Le château construit XIXe siècle se situe non loin de l’emplacement de l’ancien château des évêques de Langres détruit après la Révolution.
A l’entrée du domaine, se trouve la maison du chanoine édifiée au
XVIe siècle.
En 1160, Robert de Mussy et l’évêque de Langres sont seigneurs de Mussy-sur-Seine.
Le château des évêques de Langres est bâti sur le
domaine, en 1232. La demeure féodale est endommagée lors de la Guerre de Cent
Ans et à partir du XVe siècle et jusqu’à la Révolution, les terres de Mussy
appartiennent pleinement aux évêques de Langres.
En 1617, le château est ravagé par un incendie. Il
est entièrement reconstruit puis embellit et agrandit par les évêques
successifs.
L’évêque César-Guillaume de la Luzerne réalise, vers
1771, d’importants travaux de rénovation et de modernisation. La Révolution
venue, Mgr de Luzerne est élu député aux États généraux. Il préside la
Constituante en aout 1789, mais refuse le serment du Clergé à la Constitution.
Il doit émigrer en urgence. Son domaine et ses biens sont mis en vente en 1791
et le château est en partie démolie. Une partie du bâtiment principal subsiste
et est occupée par l’actuel hôtel de ville.
Le château de
Mussy
C’est en 1876 que l’ancêtre des propriétaires
actuels, Madame Laure Moysen, veuve de Charles Moysen de la Laurencie,
conseiller général de l’Aube et maire de Mussy (1851-1868), fait construire
cette maison.
Madame Moysen de la Laurencie confie cette tâche à un architecte parisien de renom : Clément Parent, qui a notamment construit le château de Bonnelles dans les Yvelines pour le duc d’Uzès et restauré l’hôtel particulier parisien du duc de Castries. Le projet prend place dans l’ancien parc du château des évêques de Langres. Clément Parent s’inspire de l’architecture de la maison des chanoines typiquement Renaissance (fenêtres à accolades et à meneaux) située à l’entrée du parc juste à gauche de la grille. Cette maison des chanoines est, en effet, la seule qui subsiste en l’état des treize maisons de chanoines enserrant la collégiale.
Madame Moysen souhaite un château aux lignes simples
mais qui s’inspirent de celles de la place de Charleville-Mézières, où elle est
née et a habité (son grand-père Joseph Auguste Desrousseaux, était député des
Ardennes (1815-1830), son père Louis-Philippe Desrousseaux de Medrano,
industriel, est un des administrateurs de Saint-Gobain). Ainsi, elle fait le
choix de façades en briques avec des encadrements de fenêtres en accolades et
en pierres, reproduisant partiellement le style Louis XIII.
Madame Moysen fait aussi dessiner un parc à
l’anglaise, tout en courbes, très à la mode à l’époque. Le parc comprend les
anciens potagers des évêques, il est traversé par la Seine et un petit canal de
dérivation comprenant un ancien lavoir. De la grille, on peut entrevoir deux
anciennes tours de fortifications moyenâgeuses de Mussy, dont une a été
transformée en pigeonnier ; et sur la droite les communs dont une partie
ancienne est du XVIIème siècle et une autre a été construite en 1843.
Le 20 août 1866, sa fille, Louise Marie Moysen de La
Laurencie épouse Paul René Petit de Bantel, fils du préfet de l’Aube,
Francisque Petit de Bantel décédé en 1853 et neveu du comte Mollien, pair de
France, et ancien ministre du Trésor Public de Napoléon Ier.
Enfin, Madame Moysen fait relier par une passerelle
métallique (malheureusement détruite en 1939-1945) et enjambant la Seine, sa
propriété à celle de son gendre Paul-René de Bantel, sa fille et ses
petits-enfants. A sa mort en 1890, la propriété revient à Joseph Petit de
Bantel qui a épousé Delphine Martin du Nord, petite fille du comte Nicolas
Martin du Nord (Député du Nord 1830-1847, ministre de 1836 à 1847, grand-croix
de la Légion d’honneur). La propriété appartient toujours à la même famille.
Propriété privée
Mussy-sur-Seine fin du XVIIIe siècle
L’abbé J-B. Vannier, alors curé de Mussy-sur-Seine,
a consigné sur le registre des baptêmes, mariages et sépultures, quelques faits
qui ont retenu son attention de 1778 à 1791.
Mussy-sur-Seine, s’appelait alors Mussy-l’Evêque, et
appartenait au diocèse de Langres. En effet, le château était celui des Evêques de Langres.
L’évêque-duc de Langres était aussi châtelain de Mussy. Le château leur servait
de résidence d’été et était au pied d’une montagne nommée Le Tertre.
L’abbé Jean-Baptiste Vannier était né à Chaumont le
8 mars 1738. Prêtre en 1762, il est vicaire à Saint-Pierre de Langres, prieur
de Saint-Hilaire de Fouissay en Vendée, curé de Blumerey et vice-doyen de
Bar-sur-Seine, de 1765 à 1778. Ayant refusé en 1791 le serment à la
Constitution civile du clergé, il est remplacé en juillet, émigre et ne revient
qu’après la Terreur à Mussy où il est accusé de fanatisme et de tentative pour
ramener les prêtres jureurs à rétracter leur serment.
Notes du curé Vannier :
« En décembre 1778 et janvier 1779, la coqueluche et le dévoiement survenu après la rougeole qui a beaucoup régné pendant ces 2 mois, ont emporté beaucoup d’enfants : 26 décès, 9 garçons et 17 filles, d’un âge allant de 7 semaines à 10 ans. Pendant les mois de novembre et décembre 1779, il a régné une dysenterie qui a enlevé 5 hommes et 5 femmes.
Le 15 mai 1782, entre 4 et 5 heures du soir, un orage de grêle chassée par un vent impétueux de nord-ouest et grosse comme des noix et noisettes, dura un quart d’heure et demi, suivi d’une pluie abondante, qui ravagea le finage de Mussy. Les maisons ont été très maltraitées. Les torrents qui coulaient dans chaque vallée étaient chacun plus abondant que ne l’est ordinairement la Seine. Presque toute la terre des vignes, presque tous les paisseaux (échalas, bois pour soutenir les ceps de vigne) furent entraînés dans la rivière, les plants de vignes furent presque tous déracinés, des quantités énormes de pierres descendues des montagnes couvrirent le fond des vallées, surtout le vignoble où il ne resta pas, dans le fond, le moindre vestige de vignes. L’eau qui descendait du tertre renversa 10 toises (1 toise = 1,949 mètres) de mur du verger de Mgr l’Evêque, qui est au bas. Des masses énormes de pierres tombèrent dans le chemin entre Mussy et Plaines sur le bord de la rivière et le fermèrent entièrement. Plusieurs personnes qui étaient dans la campagne furent blessées de la grêle et plus ou moins entraînées par les torrents. Celui du Grand Puits entraîna un vigneron et sa fille de Plaines jusque dans le pré entre le chemin de Gomméville et la rivière et on les trouva morts le lendemain, arrêtés par des saules. Les seigles qui tous étaient épiés furent entièrement détruits. Les blés, orge et avoine n’étant alors qu’en herbe ne souffrirent pas autant qu’on l’aurait cru. Les vignes qui partout ailleurs produisirent abondamment de fort mauvais vin ne donnèrent ici, pas la dixième partie de l’année précédente. Les fenêtres exposées au vent furent toutes brisées, excepté les grands carreaux de verre de Bohême du château qui résistèrent tous. Il ne resta rien dans les jardins. Les pauvres seraient morts de faim si, pendant l’hiver suivant, monseigneur César-Guillaume de la Luzerne, évêque duc de Langres, n’eût fait travailler les pères et les enfants par charité à différents ouvrages, surtout à aplanir le terrain alors très scabreux de la promenade qu’il avait fait planter en 1771 le long des fossés de la ville en dehors, depuis la Porte Royale jusqu’au bout des jardins du château. Il y employa au moins 3.000 livres. 1783 : l’hiver de cette année a été très doux, il n’a presque pas gelé et il n’a neigé qu’une seule fois, au commencement du carême. Les pluies ont été continuelles depuis le mois d’octobre de l’année précédente jusqu’à la mi-juin de celle-ci. Après quoi il a fait un temps sec et fort chaud… La sécheresse a duré jusqu’au mois de décembre et presque tous les puits ont été taris. La récolte de vin a été fort abondante, le pineau surtout a donné plus que jamais. Malheureusement on a vendangé trop tôt (le 20 septembre) le raisin n’était pas assez mûr et les vins sont verts.
Le 28 décembre, il a plu fortement jusqu’à 8 heures du soir. Une heure après, la terre était fortement gelée et il a fait extrêmement froid les 4 jours suivants. On craint que cette gelée trop subite et très forte n’ait fait du tort aux blés. Le dimanche 7 décembre de cette même année, Mgr César-Guillaume de La Luzerne, évêque de Langres, accompagné de Dom Louis Marie Rocourt, abbé de Valcroix en Angleterre et coadjuteur de l’abbé de Clairvaux, et du curé de cette paroisse, a donné dans cette église la bénédiction abbatiale à Dom marie-Emmanuel Grillot de Prédelys, religieux profès, ci-devant secrétaire de Dom de Blois, abbé de Clairvaux, ledit Dom grillot pourvu par le Pape de l’abbaye de Cowper du diocèse de Saint-André en Ecosse. Fin décembre 1784, personne ne se souvient d’avoir vu autant de neige qu’il en est tombé cette année. Elle commença le 17 janvier. Il en tomba abondamment 6 jours de suite ainsi qu’à différentes fois pendant le cours de février. On ne vit à ce moment, aucun chemin de traverse de village à autre et les grandes routes furent, à différentes fois impraticables pendant plusieurs jours. Cette neige commença à fondre la nuit du 28 au 29 février.
Le
dimanche 15 janvier 1786, Monseigneur César-Guillaume de La Luzerne, évêque-duc
de Langres, pair de France, assisté de Mgr Jacques-Joseph-François de Vogué,
évêque de Dijon et de Mgr Anne-Antoine-Jules de Clermont-Tonnerre, évêque et
comte de Châlons-sur-Marne, aussi pair de France, a sacré en cette église Mgr
Gabriel Cortois de Pressigny, évêque de Saint-Malo, vicaire général de Langres.
A cette occasion, le seigneur évêque de Langres a donné à cette église les 5
grandes pièces de tapisseries représentant les Mystères de la Sainte-Vierge qui
étaient au chœur de cette église. Elles furent confisquées pendant la Révolution
et disparues depuis ».
Le 20 août 1768 nait au château de Mussy celle qui devait être la comtesse de Beaumont. Son père, Armand-Marc de Montmorin de Saint-Hérem, était gouverneur pour le compte de son oncle Gilbert de Montmorin de Saint-Hérem, 99ème évêque de Langres (1734-1770). Marie, Michèle, Frédérique, Ulrique, Pauline de Montmorin de Saint-Hérem, passe sa jeunesse, tant au château de Mussy qu’au château de Versailles, où son père, d’abord ambassadeur en Espagne devient en 1787 ministre des Affaires étrangères. Elle épouse Christophe de Beaumont, né en décembre 1770, sans instruction et sans esprit, caractère faible et violent. Pauline, qui était pleine d’intelligence et de délicatesse se sépare de son époux au bout de quelques mois.
La Révolution
survient. Tombé du ministère, Montmorin, emprisonné à l’Abbaye, y est massacré
le 2 septembre 1792, avec d’effroyables raffinements de torture, sa femme et
son second fils furent guillotinés le 16 mai 1794. Seule au monde, sa fortune
confisquée, Pauline de Beaumont qui avait pu échapper au carnage, se réfugia en
1801, et rencontra celui qui devait être « son consolateur et son dieu »,
Châteaubriand, alors à l’aurore de sa gloire, à qui elle inspira son « Génie du
Christianisme ». Madame de Beaumont alla rejoindre Chateaubriand dans son
ambassade à Rome. Elle y mourut le 4 novembre 1803. Désespéré, l’illustre écrivain
fit élever à son amie un tombeau que l’on peut admirer dans l’église
Saint-Louis des Français de Rome.
L’église de Mussy est l’une des plus grandes et des
plus belles du diocèse. Elle est remplie d’œuvres d’art, dont le tombeau du
chevalier Henri Quailloz, mort en 1338, et de sa femme Jehannette. Leurs
figures grandeur nature, gisent côte à côte dans l’attitude traditionnelle. Il
faut signaler aussi le Saint Jean-Baptiste des fonds baptismaux, le curieux «
Saint Pierre » en pape, l’effigie du « chanoine Bréjard » (1504) et la « Pieté
» du XVIe siècle.
Le célèbre Edmond de Goncourt est venu revoir en
1871, sa « descente de croix », dessinée avec son frère.
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