dimanche 4 août 2024

Seigneurie d'Estissac (Aube-10)

 

Duché d’Estissac


Parti :

au 1er fascé d’argent et d’azur de dix pièces, aux trois chevrons brochant de gueules, le premier écimé,

au 2e d’or semé de trèfles de sable au lion de gueules brochant, au chef chargé d’une bande d’argent accostée de deux cotices potencées et contre-potencées d’or et de deux abeilles volant du même.

 Nicolas de Fontenay († 1396 ; fils de Nicolas seigneur de Pars-lès-Chavanges ; bailli de Troyes, général des Aides et trésorier de France, lié au duc de Bourgogne) est seigneur de Saint-Liébault (ancien nom d'Estissac) et maître de forges en forêt d'Othe dans la deuxième moitié du XIVe siècle. Sa fille Marguerite transmet Saint-Liébault à son mari Jean de Courcelles. Cette famille du Vexin normand garde Saint-Liébault jusqu'au milieu du XVIe siècle.

En 1564, Saint-Liébault fait partie du grand tour de France de Charles IX sur l'initiative de Catherine de Médicis. Le jeune roi y soupe le 21 mars.

En 1615, Jacques Vignier († 1631) baron de Jully-le-Châtel et des Riceys, achète Villemaur et Saint-Liébault où il construit le château. Son fils Claude Vignier est président à mortier au Parlement de Metz, intendant de Châlons, seigneur de Tanlay ; il épouse en 1635 Catherine Chabot († 1662), arrière-petite-fille de l'amiral Chabot. Il embellit de jardins le château de Saint-Liébault ; mais, endetté, il doit finalement vendre en 1647 au chancelier Pierre Séguier.

Séguier l'intègre à son duché de Villemor. Sa fille Marie-Madeleine Séguier épouse Guy de Laval-Bois-Dauphin. Ils ont entre autres enfants Madeleine de Bois-Dauphin, qui reçoit Estissac et s'unit : 1° à la famille du Cambout de Coislin ; puis 2° aux Laval-Bois-Dauphin. Sa fille Madeleine de Bois-Dauphin, issue de son deuxième mariage, reçoit Saint-Liébault et Villemaur. Elle épouse le maréchal Henri-Louis d'Aloigny et ils ont pour fille Marie-Henriette d'Aloigny de Rochefort, qui reçoit Saint-Liébault en 1732 et épouse 1° en 1676 son cousin germain Louis-Fauste de Brichanteau (Postérité), puis 2° en 1691 Charles de La Rochefoucauld de Blanzac (issu des comtes de Roye et de Roucy ; Postérité). En 1758, leur fils Louis-François-Armand de La Rochefoucauld (1695-1783 ; père du duc François XII) hérite de cette terre. C'est à lui que la commune doit son nom actuel : il fait ériger la seigneurie, avec Villemaur, en duché héréditaire sous le nom d'Estissac, d'après une baronnie du Périgord au nord de Bergerac et à l'est de Mussidan (dont Saint-Jean, Saint-Hilaire, Saint-Séverin), venue aux La Rochefoucauld par un mariage avec une Madaillan d'Estissac (voir les articles « Louis de Madaillan d'Estissac » et « Famille de Madaillan de Lesparre »).

Le château est reconstruit à la fin XVe siècle, sur l'emplacement d'un ancien château fort. Il est complètement détruit en 1793. Une description en est faite par le procureur fiscal Jean Chobert, en 1630. Au premier étage, après l'escalier d'honneur se trouvait une chambre aux tableaux et à côté la chapelle. Une autre était à fleur de lys et l'autre représentait la vie de Marie Stuart sur les murs. Au second étage se trouvait une pièce au trésor et une autre où se logeait le mécanisme de l'horlogerie du pavillon.

                                              La façade du château sur parc - 1738

Parmi le mobilier de ce château, certaines de ses œuvres d'art font partie du premier fonds du musée des Beaux-Arts de Troyes. Sont conservés cinq portraits de grands personnages propriétaires du château aux XVIIe et XVIIIe siècles, dont un tableau par Charles Lebrun du chancelier Pierre Séguier*, représenté à cheval (tableau au musée du Louvre) ; un portrait du cardinal Coislin par Largillière, un portrait du maréchal de Nangis par Rigaud et deux portraits de La Rochefoucault, l'un en abbé et l'autre en cardinal et qui se trouvait à Rome.


Le chancelier Séguier –Musée du Louvre

 

En 1774, Estissac devint le siège du grenier à sel de Villemaur.

En 1789, le village était de l'intendance et de la généralité de Châlons, de l'élection et du bailliage de Troyes. Au cours de la Révolution française, la commune porta provisoirement les noms de Lyébault-sur-Vanne et de Val-Libre.

Une communauté protestante relativement nombreuse a existé à Estissac et dans ses environs, sous l'Ancien Régime et au XIXe siècle. La commune d'Estissac était d'ailleurs dotée d'un temple protestant au XIXe siècle.


*Pierre Séguier


« D'azur au chevron d'or accompagné de deux étoiles de même en chef, et un mouton tranquille d'argent en pointe »

Descendant de Jacques Cœur, Pierre II Séguier, seigneur d'Autry (seigneurie du Vieux-Château), comte de Gien, baron de Villemor et seigneur de Saint-Liébault, est fait duc de Villemor (en janvier 1650). Il est fils de Jean Séguier et petit-fils du magistrat Pierre Ier Séguier (1504-1580), issu d'une famille réputée de juristes originaire de Saint-Pourçain-sur-Sioule, malgré ses prétentions à se rattacher à une famille féodale homonyme originaire quant à elle du Quercy. Son père, Jean Séguier, seigneur d'Autry, occupait les fonctions de lieutenant civil de Paris au moment de sa mort prématurée en 1596.

Pierre Séguier, d'abord élève du collège des jésuites de La Flèche, fut élevé par son oncle, Antoine Séguier (1552-1624). Il épouse Madeleine Fabry, avec qui il eut :

Marie Séguier (1618-1710), qui épouse le neveu de Richelieu, Pierre César de Cambout, marquis de Coislin et lieutenant des armées du Roi, puis qui épouse en secondes noces Guy de Laval-Bois-Dauphin. Elle sera la mère du cardinal d'Orléans, Pierre IV du Cambout de Coislin.

Charlotte Séguier (1622-5 juin 1704), qui épouse en 1639 Maximilien III de Béthune, duc de Sully, puis, en 1668, Henri de Bourbon-Verneuil.

 


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