Cet événement est annoncé aux Troyens par deux
lettres écrites d’Amboise ; l’une du 31 août, par son fils, qui fut roi sous le
nom de Charles VIII, et l’autre le 1er septembre par Pierre de Bourbon gendre
de Louis XI.
Ces lettres apportées par un chevaucheur de l’écurie
du roi, n’arrivèrent à Troyes, que le 14 septembre. Charles VIII demande des
prières pour son père. Charles VIII, en annonçant la mort de son père, invite
les Troyens à rester unis et soumis à son obéissance, et de manière que chacun
vive en sûreté, repos et tranquillité. Vivant ainsi, il les aura « en spéciale
et singulière recommandation, comme ses bons, vrais et loyaux sujets ».
Le jeune roi, par une lettre aux élus, décharge les
habitants de Troyes du paiement des tailles pour le quatrième quartier de
l’année.
Le 24 septembre 1483, les Troyens répondent au roi.
Ils le remercient de la remise qu’il leur a accordée sur les tailles. Ils
l’informent de la célébration d’un service funèbre pour le repos de l’âme de
son père. Ils ont pourvu à la garde de la ville, avant la signification du
décès du feu roi et aussitôt qu’ils en ont eu la nouvelle certaine. Des députés
seraient déjà en route, si ce n’était « un peu de peste qui a cours en ville,
mais qui s’apaise ». La ville fait, peu après, par ses députés, son serment
d’obéissance au jeune roi. Elle obtient une exemption d’impôts sur les menus
vivres et sur la boucherie. Elle fait confirmer ses privilèges d’arrêt ainsi
que deux des foires, de l’exemption de toute garnison et de la suppression, à leur grande satisfaction, de
la charge de capitaine de la ville.
A l’occasion de la lutte du duc d’Orléans, Charles
VIII, le 18 janvier 1484, informe les habitants de Troyes de la division
survenue entre lui et le duc
d’Orléans. Le roi invite les Troyens à
demeurer unis et fidèles à la Couronne, et à lui envoyer deux députés, afin de
l’instruire de ce qui se passe à Troyes. Il est décidé que la ville «
demeurerait ferme dans son obéissance au roi, et que les Troyens seront
exhortés à prier Dieu pour la prospérité et la santé du roi et pour la paix et
union du royaume ».
En décembre 1485,
le roi annonce qu’il envoie à Troyes une garnison de lansquenets.
Persistant dans l’exécution de ses lettres de privilège, le conseil s’excuse,
près du roi, de ne la point recevoir, et demande une exemption des gens de
guerre, tant à cause des privilèges, qu’en raison des charges qui pèsent sur
les habitants. De suite, le conseil fait fermer les portes de la Madeleine, de
Comporté et de la Tannerie, afin de compter plus facilement les gens de guerre entrant
en ville.
En 1486, Charles VIII met le comble à la bonne
fortune des Troyens en venant les visiter lui-même, pour un séjour de plus d’un
mois. Le roi, accompagné d’une nombreuse suite de seigneurs, des gens de son
conseil et d’une compagnie de ses gardes, quitte Paris dans les premiers jours
de mai. Le 11, le roi arrive à Saint-Lyé, et passe la nuit au château résidence de campagne des Évêques de
Troyes et où Louis X le Hutin avait épousé la fille du roi Martel de Hongrie en
1315.
Le lendemain au matin, il se met en route pour
Troyes. L’évêque, accompagné du clergé, le lieutenant général du bailliage et
tous les officiers de justice, les conseillers, les praticiens, notaires et
avocats, ainsi que le prévôt « revêtu d’écarlate », les sergents royaux, en
belle livrée, les échevins, tous à cheval et portant des robes rouges, suivis
des nobles, bourgeois et marchands, tous à cheval, vont au-devant du roi
jusqu’à Pouilly, où se fait la rencontre.
L’évêque harangue le roi, l’assure de l’obéissance et de la fidélité des habitants et lui présente les clefs de la ville, puis le cortège se met en marche et arrive au prieuré de Saint-Antoine, où il est de nouveau harangué par le plus ancien d’entre les religieux. Le roi et les principaux personnages de sa suite dînent à Saint-Antoine. Après le dîner, l’évêque et tous les gens d’église, en surplis et en chapes, portant les croix et les reliques, avec les habitants et les officiers royaux, vont recevoir le roi à la porte du Beffroy
Les rues qui doivent être parcourues par le cortège
royal, sont parées de tapisseries et de draps de soie, couvertes « de mays » et
jonchées de verdure. Sur ces riches tentures sont « affichées plusieurs
histoires en l’honneur et à la louange du roi ». Différents « mystères et personnages
» sont représentés pendant la marche du cortège. Celui qui est joué à la Porte
de Paris, représente le petit David terrassant d’un coup de fronde le géant
Goliath, auquel il tranche la tête. Cette scène démontre que le roi, quoique
jeune, terrassera ses ennemis. Dans « des mays » nombreux, sont placées des
cages remplies d’oiseaux chantants. Tout près de là sont de belles jeunes
filles, faisant des bouquets, qu’elles offrent au roi et aux seigneurs de sa
suite, et qui, accompagnées par "une" orgue « chantent belles
chansons en l’honneur du roi ». Une de ces jeunes filles tient un tableau où se
lisent 8 vers exprimant la joie des filles de Sion à la vue de David. Ce groupe
de jeunes et jolies filles démontre que Troyes est ornée de plusieurs corps de
Saintes Vierges, comme sainte Hélène que l’on peut voir encore, de sainte Mâthie, de sainte Hoïlde, sainte Maure, sainte Savine, sainte Syre et plusieurs
autres qui sont réputées comme les Patronnes et Protectrices de la ville. Il
est à noter qu’en cette journée de l’entrée du Roy, le temps fut toujours très
beau et serein, sans aucun nuage.
A la même
porte, est aussi représenté le mystère de la Trinité, sur un échafaud, d’où
descendit, vers le roi, un ange, qui lui présenta une croix d’argent. Ceci rappelait
qu’un ange apparut à Constantin, auquel il remit une croix, en lui annonçant
qu’à ce signe il serait vainqueur. L’enfant montra au Roy
un écu sur lequel était écrit le nom de Jésus en lettres d’or avec une couronne
d’épines au-dessus, lui disant que cet écu représentant l’ancienne oriflamme
pour l’empêcher d’être jamais vaincu. Cette représentation de la Très Sainte Trinité
signifie encore que Troyes est une cité unie, dont l’origine remonte à
l’existence de trois châteaux et que, par comparaison, elle est appelée : «
Totius Trinitatis nobile Triclinium». Au-dessus du mystère de la Trinité est
arboré un étendard chargé d’un écu aux armes de France.
En présentant au roi l’écusson, l’enfant lui
dit :
[
Très-hault puissant Roy triomphant,
A
toy présente cest escu
Qui
représente l’oriflant
Pour
toy garder d’estre vainu
Ceux
qui devant toy ont vescu
Sesont
longés en telles armes
Qui
plus leur ont valu qu’escu
Ne
qu’autre grant puissance d’armes.]
De la porte de Paris (Beffrroy),
le cortège se met en marche. Les gens d’église tenant la tête, après eux les
bourgeois et les marchands en leurs habits, puis le prévôt et les sergents, Monsieur
de Troyes (l’évêque) monté sur une mule bien sellée (dressée), le lieutenant
général, les officiers de justice, les conseillers, notaires et praticiens, les
gardes du roi vêtus de brigantines, de beaux hoquetons à mailles argentées,
armés d’arcs et de flèches d’un côté et d’épées ou braquemards (épées à 2
tranchants) de l’autre, et coiffés de salades ou capelines, marchent ensuite.
Sur la place du Marché-au-Blé, est « la fontaine des
Trois-Pucelles » jetant par les seins, du vin de trois couleurs, où chacun peut
boire. Au-dessus de la fontaine est une estrade où se tiennent « ménestriers et
trompettes ».
[
Cet arbre icy nous signifie
Trestous
les Roys qui ont esté
Procréez
de la lignée
De
sainct Louys ; en vérité
C’estoit
un Roy de charité,
Comme
il appert par sa légende,
Il
tint justice et équité
Ainsi
que Dieu le dit et mande. ]
Sur l’étape au vin, un échafaud est chargé
d’enfants, vêtus en violet, criant : « Vive le Roi ! ». Place de l’Hôtel de
Ville, s’élève un échafaud sur lequel est représentée une Fleur de Lys au
naturel « de laquelle sort un fort beau roi, vêtu de drap d’or et paraissant
âgé d’environ dix ans ». Une jeune fille, vêtue de damas blanc, du même âge que
le roi, présente son cœur à celui-ci, tandis qu’une autre joue des orgues et
qu’une troisième jeune fille « administre les vents à sa compagne ».
Plus loin, est placé l’arbre des rois, parmi
lesquels est représenté saint Louis, en
chape de drap d’or. En face de l’hôtel du Cygne est un groupe d’enfants criant
: « Vive le Roi ! ». Près de la place Saint-Pierre se trouvent l’évêque et le
clergé. Au-dessus de la porte de la cathédrale, est un pavillon fort riche,
semé de fleurs de lys « en forme de tente de guerre ». Sous ce pavillon, est
placé un roi, accompagné de sept géants « ce qui signifie le pavillon de la
paix ».
Charles VIII, arrivé près de l’église, met pied à
terre. Il est reçu par l’évêque, entre dans l’église, y fait sa prière, au pied
du grand autel. Après le Te Deum, chanté au son des cloches et avec
l’accompagnement des orgues, le roi remonte à cheval, puis il est conduit au Palais Royal, édifice spacieux, fort
ample et de grande noblesse, touchant à quatre églises : la Collégiale St Étienne,
Notre-Dame, les Jacobins et l’Hôtel-Dieu. Charles VIII s’installe au
Palais-Royal, et sa suite est logée chez les habitants. La ville fut éclairée
pendant les 8 premières nuits du séjour du roi, et, dans la soirée où il revint
de Torvilliers, où il avait chassé. Il assiste chaque jour aux offices à la
collégiale de Saint-Etienne, chapelle royale. Un oratoire est élevé dans le
chœur pour le roi et l’église est décorée, tous les jours, de mays et de joncs.
Le 25 mai, il assiste aux cérémonies de la Fête-Dieu, et il est encore à Troyes
le 15 juin.
[Telle a esté cette entrée, extraite d’un manuscrit
du temps composé en vieilles rithmes par un qui se dit avoir assisté et esté
présent à cette cérémonie, asseurant qu’il y vit tout ce qu’il y a remarqué.
Elle m’a esté bénignement communiquée par M. Camusat, chanoine de Troyes*
duquel à ce rencontre il y a lieu de rendre ce témoignage, qu’il s’est
tousjours rendu très-officieux et pompt à communiquer libéralement tout ce qui
a esté entre ses mains, qu’il a jugé capable de pouvoir servir au public,
prévenant mesme souvent les demandes et recherches sur ce sujet. Or cette pièce
représente naïvement ce qui avoit coustume d’estre fait à la première entrée
des Roys en la ville de Troyes.]
*Camusat est
l’auteur du « Promptuarium sacrarum antiquitatum Tricassiæ
diœcesis »
(que
je traduis par : "Recueil des anciennes reliques sacrées du diocèse
de Troyes")
L’enregistrement des lettres n’eut lieu à la Cour
des Comptes que le 16 mars 1488 et, peu après, la ville et ses habitants ne
furent pas moins frappés d’impôts que par le passé !! Charles VIII établit à Troyes deux nouvelles foires, outre
celles qui existaient anciennement. L’une est la foire chaude et l’autre la
foire froide. Ces foires sont fort déchues de leur ancienne importance. Elles
sont franches de tous droits et même pendant la quinzaine suivante. Nuls
marchands, comme nulles marchandises ne peuvent être arrêtés ni saisis. Tout
individu fréquentant les foires, et ses marchandises, sont placés sous la
sauvegarde du roi.
Pendant le séjour du roi, le clergé se fait exempter
du logement des gens de guerre, sauf les cas d’urgente nécessité. Les métiers
profitent aussi de la présence du roi et de celle de son conseil, à Troyes,
pour faire régler certaines de leurs affaires.
Charles VIII
était bien jeune pour se permettre de
telles générosités. Les ministres ne se crurent pas tenus de respecter les
caprices « d’un jeune fou de 16 ans », et cinq années ne s’étaient pas
écoulées, que les Troyens devaient payer des impositions aussi considérables
qu’au temps de Louis XI
! ! !
COMPTES DE JEHAN HENNEQUIN
[ au sujet de l’écu ci-dessus : Nom de l'atelier/ville : Paris Métal : or Diamètre : 26,5mm Axe des coins : 6h. Poids : 3,47g. Titulature avers : (lis) KAROLVS° DEI° GRACIA° FRAnCORVm° REX (Mm), (ponctuation par deux annelets superposés).
Description avers : Écu de France couronné sous un
soleil. Traduction avers : (Charles, par la grâce de Dieu, roi des Francs).
Titulature revers : (lis) XPS° VInCIT° XPS° REGnAT° XPS° ImPERAT (Mm),
(ponctuation par deux annelets superposés). Description revers : Croix
fleurdelisée avec quadrilobe en cœur. Traduction revers : (Le Christ règne, le
Christ vainc, le Christ commande).]
« Compte de Jehan Hennequin, marchant demourant
à Troyes, des receptes et despenses par luy faictes pour et à cause de la
nouvelle et joyeuse entrée du Roy nostre sire en ceste ville en laquelle le dit
sire fist sa nouvelle et première entrée le jeudi unziesme jour du mois de may,
accompaigné de plusieurs de nos seigneurs de son sang et lignaige, de Monsieur
le chancelier et de plusieurs autres gens de son grant conseil, chefz de guerre
et aultres, et d’icelle ville partit le vendredi seiziesme jour de juing, à
laquelle entrée furent faiz plusieurs jeux, mistères et esbatements, et avec ce
furent à icellui sire et autres des dits seigneurs de son sang et conseil faiz
plusieurs dons et présents, tant d’argent que de vin, linge et aultres… comme
pour avoir et obtenir du dit sire lettres de exemption des tailles pour le
corps et communauté de la dicte ville, laquelle exemption le dit sire octroya
de sa grâce et libéralité aux dits habitants et avec ce leur octroya deux des
foires qui souloient estre de la ville de Lyon. » (Arch. ville de Troyes)
La recette s’éleva, s’il faut en croire le receveur,
à l’importante somme de 6,970 livres 13 sous 11 deniers (rappelons que Jeançon
Garnache, architecte de la cathédrale, ne gagnait que 4 sous 2 deniers). Jean
Galien, « collecteur commis de par les habitants à lever sur les
laiz » ne trouva pas moins de 6,437 livres 18 sous 11 deniers. Messire
Jean Benoist, « prestre demourant à Troyes et commis par les gens
d’église » recueillit la somme de 432 livres 5 sous, tandis que
l’honorable homme « Maistre Edmond Maret, licencié en loix » versait
100 livres 10 sous pour un nommé Jehan Dubois qui devait « aux habitants
cette somme pour la vendue et délivrance de huit queues de vin pour boisson de
l’ostel du Roy ».
Mais, si la recette semble avoir été considérable,
les dépenses occasionnées par l’entrée et par le séjour du roi dans la vieille
capitale de la Champagne, s’élevèrent à une assez belle somme, comme le prouve
le compte de Jean Hennequin.
Charles VIII n’était alors âgé que de seize
ans ; la tête pleine de roman des croisades et de folies héroïques, il
devait bientôt dédaigner la gloire solide qui s’offrait à lui pour courir après
de brillants fantômes et abandonner l’œuvre poursuivie par son père et par sa
sœur, l’œuvre de l’achèvement territorial de la France.
Pour le recevoir dignement, la ville de Troyes
s’était empressée dès les premiers jours de mai d’envoyer pour s’enquérir de
son arrivée.
« A. Oudinot Gossement, notaire royal à Troyes,
le quel fut envoyé au dit mois en la dicte ville de Paris pour savoir et s’enquérir
de la venue et entrée du Roy en la ville de Troyes, afin que les habitants se
préparent à le recevoir comme leur naturel et souverain seigneur, tant pour luy
que pour son cheval et son salaire, XIII (13) livres X (10) sous dont seulement
donnée par Jehan Hennequin LX (60) sous, Nicolas Mauroy, receveur des deniers
communs ayant donné le reste. »
Parmi les principales dépenses relatives à l’entrée
du roi :
« A Jacquinot Bonjour pour avoir vacquer à dis
tumbereaux à plusieurs foiz pour nectoyer et mener aux champs les immundices
des rues. VI (6) sous VIII (8) deniers
A Jehan de Sainct-Aubin, clerc du bailli de Troyes,
pour une commisssion de contraindre plusieurs des habitans de la ville à
prester l’argent pour fournir aux fraiz de la dicte entrée 5 s.
A Nicolas de Cerisiers, clerc pour ses peines et
salaires d’avoir faict les cédules du disct emprunct 10 s.
A Jehan Noyer, tavernier, pour despense de bouche en
son ostel par le maréchal des logeis et par les fourriers du Roy et aussy pour
les fourriers de la ville XXXVI livres III s.
A Jehan Ploton pour poisson et beurre par luy
achetez à certain jour de vendredi pour les dicts fourriers, CVIII s VII d.
A Guillaume de Pouan, hoste des Mores, pour despense
de bouche par les dicts fourriers L (50) s.
A Jehan Noyer et Jehan Rose, sergents, pour leurs
peines et salaires d’avoir levé partie du dict emprunct et contraint les
imposez d’iceluy IV livres
Si l’entrée des anciens rois est presque toujours
accompagnée d’une gracieuse épithète, il faut avouer qu’elle excita plusieurs
fois les murmures des habitants, car pour couvrir les frais de ces réceptions
tant vantées par les historiens, ne fallait-il pas recourir à des emprunts
forcés ?
A Simon Saunyer, pour achat de 100 livres de chamvre
masle pour faire couvrir les abis des 24 hommes sauvaiges lesquels jettèrent
tousiours herbe devant le Roy tout au long de la ville. XLIIII (44) s. IV d.
A
Loys Guérin pour avoir fauché la ditte herbe et mis en fardeaux X s.
A
luy pour avoir amené la ditte herbe depuis le pré jusqu’à la ville III s.IV d.
A Nicolas de Plancy et Gilet Orry, pour leurs alaires d’avoir conduit les dits sauvaiges XX s.
A Guillemin le Parmentier pour 500 de faloz LXVI (66) s. VIII d. et à Simon Camus pour XIII et demy IX l. pour alumer de nuict au long des rues durant les huit premiers jours que le Roy fut arrivé et le soir qui retorna de la chasse de Torvilliers (7 km de Troyes) et à Pierre Robin et Jehan Simon XVII (17) s. II d. pour leurs salaires d’avoir vacqué durant le dit temps pour entretenir et faire brusler les dits falots pour ce pour tout XIII l. IIII s. VII d.
A Pierre la trompette pour plusieurs cris faiz par
le commandement de Monsieur le bailly de Troyes et Monsieur le Prévost de
l’ostel du Roy, touchant la police de la ville XX s.
A Guillaume Farine et Nicolas de Plancy et autres,
pour les deffrayer des fraiz qu’ils ont facts à faire le mistère de la
décolation de M. St Jehan Baptiste XXVI l. VIII d.
A Jehan Champion, pour la fasson du ciel de drap
d’or mis et porté sur le Roy en son entrée, la fasson de la robe Golias et
avoir refaict par deux foiz une chappe pour le Roy sainct Louis servant au
mistère* des rois de l’arbre LX s.
[Mistère signifie représentation, tableau, car les
véritables mystères duraient de longues heures et quelquefois plusieurs
journées, comme celui de la Passion qui fut joué en 1483, aux grands
applaudissements des habitants.]
L’art théâtral débuta de bonne heure dans l’enceinte
de Troyes, car dès 1412, le jour de la
Chandeleur, des notables faisaient jouer dans l’église Sainte-Madeleine, le jeu et les fraudes de saint Siméon, comme
le constate le registre des recettes et des dépenses tenu par Jehan Duboys
(Archi. Eglise de la Madeleine). En 1420, l’année même du traité qui livrait
notre pays à l’Angleterre, Isabeau de Bavière, quelques jours après Pâques,
faisait dresser des échafauds dans la cour de l’évêché « pour les jeux des personnaiges de la Résurrection de
Nostre-Seigneur » à la représentation desquels assita M. de
Bourgoigne.
Une charte de 1418, donné par le cardinal de Bar,
qui occupait alors le siège de Langres, recommande au doyen et au chapitre de
Saint-Maclou, de Bar-sur-Aube, de célébrer dignement la fête de leur patron et
leur enjoint de se réunir à quelques bourgeois pour représenter sur les places
de la ville la vie et les miracles du saint.
A Nicolas Bourgeois Guillaume, pour vois et fagotz
par luy librez pour faire du feu devant l’ostel de la salle le jour que le Roy
arriva au dit Troyes XVI s. VIII d.
Au
dit Nicolas le Peleterat, pour une livre de colle pour employer en la fontaine
qui estoit devant l’ostel de Madame Jehanne de Sens, XX d.
A
luy, pour trois quartiers de taffetas de Florence renforcé, pour habiller l’ung
des treize petits roys, parce qu’on ne sceut trouver personne qui
l’habillast, XXXV s.
A
luy pour 11 aulnes et demye de taffetas vert pour faire la robbe de Golias IV livre V s.
A
luy, pour demy cent or fin pour l’arbre des Roys, XVI s. VIII d.
A Nicolas Petit, Lambert d’Assencières, Estienne de Marisy, orfèvres demeurant à Troyes, pour 50 marcs 6 treseaulx d’argent, en douze tasses à pié verrées et données au Roy, VIc XXVI livres II sous I denier
Aux
dits orfèvres, pour 6 treseaulx d’argent employez es esmaulz de quatre potz
d’argent que Mons Maistre Loys Raguier, esvesque de Troyes, presta aux dits
habitants de Troyes pour les présenter au Roy avec les 12 tasses, pour ce que
ceulx que les dits habitants avoient ordonnée estre donnez à icelluy avecques
icelles tasses n’étoient pas faiz à sa dicte entrée, XXII s. VI d.
A
eulx, pour avoir redorey, reberny et fact les esmaulx des dits potz, CX (110)
s.
[Troyes comptait alors d’habiles orfèvres, parmi lesquels Jean Papillon qui fit la magnifique châsse de saint Loup. Il faut croire que le linge était autrefois d’un certain prix, car les habitants de la ville en offrirent une assez belle quantité à Monseigneur d’Orléans, à Madame de Beaujeu, à Monsieur de Graville, à M. de Lisle, au bailli de Meaux et à beaucoup d’autres personnages de la suite du roi. Ce linge était « frangé par les bords d’or de Chypre et d’or de Lucques et enveloppé dedans du papier grant et fort. »
Le vin figure même parmi les présents, le vin blanc
et le vin clairet de bourgogne, de Bar-sur-Aube, de Bar-sur-Seine et de
Clairvaux. Mais le vin le plus estimé fut celui de Beaune qui fut surtout
prodigué « le jour de la réception du Roy » et qui ne coûta pas mois
de 197 livres.]
A Jehan le Gras pour ses peines et salaires d’avoir
esté par plusieurs foiz de la dicte ville de Troyes en la ville d’Arcys, tant
de jour que de nuyt à conduire les postes,
L (50) s.
[Les postes ne furent organisées que sous Charles
VIII, quoique l’idée de leur établissement paraisse remonter à Louis XI. Ce ne
fut qu’en 1495 que Troyes compta pour la première fois un maître de poste,
« à l’hôtel de la Piolée ou du Prieuré ».]
A Peloton pour viande pour le disner de Messieurs
les poursuivans les foires la veille que le Roy partit, V s.
Pour despense faicte par Messieurs les officiers du
Roy, eschevins et officiers de la cicte ville de Troyes, les sergens et aultres
qui ont assisté le samedi XXV jour de novembre au dit an mil CCCCIV et six à
faire les aviz et publications faiz le dit jour par les carrefours d’icelle
ville à publier les dites foires, en ce comprins les eschaudez qui furent
gectez par les dits carrefours aux petiz enfans, afin de perpétuer la mémoire
et salaire de la trompette, XIV liv
A Pierre de Thil, tabellion de la cour
ecclésiastique de Troyes, pour son salaire d’avoir translaté de François en
latin les dites lettres d’octroy des dites foires, afin de les envoyer ès
allemaines, XII s. VI d.
A l’imprimeur, pour ses peines d’avoir imprimé cinq
cens copies des dites lettres, comprins cinq sols pour le vin de la marchandise
par marché fait à luy, VI liv. II s. VIII d.
Aux notaires qui ont collactionné et signé deux cens
des dites coppies, IV liv.
Aux clercs qui en ont coppié sept à la main, II s. VIII d.
[Presque rendues désertes par l’établissement des
foires de Lyon, celles de Troyes si célèbres au Moyen-Age furent rétablies par
le roi Charles VIII, l’année même de sa Joyeuse entrée. Mais, malgré les
affiches qui furent envoyées en Allemagne et dans beaucoup d’autres contrées,
les foires de Troyes perdirent presque tout leur éclat. Celles qui se tenaient
encore un peu plus tard n’étaient plus qu’un bien faible souvenir de celles qui
attiraient au XIIIe siècle, les marchands des pays les plus lointains et où se
débitaient les mille productions de l’univers connu à cette époque.]
BONNARD
(Mgr J. Dieudonné) mon parrain, archives
des diocèses de Troyes-Langres
BARBELON—Les
Monnaies racontent l'Histoire.
BEAUCHAMP
(Louis A. Marquis de) mon aïeul, archives familiales
COURTALON, Topographie historique de la ville et du diocèse de Troyes
D'ARBOIS
de JUBAINVILLE, Répertoire
archéologique.
FICHOT, Statistique monumentale du département de l'Aube.
GALLICA,
Site de la Bibliothèque nationale de France
GROSLEY,
Champagne méridionale
LOUIS
LE GRAND, Coutume et bailliages de Troyes.
PREVOST—Histoire
du diocèse de Troyes
ROSEROT
DE MELIN (Mgr Joseph) Le diocèse de Troyes, des origines à nos jours.
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