La plupart des gens les qualifient de gargouille,
mais ce nom s’applique en fait à un type de grotesque bien précis. Quelles sont
les différences ?
Grotesques, gargouilles, chimères : on fait le point
Gargouilles
Étymologie :
du latin « gurgulio », la gorge, la gueule.
Architecture :
Les gargouilles sont les parties saillantes d'une gouttière destinées à rejeter
les eaux de pluie à une certaine distance des murs afin de ne pas nuire aux constructions
inférieures.
Les architectes les sculpteurs du XIIIe siècle, lors
de l’essor du style gothique s'emparent de ces pierres saillantes pour en faire
un motif de décoration des édifices.
Les gargouilles médiévales ont souvent l'aspect
d'animaux fantastiques ou monstrueux qui suscitaient au Moyen Âge une très
grande curiosité.
Leur fonction est double, à la fois technique et
décorative.
Chimères
Etymologie
et origine : du latin « chimaera », nom d'un monstre
mythologique
Dans la mythologie grecque, la chimère est une créature
fantastique malfaisante. Elle est généralement décrite comme un hybride avec
une tête de lion, un corps de chèvre, et une queue de serpent. Elle fut tuée
par le héros Bellérophon chevauchant le cheval ailé Pégase.
Le nom de chimère a été repris et étendu pour
désigner toutes les créatures hybrides possédant les attributs de plusieurs
animaux.
Chimères désigne aussi les rêves, les fantasmes et
les utopies impossibles.
Architecture :
alors
que les gargouilles ne désignent que les extrémités des gouttières, les
chimères sont des statues fantastiques et diaboliques qui ont une fonction
purement décorative.
Les chimères ornent une série d’édifices médiévaux
comme la cathédrale Notre-Dame d’ Amiens.
Ce qui n’est pas le cas de Notre Dame de
Paris : elles furent ajoutées au XIXe siècle par Eugène Viollet-le-Duc, lors
d’une restauration.
Interprétations :
Les représentations du mal
Dans
la mythologie
Les figures hybrides animales sont nombreuses :
Chimère, Minotaure, Sirènes, Harpies, Cerbère, Hydre de Lerne. Elles représentent
généralement des forces hostiles à combattre.
Les hybrides du cheval (Pégase et les Centaures) représentent
plutôt des forces positives.
Dans
la religion chrétienne
Le dragon associé au Mal et au Diable. C’est pour
cette raison qu’il porte des ailes de chauve-souris, animal nocturne associé
aux ténèbres et le corps du serpent, animal maudit par excellence puisqu’il est
à l’origine du Pêché Originel.
Saint Georges et Saint Michel sont les plus représentés
dans l’imagerie chrétienne.
Dans
les légendes locales
On retrouve cette figure du monstre hybride et malfaisant
dans diverses régions de France (La Tarasque de Tarascon terrassée par Sainte
Marthe…)
Les légendes sont des variantes locales du combat
entre le bien et le mal, inspirées de la lutte de Saint Georges ou de Saint
Michel.
La fonction de signal et la fonction de gardiennes
Chimère et gargouilles symbolisent la tentation et
les désirs inassouvis, issus des profondeurs de l'inconscient et assimilés par
l’Eglise à des figures monstrueuses et diaboliques.
Créatures malfaisantes, elles signalent la présence
du Mal et sont donc généralement situées à l’extérieur des églises.
Selon certains auteurs, leurs figures monstrueuses et
leurs grimaces avaient pour fonction de repousser le Mal et assuraient ainsi une
fonction de « gardiennes du temple ».
Lexique :
Bestiaire
imaginaires
Figures animales issues de l’imaginaire de hommes
(la sirène, le dragon, le basilic…)
Gouttière
Une gouttière est un ouvrage de recueil et de
conduction des eaux de pluies généralement situé à la base des pentes d'un
toit.
Fonction
esthétique / Fonction technique / Fonction symbolique
Les gargouilles ont pour fonction technique, de recueillir
les eaux de pluie, pour fonction esthétique d’être des éléments décoratifs et
pour fonction symbolique de représenter le Mal.
La chimère la plus célèbre de Notre-Dame de Paris
Les grotesques ne sont pas toutes des gargouilles, mais les gargouilles sont toutes des grotesques. Créées pour raconter des histoires, elles offraient un réconfort à une époque marquée par une vie courte et des maladies, leur caractère fantaisiste aidant à relâcher la tension.
« La clarté
inquiète de la flamme les faisait remuer à l’œil. Il y avait des guivres qui
avaient l’air de rire, des gargouilles qu’on croyait entendre japper, des
salamandres qui soufflaient dans le feu, des
tarasques qui éternuaient dans la fumée. »
Notre-Dame,
Victor Hugo
Les grotesques représentaient peut-être aussi les
démons contre lesquels elles étaient censées offrir une protection :
« On en triomphait en les emprisonnant sous forme de
statues de pierre ».
Avec l'aide d'une quinzaine de sculpteurs, Viollet-le-Duc introduit des chimères, sculptures grotesques uniquement décoratives. Dites apotropaïques, elles repoussent le mal et les influences néfastes. Contrairement aux gargouilles, elles n’existaient pas au Moyen Âge
Les gargouilles, à la fois décoratives et fonctionnelles, servent à évacuer l’eau de pluie en la projetant loin des murs grâce à leur position en bout de gouttière.
Elles se sont multipliées et affinées au fil du temps pour mieux canaliser les écoulements en filets plus fins.
Apparues au XIIe siècle avec l’introduction des
chéneaux, elles allient fonction utilitaire et symbolique.
Ornées de figures monstrueuses ou d’animaux comme
des lions, des chiens ou des dragons, elles évoquent également des pécheurs
pour rappeler aux fidèles la menace du démon.
Très sollicités au Moyen Âge, les tailleurs de pierre, souvent mieux payés que les maçons, travaillent principalement en taille directe. Ils réalisent des maquettes en argile, bois ou plâtre avant de tailler la pierre : débitage, équarrissage, épannelage, puis taille fine.
Les grotesques ne sont pas toutes des gargouilles,
mais les gargouilles sont toutes des grotesques.
Les grotesques représentaient peut-être aussi les
démons contre lesquels elles étaient censées offrir une protection :
« On en triomphait en les emprisonnant sous forme de statues de pierre »
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