Savine, « sœur consanguine de saint Savinien », nait
en 240, comme lui à Samos, de Savinus, noble et riche citoyen, idolâtre, qui
l’eut d’une seconde femme de famille Chaldéenne établie dans le Péloponèse.
Son culte est très ancien. Savine reçoit, comme son
frère, une éducation toute païenne, et « suce chez ses parents, le lait
empoisonné de l’erreur ». Elle vit 10
ans avec son frère et reste 15 ans chez son père.
Lorsque Savinien quitte la maison paternelle, la
jeune Savine est remplie de regrets. L’image de ce frère chéri se présentait
sans cesse à son esprit, et « le trouble de son cœur lui faisait répandre des
larmes continuelles ». Au milieu de ses gémissements, elle s’adresse aux
idoles, mais sans succès. Elle tombe dans le plus affreux accablement. Alors
Dieu lui communique des lumières intérieures, et se fait connaître comme
l’auteur de tout bien, seul digne de ses hommages. Elle apprend en songe que
son frère était chrétien, et qu’elle doit, à son exemple, quitter la maison
paternelle pour suivre Jésus Christ.
Savine suit l’inspiration du ciel. « Malgré la
faiblesse de son sexe » et les périls des voyages, elle prend la résolution
d’abandonner ses parents et sa patrie, et de chercher son frère pour lui
communiquer les bienfaits dont Dieu l’a comblée, et de chanter avec lui les
divines miséricordes. Elle déclare son dessein à Maximilone, sa sœur de lait et
son amie. Elles forment ensemble le pieux complot et, après avoir passé la nuit
en prières, elles se recommandent à Dieu, et sortent discrètement de Samos. Ce
départ ne demeure pas longtemps caché. L’absence de Savine répand dans sa
famille l’étonnement et la consternation. Savinus, agité par la plus cruelle
inquiétude, n’omet rien pour découvrir où est sa fille. Il s’humilie devant ses
idoles et leur offre ses vœux, mais, n’en ayant aucune réponse, il s’adresse
enfin au Dieu des chrétiens, et le prie de détruire ses idoles qui ne peuvent
le secourir. Aussitôt, elles sont réduites en poussière. Savinus reconnait son
erreur, et plusieurs témoins de ce prodige crurent en Dieu.
Tandis que ces prodiges éclatent dans Samos, Savine
continue son voyage. Elle arrive à Rome
et s’y arrête pour s’instruire entièrement des dogmes de la religion
chrétienne. Dieu l’adresse à une dame pieuse nommée Justine, avec qui elle
forme une liaison étroite. Justine aime Savine comme sa fille, elle l’instruit
dans la foi et la prépare à recevoir le baptême.
« Lorsqu’elle eut connu la sincérité de la foi et
son désir pour le sacrement de la régénération », elle la présente, ainsi que
sa compagne, au prêtre Eusèbe, qui, depuis monta sur la chaire de Saint-Pierre.
Ce ministre de Jésus-Christ confère le baptême à ces
2 étrangères. Savine consacre à Dieu sa virginité, le saint prêtre reçoit son
sacrifice et devient le dépositaire de sa promesse.
Elle vit dans cette ville pendant 5 ans, édifiant
les fidèles par ses exemples, instruisant par son zèle et soulageant les
pauvres par ses bons offices. Elle semble même avoir oublié le dessein d’aller
chercher son frère, lorsqu’une voix se fait entendre du ciel qui lui reproche
cet oubli et lui ordonne de se rendre dans les Gaules, au pays des Tricasses.
Elle obéit promptement, et recevant le même ordre qu’à Samos, elle montre la
même docilité. Elle quitte Rome au regret du souverain pontife même, qui ne
peut s’empêcher de témoigner sa douleur. Dans le cours de son voyage, elle
passe à Ravenne, où « elle fait encore admirer l’héroïsme de ses vertus ». Là,
elle guérit « d’une maladie opiniâtre », la fille unique d’un citoyen riche et
distingué, dont on attendait plus que le moment de la mort. Savine qui demande
l’hospitalité dans cette maison, est conduite auprès de la malade, et reste
quelques moments dans cette situation, le visage enflammé. La malade recouvre
aussitôt la santé et rend grâce au tout-puissant et à sa bienfaitrice.
Le bruit de ce miracle se répand dans Ravenne, on
veut persuader Savine d’y établir sa demeure, mais son cœur n’est ouvert qu’aux
inspirations, divines. Elle part et emporte avec elle les regrets de toute la
ville.
Enfin, après un long et pénible voyage, Savine,
accompagnée de Maximinole, arrive au pays des Tricasses. « De dessus les
coteaux qui dominent la ville à l’occident », elle aperçoit des murs qui
annoncent une ville, et elle apprend d’un berger, que c’est la ville des
Tricasses, le terme de ses voyages. Son cœur tressaillit de joie, l’espérance
de trouver son frère se ranime, la confiance prend de nouvelles forces. Arrivée
dans la plaine à 1 mille de la ville, elle se repose avec sa compagne en
attendant que quelqu’un puisse lui donner des nouvelles de ce frère chéri. Un
citoyen nommé Licère y passe, et, s’étant approché d’elle, il s’informe du
sujet de son voyage. Après quelques moments de conversation, il lui apprend la
mort de Savinien, qui avait répandu son sang pour la foi de Jésus-Christ.
Lorsque Licère est parti, Savine se prosterne la face contre terre, et, fondant
en larmes dit : « Qui suis-je pour m’opposer à la volonté de mon Seigneur ? Qui
me retient ici-bas ? Seigneur, terminez ma carrière, et je chanterai avec mon
frère ses miséricordes éternelles ». Aussitôt, elle tombe en défaillance, elle
s’évanouit et meurt dans la paix du Seigneur, le 29 janvier 313.
Maximinole, s’abandonne à la douleur et s’inquiète
de savoir comment elle lui donnera la sépulture. Mais Licère qui repasse, se
charge de tout ce qui convient de faire. Il annonce cette mort dans Troyes, et
dès qu’on apprend que Savine est sœur de saint Savinien, chacun s’empresse d’assister
à ses obsèques. On résolut de l’inhumer dans la ville, mais plusieurs obstacles
font connaitre que ce n’est pas la volonté de Dieu : « Même après le trépas,
elle fut la bienfaitrice de l’humanité ». Une femme nommée Eleuthère, privée de
la vue et de l’usage de ses mains, est guérie par le seul attouchement des
vêtements de la sainte. On se détermine à lui donner la sépulture à l’endroit
même où elle a rendu l’esprit. Licère fait mettre une grande pierre sur son
tombeau, et emmène chez lui Maximinole dont il prend soin.
Saint Frobert, fondateur de Montier-la-Celle,
demanda les reliques de cette sainte, et son corps fut conservé dans cette
abbaye jusqu’à la Révolution « sur le grand autel du côté du midi », là où
l’évêque de Troyes Louis Raguier les avait déposés dans une nouvelle châsse le
23 avril 1470.
Les Chartreux et les religieux de Montier-la-Celle,
en 1655 et 1657, en donnèrent une partie à l’église paroissiale qui lui est
dédiée.
L’église de Troyes célèbre la fête de sainte Savine
le 29 janvier, et sa translation le 29 août.
On peut admirer une statue de sainte Savine sur la
façade de l’église de Saint-André-les-Vergers, et, dans celle de Saint Lyé, on
voit un groupe sculpté : sainte Savine, accompagnée de Maximinole, part à la
recherche de son frère. D’autres statues sont à Saint-Nicolas, Saint-Julien,
Lépine, Bouy-Luxembourg, Courtaoult, Ervy, Premierfait, Rilly-Sainte-Syre et
Torvilliers.
Elle figure sur un des vitraux de la cathédrale, des
Noës et de Saint-Martin-ès-Vignes.
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