Saint Leuçon, évêque de Troyes (651-656), évangélise
de riches femmes païennes et les rassemble dans une communauté de chanoinesses,
sous le nom de Notre-Dame-aux-Nonnains (qui
était la plus remarquable abbaye de femmes du diocèse de Troyes), des églises
Saint-Jacques et d'un cimetière. L’incendie de 1188 qui consume une partie de
la Cité et de la Ville, détruit cette abbaye et cause la mort de presque toutes
les religieuses.
Le comte de Champagne Henri II reconstruit leur
maison.
L’abbaye devient royale, et Louis XVI leur alloue une somme considérable pour la reconstruction de leur maison. Des 4 corps de logis, seul celui du Nord, qui constituera la façade principale de la Préfecture est achevé, celui regardant la Place ne fut pas terminé, les 2 ailes ont été réduites, et une partie des anciens bâtiments maintenue jusque sous Louis Philippe.
Le bâtiment est reconstruit en partie par un
architecte parisien, Louis de La Brière, de 1778 à 1781. Il se remarque par ses
dimensions.
Napoléon crée, par la loi du 20 janvier 1790, le corps préfectoral (l’Aube par décret du 27 janvier) en le munissant de pouvoirs locaux et d’un bel uniforme. Il faut alors loger ces importants personnages qui le constituent.
C’est ainsi que le préfet de l’Aube s’installe le 25
mars 1794, dans le grand bâtiment que, sous la Révolution, les religieuses
bénédictines ont cédé à l’Etat, bien à contre-cœur. Le premier titulaire de ce
poste est le Préfet Brusle (L’Empereur lui décerne le titre de Baron de
Valsuzenay).
En 1828, la Préfecture est en un tel mauvais état,
que le « Journal du département de l’Aube » écrit « qu’on la prendrait plutôt
pour une maison d’arrêt que pour celle du premier magistrat du Département ».
En 1838, le Conseil Général trace devant elle une
cour d’Honneur fermée d’une grille reliée à 2 petits corps de garde.
Cette préfecture est inaugurée en 1878, et les
services se mettent à entasser des tonnes de papiers administratifs.
Le 7 mai 1892, à 13 h 30, le tocsin retentit : le toit de la Préfecture est la proie des flammes. La pompe à vapeur de Troyes, plus celle de la Compagnie de l’Est, inondent le bâtiment. Les sauveteurs jettent par les fenêtres des poignées de dossiers qui s’éparpillent en tombant. On les ramasse tant bien que mal, pour les transporter dans la halle au Blé voisine. Plus de combles, seuls les murs demeurent. L’eau cause plus de dégâts que le feu. Les services émigrent 24 boulevard Victor Hugo.
La reconstruction a lieu pendant cinq ans à partir
de 1894, mais la préfecture peut rentrer dans les nouveaux locaux dès 1896.
La toiture est refaite en ardoises légères, les
pavillons latéraux sont recouverts de versants à quatre pans pyramidaux. Cette
couverture se ponctue d’œils-de-bœuf et de lucarnes demi-circulaires. Des
colonnes jumelées couronnent le rez-de-chaussée jusqu’au toit, avec un fronton
au sommet triangulaire, avec le buste de la République coiffée du bonnet
phrygien (de notre sculpteur Désiré Briden), que lors de l’occupation
allemande, en 1942, les nazis ont fait fondre, et qui a été remplacée par une
horloge et sont restées les initiales : R.F.
En 1898, les services se réinstallent dans les
bâtiments de la préfecture.
Deux nouveaux pavillons de garde sont adjoints, et
l’espace laissé libre par les démolitions devient « la Place d’Armes ».
La cour d’Honneur est agrandie et fermée par une
magnifique grille en fer forgé, qui s’ouvre par un portail monumental, rehaussé
de dorures, avec un heaume héraldique qui domine les armes de Troyes, et est
accolée de deux pavillons de garde octogonaux.
La Préfecture est alors un monument digne du
Département, mis encore en valeur en 1913, par un très beau jardin enrichi par
une reproduction en marbre du « Rapt » en bronze, lui aussi enlevé par les
Allemands.
En 1954, le préfet Pierre-Marcel Wiltzer présente un rapport concernant le transfert des Archives et l’agrandissement de la Préfecture. Les travaux sont achevés en novembre 1957.
Le corps de bâtiment principal de la cour d’honneur,
est maintenant orné d’une paire de lions réalisés par le sculpteur troyen
Edouard Valtat au XIXe siècle pour les Archives de l’Aube qui se trouvaient
quai du Comte Henri.
Le bâtiment est à nouveau restructuré à partir des
années 1980.
Aujourd'hui, la préfecture est partiellement inscrite au titre des monuments historiques depuis le 1er décembre 1988.
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