lundi 24 mars 2025

Charles VIII à Troyes

 

Portrait de Charles VIII, huile sur panneau de bois,
 école française du XVIe siècle,
Chantilly, musée Condé.



Louis XI décède le 30 août 1483.

Cet événement est annoncé aux Troyens par deux lettres écrites d’Amboise ; l’une du 31 août, par son fils, qui fut roi sous le nom de Charles VIII, et l’autre le 1er septembre par Pierre de Bourbon gendre de Louis XI.

Ces lettres apportées par un chevaucheur de l’écurie du roi, n’arrivèrent à Troyes, que le 14 septembre. Charles VIII demande des prières pour son père. Charles VIII, en annonçant la mort de son père, invite les Troyens à rester unis et soumis à son obéissance, et de manière que chacun vive en sûreté, repos et tranquillité. Vivant ainsi, il les aura « en spéciale et singulière recommandation, comme ses bons, vrais et loyaux sujets ».

Le jeune roi, par une lettre aux élus, décharge les habitants de Troyes du paiement des tailles pour le quatrième quartier de l’année.

Le 24 septembre 1483, les Troyens répondent au roi. Ils le remercient de la remise qu’il leur a accordée sur les tailles. Ils l’informent de la célébration d’un service funèbre pour le repos de l’âme de son père. Ils ont pourvu à la garde de la ville, avant la signification du décès du feu roi et aussitôt qu’ils en ont eu la nouvelle certaine. Des députés seraient déjà en route, si ce n’était « un peu de peste qui a cours en ville, mais qui s’apaise ». La ville fait, peu après, par ses députés, son serment d’obéissance au jeune roi. Elle obtient une exemption d’impôts sur les menus vivres et sur la boucherie. Elle fait confirmer ses privilèges d’arrêt ainsi que deux des foires, de l’exemption de toute garnison et de la  suppression, à leur grande satisfaction, de la charge de capitaine de la ville.

A l’occasion de la lutte du duc d’Orléans, Charles VIII, le 18 janvier 1484, informe les habitants de Troyes de la division survenue  entre lui et le duc d’Orléans.  Le roi invite les Troyens à demeurer unis et fidèles à la Couronne, et à lui envoyer deux députés, afin de l’instruire de ce qui se passe à Troyes. Il est décidé que la ville « demeurerait ferme dans son obéissance au roi, et que les Troyens seront exhortés à prier Dieu pour la prospérité et la santé du roi et pour la paix et union du royaume ».

En décembre 1485,  le roi annonce qu’il envoie à Troyes une garnison de lansquenets. Persistant dans l’exécution de ses lettres de privilège, le conseil s’excuse, près du roi, de ne la point recevoir, et demande une exemption des gens de guerre, tant à cause des privilèges, qu’en raison des charges qui pèsent sur les habitants. De suite, le conseil fait fermer les portes de la Madeleine, de Comporté et de la Tannerie, afin de compter plus facilement les gens de guerre entrant en ville.

En 1486, Charles VIII met le comble à la bonne fortune des Troyens en venant les visiter lui-même, pour un séjour de plus d’un mois. Le roi, accompagné d’une nombreuse suite de seigneurs, des gens de son conseil et d’une compagnie de ses gardes, quitte Paris dans les premiers jours de mai. Le 11, le roi arrive à Saint-Lyé, et passe la nuit au château résidence de campagne des Évêques de Troyes et où Louis X le Hutin avait épousé la fille du roi Martel de Hongrie en 1315.

Le lendemain au matin, il se met en route pour Troyes. L’évêque, accompagné du clergé, le lieutenant général du bailliage et tous les officiers de justice, les conseillers, les praticiens, notaires et avocats, ainsi que le prévôt « revêtu d’écarlate », les sergents royaux, en belle livrée, les échevins, tous à cheval et portant des robes rouges, suivis des nobles, bourgeois et marchands, tous à cheval, vont au-devant du roi jusqu’à Pouilly, où se fait la rencontre.

L’évêque harangue le roi, l’assure de l’obéissance et de la fidélité des habitants et lui présente les clefs de la ville, puis le cortège se met en marche et arrive au prieuré de Saint-Antoine, où il est de nouveau harangué par le plus ancien d’entre les religieux. Le roi et les principaux personnages de sa suite dînent à Saint-Antoine. Après le dîner, l’évêque et tous les gens d’église, en surplis et en chapes, portant les croix et les reliques, avec les habitants et les officiers royaux, vont recevoir le roi à la porte du Beffroy

Les rues qui doivent être parcourues par le cortège royal, sont parées de tapisseries et de draps de soie, couvertes « de mays » et jonchées de verdure. Sur ces riches tentures sont « affichées plusieurs histoires en l’honneur et à la louange du roi ». Différents « mystères et personnages » sont représentés pendant la marche du cortège. Celui qui est joué à la Porte de Paris, représente le petit David terrassant d’un coup de fronde le géant Goliath, auquel il tranche la tête. Cette scène démontre que le roi, quoique jeune, terrassera ses ennemis. Dans « des mays » nombreux, sont placées des cages remplies d’oiseaux chantants. Tout près de là sont de belles jeunes filles, faisant des bouquets, qu’elles offrent au roi et aux seigneurs de sa suite, et qui, accompagnées par "une" orgue « chantent belles chansons en l’honneur du roi ». Une de ces jeunes filles tient un tableau où se lisent 8 vers exprimant la joie des filles de Sion à la vue de David. Ce groupe de jeunes et jolies filles démontre que Troyes est ornée de plusieurs corps de Saintes Vierges, comme sainte Hélène que l’on peut voir encore, de sainte Mâthie, de sainte Hoïlde, sainte Maure, sainte Savinesainte Syre et plusieurs autres qui sont réputées comme les Patronnes et Protectrices de la ville. Il est à noter qu’en cette journée de l’entrée du Roy, le temps fut toujours très beau et serein, sans aucun  nuage.

 A la même porte, est aussi représenté le mystère de la Trinité, sur un échafaud, d’où descendit, vers le roi, un ange, qui lui présenta une croix d’argent. Ceci rappelait qu’un ange apparut à Constantin, auquel il remit une croix, en lui annonçant qu’à ce signe il serait vainqueur. L’enfant montra au Roy un écu sur lequel était écrit le nom de Jésus en lettres d’or avec une couronne d’épines au-dessus, lui disant que cet écu représentant l’ancienne oriflamme pour l’empêcher d’être jamais vaincu. Cette représentation de la Très Sainte Trinité signifie encore que Troyes est une cité unie, dont l’origine remonte à l’existence de trois châteaux et que, par comparaison, elle est appelée : « Totius Trinitatis nobile Triclinium». Au-dessus du mystère de la Trinité est arboré un étendard chargé d’un écu aux armes de France. 



En présentant au roi l’écusson, l’enfant lui dit :

[ Très-hault puissant Roy triomphant,

A toy présente cest escu

Qui représente l’oriflant

Pour toy garder d’estre vainu

Ceux qui devant toy ont vescu

Sesont longés en telles armes

Qui plus leur ont valu qu’escu

Ne qu’autre grant puissance d’armes.]

 

De la porte de Paris (Beffrroy), le cortège se met en marche. Les gens d’église tenant la tête, après eux les bourgeois et les marchands en leurs habits, puis le prévôt et les sergents, Monsieur de Troyes (l’évêque) monté sur une mule bien sellée (dressée), le lieutenant général, les officiers de justice, les conseillers, notaires et praticiens, les gardes du roi vêtus de brigantines, de beaux hoquetons à mailles argentées, armés d’arcs et de flèches d’un côté et d’épées ou braquemards (épées à 2 tranchants) de l’autre, et coiffés de salades ou capelines, marchent ensuite.

L’étendard du capitaine de la garde écossaise, long d’une toise et aux 3 couleurs : rouge, blanc et vert, et qui porte, dans le champ, un saint Michel, et au-dessus un soleil d’or, puis les trompettes et les clairons. En avant du roi marchent 24 sauvages, dont les habits sont faits et couverts de toile et de chanvre mâle, et jetant des fleurs devant le roi. Puis le roi, monté sur un magnifique cheval noir, 4 échevins, vêtus de leur robe « d’écarlate (étoffe de laine fine et de couleur rouge) et de satin », portent un dais au-dessus du roi. Ce dais est de fin drap d’or luisant et les lambrequins sont entremêlés d’or et d’azur. Le cortège royal passe par la rue des Trois-Têtes, et, en face de l’hôtellerie des Trois Visages, sont réunis 200 enfants âgés d’environ 6 ans, vêtus de rouge, coiffés d’un chapeau blanc, et assis sur un échafaud. Ils crient : « Noël ! Noël ! ».


Sur la place du Marché-au-Blé, est « la fontaine des Trois-Pucelles » jetant par les seins, du vin de trois couleurs, où chacun peut boire. Au-dessus de la fontaine est une estrade où se tiennent « ménestriers et trompettes ».

[ Cet arbre icy nous signifie

Trestous les Roys qui ont esté

Procréez de la lignée

De sainct Louys ; en vérité

C’estoit un Roy de charité,

Comme il appert par sa légende,

Il tint justice et équité

Ainsi que Dieu le dit et mande. ]

 

Sur l’étape au vin, un échafaud est chargé d’enfants, vêtus en violet, criant : « Vive le Roi ! ». Place de l’Hôtel de Ville, s’élève un échafaud sur lequel est représentée une Fleur de Lys au naturel « de laquelle sort un fort beau roi, vêtu de drap d’or et paraissant âgé d’environ dix ans ». Une jeune fille, vêtue de damas blanc, du même âge que le roi, présente son cœur à celui-ci, tandis qu’une autre joue des orgues et qu’une troisième jeune fille « administre les vents à sa compagne ».

Plus loin, est placé l’arbre des rois, parmi lesquels est représenté saint Louis,  en chape de drap d’or. En face de l’hôtel du Cygne est un groupe d’enfants criant : « Vive le Roi ! ». Près de la place Saint-Pierre se trouvent l’évêque et le clergé. Au-dessus de la porte de la cathédrale, est un pavillon fort riche, semé de fleurs de lys « en forme de tente de guerre ». Sous ce pavillon, est placé un roi, accompagné de sept géants « ce qui signifie le pavillon de la paix ».

Charles VIII, arrivé près de l’église, met pied à terre. Il est reçu par l’évêque, entre dans l’église, y fait sa prière, au pied du grand autel. Après le Te Deum, chanté au son des cloches et avec l’accompagnement des orgues, le roi remonte à cheval, puis il est conduit au Palais Royal,  édifice spacieux, fort ample et de grande noblesse, touchant à quatre églises : la Collégiale St Étienne, Notre-Dame, les Jacobins et l’Hôtel-Dieu. Charles VIII s’installe au Palais-Royal, et sa suite est logée chez les habitants. La ville fut éclairée pendant les 8 premières nuits du séjour du roi, et, dans la soirée où il revint de Torvilliers, où il avait chassé. Il assiste chaque jour aux offices à la collégiale de Saint-Etienne, chapelle royale. Un oratoire est élevé dans le chœur pour le roi et l’église est décorée, tous les jours, de mays et de joncs. Le 25 mai, il assiste aux cérémonies de la Fête-Dieu, et il est encore à Troyes le 15 juin.

[Telle a esté cette entrée, extraite d’un manuscrit du temps composé en vieilles rithmes par un qui se dit avoir assisté et esté présent à cette cérémonie, asseurant qu’il y vit tout ce qu’il y a remarqué. Elle m’a esté bénignement communiquée par M. Camusat, chanoine de Troyes* duquel à ce rencontre il y a lieu de rendre ce témoignage, qu’il s’est tousjours rendu très-officieux et pompt à communiquer libéralement tout ce qui a esté entre ses mains, qu’il a jugé capable de pouvoir servir au public, prévenant mesme souvent les demandes et recherches sur ce sujet. Or cette pièce représente naïvement ce qui avoit coustume d’estre fait à la première entrée des Roys en la ville de Troyes.]

*Camusat est l’auteur du «  Promptuarium sacrarum antiquitatum Tricassiæ diœcesis »

(que je traduis par : "Recueil des anciennes reliques sacrées du diocèse de Troyes")

 La ville de Troyes obtient d’abord la suppression de l’une des charges qui pesait le plus lourdement sur ses habitants : l’exemption et l’affranchissement de toutes les tailles et de tous les impôts qui, à l’avenir pourraient être levés, soit pour l’entretien des gens de guerre, soit pour toute autre cause. Cette faveur est motivée par la conduite des Troyens en 1429 et en raison de ce que depuis la rivière de Loire, après les sièges d’Orléans et de Montargis, la ville de Troyes fut la première qui, sans contrainte ni difficulté, reçut Charles VII, l’aïeul du roi, et l’accueillit comme son « droiturier » et souverain seigneur : cette soumission, ayant amené la réduction des autres bonnes villes de Champagne et d’autres du royaume, et Charles VII, ayant pu se rendre à Reims et s’y faire sacrer.

L’enregistrement des lettres n’eut lieu à la Cour des Comptes que le 16 mars 1488 et, peu après, la ville et ses habitants ne furent pas moins frappés d’impôts que par le passé !! Charles VIII  établit à Troyes deux nouvelles foires, outre celles qui existaient anciennement. L’une est la foire chaude et l’autre la foire froide. Ces foires sont fort déchues de leur ancienne importance. Elles sont franches de tous droits et même pendant la quinzaine suivante. Nuls marchands, comme nulles marchandises ne peuvent être arrêtés ni saisis. Tout individu fréquentant les foires, et ses marchandises, sont placés sous la sauvegarde du roi.

Pendant le séjour du roi, le clergé se fait exempter du logement des gens de guerre, sauf les cas d’urgente nécessité. Les métiers profitent aussi de la présence du roi et de celle de son conseil, à Troyes, pour faire régler certaines de leurs affaires.

Charles VIII était bien jeune  pour se permettre de telles générosités. Les ministres ne se crurent pas tenus de respecter les caprices « d’un jeune fou de 16 ans », et cinq années ne s’étaient pas écoulées, que les Troyens devaient payer des impositions aussi considérables qu’au temps de Louis XI  ! ! !         


Le roi Charles VIII dans ses jeunes années - IA


COMPTES DE JEHAN HENNEQUIN



[ au sujet de l’écu ci-dessus : Nom de l'atelier/ville : Paris Métal : or Diamètre : 26,5mm Axe des coins : 6h. Poids : 3,47g. Titulature avers : (lis) KAROLVS° DEI° GRACIA° FRAnCORVm° REX (Mm), (ponctuation par deux annelets superposés).

Description avers : Écu de France couronné sous un soleil. Traduction avers : (Charles, par la grâce de Dieu, roi des Francs). Titulature revers : (lis) XPS° VInCIT° XPS° REGnAT° XPS° ImPERAT (Mm), (ponctuation par deux annelets superposés). Description revers : Croix fleurdelisée avec quadrilobe en cœur. Traduction revers : (Le Christ règne, le Christ vainc, le Christ commande).]


Parmi les pièces relatives à l’entrée de Charles VIII à Troyes, je cite la suivante : 

« Compte de Jehan Hennequin, marchant demourant à Troyes, des receptes et despenses par luy faictes pour et à cause de la nouvelle et joyeuse entrée du Roy nostre sire en ceste ville en laquelle le dit sire fist sa nouvelle et première entrée le jeudi unziesme jour du mois de may, accompaigné de plusieurs de nos seigneurs de son sang et lignaige, de Monsieur le chancelier et de plusieurs autres gens de son grant conseil, chefz de guerre et aultres, et d’icelle ville partit le vendredi seiziesme jour de juing, à laquelle entrée furent faiz plusieurs jeux, mistères et esbatements, et avec ce furent à icellui sire et autres des dits seigneurs de son sang et conseil faiz plusieurs dons et présents, tant d’argent que de vin, linge et aultres… comme pour avoir et obtenir du dit sire lettres de exemption des tailles pour le corps et communauté de la dicte ville, laquelle exemption le dit sire octroya de sa grâce et libéralité aux dits habitants et avec ce leur octroya deux des foires qui souloient estre de la ville de Lyon. » (Arch. ville de Troyes)

La recette s’éleva, s’il faut en croire le receveur, à l’importante somme de 6,970 livres 13 sous 11 deniers (rappelons que Jeançon Garnache, architecte de la cathédrale, ne gagnait que 4 sous 2 deniers). Jean Galien, « collecteur commis de par les habitants à lever sur les laiz » ne trouva pas moins de 6,437 livres 18 sous 11 deniers. Messire Jean Benoist, « prestre demourant à Troyes et commis par les gens d’église » recueillit la somme de 432 livres 5 sous, tandis que l’honorable homme « Maistre Edmond Maret, licencié en loix » versait 100 livres 10 sous pour un nommé Jehan Dubois qui devait « aux habitants cette somme pour la vendue et délivrance de huit queues de vin pour boisson de l’ostel du Roy ».

Mais, si la recette semble avoir été considérable, les dépenses occasionnées par l’entrée et par le séjour du roi dans la vieille capitale de la Champagne, s’élevèrent à une assez belle somme, comme le prouve le compte de Jean Hennequin.

Charles VIII n’était alors âgé que de seize ans ; la tête pleine de roman des croisades et de folies héroïques, il devait bientôt dédaigner la gloire solide qui s’offrait à lui pour courir après de brillants fantômes et abandonner l’œuvre poursuivie par son père et par sa sœur, l’œuvre de l’achèvement territorial de la France.

Pour le recevoir dignement, la ville de Troyes s’était empressée dès les premiers jours de mai d’envoyer pour s’enquérir de son arrivée.

« A. Oudinot Gossement, notaire royal à Troyes, le quel fut envoyé au dit mois en la dicte ville de Paris pour savoir et s’enquérir de la venue et entrée du Roy en la ville de Troyes, afin que les habitants se préparent à le recevoir comme leur naturel et souverain seigneur, tant pour luy que pour son cheval et son salaire, XIII (13) livres X (10) sous dont seulement donnée par Jehan Hennequin LX (60) sous, Nicolas Mauroy, receveur des deniers communs ayant donné le reste. »

Parmi les principales dépenses relatives à l’entrée du roi :

« A Jacquinot Bonjour pour avoir vacquer à dis tumbereaux à plusieurs foiz pour nectoyer et mener aux champs les immundices des rues. VI (6) sous VIII (8) deniers

A Jehan de Sainct-Aubin, clerc du bailli de Troyes, pour une commisssion de contraindre plusieurs des habitans de la ville à prester l’argent pour fournir aux fraiz de la dicte entrée 5 s.

A Nicolas de Cerisiers, clerc pour ses peines et salaires d’avoir faict les cédules du disct emprunct 10 s.

A Jehan Noyer, tavernier, pour despense de bouche en son ostel par le maréchal des logeis et par les fourriers du Roy et aussy pour les fourriers de la ville XXXVI livres III s.

A Jehan Ploton pour poisson et beurre par luy achetez à certain jour de vendredi pour les dicts fourriers, CVIII s VII d.

A Guillaume de Pouan, hoste des Mores, pour despense de bouche par les dicts fourriers L (50) s.

A Jehan Noyer et Jehan Rose, sergents, pour leurs peines et salaires d’avoir levé partie du dict emprunct et contraint les imposez d’iceluy  IV livres

Si l’entrée des anciens rois est presque toujours accompagnée d’une gracieuse épithète, il faut avouer qu’elle excita plusieurs fois les murmures des habitants, car pour couvrir les frais de ces réceptions tant vantées par les historiens, ne fallait-il pas recourir à des emprunts forcés ?

A Simon Saunyer, pour achat de 100 livres de chamvre masle pour faire couvrir les abis des 24 hommes sauvaiges lesquels jettèrent tousiours herbe devant le Roy tout au long de la ville. XLIIII (44) s. IV d.

A Loys Guérin pour avoir fauché la ditte herbe et mis en fardeaux X s.

A luy pour avoir amené la ditte herbe depuis le pré jusqu’à la ville III s.IV d.

 A Nicolas de Plancy et Gilet Orry, pour leurs alaires d’avoir conduit les dits sauvaiges XX s.

 A Guillemin le Parmentier pour 500 de faloz LXVI (66) s. VIII d. et à Simon Camus pour XIII et demy IX l. pour alumer de nuict au long des rues durant les huit premiers jours que le Roy fut arrivé et le soir qui retorna de la chasse de Torvilliers (7 km de Troyes) et à Pierre Robin et Jehan Simon XVII (17) s. II d. pour leurs salaires d’avoir vacqué durant le dit temps pour entretenir et faire brusler les dits falots pour ce pour tout XIII l. IIII s. VII d.

A Pierre la trompette pour plusieurs cris faiz par le commandement de Monsieur le bailly de Troyes et Monsieur le Prévost de l’ostel du Roy, touchant la police de la ville XX s.

A Guillaume Farine et Nicolas de Plancy et autres, pour les deffrayer des fraiz qu’ils ont facts à faire le mistère de la décolation de M. St Jehan Baptiste XXVI l. VIII d.

A Jehan Champion, pour la fasson du ciel de drap d’or mis et porté sur le Roy en son entrée, la fasson de la robe Golias et avoir refaict par deux foiz une chappe pour le Roy sainct Louis servant au mistère* des rois de l’arbre LX s.

[Mistère signifie représentation, tableau, car les véritables mystères duraient de longues heures et quelquefois plusieurs journées, comme celui de la Passion qui fut joué en 1483, aux grands applaudissements des habitants.]

L’art théâtral débuta de bonne heure dans l’enceinte de  Troyes, car dès 1412, le jour de la Chandeleur, des notables faisaient jouer dans l’église Sainte-Madeleine, le jeu et les fraudes de saint Siméon, comme le constate le registre des recettes et des dépenses tenu par Jehan Duboys (Archi. Eglise de la Madeleine). En 1420, l’année même du traité qui livrait notre pays à l’Angleterre, Isabeau de Bavière, quelques jours après Pâques, faisait dresser des échafauds dans la cour de l’évêché « pour les jeux des personnaiges de la Résurrection de Nostre-Seigneur » à la représentation desquels assita M. de Bourgoigne.

Une charte de 1418, donné par le cardinal de Bar, qui occupait alors le siège de Langres, recommande au doyen et au chapitre de Saint-Maclou, de Bar-sur-Aube, de célébrer dignement la fête de leur patron et leur enjoint de se réunir à quelques bourgeois pour représenter sur les places de la ville la vie et les miracles du saint.

A Nicolas Bourgeois Guillaume, pour vois et fagotz par luy librez pour faire du feu devant l’ostel de la salle le jour que le Roy arriva au dit Troyes  XVI s. VIII d.

Au dit Nicolas le Peleterat, pour une livre de colle pour employer en la fontaine qui estoit devant l’ostel de Madame Jehanne de Sens,  XX d.

A luy, pour trois quartiers de taffetas de Florence renforcé, pour habiller l’ung des treize petits roys, parce qu’on ne sceut trouver personne qui l’habillast,  XXXV s.

A luy pour 11 aulnes et demye de taffetas vert pour faire la robbe de Golias  IV livre V s.

A luy, pour demy cent or fin pour l’arbre des Roys,  XVI s. VIII d.

 A Nicolas Petit, Lambert d’Assencières, Estienne de Marisy, orfèvres demeurant à Troyes, pour 50 marcs 6 treseaulx d’argent, en douze tasses à pié verrées et données au Roy, VIc XXVI livres II sous I denier

Aux dits orfèvres, pour 6 treseaulx d’argent employez es esmaulz de quatre potz d’argent que Mons Maistre Loys Raguier, esvesque de Troyes, presta aux dits habitants de Troyes pour les présenter au Roy avec les 12 tasses, pour ce que ceulx que les dits habitants avoient ordonnée estre donnez à icelluy avecques icelles tasses n’étoient pas faiz à sa dicte entrée,  XXII s. VI d.

A eulx, pour avoir redorey, reberny et fact les esmaulx des dits potz, CX (110) s.

 [Troyes comptait alors d’habiles orfèvres, parmi lesquels Jean Papillon qui fit la magnifique châsse de saint Loup. Il faut croire que le linge était autrefois d’un certain prix, car les habitants de la ville en offrirent une assez belle quantité à Monseigneur d’Orléans, à Madame de Beaujeu, à Monsieur de Graville, à M. de Lisle, au bailli de Meaux et à beaucoup d’autres personnages de la suite du roi. Ce linge était « frangé par les bords d’or de Chypre et d’or de Lucques et enveloppé dedans du papier grant et fort. »

Le vin figure même parmi les présents, le vin blanc et le vin clairet de bourgogne, de Bar-sur-Aube, de Bar-sur-Seine et de Clairvaux. Mais le vin le plus estimé fut celui de Beaune qui fut surtout prodigué « le jour de la réception du Roy » et qui ne coûta pas mois de 197 livres.]

A Jehan le Gras pour ses peines et salaires d’avoir esté par plusieurs foiz de la dicte ville de Troyes en la ville d’Arcys, tant de jour que de nuyt à conduire les postes,  L (50) s.

[Les postes ne furent organisées que sous Charles VIII, quoique l’idée de leur établissement paraisse remonter à Louis XI. Ce ne fut qu’en 1495 que Troyes compta pour la première fois un maître de poste, « à l’hôtel de la Piolée ou du Prieuré ».]

A Peloton pour viande pour le disner de Messieurs les poursuivans les foires la veille que le Roy partit,  V s.

Pour despense faicte par Messieurs les officiers du Roy, eschevins et officiers de la cicte ville de Troyes, les sergens et aultres qui ont assisté le samedi XXV jour de novembre au dit an mil CCCCIV et six à faire les aviz et publications faiz le dit jour par les carrefours d’icelle ville à publier les dites foires, en ce comprins les eschaudez qui furent gectez par les dits carrefours aux petiz enfans, afin de perpétuer la mémoire et salaire de la trompette, XIV liv

A Pierre de Thil, tabellion de la cour ecclésiastique de Troyes, pour son salaire d’avoir translaté de François en latin les dites lettres d’octroy des dites foires, afin de les envoyer ès allemaines, XII s. VI d.

A l’imprimeur, pour ses peines d’avoir imprimé cinq cens copies des dites lettres, comprins cinq sols pour le vin de la marchandise par marché fait à luy, VI liv. II s. VIII d.

Aux notaires qui ont collactionné et signé deux cens des dites coppies,  IV liv.

Aux clercs qui en ont coppié sept à la main,  II s. VIII d.

[Presque rendues désertes par l’établissement des foires de Lyon, celles de Troyes si célèbres au Moyen-Age furent rétablies par le roi Charles VIII, l’année même de sa Joyeuse entrée. Mais, malgré les affiches qui furent envoyées en Allemagne et dans beaucoup d’autres contrées, les foires de Troyes perdirent presque tout leur éclat. Celles qui se tenaient encore un peu plus tard n’étaient plus qu’un bien faible souvenir de celles qui attiraient au XIIIe siècle, les marchands des pays les plus lointains et où se débitaient les mille productions de l’univers connu à cette époque.]




BONNARD (Mgr J. Dieudonné)  mon parrain, archives des diocèses de Troyes-Langres

BARBELON—Les Monnaies racontent l'Histoire.

BEAUCHAMP (Louis A. Marquis de) mon aïeul, archives familiales

COURTALON, Topographie historique de la ville et du diocèse de Troyes

D'ARBOIS de JUBAINVILLE,  Répertoire archéologique.

FICHOT, Statistique monumentale du département de l'Aube.

GALLICA, Site de la Bibliothèque nationale de France

GROSLEY, Champagne méridionale

LOUIS LE GRAND, Coutume et bailliages de Troyes.

PREVOST—Histoire du diocèse de Troyes

ROSEROT DE MELIN (Mgr Joseph) Le diocèse de Troyes, des origines à nos jours.


 




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