Les Comtes de Dreux à Braine (02)
Il fut un temps où Braine, modeste bourg du Tardenois,
rayonnait comme un foyer capétien, une enclave princière enchâssée dans les
terres de Champagne. Ce rayonnement, né au XIIe siècle, s’incarne dans la
lignée des Seigneurs de Braine, bâtisseurs, mécènes, croisés et transmetteurs,
dont les cendres reposèrent longtemps dans la chapelle des Comtes, au cœur de
l’abbatiale Saint-Yved.
Tout commence avec Robert de France, comte de Dreux (†
1188), fils cadet du roi Louis VI le Gros, et son épouse Agnès de Baudement (†
1204), dame de Braine. Ensemble, ils fondent la seigneurie et l’abbatiale, dans
un geste de piété et de puissance. L’église, reconstruite entre 1180 et 1210,
devient un chef-d’œuvre du premier art gothique classique, avec son chœur
rigoureux, sa symétrie parfaite, et sa tour-lanterne qui rivalise avec celle de
Laon. Saint-Yved devient alors nécropole dynastique, sanctuaire de mémoire et
de transmission.
Leur fils, Robert II de Dreux († 1218), et son épouse
Yolande de Coucy († 1222), poursuivent l’œuvre, enrichissant l’abbatiale de
donations et de sculptures. Puis vient Robert III († 1234), comte discret mais
fidèle à la lignée, suivi de Jean Ier († 1249), dont le cœur est inhumé à
Braine, selon la coutume des grands seigneurs. Sa veuve, Marie de
Bourbon-Dampierre († 1274), veille sur les terres et les rentes.
La lignée se ramifie : Pierre Ier de Bretagne († 1250), fils
de Robert III, meurt en croisade, et sa sépulture à Braine reste incertaine.
Robert de Dreux, vicomte de Beu et de Châteaudun († 1264), et son épouse
Clémence de Châteaudun († 1259), représentent une branche cadette capétienne,
également inhumée à Saint-Yved. Le dernier comte capétien à y reposer est
Robert IV de Dreux († 1282), scellant la fin d’une époque.
Après un long silence, la seigneurie renaît au XVe siècle
avec Amé II de Sarrebruck-Commercy († 1476), comte de Braine, seigneur de
Commercy, qui réside au château de Braine et restaure les droits seigneuriaux.
Son fils, Robert II († 1504), épouse Marie d’Amboise et poursuit l’ancrage
dynastique. Sa fille, Guillemette de Sarrebruck, comtesse de Braine, épouse
Robert III de La Marck, duc de Bouillon († 1536), introduisant les La Marck
dans la nécropole de Saint-Yved.
Enfin, Françoise de Brézé (1518–1574), fille de Diane de
Poitiers, épouse Robert IV de La Marck, dit le Seigneur de Florange († 1556),
mort empoisonné après sa captivité à Milan. Elle assure la régence de Sedan et
de Braine, fonde l’hospice de Sedan, et fait paver ses rues. Elle est inhumée à
Saint-Yved, aux côtés des Dreux, Sarrebruck et La Marck.
Mais aujourd’hui, il ne reste rien. Les guerres de Cent Ans
ont ravagé les terres, les sépultures ont été profanées, les pierres
dispersées. La Révolution française, dans sa fureur égalitaire, a achevé
l’œuvre de l’oubli. L’abbatiale, jadis majestueuse, n’offre plus que son chœur
silencieux, vestige d’une mémoire effacée.
Les Seigneurs de
Braine incarnent une dynastie de transmission, où chaque génération scelle sa
mémoire dans la pierre et la prière. L’abbatiale Saint-Yved, fondée par un fils
de roi, devient le miroir gothique d’une lignée capétienne, puis l’écrin des
Sarrebruck et des La Marck. Aujourd’hui, seule la tour-lanterne veille encore
sur les ombres.
Les comtes de Dreux enterrés en l’église abbatiale St Yved de Braine
Robert de France,
comte de Dreux († 1188) et Agnès de Baudement († 1204), son épouse Fondateurs
de la seigneurie de Braine et de l’abbatiale Saint-Yved.
Robert II de Dreux
(† 1218) et Yolande de Coucy († 1222), son épouse Successeurs directs, mécènes
de l’abbatiale.
Robert III de Dreux
(† 1234) Fils de Robert II, comte de Dreux.
Jean Ier de Dreux
(† 1249) et Marie de Bourbon-Dampierre († 1274), son épouse Le cœur de Jean Ier
est inhumé à Braine.
Pierre Ier de
Bretagne († 1250), duc de Bretagne Fils de Robert III, mort en croisade.
Sépulture incertaine à Braine.
Robert de Dreux,
vicomte de Beu et de Châteaudun († 1264) et Clémence de Châteaudun († 1259),
son épouse Branche cadette capétienne, inhumée à Braine.
Robert IV de Dreux (†
1282) Dernier comte capétien inhumé à Braine.
Amé II de
Sarrebruck-Commercy († 1476) Comte de Braine, seigneur de Commercy,
résidant à Braine.
Robert II de
Sarrebruck-Commercy († 1504) Fils d’Amé II, époux de Marie d’Amboise.
Guillemette de
Sarrebruck, comtesse de Braine épouse de Robert III de La Marck de Bouillon
(† 1536) Transmission du comté de Braine à la maison de La Marck.
Françoise de Brézé
(1518–1574), fille de Diane de Poitiers épouse de Robert IV de La Marck, dit le
Seigneur de Florange († 1556) Duc de Bouillon, prince de Sedan, comte de Braine
et de Maulévrier, mort empoisonné.
Agnès de Baudement
(vers 1130–1204)
Comte de Dreux, du Perche et de Braine – Fondateurs de la
lignée capétienne de Braine
Robert Ier de Dreux, dit « le Grand », cinquième fils de
Louis VI le Gros, roi de France, et d’Adélaïde de Savoie, reçoit en 1137 le
comté de Dreux en apanage à la mort de son père. Capétien de sang mais seigneur
de second rang, il incarne la stratégie d’essaimage dynastique des rois de
France, consolidant l’influence royale dans les marges du domaine. NdP : Figure
charnière du XIIe siècle, Robert Ier illustre l’expansion capétienne par
alliances territoriales et mécénat religieux.
Il accompagne son frère Louis VII à la Deuxième croisade
(1147–1149), fait la guerre à Henri Plantagenêt en Gascogne et en Languedoc
(1158–1159), se rend à Jérusalem, puis assiste son frère en 1158. En 1159, il
accorde une charte à la ville de Dreux et fonde à Paris l’église Saint-Thomas
du Louvre. En 1170, il dote sa ville de Brie-Comte-Robert d’un puissant château
fort. Il abandonne la direction de son comté de Dreux en 1184.
En 1152, il épouse Agnès de Baudement, dame de
Braine-sur-Vesle, héritière d’un vaste ensemble de terres dans le Tardenois et
le Laonnois. Ce mariage lui apporte les seigneuries de Fère-en-Tardenois,
Pont-Arcy, Néelle, Quincy, Baudement, Torcy, Chailly, Savigny-sur-Ardres,
Longueville, Brie-Comte-Robert, Chilly et Longjumeau. Il devient ainsi le
septième comte de Braine et établit sa résidence principale dans cette ville.
Braine devient le siège d’une justice seigneuriale. La ville
est bâtie dans une vallée fertile, au bas d’une colline qui la domine du côté
du Midi. Robert Ier la fait fortifier par des murailles de pierre dure. Elle
possède quatre portes, chacune munie d’écluses et de ponts-levis. Il fait
construire le « chanteau de Braine » et le « château d’en hault », nouvellement
bâti et fort somptueux. Il y fait mettre gens de guerre preux et hardis, avec
vivres et toutes autres choses nécessaires pour résister à ses adversaires. NdP
: La double fortification de Braine témoigne d’une volonté d’affirmation
seigneuriale dans une zone stratégique entre Champagne et Île-de-France.
En ou vers 1180, le couple fonde une nouvelle église sous le
vocable de Notre-Dame, en remplacement de l’ancienne. L’ensemble des travaux se
termine en 1216, bien après la mort des fondateurs.
Robert fonde également l’abbaye Saint-Yved de Braine,
destinée à devenir la nécropole des comtes de Dreux. Il adopte les armes de sa
femme, signe d’un transfert symbolique de pouvoir et d’ancrage territorial. Il
favorise les implantations religieuses et les donations aux ordres, notamment
aux prémontrés.
Sur sa tombe dans l’abbaye Saint-Yved de Braine, on pouvait
lire : Princeps Robertus mira pietate refertus Hic jacet : heu ! noli plura
rogare, tacet.
Comtesse de Dreux et
de Braine – Mécène, bâtisseuse et figure spirituelle
Fille de Guy de Baudement, comte de Braine, et d’Alix de
Braine, Agnès est une héritière puissante. Veuve de Milon III de Bar-sur-Seine,
elle épouse Robert de Dreux en secondes noces. Elle apporte en dot un ensemble
de terres qui font de Braine un centre politique et religieux majeur.
Dame de Fère-en-Tardenois, Pont-Arcy, Néelle, Longueville,
Quincy-Basse, Baudement, Torcy, Chailly, Savigny-sur-Ardres, elle est à
l’origine de la construction de l’abbatiale Saint-Yved, dont elle surveille les
travaux et assure la dotation. Elle fonde également une maison-Dieu en 1201 et
un hôpital, poursuivant l’œuvre charitable de ses ancêtres. NdP : Agnès incarne
la figure de la dame fondatrice, à la fois gestionnaire, mécène et actrice
spirituelle. À croiser avec les archives de Saint-Yved et les mentions de la
maison-Dieu.
Agnès s’occupe à convertir les juifs, ceux qui restent après
l’expulsion de 1182. Il se raconte qu’après un miracle, une jeune juive,
n’ayant pu résister à une apparition de Jésus-Christ, demande pardon à Dieu et
reçoit le baptême, entraînant dans cet exemple nombreux de ses
coreligionnaires. Cette jeune juive est inhumée à Saint-Yved dans une tombe
entre celles d’Agnès et de son époux. NdP : Ce récit hagiographique mérite
d’être confronté aux sources hagiographiques et aux pratiques d’inhumation à
Saint-Yved.
Quant à Agnès, après avoir été embaumée et déposée dans un
cercueil de plomb, elle est honnêtement et honorablement ensevelie à l’occasion
de funérailles entourées d’une grande dévotion. Elle est inhumée au milieu du
chœur de l’église, sous une tombe de pierre élevée.
Descendance
Le couple eut dix enfants, dont plusieurs figures majeures
de l’aristocratie et de l’Église :
Robert II de Dreux (1154–1218), successeur et mécène
Henri, évêque d’Orléans
Philippe, archevêque de Reims
Alix, mariée à Raoul Ier de Coucy
Isabeau, mariée à Hugues III de Broyes
Pierre, Guillaume, Jean, seigneurs de terres locales
[La descendance de Robert et Agnès illustre la stratégie
capétienne d’essaimage dans les sphères féodales et ecclésiastiques.]
Yolande de Coucy
Comte de Dreux, de Brie et de Braine – Stratège capétien et bâtisseur
Fils de Robert Ier de Dreux et d’Agnès de Baudement, Robert
II hérite du comté de Dreux en 1184 et du comté de Braine par sa mère. Il
devient le huitième comte de Braine. Prince capétien de branche cadette, il
joue un rôle militaire et diplomatique majeur au tournant du XIIIe siècle. Son père lui constitue une rente sur le
travers de Braine, destinée à ses deux filles Marguerite et Béatrix, qui
entrent en religion, la dernière au couvent du Charme.
Troisième croisade (1190–1191) : Il se distingue à la
bataille d’Arsur et au siège de Saint-Jean-d’Acre.
Conflits franco-anglais : Il combat en Normandie (1195–1198,
1202, 1206).
Croisade des Albigeois : Il mène des troupes au siège de
Termes (1209–1210).
Bataille de Bouvines (27 juillet 1214) : Il commande l’aile
gauche de l’armée royale, composée de chevaliers de l’Île-de-France, de
Normandie et de ses propres vassaux.
Il aide également son frère Philippe, évêque de Beauvais,
dans sa lutte contre le comte de Boulogne.
Robert II poursuit l’œuvre de ses parents dans l’église
abbatiale Saint-Yved de Braine. Il y fait inhumer ses parents, respectant leurs
vœux, et transforme l’abbatiale en nécropole dynastique : dix sépultures de la
branche capétienne y seront veillées par les religieux de l’ordre de Prémontré.
Il fait transférer les reliques de saint-Yved, conservées
depuis le IXe siècle dans la collégiale du château de Braine, vers l’abbatiale.
Les pèlerins substituent progressivement le nom de saint-Yved à celui de
Notre-Dame.
Il continue la construction commencée par son père de la
forteresse défensive de Braine, le Castrum de Celso, et réside au Château du
Bas, attenant à l’abbaye.
Il fait également construire :
Le château de Fère-en-Tardenois à la fin du XIIe siècle.
Le château de la Folie d’Aigremont à Cerseuil, bâti sur une
colline escarpée près de Braine, appelé au XIXe siècle « la Folie », mais nommé
originellement Castrum de Celso Duchesne.
Ce dernier domine la ville de Braine et les plaines de la
Vesle. Il est bâti sur un immense rocher entouré d’un large et profond fossé
taillé à vif dans le roc. Les murailles épaisses sont flanquées de grosses
tours à meurtrières, défendues par des redoutes et un second mur d’enceinte. Le
corps de logis est entouré d’un portique carré artistement sculpté, prolongé
par plusieurs rangées d’habitations pour les officiers des comtes.
Les six grosses tours de huit mètres de diamètre sont
entourées d’un fossé taillé dans la pierre. Le rocher est coupé en talus à 7
mètres de hauteur, sur 160 mètres de pourtour, avec 3 mètres de largeur à la
base et 13,50 mètres d’évasement.
Yolande de Coucy (vers
1164 – 18 mars 1222)
Comtesse de Dreux et
de Braine – Alliée stratégique et mécène
Fille de Raoul Ier de Coucy et d’Agnès de Hainaut, Yolande
appartient à l’une des lignées les plus puissantes du nord du royaume. Née à
Coucy-le-Château, elle est liée aux seigneurs de Vervins, Marle et La Fère.
Elle épouse Robert II vers 1184, apportant un prestige militaire et féodal à la
maison de Dreux.
Elle est inhumée à l’abbatiale Saint-Yved de Braine, aux
côtés de son époux.
Descendance remarquable
Le couple eut une dizaine d’enfants, dont plusieurs figures
majeures du XIIIe siècle :
Robert III Gasteblé (1185–1234), comte de Dreux
Pierre Mauclerc (1191–1250), duc consort de Bretagne
Henri de Dreux, archevêque de Reims
Jeanne de Dreux, abbesse de Fontevraud
Philippa, Yolande, Isabelle, Aliénor, Adélaïde, dames de
Torcy, Dreux, Traves, Salins…
[|NdP] : Leur descendance irrigue les grandes maisons féodales
du XIIIe siècle. À cartographier pour visualiser les ramifications dynastiques.
Robert III de Dreux
(1185 – 3 mars 1234), dit Gasteblé et
Comte de Dreux, de Braine, seigneur de Saint-Valery et
Gamaches – Neuvième comte de Braine
Fils de Robert II de Dreux (1154–1218) et de Yolande de
Coucy (1161–1222), Robert III hérite du comté de Dreux et de Braine en 1218.
Surnommé Gasteblé par Guillaume le Breton pour avoir détruit un champ de blé
lors d’une chasse dans sa jeunesse, il incarne une noblesse capétienne active,
militaire et territoriale. NdP : Le surnom Gasteblé, d’abord anecdotique,
devient emblématique d’une noblesse guerrière et terrienne, enracinée dans le
Tardenois.
Chevalier en 1209 par le roi Philippe Auguste.
1212 : Combat aux côtés de son frère Pierre Mauclerc et de
Louis de France (futur Louis VIII) contre les Anglais. Il défend la ville de
Nantes mais est fait prisonnier lors d’une embuscade.
1214 : Échangé après la bataille de Bouvines contre le comte
de Salisbury.
Accompagne le prince Louis en Angleterre, dans le cadre des
revendications capétiennes sur le trône anglais.
1226 : Participe à la croisade contre les Albigeois,
notamment au siège d’Avignon.
Après la mort de Louis VIII, il soutient activement la
régente Blanche de Castille et assiste au sacre de Louis IX.
1229 : Fait construire le château de Dannemarche à Dreux.
Il poursuit l’œuvre dynastique dans l’abbatiale Saint-Yved
de Braine, où il est inhumé. Sur sa tombe en pierre plate, fait rare, est gravé
le nom de l’artiste : Letarous me ficit. [Mention de l’artiste sur la tombe : rareté
notable, à signaler dans les relevés épigraphiques de Saint-Yved].
Aénor de Saint-Valery
(vers 1192 – 1250)
Dame de Saint-Valery-sur-Somme, Domart et autres terres picardes
Fille de Thomas de Saint-Valery et d’Adèle de Ponthieu,
Aénor est dame de Saint-Valery-sur-Somme, possession stratégique en Picardie
maritime. Son mariage avec Robert III en 1210 renforce les alliances entre
Dreux et les lignages du nord. Elle apporte un patrimoine maritime et féodal à
la maison de Dreux. NdP : Aénor incarne l’ouverture vers la Picardie et les
ports de la Somme. À croiser avec les lignages de Ponthieu et les seigneuries
de Domart.
Elle est inhumée à Braine, aux côtés de son époux, dans la
nécropole familiale de l’abbatiale Saint-Yved.
Descendance:
Jean Ier de
Dreux (1215–1249), comte de Dreux
Robert Ier
de Beu (1217–1264), vicomte de Beu, fondateur de la branche cadette
Yolande de
Dreux (1212–1248), mariée à Hugues IV de Bourgogne
Antoinette
de Dreux (1228–1277), mariée à Robert IV d’Ô
Pierre de Dreux († 1250), prêtre
[Repères dynastiques
Les trois premiers comtes de Dreux — Robert I, II et III —
sont les plus illustres représentants capétiens de cette lignée. Grands
soldats, bataillant contre les Anglo-Normands et participant aux croisades, ils
sont aussi de grands bâtisseurs dans leurs fiefs. [Trilogie fondatrice à
mettre en valeur dans la structure du dossier. À illustrer par les châteaux,
les tombeaux et les alliances.]]
Fils aîné de Robert III Gasteblé (1185–1233) et d’Aénor de
Saint-Valery (1192–1250), Jean Ier hérite du comté de Dreux à la mort de son
père en 1233. À sa majorité, il se réserve notamment la terre de Braine. Il
devient le dixième comte de Braine et incarne la continuité capétienne dans le
Tardenois au XIIIe siècle. Jean Ier est seigneur de : Braine,
Fère-en-Tardenois, Pont-Arcy, Nesle, Longueville, Saint-Valery → Héritage des
terres picardes de sa mère et des terres du Tardenois de son père.
[ Jean Ier est le
dernier comte de Dreux à participer aux croisades. Sa vie marque la fin d’une
génération guerrière et pèlerine.]
Engagements
militaires et croisades
Chevalier le 24 juin 1241 à Saumur, en présence du
prince Alphonse de Poitiers, par Saint Louis.
1242 : Prend les armes contre Hugues de Lusignan,
comte de la Marche, allié du roi d’Angleterre. Il participe à la bataille de
Taillebourg.
1248–1249 : Participe à la septième croisade aux
côtés de Saint Louis et de son beau-frère Archambaud IX de Bourbon. Les deux
meurent de maladie pendant l’hiver de l’armée à Chypre, avant d’atteindre
Damiette.
Jean Ier meurt à Nicosie,
sur l’île de Chypre, en 1249.
Il est inhumé dans la cathédrale Sainte-Sophie de Nicosie, mais son tombeau est détruit
en 1570 lors de la prise de Chypre par les Ottomans, qui transforment la
cathédrale en mosquée et détruisent les sculptures et tombes chrétiennes. Seul
son cœur est déposé dans la chapelle de
l’abbatiale Saint-Yved de Braine, nécropole familiale.
[La double
inhumation – corps à Nicosie, cœur à Braine – illustre la tension entre devoir
lointain et mémoire locale.]
Marie de Bourbon-Dampierre (1220 – 1274)
Dame de Montluçon
– Mécène et fondatrice de chapelle à Braine
Fille d’Archambaud VIII de Bourbon et de Béatrice de
Montluçon, Marie appartient à une lignée puissante du Bourbonnais, vassale
directe du roi. Elle épouse Jean Ier en 1240, scellant une union stratégique
entre deux lignages capétiens de second rang.
[L’union Bourbon–Dreux
illustre la stratégie capétienne d’alliances territoriales. Elle relie le
Tardenois à la Marche et au Bourbonnais.]
Elle fonde une chapelle dans l’église Saint-Yved de
Braine, et meurt en 1274. Elle est enterrée près du cœur de son mari dans
la nécropole princière. Son tombeau, richement émaillé de cuivre et doré, est
orné de trente-six statuettes représentant rois, reines et membres des
lignages de Dreux et de Bourbon. Le nécrologe de Braine indique que le
29 août, on doit prier pour cette dame en mémoire des présents qu’elle a faits
à l’église : cinq arpents de terre et une rente de quinze livres pour
fonder une chapelle.
Le mariage avec Marie de Bourbon apporte aux Dreux :
Montluçon,
Bourbon-l’Archambault, marges du Berry → Renforce la position des Dreux
dans les cercles féodaux du centre du royaume.
[L’alliance
Bourbon–Dreux, bien que discrète dans les sources, joue un rôle structurant
dans la cartographie féodale du XIIIe siècle.]
Descendance
Jean Ier et Marie de Bourbon eurent plusieurs enfants, dont
:
Robert IV de Dreux
(1241–1282), comte de Dreux, onzième comte de Braine (1249–1274)
Jean de Dreux,
seigneur de Châteauneuf, entré dans l’ordre des chevaliers du Temple, fondateur
d’un anniversaire dans l’église de Braine, mort après 1274
Philippe de Dreux,
chanoine
Isabelle de Dreux,
mariée à Jean de Montfort
[Descendance à
double ancrage : nord (Dreux, Braine) et centre (Bourbon, Montluçon).]
Alix de Thouars
Comte de Braine, duc de Bretagne par mariage, croisé, poète et stratège capétien
Né vers 1187 à Dourdan, Pierre est le fils de Robert II de Dreux (petit-fils de Louis VI le Gros) et de Yolande de Coucy.
Il appartient à la branche cadette capétienne des Dreux, qui
détient le comté de Braine et fait de l’abbatiale Saint-Yved leur nécropole
dynastique.
[La maison de Dreux, bien que cadette, joue un rôle
stratégique dans l’expansion capétienne en Bretagne et dans l’Ouest du royaume.]
En 1213, Pierre épouse Alix de Thouars, héritière du duché
de Bretagne. Il devient duc jure uxoris (par le droit de son épouse), mais
conserve son autonomie politique.
Il prend le titre de baillistre de Bretagne, gouvernant au
nom de son épouse puis de son fils Jean Ier le Roux.
[Pierre Mauclerc incarne la tension entre pouvoir ducal
breton et autorité capétienne, jouant habilement des alliances
franco-anglaises.]
Surnom « Mauclerc » et conflits ecclésiastiques
Destiné à une carrière ecclésiastique, Pierre abandonne
cette voie, d’où le surnom de Mauclerc (« mauvais clerc »).
Il entre en conflit avec l’évêque de Nantes, s’oppose aux
privilèges ecclésiastiques, et modifie son blason en y ajoutant un franc
quartier d’hermine, symbole religieux détourné.
[Le franc quartier d’hermine, repris ensuite par les ducs
bretons, devient emblème héraldique du duché. Pierre en est l’initiateur.]
Comte de Braine et mécène capétien
En 1222, à
la mort de son père, Pierre hérite du comté de Braine, avec l’abbatiale
Saint-Yved comme centre spirituel et dynastique.
Il y est inhumé
en 1250, après sa mort en mer au retour de la septième croisade (dirigée par
Saint Louis).
L’abbatiale
conservait son gisant, aux côtés d’autres membres de la maison de Dreux.
Pierre aurait été trouvère, auteur de chansons courtoises. Quelques pièces lui sont attribuées dans les manuscrits lyriques.
[La figure du prince-poète renforce son image de seigneur
cultivé, en rupture avec les clercs mais proche des arts.]
Son fils Jean Ier le Roux lui succède en Bretagne.
La maison de Dreux conserve le duché jusqu’à la fin du XIIIe
siècle.
Le comté de Braine reste un bastion capétien, avec
l’abbatiale comme lieu de mémoire.
[La double sépulture bretonne et brainoise illustre la
stratégie territoriale des Dreux : Bretagne pour le pouvoir, Braine pour la
mémoire.]
Alix de Thouars (vers
1200-1221)
Duchesse de Bretagne
et comtesse de Richemont
Fille de Guy de Thouars et de Constance de Bretagne,
duchesse souveraine, Alix hérite du duché de Bretagne à la mort de son demi-frère
Arthur Ier en 1203. Elle n’a alors que trois ans.
Son père, Guy de Thouars, exerce la régence jusqu’en 1206,
date à laquelle Philippe Auguste impose son autorité sur la Bretagne.
En 1213, Alix épouse Pierre de Dreux, dit Pierre Mauclerc,
fils de Robert II de Dreux (branche cadette capétienne) et de Yolande de Coucy.
Ce mariage est orchestré par le roi de France pour renforcer son influence en
Bretagne.
Pierre devient duc de Bretagne jure uxoris (par son épouse),
mais conserve le titre de comte de Dreux, ce qui lie durablement la Bretagne à
la maison capétienne de Dreux.
Le couple a trois enfants :
Jean Ier le Roux (1217–1286), futur duc de Bretagne.
Yolande de Bretagne (1218–1272), qui jouera un rôle
diplomatique important.
Arthur de Bretagne, mort jeune.
Alix meurt prématurément en 1221, à environ 21 ans, et est
inhumée à l’abbaye de Villeneuve-lès-Nantes, aux côtés de sa fille Yolande.
[Alix incarne une figure de transition : héritière directe
des ducs de Bretagne par sa mère, elle est aussi le point d’ancrage de la
maison capétienne de Dreux en terre bretonne. Son mariage avec Pierre Mauclerc,
imposé par la couronne capétienne, marque une inflexion politique majeure dans
l’histoire du duché. Elle est donc un pivot dynastique, à la fois mémoire d’un
duché autonome et matrice d’une nouvelle lignée.]
Robert de Dreux, comte
de Beu (1217 – 1281) et
Clémence de Châteaudun
Vicomte de Beu, vicomte de Châteaudun, seigneur de Nesle et
de Longueville
Il porte les armes échiquetées d’or et d’azur à la bordure
engrelée de gueules, emblème de la maison de Beu.
Il est inhumé à Braine en 1281, prolongeant l’usage
dynastique de l’abbatiale Saint-Yved malgré son statut de branche cadette.
[Robert Ier de Dreux fonde la lignée des seigneurs de Beu,
branche cadette capétienne. Par ses alliances et ses terres, il étend
l’influence de Dreux vers le Perche et le Dunois. Sa sépulture à Braine
témoigne de la persistance dynastique au-delà de la lignée principale.]
Clémence de Châteaudun
(1229 – 1259)
Vicomtesse de
Châteaudun, dame de Mondoubleau
Clémence de Châteaudun, née en 1229, est l’unique héritière
de Geoffroy VI de Châteaudun et de Clémence des Roches. À la mort de son père,
elle hérite de la vicomté de Châteaudun ainsi que des terres de Mondoubleau et
Saint-Calais, situées dans le Perche-Gouët. Ces possessions, à la fois
stratégiques et anciennes, forment un ensemble cohérent entre Chartres et Vendôme,
à la frontière des influences capétiennes, angevines et percheronnes.
Vers 1253, Clémence épouse Robert Ier de Dreux, seigneur de
Beu, Longueville et Nesle, issu de la branche cadette des Dreux–Braine. Ce
mariage, probablement négocié dans l’entourage royal, permet à la maison de
Dreux d’étendre son emprise vers le Perche, tout en consolidant son ancrage
dans les terres capétiennes. Par cette union, la vicomté de Châteaudun passe
dans les mains de la maison de Beu, qui en assure la continuité jusqu’au XVIe
siècle.
Clémence meurt en 1259, à l’âge de trente ans, et est
inhumée à l’abbaye Saint-Yved de Braine, aux côtés de son époux. Sa sépulture
dans la nécropole dynastique des Dreux confirme l’intégration de sa lignée dans
le sanctuaire capétien, loin de ses terres natales du Perche.
Sa descendance assure la continuité de la maison de Beu jusqu’au XVIe
siècle.
Alix de Beu
(1255–1302), épouse de Raoul II de Clermont-Nesle, connétable de France
Clémence de
Dreux (1257–ap. 1300), épouse de Gauthier de Nemours puis Jean des Barres
Isabeau de
Dreux (1264–1300), épouse de Gaucher V de Châtillon
Robert II de
Dreux (1265–1306), vicomte de Beu, seigneur de Bagneux
Clémence de Dreux, sa
sœur cadette, contracte deux alliances successives avec Gauthier III de Nemours
puis Jean des Barres, assurant une présence Dreux dans les terres de Beauvais
et du Gâtinais.
Isabeau de Dreux, née vers 1264, épouse Gaucher V de
Châtillon, autre connétable de France, renforçant les liens entre Dreux et les
grandes familles militaires du royaume.
Enfin, Robert II de Dreux hérite du titre de vicomte de Beu
et seigneur de Bagneux, assurant la continuité masculine de la lignée jusqu’au
début du XVIe siècle.
Amé II de
Sarrebruck-Commercy (1435 – 1476)
Guillemette de
Luxembourg (1435 – vers 1500)
Fils de Robert Ier de Sarrebruck-Commercy et de Jeanne de
Pierrepont, Amé II hérite du comté de Braine à la mort de son père en 1465. Ce
dernier ayant laissé une réputation sombre à Commercy, Amé II choisit de
résider à Braine, renouant avec la tradition capétienne de l’abbatiale
Saint-Yved. Comte de Braine, seigneur de Commercy-Château-Haut
Il assiste au sacre de Louis XI en 1461 aux côtés de son
frère Jean VII, comte de Roucy, témoignant de son rang et de son intégration dans
la haute noblesse du royaume. Il poursuit les alliances territoriales et le
mécénat religieux dans le Tardenois.
[Amé II de Sarrebruck-Commercy incarne le retour à Braine
après les excès de son père. Par sa résidence, ses alliances et sa sépulture,
il réactive la mémoire dynastique des Dreux tout en introduisant la noblesse
lorraine dans le sanctuaire capétien.]
Guillemette de
Luxembourg (1435 – vers 1500)
Comtesse de Braine,
dame de Commercy
Née vers 1435, Guillemette est la fille de Thibaut de
Luxembourg-Saint-Pol, seigneur de Fiennes, et de Philippotte de Melun, dame de
Rosny. Elle appartient à la branche des Luxembourg-Ligny, issue des comtes de
Brienne et de Saint-Pol, et donc liée aux grandes familles princières du nord
du royaume et des marches de Lorraine.
En 1462, elle épouse Amé II de Sarrebruck-Commercy, seigneur
de Commercy-Château-Haut et comte de Braine. Ce mariage unit les Luxembourg et
les Sarrebruck, deux lignées aux marges du royaume, mais proches du pouvoir
royal. Guillemette apporte en dot des liens avec les terres de Fiennes, Rosny
et Saint-Pol, renforçant l’ancrage capétien de la maison de Sarrebruck dans le
nord du royaume.
Elle est la mère de Robert II de Sarrebruck-Commercy, qui
lui succède comme comte de Braine.
De cette union naît Robert II de Sarrebruck-Commercy, qui
hérite du comté de Braine et de Commercy à la mort de son père en 1476.
Guillemette survit à son époux et semble avoir contracté un second mariage vers
1478 avec Gilles Harpedanne de Belleville, seigneur de Cosnac, ce qui témoigne
d’une volonté de maintenir son statut et ses alliances après la mort d’Amé II.
Elle meurt avant 1500, probablement dans l’entourage de son
fils ou de son second époux. Sa sépulture n’est pas attestée à Braine, ce qui
suggère un éloignement de la nécropole dynastique après son remariage.
[Guillemette de Luxembourg incarne une stratégie féminine
d’alliance et de transmission, à la fois par son mariage avec Amé II de
Sarrebruck et par son remariage avec Gilles Harpedanne. Elle relie les maisons
de Luxembourg, Melun, Sarrebruck et Belleville, assurant une continuité
territoriale et diplomatique dans les marches du royaume. L’absence de
sépulture à Braine, contrairement à son époux, témoigne d’une bifurcation
dynastique, mais aussi d’une autonomie féminine affirmée dans la gestion des
alliances.]
Robert II de
Sarrebruck-Commercy († 1504) et
Comte de Roucy et de Braine, Seigneur de
Commercy-Château-Haut,
Montmirail et La Ferté-Gaucher
Marie d’Amboise (vers 1460-1519)
Fils d’Amé II de Sarrebruck-Commercy et de Guillemette de Luxembourg, elle-même fille de Thibaut de Luxembourg, seigneur de Fiennes. Héritier d’une double tradition : la maison de Sarrebruck-Commercy (implantée en Lorraine) et les alliances luxembourgeoises, qui renforcent son ancrage dans la haute noblesse du royaume de France.
Actif dans les affaires du royaume à la fin du XVe siècle,
notamment dans la gestion des terres de Braine et Roucy. Témoin de la
transition entre les derniers Valois et les premiers Bourbons, dans un contexte
de centralisation monarchique.
Épouse Marie d’Amboise le 5 février 1487, fille de Charles
Ier d’Amboise, seigneur de Chaumont, et de Louise-Marie de Rieux.
Cette union le rattache à la puissante maison d’Amboise,
proche du pouvoir royal et active dans les affaires militaires et
diplomatiques.
Descendance
Amé III de Sarrebruck-Commercy, son fils, lui succède mais
meurt sans postérité.
Trois filles : Philippine, Catherine, et Guillemette, qui
héritent des terres et titres à la mort de leur frère.
Philippine épouse Charles de Bourbon-Montpensier, renforçant
les liens avec la maison de Bourbon.
Catherine épouse Claude de Lannoy, seigneur de Molembais.
Guillemette épouse Jean de Montmorency, seigneur de Beuvry.
Décès à Paris le 4 septembre 1504, son cœur y est conservé,
tandis que son corps est transféré à Braine, dans l’abbatiale Saint-Yved.
Il y rejoint son père Amé II, dans une tradition funéraire
qui fait de Braine un sanctuaire dynastique.
[Robert II incarne la transition entre les lignages féodaux
et les alliances dynastiques du royaume de France. Son inhumation à Braine, aux
côtés de son père, scelle une mémoire territoriale et aristocratique que l’abbatiale
Saint-Yved cristallise.]
Marie d’Amboise
(vers1460-1519)
Marie d’Amboise (vers 1460 – 9 janvier 1519) fut dame des
Riceys, de Bagneux et de Rosny, épouse de Robert II de Sarrebruck-Commercy.
Elle incarne la jonction entre les maisons d’Amboise, Sarrebruck et La Marck,
et joue un rôle central dans la transmission du comté de Braine au XVIe siècle.
Née vers 1460, Marie est la fille de Charles Ier d’Amboise,
seigneur de Chaumont, gouverneur de l’Île-de-France, de Bourgogne et de
Champagne, et de Catherine de Chauvigny, dame de Ravel. Elle appartient à une
maison influente dans les cercles royaux, et est la nièce du célèbre cardinal
Georges d’Amboise, ministre de Louis XII.
Le 5 février 1487, elle épouse Robert II de
Sarrebruck-Commercy, comte de Braine et de Roucy, seigneur de Commercy-Château-Haut,
Montmirail et La Ferté-Gaucher. Ce mariage renforce les liens entre les
Sarrebruck et les Amboise, consolidant leur présence dans les terres du nord et
de l’est du royaume.
Marie survit à son époux, mort en 1504, et meurt le 9
janvier 1519 aux Riceys, dans l’Aube. Elle est probablement inhumée sur ses
terres, loin de la nécropole de Braine où repose son mari.
Descendance
Marie
d’Amboise et Robert II eurent plusieurs enfants :
Amé III de
Sarrebruck-Commercy, héritier principal, mort sans postérité en 1525.
Philippine
de Sarrebruck, dame de Commercy, morte en 1551.
Catherine de
Sarrebruck, épouse d’Antoine de Roye, transmet le comté de Roucy à la maison de
Roye.
Guillemette
de Sarrebruck, épouse de Robert III de La Marck, maréchal de France, mère de Robert
IV de La Marck, duc de Bouillon et prince de Sedan.
Comtesse de Braine, dame de Montagu, héritière des Sarrebruck-Commercy
Épouse de Robert III de La Marck, duc de Bouillon, prince
de Sedan.
Fille de Robert II de Sarrebruck-Commercy et de Marie
d’Amboise, Guillemette naît dans une maison noble aux racines lorraines et
champenoises, liée aux terres de Commercy, Montmirail, La Ferté-Gaucher, et
surtout Braine, centre dynastique du Tardenois.
Elle devient comtesse de Braine à la mort de son frère Amé
III, dernier mâle de la lignée, décédé sans postérité. Cette succession
féminine, rare mais légitime, assure la continuité territoriale des Sarrebruck
dans la région. Elle hérite également de
la seigneurie de Montagu, et probablement de droits sur Pontarcy, Neufchâtel,
et La Ferté-Gaucher, consolidant un ensemble cohérent entre Champagne et
Picardie.
Elle épouse Robert III de La Marck, duc de Bouillon, prince
de Sedan, maréchal de France, seigneur de Fleurange et de Florange, issu d’une
maison princière puissante, liée aux duchés de Clèves, Bouillon, et au
Saint-Empire. Ce mariage, célébré vers 1510, scelle l’entrée des La Marck dans
les terres de Braine et dans la nécropole dynastique de l’abbatiale Saint-Yved,
où repose déjà son père.
Par cette union, les possessions des Sarrebruck-Commercy
sont intégrées aux domaines princiers des La Marck, renforçant l’ancrage
franco-impérial du Tardenois.
Leur fils, Robert IV de La Marck (1512–1556), devient
maréchal de France, duc de Bouillon, et prince de Sedan. Il épouse Françoise de
Brézé, fille de Louis de Brézé et de Diane de Poitiers, favorite d’Henri II.
Robert IV meurt empoisonné à Rome, selon les chroniques, sur
ordre de Charles Quint, dans un contexte de tensions franco-impériales.
Guillemette, par son fils, assure la transmission du comté
de Braine aux La Marck, qui le conserveront jusqu’au XVIIe siècle.
Guillemette réside au château de Braine, où elle administre
les terres, les droits seigneuriaux, et les rentes du comté. Elle veille à
l’entretien de l’abbatiale Saint-Yved, lieu de sépulture des Sarrebruck et des
La Marck, consolidant la mémoire dynastique. Elle est mentionnée dans plusieurs
actes notariés et cartulaires de la région, notamment dans les registres de
donations à l’abbaye et les actes de succession.
Elle meurt après 1540, probablement vers 1541–1542, au
château de Braine. Elle est inhumée dans l’abbatiale Saint-Yved, rejoignant son
père Robert II, son frère Amé III, et plus tard son époux Robert III de La
Marck, dans une continuité funéraire qui fait de Braine une nécropole
aristocratique majeure.
[Guillemette de Sarrebruck incarne la transmission féminine
du pouvoir territorial à la charnière des XVe et XVIe siècles. Par son héritage
du comté de Braine, son mariage avec Robert III de La Marck, et la gestion du
château et de l’abbatiale, elle assure la continuité dynastique entre Commercy,
Braine et Bouillon. Sa figure relie les mémoires féodales aux principautés
renaissantes, dans un Tardenois devenu carrefour franco-impérial.]
Françoise de Brézé (1518 – 14 octobre 1574)
Comtesse de Maulévrier, baronne de Mauny et de Sérignan, dame de Bréval
Épouse de Robert IV de La Marck, duchesse de Bouillon, régente de Sedan et de Braine
Fille de Louis de Brézé, grand sénéchal de Normandie, et de
Diane de Poitiers, favorite du roi Henri II, Françoise naît dans une lignée
prestigieuse mêlant sang royal (descendante de Charles VII et d’Agnès Sorel) et
influence politique.
Elle est élevée dans l’entourage de la cour, au château
d’Anet, et bénéficie d’une éducation raffinée, marquée par les arts, les
lettres et la diplomatie. Par sa mère, elle incarne la lignée des favorites,
femmes puissantes de la Renaissance, capables d’influer sur les affaires du
royaume.
Mariage et alliance dynastique
Le 19 janvier 1538, elle épouse Robert IV de La Marck, duc
de Bouillon, prince de Sedan, comte de Braine et de Maulévrier, dans la
chapelle du Louvre, en présence de la cour.
Ce mariage unit les maisons de Brézé, Poitiers et La Marck,
consolidant les possessions dans le Tardenois, la Normandie, les Ardennes, et
les marches du Saint-Empire.
Elle devient ainsi duchesse de Bouillon, et sa dot renforce
les domaines de son époux, notamment à Maulévrier, Bréval, et Sérignan.
Le couple a neuf enfants, dont :
Henri-Robert
de La Marck (1540–1574), successeur à Sedan et Bouillon
Charles-Robert,
comte de Maulévrier et de Braine
Antoinette,
duchesse de Montmorency
Diane,
duchesse de Nevers
Guillemette,
comtesse de Brienne
Françoise,
abbesse d’Avenay
Catherine,
dame de Bréval
Régence et administration
À la mort de son époux en 1556, empoisonné après sa
captivité à Milan sur ordre de l’empereur Charles Quint, Françoise assure la
régence de Sedan et de Braine jusqu’à la majorité de son fils Henri-Robert.
Elle se montre administratrice rigoureuse, elle fait paver
la rue Neuve de l’Horloge à Sedan, première rue pavée de la ville, encore
visible aujourd’hui.
Elle fonde l’hospice de Sedan, structure hospitalière
durable, symbole de sa politique sociale.
Elle veille à l’équilibre des comptes, à la gestion des
rentes et à la défense des droits princiers.
Mort et sépulture
Elle meurt le 14 octobre 1574, à l’âge de 56 ans,
probablement au château de Sedan ou de Braine.
Elle est inhumée dans la abbatiale Saint-Yved de Braine,
nécropole familiale des Dreux, Sarrebruck, et La Marck, scellant la continuité
dynastique et la mémoire princière du Tardenois.
[Françoise de Brézé incarne la puissance féminine de la Renaissance, héritière directe de Diane de Poitiers. Par son mariage princier, sa régence territoriale, et ses alliances dynastiques, elle relie les mémoires capétiennes de Braine à la politique royale de Henri II. Sa sépulture à Saint-Yved scelle la transmission aristocratique entre Normandie, Tardenois et Ardennes. ]
Origines et premières lignées
- 1040–1050
: Hugues Premier seigneur mentionné, probablement lié à la noblesse
locale.
- 1094–1106
: Hugues II dit le Blanc (ou de Laon) [Personnage clef, à relier
aux lignages laonnois et aux luttes féodales régionales.]
- 1106–1109
: Rodolphe Frère probable de Hugues II.
- 1120
: André de Baudement Sénéchal de Champagne, beau-frère de Hugues II.
- 1137 : Guy de Baudement Fils d’André, père d’Agnès de Baudement.
Maison capétienne de
Dreux (branche cadette des Capétiens)
- Vers
1150 : Robert Ier de Dreux Époux d’Agnès de Baudement. [Début de la dynastie capétienne à
Braine, à croiser avec les archives de Saint-Yved.]
- 1188–1325 : Succession Dreux (Robert II à Robert V) Plusieurs comtes successifs, dont Jean II dit "le Bon".
Maison de Pierrepont
- 1325–1459
: Jean V à Jeanne de Pierrepont
[À noter : Isabelle et Jeanne, héritières, ouvrent la voie à la
maison suivante par alliance.]
Maison de
Sarrebruck-Commercy
- 1417–1492
: Robert III à Jean VII Par mariage avec Jeanne de Pierrepont. [Robert
III devient comte de Braine par alliance, à vérifier dans les registres de
Commercy.]
- 1492–1525
: Amé III de Sarrebruck Marié à Renée de La Marck. Leur fils Robert
meurt en bas âge. Trois sœurs héritent : Guillemette (Braine), Catherine
(Roucy), Philippine (Commercy).
Maison de La Marck
- 1525–1622
: Robert III à Henri-Robert de La Marck Guillemette épouse Robert III
de La Marck. [Guillemette meurt à Braine en 1571, inhumée à Saint-Yved.
À documenter visuellement.]
Maison Eschallart de La Boulaie
- 1658–1675
: Maximilien Eschallart à Henri-Robert-Maximilien Derniers seigneurs
avant la Révolution. [ À croiser avec les archives militaires (bataille
de Cantarbrick).]
Derniers seigneurs et Révolution
- 1789
: Casimir Pignatelli d’Egmont Comte de Braine, député de la noblesse. [Dernier
seigneur avant l’émigration en 1791. À relier aux événements
révolutionnaires locaux.]
L'épitaphe en occupe toute la
surface. h = 83 ; la = 81.
CY
GIST/MADAME MARIE DE DREUES FILLE [DE]/MONSEIGNEUR ARCHEMBAUD DE BOURBON/PRIEZ
POUR S'AME/ELLE TRÉPASSA A LA/VIGILE ST BARTHÉLEMY EN L'AN DE
GRACE/MCCLXXIV/SON TOMBEAU A ÉTÉ TRANSPORTE CY A COTE/POUR LA DÉCORATION DE
L’ÉGLISE/L'AN 1775.
Dans la seconde moitié du 14e siècle, Simon de
Roucy, comte de Braine, fait aménager dans le bras sud du transept de l'église
abbatiale et la chapelle biaise qui le prolonge à l'est, une chapelle funéraire
familiale sous le vocable de Saint-Denis. Son fils Jean de Roucy, évêque et duc
de Laon de 1386 à 1418, fait élever cinq tombeaux pour ses parents, ses frères,
sa sœur et ses neveux. Le monument funéraire de Simon de Roucy et de Marie de
Châtillon, décédés respectivement en 1392 et en 1396, a probablement été
réalisé peu après leur disparition à l'initiative de leur fils. Il est relevé ainsi
que l'ensemble des tombeaux seigneuriaux de Braine pour l'érudit et antiquaire
Roger de Gaignières à la fin du 17e ou au début du 18e siècle. Ces dessins,
conservés depuis le 19e siècle à la Bodleian Library d'Oxford (Royaume-Uni) ont
été copiés sur calque par l'érudit local Stanislas Prioux au milieu du 19e
siècle, ce qui permet d'en connaître l'aspect. D'après cette source, les gisants
des deux époux étaient sculptés en calcaire polychrome, à l'exception des mains
et des visages en albâtre. Ils reposaient avec leur dais sculptés et armoriés
sur une dalle de marbre noir bordée de l'épitaphe gravée en écriture gothique.
Le dessin de Gaignières permet également de restituer assez fidèlement
l'épitaphe et les armoiries. En effet, tous ces monuments funéraires ont été
détruits sous la Révolution, à l'exception des pieds du gisant de Simon de
Roucy (ou de celui de son fils Hugues de Roucy, décédé en 1395) et du corps du
gisant de Marie de Châtillon. Ce dernier, mutilé, a été affublé dès le 19e
siècle d'une tête de vieillard barbu. D'après certaines comparaisons
iconographiques et stylistiques, notamment avec les portails des cathédrales de
Laon et de Senlis, cette tête provient vraisemblablement d'une des quatre
statues-colonnes de prophètes placées dans les ébrasements du portail central
de la façade occidentale de l'ancienne église abbatiale. Les deux vestiges du
tombeau sont en dépôt au musée de Soissons depuis 1962.
Seuls subsistent aujourd'hui le corps du gisant de
Marie de Châtillon et les pieds du gisant probable de Simon de Roucy.
Taille de pierre, marbrerie, sculpture, calcaire, en
plusieurs éléments, blanc taillé, peint, polychrome, décor en relief, marbre,
monolithe, noir taillé, poli, gravé
Dimensions du corps du gisant de Marie de Châtillon
: h = 31 ; l = 146 ; la = 44. Dimensions des pieds du gisant de Simon de Roucy
: h = 26, l = 26, la = 46.
Iconographies :
personnage
historique, lion homme, de face, en pied, prière, armure, ornement animal
personnage
historique, chien femme, de face, en pied, prière, ornement animal
Selon le dessin de la collection Gaignières, le gisant de Simon de Roucy était revêtu de l'armure articulée et de la cotte armoriée du chevalier, un lion héraldique à ses pieds. Le dessin du tombeau de Hugues de Roucy montre un gisant semblable à celui de son père, et pose ainsi le problème de l'attribution des pieds subsistants. Le gisant de Marie de Châtillon est revêtu d'une longue robe et d'un manteau armorié. Ses pieds reposent sur deux chiens adossés. Le corps mutilé de la statue a été affublé d'une tête de prophète provenant probablement du portail occidental.
Inscriptions
& marques
dates, dédicace, épitaphe, armoiries gravées sur l'œuvre,
français, latin, connu par document
Précision
inscriptions
Cy gist hault et puissant prince monseigneur simon
conte de roucy [et] de braine qui trepassa en son chastel du bois les roucy en
l'an de grace mil ccc iiii xx [et] douze le mardy xviiie jour de fevrier./Cy
gist tres haulte et puissante dame madame marie de chatillon contesse des dis
lieux et/fe[m]me du dit monseigneur le conte qui trepassa en lan de grace mil
ccc iiiixx [et] xvi le xie jour davril Et leur fit faire cette sépulture
rev[er]ens pere en dieu monseigneur/jehan de roucy par la grace de Dieu evesque
[et] duc de laon conte danisy per de france leur fils. Armoiries de Simon de
Roucy (sculptées et peintes sur le dais et sur la cotte) : d'or au lion d'azur
; armoiries de Marie de Châtillon (sculptées et peintes sur le dais et sur le
manteau) : parti, à dextre d'or au lion d'azur (Roucy), et à senestre palé de
gueules et componé d'azur et d'argent, au chef d'or à un alérion de gueules
(Châtillon).
État
de conservation : œuvre mutilée
Le corps du gisant de Marie de Châtillon et les
solerets du gisant de Simon de Roucy, appuyés sur un lion couché, sont les
seuls vestiges connus du tombeau.
Ici