriale, d’après 2 inventaires de 1603 et 1681 : cette maison était anciennement appelée « La Cour » et consistait en un corps-de-logis, comprenant 4 pièces avec cave et greniers, un portail et 4 tours aux 4 angles. Deux de ces tours tenaient au corps-de-logis, la troisième servait de colombier, et la dernière de clôture.

 Il y avait un pont-levis et une porte cochère, au-dessus de laquelle un pavillon, puis un jardin, la basse-cour, une grange et des étables, le tout fermé de murailles et de fossés.

 La contenance totale de ce qu’on appelait le « Château », en y comprenant un autre jardin, appelé le « Tripot », n’était d’abord que de 2 arpents, 6 denrées. En 1791, on comptait environ 7 arpents.

Aujourd'hui, la partie centrale primitive n'existe plus et l'ensemble est laissé à l'abandon.



Eglise Saint Denis de Maizières



Elle est placée sous le vocable de Saint-Denis, évangélisateur des Gaules et 1er  Évêque de Paris, martyr représenté décapité, mais tenant sa tête dans ses mains, d’où la légende selon laquelle il l’aurait ramassée après sa décollation.

Sa première forme était celle de l’antique basilique ; avec son transept, elle présente aujourd’hui un plan en forme de croix latine.

La partie la plus ancienne de cet édifice "de style roman" couverte en tuile comprend une nef principale non voûtée et deux nefs latérales dont celle de droite voûtée en 1897; la nef centrale aboutit à la tour, celle-ci voûtée en berceau.

Elle comprend d'abord 4 travées avec piliers cylindriques, peu élevés (1m80) courts, formés de matériaux employés "en petit appareil" noyés dans le mortier, les arcs sont en plein cintre. La cinquième travée, celle de la tour,  possède un arc en ogive, mais peu élancée ce qui indiquerait pour le clocher, une construction un peu moins ancienne.

La deuxième partie de l'église qui est couverte d'ardoise et qui comprend l'abside et le double transept, en style gothique,  est du  XVIIe siècle ainsi que l'indique la date de 1653 inscrite au-dessus des vitraux.

Le tout  était voûté ; les fenêtres sont en ogives mais sans meneaux.  Peut-être complétèrent-ils une reconstruction qui aurait suivi un incendie survenu lors des guerres de religion, incendie dont les traces furent retrouvées au cours de réparation effectué en 1898.

L'édifice étant laissé à l'abandon à partir de 1793, au cours de l'hiver  1798-1799, la couverture et les voûtes  s'écroulèrent, pendant la nuit,  avec un lugubre fracas, jetant l'effroi parmi les voisins de cet édifice. Les riches verrières du sanctuaire furent brisées la toiture enlevée et la plus belle partie de l'église ensevelie sous les décombres.

Elle est reconstruite en 1817 grâce aux seigneurs de Poussey, le baron Jean Louis Bayle, propriétaire du château féodal du village qui fit de nombreux dons.  Les vitraux de l'église sont financés au XIXe siècle par ce même baron. Certains membres de la baronnie de Poussey, décédés prématurément, sont d'ailleurs visibles sur ces verrières.

Depuis le début du XXe siècle, de nombreux travaux de consolidation et de restauration ont été menés à bien par les municipalités successives.

Quoique l’église soit de construction ancienne, elle ne renferme pas d’objets bien remarquables par leur antiquité, elle abrite malgré tout une magnifique reproduction de la grotte de Lourdes, réalisée en 1935 par l’Abbé Krumeich. 



 Grotte de Lourdes, réalisée en 1935 par l’Abbé Krumeich. 


au sujet du blason : 


La partie supérieure gauche représente l’origine du nom Maizières qui vient du mot mazeriæ qui signifie « pauvres cabanes ».

La partie inférieure gauche représente la commune de Maizières qui fut constituée par la réunion de Maizières, Poussey et les Granges.

La partie supérieure droite représente les armoiries de la famille de Mesgrigny qui posséda la baronnie de Poussey.

La partie inférieure droite représente Maizières aujourd’hui à l’époque de l’industrialisation.


PREVOST—Histoire du diocèse de Troyes.

ROSEROT (Alphonse) —Dictionnaire historique de Troyes.

ROSEROT DE MELIN (Mgr Joseph) —Le diocèse de Troyes, des origines à nos jours.

BONNARD (Mgr J. Dieudonné)- archives personnelles

BEAUCHAMP (Louis A. Marquis de) mon aïeul – archives familiales


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