jeudi 9 mai 2024

Vitrail de la Passion

 

détail Verrière de la Passion - Le baiser de Judas
Eglise Saint Croix de Provins (77)
Verre et plomb, peinture à la grisaille, sanguine et jaune d’argent

 

Cette verrière monumentale est présentée dans son ensemble pour la premières fois depuis sa dépose en 1975. L’état sanitaire de l’église Sainte-Croix – dont elle provient – fut alors jugé suffisamment critique pour que sa fermeture au public soit prononcée. Elle est visible à la Cité du vitrail de Troyes.

De nouveaux travaux ont été lancés en 2021 et l’on peut espérer que les vitraux retrouvent leur place dans un avenir proche.

L’iconographie de cette verrière tourne autour de la Passion du Christ, soit le récit de son arrestation jusqu’à sa mort sur la Croix.

On reconnait à gauche la Prière du jardin des oliviers (« Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! »), au centre et à droite la Comparution du Christ devant Pilate dans le prétoire. Pour cette scène, le peintre verrier s’est inspiré d’une gravure de Lucas van Leyden (Pays-Bas, 1494-1533).

Au sommet, la scène du baiser de Judas introduit le récit. Ce panneau, comme celui de la dernière Cène du Christ juste dessous est coloré dans la masse, contrairement au reste de la verrière, pente en grisaille et jaune d’argent sur des verres clairs. Cette cohabitation est le résultat d’un probable remaniement des verrières au XIXe siècle, au cours duquel – pour conserver la majeure partie des panneaux anciens – des verrières entières ont été recomposées à partir d’éléments éparts. On reconnait aussi un panneau entièrement de « macédoine » au centre.

Verrière de la Passion - Cité du vitrail Troyes

La très belle peinture des scènes en grisaille avec des rehauts de rouge pour les traces de sang sur le corps du Christ est un témoignage du savoir-faire des peintres évoluant entre Champagne,  Bourgogne et Ile de France au début du XVIe siècle.

Françoise Perrot, directeur de recherche (h) au CNRS,  offre au tout nouveau groupe d’étude du Provins religieux oublié cette note archéologique consacrée au vitrail « de l’Ecce Homo », actuellement présenté à la Cité du Vitrail de Troyes sous l’appellation de « verrière de la Passion ».

La verrière de l’Ecce Homo est une des quatre verrières de Sainte-Croix où ont été regroupés, probablement au cours de la restauration de 1886-1887, des éléments d’époques différentes.

Deux scènes de la Passion sont aisément identifiables dans les trois grandes lancettes.

À gauche, le Christ au jardin des oliviers : trois apôtres sont endormis dans le panneau inférieur tandis que, dans les deux suivants, le Christ est agenouillé, en prière, tout son être tendu vers le calice posé sur un tertre herbu, symbole du supplice imminent.

Dans les deux lancettes suivantes se déploie l’Ecce Homo : à droite, le Christ couronné d’épines et portant les traces de la flagellation est présenté par le grand prêtre ( ?) à un groupe d’hommes debout dans les deux registres inférieurs de la lancette centrale. La scène se passe devant le prétoire, suggéré par les architectures de l’arrière-plan. La réminiscence d’une gravure de Lucas de Leyde est perceptible dans la représentation du groupe de spectateurs.

Ces éléments sont peints à la grisaille rehaussée de jaune d’argent et de sanguine sur des verres blancs, avec quelques pièces de verre bleu-gris léger de la nue au-dessus du jardin des oliviers. L’iconographie, tout comme le traitement pictural, rattache cette verrière à celle du Calvaire. Il existait donc un programme autour de la Passion du Christ au milieu du XVIe siècle.

Ce thème avait déjà fait l’objet d’un cycle antérieur dont témoignent les restes de deux scènes réutilisées dans cette baie.

Au sommet de la lancette centrale, la partie supérieure de la Cène se laisse deviner par le regroupement des apôtres autour du Christ, sur la poitrine duquel repose la tête de Jean.

Dans l’ajour ovale du tympan, c’est le Baiser de Judas, traité comme une scène nocturne éclairée par la torche rouge tenue par un des soldats et par la lanterne que lève un assistant.

Les anges qui s’agitent dans les ajours latéraux se rattachent au Jugement dernier en partie conservé dans d’autres baies.

Ces fragments renvoient à un cycle de représentations traitées dans une gamme de couleurs assez denses, avec des personnages de proportions menues, correspondant à la production champenoise courante dans le premier quart du XVIe siècle.

Le panneau situé au-dessus des assistants de l’Ecce Homo se compose de pièces d’origines et de dates très variées. Il témoigne à la fois des avatars subis par les vitraux et du désir de leur conservation.


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