samedi 12 octobre 2024

Saint Mesmin

 Saint Mesmin  et ses compagnons martyrs 


C’était le temps où Saint Loup gouvernais glorieusement l’Église de Troyes. Sous sa houlette pastorale, la cité jouissait d’une paix fond et sans mélange. L’idolâtrie disparaissait chaque jour et faisait place à la foi du Christ ; les études sacrées florissaient à l’ombre du sanctuaire, et la milice sainte, dont les rangs devenaient plus nombreux et plus serrés, réjouissait, par ses progrès rapides dans la science et la vertu, le cœur de l’illustre prélat.

Parmi ces jeunes lévites se trouvait Mesmin une piété plus tendre, une innocence plus angélique, une inclination plus marquée pour les cérémonies du culte l’avaient fait distinguer de ses condisciples et lui avaient mérité l’honneur du diaconat. Avec quel respect il portait sur sa poitrine l’Évangile de Jésus-Christ. Avec quel saint tremblement il montait les degrés de l’autel pour assister le Pontife, quand il immolait solennellement la victime du salut ! Remplissant ici-bas la fonction de l’ange du ciel, il en rappelait le recueillement et la modestie bientôt il devait en partager la gloire.

Des bruits sinistres circulent dans la ville. Un ennemi redoutable approche, ne laissant après lui que ruines et désolation : c’est Attila, le roi des Huns. Déjà sa tente est dressée, et son camp installé dans les plaines de Méry-sur-Seine, la terreur se répand partout ; les campagnes sont délaissées c’est derrière les faibles murailles de Troyes qu’on vient chercher asile contre l’ennemi commun. Ainsi fuit la brebis en présence du lion aussi l’oiseau timide en face du vautour. Saint Loup n’est pas non plus sans inquiétude ; il redouble ses jeûnes, il prolonge ses veilles, il s’offre en holocauste pour ses ouailles chéries. Dieu a entendu sa prière ; mais d’autres victimes doivent apaiser le courroux du ciel.

Un soir que la fatigue a épuisé les forces du saint prélat et fermé ses paupières dans un repos mérité, un ange lui apparait en songe et lui fait entendre ces paroles : « Ne crains rien, soldat du Seigneur, ne laisse pas l’inquiétude déchirer ton âme, car tes prières et tes gémissements ont touché le cœur de Dieu. Prends courage ; ta puissance est grande auprès du Très-Haut. Voici que tes larmes ont lavé les péchés de ton peuple ; elles ont éteint l’incendie allumé contre ta ville par la colère du Seigneur. Non seulement Troyes ne passera point par les flammés, mais elle aura la gloire de donner au ciel des citoyens nouveaux, empourprés de leur sang. Tu élèves dans ton église de jeunes disciples, qui recueillent avec avidité les paroles saintes dont tu les nourris, et qui marchent à l’envi sur tes traces dans le chemin des bonnes œuvres ; Dieu en destine quelques-uns à la couronne du martyre. Je te dirai leurs noms pour éviter toute erreur. C’est d’abord Mesmin, honoré du diaconat ; sept autres jeunes gens parmi ceux qui fréquentent tes écoles lui seront adjoints comme victimes. Quand le barbare ennemi approchera de la ville, tu lui enverras ceux que je t’ai désignés, portant avec eux la croix et le texte des Évangiles. Ne t’effraie point de leur mort, c’est ainsi que Dieu les appelle au séjour des bienheureux ». Après ces mots, l’ange disparut.

Saint Loup s’éveille ; il rend grâces à Dieu et passe le reste de la nuit en prières. Au point du jour, il assemble ses disciples et leur fait part de sa vision céleste. Ses yeux s’humectent de larmes, car il pense à la mort cruelle qui attend ses enfants ; mais eux, pleins d’un intrépide courage et enflammés par la perspective d’un glorieux martyre, font résonner les airs de leurs chants d’allégresse.

Quelques jours se passent encore ; puis bientôt arrive l’heure du sacrifice. L’ennemi campe à Méry-sur-Seine ; il faut obéir à l’ordre du ciel. Les généreuses victimes sont prêtes : Mesmin et ses compagnon, parmi lesquels certains auteurs comptent deux diacres, du nom de Félix et Sensatus, et un sous-diacre, Maximien, ont revêtu leurs aubes les plus précieuses, le peuple se presse autour d’eux et les accompagne au chant des psaumes jusqu’aux portes de la ville, où ils donnent à tous le baiser de paix et reçoivent du Pontife ému sa dernière bénédiction.

Ils arrivent à Brolium (aujourd’hui Saint Mesmin), sur la rive de la Seine. Attila, monté sur un coursier fougueux est environné de ses farouches guerriers. Mesmin s’avance respectueusement pour s’acquitter de son message. Attila l’aperçoit et vient au-devant de lui. Tout à coup, un tourbillon s’élève et lance un nuage de poussière dans les yeux des barbares.

En même temps, la blancheur éclatante des aubes des lévites, le miroitement de l’or qui environne le texte des Évangiles effraient le cheval ombrageux d’Attila, qui renverse son cavalier. Attila se relève aussitôt, mais la colère enflamme son visage. « Qui sont ces gens ? » s’écrit-il irrité. « Seigneur » dit Mesmin, « nous sommes envoyés par Loup, notre évêque, pour vous supplier de sa part de ne point réduire en captivité la ville de Troyes ». L’un des officiers du roi des Huns prend alors la parole : « Ces gens », dit-il, « sont la cause de l’accident qui vous est arrivé ; ce sont des magiciens ; ordonnez qu’ils périssent par le glaive ». –« Vous me donnez un bon conseil » répond le roi « allez, faites-leur trancher la tête ».

Aussitôt les soldats fondent sur les jeunes clercs sans défense, et en font un affreux massacre. Mesmin allait aussi tomber sous les coups de ces furieux, quand Attila les arrêta par ces paroles : « Ne frappez point celui-ci », dit-il en montrant le chef de l’ambassade « qu’il s’en retourne et qu’il annonce dans sa ville ce qui vient de se passer. Brisez les vases qu’ils portaient comme les instruments de leur magie, et brûlez-en une parties ».

Les flammes dévoraient l’image de la croix, quand un fragment, se détachant, sauta dans l’œil d’un serviteur qui tomba en poussant de grands cris. Mesmin dit alors à Attila : « Si vous croyez en mon Dieu, il est assez puissant pour guérir ce jeune homme ». Et faisant en même temps un signe de croix sur l’œil du blessé, il lui rendit l’usage de la vue.

            Ce miracle n’opéra nullement la conversion du prince, car, cédant aux instances de l’officier qui déjà avait conseillé le massacre des jeunes lévites, il ordonna la mort de Mesmin. Celui-ci demanda quelque temps pour prier, et, lorsqu’il eut conjuré le ciel d’accepter son sang pour le salut de sa patrie : « Achevez ce que vous avez commencé », dit-il à ses bourreaux. Aussitôt sa tête roula sur le sol et fut jetée à la rivière.

            Cependant, un des sept avait échappé au carnage. A la faveur des buissons qui bordaient la Seine en cet endroit, il avait pu attendre la nuit, profiter des ténèbres pour couvrir de branchages les corps des martyrs et retourner à la ville. Grande fut la consternation des citoyens, quand il raconta ce qui s’était passé. Saint Loup ne put retenir ses larmes ; toutefois, il bénit le Seigneur de ses conseils mystérieux, et s’imposa une rude pénitence, comme s’il eut été la cause de ce malheur.


CULTE ET RELIQUES

 

            Saint Mesmin et ses nobles compagnons furent inhumés à Brolium, et quand Attila se fut momentanément éloigné de la terre qu’il dévastait, saint Loup vint avec plusieurs personnes, fit jeter des filets dans la rivière, et en retira la tête du saint martyr Mesmin, qui fut réunie à son corps. Il eût désiré remporter dans sa ville épiscopale les restes précieux du chef de l’ambassade, mais un obstacle invisible s’opposait à ce dessein. Saint Loup comprit alors que le diacre martyr voulait être inhumé au lieu même de son triomphe, et le corps reçut à Brolium les derniers honneurs. On en conserve encore aujourd’hui une partie considérable dans l’église paroissiale de Saint-Mesmin.

            Visitées en 1544 par Mgr Louis de Lorraine, plus connu sous le nom de  Cardinal de Guise, ces saintes reliques le furent de nouveau le 30 septembre 1828 par l’un des vicaires généraux de Mgr de Seguin des Hons. Elles avaient été sauvées des fureurs révolutionnaires en 1792, par Jacques Porentru, Jean-Baptiste Berthier et Etienne Herluison, habitants de Saint-Mesmin.

            Quant aux reliques des jeunes compagnons de saint Mesmin, elles reposèrent longtemps dans l’abbaye de Saint-Martin-ès-Aires à Troyes, sous le nom de Reliques des saints Innocents. La Révolution en a fait perdre la trace.

            Aucun monument, après l’église de Saint-Mesmin, ne rappelle aujourd’hui le souvenir du diacre martyr. Mais autrefois, une chapelle dont les ruines forment un petite tertre gazonné que surmonte une croix, existait sous le vocable du Saint, dans la contrée du pays qui s’appelle encore la Chapelatte. Une autre chapelle, à l’ouest du village, près de la station actuelle du chemin de fer, a également abrité, plus tard, les corps des saints Martyrs mais, comme la première elle a depuis longtemps disparu.

 

Vie des Saints de Troyes, par l’abbé Defer

 

 

Sainte Maure

Sainte Maure



Saint Prudence, évêque de Troyes, après le décès de sainte Maure, prononce un très long sermon, qui est le souvenir qu’il a de cette jeune fille qu’il a côtoyée jusqu’à sa mort. Nous avons la chance d’avoir conservé ce précieux document qui nous permet de retracer la vie exemplaire de cette sainte : un saint parle d’une sainte contemporaine !

Elle naît à Troyes en 827. Les parents de cette Vierge, sont riches et  « de la première condition du pays ».

« A peine commença-t-elle à jouir de sa raison, que tous les jours elle assista aux offices et au saint sacrifice de la messe dans la cathédrale... Tous les mercredis et vendredis elle jeûnait au pain et à l’eau et s’y rendait pieds nus, sans manteau... elle eut aussi une dévotion particulière envers sainte Mâthie, dont elle allait souvent embrasser le tombeau… la bienheureuse Maure depuis son jeune âge, chaque jour depuis les Laudes jusqu’à Sexte, demeurait dans l’église des Apôtres où est représentée une triple image du Seigneur le Sauveur. Il est en effet représenté comme un enfant assis sur le sein de sa mère… elle se prosternait de tout son long d’abord devant l’enfant, puis devant le jeune homme, enfin devant le roi, et aucune nécessité ne put la distraire de contempler chaque jour le Seigneur sous sa triple image… »

Sa mère Sidulie et son frère Eutrope disent qu’elle fait vœu de virginité à 22 ans… On dit qu’elle est discrète, pieuse, active, se dévoue pour l’Église, " exemple et miroir d’honnêteté, de dévotion et de pudeur... change le cœur de pierre de son évêque en un cœur plein de dévotion ". Elle convertit son père Marien, qui lèguera à l’église cathédrale tous ses biens.

Dieu fait par son intermédiaire une multitude de miracles.

Le seul attouchement des linges « qu’elle avait donnés guérissait les malades ». Il lui suffit de toucher un malade pour  « le libérer de ses fièvres »  (les sieurs Léon, Mélain, Paulin...).

Le frère Maurice frotte ses yeux avec les larmes de Maure et recouvre entièrement la vue.

Elle décède le 21 septembre 850, jour de la fête de saint Matthieu, et est enterrée près de l’autel principal de l’église de Sainte Maure.

Lors de son décès, « la matrone Mauritienne, sœur de Sédulie, et ses deux filles Damone et Thécie, retirèrent le cilice de son saint corps, le divisèrent en quatre morceaux et, en gardant trois, remirent le quatrième à l’évêque qui le garda comme un trésor. Lavant le corps comme à l’habitude, l’eau est changée en lait témoignage de sa chasteté virginale. Le jeune Léonce, le fils de Damone, saisi de douceur, boit abondamment de ce lait, et est guéri de sa fièvre… Thécie touche la chemise de Maure et est libérée d’une tache au visage, contractée dès le sein maternel, et qui la rendait désagréable à son mari… A l’heure même de la mort de cette vierge, le moine Veranus, qui a depuis longtemps perdu l’odorat, sentit dans le monastère de Léon, la même suave odeur que sentaient ceux qui étaient proches du saint corps.... »

D’innombrables miracles se produisent par la suite.

 Elle est nommée patronne des lavandières, sans doute parce qu’elle fabriquait les ornements sacrés et les maintenait en état.

Le diocèse de Troyes a fixé sa fête liturgique au 22 septembre.

L’église du village de Sainte-Maure l’a pour titulaire et conservait une châsse de bois où était conservée une partie des reliques de la vierge. Les reliques avaient été partagées entre la paroisse et l’abbaye de Saint-Martin-ès-Aires en 1415. Le bras de la sainte conservé dans cette abbaye a disparu à la Révolution.

En 1865, est ouvert le tombeau de la sainte, devant l'évêque Mgr Ravinet et  le prince et la princesse de Faucigny-Lusinge, propriétaires du château de Sainte-Maure. La sainte était inhumée dans un sarcophage gallo-romain, réutilisé à l'époque carolingienne, et qui n'avait jamais été ouvert. Mais il y avait un trou béant dans le couvercle, et, depuis des siècles, les pèlerins se servaient de reliques en plongeant la main à l'intérieur.

L’impératrice Eugénie, fervente catholique, épouse de Napoléon III, est sollicitée pour remettre le tombeau en état. En 1867, l’ancien sarcophage est habillé d’une cage de bronze doré, et, dans la cuve tapissée de soie, est déposée une représentation, en cire, de la jeune sainte, au moment de sa mort.

 En  2002, le sarcophage est endommagé par la chute d'une voûte, et est restauré en 2006.

Il y a sa statue dans l’église de Saint-Julien et elle figure sur deux vitraux du triforium de la cathédrale.


Sarcophage de Ste Maure dans l’église de Sainte-Maure (Aube -10)

Seul le sarcophage est classé au titre objet des MH

Époque gallo-romaine, remployé au 9e siècle.

Garniture en cuivre exécutée par Poussielgue-Rusand de Paris, sur les dessins de Martin et offerte en 1865 par l'impératrice Eugénie.

Ce sarcophage était, avant 1637, au milieu du chœur, porté par quatre piliers. Il fut ensuite déplacé dans la première chapelle du collatéral gauche, ouvert puis replacé dans le chœur. D'après FICHOT Ch., Statistique monumentale du département de l'Aube, arrondissement de Troyes, T. 1, 1884, p. 59.


Buste reliquaire de Sainte Maure dans l’église de Sainte Maure (Aube-10)

Dimensions normalisées

H = 76 ; la = 47

Œuvre infestée

17e siècle

Seul le reliquaire de sainte Maure est inscrit au titre d’objet MH


Sculpture de Sainte Maure dans l’église de Sainte Maure (Aube-10)

Calcaire : polychrome, doré

H = 170 ; la = 57 ; pr = 48

Repeint ; manque

Présence d'une polychromie ancienne sous l'actuelle. Repeinte au 19e siècle. Il manque le nez.

Siècle de création

XVe siècle

Classée MH


Vitraux Triforium de la cathédrale st Pierre et st Paul de Troyes - XIIIe siècle 

(sud) baie 112

de gauche à droite

Ste Maure,Ste Mâtie, St Malachie, St Bernard 




vendredi 11 octobre 2024

Châteaux de St Liébault, st Lupien, St Lyé

 

Château de Saint-Liébault :



Le fief de Saint Liébaud (Estissac), relève de la baronnie de Villemaur. Du XIIIe au début du XVIIe siècle, s’y succèdent forteresses et châteaux. Jusqu'au XVIIIe siècle, le village s'appelle Saint-Liébault.

En 1564, le village fait partie du grand tour de France de Charles IX, sur l'initiative de Catherine de Médicis. Le roi y soupe le 21 mars.

Jacques Vignier, baron de Jully et des Riceys, conseiller du roi, intendant des Finances, acquiert la terre de Villemaure et en devient seigneur de 1615 jusqu’à sa mort en 1631.

Il fait alors bâtir à Saint-Liébaud son nouveau château, sur un vaste plan. Le nom de l’architecte est inconnu, mais les documents graphiques ne laissent aucun doute : Jacques Vignier s’est adressé à un architecte parisien de renom. 

Ce château est bien habité en 1630, si l’on en croit la description manuscrite qu’en fit, cette année là, Jean Chobert, procureur fiscal. Il correspond exactement au dessin conservé aux Archives nationales et exécuté en 1738. Les matériaux utilisés sont toujours la brique et la pierre de Tonnerre.

L’escalier central, surmonté d’un dôme, servait d’axe parfait de symétrie aux 2 pavillons qui l’encadraient de chaque côté. A la mort de son père, ses frères ayant licité, Claude Vignier, intendant de Champagne, devient propriétaire du château et continue les travaux, surtout dans les jardins. Mais, Claude Vignier s’endette, et ses créanciers font vendre la baronnie en 1647.

En 1650, la seigneurie de Saint-Liébault appartient alors au chancelier Pierre Séguier, puis, par l’union de sa fille Marie, à la famille du comte Cambout de Coislin.

Pierre Séguier embellit son nouveau château, et met à contribution de nombreux artistes.

Le château est transmis ensuite à la descendance, Marie-Henriette de Rochefort, en 1732, qui épouse Charles de Roye de la Rochefoucauld, comte de Blansac.

En 1758, Louis Armand de la Rochefoucauld hérite de cette terre et la fait ériger en duché héréditaire sous le nom d’Estissac (du nom de la seigneurie d’Estissac, province d’Aunis, près de La Rochelle).

Le château est reconstruit à la fin du XVe siècle, sur l’emplacement d’un ancien château fort.

Il est complètement détruit en 1793. Au cours de la Révolution française, la commune de Saint-Liébaud porta provisoirement les noms de Lyébault-sur-Vanne et de Val-Libre.

Une communauté protestante relativement nombreuse a existé à Estissac et dans ses environs, sous l’Ancien Régime et au XIXe siècle. La commune d’Estissac était d’ailleurs dotée d’un temple protestant à cette époque.

 

Château de Saint-Lupien


Il a été érigé en fief le 18 mars 1648 pour Charles de Beruryer, seigneur de Bussy-Saint-Georges, par le chapitre de Sens. Il se composait de 105 arpents de terres et une bâtisse carrée. Château avec quatre tours, une cour centrale un colombier... 

Le vieux château était appelé Château des Berruyers. Maison seigneuriale démolie en 1774.


Château des Évêques de Troyes

à Saint Lyé


Romain fonda le monastère de Mantenay et en fut le premier abbé. Lorsqu’il succéda à saint Remi sur le siège épiscopal de Reims en 533, saint Lyé en fut le second abbé.

Saint Lyé, décédé en 545, donna son nom au pays. Situé sur une voie romaine et aux abords de la Seine, le village aura un rôle capital. Les rois de France y font bâtir un château fort. En temps de paix le château se fait accueillant pour recevoir les personnages de marque, les princes, même les rois (Charles VIII en 1486). En temps de guerre, la forteresse sert à protéger la ville de Troyes.

Au XIIe siècle, l’Evêque de Troyes, est le premier des seigneurs de Saint Lyé. Il y possède une résidence rurale, composée : « d'un château clos de murs et de fosse à eaux vives et attenant des fosses une basse-cour en laquelle a deux granges et une maison pour mettre les blés et le bétail ».

Les hameaux de Riancey, Barberey-aux-Moines et Grange l’Evêque seront rattachés à la commune de Saint-Lyé.

Grange l’Evêque existait au XIIe siècle, l’Evêque de Troyes, seigneur de Saint Lyé y possédait un établissement, de là est venu le nom du hameau. Le monastère fut détruit en 959 par les Saxons qui vinrent soutenir à Troyes la cause de l’évêque Anségise.

Hatton (1122-1146), évêque de Troyes, fut le premier seigneur de Saint-Lyé. Les dîmes, autrefois perçues par l’abbé, à la disparition de l’abbaye, le furent par l’évêque de Troyes.

Ainsi, Henri de Carinthie (1147-1169), fut nommé comme décimateur de la paroisse de Saint-Lyé en 1169, une bulle du pape Alexandre III en faisant mention.

En 1177, le roi Louis VII, qui « chérissait » notre évêque Mathieu (1169-1180), confirma d’une façon officielle que ce fief appartenait à l’Evêque, et il lui donna beaucoup pour son évêché.

Les autres seigneurs de Saint-Lyé furent les évêques de Troyes

Manassès de Pougy (1181-1190), Barthélemy, Haïce de Plancy (1190-1192), Garnier de Traisnel (1193-1205), Hervée (1206-1223), Robert (1223-1233), Nicolas de Brie (1233-1269), Jean de Nanteuil (1269-1297), Guichard (1297-1314), Jean d’Auxois (1314-1316), Guillaume Méchin (1315-1324), Jean d’Aubigny (1324-1341), Jean d’Auxois II (1342-1352), Henri de Poitiers (1352-1370), Jean Bracque (1370-1375), Pierre de Viliers (1375-1377), Pierre d’rcies (1377-1395), Etienne de Givry (1395-1426), Jean Léguisé (1426-1450), Louis Raguier (1450-1483), Jacques Raguier (1483-1518), Guillaume Parvi (1518-1527), Odard Hennequin (1527-1544), Louis de Lorraine (1544-1550), Antoine Caracciole (1550-1561), Claude de Beauffremont (1562-1593), René Benoit (1593-1604), René de Breslay (1604-1641), François Malier (1641-1678), François Bouthillier (1678-1697), Denis François de Bouthillier de Chavigny (1697-1718), Jacques, Bénigme Bossuet (1718-1742), Matthias Poncet de la Rivière (1742-1758), Jean Baptiste Marie Champion de Cicé (1758-1761), Claude Matthias Joseph de Barral (1761-1789).


Seigneurie de Saint-Lyé, plan d’une partie des environs du château. XVIIIe siècle ?
 (Arch. dép. Aube, G 843)


Le château de Saint-Lyé fut bien national à la Révolution. Le sieur Milong, expert, dressa l’inventaire du domaine de Saint-Lyé. C’est ainsi que par les états descriptifs, nous pouvons avoir connaissance de cette propriété :

« une maison seigneuriale, composée de plusieurs appartements très beaux, un accin, une maison servant de logement au garde ou jardinier, les cors, jardin potager et fruitier, parterre, massif et parc, le tout contenant y compris l’emplacement des bâtiments 45 arpents, 78 arpents de pré, une garenne de 28 arpents, 9 remises, la pêche dans la Seine… Du domaine dépend aussi une ferme de 368 arpents de terres labourables, plus des prés… ».

Le tout faisant environ 230 hectares de nos jours. Relégué au rang des châteaux ordinaires, celui de Saint-Lyé aura de nombreux personnages comme propriétaires.

Dès que fut connue la mise en vente du domaine, la commune de Saint-Lyé revendiqua pour elle « l’avenue qui allait du grand chemin à la grille de fer du château, la voie d’Aix, à l’autre extrémité du pays, laquelle conduisait à la grande route. Le Conseil communal estime que ces deux voies d’accès devraient revenir logiquement à la commune qui revendique également, et pour les mêmes raisons, la place près de l’église, voisine de l’entrée du château, ainsi que les arbres qui y sont plantés, une plantation de saules au lieu dit les Banquettes et le terrain où était l’ancien lit de la rivière avant l’ouverture du canal de navigation, enfin les arbres plantés par les évêques sur le bord du fossé qu’un d’eux avait fait creuser dans la réserve de Mantenay pour y faire venir les eaux de la Seine ».

L’administration ne retint pour la commune, que l’avenue du Château. Le château de Saint-Lyé resta propriété de l’Etat, environ 15 mois.

L’adjudication eut lieu le 16 février 1791, et l’acquéreur fut Nicolas Edme Courtat de Troyes pour le prix de 180.400 livres. Lors de l’adjudication, il y eut 31 enchères.

Le 2 août 1856, les héritiers Courtat cèdent le domaine à Louis Isidore Cornet, maire de Saint-Lyé. A son décès le 9 mars 1905, sa nièce, Marie-Estelle Leloup devint sa légataire universelle.

Le 28 juillet 1906, elle revendit le domaine à Maître Jules, Paul Bouclier, ancien notaire, demeurant à Troyes.

Le 9 février 1920, Mademoiselle Emilie, Isabelle, Suzanne Havequez, dite Dantès, artiste dramatique, demeurant à Paris, se porta acquéreur du château et de ses dépendances pour 60.000 F.

M. Dulot, journaliste, acheta la propriété pour sa fille Simone, le 11 février 1926.     

Au IXe siècle, Sainte Maure allait fréquemment en pèlerinage à Saint-Lyé.

Un événement particulièrement important eut lieu au château : le 3 août 1315, Louis X le Hutin épousa en secondes noces Clémence, fille de Charles Martel, roi de Hongrie.

Avant la guerre 1939-1945, est venu plusieurs fois se reposer au château, Edouard Daladier, Président du Conseil.

De la place de l’église, on aperçoit la silhouette du colombier, à 2 étages, et 1 puits enfoncé dans l’épaisseur des murs de fondation, seuls vestiges de l’ancien château des évêques de Troyes. Ce colombier en forme de tour cylindrique, est timbré aux armes du seigneur Odard Hennequin, évêque de Troyes. Il est le dernier témoin de la magnificence de l’épiscopat français au XVIe siècle.

 Propriété privée

 ARCHIVES


Compte temporel de la terre et appartenances de l’évêque de Troyes à Saint-Lyé, 1391 
(Arch. dép. Aube G 413, fol. 46v-47)


C'est ainsi que nous apprenons que : 

Charpentiers : noms et salaire journalier

Jean de Barberey                   3 sous 4 deniers

Henri le Bessel           Charpentier     3 sous 4 deniers

Jean le Bessel  Fils d’Henri le Bessel 3 sous 4 deniers

Nicolas Marreglier                 3 sous 4 deniers

Aubert de Brienne                 3 sous 4 deniers

Jaquinot le Coleçon               3 sous

Colinet des Vignes                3 sous

Jean de Vaudes                     3 sous

Jean Michau    Valet d’Henri le Bessel          2 sous 6 deniers

Félisot Peot     Neveu et valet de Jean de Barberey  2 sous 6 deniers

Regnault         Valet de Jean de Barberey     18 deniers

Regnault le Coleçon   Frère de Jaquinot le Coleçon et valet de Jean de Barberey  18 deniers


Ouvriers de bras : Nom      Salaire journalier

Regnault Raoul                     2 sous 1 denier

Colin Lamie               2 sous 1 denier

Perrin Thévenin                     2 sous 1 denier

Jean de Dijon  Minier 2 sous 1 denier

Colin Laune               2 sous 1 denier

Robinet le Vion                     20 deniers

Jean Raoul                 20 deniers

Jaquin le Varleteux                20 deniers

Sançonnot Brissant               20 deniers


La réfection à neuf du pont levis

 Une partie du budget annuel est ainsi dédié à l’entretien et à la réparation des bâtiments appartenant à l’évêque. Le registre présenté dans l’exposition était ouvert au folio dédié à la réparation du pont levis du château en 1391. Sa reconstruction totale a occupé sept ouvriers pendant six jours au mois de janvier.

Le premier charpentier, qualifié de maître, Jean de Barberey, travaille régulièrement pour l’évêque. Son salaire journalier est fixé à 3 sous 4 deniers. Les six journées qu’il passe à restaurer le pont levis lui rapporte donc un salaire de 20 sous. Il est aidé de son neveu Félisot Peot et de Regnault le Coleçon.

La restauration complète de la charpente du pont du pré nouveau

 Déjà en 1385, la somme importante de 14 livres 2 sous 5 deniers avait été engagée pour restaurer un autre pont, celui menant au pré nouveau – ce pré d’une superficie de 16 arpents se situant derrière le château. Jean de Barberey est déjà présent sur ce chantier. À cette occasion, il est rétribué 2 gros par jour, l’équivalent de 3 sous 4 deniers. C’est lors de ce travail que l’on découvre les noms d’autres ouvriers, tous charpentiers mais avec des compétences différentes. Nous pouvons dresser un organigramme des qualifications de chacun en étudiant leur salaire journalier : Jean Gilot est rétribué 5 blancs, probablement estimée à 2 sous 1 denier ; la rémunération de Morel est fixée à 2 sous et Jaquinot est payé 16 deniers par jour. Félisot le Gras et Petit Thomas les rejoignent occasionnellement.

Jean Jeubert, un autre charpentier qualifié est aussi présent sur ce chantier avec son valet « le fils Godot ». Même si ces deux ouvriers semblent moins qualifiés que le personnel qui compose l’équipe de Jean de Barberey, leur présence s’avère indispensable. En effet, le scribe du compte estime nécessaire de préciser qu’ils refont « le bout du pont devers les prés ».

Plan du domaine


L’entretien du moulin et des fausses vannes

 Le moulin de la ville fait aussi l’objet d’un entretien rigoureux. En 1385, l’ensemble s’affaisse et il faut refaire cet ouvrage d’art. Oudin le Polet et Cothin le minier sont chargés de creuser les remparts des fausses vannes du côté du château dans le but de resserrer les lames de bois entre elles et rendre le tout à nouveau étanche, travail qui les occupe cinq journées entières. Ils sont aidés de cinq autres charpentiers tous aussi qualifiés qu’eux. Jean le Mercier transporte de la nouvelle terre et des pierres qui serviront à Oudin le Polet, Robinet et le fils de Coleçon pour stabiliser le sol. Quant à Arnoul, fils de Jean le Mercier, c’est pendant deux journées qu’il les aide à cette entreprise.

Les ouvriers restaurent les fausses vannes la même année, travail qui coûte 9 livres 4 sous 7 deniers à l’évêque. Jean de Barberey semble être le maître charpentier responsable du chantier car il est le seul à être présent chaque semaine du mois que dure cette opération. C’est lui qui réalise la première étape avec son valet Jaquinot la semaine de la saint Clément consistant à mettre une pièce de bois pour bloquer la descente des fausses vannes. Et c’est plusieurs mois après, au printemps, qu’il continue cette mission. Toute son équipe le rejoint : Morel, Jaquinot, Félisot le Gras, Petit Thomas, mais aussi Jean Gilot, Oudin le Polet et Coleçon le talementier. Au total, la réfection des fausses vannes aura duré six semaines complètes étalées sur six mois et mobilisé 93 journées de neuf professionnels. Le bois utilisé pour refaire ces fausses vannes appartient à l’évêque puisqu’il provient de ses forêts d’Aix-en-Othe.

Six ans plus tard, en août 1391, le moulin et les fausses vannes sont encore au cœur des restaurations. Cette fois-ci, le maître charpentier est Jean le Mercier, chargé de refaire les fausses vannes pendant trois journées avec Morel et Jean de Dijon, un ouvrier de bras. Son salaire journalier étant de 3 sous 4 deniers, il est possible d’en déduire qu’il a la même qualification que Jean de Barberey. Les charpentiers Jaquinot le Coleçon et Henri le Bessel se chargent de remettre deux bras neufs à la roue du moulin ; le premier faisant en plus un palier pour le fer du moulin dont les planches sont issues d’un arbre qu’il a lui-même coupé dans la garenne attenante au château.

L’année 1391 est aussi l’occasion de façonner une deuxième roue, neuve, pour le moulin banal. Une digue est creusée pour l’installer. Félisot Peot et Regnault le Coleçon, valets de Jean de Barberey, fabriquent les aubes de la roue tandis que leur maître taille une roue d’engrenage. Le chantier se termine la semaine de l’Ascension suivante grâce à Jaquinot le Coleçon qui pose le plancher sur les vannes du moulin.

La réfection à neuf des coulis des vannes occasionnent la plus grosse dépense : 219 livres 14 sous et 1 denier obole alors que le bois n’est pas acheté puisqu’il provient des forêts de l’évêque et les ouvriers non nourris sur place : « Pour la despence en deniers faicte pour le dit couliz de la quelle despense les parties sont escriptes en un quantiesme a tachié en la fin de ce compte, non compté le merrien pris en lostel de monseigneur a Troyes de ses garnisons, ne le merrien et trappans amenez daiz, ne aussin les soignemens des charpentiers présent il ont ouvert pour le dit couliz en lostel de mon dit seigneur a Troyes ».

 

Compte temporel de la terre et appartenances de l’évêque de Troyes à Saint-Lyé, 1385 
(Arch. dép. Aube G 412, fol. 21)

Au-delà d’un simple registre comptable, les comptes temporels des évêques de Troyes abondent d’informations sur la société médiévale. Ils nous permettent de retracer une carrière, dresser une généalogie familiale, prendre connaissance des coûts de la vie, des matériaux et de la masse salariale mais, aussi et surtout, de suivre l’évolution des bâtiments au gré des années et des aléas.

Section Archives par Aurélie Gauthier







Châteaux de Saint-Aventin, St Benoit-sur-Vanne, St Bouin, des Cours, de la Planche,

 - Château de Saint-Aventin


Maison seigneuriale en 1675, détruit à la Révolution.

Ce château a remplacé en 1840 l’ancien château de Saint-Aventin.

Il est édifié par Bily Deheurles dans un style néo-classique, en 1840.

Le riche comte Stroganoff, issu de la Russie tsariste, y vécut en 1900. Le château avait un train de vie luxueux pendant toute cette période.

Devant le château, une grande pelouse entourée de deux allées bordées d’arbres apparaît. Les allées et pelouses principales ont conservé leurs tracés ; des arbres plus que centenaires demeurent et agrémentent l’ensemble de la propriété.

L’ovale de l’allée sablée qui cerne l’immense tapis de la pelouse, conduit jusqu’au pied de la sobre demeure encadrée d’arbres séculaires. Les parterres fleuris des jardins étaient sans cesse renouvelés au gré des fantaisies de leurs maîtres.

Selon l’ancien plan, le parc à la française était composé de quatre pièces entourées d’allées; de part et d’autre de celui-ci, se trouvaient deux vergers et un jardin potager.

Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château ; l'écrin de verdure entourant le château : inscription par arrêté du 28 juin 1995.

Les propriétaires actuels étaient marchand de bois, tout est toujours fermé...


Propriété privée


- Château de Saint-Benoist-sur-Vanne

Le premier château connu a brûlé en 1594. 


Le château de Saint-Benoist-sur-Vanne est une propriété de 100 hectares dont la bâtisse principale fut remaniée à différentes périodes de l’histoire. Il est protégé par des douves qui entourent la partie principale du château et par un pont-levis. Il a été complétement rénové par son actuel propriétaire.

Situé au fond de la vallée, à proximité de la voie romaine qui menait de Sens à Troyes, le village doit son nom à l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, qui au XIe siècle l’avait reçu en don de l’évêque de Troyes. Les premières traces d’un château seigneurial datent du XIIIe siècle. L’édifice a vraisemblablement été remanié au XVIe siècle par la famille d’Averly, propriétaire de l’époque.

En 1594, les ligueurs de Troyes incendient la maison seigneuriale de Saint-Benoist, et il est noté dans un acte qu’elle est ensuite considérée comme étant en ruine. Il semble qu’elle ne retrouva sa splendeur qu’après 1638, après son rachat par Louise de Cormont. Elle a en effet le caractère des demeures de l’époque Henri IV-Louis XIII, avec ses étroits pavillons d’angle, ses hauts combles à forte pente et ses lucarnes classiques en pierre.

En 1651, le domaine fut racheté par Henri de Longueau et resta dans la famille, changeant de main au gré des mariages et des successions. Il vit se succéder différents propriétaires jusqu’à Nicolas-René Peschard d’Ambly, baron de Levoncourt.

Sa dernière descendante propriétaire, fut Lucie d’Ambly qui épousa avant la Seconde Guerre mondiale Charles Buxtorf, représentant d’une dynastie d’industriels troyens. Au décès de ce dernier, Jean Bertrand, amoureux de l’histoire du château, décida de restituer toute sa beauté grâce à une restauration générale. L’édifice est inscrit au titre des monuments historiques en 1984.

Le château de Saint-Benoist-sur-Vanne a fait l’objet d’une restauration générale, menée avec le concours des monuments historiques. Cette apparence puissante et élégante est le fruit de siècles d’histoires.

Les bâtiments qui composent le château occupent un terre-plein délimité à l’origine par une double ceinture de larges fossés, près du cours de la Vanne et du long bief qui alimentait plusieurs moulins.

Le grand pavillon d’entrée fait sans conteste l’originalité et l’intérêt de l’édifice. Elevé sur plan rectangulaire, il est encadré sur la façade extérieure d’élégantes trompes d’angles supportant des tourelles de pierre à la silhouette ondulante. L’arcade du passage charretier, profilée en anse de panier, a été reprise en briques à l’époque moderne, de même que la fenêtre qui la surmonte, encadrés par les rainures où venaient se loger les bras du pont-levis. A gauche du passage s’ouvre la petite porte piétonne dont la feuillure donne la mesure de la largeur des douves d’origine.




Les importants travaux menés avec le concours des Monuments Historiques ont concernés le pavillon d’entrée, le corps de logis et diverses dépendances, en particulier le colombier octogonal et son double clocheton sous charpente.

Propriété privée

Château de Saint-Bouin

Il ne s’agit pas d’une forteresse médiévale, mais d’un sanctuaire très antérieur à l’époque chrétienne, dont les principes de construction se trouvent dans la bible : « … Vous me ferez un autel de terre et vous m’offrirez sur cet autel vos holocaustes et vos hosties pacifiques… » (Exode).

D’après certains auteurs, le mot « château » aurait signifié : endroit sacré et clos où l’homme était protégé par la loi d’un ordre supérieur (on pense aux Maîtres du Monde de Charroux), et devait, de ce fait, s’y rendre sans armes. Le mot « château » a donc perdu aujourd’hui, son sens sacré.

Le « château » de Saint-Bouin est un sanctuaire en terre, construit à flanc de colline, en bordure de la route de Saint-Mards-en-Othe à Maraye. Il est dans un bois, ce qui a peut-être sauvegardé son aspect, et au bord d’un petit chemin s’ouvrant à droite de la N. 374, à environ 1.500 mètres de Saint-Mards-en-Othe, en allant sur Maraye.

Une ancienne tradition nous apprend que saint Bouin est né dans le diocèse de Troyes. On sait qu’il se retira dans la solitude entre Saint-Mards-en-Othe et Maraye, dans une petite vallée entourée de bois, sur la paroisse de Saint-Mards, auprès d’une fontaine où il construisit sa cellule et sa chapelle. Il y passa un grand nombre d’années dans la contemplation et dans « les exercices de la plus sublime dévotion ». Il se rendit recommandable par ses vertus, par ses miracles et mourut le 29 septembre 570.

En 1145, l’évêque de Troyes, Hatton donna son ermitage aux chanoines réguliers de Saint-Martin-ès-Aires, de la règle de Saint-Augustin qui en faisaient l’office à 9 lectures le 28 septembre.

Au pied de la colline se trouve une source captée en 1844. Cette source avait la propriété (tout au moins la réputation) de guérir la fièvre et les personnes convalescentes ou atteintes d’indisposition rétives. Quand on s’intéresse à ces sources, on s’aperçoit quelles ont été très souvent, et à des époques très anciennes, le prétexte pour construire un sanctuaire. Plusieurs de nos cathédrales n’échappent d’ailleurs pas à cette règle, malgré son aspect païen.

Le sanctuaire ou « château » de Saint-Bouin se présente sous la forme d’une cuvette circulaire d’environ 53 mètres et entourée d’un fossé dont la terre a vraisemblablement servi à relever les bords d’une plateforme circulaire. Du côté chemin, une partie du fossé a été comblée pour accéder à la cuvette, afin de l’exploiter (environ 20 ares), mais sa mise en valeur a été abandonnée et, seul un maigre taillis y subsiste. La cuvette est légèrement inclinée du côté de la source captée. Dans cet endroit, tous les ans, à Pâques, se déroulait un pèlerinage en souvenir de saint Bouin.

Jusqu’au milieu du XVIIe siècle, outre les pèlerinages à la source miraculeuse de saint Bouin, l’ensemble source-sanctuaire, d’après les histoires racontées aux veillées par les gens âgés de cette époque aurait été le théâtre d’évènements merveilleux et bénéfiques.

La chapelle, détruite à la Révolution, était à côté de la source. L’efficacité de cette eau n’était assurée qu’à l’endroit de la source surmontée d’une croix. La croix fut enlevée en 1840 et mise sur la route. Les pèlerinages cessèrent au début du XVIIIe siècle.

Les habitants de Saint-Mards, désireux de posséder quelque chose de leur saint, obtinrent de l’abbé de Montier-la-Celle qu’il leur donnât l’os maxillaire inférieur et quelques petits ossements le 2 octobre 1779.

Chaque année, ces reliques étaient portées en procession à l’église paroissiale, à l’emplacement de l’ermitage, et les vieillards du siècle dernier se rappelaient encore la pompe extraordinaire déployée en 1788. Cachés pendant la Révolution, ces précieux restes furent authentifiés le 17 février1834.

On fait mémoire de saint Bouin à la Toussaint de Troyes, le 8 novembre.


- Château de Saint-Julien-les-Villas 



Tous les Troyens connaissent à Saint-Julien-les-Villas le lieu-dit « Château des Cours », vaste lotissement de pavillons individuels, très arboré. Ce qui faisait l’orgueil de Saint-Julien, c’était son château, le Château des Cours, avec son immense parc descendant jusqu’aux berges de la Seine, et dont les magnifiques arbres multiséculaires faisaient l’admiration des visiteurs et des promeneurs.

Il y avait en effet un véritable château de 1760, mais qui devenant dangereux, car menaçant ruine, est démoli en 1950.

L’édifice était un vaste rectangle à un seul étage avec au centre un corps de logis légèrement avancé et une aile en équerre à chaque extrémité. L’avant-corps central était surmonté d’un fronton triangulaire avec, en relief, une Cérès entourée de ses 2 vestales. A gauche étaient situés les communs.

Auparavant, la terre des Cours et de la Renouillère, dénommée au XVII° siècle les « Courts arpents », d’où le nom du château, consistait en une maison très modeste sise au milieu d’un enclos. Elle fut achetée par Jacques Rémond le 25 septembre 1642.

Cet avocat et conseiller du roi au siège et présidial de Troyes, fait construire cette demeure, dans un parc de 40 hectares bordé par la Seine, sur les plans de Louis Maillet chanoine de la cathédrale de Troyes, qui n’en est pas, comme architecte, à son coup d’essai, puisqu’il a déjà, quelques années auparavant, dessiné le portail de l’église de Saint-Martin-ès-Vignes.

 Les 2 frères, Nicolas comme Jacques Rémond sont réputés pour leur intelligence et pour la valeur de leurs travaux littéraires : La vie d’Abélard, Lettres du même à Héloïse, La véritable politique des hommes de qualité, que Louis XIV lui-même fait rééditer, les Lettes philosophiques et galantes de Mademoiselle G…, Lettes sur la poésie…

Un très beau parc peuplé d’arbres magnifiques entourait le château. Le jour de la fête patronale, le 20 août (car il s’agit de saint Julien-de-Brioude et non de saint Julien l’Hospitalier), la population d’alentour avait le droit de venir ouvrir le bal. Ce qui faisait la fierté de ce jardin splendide, dessiné par Le Nôtre lui-même, c’était un chêne imposant qui avait le mérite d’avoir inspiré par sa beauté Jean de La Fontaine familier de ces lieux. Sa fable « Le chêne et le roseau » a été écrite à l’ombre de son somptueux feuillage, et elle est d’ailleurs dédiée aux 2 frères Simon, fermiers généraux, avocats et littérateurs Troyens. Il y compose une pastorale pour des bergers et des bergères, donnée dans ce Château des Cours, lors d’une fête en l’honneur du sieur Rémond…

Faisait aussi l’admiration des connaisseurs un autre arbre (abattu par un violent orage en 1895), peuplier flamand de Hollande, connu même jusqu’à Marseille comme « le peuplier de Troyes », haut de 40 m, au feuillage de 80 m de circonférence, et 13 m de circonférence du tronc à ras de terre.

A cette époque, les châtelains, les Rémond des Cours en avaient fait un véritable foyer de culture, réunissant leur « coterie littéraire », composée des meilleurs esprits de l’époque. Ils recevaient Claude Perrault, l’architecte de la colonnade du Louvre et des plans de l’Observatoire de Paris, son frère Charles, le célèbre auteur des contes de fées (propriétaire du château de Rosières). Notre écrivain Nicolas Boileau compose dans ce château une partie de son « Art poétique ». Un autre écrivain Fontenelle, qui mourut presque centenaire, aimait ce lieu pour y composer ses « Eloges des membres défunts de l’Académie française » dont il faisait partie. Le père Tournemine, très lié à Voltaire,  dirigeant le Journal de Trévoux est aussi un habitué du Château des Cours, de même que Voltaire qui y vient souvent en villégiature. L’inauguration du château des Cours eut lieu en 1678.

Rémond des Cours décède en 1716. Pierre Alexandre Levesque de la Ravalière, membre de l’Académie des inscriptions à Paris, né à Troyes,  manifeste ses regrets en ces termes : « Une académie réveillerait et ramènerait le génie et les talents dont tant de troyens sont encore abondamment doués ». Cette suggestion est à l’origine de la fondation de la Société académique de l’Aube en 1798.

Nicolas Rémond étant mort célibataire et sans enfant, ses héritiers vendent le domaine en 1782, à Etienne Lerouge de Troyes, qui le transmet à son gendre Victor Masson, maître des Requêtes au Conseil d’Etat et député de l’Aube, qui le fait agrandir et embellir de nouveau le parc dans le style anglais.

Il faillit être acheté par Voltaire. Mais, au dernier moment il lui préféra une propriété à Ferney.

La propriété passe en 1859 à M. Léon Lecomte, armateur, qui la conserve jusqu’en 1874, date à laquelle elle est achetée par Claude Fernand Doé.

Pendant la guerre 1939/1945, les troupes d’occupation allemandes se servaient de cette propriété comme champ de manœuvre. En 1942, elle est vendue à la Société troyenne d’aménagement immobilier. Le château, très délabré est démoli en 1945 et la société Compagnie auboise immobilière crée sur son emplacement un lotissement.

Pour ne pas oublier les prestigieux visiteurs, qui ont fréquenté ce domaine, la municipalité de Saint-Julien a donné leurs noms aux rues parcourant ce quartier.

En 1970, le SOFPA crée pour les cadres de l’industrie textile troyenne et leur famille, un extraordinaire lieu de détente, de rencontre et de convivialité, sur plus de 2 hectares, avec piscine chauffée, tennis, terrains de jeux… 

2024, plus rien n’existe !


 Château de la Planche

à Saint-Léger 

 



D’argent au chevron de gueules (de Vautibault), accompagné en chef de deux macles d’azur (de Marisy) et en pointe d’une canette de sable (de Milly), au chef d’azur chargé d’une double cotice potencée et contre potencée d’or (Champagne).

BIEN OU MIEUX : devise de Odart de Marisy – dalle funéraire de l’église paroissiale




Propriété privée impossible d'approcher

Les châteaux de l'Aube


Église Saint-Thibault de Saint-Thibault (10)

  Édifice du XIIe siècle pour les parties anciennes comme l'abside, le reste étant du XVIe siècle. Elle était une église paroissiale mai...