Cet hôtel construit vers 1560 pour Louis le Boucherat, prend le nom qu’il porte encore aujourd’hui lorsqu’il est racheté par Jean d’Aultruy, maire de Troyes en 1592, anobli par le roi Henri IV.
La façade en appareillage champenois (alternance de
craie et de brique) est ornée d’une belle lucarne. Le linteau de la porte
d’entrée est sculpté : entre les vases de fleurs et de fruits, on y
découvre les blasons de la famille d’Aultruy autour du « coq hardy »,
emblème des Boucherat.
En contournant la maison par la rue de la Madeleine,
on aperçoit contre la façade arrière une jolie tour à cinq pans.
Louis Boucherat, Seigneur de Compant, né le 20 août
1616, descend de Guillaume Boucherat de Troyes, qui, avocat au Parlement de
Paris, au milieu du XVI° siècle, y occupait le Barreau avec Pierre Seguier,
Charles du Moulin, Christophe de Thou, Denis de Ryantz, Jean-Baptiste du Mesnil
et autres illustres « qu’un mérite connu et éprouvé éleva depuis aux premières
places de la Robe ».
Louis Boucherat laissa, dit Loisel en son Dialogue des Avocats, « une bonne et honorable famille ».
Le frère de Guillaume Boucherat, Aymon, remplissait,
en 1557, une des places d’Avocats du Roi au Parlement.
Les deux frères avaient été attirés de Troyes et
fixés à Paris, par le savant Guillaume Budé, leur parent, qui avait d’ailleurs
des relations avec Troyes par des frères et neveux, successivement Chanoines de
notre collégiale de Saint-Etienne.
Ces deux frères Boucherat avaient dû leur accès dans
la Maison de Guise, à un Péricard de Troyes, Secrétaire de confiance du Grand
Duc de Guise.
Louis Boucherat est du nombre des Maîtres des
Requêtes qui eurent séance au Conseil formé en 1666 par Louis XIV, pour la
réformation de la Justice et des diverses parties du Gouvernement, dont le
Président Hénault dit : « Conseil d’où sont sortis ces ordonnances et ces
règlements, qui sont aujourd’hui les fondements les plus solides de notre
Gouvernement, et dont on ne s’est point écarté depuis ».
Louis commence une carrière de parlementaire :
conseiller au Parlement de Paris en 1641, maître des requêtes en 1613,
intendant de Guyenne, de Languedoc, de Picardie, de Champagne.
Conseiller d’Etat en 1662, il fut trois fois commissaire du roi aux Etats de Languedoc et dix fois aux Etats de Bretagne.
M. Boucherat succède en 1685, au Chancelier le
Tellier, en tant que Chancelier de France, jusqu’en 1699. A ce titre, il est
chargé d'exécuter l'Edit de Fontainebleau qui révoquait l'Edit de Nantes en
1685.
Il est Chancelier et Garde des Sceaux de l'Ordre des
Chevaliers du Saint-Esprit, de juillet à août 1691.
En 1681 il devient conseiller au Conseil royal des
finances, et est nommé chancelier de France à la mort de Michel Le Tellier, en
1685, charge qu'il exerça du 1er novembre 1685 au 2 septembre 1699.
Louis Boucherat décède le 2 septembre 1699.
Le Conseil municipal de Troyes, par délibération du
2 mars 1868, donne son nom à une rue du Quartier-Bas.
Un tronçon de l'actuelle rue Turenne à Paris
s'appelait « rue de Boucherat » autrefois, et il y reste une fontaine nommée «
Fontaine Boucherat ».
Une médaille à l'effigie de Louis Boucherat fut
exécutée par le graveur Michel Mollart en 1685, à l'occasion de l'accession du
modèle à la dignité de chancelier.
Le Mobilier national conserve une tapisserie des Gobelins dite « chancellerie » dont la bordure porte ses armes, traditionnel présent du roi à son chancelier ou Garde des Sceaux lors de son entrée en fonctions.
Monument quadrangulaire classique avec fronton
triangulaire orné, elle comporte au-dessus du mascaron une inscription latine
remerciant le roi Louis XIV pour la paix qu’il vient de signer à Ryswyck aux
Pays-Bas le 20 septembre 1697 :
FAVSTA PARISIACAM LODOICO REGE PER VRBEM
PAX VT FVNDET OPES FONS ITA FVNDIT AOVAS
De même que, Louis étant roi, une heureuse paix
répandra sa force bienfaisante
à travers la ville de Paris, de même cette fontaine
laisse échapper ses eaux
Il manque un trait ou ce trait n’est pas visible :
AOVAS est à lire AQVAS.
Au-dessous, une autre plaque est apposée :
FONTAINE BOUCHERAT
ERIGEE PAR L'ARCHITECTE JEAN BEAUSIRE EN 1699 ET
AINSI DENOMMEE EN L'HONNEUR DU CHANCELIER BOUCHERAT
Les noms des rues Charlot et de Boucherat (ancienne
dénomination de cette partie de la rue de Turenne) sont gravés sur les deux
faces latérales de la fontaine. Le nombre 14 gravé en dessous du nom des rues
correspondait au quartier tel que défini par l'ordonnance de police du 30
juillet 1729.
La rue de Boucherat tirait son nom de Louis
Boucherat, chancelier de France, qui exécuta l'édit sur la révocation de l'édit
de Nantes signé par son prédécesseur.
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