jeudi 30 mai 2024

Recettes champenoises

 


La soupe aux choux et la potée champenoise

Ce n’était pas un plat bien compliquée à faire, il représentait un avantage pour la ménagère : une fois mis en route, elle pouvait aller faire « ses ouvrages pa’la cour » sans soucis. Le pot, soit pendu à la crémaillère, soit posé en avant de l’âtre, devant sur les braises, cuisaient tout doucement et ne demandait plus aucun soin. Cette potée était la base de la nourriture rurale de cette époque.

Il fallait, la veille, mettre un morceau de porc salé, dans un seau d’eau froide, pour que, durant toute la nuit, il perde, petit à petit, la plus grande partie de son sel.

Dès le matin, la fermière a mis le morceau à dessaler dans un pot de terre rempli d’eau froide. L’eau s’échauffe lentement et il faudra écumer avant l’ébullition. Pendant ce temps, notre Louise épluche un ou deux poireaux (autant de feuilles vertes que de blanc, il ne faut rien perdre) quatre ou cinq carottes, deux navets (en hiver, on les remplace facilement par du chou-navet, de l’espèce appelée aujourd’hui : rutabaga). Ici, on ajoutait encore un panais (pour son parfum, surtout car ce légume a une saveur très particulière que beaucoup de personnes n’apprécient pas). Et lorsque l’eau bout, débarrassée de son écume, on y plonge cette première fournée de légumes, et on laisse cuire tranquillement… une heure et demi ou deux heures pour le moins !

Revenue de ses travaux de la basse-cour, la fermière peut alors penser à la deuxième série : chou et pommes de terre. Un beau chou bien pommé dont on épluche et ôte les premières feuilles vertes : celles-ci seront utilisées néanmoins ; mais la pomme du chou ne sera pas détaillée : seulement coupée en deux pour être plus facilement débarrassée de son trognon, elle ira dans le pot, accompagnée des grosses feuilles du tour un peu broyées dans les mains ; de nouveau , au moins une bonne heure de cuisson ; là, notre cuisinière va vérifier la cuisson de son salé : il est probablement à point ; elle l’enlève donc sur une assiette, et le remplace par quelques pommes de terre… : non pas des pommes de terre à fricot, qui, dans ce plat se montreraient trop fermes et mêmes dures ; mais plutôt des espèces champenoises : Beauvais ou équivalentes ; il s’agira de surveiller leur cuisson car, celle-ci atteinte, le tubercule se déliterait facilement. Cuites à point, elles seront veloutées et s’écarteront en croulant sous la fourchette.

Cette fois, tout est fini, on peut servir.

D’abord, dans la soupière, la ménagère a coupé de larges tranches de ce gros pain de ménage fariné, bien en mie. (Où sont nos baguettes et flûtes modernes ?) Sur ces tranches, avec la poche, elle verse le bouillon de cuisson aux larges yeux.  Puis dans un plat, elle dispose les légumes et couronne le tout du morceau de salé remis à doucir quelques instants pendant qu’on dégustait la soupe aux choux. Le lard rose tremblote.

Le fumet emplit toute la cuisine. Mais où sont les potées d’antan ?

 



Plantes et remèdes de bonnes femmes

 


Des plantes pour guérir

Remèdes de bonnes femmes

 

Il était une fois, un chien et un chat. Tous deux se sentaient mal-à-l’aise, leur estomac se refusait à digérer. Ils se mirent en quête dans la prairie… d’instinct le chien se mit à manger du chiendent tandis que le gros minet mastiquait son herbe-à-chat.

Il y a quelque cinq millions d’années, notre grand-père australanthropien devait faire de même. D’instinct il savait, lui aussi reconnaitre les « herbes médecines » qui soulageaient ses maux.

Aujourd’hui « grâce à » la civilisation, notre flair est incapable de discerner un bon champignon d’une amanite morelle ! Nous sommes, doucement, devenus de gentils lapins de clapier qui ingurgitons sans hésitation notre fatal « réveil matin »… cette civilisation, dont nous sommes souvent trop fiers nous fait oublier qu’il y a des millénaires, des hommes savaient, guérissaient, opéraient, n’hésitaient pas à réduire les fractures, à trépaner même, en usant simplement des possibilités que la nature leur offrait.

Une nature que ces sauvages primitifs ne savaient pas encore polluer à coup de produits scientifiquement élaborés…

Mais le jour n’est peut-être plus très loin où les savants réunis en congrès scientifique dévoileront solennellement une plaque de marbre noir où l’on aura gravé en lettres d’or :

« En l’honneur des sorciers que nous avons brûlés parce qu’ils savaient depuis des siècles et des siècles ce que nous vous démontrons aujourd’hui ».

Il ne reste qu’à souhaiter que ce jour-là, un sorcier, un vrai, se cache encore dans le peuple des hommes pour transmettre son initiation millénaire … aux savants.

  

DES PLANTES POUR GUÉRIR

Herbes de sorcières

La médecine par les plantes relève de différentes pratiques. Certaines tiennent compte d’une propriété chimique qui servira de thérapeutique. D’autres de son aspect physique qui agira par mimétisme. D’autres encore feront matérialiser des « pouvoirs » occulte ou astrologiques. D’autres enfin auront pour support le « symbole » attribué au végétal.

Toutes ces méthodes sont souvent liées et font que le « sorcier », le « guérisseur », le « maugeux » agit le plus souvent par « phyto-magico-thérapie ». Si l’on ajoute à cela les interférences religieuses et le caractère secret de l’enseignement, de l’initiation, on comprendra aisément l’aspect étrange et complexe de cette « médecine ».

Ajoutons enfin qu’elle est toujours restée l’apanage du « peuple ». Ceci suffisait donc pour qu’elle soit déconsidérée, négligée et condamnée par les hommes « hautement civilisés » du XIXe siècle…

Phytothérapie et aromathérapie

Nous avons sciemment voulu dissocier ces « médecines » et ne traiter présentement que la thérapeutie chimique. Celle-ci est aujourd’hui subdivisée en deux classes :

« Phyto et aromathérapie ».

Si l’un et l’autre de ces traitements sont médicalement reconnus, il ne faut pas les confondre.

La science de l’aromathérapie est exacte. Elle s’appuie sur des principes actifs connue et reconnues et fait l’objet d’une industrie pharmaceutique. Mais elle ne pouvait être que difficilement abordable par nos ancêtres car elle exige des techniques très complexes et  souvent de création récente. C’est grâce à elle que l’on peut produire des extraits, des intraits, des huiles essentielles et des essences.

La phytothérapie ne peut pas encore être considérée comme une science exacte. Elle met en jeu trop d’aspects inconnus des plantes. En outre, lorsque l’on sait que le sol, la lumière agissent considérablement sur la « pousse » de la végétation, on comprendra que les « dosages » ne peuvent être que très relatifs. Encore ne tient-on pas compte de la « pollution »… On peut donc admettre que les infusons agissent « grosso-modo » comme prévu mais, sans plus. Ceci n’empêche que de nos jours, il est encore et toujours bon de connaitre les « vertus » des « simples ». Ne serait-ce que pour ne pas s’empoisonner !

Préparation et « posologies »

Le moyen le plus direct et le plus rapide pour absorber les composants chimiques d’une plante, c’est évidemment de la manger. C’est ce que nous faisons couramment avec les légumes. Toutefois, ce système n’est pas toujours applicable, soit que les végétaux n’aient pas les qualités « gastronomiques » requises par notre palais, soit que leur résistance mette à l’épreuve notre dentition ou notre digestion.

Empiriquement toujours les anciens ont remarqué que ses principes actifs se concentraient différemment dans les parties de la plante et que même parfois certains éléments d’une mémé plante pouvaient causer des réactions opposées.

Il faut donc savoir préparer une tisane mais aussi connaitre le procédé de conservation de l’espèce choisie, cueillir judicieusement fleurs, feuilles, fruits ou racines et tenir compte de la période de l’année où la plante est « à point » pour ne pas chercher des « prunes fraiches en janvier » !

mercredi 29 mai 2024

Louise... disparition à Saint-André...

 

Jean Dupré - La fenaison vers 1895


Louise…  un fait divers, d’une autre époque… à Saint-André

On recommandait en ces temps-là,  aux enfants,  de ne pas aller trop loin dans les terrains plus ou moins marécageux de la Vienne. On leur demande surtout de n’aller pas trop loin, du côté de la fontaine Saint-Martin. La vieille histoire de « la Louise » les en aurait d’ailleurs dissuadés.

C’était une enfant comme les autres, comme ils étaient presque tous, à la campagne, en ce temps-là. De famille pauvre, très jeunes, ils devaient participer à la vie et au travail de la famille.

Dans la mesure de leurs moyens, sans doute, mais quel est l’enfant de nos villages qui n’employait pas ses jeudis, ses soirées, ses vacances à garder la vache dans les prés, à glaner derrière la voiture gerbière après qu’on avait ramassé les gerbes, à soigner volailles et lapins ?

Louise ne pouvait échapper à la condition commune. Aussi ne trouvait-elle pas extraordinaire que sa maman l’envoie régulièrement à l’herbe « pour les lapins ».

Ce n’était pas parce que sa mère était restée seule après la mort de son père, c’était parce qu’on avait l’habitude que les enfants ne restent « jamais sans rien faire ». D’autant plus qu’ils pouvaient se rendre utiles.

Aussi, ce jour-là, Louise était-elle partie dans la campagne environnant chercher une gironée d’herbe pour les lapins qu’élevait sa maman.

Saint-André n’était alors qu’un modeste village assez éloigné de la ville. La campagne était vaste autour des quelques chaumières qui accompagnaient l’importante abbaye de Montier-la-Celle. Des travaux n’avaient pas encore été entrepris pour canaliser les nombreuses Viennes qui traversaient le territoire et qui en faisaient un immense et traitre marécage.

Louise était donc partie à la recherche des panais, des plantains, des séneçons et autres végétaux dont les lapins sont toujours restés friands.

Elle n’était pas seule. C’est bien connu : les enfants de nos campagnes se sont toujours entendus pour se trouver dans la nature, à la croisée du dernier chemin, pour rire et s’amuser ensemble, quittes à poursuivre ensuite la chèvre ou la vache qui s’étaient échappées, quitte à précipiter la cueillette de l’herbe, avant de regagner la maison.

C’est bien ce qui se passa ce jour-là !

Après avoir bien musé, les enfants s’avisèrent qu’il se faisait tard. Brusquement, ils se séparèrent pour vaquer chacun à ses occupations.

On pense que Louise se dirigea tout de suite vers les endroits qu’elle connaissait bien pour lui fournir en abondance les herbes appropriées. C’étaient des lieux qu’elle avait l’habitude de fréquenter. Elle savait aussi les coins dangereux, ceux où elle aurait pu prendre pied et s’enliser. Elle renait garde de n’aller que là où la terre était ferme, quitte à s’assurer d’une main, à la basse branche d’un arbre quand elle avait à cueillir une herbe sur une rive incertaine.

Elle connaissait cette terre par cœur pour l’avoir tant et tant de fois pratiquée.

Et pourtant…

Louise n’était pas rentrée ce soir-là.

 Alors que toutes les autres fillettes et les autres garçons étaient, depuis longtemps, de retour. C’est la raison pour laquelle la maman de Louise s’inquiétait.

Qui décida de s’en aller à la recherche de son enfant.

Sitôt qu’elle fut à proximité de l’entrelacs formé par les nombreux canaux des Viennes, alors que la nuit tombait, l’angoisse l’étreignit devant ce marais qu’elle avait, elle aussi, maintes fois traversé.

Comme elle n’y voyait plus guère du fait que la nuit tombait, elle prit le parti d’appeler.

« Louise, Louise, Louise… » criait-elle à tous les échos. Et ceux-ci lui répondaient « Ouise, ouise, ouise… » d’une voix morne et désolée.

De la fillette, point de réponse.

Affolée, la maman allait, droit devant elle, toujours criant le nom de Louise.

Inlassablement, elle s’entendait répondre : « Ouise, ouise… »

Quand son pied buta sur un ballot d’herbes.

C’était le devantié de la fillette aux trois quarts plein. Il lui fallut se rendre à la triste évidence, Louise avait disparu… Et nul ne la retrouva plus.

Voilà pourquoi la contrée marécageuse des « Ouises » rappellera longtemps encore le souvenir de la fillette qui disparut en allant à l’herbe. Voilà pourquoi les petits enfants du grand-père n’osaient s’aventurer trop loin du côté des Viennes. Il leur avait raconté la triste aventure de « la Louise » afin justement, de leur inspirer la criante salutaire des endroits dangereux.

Louise disparue en 1855


Saint-André... Hier

Chez Dupuy auberge créée vers 1810 par la famille de ma Gd mère paternelle

 L’Ancien Saint-André, aujourd’hui Saint-André-les-Vergers

L’étude du cadastre (celui de 1870 révisé en 1958 et celui de 1828), l’observation des voies de communications et des différents lieux-dits de la commune nous donnent une étude assez précise du village tel qu’il existait au XVIIIe et du début du XIXe siècle.

La partie basse de Saint-André (qui occupe une surface importante) était couverte par un marais qui gênait considérablement le développement de la vie rurale de l’agglomération et ses relations avec la ville voisine.

Un plan ancien nous permet d’avoir une plus juste idée de l’importance de ce marais. Nombre de lieux-dits en attestent l’existence :

Rue du gué : (rue Médéric) endroit dans le marais où l’on peut passer à pied sec

Rue de la Grande Planche : (rue Jeanne d’Arc) , accès à Troyes

Lieudit La Grande Planche : difficile à cause des marécages, les Grandes planches permettaient de sortir du marais.

Les Ouises : voir LOUISE

Les Suivots : (chemin et lieudit) chemin qui contourne le marais

L’Ile Germaine : Elle émerge au-dessus du marais. Appellation en souvenir de Saint-Germain d’Auxerre qui aurait rencontré Saint Loup à cet endroit.

Rue du Pont aux prêtres : passage entre l’habitation des prêtres et l’église

Chemin des Marivots : chemin dans le marais

D’autres lieux-dits sont le reflet des activités rurales des habitants de Saint-André

La Linchère (le chemin des Roises) les trous d’eau où l’on faisait rouir le lin

Les Vignots. Moque bouteille : lieux plantés de vignes. Ces vignes produisaient, disaient les moines, un vin de mauvaise qualité. [La vigne a disparu à St André]

Les Vieux Cortins : Les cortins désignent l’endroit où l’on trouvait des jardins maraîchers

Cliquat : Moulin à aubes, sur les ruisseaux, à la limite avec La Rivière de Corps. Le cliquetis des engrenages a donné son nom au lieudit.

 

Quelques-unes de ces appellations font état d’activités liées à la proximité de l’Abbaye :

Les tuileries. Rue du four : (aujourd’hui rue de la République) Les vastes bâtiments monastiques, avec leurs églises et chapelles, auxquelles s’ajoutaient des celliers, des écuries, des forges et autres habitations diverses, exigeaient briques, tuiles et faitières. Il était donc habituel de voir des tuileries s’installer à proximité des grandes abbayes du Moyen-Age.

La Fourche aux Moines : terrains cultivés

Les Vergers : entre le Bas Clos et l’Abbaye de Montier-la-Celle, terrain fertile planté de fruitiers

Les Bas Clos : Pâtures entourées de haies en clôtures, situées entre la route d’Auxerre et la rue Thiers. Dans ces prés, on allait conduire les moutons et les vaches

Les Hauts Clos : c’est l’endroit le plus élevé du village, près de Troyes. L’Hôpital de Troyes ouvert en 1961 se nommait Hôpital des Hauts Clos. Il a été rebaptisé le 28 septembre 2018 : Hôpital Simone Veil.

 

LIEUX-DITS DRYATS

Lieux-dits de Saint-André

mardi 28 mai 2024

Le Beau Toquat

 



Que n’a-t-on pas écrit sur le toquat !

Bien des auteurs n’ont-ils pas chanté sa grâce et sa légèreté ? Tous les dictionnaires et les almanachs n’en ont-ils pas donné des « reproductions » ? La publicité même, n’en propage-t-elle pas le nom et l’allure aux quatre coins de France ?

Il apparait donc que les documents ne manquent point, qui permettent d’étudier les formes diverses de cette coiffe splendide, les lieux dont elle est originaire, et aussi son évolution.

Il semble difficile que tous ces toquats qui nous sont offerts par gravures ou photographies, ne soient pas authentiques ou, du moins, ne s’inspirent pas des documents les plus sérieux.

Quels sont donc ces documents ?

Les Aubois ne connaissent guère qu’un seul exemplaire de toquat dont l’origine est absolument certaine : celui qui est exposé au musée de Vauluisant. Ils n’ignorent pas les dessins de Fichot, ceux d’Arnaud, ainsi que le tableau de Valton, récemment acquis par les amis des Musées.

Quelles sont alors les autres sources auxquelles ont pu se référer les auteurs ? N’aurait-on pas quelque peu brodé sur la question ?

C’est pourquoi nous avons demandé à Gilbert Roy de nous parler du toquat. De celui du musée de Troyes d’abord, qu’il a rénové, dont il a extrait, il y a un an à peine quelque deux cent cinquante épingles qui le maintenaient en son éclat d’origine, qu’il a entièrement démonté, et dont il a ravivé l’éclat, pour finalement le rajuster en sa splendeur première.

Il nous dira ensuite ce qu’il pense des autres toquats, qu’il a  aussi longuement étudiés. Ceci nous aidera à voir plus clair dans tout ce qu’on nous propose aujourd’hui.

Il nous sera possible alors de cerner l’histoire véritable de cette coiffe essentiellement  troyenne, de la démystifier au besoin et surtout, de la réhabiliter.

Ce sera une manière de la défendre que de n’accepter, pour son honneur et sa gloire, rien qui ne soit authentique, mais tout ce qui l’est.

Voilà le pourquoi de  numéro huit de notre Revue, un numéro exceptionnel que nos lecteurs ne manqueront pas d’apprécier.

Le Toquat coquille journalier

Le toquat ne serait qu’une grande coiffe de cérémonie. Cette légende a été soigneusement entretenue. Elle est encore répandue par ceux qui ne voient dans le folklore qu’un aspect strictement spectaculaire.

En fait, il n’en est rien ; c’est une coiffe de type « à câle » qui a de nombreux points communs avec les autres bonnets de notre région.

Le toquat dit « coquille » se portait tous les jours de la semaine, à la manière de la capeline, avec cette seule différence que la coiffe légère en voile se posait sur la câle matelassée, alors que la capeline en toile durcie, se portait par-dessus la coiffe fine.

Ce toquat journalier se rencontre fréquemment sur les dessins de Ciceri, principalement sur les gravures de faubourg Saint-Jacques.

Cette fréquence en un pont déterminé s’explique par le fait que cette coiffe était principalement connue à Saint Parre aux Tertres.

On retrouve également ce même type à Brienne le château. Toutefois, dans cette ville nous n’avons jamais eu connaissance qu’il ait été porté « dressé », ce qui exclurait donc la dénomination de « toquat » qui s’attache, non à la coiffe elle-même, mais à une manière de la porter.

Schéma de la coiffe

- la câle est un béguin en toile matelassée, nouée sous le cou ; elle emprisonne la chevelure et soutient la coiffe.

- la coiffe est en voile ou tulle brodé ou uni suivant la fortune de sa propriétaire ; elle comporte un fond  « rond », ample dont les coulisses se nouent au-dessus de la câle.

- la passe très ample, fortement frondée et sillé sur le fond, peut-être simple ou double, selon la richesse de celle qui porte la coiffe ; les fronces sont soutenues aux tiers par un cordonnet passé au point devant.

 


Le toquat de la région de Saint-Parre-au-Tertre – Montaulin

A partir de la coiffe des jours de semaine, et sans rien y changer, on forme le toquat simple, en coquille. Sur une câle plus dure, en toile gommée, on dispose la coiffe de voile, on serre les coulisses, on les noue sur la câle en les retenant par des épingles puis, toujours à l’aide d’épingles, on tend le fond en le ramenant, par devant, sur la frontière.

On place ensuite une bande de tissu de la largeur de cette frontière (velours ou reps), de couleur vive (bleu, noir, rouge, violet) ; on l’épingle dessus, puis on rabat en arrière la passe de voile en ramenant les fronces pour former un éventail (coquille) ; on épingle à nouveau puis on cisaille » (1) cet éventail pour lui donner de la tenue, après amidonnage bien entendu.

Sur le sommet de la câle et derrière la coquille, on coud un « faux nœud » de faille ou de reps (noir, bleu ou violet), à deux boucles et deux brins, qui cache une armature en « fil modiste » et qui sert de soutien à l’ensemble.

Lorsque cet assemblage est réalisé, on dispose sur la frontière (2) un revers de dentelle plissé et, bien sûr, épinglé.

Les coiffes riches se portaient sur une câle au fond brodé de motifs bleus (à la manière normande). On a longtemps laissé croire que  ces motifs étaient l’image d’un sapin, ce qui est absolument faux.

D’ailleurs,  on attribuait à cet arbre, dans nos régions, un symbolisme tel, que peu de filles auraient osé le présenter en public.

 

lundi 27 mai 2024

Possessions Templières

 


                        Possessions Templières  dans l'Aube (10)  

Domaine du Temple d'Arcis-sur-Aube

On voyait au XVe siècle, en dehors de la ville d'Arcis, sur le chemin conduisant à Villette, une maison qu'on croyait être un ancien établissement du Temple, avec une chapelle qu'on nommait alors la chapelle de la Belle-Dame d'Arcis, et aussi de la Belle-Dame de la Roize.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)

Arcis-sur-Aube
Arcey-sur-Aulbe, 1604 (Charte de la commanderie de Troyes)
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM. Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.

Arrentieres (10)

Les Templiers possédaient des droits de dîmes sur toute la paroisse et des forêts.

Les plus anciens seigneurs ecclésiastiques furent les Templiers de Thors au XIIe siècle.
(6 parchemins, ADHM, avril 1249, mai 1295, septembre 1296, avril 1299, vid. 1241, sans date.)
Sources: De Delphine Marie; Les Templiers dans le diocèse de Langres, Des moines entrepreneurs au XIIe et XIIIe siècle. Dominique Guéniot, éditeur.

Seigneurie d'Arrentières

A Aranthières, les Templiers possédaient des droits de dîmes sur toute la paroisse et forêts.
Pocès des Templiers VILLA-SUPER-TERRAM (F. Arbetus DE), curatus de Arentoriis, Lingonensis diocesis.
César Lavirotte - Mémoire Statistique sur les Etablissements des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bourgogne - Membre de la Société française pour la conservation des Monuments - 1852.

Procès des Templiers, tome II, page 266

Alia illicita nonrecolit affuisse in dicta sua recepcione nec post, credens quod eadem et non alia intervenirent communiter et ubique in recepcionibus aliorum fratrum ordinis vel post, quia per eundem modum vidit in dicta capella, sunt circiter VI anni, recipi fratrem Falconem de Milli militem, qui aufugit in capcione aliorum consanguineorum ejusdem testis; per fratrem Johannem de Mars militem quondam, presentibus fratribus Arberto de Villa-super-terram serviente, et Arberto presbitero, curato de Arenteriis Lingonensis diocesis et Viardo de la Telaria preceptore domus Templi de la Telaria, qui fuerunt capti una cum aliis Templariis, de quorum vita vel morte non habet certitudinem.
Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2 - Imprimerie Nationale - Paris - M. DCCC. LI.

Aranterie en 1253 (Chapitre de Clairvaux)
Aranthieres en 1295 (Chapitre de Saint-Maclou)
Arentorie Procès des Templiers en 1309
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Aube, par MM. Théophile Boutiot et Emile Sogard. Imprimerie Nationale M. DCCC. LXXIV.

Arrelles

Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Bar-sur-Seine, Commune: Villiers-sous-Praslin - 10
Seigneurie d'Arelles en toute justice, avec moulin et ferme, s'étendant sur les villages de Villers et Balnot.
Probablement membre de la Maison du Temple de Valleur

Polisot

Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Bar-sur-Seine, Commune: Villiers-sous-Praslin - 10
Avec une partie de la seigneurie, des prés et des vignes.
Probablement membre de la Maison du Temple de Valleur

Levigny

Département: Aube, Arrondissement: Bar-sur-Aube, Canton: Soulaines-Dhuys - 10
Avec droits seigneuriaux en rentes et en cens.
— Levigneix, 1390 (Fonds de la commanderie de Troyes)
Probablement membre de la Maison du Temple de Thors

Avalleur (10)

Maison du Temple d'Avalleur
Département: Aube, Arrondissement: Troyes, Canton: Bar-sur-Seine - 10


Maison du Temple d'Avalleur

La maison du temple d'Avalleurs, qui était devenue le chef-lieu d'une commanderie des Hospitaliers, avait été fondée en 1172 par Manassès, comte de Bar et évêque de Langres, au village d'Avalleurs, qui est de la paroisse et tout à côté de la ville. Il est fait mention de cet établissement au commencement du procès, en 1307, par la déposition du frère servant Chrétien, de Bissey, diocèse de Langres, portant qu'il avait été admis dans l'ordre, en la chapelle de la maison du Temple de Valeur, au diocèse de Langres, en présence des frères Gérard, laboureurs, et Guillaume, gardien de pourceaux. La seigneurie d'Avalleurs avec un bon domaine et 200 arpents de bois, faisaient partie de la dotation de cette commanderie, dont voici les dépendances:


Arelles

samedi 25 mai 2024

Manoir des Tourelles

 

dessin par Fichot


La seigneurie de Rumilly-les-Vaudes appartenait pour moitié au roi, successeur des comtes de Champagne, et pour moitié aux moines de l’abbaye de Molesme. On sait qu’à l’époque de la Guerre de Cent Ans le village de Rumilly a dû connaitre de sanglantes batailles et qu’une bâtisse existait déjà à l’emplacement du Manoir. Il n’en est probablement resté que les quatre murs flanqués de ses quatre tourelles d’angle percées de canonnières. Parmi ces délégués du pouvoir, fut le sénéchal de Champagne Louis II d'Orléans (1384), le futur Louis XII ; ses armes mutilées ornent la porte nord du manoir et le cheminée est du rez-de-chaussée.

Pierre Pyon, puissant boucher troyen, fait l’acquisition des terres en 1523. Il engage les travaux de restauration du Manoir tel qu’on le connait aujourd’hui. Les quatre lettres de son nom : PION, sont peintes sur le linteau de l’une des fenêtres de la plus petite tourelle du bâtiment.

Chevalier du Saint Sépulcre, il a fait le voyage de Jérusalem, il a offert à la cathédrale de Troyes deux énormes verrières, y a acheté une chapelle dans laquelle, paraît-il, il est enterré assis. Ses armoiries portent d’azur à la croix patriarcale d’or avec une étoile du même au canton dextre du chef.

les blasons sont pratiquement tous illisibles

La légende dit que, du manoir, partent quatre souterrains. L’un rejoindrait la Grange aux Dîmes, un autre la ferme aux Rats, le troisième relierait le manoir au château de Chappes et le quatrième à l’église Saint-Martin.                                                                                              

En réalité, seuls trois caveaux existent en sous-sol, sous trois tourelles, en hommage aux trois fondateurs qu’honorent les Compagnons. Trois caveaux qui évoquent parallèlement le mouvement diurne du soleil : un caveau à l’est quand le soleil se lève, le second au sud quand le soleil est au zénith et le troisième à l’ouest quand il se couche.

Les Compagnons, justement, nous ont laissé là, de nombreux signes de leur participation à la construction et à la rénovation bâtiment. :                                                                                    

- un cul-de-lampe, le renard et la poule : le faux compagnon prend le travail qui me revient.    

- le loup et le chien : le tailleur de pierre et le charpentier                                                           

- la colonne aux spires inversées, aux deux tiers de sa hauteur et une erreur manifeste dans le dessin d’une plaque de cheminée.

Après la mort de Pierre Pyon, les moines de l’abbaye de Molesme, qui possédaient déjà à Rumilly un important domaine forestier, rachètent le Manoir vers 1550, et envisagent d'en faire leur demeure abbatiale. Ils font décorer les cheminées.

Au premier étage sont les armes d’Antoine II de Vienne, l’abbé de l’époque : 

De gueules à l’aigle éployée d’or membrée d'azur   

 

Recettes champenoises

  La soupe aux choux et la potée champenoise Ce n’était pas un plat bien compliquée à faire, il représentait un avantage pour la ménagère ...