La Chambre de Commerce de Troyes est "une vieille dame qui n'aime pas beaucoup parler d'elle", disait le Président Georges Babeau.
Au XVIIe siècle, existe une Communauté Unie des
marchands de Troyes.
Au XVIIIe, ce sont les Grand-Gardes et Gardes du
Bureau du Commerce.
Un arrêté du Préfet du 22 janvier 1801 fonde un
Bureau du Commerce, qui s’appellera Conseil du Commerce, Chambre consultative
du Commerce et, en 1814, Chambre de Commerce.
Ce sont les ancêtres de la Chambre de Commerce,
créée à Troyes le 7 mars 1817, par ordonnance de Louis XVIII. Ses attributions
sont de présenter au Ministre de l’Intérieur " des vues sur les moyens
d’accroître la prospérité du Commerce, à lui faire connaître les causes qui en
arrêtent le progrès, à surveiller l’exécution des lois et ordonnances
concernant la contrebande et en signaler les abus ".
Cette Chambre de Commerce tient ses premières
séances dans des salles de la Préfecture. A partir de juillet 1917, elle se réunit
alternativement chez son président M. Simonnot aîné, ou à la Préfecture. Le Maire de Troyes la loge à l’Hôtel de Ville
en janvier 1819, et, en 1886, elle s’installe dans l’Hôtel Petit-Camusat
construit en 1767, abandonné par la Banque de France, 10 Place Audiffred,
qu’elle achète en 1921, et où elle reste jusqu’à l’été 2011. Cet Hôtel a été
construit en 1740.
Parmi les élus, on retrouve les noms des grandes
familles troyennes, manufacturiers ou négociants, qui siègeront également en
qualité de juges au Tribunal de Commerce et au Conseil Municipal, avec une
mention particulière pour M. Fontaine-Gris, qui fut Membre de la Chambre de
Commerce pendant 43 ans, dont 21 comme Président, et 13 fois Président du
Tribunal de Commerce.
Citons les plus importantes actions de la Chambre de
Commerce:
- en 1825, recensement des fabricants de bas (2.811
fabricants, 8.000 métiers), de toiles (1.763 fabricants et 2.457 métiers), de
draps (8 fabricants et 42 métiers) et des filateurs (53 et 60.756 broches),
- en 1827, création des cours du soir des Arts et
Métiers,
- en 1830, création d’un Comptoir d’Escompte pour
les classes les plus nécessiteuses du commerce et de l’industrie,
- en 1836, enquête sur les transports,
- création d’une succursale de la Banque de France,
en 1851, réclamée depuis 1839,
- en 1846, se crée à son initiative, un comité local
de l’Association pour la Défense du Travail National,
- en 1848, enquête sur les boissons…
- en 1870, elle se constitue en Comité de Secours
et, pour remédier à la pénurie des espèces en circulation, principalement en
or, émet avec la Mairie des bons de 5, 10 et 20 francs,
- en 1884, son action coordonnée avec le Maire, fait
de Troyes une des premières villes de France à être dotée du téléphone. En
1891, c’est la 1ère liaison Troyes-Paris. En 1900, c’est la même chose pour la
ligne Dijon-Troyes-Reims. En 1903, elle finance la pose du 2ème fil entre
Troyes et Paris, qui se développe en 1908 par la construction de 2 nouveaux
circuits entre Troyes et Paris,
- en février 1886, elle envoie un aubois en mission
commerciale en Asie Centrale. Dès le 8 octobre, la Chambre reçoit des
renseignements sur le commerce en Arménie, Triflis, Bakoum, Batou, Dardanelles…
- en 1887, elle participe à la création de l’Ecole
Française de Bonneterie,
- en 1909, à l’occasion d’une grève, la Chambre de
Commerce crée un service postal auxiliaire à l’usage de ses
ressortissants,
- en 1910, elle prend en charge avec la Ville et 2
journaux locaux, le service téléphonique de nuit,
- en 1910, elle mène un combat vigoureux en faveur
de la réintégration du département dans les limites de la Champagne viticole,
- en 1915, elle achète 13.000 quintaux de blé
qu’elle revend aux minotiers,
- en 1915, 1916, 1921 et 1922, elle procède à
l’émission de papier-monnaie, de 25 et 50 centimes, et 1 franc,
- dès 1920, elle émet un avis favorable à l’adoption
du projet Chabal, (création de nos lacs),
- en 1927, elle constitue un Comité de la Foire
Exposition de Troyes,
- en 1928, elle se rend acquéreur du pesage de la
gare des Marots,
- dès 1930, sous son impulsion, se crée à Troyes un
Comité départemental de ravitaillement pour subvenir aux besoins des familles
frappées par le chômage,
- la même année, elle s’intéresse à la création d’un
aérodrome,
- en 1954, elle crée une zone d’accueil
d’entreprises à La Chapelle-Saint-Luc
- en 1956, on lui accorde la concession de la gare
routière de Troyes,
- en 1957, elle construit le château d’eau de la
Chapelle-Saint-Luc, pour l’alimentation de l’entreprise Kléber Colombes qu’elle
a implantée, et qui desservira progressivement une partie de l’Agglomération
Troyenne,
- elle participe au développement industriel de
Nogent-sur-Seine et Pont-sur-Seine,
- en 1962, la CCI ouvre une Ecole commerciale pour
jeunes gens et jeunes filles (niveau baccalauréat), qui deviendra en 1980 une
Ecole de commerce et de gestion bac+2,
devenue en 1992 l’Ecole Supérieure de Commerce (bac+5 ans),
- en 1964, est créé, à son initiative, le Centre
Associé Régional de Troyes au Conservatoire National des Arts et Métiers,
- en 1968, elle crée et prend en concession le port
fluvial de Nogent-sur-Seine, ainsi que la concession de l’aérodrome de
Troyes-Barberey.
Actions depuis la dynamique présidence de Dominique
Lemelle :
1) Actions générales d’appui à l’économie du
territoire :
- Nouveaux locaux de la C.C.I. sur l’ancienne friche
REGLEY, qu’elle transforme en centre d’affaires de 7100 m2.
- Externalisation au 1er janvier 2011 de l’E.S.C.,
qui devient l’association Troyes- Aube-Formation, afin de lui garantir son autonomie pour l’obtention des
accréditations internationales. De même, la C.C.I. s’engage dans le financement
de l’extension immobilière de l’E.S.C. en partenariat avec l’Agglomération
troyenne et le Conseil Général de l’Aube, pour doubler la surface de ses locaux
et permettre ainsi de porter les effectifs à 2000 étudiants.
- Elaboration d’une réflexion stratégique lourde sur
l’Aube, vision de l’avenir du territoire à 20 ans et des actions à mener pour y
parvenir.
- Défense active de la liaison ferroviaire
Paris-Troyes-Mulhouse, de l’électrification et d’une liaison Paris Troyes Dijon.
- Engagement en faveur du grand gabarit entre Nogent
et Bray sur Seine.
2)
Réorganisation de ses moyens et
recentrage des activités de la CCI et de son mode de fonctionnement, dans le
cadre de la révision générale des politiques publiques et de la régionalisation lancées par le
gouvernement en 2010, par les changements lourds de changement du périmètre de
nos activités :
- gestion de l’aérodrome depuis 2009
par la SEM d’exploitation de Troyes Barberey détenue à 33% par la CCI,
- vente du port de Nogent au
groupe Soufflet dans le cadre de sa construction de la plus grande
malterie d’Europe, conduisant à l’arrêt
de la gestion du port en 2010
dont les activités sont transférées sur le port de l’Aube (rive droite),
- redéploiement des antennes de la CCI à Romilly et
Bar-sur-Aube au siège, en 2011,
- mise en œuvre de la mutualisation des fonctions
supports dans le cadre de la régionalisation.
La CCI vide les lieux en 2011.
10 ans après le départ de la chambre de commerce, l'immeuble est enfin restauré et l'ensemble est vendu en lots d'appartements ou bureaux, allant du T2 au T5
L’hôtel Camusat est construit entre 1723 et 1727 par l’architecte Philippe Delaforce pour Jacques Camusat, riche commerçant troyen et conseiller du roi. Situé sur l’actuelle place Audiffred (ancienne rue de l’Étape au vin), l’hôtel est composé, à l’origine, d’un corps central et de deux ailes en retour donnant sur une cour d’honneur fermée par une porte cochère, à l’instar des hôtels parisiens des XVIIe et XVIIIe siècles. Il se compose de trois niveaux. Le corps central comporte deux pièces en profondeur, à l’instar des hôtels classiques du XVIIe siècle. L’hôtel Camusat ne dispose pas de jardin à l’arrière ; il donne directement sur la rue. Il est agrandi à l’ouest dans la deuxième moitié du XVIIIe par le fils de Jacques Camusat, Nicolas Camusat, maire de Troyes de 1759 à 1765. Ce dernier occupe l’adjonction -qui est aujourd’hui occupé par le Crédit Lyonnais- et vend l’hôtel Camusat en 1767. L’immeuble passe ensuite entre les mains de plusieurs propriétaires dont la Banque de France et les époux Rouvray au XIXe siècle. Ces derniers louent une partie de l’édifice à la Chambre de Commerce de Troyes en 1885. En 1889, ils revendent l’hôtel à M. Soucin-Beuville. En 1921, l’hôtel est vendu à la Chambre de commerce de Troyes qui l’occupait déjà comme locataire du premier étage. L’Hôtel a été restauré à l’intérieur et à l’extérieur en 1961 par Serge Morisseau, Architecte des Bâtiments de France. La Chambre de Commerce et d’Industrie a occupé les lieux jusqu’en 2011.
L’ensemble de style classique se caractérise par la symétrie et la régularité des façades, l’emploi de formes inspirées de l’Antiquité (arc en plein cintre de la porte cochère et des ouvertures du rez-de-chaussée, fronton triangulaire du corps principal) et par la monumentalité qui en ressort. La distribution des pièces du rez-de-chaussée a été perdue. L’utilisation de l’hôtel par la Banque de France et la CCI a provoqué quelques modifications des pièces : des cloisonnements ont été montés pour installer des bureaux dans l’aile Est destinée auparavant aux remises et aux écuries. Néanmoins, l’escalier de service est toujours présent. L’aile Ouest a aussi perdu sa composition initiale en trois petites pièces avec leur cheminée. Seuls le vestibule avec l’escalier d’honneur du corps central, et peut-être le dallage à grandes dalles de pierre rectangulaire, datent du XVIIIe siècle. La rampe de l’escalier est en fer forgé.
Au premier étage, la distribution des pièces est
sans doute celle du XVIIIe siècle. Tandis que l’aile Ouest est dédiée à une
galerie sur toute la largeur du bâtiment à l’instar des hôtels parisiens du
XVIIe, le reste du logis est à double corps sans couloir avec des grandes
pièces côté cour (sans doute les salons) et des plus petits volumes côté rue
(sans doute les chambres). Cette disposition devient habituelle au début du
XVIIIe siècle. On accède à l’étage par l’escalier d’honneur. Les décors de
l’aile Ouest et du corps central ont également été conservés, à l’exception des
huisseries des fenêtres et des cheminées qui ont été supprimées ou comblées au
XIXe siècle par la Banque de France au moment de la modernisation du système de
chauffage.
Globalement, les pièces sont ornées de boiseries
sculptées, et par moment dorées, de style Louis XV. Les impostes et trumeaux
possèdent des décors peints inspirés de peintres célèbres comme Antoine Coypel
(1161-1722) ou Louis de Boullogne (1654-1733) qui représentent des paysages
(pièce 6), les quatre saisons au travers de jeux d’enfant (pièce 7) ou des
puttis peints avec un effet à la sanguine (pièce 5). Les parquets sont à la
Versailles, en points de Hongrie ou à l’Anglaise.
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