Château des Comtes de Champagne à Troyes
En 1287, la comtesse de Champagne, Jeanne de
Navarre, femme de Philippe-le-Bel, possède à Troyes, deux châteaux.
Les
plans de Troyes par Jouvin de Rochefort de 1679, indiquent les ruines de 3
châteaux des Comtes de Champagne. Un premier près du Moulin de la Tour, un
second près de Saint-Nicolas, et un troisième au coin de la rue Boucherat et de
la rue Linard Gonthier et en outre, le Palais près de l’église Saint-Etienne.
En
principe, le troisième est purement imaginaire, inspiré par la vieille
tradition légendaire des 3 châteaux (tres arces), qui auraient donné leur nom à
la ville. Il n’y a eu que deux châteaux, dont le second a été appelé le Palais.
Au XVIIIe s., il y a encore quelques bâtiments
transformés en Prisons du roi. L’enceinte avait la forme d’un polygone
irrégulier, dont le grand diamètre avait 96 m. et le petit 77 m. La porte
datait du XIe s. mais l’existence du château remonte à la fin du Xe s. Elle
était bâtie en pierre dure, notamment de silex. Un donjon rectangulaire, dit la
Grosse Tour, ayant 12 m. de côté était situé à l’extrémité opposée du château.
Il a été détruit vers 1840. Ce château, abandonné par le comte Henri le Libéral
à la fin du XIIe s., resta toujours en théorie le centre de la puissance des
comtes de Champagne. C’est dans le donjon que se présentaient les Seigneurs
pour prêter foi et hommage aux comtes de Troyes et plus tard, après la réunion
à la couronne de France, les hommages des vassaux du comté. Au XIIe s. il sert
d’arsenal, c’est le château-fort, le siège du fief du comté de Troyes ou de
Champagne.
- Le second château, appelé Palais des comtes ou
Palais royal, bâti par Henri le Libéral en 1157, a été appelé Aula, « Sales »
du comté.
La collégiale Saint-Etienne et l’Hôtel-Dieu-le-Comte en sont les accessoires. Le pont situé à l’angle sud-ouest de l’hôpital était appelé Pons Aulae, et la porte de l’ancienne enceinte de la ville, à l’entrée de la rue de la Cité, était dite Porta Comitis.
Ce palais (développement d’environ 100 m.), avait sa
façade principale à l’est. La Grande Salle (52 x 22 m.) était au premier étage.
On y accédait par un vaste perron. Cet édifice a été appelé Palais Royal après
la réunion de la Champagne à la couronne. Il a aussi été appelé Palais de
Justice. C’est là que se sont tenus les Grands-Jours de Troyes, de 1307 à 1583.
Après son divorce avec Blanche de Bourgogne,
Charles-le-Bel vient épouser à Troyes Marie de Luxembourg, fille de l’empereur
Henri VII et de Marguerite de Brabant. Le mariage a lieu en 1322, et le Roi,
dans cette occasion solennelle, habite au Palais des Comtes. C’est là que sont
célébrées les cérémonies de ce mariage, avec la plus grande magnificence.
En 1354, Colart d’Andrese, échanson du roi et maître
enquêteur des eaux et forêts pour tout le royaume, est à Troyes, chargé de
régler le commerce des produits des forêts et d’en assurer la loyauté. Comme
toujours, on se plaint des fraudes commises chaque jour. Pour les réprimer, il
réunit au Palais Royal des habitants
pour prendre leur avis, après avoir prêté serment sur les Evangiles.
C’est là que le 8 février 1356 est décidé le tarif
des marchandises dont le produit doit être employé à l’œuvre des
fortifications.
Le 29 décembre 1361 la désignation des deux otages
devant partir pour Londres est décidée dans ce lieu (ils ne reviendront qu’en 1365).
Au XVIe le Parlement vient siéger à Troyes au Palais
royal.
C’est dans ce lieu qu’en 1417 les Troyens se soumettent
au pouvoir de duc de Bourgogne. Le roi et reine y habitent en mars 1420. En
juin 1420 y est décidée la démolition du château de Montaigu, ordonnée par
Charles VII (les matériaux seront employés pour la réparation du Palais royal).
Le conseil de ville n’ayant pas encore domicile fixe, s’y réunit en assemblée
en 1419. Le 28 août 1431, y sont assemblés les habitants pour la lecture des
lettres du roi ordonnant la démolition des Châteaux de Chappes, Saint-Liébault
et Courgenay. A partir d’octobre 1431, les élus s’y assemblent tous les jeudis
pour la sûreté et la défense de la ville (les absents doivent payer 20 deniers
d’amende). C’est au Palais royal que les habitants viennent en 1433, pour
apprendre que l’ennemi s’approche, étant dans le Tonnerrois.
En 1486 Charles VIII venant passer 1 mois à Troyes,
est conduit en grande pompe au Palais royal, « édifice spacieux, fort ample et
de grande noblesse ». Le Conseil y dispose des lits et des meubles en 1487,
pour y loger le gouverneur de Champagne.
En avril 1510, Louis XII y séjourne 15 jours. C’est au Palais royal que le 5 juin 1524 les
habitants viennent apprendre les dispositions prises après le grand incendie.
Le 23 juillet 1524, le gouverneur duc de Guise loge au Palais royal, meublé aux
frais de la ville.
Le mystère de la passion y est joué en 1531, devant
François 1er et la reine.
En 1561, les prisons royales sont toujours dans le
sous-sol du Palais royal. Le mardi de pâques 1564, un grand festin y est servi
pour Charles IX, Catherine de Médicis et leur nombreuse suite. C’est le logis
du bailli en 1572. En 1586 pour imposer la terreur 1 potence est dressée devant
le Palais royal.
A la Révolution, les bâtiments du Palais ont été
vendus pour être démolis.
Lors de sa visite en 1805, Napoléon ordonna la
démolition des restes du Palais, pour l’aménagement du port, et l’on s’empresse
de faire disparaître ses derniers vestiges.
Le Beffroy, édifice communal de la ville de Troyes,
a reçu le nom de Château de la Vicomté. C’est dans cet édifice qu’avaient lieu,
non les réunions de l’échevinage, mais bien les assemblées générales des
habitants, convoqués au son de la cloche pour y recevoir les comptes du voyeur,
ceux des Maîtres de la Maladrerie des Deux-Eaux, puis plus tard, ceux des
Maîtres des œuvres, chargés de veiller aux fortifications et d’en diriger la
construction.
Il a disparu dans le grand incendie de 1524. Il
occupait le terrain compris entre l’église Saint-Nicolas et la porte de
Beffroy.
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