La Porte de la Madeleine ou Magdeleine
La Porte de la Madeleine s’ouvrait autrefois au
nord-ouest de la ville. Cette porte prenait son nom de l’église dans le
voisinage de laquelle elle était située.
On trouve cette porte désignée dans les chartes dès
1308. Primitivement ce ne fut qu’une poterne avec un porche bas et étroit (une
poterne était une petite porte qui était intégrée aux murailles d'une
fortification, de façon discrète et qui permettait aux habitants de sortir ou
rentrer à l’insu de l’assiégeant). Bien que cette entrée parut sans importance,
elle avait un pont-levis et un pont dormant et fut augmentée du fort Belin, (à
l’emplacement du théâtre). Au-dessus du porche était un pavillon carré en
charpente, qui servait de corps de garde et de chambre du guet.
Jeanne d’Arc prépare l’assaut de Troyes en 1429, et
entre par cette porte et celle de Comporté.
Cette porte fut considérablement augmentée par des
constructions faites de pierres provenant de la démolition du château de Payns
pendant les guerres civiles du
XVIe
siècle. En 1544, un mémoire pour les fortifications de Troyes signale l’urgence
d’un boulevard à construire en avant de la porte de la Madeleine afin de la
couvrir et de la mettre en sûreté.
Sous Henri III, elle fut fortifiée de ce bastion,
qui fut appelé le Fort-Belin, du nom de Pierre Belin, élu maire cette année
pour la deuxième fois. La première pierre fut posée le 2 octobre 1576. A ce
fort fut adossée une seconde porte en avant du pont dormant qui conduisait à
l’autre rive du fossé. A peu de distance de la porte inférieure, on voyait sur
une pierre, dans le mur en dehors du rempart, le millésime 1635, date probable
d’une restauration. Cette pierre est conservée au Musée de Troyes, où elle a
été transportée lors de la démolition du rempart. A gauche de la porte, du côté
de la ville, entre une petite maison et le terre-plein, on montait sur le
rempart par un escalier en pierre de 48 marches, ayant un palier ou repos au
milieu, et se prolongeant à droite en retour d’équerre.
En 1737, les travaux de fortifications réclamant de grandes
réparations, l’autorité municipale décida la démolition du Fort-Belin et des
deux portes dont le passage était étroit et obscur. On nivela le terrain, on
baissa les murailles et l’on construisit la nouvelle porte dans l’épaisseur du
rempart. Ce travail fut achevé sous la mairie de M. Antoine Camusat, ainsi que
le pont qui joignit les restes du Fort-Belin à la promenade.
La date de 1740 en était gravée sur la clef de
l’arche du pont. Sur ce pont, le maire des 4 faubourgs, ou Bailli de Troyes,
tenait sa justice extraordinaire en matière de délit. Les grandes voies
éloignées de la porte de la Madeleine l’avaient maintenue à la condition de
simple poterne. Cette entrée n’avait devant elle qu’une avenue ressemblant à
une impasse qui conduit à un des cimetières de Troyes, appelé le Grand-Clamart.
En 1780, un incendie ayant consumé la comédie qui
était alors en ville, on construisit une nouvelle salle des spectacles sur la
base de l’ancien Fort-Belin, à droite en sortant entre la porte de la Madeleine
et le pont. L’isolement de toute habitation et la proximité de la promenade
justifiaient le choix de l’emplacement. A dater de cette époque, les abords de
la porte eurent un peu plus d’animation, les jours de spectacle amenaient
périodiquement les habitués du théâtre, mais aux autres jours, ce quartier
était monotone comme avant.
En 1814, la porte de la Madeleine vit l’empereur de
Russie passer sous ses arches, et monter plusieurs fois l’escalier de son
rempart. Pendant l’occupation, en février, l’autocrate, logé à peu de distance
de la porte, faisait, après son déjeuner, sa promenade quotidienne sur le mail
ou sur les murailles, depuis la porte de la Madeleine jusqu’à celle du Beffroi.
Dans l’après-midi du 23 février 1814, la porte de la Madeleine fut brutalement
interdite aux paisibles habitants des rues adjacentes. Occupée par les troupes
alliées qui la barricadèrent, elle fut trouée à coups de hache pour y pratiquer
des meurtrières. Ce simulacre de résistance n’aboutit qu’à laisser à la vieille
porte un souvenir de ses maîtres de 1814, et des plaies qu’elle montra jusqu’au
dernier jour. En 1826, on détruisit les platanes qui l’encadraient si
majestueusement, c’était le commencement de la fin pour la porte de la
Madeleine. En 1849, on abattit les remparts : la porte, qui n’avait alors plus
aucune raison d’être, subit en même temps le même sort.
Le plan de Troyes de 1697, reproduit en une
lithographie de 1862, donne une idée exacte de ce qu’était l’ancienne porte de
la Madeleine.
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