On
lit, dans l’église de Saint-Louis-des-Français, à Rome, 3 épitaphes qui
rappellent le souvenir d’autant de personnages originaires du diocèse de
Troyes.
1ère Epitaphe
Jean
Milet, français, originaire de Troyes, est devenu citoyen romain par un séjour
prolongé dans la Ville-Eternelle, après y avoir exercé, pendant toute sa vie,
les fonctions de maître de la signature des brefs apostoliques. Il décède en
1577, à l’âge de 62 ans.
2ème Epitaphe
Daniel
Hannier, également aubois, originaire de Dosnon en notre diocèse, qui acquit le
titre de citoyen romain, en remplissant à Rome, l’emploi de scribe des brefs
apostoliques. Il décède en mai 1577, âgé de 59 ans.
Cette communauté d’origine, cette similitude de
fonctions, expliquent les « relations amicales et intimes qui ont existé
entre ces deux diocésains ».
Jean Milet est le protecteur de Daniel Hannier,
ayant sur son compatriote, la supériorité de l’âge et celle de la position
qu’il occupe.
Ils décèdent tous les deux, la même
année. Jean Millet a deux fils, Augustin et Alexandre. Lors de son décès,
Hannier teste en faveur d’Augustin qu’il a adopté. C’est ce dernier qui
consacre, dans l’église de Saint-Louis-des-Français, un souvenir de
reconnaissance à l’ami de son père dont il a été constitué l’héritier, par une
épitaphe qui relate ses titres de citoyen romain et de scribe des brefs
apostoliques. La qualification de : Viro officii ac fidei pleni, qui
précède l’indication de ses bienfaits, constate simplement sa constance dans
l’amitié et le penchant naturel de son cœur toujours disposé à rendre des services.
Jean
Milet appartient à une très ancienne famille, dont les membres exerçaient, à
Troyes, depuis de longues années, la charge de notaires. Un de ses
ancêtres, joua un certain rôle pendant la domination des Anglais en France. Il
était notaire et secrétaire d’Henri VI, roi d’Angleterre, et du duc de Bedford,
régent du royaume. De plus, il remplissait les fonctions de secrétaire auprès
de la haute commission gouvernementale de la Champagne, dont il était membre.
Jean Millet né à Troyes en 1514, arrive fort jeune
à Rome, puisqu’il remplit toute sa vie les fonctions de maître de la signature
des brefs apostoliques. Cet emploi a beaucoup d’analogie avec la charge de
notaire. C’est Clément VII (1523-1534) qui le lui a conféré. Par
conséquent, le titulaire a tout au plus 20 ans, à l’époque de la mort de son
illustre protecteur.
Des événements politiques ont peut-être forcé le
père de Jean Millet à s’expatrier, en raison du rôle compromettant et peu
honorable pour sa famille, qu’avait joué à Troyes, un de ses ancêtres. Il
aurait emmené, dans son voyage, avec son fils, le jeune Daniel Hannier,
qui lui était étroitement uni par les liens d’une amitié d’enfance. Ce dernier,
au moment du départ de notre ville, était attaché à l’étude du père.
3ème Epitaphe
Jacques
Vignier, fils de J. Viguier, Marquis des Riceys, Comte de La-Chapelle-Gonthier,
Baron de Juilly, Villemaur et Saint-Liébault, Seigneur de Chennegy, Maître des
requêtes, Conseiller d’Etat et privé, Intendant des finances, et Président aux
Etats de Bourgogne, et de Marie de Mesgrigny, fille d’Eustache de
Mesgrigny de Villebertin. Jeune, il a été pourvu des prieurés de
Saint-Martin-des-Champs et de Notre-Dame-d’Argenteuil.
Il a à peine 20 ans, lorsqu’il est désigné pour
occuper le siège épiscopal de Troyes, en remplacement de Mgr René de Breslay,
démissionnaire en 1621. Après sa nomination, le nouveau prélat se rend à Rome,
afin d’obtenir lui-même ses bulles, en attendant qu’il ait atteint l’âge
canoniquement requis pour recevoir l’ordre de prêtrise et la consécration
épiscopale.
Pendant ce voyage, la Sorbonne le proclame Docteur
en théologie. Ce titre n’a jamais été accordé à aucun absent, ni à personne
aussi jeune que lui. La Faculté, en le lui conférant, a eu égard à ses talents
extraordinaires.
Il a soutenu et expliqué, en quatre exercices
publics, tous les mystères de la théologie, « avec une érudition
merveilleuse et au-dessus de son âge ». Par son savoir prodigieux,
« il a excité l‘étonnement, comme l’admiration, de la France entière, à un
tel point, qu’on le comparait à Jean Pic de la Mirandole ».
Marie de Mesgrigny, sa mère, établit à Troyes (14
septembre 1620), avec l’aide du cardinal de Bérulles, une communauté de
carmélites, qu’elle reçut dans la maison paternelle d’Eustache de Mesgrigny de
Villebertin. Jacques désirait vivement assister à la canonisation de
sainte Thérèse, fondatrice de cet ordre religieux. Il eut cette
satisfaction pendant son séjour à Rome.
En
effet, le 12 mars 1622, le pape Grégoire XV, à la sollicitation du
Sacré-Collège, des rois de France et d’Espagne, et des généraux des différents
ordres, canonisa, dans une seule solennité, 5 illustres personnages,
recommandables par leurs vertus et la sainteté de leur vie : saint Isidore
l’agriculteur, saint Philippe de Néri, florentin, fondateur de la congrégation
de l’Oratoire, saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus,
saint François-Xavier, associé de saint Ignace, pour la fondation de
la Compagnie de Jésus, et sainte Thérèse, fondatrice de l’ordre des Carmes-Déchaux.
Cette solennité, dont Jacques Vignier fut témoin, se fit avec la plus grande
pompe. Annoncée et préparée longtemps à l’avance, elle attira à Rome une
foule considérable d’étrangers, avec beaucoup de Français.
Six semaines après son arrivée à Rome, et 16 jours
après la canonisation de sainte Thérèse, Jacques Vignier, atteint d’une maladie
mortelle, succombe le lundi de Pâques 28 mars 1622, à l’âge de 22 ans. Son
corps est inhumé dans l’église de Saint-Louis-des-Français.
A l’intérieur des fresques représentant l’Apothéose
de Saint-Louis et de Saint-Denis ainsi que des histoires de la vie de Clovis et
des Francs.
Elle est formée de trois nefs avec cinq chapelles de
chaque côté, une décoration baroque d’un foisonnement de marbres, dorures et
sculptures.
Les chapelles sont dédiées à saint Denis, sainte
Cécile, Jeanne de Valois, Saint Louis, Saint-Sébastien, à l’Immaculée
Conception et à la confrérie des Lorrains. La toile du maitre-utel est une
Ascension de la vierge de Francesco Bassano.
Dans la chapelle Sainte Cécile, des fresques du
bolonais Dominiquin représente des passages de l’histoire de Sainte-Cécile
(1616-1617), et sur l’autel est exposé une copie de la Sainte Cécile de Raphaël
réalisée par Guido Reni.
C’est dans la cinquième chapelle de gauche, la
chapelle Contarelli, que se trouvent trois chefs-d’œuvre de Caravage: Le
Martyre de saint Matthieu (1601), Saint Matthieu et l’ange (1602) et la
Vocation de saint Matthieu (1601).
Une fresque au plafond de cette chapelle, la
Résurrection de la fille d’un roi, représente un autre épisode de la vie de
saint Matthieu, réalisée par le Cavalier d’Arpin, ancien maître de Caravage.
La quatrième chapelle côté sud est consacrée à
Clovis et à sa conversion au catholicisme avec son baptême à Reims par Saint
Rémi en 496, qui fit de lui le premier roi chrétien de France. Les œuvres de la
chapelle datent du XVIe siècle. Au-dessus de l’autel, le tableau où Clovis
détruit les idoles est de Jacopino del Conte. A droite, le baptême de Clovis
est de Sermoneta, peintre de l’école de Raphaël. Sur la voûte sont présentés
des épisodes narrés par Grégoire de Tours comme la prise de Soissons, le vase
de Soissons et la bataille de Tolbiac.
La chapelle baroque dédiée à Saint-Louis est l’œuvre
de Plautilla Bricci, une femme peintre, sculpteur et architecte, qui y
travailla entre 1644 et 1680. A gauche, Catherine des Médicis présente à Saint
Louis le plan de l’église de Nicola Pinson et à droite saint Louis apporte à
Paris la couronne d’épines de Luigi Giminiani.
L’église conserve aussi plusieurs tombes, comme celle
Pauline de Beaumont construite par son amant François-René de Chateaubriand, ou
encore un monument dédié au peintre du XVIIe siècle Claude Lorrain, ainsi que
la tombe du cardinal François Joachin de Bernis, qui était ambassadeur des rois
de France (Louis XV et Louis XVI). Un monument aux morts est consacrés aux
français ayant péri à Rome lors du siège de 1849.
En contre-façade, le très bel orgue fut construit par Joseph Merklin en 1881.
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