Le donateur du vitrail se trouve en bas, présenté
par saint Henri de Bamberg* et saint Pierre. La scène qui lui fait face est
assez rare dans le vitrail de cette époque : il s’agit de la lactation de
saint Bernard de Clairvaux.
Cette verrière, déposée de l’église de
Laines-aux-bois depuis l’effondrement de la nef en 1910, est un condensé du savoir-faire
des ateliers troyens de peinture sur verre autour de 1500. Le goût pour les
teintes vives et contrastées se retrouve dans le fond bleu sur lequel se
détachent les vêtements richement colorées. La peinture, délicat et réaliste
est influencée par les courants venus du Nord : rides, verrues, doubles mentons…
les visages sont peints sans idéalisation tandis qu’une grande attention est
portée à la richesse des étoffes, des bijoux, des coiffes extravagantes et autres
accessoires orfévrés.
Le thème de l’Arbre de Jessé est repris sur les
verrières auboises à plus de 40 reprises. Le remploi d’un même carton a permis
cette multiplication de l’image même si, à chaque fois, des modifications sont apportées
pour s’adapter à la forme de la fenêtre ou à la demande du commanditaire. La figue
de David par exemple, ici juvénile et imberbe ne se retrouve nulle part
ailleurs.
La présentation de cette verrière de pleine couleur
en regarde de celles de Provins peinte à la grisaille, illustre les deux
grandes tendances de la peinture sur verre en Champagne pendant le « beaux
XVIe siècle ». A voir à la Cité du vitrail de Troyes.
* SAINT HENRI II, EMPEREUR
(Source : Vatican)
On ne peut pas comprendre à fond sa vie en faisant abstraction de sa solide formation chrétienne reçue depuis sa tendre enfance . Fils du duc de Bavière, Henri naît à Bamberg en 973 et grandit dans un milieu profondément chrétien. Il est éduqué par les chanoines de Hildesheim, puis à Ratisbonne, par l’évêque Saint Wolfgang. Il succède à son père, puis à son cousin Othon III en devenant en 1002 roi de Germanie, et deux ans plus tard aussi d’Italie, alors que son frère Bruno renonce à la vie de cour pour devenir évêque d’Augusta; une de ses sœurs se fait moniale alors qu’une autre épouse celui qui deviendra saint Etienne de Hongrie. En 1014 le pontife Benoît VIII consacre Henri empereur du Saint Empire Romain.
Son rapport à la réforme morale qui naît de l’abbaye
de Cluny est important. Une réforme qui n’impliqua pas seulement la vie
monastique, mais concerna toute l’Eglise en l’aidant à combattre la simonie,
c’est-à-dire l’acquisition des charges religieuses moyennant rémunération, et à
redonner au célibat des prêtres un élément central. Parmi les conseillers
d’Henri II il y eut justement saint Odilon, abbé de Cluny, dont le monarque
soutint la réforme. En 1022, Henri préside ensemble avec le pontife le Concile
de Pavie qui émane 7 canons contre le concubinat des prêtres et pour la défense
de l’intégrité des patrimoines ecclésiastiques. Il restaure aussi des sièges
épiscopaux, fonde le diocèse de Bamberg et y fait édifier la cathédrale où,
ensemble avec sa femme, il est enterré. Son intérêt pour les aspects
liturgiques-ecclésiaux se retrouve aussi dans ses sollicitations à introduire
la récitation du Credo dans la messe dominicale.
Henri est aussi un gouvernant mû par des choix
politiques. Avant tout, il se préoccupe de la politique intérieure du royaume
en combattant divers seigneurs rebelles. Il s’allie, ensuite, avec les tribus
slaves païennes pour combattre contre le duc Boleslas qui visait le trône de
Pologne, mais en fin de compte il doit reconnaître l’indépendance de la
Pologne. Cette affaire, lui vaut, cette fois, diverses critiques pour s’être
allié avec des populations non chrétiennes. En Italie, il y combat Arduin
d’Ivrée, que les Italiens avaient élu comme roi, et pour combattre contre les
byzantins, dans les Pouilles.
Un des aspects qui frappent le plus dans sa vie fut
son profonde amour pour sa femme, sainte Cunégonde. Ils n’eurent pas d’enfants.
Certains pensèrent que ce fut pour les deux époux la conséquence d’ un vœu de
chasteté, d’autres, au contraire, crurent que la cause en était la stérilité,
comme l’écrivait le contemporaine Rudolph le Glabre, un des meilleurs
chronistes du Moyen Age. Contrairement à ce qui arrivait souvent dans le Haut
Moyen Age dans des cas semblables, Henri refusa de répudier Cunégonde en
faisant un choix qui contribuait à sa renommée de sainteté et qui, probablement
avait ses racines aussi dans les comportements de ses prédécesseurs: les Othon
observèrent toujours une stricte monogamie; ils n’eurent pas d’enfants
illégitimes, ni ne firent des répudiations. Un choix qui témoigne sans doute un
profond respect pour le Sacrement du mariage et aussi un profond amour pour sa
femme. Henri II est canonisé en 1146 par le pape Eugène II.
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