LES
ÉGLISES RURALES
DE
LA
CHAMPAGNE
ORIENTALE ET MÉRIDIONALE
DU
XIIIe AU XVIe SIÈCLE
Dans une précédente étude, je me suis efforcé de démêler les influences diverses qui ont pénétré dans la partie est et sud-est de la Champagne à l'époque romane. Je crois avoir montré que cette région, qui est un carrefour de routes historiques, avait été traversée par des courants venus de l'ouest, influence franco-normande ; de l'est, influence rhénane ; et du sud-est, influence bourguignonne. Au sujet de cette dernière, je dois ajouter que si elle n'a produit qu'un très petit nombre d'églises dont le plan puisse être rapproché du plan bénédictin, aux absides et absidioles en hémicycle précédées de travées droites comme à Wassy et Hoéricourt dans la Haute-Marne, elle a, par contre, introduit ces piles rondes couronnées par un tailloir, portant des arcades à simple rouleau qu'on a signalées au narthex de Saint-Philibert de Tournus, ou, au Xe siècle, à Lons-le-Saulnier (1).
Il est singulièrement plus difficile de tirer des
conclusions précises d'une enquête menée dans la même région mais portant,
cette fois, sur les églises gothiques.
Voyons, d'abord, les églises du Xe siècle. En
premier lieu, il n'y a pas d'école gothique rhénane, d'où absence d'influences
venues de l'est. Y a-t-il une école gothique champenoise? On n'en est plus très
sûr. On tend plutôt à admettre l'existence d'une école formée dans
l’Ile-de-France, débordant très tôt et très loin sur la Champagne, en y exerçant
une influence bien plus puissante que ce qu'avait pu être celle de l'école romane
franco-normande. Elle n'exclut pas, cependant, une pénétration sensible de l’influence
bourguignonne. Mais il faut avouer que les caractères dits bourguignons
s'appliquent davantage à des éléments décoratifs qu'à des procédés constructifs
(2).
L'étude des plans ne nous apprendra pas grand'
chose. Cependant, il faut noter que les chevets plats, très nombreux en
Ile-de-France, Soissonnais, Beauvaisis, restent très répandus jusque dans la
partie orientale de la Marne, alors qu'ils se raréfient incontestablement vers
l'Aube et vers la Haute-Marne (3) par où ont pu pénétrer les influences
bourguignonnes. Or, il semble bien que le chevet plat a dû être moins souvent
adopté en Bourgogne que dans la région parisienne.
Ce plan n'exclut d'ailleurs pas, tant s'en faut, les
sanctuaires polygonaux à trois, quatre (4), cinq ou même sept pans (5) qui se
rencontrent avec une densité à peu près égale dans toute la
région étudiée. Certains chœurs, assez longs, sont munis de bas-côtés (6) ou,
plus simplement, d'absidioles rectangulaires (7) ou polygonales (8).
On a déjà fait remarquer que les déambulatoires de Montier-en-Der, Saint-Remi de Reims et Notre-.Dame-en-Vaux de Châlons présentaient des particularités communes qui ne suffisaient pas à constituer une école champenoise, mais plutôt une variante champenoise des procédés de l'Ile-de-France. Quant aux colonnes jumelées de Montier-en-Der, elles ont, malgré leur éloignement du domaine royal, beaucoup plus d'analogues en Ile-de-France que partout ailleurs (13). Enfin, la jolie église de Saint-Amand-sur-Fion (Marne) offre, d'une part, un triforium à claire-voie qui présente de grandes analogies avec ceux de la nef de Saint-Séverin de Paris ou de Saint-Sulpice-de-Favières (Seine-et-Oise) et, d'autre part, dans le transept, un étroit passage ménagé devant les fenêtres abrité sous une voussure en berceau brisé, disposition qui est champenoise tout autant que bourguignonne.
Les transepts, sensiblement plus nombreux qu'à
l'époque romane ne nous apprennent rien de très particulier quant aux
influences diverses qui ont pu s'exercer. Tout au plus, noterons-nous ceux des
églises de Saint-Jean de Châlons et de la Chalade (Meuse) qui comptent deux
travées dans leur longueur et qui sont munis d'un bas-côté oriental,
disposition qui est peut-être moins rare que ne l'a dit Lasteyrie (14) et qu'on
trouve, par exemple à Villers-Saint-Paul (Oise). Nous la noterons encore plus
loin à la fin du moyen âge. Remarquons que l'église de la Chalade est
cistercienne ; le bas-côté oriental du transept peut y être considéré comme résultant
de l'évolution du plan cistercien par mise en communication des chapelles
carrées entre elles et de ces chapelles avec le chœur.
L'étude des nefs est plus instructive. Il est
incontestable que les voûtes sexpartites et les piles alternativement cylindriques
et composées qu'on trouve dans les églises de Margerie et Somsois (Marne),
Trouan-le-Grand (Aube) (15) révèlent l'influence de l'école de l'Ile-de-France.
Ces nefs de Somsois et Trouan-le-Grand, qui présentent entre elles de grandes
ressemblances de même que les portails de ces deux églises, ont des fausses
tribunes qui rappellent assez celles de Saint-Eusèbe d'Auxerre. Celles-ci
résultent aussi d'une influence venue de l'Ile-de-France 16). Ajoutons encore
les fausses tribunes de Joinville (Haute-Marne), ou encore les petites tribunes
au revers des façades qu'on voit à Somsois, Soudron, Vatrv (Marne), à Perthes
(Haute-Marne) ou à Mouzon (Ardennes) (17). Les oculus à quatre lobes qui
éclairent la nef de Sarry (Marne) ou le chœur de Francheville (Marne)
rappellent, eux aussi, les procédés de l'Ile-de-France. Remarquons encore les
piles cylindriques flanquées de quatre colonnettes qui, adoptées à Reims, se
rencontrent dans des églises rurales champenoises à Arzillières,
Sainte-Menehould (Marne) et Brienne-le-Château (Aube). Quant aux chapiteaux à
tailloirs circulaires nés au Xe en Angleterre et en Normandie (18), on les cite
souvent à Montier-en-Der. Il y en a aussi à Mouzon (Ardennes) et je les ai
rencontrés à Haute-ville et au chœur de Saint-Amand-sur-Fion (Marne).
Par contre, le faux triforium en plein cintre sur
pilastres cannelés de Saint-Maclou de Bar-sur-Aube et la nef unique de Perthes
(Haute-Marne) avec sa voûte portée par des culs-de-lampe assez semblables à
ceux de Saint-Père-sous- Vézelay trahissent des pénétrations
bourguignonnes assez lointaines vers le nord.
A l'extérieur, les archivoltes des fenêtres ornées d'un cordon de fleurettes ou de crochets en encorbellement sur deux têtes comme à Saint-Yved de Braisne, ont eu beaucoup de succès en Champagne (19). Des gâbles sur montent les fenêtres de l'abside de Saint-Amand-sur-Fion (Marne). Cette même église nous offre en outre des arcs-boutants dont la tête est soutenue par une colonne isolée comme à Notre-Dame de Châlons et à Saint-Rémi de Reims et des contreforts couronnés par un petit pignon et évidés pour ménager un passage extérieur à hauteur des fenêtres basses, des baies du triforium et des fenêtres hautes.
En ce qui concerne les portes, la région a vu se généraliser
un type qui provient vraisemblablement de l'Ile-de- France
et qui s'est propagé loin vers l'est et vers le sud-est ne laissant filtrer que
de rares pénétrations bourguignonnes. Ce sont des portes en tiers-point
ouvertes souvent, comme à l'époque romane, dans un épaississement du mur
raccordé au plan de la façade par un talus oblique. Le tympan plein et nu est
encadré de voussures toriques et les piédroits portent trois ou quatre
colonnettes parfois baguées à mi-hauteur et surmontées de chapiteaux à crochets
(20).
Plusieurs petites églises (21) ont conservé des
porches qui garnissent toute la largeur de la façade et qui comportent une
série d'élégantes arcades en tiers-point reposant sur des faisceaux de
colonnettes et géminées en deux arcades secondaires par une colonnette. Ils résultent
de l'évolution d'un type déjà signalé à l'époque romane à Hermon ville,
Jâlons-les-Vignes, Ponthion, etc. (Marne).
Cependant, c'est peut-être aux influences bourguignonnes
qu'il faut attribuer la persistance du plein cintre aux portes de Saint-Pierre
de Bar-sur-Aube (Aube), Perthes et Puellemontier (Haute-Marne), Somsois (Marne)
comme aux fausses tribunes de Joinville (Haute-Marne) ou au cloître de
Bassefontaine (par Brienne-la-Vieille, Aube). Ces influences apparaissent plus
nettement aux portes de Notre-Dame de Saint-Dizier et de Wassy (Haute-Marne) où
les voussures en arc brisé sont ornées de vigoureux rinceaux de feuillages ou
encore à Perthes où la rose de la façade rappelle, avec un dessin plus simple,
celle de Notre-Dame de Cluny.
Le tympan du Xe siècle enclavé dans un mur de l'église de Saint-Léger -sous -Brienne (22) semble, lui aussi, bourguignon par ses rinceaux de feuillages et, surtout, par le portail de l'église de Vassy, les analogies qu'il présente avec le tympan d'Anzy-le-Duc représentant, comme lui, l'Ascension du Christ. Il est regrettable que les tympans sculptés de Wassy (23) et Trouan-le-Grand (24) aient disparu. Celui de Joinville (Haute-Marne) n'offre plus que d'informes débris qui rendent presque impossible toute appréciation (25). Signalons encore la corniche bourguignonne qui a pénétré assez avant dans la région. On la trouve à Perthes, Villiers-en-Lieu (Haute-Marne), Sapignicourt, Moncetz-sur-Marne, Alliancelles (Marne) et jusqu'à Mouzon (Ardennes).
Les clochers gothiques, relativement rares dans les
petites églises rurales, dérivent directement des modèles romans. Ils sont
carrés, élevés sur la croisée des nefs ou sur le chœur, ajourés de baies en
tiers-point à tympan géminé en deux arcades sur une colonnette médiane (26). La
couverture en bâtière se retrouve à Heiltz-l'Évêque et à
Saint-Lumier-en-Champagne (Marne), la pyramide à Dampierre-sur-Moivre (Marne).
En résumé, les petites églises du Xe siècle
présentent une certaine uniformité de style dont il faut chercher l'origine
dans la prédominance des procédés gothiques mis au point dans l'Ile-de-France
et propagés en Champagne et au-delà. L'école romane franco-normande, incapable
d'imposer des formules très nettes, avait laissé passer des éléments rhénans et
bourguignons. Il n'en est plus de même au Xe siècle où, au contraire,
l'Ile-de-France et la Champagne deviennent un puissant foyer d'émission dont le
rayonnement se fait sentir très loin, ne laissant filtrer que de faibles
pénétrations bourguignonnes.
A la fin du moyen âge, les choses se présentent un
peu différemment. Il se produit en Champagne un renouveau de l'art religieux
dont il faut chercher les origines,
- d'une part dans la nécessité de remédier aux
dévastations commises pendant la guerre de Cent Ans,
- d'autre part, dans l'intervention de la
bourgeoisie.
Celle-ci, enrichie par la reprise du commerce,
contribue à la construction et à la décoration des églises auxquelles elle
donne des verrières, des retables, des statuettes, des cloches, des stalles,
etc. (27). En dehors des documents d'archives, on en trouve la preuve dans les
mentions inscrites au bas des verrières ou dans des inscriptions comme celles
des piliers de l'église Saint-Loup de Châlons, fondés par les confréries des
enfants et des vignerons en 1459 et 1461 ou d'un pilier de l'église de Pringy
(Marne) «assy » le 27 août 1533 par Claudin Songnit et Mariette, sa femme.
Les dates inscrites sur les façades ou sur les
vitraux renseignent sur l'époque de ces travaux et permettent de suivre cette
renaissance de l'art religieux qui commence dès le milieu du XVe siècle (28).
Dans cette période où l'art devint plus bourgeois, plus familier et plus provincial il y a davantage à compter avec les initiatives locales. Il est possible de déterminer des familles d'églises nées autour de foyers particulièrement actifs. Pour la région qui nous intéresse, il semble possible de distinguer, à l'époque flamboyante, deux groupes distincts : le groupe troyen dont l'influence s'est fait sentir jusque dans la Champagne châlonnaise et rémoise, et le groupe meusien-lorrain qui vient se mêler à celui-ci sur les confins lorrains-champenois. Ils présentent des caractères communs, mais des nuances évidentes les différencient.
Au point de vue des matériaux, le groupe troyen
utilise les calcaires tendres champenois ; le groupe meusien-lorrain emploie
les calcaires durs du Barrois qui prennent vite une patine sombre et donnent
aux édifices une tonalité sévère. Ils se prêtent assez mal aux finesses sculpturales
et impriment à la décoration une facture assez lourde. Ils ont été exportés,
comme à l'époque romane, à travers le Perthois, dépourvu de matériaux de
construction, et plus spécialement par la vallée de la Saulx, jusque sur les
confins de la Champagne crayeuse, à Pargny-sur-Saulx, Villers-le-Sec, Possesse,
Etrepy, Ponthion, Vitry-en-Perthois, etc.
En règle presque générale, les sanctuaires sont
polygonaux, assez élevés, largement éclairés, parfois accostés d'absidioles de
même hauteur (29). Un procédé bien troyen consiste à relier le chœur aux
croisillons par des chapelles triangulaires comme à Montieramey (Aube).
Cependant, cette disposition ne se retrouve guère au nord de Troyes, sauf à
Brienne-la-Vieille (Aube) et à Louze (Haute-Marne) où il existe d'étroits évidements
contournant les piles du chœur juste pour le passage d'une personne. Par
contre, à Revigny (Meuse) (30), le chœur est relié aux croisillons par de
hautes chapelles à deux pans dont l'axe forme un angle de 45° avec celui de
l'église. Cette solution rappelle, à la fois, la plantation oblique des
absidioles fréquente dans l'Ile-de-France et la Champagne dès
le Xe siècle (31), et le passage triangulaire troyen.
On peut considérer, d'autre part, comme très caractéristique des procédés troyens le transept large et divisé en deux travées. Non pas que cette disposition soit une innovation au XVe siècle et encore moins une trouvaille troyenne, puisqu'on l'observe bien antérieurement à Saint-Jean-aux-Bois, Villers-sous-Saint-Leu (Oise) ou à Saint-Marcel (Indre). Mais elle a eu aux XVe XVIe siècles, tant de succès dans la Champagne méridionale que des transepts du Xe siècle ont été remaniés pour être doublés d'une seconde travée (32).
Très fréquente encore dans le nord des départements de l'Aube (33) et de la Haute-Marne (34), dans le sud-est de la Marne (35) et même sur les confins Marne-Meuse (36), elle se raréfie vers le nord. Dans tout l'arrondissement de Sainte-Menehould, on ne signale que Souain (37). Par contre, les églises de Changy et Bussy-le-Repos (Marne) et de Rembercourt-aux-Pots (Meuse) ont un transept à bas-côté oriental. Dans la région troyenne, les deux travées du transept sont souvent soulignées au dehors par deux pignons accolés munis d'auvents très saillants (38). C'est, d'ailleurs, en vertu du même principe qu'on voit, dans la même région, des séries de pignons correspondant aux travées des collatéraux (39).
Les édifices des groupes troyen et meusien-lorrain
comportent souvent des nefs munies de collatéraux et dépourvues d'éclairage
direct. Aux listes données par Lefèvre-Pontalis (40), j'ajouterai : Brandon
villiers, Brebant, Bussy-Lettrée, Dommartin-Lettrée, le Meix-Tiercelin (Marne),
Ceffonds, Villiers-en-Lieu (Haute-Marne), Arrembécourt, Dosnon, Montmorency,
Rosnay-1' Hôpital (Aube) pour le groupe troyen, Andernay, Rancourt, partie de
la nef de Revigny (Meuse), Clermont, Possesse, Yernancourt, Vil-lers-le-Sec
(Marne) pour le groupe meusien-lorrain. Dans celui-ci, il est fréquent que les
trois vaisseaux soient assez hauts et étroits, surtout les collatéraux comme à
Saint-Etienne de Bar-le-Duc. Il arrive même que le sanctuaire soit aussi large
que la nef et les collatéraux réunis et qu'il s'ouvre alors sur le transept par
une rangée de trois arcades presque d'égale hauteur. Cette disposition, assez
rare, se voit à l'église d'Eclaron (Haute-Marne) qui comporte trois vaisseaux
très étroits et à celle de Cheminon (Marne) dont la nef est, d'ailleurs,
moderne. Quant au groupe troyen, il offre de nombreux exemples de vaisseaux
larges et bas, comme à Pont-Sainte-Marie (Aube).
Le groupe meusien-lorrain a adopté presque toujours le support cylindrique lisse à pénétration de nervures sans chapiteau, reposant sur de puissantes bases carrées ou octogonales, comme à Nettancourt (Meuse). A Vitry-en-Perthois (Marne), comme à Saint-Nicolas-du-Port, le fût est orné de petites accolades.
De son côté, le groupe troyen, sans exclure le pilier cylindrique lisse, a fait large emploi du pilier lobé dans lequel les membres de la voûte se fondent par pénétration dans des lobes convexes reliés entre eux par des lobes concaves (41). Ces supports, lobés ou cylindriques, sont souvent ornés d'un anneau de sculptures qui rappelle, sans le remplacer, car il se trouve sensiblement en dessous des retombées, le chapiteau.
La décoration en est empruntée à la flore locale, comme la vigne, le chêne, le chou. Des animaux y sont mêlés : escargot à Saint-Memmie de Courtisols, Dommartin-Lettrée, Iumbauville, Nuisement-sur-Coole, Yernancourt (Marne), Lhuître, Rosnav-l' Hôpital (Aube), chiens rongeant des os à Lhuître, Mailly (Aube), Vernancourt (Marne), le renard et la cigogne au Meix-Tiercelin (Marne), des chimères, des oiseaux, des sirènes, des singes, etc. On voit aussi des scènes de la vie paysanne, vendangeurs à Puellemontier (Haute-Marne), paysan chargeant un tombereau au Meix-Tiercelin (Marne), des musiciens à Humbauville (Marne), Rances et Villeret (Aube), des soldats à Lhuître (Aube), des personnages portant la coiffe des fous à Bussy-aux-Bois (Marne), un squelette au Meix-Tiercelin (Marne), etc. Cette sculpture, plus pittoresque qu'artistique, est l'expression spontanée d'un art local, populaire, laïque, plus préoccupé de plaire ou d'amuser que d'édifier.
L'étude des baies, fenêtres et portes confirme
l'existence d'une double influence. Le groupe troyen, sans renoncer absolument
aux réseaux flamboyants, adopte cependant, de bonne heure, ces tracés plus mous
(plein cintre, cœurs, oves, etc.) ou encore ces superpositions d'arcades,
d'entablements et de frontons qu'on voit, par exemple, aux fenêtres de
Brienne-le-Château, en 1536, ou à Saint-Jean de Troyes. Les voussures des
portes flamboyantes sont souvent ornées de feuillages très fouillés qui
semblent partir de deux troncs noueux munis de leurs racines logés dans des
gorges à chaque piédroit (42). Le tympan vitré parfois aussi haut qu'une
fenêtre paraît bien spécial, lui aussi, au groupe troyen (43). Souvent, un
sujet sculpté est placé sur un cul-de-lampe ou sous une niche au milieu du
linteau, une Pietà à Humbauville (Marne) et à Lhuitre (Aube) , un Saint Martin
à cheval à Huiron (Marne).
Le groupe meusien-lorrain reste invariablement fidèle aux réseaux flamboyants, même en plein XVIe siècle (44). Les tympans sont pleins, l'accolade brisée en forme de cloche, qu'on trouve en bien d'autres régions, s'y rencontre assez souvent (45).
Notons, enfin, les porches. Un premier type est
constitué par trois arcades à moulures prismatiques encadrant une voûte à
Hernes et tiercerons. Une balustrade flamboyante couronne ces porches (46). Un
autre type, plus simple et postérieur à celui-ci, comprend un carré de murs
bas, munis de bancs de pierre et portant un toit en appentis ou à deux versants
par l'intermédiaire de colonnes cylindriques (47).
Le groupe meusien-lorrain, très caractérisé à l'époque flamboyante, conserve sa puissance d'expansion, au moins pendant la première moitié du XVIe siècle. La Renaissance apparaît en 1512, dans certains détails de la porterie du palais ducal de Nancy. Le séjour de René II à Bar-le-Duc détermine, dans le même temps, un mouvement artistique assez important qui, outre de nombreuses constructions civiles, produit la façade de Saint-Etienne de Bar-le-Duc, élevée de 1513 à 1520 (48). On en trouve des traces dans toute la région avoisinante et sur les confins Barrois-Champagne (49).
Cette Renaissance lorraine s'apparente à l'art des pays du nord. Elle aime la profusion ornementale, les grosses coquilles à bords ondulés, les colonnettes torses, les piscines à dômes, les médaillons à profils casqués à l'antique, les ornements macabres, les amours nus mêlés à des rinceaux touffus traités d'une main assez lourde dans cette pierre du Barrois qui se prête mal aux délicatesses du ciseau. Ces éléments décoratifs, empruntés pour la plupart à l'antiquité, voisinent avec de très vivaces souvenirs du gothique flamboyant comme ces amours nus qu'on voit mêlés à des accolades et à des choux frisés aux contreforts et aux niches de Revigny (Meuse) et de Vitry-en-Perthois (Marne), au portail d'Arzillières (Marne). Des médaillons à l'antique ornent les tympans de Saint-Etienne de Bar-le-Duc ou d'Arzillières ; mais ces tympans sont logés eux-mêmes sous des voussures en accolade.
A la même époque, et surtout vers le milieu et dans
la seconde moitié du XVIe siècle, la région que nous étudions est pénétrée
profondément par des formules artistiques plus évoluées vers l'imitation de
l'antique, qui viennent, soit de Troyes, soit de la région parisienne bien
qu'il soit difficile de discriminer la part respective de ces deux influences.
Des textes que j'avoue n'avoir pas eu le loisir de rechercher permettraient,
sans doute, de préciser ces indications et peut-être de retrouver des noms
d'artistes. Les portes latérales de Saint-Alpin de Châlons, percées vers 1539,
le bas-relief de Guillaume Lartier (1529), certains chapiteaux de cette même
église et de Saint-Martin de Courtisols ferraient penser à la Renaissance
troyenne de même que le portail de Rosnay-1'Hôpital (Aube), qui porte la date
1557, le monogramme de Henri II et les croissants enlacés. On y trouve, comme à
Pont-Sainte-Marie, un assez curieux mélange de souvenirs flamboyants, — comme
une grande accolade — et d'éléments puisés dans l'imitation de l'antique, deux
ordres superposés et un fronton triangulaire. Notons encore les lourds clochers
d'Arcis-sur-Aube, Chavanges, Rosnay-1'Hôpital (Aube), Sézanne (Marne) qui
s'apparentent plus ou moins avec celui de la Madeleine de Troyes.
D'autre part, il y a dans la région d'Epernay, Châlons, Vitry-le-François, tout un groupe d'églises qui semblent avoir été remaniées dans la seconde moitié du XVIe siècle par des artistes venus de la région parisienne (50). On pense, en les voyant, à certaines églises du Parisis (51).
On y retrouve, tout au moins, certains détails
caractéristiques : portes en plein cintre dont l'archivolte à clef saillante
est ornée d'oves ou de petites cannelures, portes s'ouvrant sous un entablement
que soutiennent des colonnes cannelées, entablements surmontés, tantôt d'un
fronton triangulaire (52), tantôt d'une niche à fronton courbe accostée de
volutes (53), ou encore ornés de triglyphes et de bu crânes (54), de rinceaux
ou de rosaces (55), voussures profondes formant porche comme à
Dommartin-Lettrée (Marne), ou ornées de caissons encadrant des cartouches ou monogrammes,
contreforts à frontons courbes portant des pots à feu ou des urnes (56), chapiteaux à
corbeilles cannelées et volutes ioniques, ou réduits à une échine taillée
d'oves, surmontée d'un tailloir carré dont les angles sont ornés, par en
dessous, de rosaces (57), combinaisons de voûtes à nervures peu saillantes
disposées en losanges, hexagones, etc.
Faut-il voir dans ce retour d'influences venues de
la région parisienne une conséquence de l'intérêt nouveau porté par la royauté
à la Champagne et dont on voit les preuves dans la fondation de
Vitry-le-François par François Ier en 1545 (58), la présence d'ingénieurs italiens,
tels que Girolamo Marini, employés aux fortifications nouvelles, le séjour de
Henri II en Champagne en 1552, les voyages de Charles IX en 1564, 1573, etc. ?
C'est une simple suggestion.
A l’époque
romane, j'avais constaté dans la région qui m'a servi de champ d'études un
mélange d'influences franco-normandes, rhénanes et bourguignonnes. Au Xe siècle
les procédés gothiques de l'Ile-de-France ont un tel succès qu'ils ne laissent filtrer
que de faibles pénétrations bourguignonnes. Au XVe et au début du XVIe siècle,
deux foyers d'influences plus nettement localisés, troyen et meusien-lorrain,
rayonnent avec une égale puissance. A partir du milieu du XVIe siècle leur
expansion semble quelque peu refoulée par des pénétrations qui, pour la
troisième fois en cinq siècles, sont venues de l'Ile-de-France.
Comme à l'époque romane, c'est dans la Champagne
humide, le Perthois, le Bocage et le Der, zone argilo-limoneuse dépourvue de matériaux
de construction, que les contacts se sont produits et ce sont les vallées de la
Marne, de la Saulx et de la Biaise, d'une part, de l'Aube et de ses petits
affluents d'autre part qui ont souvent servi de voies aux cheminements
d'influences.
*L'ORIGINE
DES TAILLOIRS RONDS
ET
OCTOGONES AU XIIe SIÈCLE
Il est toujours intéressant de rechercher les origines des formes architecturales qui sont d'abord des exceptions et qui deviennent, peu à peu, d'un usage courant. Tel est le cas des tailloirs ronds et octogones si répandus au XIIIe siècle, mais dont il existe plusieurs exemples au XIIe siècle. Les constructeurs des églises romanes donnaient, avec raison, la préférence aux tailloirs carrés qui s'adaptaient mieux à la retombée et à l'épaisseur des grandes arcades et des doubleaux, tandis que les architectes gothiques abandonnèrent cette forme vers 1230 pour adopter les tailloirs octogones ou circulaires. Le plan des tailloirs ne coïncide avec celui des supports que sur les piles rectangulaires ou sur des pilastres et, quand il est rond, sur des grosses colonnes dans les églises anglo-normandes, mais, généralement, leur forme est différente. Ainsi, la plupart des colonnes isolées sont surmontées de tailloirs carrés ou octogones. De même, les piliers octogones du XIIe siècle des deux églises de Neuwiller (Bas-Rhin), sont couronnés de tailloirs carrés. Dans le transept et le chœur de la cathédrale de Peter borough et à Sainte -Marie de Sutton, des tailloirs cruciformes (1) correspondent à des piles octogones (2).
(1)
Autres exemples du XIIe siècle à la cathédrale d'Ely (transept), à la
Sainte-Chapelle de la cathédrale de Canterbury, à Tilney (AU Saints), à
Wàlsoken, à Waltham-Abbey, à Wimborne et en France à Gargilesse (Indre), à
Saint-Sever (Landes), à Givaux (Vienne) et à Notre-Dame d'Etampes.
*(2) Bond (F.). Gothic architecture in England, p. 42.
C'est vers 1120 que les tailloirs circulaires firent leur apparition en Angleterre, sur les piles rondes de la nef, dans les cathédrales de Gloucester et de Tewskesbury (1). On en rencontre d'autres exemples du XIIe siècle à Steyning, à Malmesbury, à New-Shoreham, à Ketton, à South-well, à Shrewsbury, dans la crypte orientale de la cathédrale de Cantorbery (2), à Saint-Jean de Chester, à Cud-dington, à Dore, à Leominster, à Old Sodbury, à Romsey et à Stock-Orchard.
Vers
le milieu du XIIe siècle, quelques architectes normands en font usage à
Bernières, à Ouis-treham (Calvados) et à Man église (Seine-Inférieure). Notre
confrère, M. Enlart, signale dans son Manuel (3), d'autres tailloirs ronds du XIIe
siècle, à Lanmeur, Perros-Guirec, Tréguier (Côtes-du-Nord), à Aigues-Vives, à
Montrichard
(Loir-et-Cher), à Avesnières (Mayenne et dans le portail de Sérignac
(Lot-et-Garonne). J'y ajouterai celui qui devait surmonter un chapiteau roman
du musée de Soissons, cerclé de fleurs à quatre pétales (1).
(1)
Bond (F.), op. cit., p. 26 et 297.
(2)
Ibid., p. 273, 412, 421, 440, 520 et 521.
(3)
T. I, p. 371.
Les piles formées d'un noyau cylindrique entouré de colonnettes, comme celles de la nef de Saint-Remi de Reims, qui furent élevées vers 1005, et celles de certaines églises du Poitou, comme à Javarzay, à Saint-Pierre de Melle (Deux-Sèvres), à Nieuil -sur -Autise (Vendée), devraient être amorties par un grand tailloir circulaire, mais les architectes trouvèrent préférable d'obtenir un plan carré au niveau des sommiers. Cependant, le constructeur de la nef de Guérande (Loire-Inférieure), qui travaillait vers la fin du XIIe siècle, eut l'idée de coiffer les huit chapiteaux des grosses piles rondes d'un tailloir commun de la même forme (2), comme à Bernières et à Ouistreham (Calvados). On peut signaler une dis¬ position du même genre en Angleterre au xme siècle à Lichfield, à Moulton, à West-Walton, à Weston, à Whaplode et à Yarmouth (1). A cette époque, les tailloirs circulaires se répandirent également en Normandie (2) en Champagne (3).
(1)
Congrès archéologique de Reims,-1911, t. I, p. 362.
(2)
Viollet-le-Duc. Dictionnaire d'architecture t. VII, p. 157
Les plus anciens tailloirs octogones couronnent les chapiteaux cubiques à huit faces des piles cylindriques de la nef de la cathédrale de Durham, terminée en 1128 (4), mais les colonnes à huit pans de la crypte romane de Nesle (Somme), détruite par les Allemands étaient couronnées de chapiteaux à tailloirs carrés. La nef de l'église de la maladrerie de Saint-Lazare, près de Beauvais, bâtie vers le milieu du XIIe siècle, est bordée de supports octogones (5) surmontés de chapiteaux et de tailloirs de la même forme, comme à New-Shoreham, en Angleterre (6).
Dans
la salle capitulaire de l'abbaye de Fontenay (Côte-d'Or), les faisceaux de huit
colonnettes qui reçoivent les retombées des voûtes d'ogives du XIIe siècle sont
couronnés d'un tailloir commun à huit pans comme dans la nef de Kirkstall, en
Angleterre (7). Les piles octogones d'une salle voisine ont un tailloir à huit
faces très épais et dépourvu de moulures où viennent s'appuyer quatre doubleaux
nus et quatre nervures toriques (8) comme dans les salles capitulaires de
Noirlac et de Fonmorigny (Cher). D'autres exemples de tailloirs octogones se
voyaient à Dommartin (Pas-de-Calais) sur de gros chapiteaux dont l'un est moulé
au musée du Trocàdéro. A Saint-Remi de Reims, les colonnes qui séparent les bas-côtés
doubles du chœur, têrminé vers 1170, ont des tailloirs octogones au-dessus de
leurs chapiteaux : l'un d'eux est entouré de feuillages et de huit figurines
qui soutiennent les angles du tailloir.
(1) Bond (F.). Gothic architecture in England, p. 422, 423.
(2)
Absides des cathédrales de Bayeux, de Coutances, de Lisieux, de Rouen, église
de Norrey.
(3)
Montérender, Mouzon.
(4)
On remarque des tailloirs romans demi-octogones dans le chœur de la cathédrale
de Durham et dans la nef de Fountains-Abbey.
(5)
M. Enlart cite les piles octogones de Bohain, de Borres et d'Haspres (Aisne)
dans son Manuel.
(6)
Bond. Gothic architecture in England, p. 273.
(7)
Bilson (John). Le chapiteau à godrons en Angleterre, dans le Congrès de Caen,
1908, t. II, p. 643.
(8)
Bégule (L.). L'abbaye de Fontenay et l'architecture cistercienne, p. 37, 38, 40
et 41.
Les architectes des déambulatoires de Saint-Germain-des-Prés et de Notre-Dame de Paris qui furent, l'un terminé et l'autre commencé en 1163, avaient bien eu l'idée d'abattre légèrement les angles des tailloirs carrés des grosses colonnes isolées, comme Guillaume de Sens dans l'abside de la cathédrale de Cantorbery, à Auvers-sur-Oise, à Nesles-la-Vallée et dans les déambulatoires de Deuil, de Gonesse et de Mantes (Seine-et-Oise). La nécessité de poser sur ces tailloirs les trois colonnettes destinées aux ogives et aux doubleaux les avait sans doute empêchés de leur donner le plan d'un octogone régulier. Cette difficulté fut résolue par l'architecte de la cathédrale, de Soissons qui prit le parti d'accoler une colonnette aux colonnes du sanctuaire inauguré en 1212, afin de loger les trois fûts dans un triangle limité par deux pans coupés plus longs que les autres (1).
Une autre solution, qu'on trouve appliquée à Bagneux (Seine), à Beaumont-sur-Oise, à Triel (Seine-et-Oise), à Saint-Père-sous-Vézelay, à Notre-Dame-en-Vaux de Châlons-sur-Marne, consistait à donner aux tailloirs le plan d'un octogone irrégulier dont les grands côtés font face à la nef, aux bas-côtés et aux grandes arcades et dont deux petits côtés, correspondent aux ogives inférieures. Au chevet des cathédrales de Chartres et de Reims, dans les nefs d'Ambleny, de Braine, de Lesges (Aisne), de Champagne, de Gonesse, et de Taverny, dans le chœur de Triel (Seine-et-Oise) et à Notre-Dame de Dijon, les tailloirs ont huit pans réguliers. La diminution de l'épaisseur des grandes arcades avait, d'ailleurs, facilité la solution du problème de la retombée des claveaux sur des tailloirs octogones.
Dans
les piles rondes cantonnées de quatre colonnes de la nef des cathédrales
d'Amiens, de Chartres et de Reims, ' les quatre petits tailloirs font saillie
sur celui du gros chapiteau central, sauf dans le chœur de la cathédrale
d'Auxerre où les cinq supports sont coiffés d'un seul grand tailloir octogone,
comme à Sainte-Marguerite de Lynn, en Angleterre. L'architecte du déambulatoire
de Yilleneuve-sur-Yonne, prit le même parti pour couronner les faisceaux de
colonnettes. Par contre, les piles intermédiaires des bas-côtés doubles de
Notre-Dame de Paris sont cerclées de douze colonnettes qui ont leur tailloir
particulier, comme dans les dernières travées de la nef à Notre-Dame de Laon et
à la cathédrale de Bourges. Quant aux piles octogones aussi rares dans les
églises gothiques que dans les églises romanes, on peut en citer des exemples
au XIIIe siècle dans la nef et entre les deux galeries du déambulatoire de
Chartres, dans les églises d'Etchingham et de Trunch, en Angleterre.
(1) On voit une disposition du même genre à La Chapelle-sous-Crécy (Seine-et-Marne).
Vers le milieu du XIIe siècle, l'architecte du sanctuaire de Saint-Martin-des-Champs à Paris, avait fait poser des tailloirs à deux pointes sous la première voûte d'ogives de la chapelle centrale tréflée. Ce sont les prototypes d'une variété de tailloirs en usage au XIIIe siècle, caractérisée par sa forme pointue qui s'explique par le désir de faire coïncider la pointe du tailloir avec l'arête du tore en amande qui vient y retomber. En réalité, le plan de ces tailloirs pointus est un pentagone irrégulier, car les faces latérales sont de petite dimension. On en remarque des exemples précoces dans la galerie haute de la tour du sud à Notre-Dame de Paris où les tailloirs hexagones ont deux pointes latérales. C'est une véritable anomalie, car dans l'Ile-de-France, les chapiteaux du triforium restèrent carrés pendant la première moitié du XIIIe siècle»
sauf à Brie-Comte-Robert (1), pour donner une meilleure assiette aux sommiers. Il faut signaler d'autres prototypes sous le clocher-porche de la collégiale de Saint-Quentin,. dans la chapelle haute du croisillon sud à la cathédrale de Soissons et dans les chapelles rayonnantes du même édifice, ainsi que dans celles des cathédrales de Chartres,, de Reims, d'Amiens et de Troyes (2), puis dans la Sainte-Chapelle de Paris, consacrée en 1248 et dans celle de Saint-Germain-des-Prés, dans la nef de l'abbatiale de Saint-Denis, dans le cloître de Notre-Dame de Noyon et dans beaucoup d'autres églises bâties sous le règne de saint Louis (3).
(1)
Le triforium de la nef à la cathédrale d'Amiens et à Saint-Denis, comme celui
du premier bas-côté de la cathédrale de Bourges se distinguent également par
des chapiteaux à tailloir polygonal.
(2)
A Saint-Quentin, la pointe centrale des tailloirs des colonnes qui barrent
l'entrée des chapelles rayonnantes porte une colonnette, comme sous la retombée
des nervures centrales des voûtes sexpartites, à Limbourg-sur-la-Lahn.
(3)
Creil, Montataire (Oise), chapelles rayonnantes de la cathédrale de Beauvais,
Lagny, Saint-Urbain de Troyes.
En
appliquant le même principe aux tailloirs qui Reçoivent les boudins amincis de
plusieurs arcs, l'architecte de la chapelle basse du Palais à Paris imagina les
tailloirs à huit pointes qui couronnent les fûts en bordure des étroits bas-côtés.
D'autres tailloirs à pointes multiples se voient sous le porche du même édifice,
dans le chœur de Nogent-les-Vierges (Oise) et dans les bas-côtés de Saint-Jacques
de Compiègne, mais ce type est de la plus grande rareté.
Par J.D. Bonnard
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(2)
R. de Lasteyrie, ouvr. cité, t. II, p. 111. E. Lefèvre-Pontalis, L'architecture
gothique dans la Champagne méridionale au Xe et au XVIe siècle, dans le Congrès
archéol. de Troyes, 1902, p. 273. E. Lefèvre-Pontalis, Les caractères
distinctifs des écoles gothiques de la Champagne et de la Bourgogne, dans le
Congrès archéol. d'Avallon, 1907, p. 546.
(3) Alliancelles, Bussy-le-Repos, Brebant,
Chepy, Cloyes, Gorbeil, Coupéville, Saint-Jeande Ghâlons, Saint-Memmie de
Courtisols, Ecury-sur-Coole, Faux-sur-Coole, le Fresne, Heiltz-l'Evêque, Jâlons-les-Vignes,
Moncetz-sur-Marne, Saint-Jean-sur-Moivre, Saint-Quentin-les-Marais, Sarry,
Scrupt, Vésigneul-sur-Marne (Marné), Joncreuil (Aube), Baudonvilliers,
Sommelonne (Meuse), Joinville(Haute-Marne).
(4)
Chapelaine-sous-Margerie (Marne).
(5)
Ambrières, Breuvery, Châtelraould, Saint-Martin de Courti¬ sols,
Dampierre-sur-Moivre, Francheville, Hauteville, Margerie, Saint-Amand-sur-Fion,
Saint-Vrain, Soudé-Notre-Dame, Soudé-Sainte-Croix, Soudron, Sainte-Menehould,
Vauclerc, Vavray-le-Grand, Vitry-la-Ville, Goulvagny, commune de
Saint-Amand-sur-Fion (Marne), Longeville-sur-Aine, Perthes (Haute-Marne) ;
Poivres (Aube), La Ghalade (Meuse).
(6)
Saint-Amand-sur-Fion, Sainte-Menehould (Marne).
(7)
Margerie (Marne).
(8)
Blacy, Saint-Lumier-en-Champagne, Sompuis (Marne).
(9)
Alliancelles, Hauteville, Saint-Quentin-les-Marais (Marne).
(10)
Humbauville, Marçerie, Saint-Ajmand sur-Fion (Marne), Dam-pierre (Aube),
Perthes (Haute-Marne).
(11) R. de Lasteyrie, ouvr. cité, t. II, p. Il
G.
(12)
Viollet-le-Duc, Dicl. d'architecture, article cul-de-lampe.
(13)
R. de Lasteyrie, ouvr. cité, t. II, p. 114-115.
(14)
Id., t. I, p. 217.
(15)
Les voûtes de Trouan sont détruites mais la disposition pri¬ mitive reste très
compréhensible.
(16)
R. de Lasteyrie, ouvr. cité, t. II, p. 104.
(17)
Colonel Victor Donau, L'église de Mouzon , dans le Bull. Monumental, 1920, p.
137.
(18)
E. Lefèvre-Pontalis, L'origine des tailloirs ronds et octogones au Xe siècle,
dans le Bull. Monumental, 1922, p. 198.
(19)
Arzillières, Doucey, Frignicourt, le Meix-Tiercelin, Norrois, les Rivières,
Somsois, Songy, Soudé-Sainte-Croix (Marne), Dam-pierre, Isle-sous-Ramerupt,
Trouan-le-Grand (Aube).
(20)
Saint-Jean de Châlons, Coupéville, Coupetz, Saint-Martin et Saint-Memmie de
Courtisols, Ecury-sur-Coole, Fontaine-sur-Coole, Heiltz-l'Evêque,
Jâlons-les-Vignes, Landricourt, Nuisement-sur-Coole, Saint-Amand-sur-Fion,
Sainte-Menehould, Saint-Jean-sur-Moivre, Saint-Vrain, Sapignicourt, Sarry,
Soudron, Togny-aux-Bœufs, Vatry, Vroil (Marne), Saint-Aubin de Moeslains, Chancenay
(Haute-Marne), Andernay, Trémont (Meuse).
(21)
Coupéville, Corroy, Saint-Amand-sur-Fion, Sarry (Marne).
(22)
Louis le Clert, L'église de Saint-Léger-sous-Brienne, dans la Revue de
Champagne et de Brie , t. XI (1881), p. 121, 1 pl.
(23)
Taylor, Voyages... dans l'ancienne France, t.. XVI, p. 350.
(24)
Fichot et Aufauvre, Album pittoresque et monumental du département de V Aube,
Troyes, 1852.
(25)
F. de Montrémy, La vierge de Blécourl et la sculpture dans la région de
Joinville aux xme et xive siècles, dans le Bull. Monumental, 1910, p. 456.
(26)
Breuvery, Dampierre-sur-Moivre, Fère-Charapenoise, Heiltz-l'Evêque, Loisy,
Saint-Lumier-en-Champagne (Marne).
(27)
Koechlin et Marquet de Vasselot, La sculpture à Troyes et dans la Champagne
méridionale au xvie siècle , Paris, 1900.
(28)
1459-61, piliers de Saint-Loup de Châlons-sur-Marne. 1498, vitraux de
Saint-Etienne, commune de Saint-Ouen (Marne). 1504, chapelle Sainte-Anne de
Joinville (Haute-Marne). 1513, vitraux de Villeret (Aube). 1514, transept de
Saint-Amand-sur-Fion (Marne) [ ?]. 1520, vitraux de Vaucognes (Aube). 1524,
vitraux de Ceffonds (Haute-Marne).
(29)
1527, chœur de Maurupt (Marne), vitraux de Puellemontier (Haute-Marne). 1529,
portail d'Arzillières (Marne), vitraux de Maizières-les-Brienne (Aube). 1533,
pilier du chœur de Pringy (Marne). 1534, portail sud de Sézanne (Marne). 1535,
vitraux de Rances, de Rosnay-l'Hopital, Dosnon (Aube).1536, vitraux de
Brienne-le-Château, Poivres (Aube). 1546, chapiteau de Chapelaine-sous-Margerie
(Marne). 1549, porte sud de Nettancourt (Meuse). 1552, porche de Bussy-Lettrée
(Marne). 1555, transept de Marson (Marne). 1557, portail de Rosnay-l'Hopital
(Aube). 1560, chapiteaux de Saint-Martin de Courtisols (Marne). 1579, chœur de
Cheminon (Marne).
(30)
Chavanges (Aube), Gontrisson (Meuse).
(31)
Abbé Bouillet, Monographie de l'église de Revigny, dans les Mém. de la Soc.
d'archéol. lorraine, 1892, t. XLII, p. 1, 1 plan.
(32)
Arzillières, Vitry-la-Ville (Marne), Dampierre (Aube).
(33)
Aubigny, Chavanges, Dampierre, Granville, Lhuître, Mailly,
Maizières-les-Brienne, Montmorency, Poivres, Rances, Trouan-le-Grand,
Vallentigny, Vaucognes, Villeret, Villiers-Herbisse, Voué, etc.
(34)
Geffonds, Droyes, Puellemontier.
(35)
Arzillières, Brandonvilliers, Brébant, Bussy-aux-Bois, Chemi-nan, Connantray,
Corbeil, Fère-Champenoise, Larzicourt, Marson, Pringy, Saint-Germain-la-Ville,
Saint-Rémy-en-Bouzémont, Sainte-Livière, Soudé-Sainte-Croix, Saint-Ouen.
(36)
Contrisson, Mognéville, Revigny, Trémont (Meuse).
(37)
L. Brouillon, Les objets d'art des églises de V arrondissement de
Sainte-Menehould, Châlons, 1906.
(38)
Lhuître, Maizières-les-Brienne, Mailly, Rances, Trouan-le-Grand, Vaucognes,
Villeret, Villiers-Herbisse, Voué (Aube), Saint-Ouen (Marne).
(39)
Chapelaine-sous-Margerie, Dommartin-Lettrée (Marne).
(40)
E. Lefèvre-Pontalis, Les nefs sans fenêtres dans les églises romanes et
gothiques, dans le Bull. Monumental, 1922, p. 298-99.
(41)
Arcis-sur-Aube, Arrembécourt, Brienne-le-Château, Chavanges,
Maizières-les-Brienne, Poivres, Rances, Rosnay-1' Hôpital, Vallen-tigny,
Vaucognes, Villeret (Aube), Chapelaine-sous-Margerie, Cor-beil, le
Meix-Tiercelin, Sézanne (Marne), Droyes (Haute-Marne).
(42)
Arzillières, Huiron, Sompuis (Marne), Arrembécourt (Aube).
(44)
Farémont (Marne), Revigny, Saint-Etienne de Bar-le-Duc (Meuse).
(45)
Gontrisson, Saint-Etienne de Bar-le-Duc (Meuse), Rethel (Ardennes), porterie du
palais ducal de Nancy.
(46)
Ancerville, Rembercourt-aux-Pots, porche sud de Revigny (Meuse).
(47)
Andernay, Beurey, Contrisson, Couvonges (Meuse), Longe-ville-sur-Aine
(Haute-Marne).
(48)
Cl. Aimond, L'église Saint-Etienne de Bar-le-Duc, Bar-lc-Duc, 1912. Ch.
Démoget, Les origines de l'architecture de la Renais¬ sance à Bar-le-Duc et les
vieilles maisons de la ville, Bar-le-Duc, 1899.
(49)
Chœur et piscines de Maurupt (Marne), chœur, sacristie et piscines de
Magnéville (Meuse), clef de voûte et piscines de Revigny et Rancourt (Meuse),
tympan d'Arzillières (Marne) et, plus tardive¬ ment, façade de
Rembercourt-aux-Pots (Meuse).
(50)
Portailde Saint-Martin d'Epernay, chœur de Saint-Jean de Châlons, croisillon
sud de Saint-Alpin de Châlons, croisillon nord de Pogny, Marson (1555),
Bussy-Lettrée (1552), chapiteaux de Saint-Martin-de-Courtisols (1560),
Soudé-Notre-Dame, Breuvery (Marne) ; Nettancourt (Meuse).
(51)
Charles Terrasse, Les œuvres de V architecte Nicolas de Saint-Michel au xvi®
siècle, en Parisis, dans le Bull. Monum., 1922, p. 165.
(52)
Epernay , Marson, Nettancourt.
(53)
Bussy-Lettrée, Dommartin-Lettrée, Soudé-Notre-Dame.
(54)
Marson.
(55)
Epernay, Bussy-Lettrée.
(56)
Dommartin-Lettrée, Nettancourt.
(57)
Bussy-Lettrée, Courtisols.
(58)
R. Crozet, Une ville neuve du XVIe siècle, Viîry-le-François, dans la
Vie-Urbaine, 1923.
Mgr J.Dieudonné BONNARD - archives des diocèses de Troyes et de Langres. Archives personnelles
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