Elle était une église paroissiale mais succursale de celle
d'Isle. Elle fut le siège d'un prieuré qui dépendait de l'abbaye de Molesme
avant qu'il ne soit transféré en 1097 en la chapelle du château de l'Isle.
Le clocher, initialement situé sur la partie centrale du
toit, a disparu lors de l'incendie de 1924. La tour d'angle a été modifiée pour
abriter les cloches ; sur le mur nord de la nef.
Christ de pitié du XVIe siècle en calcaire polychrome qui
était au centre de la façade, se trouve maintenant à l’intérieur de l’église.
Toutes les autres statues du XVIe ont disparues.
L'édifice est classé au titre des MH en 1928.
Le portail du XVIe est classé à l'inventaire des MH depuis le 28 juillet 1928, il présente trois niches amputées de leur statue. Au-dessus d'elles, une représentation équestre de Saint-Thibault portant un faucon sur le poing et accompagné de son lévrier devant les antérieurs de son cheval. Sans doute partait-il à la chasse.
Dédicace sur la cloche – Août 1664
† IN NRE DOST IHS STRE THOBALDE ORA PRO NOBIS BENISTE EN
AOVST 1664 PAR VBE EDTE PNE (vénérable et discrète personne) ME D. DE LA PREIZE
PBRE DV DICT LIEV GVRE NOE EN LVSITE (gouverneur nommé en l’université) DE
PARIS HONORABLE HOMME IEHAN GALIEN BOVRGOIS DE TROIS PARAIN DNLE ANNE RIGLET
ESPOVSE DE ME PIERRE MAILLET COER & ADVOCAT DV ROY AV GRENIER A SEL DE
TROIS MARAINE-NICOLAS BOVRGVIGNAT & EDME PVLINAT MAR-GVILLIERS
"Beniste en août 1664" → La cloche a été bénie en
août 1664.
"Par vénérable et discrète personne Me D. de la Preize,
prêtre du dit lieu" → C’est le prêtre du village qui a présidé la
bénédiction.
"Gouverneur nommé en l’université de Paris" → Il
avait un titre ou une reconnaissance académique.
"Jehan Galien, bourgeois de Troyes, parrain" →
Parrain officiel de la cloche, notable local.
"Dame Anne Riglet, épouse de Me Pierre Maillet, cœur
& avocat du roi au grenier à sel de Troyes" → Marraine, femme d’un
avocat royal — le grenier à sel était une institution fiscale.
"Marraine : Nicolas Bourgvignat & Edme Pulinat,
marguilliers" → Marguilliers = responsables laïcs de la paroisse.
Dans l’église du village de Saint-Thibault, situé à une
dizaine de kilomètres au sud de Troyes, une cloche ancienne attire l’attention
par son inscription en latin :
Sub venerabili et discreto viro magistro D. de la Preize,
presbytero loci.
Ce texte peut être traduit ainsi :
Par la vénérable et discrète personne Maître D. de la
Preize, prêtre du dit lieu.
Cette formule, typique du langage religieux et juridique des
siècles passés, nous plonge dans l’histoire locale. Elle évoque un prêtre
respecté, probablement originaire du quartier de Preize à Troyes, ou ayant
exercé là-bas, qui était en poste à Saint-Thibault au moment de la bénédiction
de cette cloche. Les termes "vénérable" et "discret"
étaient des marques de respect, soulignant la sagesse et la dignité du prêtre.
Mais cette inscription ne fait pas que nommer un homme :
elle nous renvoie aussi au saint patron du village, Saint Thibault de Provins,
dont l’histoire mérite d’être racontée.
Saint Thibault, né vers 1039 à Provins en Champagne, était issu de la haute noblesse. Fils d’Arnoul, comte de Champagne, il renonça très jeune à la richesse et au pouvoir pour mener une vie de pèlerin et d’ermite. Accompagné de son ami Gautier, il parcourut l’Europe, passant par Saint-Jacques-de-Compostelle, Rome, puis s’établissant en Italie, près de Vicence. Là, il fonda un ermitage à Sayanega et entra dans l’ordre des Camaldules, menant une vie austère, faite de prière, de silence et de pauvreté.
Il mourut le 30 juin 1066, et fut canonisé en 1073 par le
pape Alexandre II. Très vite, sa réputation de sainteté se répandit dans toute
l’Europe. Il devint le patron des charbonniers, des célibataires, des vignerons
et des cordonniers, et fut invoqué contre la fièvre, la toux sèche,
l’infertilité et même les crises de panique.
Le village de Saint-Thibault, près de Troyes, porte son nom
en hommage. Il est mentionné dès 1097 dans les archives de l’abbaye de Molesme
sous le nom Sanctus Theobaldus. L’église du village, classée Monument
Historique, abrite plusieurs trésors : une statue équestre rare de Saint
Thibault avec son faucon et son lévrier, une statue du Christ de pitié du XVIe
siècle, et bien sûr, cette cloche portant l’inscription latine.
Cette cloche est bien plus qu’un objet liturgique : elle est
un témoin silencieux de la foi, de la mémoire locale, et du lien entre Troyes,
Preize, Saint-Thibault et le saint qui a donné son nom au village. Elle incarne
une époque où chaque bénédiction était un acte solennel, inscrit dans le métal
pour traverser les siècles.
Cette cloche, bénie par un prêtre venu de Preize, est bien
plus qu’un simple objet religieux. Elle est un lien entre les pierres de
l’église, les croyances d’autrefois, et l’histoire d’un saint champenois qui a
marqué les esprits bien au-delà de son époque. En la regardant, on entend
presque résonner les pas des pèlerins, les prières murmurées, et le souffle du
temps. C’est dans ces détails que la mémoire locale prend vie — et c’est pour
cela que je voulais partager cette histoire avec vous.
Cette statue en pierre, fixée sur le côté Sud du toit de
l’église de Saint-Thibault, représente le saint dans sa posture d’ermite. Il
tient un livre, symbole de la prière et de la méditation, et porte une robe
simple.
A l’origine la statue ornait le portail occidental de
l'église. Elle fut provisoirement déposée en mairie suite à l'incendie de
l'église de 1924, puis remise dans l'église à un nouvel emplacement.
Archives de statues aujourd’hui disparues
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire