Cette verrière monumentale est présentée dans son ensemble
pour la premières fois depuis sa dépose en 1975. L’état sanitaire de l’église Sainte-Croix
– dont elle provient – fut alors jugé suffisamment critique pour que sa fermeture
au public soit prononcée. Elle est visible à la Cité du vitrail de Troyes.
De nouveaux travaux ont été lancés en 2021 et l’on peut
espérer que les vitraux retrouvent leur place dans un avenir proche.
L’iconographie de cette verrière tourne autour de la
Passion du Christ, soit le récit de son arrestation jusqu’à sa mort sur la
Croix.
On reconnait à gauche la Prière du jardin des
oliviers (« Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! »),
au centre et à droite la Comparution du Christ devant Pilate dans le prétoire. Pour
cette scène, le peintre verrier s’est inspiré d’une gravure de Lucas van Leyden
(Pays-Bas, 1494-1533).
Au sommet, la scène du baiser de Judas introduit le récit. Ce panneau, comme celui de la dernière Cène du Christ juste dessous est coloré dans la masse, contrairement au reste de la verrière, pente en grisaille et jaune d’argent sur des verres clairs. Cette cohabitation est le résultat d’un probable remaniement des verrières au XIXe siècle, au cours duquel – pour conserver la majeure partie des panneaux anciens – des verrières entières ont été recomposées à partir d’éléments éparts. On reconnait aussi un panneau entièrement de « macédoine » au centre.
La très belle peinture des scènes en grisaille avec des rehauts de rouge pour les traces de sang sur le corps du Christ est un témoignage du savoir-faire des peintres évoluant entre Champagne, Bourgogne et Ile de France au début du XVIe siècle.
Françoise Perrot, directeur de recherche (h) au
CNRS, offre au tout nouveau groupe
d’étude du Provins religieux oublié cette note archéologique consacrée au
vitrail « de l’Ecce Homo », actuellement présenté à la Cité du Vitrail de
Troyes sous l’appellation de « verrière de la Passion ».
La verrière de l’Ecce Homo est une des quatre
verrières de Sainte-Croix où ont été regroupés, probablement au cours de la
restauration de 1886-1887, des éléments d’époques différentes.
Deux scènes de la Passion sont aisément
identifiables dans les trois grandes lancettes.
À gauche, le Christ au jardin des oliviers : trois
apôtres sont endormis dans le panneau inférieur tandis que, dans les deux
suivants, le Christ est agenouillé, en prière, tout son être tendu vers le
calice posé sur un tertre herbu, symbole du supplice imminent.
Dans les deux lancettes suivantes se déploie l’Ecce
Homo : à droite, le Christ couronné d’épines et portant les traces de la
flagellation est présenté par le grand prêtre ( ?) à un groupe d’hommes debout
dans les deux registres inférieurs de la lancette centrale. La scène se passe
devant le prétoire, suggéré par les architectures de l’arrière-plan. La
réminiscence d’une gravure de Lucas de Leyde est perceptible dans la
représentation du groupe de spectateurs.
Ces éléments sont peints à la grisaille rehaussée de
jaune d’argent et de sanguine sur des verres blancs, avec quelques pièces de
verre bleu-gris léger de la nue au-dessus du jardin des oliviers.
L’iconographie, tout comme le traitement pictural, rattache cette verrière à
celle du Calvaire. Il existait donc un programme autour de la Passion du Christ
au milieu du XVIe siècle.
Ce thème avait déjà fait l’objet d’un cycle
antérieur dont témoignent les restes de deux scènes réutilisées dans cette
baie.
Au sommet de la lancette centrale, la partie
supérieure de la Cène se laisse deviner par le regroupement des apôtres autour
du Christ, sur la poitrine duquel repose la tête de Jean.
Dans l’ajour ovale du tympan, c’est le Baiser de
Judas, traité comme une scène nocturne éclairée par la torche rouge tenue par
un des soldats et par la lanterne que lève un assistant.
Les anges qui s’agitent dans les ajours latéraux se
rattachent au Jugement dernier en partie conservé dans d’autres baies.
Ces fragments renvoient à un cycle de
représentations traitées dans une gamme de couleurs assez denses, avec des
personnages de proportions menues, correspondant à la production champenoise
courante dans le premier quart du XVIe siècle.
Le panneau situé au-dessus des assistants de l’Ecce
Homo se compose de pièces d’origines et de dates très variées. Il témoigne à la
fois des avatars subis par les vitraux et du désir de leur conservation.
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