Châtellenie de Villemaur
Son précédent nom datant du XVIIe siècle s'écrivait VilleMort.Ville : de l'ancien français ville dans son sens originel de « domaine rural » issu du latin villa rustica. Des auteurs se piquant de toponymie pensent que la terminaison en "-maur" signifie fonds marécageux (Du vieux norrois maurr). De fait, les villages de Vaumort (Yonne) et l'habitant de Fossemor (à Theil - Yonne) donnent du crédit à l'hypothèse. La Vanne est une rivière traversant la commune qui donne son nom à l'aqueduc de la Vanne desservant Paris.
Villemaur, aujourd’hui Villemaur-sur-Vanne est une
petite commune bâtie sur un ancien cimetière. Au Moyen Âge, une fosse commune
était située à l'entrée du village afin de dissuader les fourbes d'y pénétrer.
Villemaur est situé sur la voie romaine de Sens à Troyes sur la Table de Peutinger*.
Durant tout le XIIe siècle, le
village est le siège d'une seigneurie qui dispose d'un certain relief. Un
chemin conduit directement à Joigny, comté qui intègre la vassalité du comté de
Troyes dès l'année 1100. Ce chemin passe par Coulours où les Templiers
installent leur première commanderie, et par Rigny-le-Ferron, où les vicomtes
de Joigny installent le siège de leur vaste seigneurie.
La famille de Villemaur possède la seigneurie
durant tout le XIIe siècle. Son autorité est néanmoins
cantonnée par d'autres seigneurs des environs : les Trainel à Pouy et Villeneuve-l'Archevêque;
les de Mauny à Bagneaux, vassaux des Trainel; les vicomtes de Joigny à Rigny-le-Ferron ; l'évêque
de Troyes à Aix-en-Othe; le sire de Marigny (cadet de la
famille de Trainel) au Nord. La seigneurie sous la suzeraineté du comté de
Troyes qui se fond dans le comté de Champagne à partir des
années 1160.
Le premier titulaire connu est Manasses. En épousant
Ermensent, veuve d'un vicomte de Sens, il portera courtement le titre
vicomtal (de Sens) en 1103. Il vit en 1125 et est peut-être décédé avant 1127.
Il semble être le frère d'un Hilduin de Marolles (sur-Seine ?). Son fils
puîné Manasses sera chanoine de Sens (1164) et archidiacre de Troyes (1131),
mettant à profit la paix retrouvée après 1152 entre le domaine royal et la Champagne
pour faire une carrière à cheval sur la frontière. Son fils aîné Eudes de
Villemaur décède avant 1154. Sa veuve Hélie se remarie à Guillaume Le Roi
maréchal de Champagne (1158).
Les seigneurs disposent d'un château à Villemaur.
Deux familles de chevaliers sont vouées à sa garde : les le Louche et les
le Chasseur. Une collégiale dotée de chanoines démontre la volonté de prestige
de la famille.
À la fin du XIIe siècle, le
lignage disparaît à la quatrième génération.
La seigneurie entre dans le domaine comtal
champenois vers 1195. Le comte choisit d'ériger Villemaur au rang de
châtellenie. On lui rattache ainsi des fiefs dont les titulaires n'ont plus à
se rendre à Troyes pour accomplir leur devoir féodal. De cette petite
châtellenie dépendra la seigneurie de Marigny (propriété
d'une branche de la famille de Trainel) ;
le fief de la Mothe, à la sortie Nord de Rigny-le-Ferron. Un prévôt comtal
succède au prévôt seigneurial.
Sa fille, Jeanne de France,
est dépossédée de la couronne de France et de ses droits en Champagne-Brie par
son oncle Philippe de Poitiers (Philippe V) : son tuteur et oncle, le duc de Bourgogne,
puis son mari Philippe d'Evreux,
lui font ménager par plusieurs traités passés avec Philippe V, Charles IV et
Philippe VI, un dédommagement financier sous forme de rentes et assignations. À
cette occasion, on découvre l'existence de forges, sans doute alimentées en
combustible et en minerai par la forêt d'Othe voisine.
L'assiette de ce dédommagement successoral est
arrêtée en 1328. Jeanne de France reçoit la châtellenie de Villemaure, et
celles de Chaource, d'Isle (-Aumont) et de Payns. Elle résulte du travail
conjoint du bailli de Troyes et du doyen de la cathédrale de Troyes missionnés
par Philippe VI. Devant l'insuffisance de l'assiette de la seule châtellenie de
Villemaure, les autorités parisiennes ont donné l'autorisation de ponctionner
les trois autres châtellenies. L'assiette de la seule châtellenie de Villemaure
est vaste. Elle s'étend alors de Vauluisant, Les Sièges et Coulours jusqu'à
Fontvannes, Messon, Sormery, Vauchassis. Il est de ce fait assuré que la
châtellenie de 1328 dépasse largement la seigneurie indépendante dans ses
éléments relevés au XIIe siècle. Par ailleurs, les experts
chargés localement d'estimer le revenu des différents éléments constitutifs
insistent pesamment sur le fait que la valeur du fermage de la prévôté est
montée excessivement et que les derniers prévôts-fermiers "en ont été de
leur poche". Cette difficulté économique un peu antérieure à 1328 est
aussi relevée dans les autres châtellenies incluses dans l'assiette. Les
estimateurs ont refusé d'assigner une valeur au revenu tiré des châteaux
comtaux de la quasi-totalité de l'assiette (sauf Payns). Ils ont donc été cédés
à Jeanne de France pour une valeur nulle. La charte originale de l'assiette se
trouvait à la Chambre des Comptes de Paris et brûla avec elle en 1737. Par
chance une copie avait été opérée un demi-siècle auparavant.
Aux XVe – XVIe siècles,
Villemaur forme avec Isle, Chaource, Maraye, Payns, un groupe de
châtellenies constituant un groupe féodal aux mains des ducs de Bourgogne,
notamment la duchesse Marguerite,
puis leurs descendants comtes ou ducs de Nevers.
Villemaure accueillait plusieurs administrations
royales, dont un grenier à sel et un siège particulier d'élection.
Aux XVIIe – XVIIIe siècles,
Villemaur forme avec Saint-Liébault le
duché de Villemaur pour le chancelier
Séguier, puis le duché d'Estissac pour les descendants du
chancelier membres de la famille de La Rochefoucauld-d'Estissac.
Cette dernière famille a conservé des documents sur Villemaure depuis
le XVIe siècle.
*La Table de Peutinger (Tabula Peutingeriana ou Peutingeriana Tabula Itineraria), appelée aussi carte des étapes de Castorius, est une copie du XIIIe siècle d'une ancienne carte romaine où figurent les routes et les villes principales de l'Empire romain qui constituaient le cursus publicus. Ce document était également connu autrefois sous le nom de « table théodosienne » (ou tabula theodosiana), nom qui fait référence à l'empereur Théodose car, selon d'Aigueperse, une copie affiche des vers écrits du temps de cet empereur.
Elle est conservée à la Bibliothèque nationale
autrichienne de Vienne (Autriche).
Depuis 2007, elle est inscrite au Registre
international Mémoire du monde de l'Organisation des Nations unies pour
l'éducation, les sciences et la culture (Unesco), en tant que patrimoine
documentaire de l'Autriche.
*Jeanne Ière de Navarre
Blason bi-partie : France - Navarre et ChampagneJeanne Ière de Navarre est née le 14 janvier 1273 à Bar-sur-Seine (Aube-10) et morte le 2 avril 1305 à Vincennes. Princesse de la maison de Champagne, fut reine de Navarre et comtesse de Champagne de 1274 à 1305, et reine de France de 1285 à 1305
Reine de France 5 octobre 1285 – 2 avril 1305 (19 ans, 5 mois et 28 jours)
Couronnement
5 janvier 1286 en la cathédrale Notre-Dame de Reims
Prédécesseur Marie de Brabant
Successeur
Marguerite de Bourgogne
Reine de Navarre
22 juillet 1274 – 2 avril 1305 (30 ans, 8 mois et 11 jours)
Avec Philippe Ier (1284-1305)
Prédécesseur Henri Ier
Successeur Louis Ier
Comtesse de Champagne 22
juillet 1274 – 2 avril 1305 (30 ans,
8 mois et 11 jours)
Prédécesseur Henri III
Successeur Louis Ier
Dynastie Maison
de Blois-Champagne
Nom
de naissance Jeanne de Champagne
Date
de naissance 14 janvier 1273
Lieu
de naissance Bar-sur-Seine, (Aube
-10) - Champagne
Date
de décès 2 avril 1305 (à 32 ans)
Lieu
de décès Vincennes,
Sépulture Église des Cordeliers de Paris
Père Henri Ier de Navarre
Mère Blanche d'Artois
Conjoint Philippe IV de France
Enfants Louis X Roi de France
Philippe
V Roi de France
Charles
IV Roi de France
Isabelle
de France
Jeanne Ière était la fille du roi Henri I de Navarre
et de Blanche d'Artois, de lignée capétienne. Encore au berceau à la mort de
son père, elle est proclamée reine de Navarre à Pampelune sous la régence de sa
mère. Aussitôt, deux factions navarraises apparaissent. L'une loyale à Jeanne
et à sa mère, l'autre favorable à une régence castillane du roi Alphonse X. La
tension augmentant, la régente demande des soutiens au roi de France, qui lui
envoie au début 1276 une troupe commandée par Eustache de Beaumarchais, sénéchal
de Toulouse. L'arrivée de cette troupe ne fait qu'aggraver la situation et
Blanche quitte alors la Navarre avec sa fille pour la cour de France.
Pour faire respecter aux factions en présence les
droits légitimes de la régente et de sa fille de trois ans, le roi Philippe
III, son cousin, confia à Robert II d'Artois, le frère de Blanche, le soin de
rétablir la paix. Robert ayant réuni une forte armée, il descendit en Navarre
durant l'été 1276, assiégea la capitale Pampelune, prit et détruisit une partie
de la ville et rétablit dès novembre 1276 l'autorité de la reine. Le
chroniqueur et poète occitan Guillaume Anelier relata ces événements en détail
dans son poème Histoire de la guerre de Navarre. Blanche, remariée depuis au
prince anglais Edmond de Lancastre, assura le gouvernement du comté de
Champagne, tandis que le royaume de Navarre était confié à des gouverneurs
d'origine française. Jeanne est depuis lors élevée à la cour de France, qu'elle
ne quitta plus. Le 16 août 1284, à l'âge de 11 ans, elle épousa l'héritier de
la couronne de France, Philippe, qui devint ainsi roi de Navarre sous le nom de
Philippe Ier (1284-1305). En octobre 1285, son époux devint roi de France sous
le nom de Philippe IV le Bel. Elle lui donna six enfants, dont une fille,
Isabelle, qui devint reine consort d'Angleterre et trois fils, tous devenus
rois de France.
Malgré son mariage, elle continua de régner seule
sur ses domaines. En 1286, son mari se déplaça jusqu'à Bayonne pour rencontrer
Sanche IV de Castille qui ne se présenta pas. Une nouvelle réunion entre les
deux souverains eut lieu finalement à Bayonne en 1290. Dans les deux cas,
Philippe évita d'intervenir sans son épouse en Navarre. Lors de la guerre de
Guyenne entre la France et l'Angleterre (1294-1303), elle fit en sorte que la
Navarre reste à l'écart du conflit, bien que celui-ci se déroulât près de ses
frontières.
Elle est à l'origine de la création du collège de
Navarre et de l'hôtel-Dieu de Château-Thierry. À la veille de sa mort en 1305,
elle s'assura que son fils aîné Louis soit bien reconnu comme roi de Navarre
par son époux, ce qui fut fait, Louis étant couronné en 1307 à Pampelune.
De son mariage avec Philippe le Bel sont issus sept
enfants :
- Louis le Hutin (1289-1316), roi de Navarre (Louis
Ier, 1305-1316) et roi de France (Louis X, 1314-1316) ;
- Marguerite (1290-1294), promise à Ferdinand IV de
Castille ;
- Blanche (1291-peu après sa sœur aînée) ;
- Philippe le Long (1293-1322), roi Philippe V de
France et également roi Philippe II de Navarre (1316-1322) ;
- Charles le Bel (1294-1328), roi Charles IV de
France et également roi Charles Ier de Navarre (1322-1328) ;
- Isabelle (1295-1358), épouse du roi d'Angleterre
Édouard II ;
- Robert (1296-1308).
Trois ans après la mort de sa mère Blanche d'Artois,
elle meurt subitement elle aussi. À l'époque, la mort de Jeanne et de sa mère
parurent suspectes. En 1308, une enquête fut ouverte et on arrêta un homme,
l'évêque Guichard de Troyes, dont Blanche avait délaissé les services. Lors de
son procès, Guichard s'était vanté de les avoir fait mourir avec l'aide d'une
sorcière et d'un moine jacobin. Le Lombard Nossle fut arrêté, jugé et pendu en
1313 pour l'empoisonnement de la reine, Guichard fut absous.
Peu de temps avant sa mort, le jour de
l'Annonciation 1305 (25 mars), elle fait rédiger son testament au château de
Vincennes. Ce document comprend deux volets : le premier consacré à la création
d'un collège au sein de son hôtel particulier parisien, l'hôtel de Navarre, le
second fonde un hôtel-Dieu pour l'accueil et le soin des membres souffrants du
Christ à Château-Thierry. Le collège conçu sur le modèle de celui fondé par
Robert de Sorbon connaît la postérité en tant que collège de Navarre.
L'hôtel-Dieu quant à lui voit le jour quelques années plus tard. Aujourd'hui
transformé en musée, il est à l'origine de l'hôpital de la ville.
article digne d'un historien bravo pour tout ce travail
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