Un bâtiment du parc montre qu'une construction existait déjà au XVIe mais la première mention remonte à 1656.
- Château de
Saint-Mesmin :
Dans la France d’Ancien régime, il y avait dans
chaque paroisse un ou plusieurs châteaux. Il ne faut pas se méprendre sur ce
terme de château, lié à la qualité seigneuriale, en général noble, de son
propriétaire, aux droits féodaux qui y étaient attachés, beaucoup plus qu’au
caractère architectural de la construction.
Seuls quelques-uns de ces châteaux étaient de ces
nobles bâtisses de pierre, de grandes et majestueuses dimensions, auxquelles
l’homme du XXe siècle réserve le terme de château.
Anciennement Broli ou Brolium (nom courant qui
signifie bois = Breuil), le village de Saint-Mesmin doit son nom au diacre
Sanctus Memorius qui y est mort martyr en 451.
Le premier seigneur connu de Saint-Mesmin est Dudon
de Saint-Mesmin, en 1145. Seigneur de Fontaine (aujourd’hui Fontaine-les-Grès),
il l’était aussi de Chennegy, qui lui venait de sa mère, de la puissante maison
des Fournier.
Ces seigneuries passèrent à ses descendants. Parmi
tous les chevaliers de Saint-Mesmin, il y a Henri de Saint-Mesmin, dit encore
de Chennegy, qui, en juin et juillet 1218, s’apprêtait à partir pour la
croisade. C’était le fils puiné de Dudon et d’Alix de Marcilly : il est resté
dans l’Histoire, pour ses aumônes successives à la commanderie du Temple de
Payns.
Les fondations du château ne disparurent qu’au XIXe
siècle. De grands fossés l’entouraient, et on y accédait par un pont-levis. Il
était construit sur pilotis (pieux), en pierre de taille, mais la façade
principale (sculptée) était de bois, comme les étages. Au premier, une galerie
extérieure. Le rez-de-chaussée était distribué en une grande salle et une cuisine
« pavée de pierres avec fourneau ». On remarquait des cheminées aux armes
d’Eustache Luillier et de Marie Cœur, qui durent reconstruire le château dès
qu’ils en furent seuls propriétaires, au début du XVIe siècle. Il y avait,
fermés de murailles : un potager, une cave et cellier, un fournil, un
poulailler, un « toit à porcs », des granges, des écuries, une remise pour le
carrosse, des fossés d’eau vive, alimentés par la Seine, un colombier en forme
de tour ronde, couvert de tuiles avec lanterne au milieu, et aussi d’autres
bâtiments, un jardin avec des carrés de légumes, des arbres fruitiers nains de
différentes espèces… La principale dépendance était le moulin sur la
Seine. De dimensions modestes, le
château de Saint-Mesmin ne devait manquer ni de caractère, ni d’élégance.
Le château de Saint-Mesmin n’apparaît vraiment dans
l’Histoire qu’en 1361. C’est par un acte exceptionnel, une précieuse lettre des
foires de Champagne. Du château de Saint-Mesmin, il est dit que c’est une
maison forte entourée de fossés, pourvue d’un colombier et d’une cave.
Le propriétaire suivant fut Gui Le Flamand, un de
ces changeurs d’origine étrangère à la Champagne, Juifs, Cahorsins ou Lombards,
qui venaient faire fortune aux foires en pratiquant le change des monnaies,
change hautement rémunérateur en tous temps et en tous lieux, mais de façon
plus particulière aux Foires de Champagne, où, les marchands venus de toutes
les contrées de l’Europe étaient obligés
de faire appel aux services des changeurs pour régler en espèces sonnantes et
trébuchantes, les marchés fort importants qu’ils concluaient sur la place.
Au XIVe siècle, les Foires de Champagne étaient
certes bien déchues, mais il restait encore à Troyes de nombreux changeurs, et
Gui Le Flamand réussit à faire fortune. Il devint même un des principaux
notables de Troyes. Il était conseiller de ville en 1358 et encore en 1367. Le
Flamand (en fait Gui du Poule, dit Le Flamand) n’était à l’origine qu’un
surnom. Il demeurait à Troyes, au cœur même du Bourg Neuf, dans la rue de ce
nom (aujourd’hui, du Palais de Justice), et était toujours qualifié de «
changeur et bourgeois de Troyes », en 1373. Il ne peut être considéré « noble
», n’étant pas un « gentilhomme », ne vivant pas du métier des armes. Gui Le
Flamand n’ayant pas d’enfants, Saint-Mesmin passa en d’autres mains.
Au début du XVe siècle, Saint-Mesmin appartenait à
Pierre de la Garmoise. Son fils François, mourut sans enfants en 1450, et
Saint-Mesmin passa à sa sœur Catherine, mariée à Jacquinot Phelippe, bourgeois
de Troyes, puis à leur fils Jacques Phelippe. Ce dernier étant mort sans
enfant, Saint-Mesmin passa aux Luillier (les enfants de Catherine qui s’était
mariée avec Arnaud Luillier trésorier de Carcassonne), jusqu’à la fin du XVIIe
siècle.
Les Luillier avaient d’autres possessions en
Champagne. Au XVIe siècle, ils possédaient Villebertin (château de Maisons
Blanches). Ayant perdu leurs grandes charges, les Luillier du XVIIe siècle résidaient
à Saint-Mesmin.
En 1646, le domaine passe au frère cadet de Charles
II, Pierre Luillier, seigneur de Courlange, qui décède en 1649. Son fils
Charles III lui succède, mais décède en 1652, sans enfants, et sa sœur Edmée
Claude reste seule propriétaire de la seigneurie de Saint-Mesmin.
Jusqu’à la Révolution, les propriétaires de
Saint-Mesmin représentent assez bien l’évolution de la société : petite
noblesse de chevaliers jusqu’au milieu du XIVe siècle, hauts fonctionnaires
royaux de XVe au XVIIe, noblesse de cour au XVIIIe. C’est aussi vrai pour le
XIXe siècle, quand Saint-Mesmin appartint à une bourgeoisie nouvelle, issue de
la Révolution, d’aubergistes enrichis par le négoce et surtout l’achat de biens
nationaux.
Voir : Saint Mesmin
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