lundi 22 septembre 2025

Champignol-lez-Mondeville - village de l'Aube

 


La commune de Champignol-lez-Mondeville, située à moins de 10 km de l’abbaye de Clairvaux, entretient une histoire étroitement liée aux cisterciens. Mentionnée dès 1121, elle entre dans la mémoire monastique en 1146 lorsque Bernard de Clairvaux y guérit miraculeusement un vieillard, entraînant la transformation d’une simple grange en oratoire. L’année suivante, Mondeville devient paroisse et se dote d’un lieu de culte.

Le village, à 15 km de Bar-sur-Aube et 53 km à l’est de Troyes, connaît une activité humaine dès l’époque gallo-romaine. À la fin du XIe ou au début du XIIe siècle, un domaine existe déjà, appartenant aux seigneurs de Vignory, Jaucourt, Champignol et Mondeville. Ces terres sont cédées aux moines de Clairvaux au milieu du XIIe siècle. Les religieux y cultivent la vigne, dont le vin est vendu sur les foires de Bar-sur-Aube.

Forte de son implantation, l’abbaye établit une maison seigneuriale comprenant quatre granges, des moulins à vent sur les hauteurs, un moulin hydraulique dans la cité, une halle, des pressoirs et une tour-prison destinée à encadrer et contrôler la production.

En 1331, la cité compte déjà 1850 habitants. Outre les vignobles, une vaste forêt alentour fournit le bois nécessaire à la fabrication de cercles et de tonneaux, essentiels aux viticulteurs de la vallée.

En 1810, Champignol-lez-Mondeville est officiellement élevé au rang de bourg et obtient le droit d’organiser deux foires annuelles (1er mars et 15 septembre), auxquelles s’ajoutent deux autres en 1875.

Depuis 2015, la commune figure dans la "zone d'engagement" du vignoble de Champagne inscrit au Patrimoine mondial, pour la qualité de ses coteaux, de ses maisons et de ses caves.

 

Tour-prison de l'abbaye de Clairvaux

Au cœur du village de Champignol-lez-Mondeville subsiste une tour austère, seul vestige d’une maison seigneuriale édifiée par l’abbaye de Clairvaux entre 1220 et 1230, dans le sillage de son expansion territoriale. Cette construction, aujourd’hui classée Monument historique (depuis 2010), incarne à la fois l’autorité spirituelle et judiciaire des moines cisterciens, héritiers de l’œuvre de saint Bernard de Clairvaux.

Bernard, figure fondatrice de l’abbaye, avait marqué les lieux dès 1146 par une guérison miraculeuse qui transforma une simple grange en oratoire. Ce geste, à la fois mystique et politique, scella l’ancrage de Clairvaux dans la région. Quelques décennies plus tard, l’abbaye consolide son emprise en bâtissant une maison seigneuriale à Champignol, comprenant un logis, une grange, un four banal, un pressoir, une écurie… et surtout, une tour.

Cette tour, bâtie sur un plan carré de 7 mètres de côté et haute de 10 mètres, présente une architecture typique du XIIIe siècle : pierre de taille et moellons équarris, baies étroites, porte à arc surbaissé, latrines à encorbellement sur la façade Est. Elle comporte trois niveaux :

Une cave voûtée ajoutée au XVIIIe siècle.

Un rez-de-chaussée accessible par une porte avec un arc surbaissé et condamnable, éclairé d’une baie étroite.

Un étage indépendant, accessible probablement par un escalier extérieur en bois, muni de baies obturées et de latrines à encorbellement sur la façade Est encore visibles ont traversé les siècles.

Mais cette tour n’était pas un simple poste d’observation ni un lieu d’habitation. Les archives attestent qu’elle servait de geôle seigneuriale sous l’Ancien Régime. Lieu de justice, de détention, et parfois de silence imposé, elle renforçait la puissance temporelle de l’abbaye, dans une époque où le spirituel et le judiciaire se confondaient. Son aspect sévère, presque menaçant, traduisait la rigueur cistercienne et la volonté de contrôle sur les terres nouvellement acquises.

Aujourd’hui, cette tour est la seule construction médiévale conservée parmi les anciennes dépendances seigneuriales de Clairvaux à Champignol. Elle témoigne d’un passé où la foi, la loi et la pierre s’unissaient pour façonner l’ordre monastique dans les campagnes champenoises.

 Tour du XIIIe au coeur du village


Tour du XIIIe dans le corps de ferme - propriété privée


Façade Est de la tour (côté rue) avec latrines en encorbellement


Chapelle Notre-Dame de l’Annonciation XIIe - XIIIe siècles


La chapelle du XIIe siècle, dernier témoin du hameau de Mondeville dont la dernière maison disparaît en 1825, incarne à elle seule la mémoire spirituelle et territoriale d’un site profondément marqué par l’influence cistercienne. Édifiée à l’origine comme simple oratoire, elle se limite alors au chœur et à une unique travée, répondant aux besoins liturgiques d’une communauté modeste mais fervente. Ce noyau primitif, d’une sobriété toute bernardine, reflète les canons architecturaux promus par saint Bernard de Clairvaux : dépouillement, rigueur, et orientation vers l’essentiel.

Au XIIIe siècle, l’édifice connaît une première extension avec l’ajout de deux travées occidentales, revoûtées à la fin du même siècle. Ce développement témoigne d’un accroissement de la population locale ou d’un renforcement du rayonnement monastique dans la région. L’ensemble conserve une cohérence stylistique remarquable, avec ses voûtes sur croisées d’ogives et son chevet plat, typique de l’architecture cistercienne.

 À la Révolution, la chapelle est vendue comme bien national, mais les habitants, attachés à leur patrimoine, se mobilisent pour la racheter par le biais d’une souscription populaire. Ce geste de sauvegarde, à la fois civique et affectif, marque le début d’une longue fidélité à ce lieu de culte. Dès 1833, des travaux sont entrepris sur la charpente, amorçant une série d’interventions destinées à préserver l’intégrité de l’édifice.

Reconnaissant sa valeur historique et spirituelle, l’État inscrit la chapelle aux Monuments historiques en 1927, la qualifiant d’« unique vestige claravalien de l’époque de saint Bernard ». Cette désignation souligne son importance non seulement architecturale, mais aussi symbolique, en tant que témoin direct de l’expansion cistercienne dans la vallée de l’Aube.

En 1983, sous l’impulsion de l’abbé Zeltz, la municipalité et les paroissiens unissent leurs efforts pour mener une restauration complète. Celle-ci respecte scrupuleusement les principes de l’architecture bernardine : lignes épurées, volumes équilibrés, et une spiritualité inscrite dans la pierre. La chapelle retrouve alors sa dignité originelle, devenant non seulement un lieu de culte, mais aussi un repère patrimonial pour toute la commune.

Chevet plat non orienté (des étais soutiennent le côté Sud)





La grange de Sermoise, créée autour de 1222-1235, appartient à un ensemble de trente granges possédées par l'abbaye de Clairvaux à la fin du XIIIe siècle. Les bâtiments forment un premier ensemble construit sur plan carré et un second composé d'une grange et de dépendances. L'approvisionnement en eau est assuré par une source captée à 375m des bâtiments qui donne naissance à une retenue d'eau, laquelle alimente une citerne grâce à une canalisation souterraine. Le corps de logis occupe l'aile sud-ouest. Les ailes sont sur deux niveaux, le premier servant d'habitation ou d'exploitation, le second de grenier. Malgré quelques percements du XIXe siècle, il s'agit de la seule des granges de l'abbaye de Clairvaux à avoir conservé autant d'éléments du XIIIe siècle.


Grange de Sermoise arch. Ministère de la Culture


Église Saint-Laurent – XVIIIe s.





L’église Saint-Laurent : entre ferveur villageoise et tutelle cistercienne

Avant l’édification de l’église actuelle, Champignol-lez-Mondeville possédait un sanctuaire plus ancien, dont le chœur relevait directement de l’abbaye de Clairvaux, décimateur officiel des lieux. La nef, quant à elle, était entretenue par les villageois, illustrant une répartition des responsabilités entre autorité monastique et communauté locale. Ce partage reflète la structure ecclésiale typique de l’Ancien Régime, où les moines cisterciens, héritiers de saint Bernard, exerçaient une influence spirituelle et matérielle sur les territoires environnants.

En 1756, les Champignolais prennent une décision audacieuse : reconstruire entièrement la nef. Pour financer les travaux, ils vendent un quart de leurs réserves de bois, ressource précieuse issue des vastes forêts alentour. Les plans sont confiés à François Maupérin, architecte de Chaumont, sous la supervision des moines de Clairvaux, garants du bon goût et de la rigueur architecturale. Les travaux débutent en 1764, menés par l’entreprise Aubert, établie à Clairvaux, preuve supplémentaire de l’implication directe de l’abbaye dans le chantier.

L’édifice, curieusement, n’est pas orienté selon l’axe liturgique traditionnel. Ce choix, peut-être dicté par des contraintes topographiques ou symboliques, confère à l’église une singularité notable. En 1765, le serrurier Leseur réalise un banc de communion et une poutre de gloire en fer forgé, témoignant d’un artisanat local de qualité. En 1769, les autels et la chaire sont livrés, œuvres du sculpteur Jayet, dont le style mêle élégance rocaille et sobriété rurale.

La bénédiction solennelle de l’église a lieu le 14 avril 1771, présidée par Jean-Antoine de Nogent, vicaire général de l’évêque de Langres, en présence du curé Pernet et de Jouët, doyen de Bar-sur-Aube. Ce moment marque l’aboutissement d’un projet porté par la foi, la volonté populaire et l’encadrement cistercien.

Un élément important du mobilier vint par la suite compléter l’ameublement. Il s’agit du retable du maître-autel dont l’abbaye de Clairvaux fit présent à la communauté en 1778 ; la même année, une grande croix de mission est réalisée et installée à l’extérieur, sur le côté du portail. Elle rappelle les campagnes de prédication menées dans les villages pour raviver la ferveur chrétienne, dans un siècle où l’Église cherche à réaffirmer sa présence face aux Lumières naissantes.

L’édifice se compose d’une nef de cinq travées à trois vaisseaux d’égale hauteur voûtés d’arêtes et d’un chœur également voûté d’arêtes à un vaisseau droit et abside à trois pans.

Outre les éléments mobiliers de grande qualité, l’église de Champignol recèle près d’une soixantaine d’œuvres dignes d’intérêt.

Parmi celles-ci la plus intéressante est le tableau du maître-autel représentant La Lactation de saint Bernard réalisé vers 1640 qui est une copie interprétative d'un tableau de 1511 par Fra Bartoloméo et qui provient de l’abbaye de Clairvaux. De cette même abbaye, et portant ses armoiries, vient aussi le pied de l’aigle-lutrin du XVIIIe siècle.

Le clocher de l’église Saint-Laurent comporte six cloches.




La maison du peuple : Mairie



Particularité assez rare en France, cette mairie avait trois fonctions : mairie, lavoir / abreuvoir, et halle de foire.

Et à cela se rajoute une extension à l'arrière ayant servi de corps de garde et de salle de police.

La construction de cette mairie-lavoir a été décidée en 1832, dans le but de remplacer un ancien lavoir. Les devis et plans ont été proposés par l'architecte Fauconnier, de Bar-sur-Aube. La mise en œuvre a permis en partie le remploi des matériaux du lavoir précédent.

L'étage du bâtiment était réservé à la municipalité. Le rez-de-chaussée abritait un grand bassin aménagé en lavoir. Ce bassin était recouvert d'un platelage de bois pour permettre l'étalage de marchandises les jours de foire.





Devant la mairie, abreuvoir pour bétail et chevaux de 1898


Lavoir




La population du bourg a fortement augmenté à la fin du XVIIIe siècle. Il est donc nécessaire de multiplier les points d'eau : de nouvelles sources sont captées, des bornes fontaines sont installées dans différents quartiers (elles vont servir jusqu'à l'installation de l'eau courante en 1895).

Le lavoir central ne suffit plus, deux autres vont être installés.

Ce lavoir, Place du Général Leclerc, est réalisé en 1834 par le même architecte que celui de la mairie-lavoir. Il y a d'ailleurs des similitudes dans son architecture, comme les larges baies en plein cintre encadrées de pierres de taille, corniches moulurées.

Devant le bâtiment, une fontaine abreuvoir complète l'installation.

C'est toujours le même architecte qui réalise deux ans plus tard un second lavoir, de même facture, dans un autre quartier de l'agglomération.


Monuments aux morts de la Grande Guerre, place de la mairie
Œuvre du sculpteur Etienne CAMUS (1867 - 1955).
Surmontée sur une colonne en pierre de Chenesson, la statue représente un poilu au repos


 Pierre Riel, Marquis de Beurnonville, Maréchal de France



Il est le fils d'un charron et petit cultivateur de l'Aube, Pierre Riel et de Jeanne Laurain. Le nom de Beurnonville n'apparaît que plus tard, en 1789, lorsque la commune de Champignol, fière du renom acquis par un de ses enfants, lui fait don du pâtis de Beurnonville.

Pierre Riel, marquis de Beurnonville, fut général de la Révolution française et de l’Empire puis maréchal de France sous la Restauration.

Il nait le 10 mai 1752 à Champignol dans une famille modeste de charron et de paysan. Après des études au collège de Bar-sur-Aube, Pierre Riel était destiné par ses parents à une carrière ecclésiastique. Dom Rocourt, prieur de Clairvaux, avant d’en devenir l’abbé en 1780, lui mit le pied à l’étrier en lui permettant d’accéder au séminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet. L’uniforme militaire le faisant rêver bien plus que la soutane, il s’engage dans la gendarmerie en 1766.

Sa carrière se poursuit en mer en 1774 dans l’escadre du bailli de Suffren puis dans un régiment colonial où il participe aux campagnes de l’Inde. Pendant qu'il est à Saint-Denis de l'île Bourbon, le 27 octobre 1778, il épouse une riche veuve créole, Geneviève Gillot L'Étang.

Après être rentré en France où il reçoit la croix de Saint-Louis, il gravit rapidement les échelons de la hiérarchie en devenant colonel lieutenant de la compagnie des Suisses du comte d’Artois en 1788, colonel d’infanterie en 1789 et commandant de la Garde Nationale du canton de Longchamp en 1790. Afin de rendre hommage à cette réussite, sa commune natale lui offre le pâtis de Beurnonville, nom qu’il attachera désormais au sien.

Il participe à l’armée du Rhin en tant qu’aide de camp puis à celle du Nord en 1792 où il est nommé maréchal de camp. Chargé de la défense du camp de Maulde, il s’illustre brillamment en résistant plusieurs mois à des forces supérieures, ce qui le fait surnommer l’Ajax français par le général Dumouriez. Son ascension est dès lors fulgurante puisqu’il est nommé lieutenant général le 22 août 1792, puis général en chef le 9 novembre suivant et contribue à repousser les Prussiens à Valmy et prend une part active dans la bataille de Jemmapes. Nommé commandant en chef de l’armée du Luxembourg et de la Moselle à la fin de 1792, il conquiert Arlon et le Luxembourg.

Il est nommé ministre de la guerre le 4 février 1793 par la Convention qui le charge le 1er avril d’aller procéder à l’arrestation de Dumouriez, mais c’est finalement ce dernier qui le fait arrêter et le livre aux Autrichiens qui l’emprisonnent durant 30 mois. Il est ensuite échangé contre Marie-Thérèse de France, la fille de Louis XVI et Marie-Antoinette, le 3 novembre 1795. Il revient rapidement aux affaires en étant nommé adjoint au ministre de la guerre, puis commandant de l’armée du Nord et de Batavie. En 1803, il fait l'acquisition du château de Balincourt à Arronville (95). En 1805, il épouse Félicité-Louise-Julie-Constance de Durfort (1782-1870).

Favorable au coup d’État de Napoléon du 18 fructidor, ce dernier le nomme ministre plénipotentiaire à Berlin, puis grand officier de la Légion d’honneur en 1804, Grand-croix de l’Ordre de la Réunion, sénateur en 1805 et comte de l’Empire en 1808.

 Il vote la déchéance de l’Empereur en avril 1814 et devient ensuite Ministre d’État le 13 mai 1814 dans le gouvernement de Talleyrand. Pair de France puis Grand-croix de la Légion d’honneur mais, fidèle à Louis XVIII, il doit suivre ce dernier à Gand lors des Cent-Jours. Il est nommé au Conseil privé du roi le 19 septembre 1815, Maréchal de France le 3 juillet 1816, Marquis en 1817 et Chevalier de l’ordre du Saint-Esprit en 1820.

Pierre Riel de Beurnonville s’éteint à Paris le 23 avril 1821 et est inhumé au cimetière du Père-Lachaise. Son nom figure sur la face nord de l'Arc de triomphe de l'Étoile de Paris.

Franc-maçon, il est initié à l’âge de 22 ans au sein d'une loge maçonnique parisienne, « La Vrai lumière » peu avant son départ pour La Réunion. Il installe la première loge de l'ile en 1777, « La Parfaite harmonie ». Il est plusieurs fois officier de loge au sein de cet atelier qui reçoit des fonctionnaires, des négociants et des militaires. Sa vie maçonnique est durant cette époque très active. Dès son retour à Paris en 1780, il intègre la loge des « Amis réunis » et est nommé expert de la chambre des grades du Grand Orient de France en 1790. Vénérable maître d'honneur des loges « Le Centre des amis » à Paris et « Les Chevaliers de la Croix de Saint-Jean de la Palestine » à Troyes. Il est nommé grand expert en septembre 1803 et grand administrateur lors de la réorganisation de l'obédience en 1804. Il garde cet office jusqu'en 1815 et succède à Jean-Jacques-Régis de Cambacérès comme premier grand maître adjoint. Il meurt dans l'exercice de ses fonctions maçonniques le 21 avril 1821.

Titres : 

Comte Riel-Beurnonville et de l'Empire (lettres patentes de mai 1808, Bayonne) ;

Pair de France : 4 juin 1814,

Titre de marquis-pair héréditaire attaché à ladite pairie en faveur du même par l'ordonnance du 31 juillet 1817,

Confirmé, sur promesse d'institution d'un majorat de pairie, par lettres patentes du 21 décembre 1817.

Distinctions

Légion d'honneur :

Légionnaire le 9 vendémiaire an XII (2 octobre 1803), puis,

Grand officier de la Légion d'honneur le 25 prairial an XII (14 juin 1804), puis,

Grand-croix de la Légion d'honneur le 22 juillet 1814 ;

Grand-croix de l'Ordre de la Réunion en 1813 ;

Chevalier du Saint-Esprit le 30 septembre 1820 ;

Commandeur de Saint-Louis.

 

Tombe de Pierre Riel de Beurnonville au cimetière du Père-Lachaise (division 39).


Lettre autographe vendue le 8 février 2021 Elkton, MD, États-Unis

détail


Céline et Nicolas COTTIN


Cette demeure était la maison familiale de Céline Cottin dont le mari, Nicolas, était valet de chambre à Paris chez le père de Marcel Proust*. A la mort des parents de ce dernier, Nicolas et Céline entrèrent au service du célèbre écrivain entre 1907 et 1914, lui en tant que valet de chambre et elle comme gouvernante.

Céline raconta plusieurs fois à la presse la vie monacale que leur maître à la santé fragile menait et leur faisait endurer dans l’appartement du 102 boulevard Haussmann à Paris. Proust vivait en effet continuellement dans son lit, ne prenant qu’un seul repas, toujours identique, à 21h et ne sortant qu’une seule fois par mois à l’extérieur. L’atmosphère surchauffée était constamment envahie de fumigations à l’opium que Proust inhalait pour s’aider à dormir. Comme ce dernier écrivait essentiellement la nuit, cela obligeait ses employés à se coucher vers 4h du matin.

Céline quitta le service de son maître suite à un retard de trois heures que Proust ne supporta pas. Nicolas quant à lui resta jusqu’à sa mobilisation au front d’où il ne revint pas ayant contracté une pleurésie, dont Céline pensa qu’elle avait été consécutive à l’ambiance surchauffée de l’appartement parisien.

Marcel Proust appréciait les Cottin et leur écrivait souvent des petits mots pour les remercier.


Photo de Marcel Proust par Otto Wegener, dit Otto, 1896. 
Maison de Tante-Léonie

Le 10 décembre 1919, au restaurant Drouant à Paris, Marcel Proust reçoit le Prix Goncourt pour son roman À l’ombre des jeunes filles en fleurs, deuxième volume de À la recherche du temps perdu. Ce couronnement survient six ans après la parution de Du côté de chez Swann (1913), qui n’avait pas été retenu pour le prix à l’époque.

Lors des débats houleux précédant le vote, Léon Daudet, membre influent de l’Académie Goncourt, défend ardemment Proust contre les critiques :

"Vous ne connaissez rien au testament des Frères Goncourt. Moi, je le connais. La clause ne précise pas qu’ils ont laissé le prix à un jeune homme. Non, il s’agit d’un jeune talent. Ce qui est exactement le cas de M. Proust ; car, je vous le dis, c’est un écrivain qui devance son époque de plus de cent ans."

Pourtant, cette consécration d’une œuvre majeure, explorant la mémoire, le désir et les méandres du temps, suscite une vive polémique. La presse s’enflamme : on reproche à Proust d’être trop âgé, trop fortuné, trop éloigné des réalités sociales, et surtout, trop éloigné des souffrances de la Grande Guerre, qui s’est achevée un an plus tôt.

Certains journalistes dénoncent le choix du jury, préférant "des jeunes filles normandes" à "l’enfer des tranchées". Le roman de Proust, tout en finesse et en introspection, semble à leurs yeux déconnecté d’une France meurtrie, en quête de récits héroïques ou tragiques.

Malgré les critiques, le Prix Goncourt 1919 marque un tournant dans la reconnaissance de la modernité littéraire. L’œuvre de Proust, longtemps jugée trop audacieuse, entre alors dans le panthéon des lettres françaises.

À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Editions de la NRF, 
achevé d'imprimer 30 novembre 1918, 
édition originale sur Vergé d'Arches (Coll part.)


Cimetière de Champignol

Dans le cimetière, monument aux morts de la guerre 39/45
Œuvre créée et élevée par Monsieur David VOLLOT, 
marbrier à Chamesson (Côte-d’Or).

 



Champignol-lez-Mondeville - village de l'Aube

  La commune de Champignol-lez-Mondeville, située à moins de 10 km de l’abbaye de Clairvaux, entretient une histoire étroitement liée aux ci...