Jean Léguisé Évêque de
Troyes, signe les Statuts Synodaux de Jean Colet avec Odar Hennequin.
Il s’agit d’un ouvrage
important, daté de 1530, édité chez Jean Lecoq sous l’autorité de l’évêque de
Troyes. C’est une œuvre de Jean Colet, juriste au tribunal épiscopal, natif et
curé de Rumilly-les-Vaudes (de 1465 à 1479), qui rassemble les statuts promulgués par Jean
Bracque (1370-1375), Jean Léguisé* (1426-1450) et Odard
Hennequin (1525-1544), évêques de Troyes.
voir : STATUTS SYNODAUX DE JEAN COLET : ici
Bandeau dans registre inférieur : OVDART . HENNEQVIN
. AVMONIER . DE FRANCOIS . Pr . / EVESQVE . DE . SENLIS . PVIS . DE . TROIES .
MORT . EN . 1544.
Jean Léguisé naît à Troyes et y fait ses études.
En 1426, il
est placé sur le trône épiscopal.
En 1429,
Troyes est "possédé par les Anglo-Bourguignons" qui tiennent
garnison. Le 5 juillet, Jeanne d’Arc, conduisant l’armée française, se présente
devant Troyes qui était forte par ses murailles.
A une lettre du Dauphin lui demandant d’ouvrir ses
portes, la municipalité répond que les défenseurs résisteront jusqu’à la mort. Travaillés
par l’évêque Léguisé, qui les exhorte vivement de se rendre, les éléments
français restés en ville, avec les habitants, obligent la garnison à capituler.
Le roi est
reçu avec les témoignages de la joie la plus parfaite.
Tous les historiens disent que « les événements
qui se passèrent à Troyes du 5 au 12 juillet 1429, décidèrent du sort de la
France ».
L’entrée des troupes royales dans la ville ont un
retentissement considérable : les villes situées sur la route de Reims se
rallient alors au Dauphin.
C’est ainsi que " Troyes fut le triomphe du
Droit et de la Justice. Ce fut la grande revanche du traité sacrilège et
déshonorant livrant la France à l’étranger, qui y avait été signé en 1420, et
que, de toutes les autorités politiques de l’époque, seule la Papauté, seul le
pape Martin V, ne voulut pas reconnaître ".
Jean Léguisé décède à Paris le 3 août 1450, son
corps est amené à Troyes et il est inhumé dans la chapelle du Sauveur de la
cathédrale, avec une inscription sur son tombeau.
Par un testament aujourd’hui perdu, il lègue ses biens
à sa mère Guillemette de la Garmoise, héritage qu’autorise la coutume de
Champagne. Celle-ci avait alors confié certains objets liturgiques à Jacques de
Roffey, lieutenant général du bailli de Troyes « pour et ou nom de Révérend
père en Dieu monseigneur l’évesque de Troyes ».
Mais une charte du 9 janvier 1480 porte un conflit
d’héritage à notre connaissance. Les descendants de la mère de l’évêque,
décédée, souhaitent en effet récupérer les biens transmis au bailliage et
appartenant soi-disant au défunt.
S’engage alors, trente ans après la disparition de
Jean Léguisé, un procès qui va durer huit années. Dans une cédule datée du 25
février 1450 [1451 n. st.] et recopiée dans la présente charte, Jacques de Roffey
confessait avoir reçu de la mère de l’évêque :
« une mictre ensemble les deux lambeaulx servans à
ladite mictre garnye de plusieurs pierres fines et pelles pesant ensemble douze
marcs six onces et demye. Item une crosse ensemble trois bartons dargent fin à
ladite crosse en laquelle y a des pierres et pelles fines pesant ensemble vingt
et quatre marcs une once d’argent. Item deux agneaulx pontificaulx d’argent
dorez où il y a des pelles et des pierres. Item les sandales et les soulers
pontificaulx. Item deux paires de guans esquels a deux esmaulx d’argent dorez
et esmaillez avec la tonaille. Item deux mictres blanches de boucassin ayens
deux pendens. Item une chasuble de lin garnye d’estolle et manipulon. Item une
tunique et dalmatique blanchez. Toutes ces choses dessus dites servans à un
évesque et appartenant à ladite vesve ».
Les héritiers somment Jacques de Roffey de répondre
de cette affaire. Ce dernier affirme avoir gardé les objets liturgiques pour
l’exercice du culte de Louis Raguier, successeur de Jean Léguisé ; ce que Jean
Pinette, procureur de l’évêque, confirme, avançant tous deux que
« lesdites crosses et mictres estoient des biens de
feu maistre Estienne de Givry jadis évesque dudit Troyes prédécesseur immédiat
de feu maistre Jehan Lesguisé ».
Les objets en question sont en effet dédiés au culte
ecclésiastique, certains pouvant même faire partie du trésor de la cathédrale
de Troyes.
Après plusieurs rebondissements, c’est finalement le
Parlement de Paris qui statue en faveur de Louis Raguier, l’évêque pouvant
conserver les objets de la querelle. Mais la famille Léguisé fait appel de
cette décision, considérant qu’ils sont les « vrais héritiers de ladite
Guillemectre et dudit feu maistre Jehan Lesguisé ».
L’affaire est définitivement close en 1488. D’autres
membres de la parentèle Léguisé affirment avoir :
« bonne et vraye amour » pour leur nouvel évêque
Jacques Raguier, successeur de Louis Raguier. Pour cette raison, « ilz ont
donné, cédé, quinté, transporté et délaissé et par ces présentes donnent,
cèdent, quinctent, transportent et délaissent par donacion irrévocable faicte
entre vifz et sans le povoir ou vouloir jamais rappeller en aucune manière ».
L’évêque peut désormais posséder ces biens « pour en faire et disposer comme
des biens meubles appartenant audit évesché ».
Ce procès montre que la frontière entre les domaines
privé et public est ténue. Elle est bien comprise des hommes d’Église et d’État
: Jean Léguisé et sa mère, Louis Raguier et Jacques de Roffey ont conscience
que ces biens appartiennent à l’évêché. Mais pour les Léguisé, cette frontière
est plus floue.
Ironie du sort, Louis Raguier meurt le 19 août 1488,
au moment de la rédaction des deux dernières chartes et de l’entière
renonciation de la famille à hériter. Cette affaire aura donc durée 38 ans, de
1450 à 1488, sur une période de quatre épiscopats.
Le 5 décembre 1980, le conseil municipal donne son
nom à une rue de Troyes.
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