mardi 4 mars 2025

La lessive... autrefois

 

Lessive à la fontaine Saint-Martin – Saint André les Vergers


LE TEMPS DES BEUÏES

Au XIXe siècle, les armoires de nos campagnes étaient, dit-on « pleines à craquer » de chemises et de draps. C’était le cas chez mes deux grand-mères. Une femme de la région d’Épernay possédait entre 25 et 30 chemises. A Saint-Dizier, la grand-mère de Mme Perrin reçu en dot, le 15 février 1883 : « 100 paires de draps, 48 chemises de femme, 83 chemises d’homme, 100 torchons de grosse toile, toile mi-fine et toile fine (lin) ».

Il est vrai que son arrière-grand-père était tisserand à Contrisson, dans la Meuse.

            Mais de tels trousseaux n’étaient peut-être pas si rares, puisque M. Hampe, ébéniste à Viâpres-le-Petit assure avoir fabriqué de nombreuses armoires « rien que pour y mettre des chemises ».

            Fait de lin ou de chanvre épais, pratiquement inusable, ce linge durait « toute une vie » et pouvait même se transmettre d’une génération à l’autre. De tels monceaux de « beau linge » n’incitaient pas les femmes à faire la bue (1) trop fréquemment ; elles en étaient d’ailleurs très fières mais n’étaient pas pour autant à l’abri de l’ironie des voisines. Ainsi, à Langres, une femme « bien aisée » était-elle appelé la Mère Trei-bonnets quait-chaipets tandis qu’une autre de Villeneuve-au-Roi avait été baptisée la « Double-Double ».

            Pourtant cette légende des grosses armoires bien pleines ne doit pas faire oublier qu’il y avait encore une majorité de pauvres gens et que, pour eux, une seule armoire ou un coffre suffisait à resserrer tout le « bien » de la famille, fût-elle nombreuse.

Voir quelques précisions concernant le temps des buries, fournies par les archives des campagnes. (2)

Pauvreté n’est pas vice, mais elle n’a jamais anobli celui qu’elle touche’ ; aussi ceux qui n’avaient que deux chemise, « une-au-cul » et « une-au-ru », sauvaient la face en les portant plus longtemps et en faisant la « lessive du Gascon » : 3 mois à l’endroit et 3 mois à l’envers !

Ainsi, arrivaient-ils à suivre la cadence des buries qui pouvait être bimestrielle ou … annuelle. Cependant, en règle générale, on pratiquait 2 à 4 bieuïes par an, selon les changements de saisons.

 

A la Saint-Thomas

Cuis ton pain, buis tes draps,

Dans trois jours Noël t’auras.

 Il n’était donc pas question de faire « 36 lessives tous les 15 jours comme aujourd’hui », mais de suivre le cycle des travaux en respectant les interdits religieux.

On ne lessivait pas le dimanche et, de préférence, pas le vendredi. Mais malheur à celle qui coulait le Vendredi-Saint. Une lessive du Grand-Vendredi ou de la Semaine-Sainte faisait mourir son mari dans l’année. Il en allait de même dans l’octave de la Fête-Dieu et il était mauvais de conserver le léchu provenant de ces périodes.

Avant de bier on avertissait les voisines. Certaines apportaient alors un petit ballot de linge et, pour le reconnaitre, faisait un nœud à l’extrémité de chaque pièce. Ce linge était rendu à sa propriétaire lorsque la lessive était coulée, à charge pour elle de le laver au ru. A Polisy, cette pratique se nommait le couplet (3) et l’on disait à ce sujet que « plus les commères étaient bavardes en apportant leur linge, plus le léchu serait bon ».

Cette buie se faisait en dehors ou dans une pièce spécialement préparée « parce que ça sentait mauvais » et qu’il y avait beaucoup de buée. On profitait de la chambre à four, du fournil, d’un appentis, d’un haloir, ou simplement d’un coin de grange.

 

L’ENCLIGNEMENT



On disposait horizontalement une grosse branche fourchue, la becnille, sur trois gros fuchios, l’ensemble formant un trépied. (4)

La lessive terminée, il ne fallait pas oublier de la retirer. Au Mesnil-Saint-Loup, on assurait que si une femme enceinte avait « laissé la bique sous le cuvier », peu avant l’accouchement, elle risquait des coliques.

Sur cette bigorne, on installait le gros cuvier (5) destiné à contenir le linge. Ce couvo en bois blanc ou en sapin – le chêne aurait taché – était ordinairement conservé en cave pour éviter qu’il ne se dessèche et tombe en douvelles. Malgré cette précaution, il était souvent nécessaire de l’abreuver, de le faire renfler avant usage. Si la dessiccation avait déformé les douves, on obstruait les fentes avec des brins de jonc ou d’osier pour qu’il ne « perde pas plus ». Il avait un diamètre de 1,20 à 1,50 mètre et pouvait permettre d’entasser jusqu’à 40 draps. Le fond était percé, vers le bord, d’un trou de bonde.

Afin que l’eau de lessive s’écoule lentement, en pichrote, le trou-du-cuai était partiellement obstrué par une poignée de paille de seigle, une frotte de glu pliée en dujin sur une buchote de bois blanc formant cheville (6). Dans les pays vignerons, on remplaçait cette pichate par un falo de sarments. On y plaçait aussi quelquefois un robinet ; c’était le cochet, la broche ou la cannelle (7).

 

1 - Faire la lessive se dit : buer, bier, fare la buie, la beuïe, la blée, la burie, selon les localités, sans qu’il semble y avoir de répartition géographique bien définie. Ces termes ont tous la même origine que buer, mot vieux français pour lessiver et dont il nous reste « buée » et « buanderie ».

2 - Champignol : Mme Madeleine Dumont la faisait tous les mois après la guerre de 14. Les Riceys : 2 fois par an. Rumilly : toutes les 6 semaines, « mais la Nini Charron, tous les six mois ». Villemaur-sur-Vanne : guère plus de quatre fois l’an. Villemoyenne : « pas des trente-six lessives comme aujourd’hui, tous les quinze jours, mais 2 à 3 fois par saison ». Auxon : 3 à 4 fois par an. Neuville-sur-Seine : 2 à 3 fois l’an et 3, 4 fois avant 1914. Moussey : 3 à 4 fois l’an. Gyé-sur-Seine : 2 à 3 fois l’an « parce que généralement dans les familles, on était assez nombreux et il y avait toujours les domestiques, surtout l’été pour les vignes ». Celles-sur-Ource : tous les 2 à 6 mois. Polisy : 1 fois par an. Polisot : 1 fois par an. Origny-le-Sec : tous les 3 ou 6 mois ou 1 fois par an. Soulaines : tous les 2 mois. Chaource : 1 fois par an au printemps. Saint-Phal : tous les 3 ou 6 mois. Viâpres-le-Petit : 3 à 4 fois par an.

Dans les autres départements de notre province, Marne et Haute-Marne, nous trouvons les mêmes cadences. Arc-en-Barrois : 2 fois par an. Rachecourt-sur-Blaise : 2 à 3 fois par an. Chavot-Épernay : 1 fois par an. Baizil-Épernay : tous les deux mois. Semoine : 1 fois par an.

A Chevillon (Haute-Marne), la lessive au cuveau se pratiquait encore avant la guerre de 1940-1945.

3 – Le couplet, c’est l’action de rassembler, d’assembler des éléments venus de l’extérieur (lat. copulare)

4 – De par sa construction, le trépied, souvent fabriqué par le menuisier du village, à l’aspect d’un Y ou d’un T dont les branches sont fichées de pattes. Selon ce que cette forme inspire, on l’appellera :

Trois-pieds, tropieds c’est-à-dire trépied. Bicorne, bigorne (lat. bicornis : qui a deux cornes) mots français pour des acceptions différentes (chapeau et enclume)

Bécoille, becnille, en français béquille, diminutif de bec, mot venant du gaulois (lat. beccus)

Tinette, cette appellation étant en rapport avec son usager puisque ce trépied porte la tine (5)

5 – Cette cuve a deux noms distincts : Cuvreu, cuvieu, cuvlo, couvo, cuai, français cuveau et cuvier.

Tino, tno, tinet, tinète, en vieux français la tinette et la tine étaient des vaisseaux de bois destinés au transport de l’eau (lat. Tina)

6 – Cette poignée de paille pliée en deux sur une cheville de bois était :

Torche, vieux français désignant un bouchon de paille (lat. torca)

Frotte, car on se servait d’un même bouchon pour étriller les bêtes (lat. fricare)

Bujin, dujin, duji, la poignée de paille était pliée en deux (lat. duas)

L’effet produit apporte aussi d’autres désignations :

Goulet, goulerote, rigoulote, goulaigne, français goulot, de gueule (lat. gula)

Picha, pichote, pisso, pissote, français « pissette », du mot « pisse » (lat. pectus)

Le changement de matière donne également d’autres désignations :

Falo, lorsque le bouchon est constitué d’une poignée de sarments de vigne, il est alors semblable au falot de bois servant à l’allumage du feu (lat. focilo, ranimant)

Buchote, chevillote, buchette et chevillette (le ote étant l’équivalent du « ette » français) lorsqu’on se contentait de rouler quelques bouts de chiffons sur une cheville de bois.

7 – Dans quelques régions, le cuvier portait un trou situé latéralement, auquel on pouvait adapter un robinet.

Cochet, cette désignation viendrait de ce que le robinet, avec son papillon de serrage, avait le profil d’une tête de coq (?). Mais, cela pourrait être aussi la pièce qui s’incrustait dans la coche, l’entaille ( ?) CF. le sens rabelaisien de l’anglais « Cock ».

Broche, canelle, l’usage de ces mots pour robinet est fautif car ces deux pièces sont normalement des tubes de bois ou de métal ne comportant pas de clé.

Robin, robinet, vieux mot français




Le fond du cuvreu était enfin recouvert d’une couche de 20 cm environ de sarments, de ramillons croisillonnés ou de brins de boulin, restants de vieux balais de bouleau. Quelquefois, on se contentait d’y placer des briques de terre cuite (8), l’essentiel étant d’éviter que le linge ne vienne colmater le boudon (9).

Sous cet appareil on plaçait un cuvier plus petit, un jerlon (10) pour recueillir le léchu puis on préparait les seilles en bois (11) destinées à puiser l’eau et les casses (12) emmanchées d’une longue queue en bois et servant à transvaser les liquides.

Il ne restait plus qu’à prendre la chaudronate (13) au crémail (14) de la cheminée, à moins qu’on ne la place sur un trépied de fer ou sur le fourneau à braises. Cette chaudière en fonte qui servait ordinairement pour cuire les embles aux vaches, ou lorsqu’on tuait le cochon, pouvait contenir jusqu’à 100 litres d’eau.

Cette installation terminée, la lessive pouvait enfin commencer. Sur le fond de la tine garnie de sarments, on étend une grosse toile, le boura (15) dans laquelle on verse 7 à 8 doubles de cendres de bois blanc (16). Les coins du charou sont alors rabattus et referment la poche. La maîtresse de maison pose sur le tout un chapelet fait de rhizomes d’iris séchés, enfilés sur une cordelette, ou une poignée de clous de girofle pou qu’ça fleure bon. Il ne manque plus que le linge.

En effet, pendant tous ces préparatifs, d’autres femmes sont allées échanger. Les draps et les chemises ont simplement été trempés. Les torchons, les linges « crasseux » ont eu droit à un lavochage plus sérieux dans un bain de saponaire ou dans du cristau (17). Les lingeries fines, pochettes, manchettes brodées sont trempées séparément. Les coiffes ont d’abord été démontées (certaines sont constituées de plusieurs éléments assemblés au repassage) et les rubans de passementerie décousus.

Mais le temps vient d’encontrer (18). Le linge est disposé en rond, de l’extérieur vers le centre, en couches successives et régulièrement flongées (19). Cette opération mal conduite, peut amener des déboires. Mal tassé, le linge ne « tient pas dans le cuvier », c’est une « lessive parisienne ». Par contre, tassé avec trop d’énergie, il ne laissera plus passer le léchu et formera une entrecoulée (20).

On dispose d’un drap de chanvre en forme de poche à l’intérieur du cuvier, ceci afin d’éviter que le linge soit en contact direct avec le bois. A l’intérieur on place d’abord quelques ferloques (21) puis, dans l’ordre, les torchons, les draps d’lit, les toies d’oreiller, les chminches de chanvre des hommes, celles des femmes, les serviettes, les chemises de lin (homme puis femme), les caleçons, pantalons de femme, jupons, mouchoirs, lingerie fine, bonnets et coiffes. Le tout est recouvert par quelques torchons « pas sales ».

On place ensuite les « couleurs », dvantios, biaudes, fichus, bleus, qui pourront, le cas échéant, être retirés avant la fin. Enfin, on recouvre le tout avec les « coins » du drap de chanvre et l’on place un autre drap sur le dessus pour éviter au linge de « remonter » pendant les coulées.

Mais le soleil se couche, les femmes vont souper : potée aux choux, panade au lait ou soupe à l’oignon suivant le cas, et prendre un repos déjà bien mérité.

 

            8 – A Maizières-lès-Brienne, le fond était garni de brins de viorne. En Brie champenoise, dans le Baizil, à 15 km d’Épernay, on utilisait du marcelin ou vorde ; fendu et taillé à la longueur requise, selon le diamètre du fond.

            9 – Le trou de bonde de la cuve à lessive était le boudon, le trou de tampon et, par plaisanterie homophonique, le trou du cuai.

            10 – Ce vaisseau de bois destiné à recueillir les écoulements s’appelait parfois :

Cuvlo de dsou : cuvier de dessous.

Rcueillo, recueillon, rcueillou, français recueillir.

Mais plus fréquemment on trouve :

Jerle, jarle, jâle, jerlon, français jale, vieux français gale, galon, sorte de baquet, mot d’origine sans doute gauloise que l’on retrouve en anglo-saxon pour désigner une mesure de liquide.

            11 – Ce baquet était aussi nommé Seillon, seille, sille (lat. situla) vieux mot français pour vase à puiser l’eau. La pierre à sillère ou pierre de sillère est l’évier en grès sur lequel on posait la sille d’eau propre.

            12 – Cet ustensile, sorte de casserole à long manche, était la casse ou casrole, vieux français « casse », « bassin ». On pourrait rapprocher, par homophonie, ce mot latin « quasillus » (corbeille) et cela pourrait expliquer pourquoi nous trouvons des contes où les fées vont puiser l’eau… dans une corbeille ( ?)

            C’était aussi un pochon ou poche, mot qui désigne encore un français le bassin servant à recevoir les métaux en fusion (bas latin « popia », cuillère à pot).

            13Chaudronate, chaudière, chaudron où l’on faisait chauffer l’eau, (du celte « caldron », latin « caldaria »).

            14 – La crémaillère, suspendu à une barre de fer ou à un crochet scellé dans la cheminée était un crémail, crinmail, crémo, crémoi, cramail, (lat. cramaculus, cremare, brûler). Il est à noter que si le français a retenu le mot crémation et ses dérivés, le langage populaire a gardé « cramer » pour brûler à feu vif.

            15 – Ce linge porte trois noms synonymes. Ces variantes régionales proviennent non d’une différence linguistique, mais de la vision que l’on peut avoir de l’objet. Ce peut être un charou, un fleurier, un boura.

Le Charrier, charoi, charou, charo, chanrou, chorou, choron, choreu, cenreu, cendrion, c’est le sac à cendres (lat. cineris)

Le Fleurier, florio, c’est aussi le sac à cendres. Mais, comme cette dernière était tamisée avant usage, on n’utilisait que la fleur de cendre, c’est-à-dire, la partie la plus fine, la « fleur » (lat. fleurum) dans l’ancienne acception de la chimie, pour substance poudreuse. Le français moderne a gardé l’expression pour « fleur de soufre » « fleur de sel » et « fleur de farine » (Anglais « flour » =) farine).

Le boura, biou, c’est encore le sac à cendres. Mais ici, on parle du linge lui-même qui était une étoffe grossière, épaisse, une bure (lat. bura). A Ricey les tabliers de travail en toile serrée sont encore dits en biou.

Ce linge est quelquefois, mais rarement appelé nouet et tapin, de tape, bouchon de linge en ancien français. (terme encore usité dans la marine).

16 – La cendre destinée à la lessive était recueillie dans l’âtre. Chaude, elle était retirée avec la pellote à long manche et versée dans le cendrier ou étouffoir. Suivant les régions et en fonction également de la « richesse » de la construction, cet étouffoir pouvait avoir été construit dans la cheminée. C’était un évidement vertical ouvrant en haut par une sorte de placard et comportant à sa base une ouverture carrée de 20 cm froide. Autrement, on utilisait une sorte de récipient cylindrique, en fer, que l’on bouchait hermétiquement, à l’aide d’un couvercle à bord pénétrant, également en fer.

Avant usage, cette cendre étant tamisée pour éliminer les charbonnettes et les corps étrangers. Dans les tuileries d’Amance, les porteurs passaient la cendre au clive, puis la vendaient au boisseau, dans des sacs de toile, jusque dans la région de Saint-Usage. On m’a même dit qu’à Bagneux-la-Fosse, l’habitude était de remplir le biou avec des petits sacs de cendres, peut-être y avait-il, là aussi, liaison de cause à effet ( ?).

Seule la cendre de bois blanc tamisée était utilisée. Celle de chêne aurait taché le linge à cause du tanin. Celle de sapin ne valait rien non plus. La meilleure était la cendre de peuplier. C’était la cenrée (lat. Cineris). Lorsqu’on la versait ou qu’on la tamisait, la fleur la plus fine, la poussière, le chni (lat. cinis) avait fâcheusement tendance à s’envoler et à se poser… dans les yeux des voisines. Pour se débarrasser de cet indésirable il suffisait de redire sept fois de suite : Chni d’mon œil, saute dans mon cul.

17 Echanger (lat. exsaniare) essanger, laver le linge à l’eau. On disait aussi dégorger ou faire dégorger. Lorsque le linge était particulièrement « crasseux », il était lavoché, c’est-à-dire lavé succinctement dans un bain de saponaire ou de cristau, la carbonate (solution de carbonate de sodium (cristaux de soude)). On le sauçait (bas lat. salsa, salé)

18 – Dans la tine, le linge est pilé ou entsé, entassé. Mais le plus souvent, il sera encontré (lat. contraho) rassemblé ou encléyé, encligné (lat. cludera, cliniare) enfermé. Ce mot restant français pour cligner. Inversement, lorsqu’il faudra vider la tine, le linge sera dépilé, détsé, décontré, décléyé ou décligné.

19Flonger : serrer (lat. flagellare) ou presser (lat. tullare) les draps les uns contre les autres.

20 – A Saint-Mards-en-Othe

21 – Les ferloques sont des tissus ou vêtements hors d’usages. Ce mot pourrait provenir de « farde », vêtement en vieux français (devenu harde) et de loques (néerlandais locke), toiles usées. La contraction aurait donné farde-loques, ferloques. (mot de Langres : « chambrelouque »

 

C’est la fin du premier jour

 LA COULÉE

De bonne heure, quelques femmes, parfois une seule, commencent à couler. Suivant l’importance de la lessive, il faut « jeter » de 10 à 12 seilles d’eau fraiche pour emplir la tine. Encore qu’ « emplir » soit impossible, puisque le cuvier possède un trou de bonde ouvert à la base et que « comme un canard, il se remplit d’un bout en se vidant de l’autre ».

L’eau d’écoulement est recueillie dans le jerlon placé sous le trépied. Lorsque celui-ci est plein, l’eau est reprise avec la poche et versée de nouveau sur le linge. Cette première opération, à froid, se renouvelle 5 à 6 fois. Dans quelques pays on rapporte que cet arrosage durait une journée entière. De toute façon, une bonne couleuse de soit de « goûter » sa lessive, d’un doigt léger sans doute, pour en connaitre la teneur alcaline et, éventuellement, rajouter de l’eau fraiche pour éviter le « trop-plein » (22) dangereux pour les tissus. Elle soigne son miton (23).

Ce premier coulage terminé, on procède à la tièdote. L’eau puisée dans le jerlon est mise dans la chaudière, à feu doux. Et toujours la même opération reprend : de la chaudière au cuvier ; du cuvier à la jarle, de la jarle à la chaudière… cinq fois de suite (ou une matinée) car « il ne faut pas cuire la saleté dans le linge ».

La chaufote qui suit demande une lessive chaude mais non bouillante. On active le feu sous la chaudière et le léchu (24) est bon lorsque sa surface se couvre d’une légère écume blanche. De nouveau, la même opération se renouvelle cinq fois d’affilée, soit durant quatre heures. Avant d’entreprendre la dernière coulaison (25) il faut écarter le drap placé sur la lessive et ôter les couleurs qui risqueraient de « décharger » et tacheraient le « blanc ».

Le drap replacé, on passe à la bouillote. Le léchu est porté à ébullition. L’opération se renouvellera encore cinq fois et les couleuses pourront apprécier le long manche de la poche qui leur permet de jeter tout boulant (26) sans se brûler.

            Enfin, avec cinq froides, cinq tièdotes, cinq chaufotes, cinq bouillotes, la lessive est coulée (27). Il reste plus qu’à couvrir la tine pour la nuit, soit d’un vieux drap et de quelques planches, soit d’un couvercle d’osier et de paille (28).

            Si la maîtresse de maison ou quelque voisine possède des draps neufs, elle profitera de ce que le léchu est encore boulant pour les y tremper. Ils seront ainsi élingés et auront perdu leur raideur, leur apprêt. Ce léchu soigneusement conservé servira à tremper les petits linges ou les couleurs fragiles. Les voisines même viendront en quérir pour leurs besoins personnels (29).

- 22  Si la cendre utilisée était trop forte, l’eau de lessive trop chargée en potasse devenait onctueuse et risquait de brûler les fibres du linge. C’était du trop-fait ou trop-plein. Ce terme doit se comprendre ici dans le sens où « plein » à l’acception « saturé » (lat. plenus).

- 23 Mitonner est un mot français signifiant préparer doucement, dorloter. Il vient du mot dialectal miton, doux, lui-même dérivé de mite, chat en ancien français (lat. mitis, moelleux). Le miton des lavandières est donc une eau de lessive, ou de savon, qui rend un toucher doux et moelleux.

- 24 Lessu, lessif, lochi, léchu, eau-de-lessive (lat. lix, lixa) mêlée de cendres. Plus le léchu était foncé et frangé de belles bulles claires et grasses, plus la lessive était bonne (Auxon).

- 25 Coulate, coulo, coulote, coulasson, coulaison, coulage de la lessive. Ce terme couler (lat. colare, filtrer) semble être le seul utilisé pour cette opération. Les femmes, souvent professionnelles, qui s’occupaient de ce travail, étaient généralement appelées les couleuses. A Arrelles, une petite lessive était un coulon.

- 26 Boulant et boulu, participe présent du passé du verbe « boulir » (bouillir). En vieux français « bolir » (lat. buillire)

- 27 Le nombre d’opérations semble varié, soit dans le temps, soit dans les lieux. Cela peut provenir soit, effectivement d’habitudes locales, soit également parce que nombre de renseignement nous sont parvenus « en deuxième et même troisième main, voir plus ». La mémoire des témoins pouvant avoir été plus ou mains prise en défaut.

Épernay : on jetait la lessive une dizaine de fois à température douce, une dizaine de fois chaude. On retirait les couleurs et on jetait 4 à 5 fois à température bouillante. Soulaines : coulage à froid pendant une journée, puis le lendemain coulage à chaud. On coulait doux toute la matinée « pour ne pas cuire la saleté dans le linge » et l’après-midi on coulait de plus en plus chaud jusqu’à ébullition du liquide dans la chaudière. Chaource : quand ça commençait à blanchir, c’était assez chaud. Neuville-sur-Seine : « cinq tièdotes, cinq chaufotes, cinq bouillottes ». Polisy : 10 à 12 seaux, pendant 12 heures, l’eau versée étant de plus en plus chaude. Gyé-sur-Seine : « le samedi on encontrait et puis on coulait un peu. Mais le jour où on coulait, c’était le lundi. On commençait vers 8 heures du matin, on finissait peut-être à 4 heures du soir ».

- 28 A Origny-le-Sec, le cuvier était couvert pour la nuit avec un chapeau en paille et osier cousus. Il était rond et plat avec une sorte de poignée au milieu. L’expression « paille et osier cousus » est fautive. Il s’agit en fait d’une vannerie de torons de paille de seigle (gluis) disposés en spirale et réunis par des liens de brins de ronce refendus (mûres).

- 29 Les voisines n’attendaient pas d’ailleurs la fin de la lessive pour venir rendre visite aux couleuses. A Polisy, on assurait que « plus les commères étaient bavardes, plus le léchu serait bon ». On disait même « qu’une lessive bien causée était une lessive bien coulée ». Les hommes, on s’en doute, ne participaient pas à ce travail. Non qu’ils l’aient dédaigné, mais les femmes étaient de si méchante humeur à ce moment-là… qu’ils préféraient être ailleurs.

 

C’est la fin du deuxième jour




LES LAVANDIÈRES

 


         Aujourd’hui, (à Gyé-sur-Seine, c’est un mardi), les laveuses vont laver le linge à la rivière. Elles sont quatre, cinq, quelquefois plus. Ce sont des professionnelles qui font toutes les lessives du pays et même des alentours. Dès la veille, les poules d’eau (30) sont allées repérer la « bonne place » et l’ont marquée d’une pierre. Au petit jour, elles reviennent pour installer leur matériel ; cette installation ne se fait pas sans quelques disputes et quelques « crêpages de chignon », car les premières arrivées n’hésitent pas à déplacer les marques pour s’approprier les meilleurs emplacements. Il faut dire que les laveuses ont la réputation d’avoir mauvais caractère et « mauvaise langue », ainsi que de gros bras…

Dans de très nombreux pays il existe un lavoir, un tripotio (31) installé à demeure au bord d’un ru. Dans d’autres villages, moins bien pourvus en eau, il faut se rendre aux raises, au gué ou à la fontaine la plus proche. Ce sont les hommes des lavandières qui vont alors fréquemment préparer le lieu. Éventuellement,  ils faucardent les herbes, les joncs, les roseaux et volants d’eau (32). Si le ru est de faible largeur, ils jettent en travers deux « planches à laver » retenues par quatre piquets. Au bord d’un gué, d’une mare, d’un raise, ils placeront le guéyeu (33) entre deux piquets ou entre des pierres.

Le linge encore fumant est retiré de la tine (18) et placé dans des corbeilles, des balles d’osier ou des hottes, selon les pays (34). Le transport s’effectue ensuite à la bérouète, à dos, ou en baro, selon la distance et l’état du parcours.

Chaque laveuse, rendue à lai rivière, place son triolo (35) garni de paille et de vieux chiffon sur la lavate ; à sa droite et en arrière, la balle de linge ; à gauche et en retrait, une petite jerle remplie d’eau claire où trempe un nouet d’bleu (36) ; devant le triolo, le morceau de savon de Marseille bien sec, la brosse-à-chiendent et le taboulo (37).

Si la bué est rase à nu, l’eau venant à fleur des berges, le travail sera plus aisé (38). Chaque pièce de linge sortie de la corbeille est jetée sur le bout de la planche à laver. Son extrémité étalée devant le triolo est frottée au savon et à la brosse à chiendent puis ramassée contre le garde-genoux pour faire place à la partie suivante. Lorsque la pièce de linge a été consciencieusement savonnée et frottée, elle se retrouve ainsi pliée en « accordéon » sous les bras de la lavandière (39). D’un geste précis ce toron de linges est ramené au centre de la lavate, mis en boule et battu avec le royla. Bien entendu et même très bien entretenu, tout ce travail s’exécute dans le brouhaha des commérages. D’ailleurs pour ne pas troubler la conversation, on s’entend pour tabourer en cadence. C’est à Neuville-sur-Seine qu’un écriteau cloué à la porte du lavoir précise : « Ici, on lave le linge et on salit les gens ».

Une fois ce taboulage effectué, il faut agasser (40). Ce rinçage est l’opération la plus pénible, surtout avec les draps, car il faut les jeter à plat dans la rivière puis les ressortir « pleins d’eau », les hisser jusqu’à la planche en les tordant progressivement, et recommencer jusqu’à ce que l’eau sorte claire. Enfin, on peut les éplaindre, les tordre pour essorer l’eau. Cette manipulation se fait à deux. Il faut plier le drap en deux dans sa longueur, lèze contre lèze, puis encore en deux, autant de fois qu’il est possible. Ensuite, chaque femme vrille le linge en sens inverse pour former un toron de plus en plus serré d’où l’eau exude. On disait, lorsque deux filles tordaient un drap et que celui-ci ne formait pas un cylindre bien droit que « l’une d’elle aura un mari bossu »(41).

Pour que le linge soit encore plus blanc, notamment le « petit linge », le dernier rinçage se fait dans la jerle contenant du « bleu ». Cette opération se fait également pour raviver les couleurs.

Le séchage par beau temps se fait sur les haies. Si le temps est sec, on étend directement sur le pré pour que le linge ait le « blanc des prés ». Autrement, il faut remonter le linge au grenier ou dans la grange et l’étendre sur des fils, des cordes à linge où il est retenu par des pinces à linge en bois.

 

C’est la fin du troisième jour

C’est aussi la fin de la lessive

 

- 30 Si à Romilly-sur-Seine et en Champagne en général, les lavandières professionnelles étaient appelées les couleuses, à Reims c’était les lessivaises, à Sainte Menehould, les bieuses (1). A Bar-sur-Aube et à Neuville-sur-Seine on les nommait par dérision les poules d’eau. C’était toujours des femmes pauvres qui se louaient également pour les vendanges ou les moissons. Certaines nous ont laissé, bien involontairement, leur nom. Ainsi, la Marie Cligny et sa fille qui ne se séparaient jamais, ou la mère Cico, la Cicote, qui ne parlait à personne.

- 31 A Champignol, Lantages, Fralignes, Mathaux, etc. on se prend à la fontaine, la source (lat. foons, fontis). A Neuville-sur-Seine, le lavoir est installé au bord de la Seine, à Saint-Phal on jette deux planches en travers de la rivière.

Le lavoir est un lavou, un buet ou un bleu (même étymologie que « buée » lessive). A Ramerupt c’est un lessivoir et à Celles-sur-Ource un tripotio, du vieux français tripoter, brouiller. A Verrières, c’est un biâche, le bassin. Ce vieux mot « bâche » est toujours utilisé pour désigner l’auge de la forge. Par dérision à Moussey, c’est le « tribunal des bavardes » et à Gyé-sur-Seine « la salle des rapports ».

Si à Neuville-sur-Seine, un écriteau avait été cloué avec la mention « Ici on lave le linge et on salit des gens », dans presque tous les lavoirs visités, on constate une abondance de graffiti. Ceux-ci sont fréquemment injurieux : « J.B. est un con », « M. pour celui qui le lira » ; érotico-naïf : « Jacqueline aime Bernard » ; ou pornographique : « Ici on voit plus souvent un ciel sans nuage qu’une fille avec son pucelage », accompagnés de cœurs entrelacés ornés d’initiales et de symboles sexuels.

Certains de ces graffiti sont récents et montrent ainsi que l’attrait du lavoir en tant que point d’eau retiré et abrité, reste vivace.

A Saint-Dizier, il y avait 12 lavoirs, 11 sur la Marne et 1 sur le canal. Les lavoir étaient aussi les endroits rêvés pour les farceurs. A Saint-Dizier le lavoir de la fontaine du quai d’Ornel était formé de quatre bacs. Dans la nuit, des « chnapans » venaient fréquemment ouvrir les bondes de vidange et, au matin, il n’y avait plus d’eau… A Celles-sur-Ource en revanche, les jeunes attendaient que les laveuses soient en plein ouvrage pour ouvrir les vannes du bief, ce qui avait évidemment pour but d’inonder le lavoir.

- 32 le volant d’eau est la myriophile.

- 33 La planche à laver est une lavate ou relavote. Si elle est assez grande – jusqu’à 5 places – elle devient un tripotio (31) ou par déformation un ptit potio. A Saint-Aubin, c’est un géyeu où l’on va guéyer le linge, guéer en français (germain « wad », Cf. les « Deux Véon » de Troyes : Grand Véon et Véon à l’âne).

            - 34 le transport du linge s’effectuait dans des hottes ou dans des corbeilles d’osier dites balles, balotes, en français « balle », gros baquet. Ces balles étaient emportées sur des charettes à Saint-Phal, dans des baros, tombereaux (vieux français baril, barrica) tirés par des chevaux et conduits par des baroteux, ou sur des brouvètes, bourouètes, bérouètes, brouettes (lat. birota).

            - 35 Les lavandières s’agenouillaient dans une boite à laver, une boite à bier, un agenouilloir, garde-g’noux, gard’genoux. Par dérision c’est un cairosse. Une gd mère eut d’ailleurs à pâtir de ce terme alors qu’elle était écolière. Son institutrice, qui voulait faire d’elle une bonne Française, l’apostropha ainsi : « Petite fée précieuse, vous copierez 50 fois cette phrase : On ne dit pas carosse mais boite à laver ». Qu’aurait-elle dit si la fillette avait parlé le dialecte ? A Hortes, c’est un vaneute, un petit van, un vannet (lat. vannus). Dans l’Aube, en général, c’est le triolo, triolet, triola, triole, truolo, dont le français a fait truelle (bas lat. truella ; lat. trua, évier, cuiller à puiser).

            - 36 Le blanchiment du linge était obtenu par azurage à l’aide de « boules de bleu » de méthylène ou d’indigo. Celles-ci étaient placées dans un nouet de linge fin que l’on agitait dans l’eau pour obtenir une solution homogène. Une fabrique de « bleu » une bleutrie existait à Grand’heur, à quelques kilomètres de Saint-Dizier.

L’usage de l’eau de javel était encore assez peu répandu à la fin du XIXe siècle. C’était du produit chimique et l’on s’en méfiait. Heureux temps !

            - 37 La batte à laver, le battoir des lavandières avait différentes désignations : pélote, pélate, palote, palate, car il a la forme d’une petite pelle en bois, une palette (lat. pela). Le batue, bateu, c’est la batte, de même origine que battre (lat. batuo). Suivant le même concept c’est un tapoir, une tapette, de taper. Le bruit fait par cette batte rappelle celui du tambour et dans l’Aube elle est fréquemment appelée taboulo, tabouzo, taboulate, taboulote. Mais l’action que l’on mène sur le linge étant assimilable à celle que l’on fait subir au chanvre, ce sera également un rohia, rouya, rouyo, rouyate, royate, de « rouir ».

L’action de battre le linge se dit tabourer, tabouler.

- 38 Lu bué est rase à nu ou lu bué est ras d’à nu. Cette expression donnée à Verrières signifie : « le lavoir est plein à ras des bords ». Le mot « nu » est adjoint avec le sens de découvert et plan, comme dans l’expression le « nu du mur ».

- 39 Pour que la lessive soit bonne, et bien faite – il fallait que le linge mousse avant d’être savonné. Cela démontrait que la dernière « jetée » n’était ni trop chargée en produit alcalins ni trop « usée ». Les vieille disaient : « O ! vot’lessive était bien bonne, ale était com’ du savlon. Ca s’frott’tout seul ».

            Les bonnes laveuses avaient également de nombreux « trucs » pour mieux détacher le linge. Par exemple, elles le frottaient avec des feuilles d’oseille pour ôter les taches de rouille, ou avec des épis de blé pour enlever le cambouis.

            En revanche, si l’on avait affaire à de mauvaises lavandières, des Marie-Torchon, le lavage était mal fait. C’était lavoché, lavassé, français lavasse (lat. lavare) ou tatouillé de touiller (lat. tudiculare) ou gassouillé, gaissouillé, gâché (40)

            - 40 Rincer le linge se dit agasser, égasser, guiaisser, gasser, agacher. Le français a conservé le mot « gâcher » qui a la même origine, puisque venant du francique « waskan » qui signifie laver ; curieusement ce mot nous revient pour désigner la toile à laver les carrelages, le wassingue, mot d’origine flamande (cf. l’anglais washing).

            On dit également : j’en vons frôyer, je vais frotter ; le français a gardé « frayer » (lat. fricare).

            - 41 Avoir un linche mal tiordu – comme le futur mari – était le propre des mauvaises laveuses. Indépendamment du fait que le linge était mal essoré, des tractions mal conduites endommageaient le tissu en brisant les fibres.

Essorer se dit épraindre, éplaindre, puisque le linge « pleure » quand on le tord, il se « plaint » (lat. plangere).

Le « petit linge » est pouitré, serré entre les mains (lat. pugnos)

- 42 Selon les régions, une laveuse gagnait dans les années 1900, de un sou de l’heure (0,05Frs) à vingt-cinq sous (1,25Frs) de la journée. Elle était nourrie – plus ou moins – par la patronne du moment.

- 43 A Nogent-sur-Seine,  deux sœurs sont restées laveuses professionnelles toute leur vie. Dans « les carillons de Troyes », ouvrage littéraire, quelques pages pleines de saveur sont consacrées à la lessive et racontées par Hélène Vauclin.

- 44 Mme de Genlis : « Les idées reçues sont comme les dents et les cheveux : quand on les arrache, ça fait mal ».

 



DU  DIALECTE

Les termes utilisés par les lavandières pour décrire leurs matériels et leurs actions appartiennent à l’ancien dialecte dit Champenois, lui-même dépendant de la famille de la langue d’Oïl.

Ce dialecte est resté, semble-t-il le moyen de communication du peuple, principalement rural, jusqu’au milieu du XIXe siècle. Malheureusement les paysans de Champagne furent ensuite rapidement contaminés par la nouvelle bourgeoisie, férue de parisianisme, et la crainte d’être traités de pecnos les incita à « parler français ». Enfin, dans la dernière décennie du XIXe siècle, une action violente fut lancée, notamment dans nos régions, pour interdire l’usage de cet ancien langage au profit du français officiel (« Moniteur scolaire » des années 1880 à 1890).

De telles actions contribuèrent à la destruction de la véritable culture populaire. Nous leur devons également les magnifiques « bourdes » inscrites dans les cadastres. Bourdes qui rendent inintelligibles les dénominations de certains lieux-dits. Ainsi un champ est inscrit sous la dénomination « Les Langrois », nom des habitants de Langres, pour « Les longues Roies » les grands sillons.

Si aujourd’hui nous tentons de recueillir ce qui reste de cet héritage tant combattu, encore faut-il que nous nous efforcions de le transcrire sans le trahir. Pour cela, nous devons d’abord tenter de le bien comprendre et d’en approcher l’origine étymologique. Ce n’est certes pas le chemin le plus facile. Il est garni d’embûches et « d’idées reçues ». La plus importante vient de ce que l’on croit que notre langue est directement « issue » du latin classique. Ce qui est doublement faux. Primo parce qu’une langue est toujours un conglomérat de mots de provenances diverses, secundo parce que le latin n’était qu’une langue officielle et que les peuples parlaient des idiomes (le latin prétendu bas (44).

 

L’évolution des lessives d’autrefois à nos jours


Après la Première Guerre mondiale, l’opération harassante du coulage fut simplifiée. Les femmes utilisèrent les lessiveuses à champignon qui apparurent peu après 1918 : l’eau bouillante montait par le tube du champignon et arrosait le linge automatiquement. Ensuite, on savonnait, on brossait en insistant sur les dernières taches et on rinçait. Cela devient plus facile de faire la lessive. De ce fait, on la fait plus souvent : une fois par mois, puis une fois par semaine, ainsi que  l’utilisation de cristaux de soude et des lessives composées qui assurent une saponification plus complète que les cendres de bois.

1902 : Raoul de Saint-Marc, directeur technique d’une blanchisserie bordelaise, met au point la lessive Saint-Marc à la résine de pin des Landes.

1906 : La marque Persil (premier détergent à blanchir par l’oxygène) est déposée à Marseille. La vente ne débute pas avant 1914. 

1920 : Première machine à laver électrique française (Speed), présentée à la Foire de Paris. Il faudra attendre le milieu du XXe siècle pour qu’elles soient adoptées dans les campagne.

1923 : Premier Salon des Appareils Ménagers au cours duquel la machine à laver est la reine du Salon. 

1934 : Lemercier Frères lancent une machine à laver bon marché et dotée d’un interrupteur horaire de manière à pouvoir fonctionner la nuit sans intervention de l’usager.

1952 : les détergents de synthèse font leur apparition










jeudi 27 février 2025

Le Bicarbonate : pour la maison et pour votre beauté

 Aujourd’hui quelques recettes pour nettoyer avec du bicarbonate

En regardant dans les cahiers de ma Grand-mère, j’ai trouvé quelques conseils intéressants, aussi bien pour faire le ménage que pour s’occuper de soi… Simples et faciles pour faire quelques économies, mais surtout très efficaces !



Le bicarbonate de soude est un ingrédient polyvalent et efficace pour le nettoyage. Voici quelques recettes pour l'utiliser :

1. Nettoyant tout usage : Mélangez 1 cuillère à soupe de bicarbonate de soude, 1 cuillère à soupe de vinaigre blanc et 1 litre d'eau chaude. Utilisez cette solution pour nettoyer les surfaces de votre cuisine, salle de bain, etc.

2. Désodorisant pour tapis : Saupoudrez généreusement du bicarbonate de soude sur votre tapis, laissez agir pendant 15 minutes, puis passez l'aspirateur. Cela aidera à neutraliser les odeurs.

3. Nettoyant pour four : Faites une pâte épaisse avec du bicarbonate de soude et de l'eau. Appliquez cette pâte sur les parois de votre four, laissez agir pendant la nuit, puis essuyez avec un chiffon humide.

3 bis. Nettoyant pour plaques de cuisson : Saupoudrez du bicarbonate de soude sur la plaque de cuisson, puis aspergez de vinaigre blanc. Laissez agir quelques minutes, puis frottez avec une éponge ou un chiffon pour éliminer la graisse et les taches.

4. Nettoyant pour réfrigérateur : Mélangez 2 cuillères à soupe de bicarbonate de soude dans 1 litre d'eau tiède. Utilisez cette solution pour essuyer l'intérieur de votre réfrigérateur, ce qui aidera à éliminer les odeurs et à nettoyer les surfaces.

5. Déboucheur de canalisation : Versez 1/2 tasse de bicarbonate de soude dans la canalisation bouchée, puis ajoutez 1/2 tasse de vinaigre blanc. Laissez agir pendant 15 minutes, puis rincez à l'eau chaude.

6. Désodorisant pour chaussures : Saupoudrez du bicarbonate de soude à l'intérieur de vos chaussures et laissez agir toute la nuit. Secouez les chaussures le matin pour enlever l'excès de poudre et dire adieu aux mauvaises odeurs.

8. Nettoyage des bijoux : Mélangez une cuillère à soupe de bicarbonate de soude avec de l'eau chaude et laissez vos bijoux tremper pendant quelques minutes. Brossez doucement avec une brosse à dents souple, puis rincez et séchez.

9. Assouplissant pour linge : Ajoutez une demi-tasse de bicarbonate de soude à votre lessive pour rendre vos vêtements plus doux et éliminer les odeurs.

10. Nettoyant pour vitres : Mélangez 2 cuillères à soupe de bicarbonate de soude avec 1/4 de tasse de vinaigre blanc dans un flacon pulvérisateur rempli d'eau. Secouez bien avant chaque utilisation et vaporisez sur les vitres. Essuyez avec un chiffon propre ou du papier journal pour obtenir des vitres sans traces.

11. Désodorisant pour poubelles : Saupoudrez du bicarbonate de soude au fond de votre poubelle pour absorber les odeurs désagréables. Vous pouvez également ajouter quelques gouttes d'huile essentielle pour un parfum frais.

12. Nettoyant pour carrelage et joints : Faites une pâte avec du bicarbonate de soude et de l'eau. Utilisez une vieille brosse à dents pour frotter cette pâte sur les joints de carrelage, puis rincez à l'eau claire. Pour un nettoyage encore plus efficace, ajoutez un peu de vinaigre blanc à la pâte.

13. Détachant pour vêtements : Mélangez 1/4 de tasse de bicarbonate de soude avec 1/4 de tasse de peroxyde d'hydrogène et 1/4 de tasse d'eau. Appliquez ce mélange sur les taches avant de laver les vêtements comme d'habitude.

14. Lutte contre les mauvaises herbes : Saupoudrez du bicarbonate de soude dans les fissures de votre allée ou entre les dalles pour empêcher les mauvaises herbes de pousser.

15. Extincteur de feu : En cas de feu de cuisine mineur (comme un feu de graisse), vous pouvez jeter du bicarbonate de soude sur les flammes pour les éteindre rapidement.

16. Nettoyage de fruits et légumes : Ajoutez une cuillère à café de bicarbonate de soude à un bol d'eau pour laver vos fruits et légumes et enlever les résidus de pesticides.

17. Polissage des argenteries : Faites une pâte avec du bicarbonate de soude et de l'eau, puis utilisez-la pour polir vos objets en argent. Rincez et séchez bien après le polissage.

18. Soulagement des brûlures d'estomac : Dissolvez une cuillère à café de bicarbonate de soude dans un verre d'eau et buvez lentement pour soulager les brûlures d'estomac occasionnelles. Attention à ne pas en abuser !

 

Voici quelques recettes de beauté à essayer :

En ce qui concerne les produits de beauté, je vous conseille d’aller acheter du bicarbonate officinal dans votre pharmacie, le paquet de 250g coûte à peine 3€ 


1. Masque exfoliant pour le visage :

Ingrédients : 1 cuillère à soupe de bicarbonate de soude, 1 cuillère à soupe de miel, 1 cuillère à soupe de jus de citron.

Mélangez tous les ingrédients pour former une pâte. Appliquez le masque sur votre visage en évitant le contour des yeux. Laissez agir pendant 10 à 15 minutes, puis rincez à l'eau tiède en massant doucement pour exfolier la peau.

2. Bain de pieds relaxant :

Ingrédients : 3 cuillères à soupe de bicarbonate de soude, quelques gouttes d'huile essentielle de lavande (ou une autre huile essentielle de votre choix).

Ajoutez le bicarbonate de soude et l'huile essentielle à un bassin d'eau chaude. Faites tremper vos pieds pendant 15 à 20 minutes pour adoucir la peau et détendre les muscles.

3. Shampooing clarifiant :

Ingrédients : 1 cuillère à soupe de bicarbonate de soude, 1 tasse d'eau tiède.

Mélangez le bicarbonate de soude avec l'eau tiède. Utilisez cette solution pour laver vos cheveux comme vous le feriez avec un shampooing classique. Cela aidera à éliminer les résidus de produits capillaires et à laisser vos cheveux propres et frais.

4. Déodorant maison :

Ingrédients : 2 cuillères à soupe de bicarbonate de soude, 2 cuillères à soupe de fécule de maïs, 2 à 3 cuillères à soupe d'huile de coco.

Mélangez le bicarbonate de soude et la fécule de maïs. Ajoutez l'huile de coco et mélangez jusqu'à obtenir une consistance lisse. Appliquez ce déodorant naturel sous les aisselles pour neutraliser les odeurs.

5. Gommage corporel :

Ingrédients : 1/2 tasse de bicarbonate de soude, 1/2 tasse de sucre, 1/4 tasse d'huile d'olive (ou une autre huile végétale), quelques gouttes d'huile essentielle de votre choix.

Mélangez tous les ingrédients pour former un gommage. Utilisez ce mélange pour exfolier votre peau sous la douche en effectuant des mouvements circulaires, puis rincez à l'eau tiède.

Ces recettes de beauté simples et naturelles vous aideront à prendre soin de votre peau et de vos cheveux tout en utilisant des ingrédients non toxiques et économiques.  🌸

Il existe de nombreuses recettes de beauté naturelles que vous pouvez essayer en utilisant des ingrédients simples que vous avez peut-être déjà chez vous. Voici quelques idées supplémentaires :

1. Masque capillaire à l'avocat :

Ingrédients : 1 avocat mûr, 1 cuillère à soupe d'huile d'olive, 1 cuillère à soupe de miel.

Écrasez l'avocat et mélangez-le avec l'huile d'olive et le miel. Appliquez le masque sur vos cheveux humides, en insistant sur les pointes. Laissez agir pendant 30 minutes, puis rincez et lavez vos cheveux comme d'habitude. Ce masque est excellent pour nourrir et hydrater les cheveux secs.

2. Tonique au thé vert :

Ingrédients : 1 sachet de thé vert, 1 tasse d'eau.

Préparez une tasse de thé vert en infusant le sachet de thé dans de l'eau chaude. Laissez refroidir, puis utilisez une boule de coton pour appliquer le thé sur votre visage comme un tonique. Le thé vert est riche en antioxydants et peut aider à apaiser la peau.

3. Masque hydratant à la banane :

Ingrédients : 1 banane mûre, 1 cuillère à soupe de yaourt nature, 1 cuillère à soupe de miel.

Écrasez la banane et mélangez-la avec le yaourt et le miel. Appliquez le masque sur votre visage et laissez agir pendant 15 à 20 minutes, puis rincez à l'eau tiède. Ce masque est parfait pour hydrater et adoucir la peau.

4. Baume à lèvres maison :

Ingrédients : 2 cuillères à soupe d'huile de coco, 1 cuillère à soupe de cire d'abeille, 1 cuillère à soupe de beurre de karité, quelques gouttes d'huile essentielle de votre choix.

Faites fondre l'huile de coco, la cire d'abeille et le beurre de karité au bain-marie. Une fois fondu, ajoutez les gouttes d'huile essentielle. Versez le mélange dans un petit récipient et laissez durcir. Appliquez ce baume à lèvres pour hydrater et protéger vos lèvres.

5. Masque purifiant à l'argile :

Ingrédients : 2 cuillères à soupe d'argile verte, 1 cuillère à soupe de vinaigre de cidre de pomme, eau.

Mélangez l'argile verte avec le vinaigre de cidre de pomme et ajoutez un peu d'eau pour obtenir une pâte lisse. Appliquez le masque sur votre visage et laissez agir pendant 10 à 15 minutes, puis rincez à l'eau tiède. Ce masque aide à absorber l'excès de sébum et à purifier la peau.

6. Sérum pour ongles :

Ingrédients : 1 cuillère à soupe d'huile de ricin, 1 cuillère à soupe d'huile d'olive, quelques gouttes de jus de citron.

Mélangez les ingrédients et appliquez le sérum sur vos ongles et cuticules chaque soir avant de vous coucher. Ce sérum aide à renforcer et hydrater vos ongles.

Essayer des recettes de beauté naturelles est une excellente façon de prendre soin de vous tout en utilisant des ingrédients sains et économiques. 🌿

8. Blanchiment des dents :

Ajoutez un peu de bicarbonate de soude à votre dentifrice habituel et brossez-vous les dents doucement. Cela peut aider à enlever les taches et à blanchir vos dents naturellement.

9. Exfoliant pour la peau :

Mélangez une cuillère à café de bicarbonate de soude avec de l'eau pour former une pâte. Utilisez cette pâte pour exfolier doucement votre peau en effectuant des mouvements circulaires, puis rincez à l'eau tiède.

10. Bain relaxant :

Ajoutez une tasse de bicarbonate de soude à l'eau de votre bain pour apaiser les irritations cutanées et adoucir votre peau.

11. Soulagement des piqûres d'insectes :

Appliquez une pâte de bicarbonate de soude et d'eau sur les piqûres d'insectes pour soulager les démangeaisons et les irritations.



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