Le pays des Tricasses appartenait à la Gaule
celtique et fut compris d’abord dans la première, puis dans la quatrième
Lyonnaise. Ravagé par les Bagaudes en 286, il fut, en 451, le théâtre d’une
sanglante bataille, que les Romains et les Francs leurs alliés livrèrent à
l’armée d’Attila dans les Champs catalauniques, plaines voisines de Troyes.
Attila, vaincu, dut se retirer, laissant, dit-on, trois cent mille hommes sur
le champ de bataille.
Nous trouvons, dès le Ve siècle, ce pays, ainsi que
celui des Remi (Reims) et des Catalauni (Châlons), désigné, à cause de son
apparence physique, sous le nom de Campagnia, Champagne, le pays des plaines.
Après l’invasion des barbares, la Champagne fut divisée entre le royaume des
Burgondes et celui des Francs, puis, au partage de la Gaule entre les fils de
Clovis, elle fit partie du royaume d’Austrasie. Jusqu’au Xe siècle, des chefs
militaires, nommés à vie et révocables titre de comtes ou ducs de Champagne.
Deux de ces ducs sont connus pour la rôle important qu’ils semblent avoir joué
à l’époque sanglante de Frédégonde e et de Brunehaut l’un, Lupus, fut le
conseiller et le favori de Brunehaut ; l’autre, Wintrio, d’abord partisan de la
reine d’Austrasie, finit par conspirer contre elle et fut mis à mort par son
ordre (597). Quelques-uns mentionnent encore comme ducs de Champagne, vers la
fin du siècle suivant, Drogon, Grimoald, Théodoald, qu’ils font fils et
petits-fils de pépin d’Héristal.
La dynastie des comtes de Champagne commence avec
Robert, troisième fils de ce comte de Vermandois, Herbert II, descendant de
Charlemagne, allié de Hugues le Grand et qui trahit Charles le Simple. Robert
n’avait hérité de son père que de Vitry et de quelques bourgades ; comme tant
d’autres, il profita des années tumultueuses qui préparèrent l’avènement
définitif de la race capétienne ; il s’empara de Troyes contre l’évêque
Anségise, s’agrandit encore d’Arcis, de Rhetel, de Mézières, de Donchéry et
prit le titre de comte de Troyes. C’est lui, dit-on, qui institua le conseil
des sept pairs de Champagne, qui tenaient les états et les grands jours de la
province ; ces sept pairs étaient (ou furent plus tard) les comtes de Joigny,
de Rhetel, de Braine, de Roucy, de Brienne, de Grand-Pré et de Bar-sur-Seine.
Son frère Herbert et Étienne, fils de celui-ci,
régnèrent pieux et paisibles sous le roi Robert. Étienne étant mort sans
enfant, son cousin Eudes, petit-fils de Thibaut le Tricheur, déjà comte de
Blois, Chartres, Tours, Beauvais, Meaux, fonde la seconde maison de Champagne
et la plus illustre.
Le chef de la maison de Blois et de Champagne,
Thibaut le Tricheur, était, suivant les uns, d’origine normande et parent de
Rollon ; suivant Raoul Glaber, il était fils d’un Champenois, Hastang ou
Hastings, les Normands étant venus piller la Champagne, Hastings s’enrôla et
fit fortune. Son fils Thibaut, élevé de bonne heure dans le métier, se rit
remarquer de ses compagnons et devint un de leurs chefs. Il seconda Hugues le
Grand dans ses intrigues et ses luttes contre Louis d’Outre-mer et obtint le
comté de Troyes en épousant une fille d’Herbert Il de Vermandois. Les vieux
vers suivants expliquent le surnom qu’on lui donna :
« Thibaud
de Chartres fut fil et enguigaux,
Chevalier
fut moult et proux et moult chevaliroux,
Mais
moult par fut cruel et moult fut envioux.
Thibaud
fut plein d’engein et plein de feintie ;
A
homme ne à femme ne porta amitié ;
De
franc ne de chétif n’ot mercy ne pitié,
Ne
ne douta de faire maloeuvre ne péché. »
Le fils de Thibaut le Tricheur, Eudes, fut le
premier mari de la fameuse Berthe, qui épousa le roi Robert et en eut un fils
nommé également Eudes ou Odon. Eudes II et le roi Robert se prétendirent tous
deux parents d’Étienne et se disputèrent sa succession ; Eudes s’en empara et
la garda. Par la réunion de ces deux grands fiefs de Blois et de Champagne, il
comptait plus de grands vassaux et a il se trouva plus puissant que le roi
capétien. Il fut le plus turbulent, le plus ambitieux des comtes de Champagne.
Il commença par soutenir la reine Constance et son fils Robert contre Henri Ier
; puis il se sentit assez fort pour s’attaquer à l’empereur d’Allemagne. Il
prétendit contre Conrad II à la couronne d’Arles, à celle de Lorraine et rêva
un nouveau royaume d’Austrasie.
Le roi de Bourgogne, Rodolphe III, avait légué ses
États à l’empereur Conrad Il. Eudes, neveu de Rodolphe par sa mère Berthe,
réclama et courut se mettre en possession de la Bourgogne. Il en soumit tout
d’abord la plus grande partie. Une députation de la ville de Milan, révoltée
contre l’empereur, vint lui offrir la couronne d’Italie ; la Lorraine l’appela
contre son nouveau duc, Gothelon, créature de Conrad. Eudes pensait déjà se
faire couronner à Aix-la-Chapelle. Il envahit la Lorraine et s’empara de Bar.
Mais les vassaux de l’empire marchèrent contre lui ; Eudes fut défait et tué,
de la main même de Gothelon, qui lui trancha la tête. Il ne put être retrouvé
parmi les morts que par sa femme, Ermangarde (1037). Cette puissance redoutable
du comte de Champagne s’affaiblit sous ses deux fils, qui se partagèrent ses
États. Thibaut Ier, l’aîné, finit cependant par les réunir, à la mort de son
frère Étienne.
Étienne III, fils de Thibaut Ier, fut tué en Palestine,
où il était allé secourir Baudouin. L’aîné de ses fils, Étienne, hérita de
Blois et disputa à Henri Plantagenêt le trône d’Angleterre, qu’il finit par
occuper ; le puîné Thibaut Il ou le Grand, eut la Champagne. Thibaut Il fut
l’ami de saint Bernard. Par la protection qu’il accorda au neveu d’Innocent
III, nommé malgré le roi Louis VII à l’archevêché de Bourges, il attira
d’effroyables malheurs sur la Champagne. Louis VII vint ravager toute la
province. Vitry fut incendiée ; treize cents personnes, hommes, femmes et
enfants, qui s’étaient réfugiées dans l’église, périrent au milieu des flammes.
Saint Bernard conclut le traité de paix.
Son successeur, Henri Ier le Large ou le Libéral,
fit faire de grands travaux. La Seine fut partagée au-dessus de Troyes en trois
canaux, dont deux traversèrent la ville, qui se trouva assainie et où de
nouvelles manufactures s’établirent. Il enferma les faubourgs dans la ville en
les entourant d’une nouvelle enceinte et de tours. C’est également sous son
règne que fut achevée l’église Saint-Étienne.
Henri II le Jeune se croisa avec Philippe-Auguste,
s’attacha à Richard Cœur de Lion et devint roi de Jérusalem en épousant, malgré
l’excommunication lancée contre lui, Isabelle, sœur et héritière de Baudouin V.
Thibaut III, son frère, comte de Blois et de Chartres, réunit de nouveau les
deux domaines ; il épousa la fille de Don Sanche de Navarre et mit cette
nouvelle couronne dans sa famille. Il était suzerain de plus de dix-huit cents
fiefs, lorsqu’il fut choisi pour conduire la croisade que prêchait Foulques de
Neuilly. La mort le surprit au moment du départ, et le commandement passa au
comte de Flandre, son beau-frère. La plupart de ses vassaux partirent
cependant, et parmi eux le maréchal de Champagne, Geoffroi de Villehardouin,
qui devait être l’historien éloquent de cette merveilleuse expédition.
Le plus célèbre des comtes de Blois, Champagne et
Brie fut son fils, Thibaut IV le Posthume ou le Chansonnier, non pour sa gloire
de souverain : il porta la couronne de Navarre, alla en croisade comme la
plupart de ses prédécesseurs et n’en joua guère un plus grand rôle ; mais
l’homme, le prince libéral, l’amant de la reine Blanche, l’imitateur original
des troubadours, le poète gracieux et spirituel est resté populaire.
Pendant sa minorité, sa mère, Blanche de Navarre,
gouverna ; c’était une femme forte comme la mère de saint Louis. Un
compétiteur, mari d’une fille du comte Henri II, appuyé de plusieurs puissants
seigneurs, Erard de Brienne, ayant attaqué la Champagne, Blanche leva aussitôt
l’armée de ses vassaux fidèles, en appela à la cour des pairs de France, se fit
rendre justice, obtint du pape une excommunication contre l’envahisseur et
assura l’héritage de son fils.
Thibaut fut de bonne heure envoyé par sa mère à la
cour de Philippe-Auguste. Il fit ses premières armes sous Louis VIII, au siège
de La Rochelle ; il s’y comporta vaillamment. C’est vers ce temps, dit-on,
qu’il tomba amoureux de la reine et que son génie poétique s’éveilla. « Il se
partit tout pensif, et lui venoit souvent en remembrance le doux regard de la
reine et sa belle contenance. Lors si entroit dans son cœur la douceur
amoureuse ; mais quand il lui souvenoit qu’elle estoit si haute dame et de si
bonne renommée, et de sa bonne vie et nette, si muoit sa douce pensée en grande
tristesse. Et pour ce que profondes pensées engendrent mélancolie, il lui fut
dit d’aucuns sages hommes qu’il s’estudiât en beaux sons et doux chants
d’instruments, et si fit-il. »
Lui-même a dit :
« Au
revenir que je fis de Florence
S’émut
mon cœur au petit de chanter,
Quand
j’approchois de la terre de France
Où
celle maint que ne puis oublier.
Celle
que j’aime est de tel signorie
Que
sa beauté me fit ontrequider ;
Quand
je la vois, je ne sais que je die,
Si
suis surpris que ne l’ose prier. »
Louis VIII mourut en revenant du siège d’Avignon.
Thibaut fut accusé de l’avoir empoisonné. Durant la minorité de saint Louis,
Thibaut fut, malgré sa versatilité, le meilleur appui de la régente. L’amour et
la jalousie, à ce qu’il semble, eurent plus de part à sa conduite que la
politique. « Il couroit vers ce temps-là un bruit-, savoir que le seigneur
légat et la reine Blanche ne se comportoient pas ensemble ainsi qu’il estoit
convenable. »
Aussi Thibaut penthotal d’abord du côté des barons ;
mais il se ravisa et vint rendre hommage au roi. La ligue se trouva une
première fois dissoute. Afin de gagner plus sûrement Thibaut à la cause
féodale, Pierre Mauclerc, le chef des mécontents, lui offrit sa fille Yolande,
et Thibaut accepta. Yolande fut amenée jusqu’à Valserre. Le mariage allait être
célébré, quand un billet de la reine rengagea Thibaut. Pierre Mauclerc, ainsi
outrageusement joué, s’en retourna en Bretagne, et la guerre commença aussitôt
; elle ne devait pas tarder à punir Thibaut de ses légèretés et de ses
trahisons et à amener de grands malheurs en Champagne.
La reine avait convoqué le ban royal contre Mauclerc
; la plupart des seigneurs, bien que du parti de celui-ci, obéirent. Leur
service féodal était de quarante jours ; dès qu’ils furent expirés, le duc de
Bourgogne, les comtes de Boulogne, de Bar, de Sorez, les sires de Coucy, de
Châtillon et d’autres quittèrent l’armée du roi pour aller envahir la
Champagne. Tout le pays fut dévasté. Le comte de Champagne lui-même, pour se
défendre, fut contraint de brûler plusieurs de ses villes, Chaumes, Épernay,
Les Vertus et Sézanne. Les bourgeois de Troyes, auxquels s’étaient joints les
hommes d’armes du sire de Joinville (père de l’historien), réussirent à se
débarrasser du duc de Bourgogne, qui les assiégeait.
Mais il fallut que Thibaut implorât le secours du
roi. Saint Louis s’avança en personne à la tête de son armée, et les barons se
retirèrent. Mais dès l’année suivante, après le débarquement du roi
d’Angleterre, Henri III, ils revinrent plus nombreux saccager les terres du
comte de Champagne. Ils l’accusaient plus haut que jamais d’empoisonnement.
Thibaut leur livra bataille et fut vaincu ; deux cents de ses chevaliers furent
faits prisonniers ; lui-même s’enfuit comme il put jusqu’à Paris. Louis et
Blanche s’entremirent, et la paix fut conclue à la condition que Thibaut
prendrait la croix et irait combattre les ennemis du crucifié.
Thibaut ne se hâta point et ne partit que neuf ans
après avec un grand nombre de ses vassaux et de ses anciens ennemis, entre
autres Pierre Mauclerc, et le duc de Bourgogne. Dans l’intervalle, il était
devenu roi de Navarre par la mort de Don Sanche (1234). La croisade finit assez
honteusement pour tous. Thibaut revint la même année, abandonnant soixante-dix
de ses chevaliers. Depuis, dit Roderic, il s’appliqua à gouverner ses États de
Champagne et de Navarre avec -justice et douceur et à y maintenir la paix. Il
résidait tantôt à Pampelune, tantôt dans son château de Provins, où, entre
autres magnificences, il avait fait peindre en or et en azur ses chansons,
paroles et musique, au milieu d’Amours et de cœurs percés de flèches. Le
commerce de Champagne prospéra d’ailleurs sous ce règne, et Thibaut établit un
grand nombre de « communautés de bourgeois et de villageois en qui il se fiait
plus qu’en ses soldats (Albéric). » Il mourut quelques mois avant Blanche de
Castille, à Pampelune (1253).
Son fils et son successeur, Thibaut V, épousa
Isabelle de France, fille de saint Louis ; la demande en avait été faite par
son sénéchal de Champagne, le sire de Joinville. La roi de Navarre suivit son
beau-père à sa seconde croisade et mourut comme lui de fatigue au retour ; il
mourut en Sicile. Sa couronne et ses seigneuries furent l’héritage de son frère
Henri III, qui n’est célèbre que pour son excessif embonpoint et mourut en 1274
d’une attaque d’apoplexie.
Henri III ne laissait qu’une fille, Jeanne, âgée de
trois ans. La Navarre se souleva et fut menacée à la fois par les rois d’Aragon
et de Castille. Jeanne alors fut confiée par sa mère au roi Philippe III, qui,
se déclarant le tuteur de la mère et de la fille, envoya une armée en Navarre
pour assurer les droits de l’héritière. Jeanne épousa Philippe le Bel, qui
gouverna avec sa femme la Navarre et la Champagne. C’était une princesse
remarquable par sa beauté et son esprit ; c’est elle qui fonda le collège de
Navarre, à Paris. Avec elle s’éteignit la maison de Champagne (1304). « Famille
plus aimable que guerrière, dit AI. Michelet, poètes, pèlerins, croisés, les
comtes de Blois et Champagne n’eurent ni l’esprit de suite ni la ténacité de
leurs rivaux de Normandie et d’Anjou. » Le fils aîné de Jeanne, Louis le Hutin,
devint roi de Navarre et comte de Champagne avant d’être roi de France ; on
sait qu’il ne laissa qu’une fille également nommée Jeanne. Philippe le Long
s’empara à la fois de la couronne de France, de la Navarre et du comté de
Champagne ; en 1324, Charles la Bel obtint de Jeanne elle-même et de son mari,
la comte d’Évreux, une renonciation à ses droits sur la Champagne et sur la
Navarre. Cette renonciation, parait-il, n’avait été consentie qu’en faveur de
Charles et de ses héritiers directs, et à l’avènement de Philippe de Valois,
les contestations recommencèrent entre le roi et Jeanne. Philippe rendit la
Navarre et obtint une renonciation nouvelle à la couronne de Champagne. Depuis
cette époque, malgré les réclamations et les tentatives du fils de Jeanne,
Charles le Mauvais, roi de Navarre, la Champagne fut regardée comme une
province dépendante du domaine royal. Elle y fut solennellement réunie par le
roi Jean en 1361.
Plus qu’aucune autre, la province de Champagne,
ouverte de tous côtés, eut à souffrir des calamités de la guerre de, Cent ans ;
les Anglais, les grandes compagnies, les malandrins la ravagèrent incessamment
; c’est en Champagne que se forma (1362) la grande compagnie composée
d’Anglais, d’Allemands, de Gascons, de Belges, qui se donnaient à eux-mêmes le
nom de Tard-Venus, « parce qu’ils avaient encore peu pillé au royaume de France
et s’en voulaient dédommager âprement. »
Rappelons seulement la belle conduite de Henri de
Poitiers, évêque de Troyes, qui se mit à la tête d’une armée, battit et chassa
Robert Knolles, et la victoire de Barbazan à La Croisette (1430). La Champagne
fut donnée par Henri V, roi d’Angleterre, au duc de Bourgogne, et l’une des
conditions du traité d’Arras, conclu en 1437 entre Charles VII et Philippe le
Bon, fut la cession au duc du comté de Bar-sur-Seine. Ce traité, qui assura la
retraite définitive de l’étranger, mit fin aux malheurs de la Champagne dans
cette période. La Champagne peut disputer à la Lorraine l’honneur d’avoir donné
Jeanne D’arc à la France. Au siècle suivant, les troupes de Charles-Quint
envahirent deux fois la Champagne et incendièrent Troyes.
La Réforme amena des désastres plus terribles
encore. La noblesse de Champagne entra tout d’abord dans l’Union catholique. Le
prince de Condé, voulant renforcer le parti protestant, y appela les Allemands
du comte palatin Casimir. Les reîtres y commirent longtemps toutes sortes d’excès,
et lorsqu’en 1576 Henri III se soumit à payer ces pillards afin de les renvoyer
chez eux, l’argent se faisant attendre, ils vécurent encore trois mois à
discrétion dans le pays. Presque tout entière à la Ligue, la province ne se
soumit à Henri IV qu’après son abjuration (1594).
Constitué dans sa forme actuelle, en 1790, par
l’Assemblée nationale, le département de l’Aube n’eut pas à souffrir de
l’invasion de 1792, arrêtée à Valmy, ni du règne de la Terreur en 1793, mais il
fut en 1814 le théâtre principal de la lutte de Napoléon contre les armées
alliées ; les noms de Brienne, de La Rothière, de Rosnay, d’Arcis-sur-Aube, de
Nogent, de Méry appartiennent à l’histoire de cette immortelle campagne, où les
habitants de la Champagne rivalisèrent avec nos soldats de patriotisme et de
courage.
Après les Cent-Jours, en 1815, l’étranger envahit de
nouveau le département de l’Aube et ne s’en retira qu’après une occupation de
trois ans, en 1818. Une ère de prospérité suivit de 1818 à 1870, pendant
laquelle la Champagne vit son industrie et son commerce prendre un rapide et
profitable essor.
Si, pendant l’invasion de 1870-1871, il ne se livra
point de nouveaux combats dans le département de l’Aube, il eut cruellement à
souffrir des excès et des pillages des Prussiens, qui y séjournèrent près de
dix mois. On évalue à 6 672 783 francs 16 centimes les pertes éprouvées par le
département de l’Aube pendant cette funeste époque.
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