samedi 31 mai 2025

Ésotérisme et Alchimie des Cathédrales

 


Un laboratoire d’alchimiste. D’après une gravure de Pieter Bruegel


Les cathédrales gothiques sont souvent considérées comme des temples de savoir ésotérique, et l’alchimie y occupe une place fascinante. Voici quelques éléments qui relient ces monuments à l’art hermétique :

Symboles alchimiques cachés : Certaines cathédrales, comme Notre-Dame de Paris, Amiens ou Chartres, comportent des sculptures et des motifs qui évoquent les étapes du Grand Œuvre alchimique. On y retrouve des représentations du corbeau (symbole de l’œuvre au noir), du lion (soufre philosophique) ou encore des figures énigmatiques qui semblent raconter une transformation spirituelle.

Géométrie sacrée et transmutation : Les bâtisseurs utilisaient des proportions précises, comme le Nombre d’Or, pour concevoir ces édifices. Certains pensent que ces calculs ne servaient pas seulement à l’esthétique, mais aussi à créer un espace propice à la transmutation intérieure des visiteurs.

Influence des alchimistes médiévaux : Des intellectuels du Moyen Âge, parfois liés à l’Église, pratiquaient l’alchimie et auraient laissé des traces de leur savoir dans l’architecture des cathédrales. Fulcanelli, un mystérieux alchimiste du XXe siècle, a écrit Le Mystère des Cathédrales, où il décrypte les symboles hermétiques présents sur ces monuments.

Notre-Dame de Paris et son livre de pierre : Certains chercheurs affirment que la façade de Notre-Dame est un véritable grimoire alchimique, avec des portails sculptés qui illustrent les sept métaux planétaires et les étapes de la transmutation. Une légende raconte même qu’un fragment de la pierre philosophale serait caché dans l’un de ses piliers !

L’alchimie et le christianisme, un mélange compatible

L’alchimie évoque pour certains d’obscurs savants, pour d’autres une supercherie. Pourtant, des intellectuels tout à fait sérieux la pratiquent au Moyen Âge, notamment parmi les gens d’Église. Au XIIIe siècle, le moine Roger Bacon demande son enseignement à l’Université.

Dans leur laboratoire et dans les livres, les alchimistes essaient de percer les secrets de la matière. Ils se fixent le défi de transformer les métaux vils (comme le fer) en or. Certains recherchent aussi les moyens de prolonger la vie.

Afin que leurs découvertes ne tombent pas entre les mains du tout-venant, ces savants communiquent dans un langage souvent symbolique et mystérieux. Les cathédrales gothiques, bâties à la même époque, ne recèleraient-elles pas leur message ? Oui, affirme un certain Fulcanelli.

Le fantôme Fulcanelli

Les spécialistes débattent encore de l’homme qui se cache derrière ce pseudonyme. Sa biographie se résume au fait d’avoir écrit le plus célèbre ouvrage alchimique sur l’art : Le mystère des cathédrales et l’interprétation ésotérique des symboles hermétiques du Grand-Œuvre. Publié en 1926, ce livre s’arrête sur plusieurs monuments français : les cathédrales d’Amiens et de Paris, la Sainte-Chapelle, le palais Jacques-Cœur à Bourge. 

Fulcanelli démontra que Notre-Dame constituait un véritable "livre muet" où les maîtres du Moyen Âge avaient encodé l'intégralité de la science hermétique. Chaque détail architectural, chaque sculpture, chaque proportion obéissait selon lui à une logique alchimique rigoureuse, accessible seulement aux véritables initiés de l'art royal.

Les révélations de Fulcanelli transformèrent radicalement notre perception de l'architecture gothique. Elles démontrèrent que ces cathédrales, loin d'être de simples œuvres de dévotion chrétienne, perpétuaient en réalité les plus anciens mystères de l'humanité sous le voile de l'orthodoxie religieuse

Selon son disciple Eugène Canseliet, Fulcanelli était à Séville en 1952-1953. À cette date, il devait avoir 113 ans ! Un âge avancé qui ne surprend pas Canseliet puisque son maître avait découvert le secret de l’immortalité.

La déesse de l’alchimie veille à l’entrée de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Victor Hugo le proclamait : Notre-Dame de Paris est le temple des alchimistes et de la science hermétique. Dès le XIVe siècle, ces drôles de savants s’y réunissaient chaque semaine.

Dans son livre, Fulcanelli se régale des sculptures qui animent les portails de la façade principale. Certaines portent en effet un message alchimique. Au pied du trumeau (pilier) qui sépare la porte centrale, le profane découvrira notamment la déesse de l’alchimie.

L’allégorie de l’alchimie sur la cathédrale Notre-Dame de Paris

 « Assise sur un trône, elle tient de la main gauche un sceptre (insigne de souveraineté) tandis que la droite supporte deux livres, l’un fermé (ésotérisme), l’autre ouvert (exotérisme). Maintenue entre ses genoux et appuyée contre sa poitrine se dresse l’échelle aux neuf degrés, scala philosophorum, hiéroglyphe de la patience que doivent posséder ses fidèles, au cours des neuf opérations successives du labeur hermétique ».

Fulcanelli


Ce trumeau est une création des restaurateurs de la cathédrale vers 1855-1860. (Viollet-le-Duc).

Le précédent trumeau avait été volontairement détruit par l’architecte Soufflot en 1771, car le pilier gênait l’entrée des processions. Au XIXe siècle, l’équipe de Viollet-le-Duc le restitue, mais sans se soucier de reproduire fidèlement l’ancien.



Le portail du Jugement dernier, cathédrale ND de Paris


Cette gravure de Gilbert présente le portail avant les travaux de Soufflot au XVIIIe siècle. 

À la place des sculptures médiévales du piédestal, Viollet-le-Duc fait figurer les allégories des principales « sciences » de l’époque : médecine, dialectique, géométrie, musique, grammaire, astronomie, et philosophie.

Les « arts libéraux » accompagnent l’allégorie de l’alchimie.

 

Parmi elles, l’allégorie de la philosophie. C’est elle que Fulcanelli décrit comme la personnification de l’alchimie.

Pour se rendre compte des subtiles différences entre la Philosophie et l’Alchimie, il faut se rendre à Laon et entrer dans sa cathédrale. Au cœur d’une rosace trône la Philosophie. C’est une femme qui tient à la fois un sceptre, et un livre. Une échelle, symbolisant l’élévation vers la sagesse, est placée entre ses genoux. Cette figure est une copie de l’Alchimie… à deux détails près.


La personnification de la philosophie sur une rosace de la cathédrale de Laon 
(XIXe siècle mais inspiré d’une sculpture du XIIIe siècle)


A Notre-Dame de Paris, l’échelle a un barreau supplémentaire pour correspondre aux 9 étapes du processus alchimique. De plus, la main de la femme porte un livre fermé en référence au savoir ésotérique, donc caché.

Notre-Dame de Paris, une cathédrale recouverte de vices

À quelques mètres de cette surprenante allégorie, la façade de Notre-Dame de Paris présente une succession de 24 médaillons qui font le bonheur des amateurs d’alchimie. Ces saynètes sculptées interrogent tous les visiteurs, car les thèmes religieux en semblent absents.

Vous y observez une première rangée de femmes, chacune tenant un bouclier ou un écu plus exactement. En dessous, la seconde rangée montre des personnages en action : certains se battent, un cavalier tombe de sa monture, un autre s’enfuit devant un animal.

Cependant, leur interprétation ne fait pas discussion chez les historiens de l’art : ce sont les allégories des vices et des vertus évoquées pour la première fois dans la philosophie antique puis dans le Nouveau Testament ! Au IVe siècle, le poète chrétien Prudence en fait même une œuvre : la Bataille des âmes.

Les vertus surmontent les vices sur le soubassement de ND de Paris

Au Moyen Âge, le texte de Prudence inspire les artistes ou leurs commanditaires. Le thème des vices et des vertus décore les bijoux, orne les chapiteaux, envahit les portails et les soubassements des églises, comme à Notre-Dame… Cette représentation sonne comme un avertissement : charge au chrétien d’embrasser les vertus et de se dépouiller des vices s’il veut gagner une bonne place au Ciel.

La vertu Douceur tient un bouclier dans lequel s’inscrit un mouton.

Le vice Désespoir est figuré sous les traits d’une femme qui se plante une épée dans le corps. Dans l’écu de la vertu Paix, se loge un rameau d’olivier.

Les médaillons de Notre-Dame de Paris pourraient-ils être interprétés dans un sens à la fois chrétien et alchimique ? Les théologiens du catholicisme donnent par exemple 4 significations à chaque événement raconté dans la Bible ; c’est pourquoi nous retrouvons des repères de symboles alchimiques parmi ces médaillons :

Les vertus portent des écus à l’intérieur desquels se distinguent :
 un oiseau, un caducée et une salamandre


  • Un caducée. C’est le fameux bâton d’Hermès, le dieu de l’alchimie. Selon J. Van Leep, les deux serpents enroulés « représentent les deux principes contraires qui doivent s’unifier, que ce soient le soufre et le mercure, le fixe et le volatil, l’humide ou le sec ou le chaud et le froid ».

  • Un corbeau. Il symbolise la première étape alchimique : la réalisation de l’œuvre au noir. Lors de cette phase, la matière est putréfiée et meurt symboliquement afin de renaître purifiée.

  • Une salamandre. Ce lézard qui ne paie pas de mine a la réputation de supporter le feu. Il représente l’étape alchimique de calcination et le reliquat de matière ayant résisté à l’ardeur du brasier.

Selon Fulcanelli, les 24 médaillons de Notre-Dame de Paris symbolisent les étapes qui aboutissent à la pierre philosophale, quête des alchimistes. 



Cathédrale ND d’Amiens les Vices et Vertus


Le vice de la colère. Portail du jugement dernier, ND de Paris.


On y devine une femme qui semble menacer de son épée un tranquille moine. Pour un historien de l’art, il s’agit d’une représentation du vice de la colère. Les amateurs d’ésotérisme y déchiffrent plutôt un rébus. La femme armée s’oppose au moine ; c’est donc un anti-moine. L’antimoine, cette matière qui correspond à l’avant-dernière étape de l’alchimiste à la recherche de l’or philosophale.



LE MYSTERE DES CATHÉDRALES 

PRÉFACE À LA PREMIÈRE ÉDITION

C’est, pour le disciple, une tâche ingrate et malaisée que la présentation d’une œuvre écrite par son propre Maître. Aussi mon intention n’est-elle pas d’analyser ici Le Mystère des Cathédrales, ni d’en souligner la belle tenue et le profond enseignement. J’avoue, très humblement d’ailleurs, mon incapacité et préfère laisser aux lecteurs le soin de l’apprécier, comme aux Frères d’Héliopolis la joie de recueillir cette synthèse, si magistralement exposée par un des leurs. Le temps et la vérité feront le reste.

L’Auteur de ce livre n’est plus, depuis longtemps déjà, parmi nous. L’Homme s’est effacé. Seul son souvenir surnage. J’éprouve quelque peine à évoquer l’image de ce Maître laborieux et savant, auquel je dois tout, en déplorant, hélas ! qu’il soit parti si tôt. Ses nombreux amis, frères inconnus qui attendaient de lui la résolution du mystérieux Verbum dimissum, le regretteront avec moi.

Pouvait-il, arrivé au faite de la Connaissance, refuser d’obéir aux ordres du Destin ? — Nul n’est prophète en son pays. — Ce vieil adage donne, peut-être, la raison occulte du bouleversement que provoque, dans la vie solitaire et studieuse du philosophe l’étincelle de la Révélation. Sous l’effet de cette flamme divine, le vieil homme est tout entier consumé. Nom, famille, patrie, les illusions, toutes les erreurs, toutes les vanités tombent en poussière. Et de ces cendres comme le Phénix des poètes, une personnalité nouvelle renaît. Ainsi, du moins le veut la Tradition philosophique.

Mon Maître le savait. Il disparut quand sonna l’heure fatidique, lorsque le Signe fut accompli. Qui donc oserait se soustraire à la Loi ? — Moi-même, malgré le déchirement d’une séparation douloureuse, mais inévitable, s’il m’arrivait aujourd’hui l’heureux avènement qui contraignit l’Adepte à fuir les hommages du monde, je n’agirais pas autrement.

Fulcanelli n’est plus. Toutefois, et c’est là notre consolation, sa pensée demeure, ardente et vive, enfermée à jamais dans ces pages comme en un sanctuaire.

Grâce à lui, la Cathédrale gothique livre son secret. Et ce n’est pas sans surprise, ni sans émotion, que nous apprenons comment fut taillée, par nos ancêtres, la première pierre de ses fondations, gemme éblouissante, plus précieuse que l’or même, sur laquelle Jésus édifia son Eglise. Toute la vérité, toute la Philosophie, toute la Religion reposent sur cette pierre unique et sacrée. Beaucoup, gonflés de présomption, se croient capables de la façonner ; et pourtant, combien rares sont les élus assez simples, assez savants, assez habiles pour en venir à bout !

 Mais cela importe peu. Il nous suffit de savoir que les merveilles de notre moyen âge contiennent la même vérité positive, le même fonds scientifique que les pyramides d’Egypte, les temples de la Grèce, les Catacombes romaines, les Basiliques byzantines.

Telle est la portée générale du livre de Fulcanelli.

Les hermétistes, — ceux du moins qui sont dignes de ce nom, - y découvriront autre chose. C’est, dit-on, du choc des idées que jaillit la lumière, ils reconnaîtront qu’ici c’est de la confrontation du Livre et de l’Édifice que l’Esprit se dégage et que la lettre meurt. Fulcanelli a fait, pour eux, le premier effort ; aux hermétistes de faire le dernier. La route est courte qui reste à parcourir. Encore convient-il de la bien reconnaître et de ne point cheminer sans savoir où L’on va.

Désire-t-on quelque chose de plus ?

Je sais, non pour l’avoir surprise moi-même, mais parce que l 'Auteur m’en donna l'assurance, il y a plus de dix ans, que la clef de l’arcane majeur est donnée, sans aucune fiction, par l’une des figures qui ornent le présent ouvrage. Et cette clef consiste tout uniment en une couleur, manifestée à l’artisan dès le premier travail. Aucun Philosophe, que je sache, n’a relevé l’importance de ce point essentiel. En le révélant, j’obéis aux volontés dernières de Fulcanelli et me tiens en règle avec ma conscience.

Et maintenant, qu’il me soit permis, au nom des Frères d’Héliopolis et au mien, de remercier chaudement l’artiste à qui mon maître confia l’illustration de son œuvre. C’est, en effet, au talent sincère et minutieux du peintre Julien Champagne que Le Mystère des Cathédrales doit d’envelopper son ésotérisme austère d’un superbe manteau de planches originales.

 

E. CANSELIET, F. C. H. Octobre 1925.

FULCANELLI




NOTRE-DAME ALCHIMIQUE & ÉSOTÉRIQUE

Dans l'ombre des tours gothiques de Notre-Dame de Paris se cache l'un des plus fascinants mystères de la capitale française. Cette cathédrale millénaire, que des millions de visiteurs contemplent chaque année, recèle en réalité un extraordinaire livre de pierre dédié à l'art hermétique et à l'alchimie médiévale. Une découverte qui transforme radicalement notre perception de ce monument emblématique.


Paris, fille d'Isis et berceau de l'alchimie

L'histoire commence bien avant la première pierre de Notre-Dame. Paris, contrairement à ce que beaucoup croient, ne doit pas son nom aux Parisii, mais au terme  "Barque d'Isis". Cette déesse égyptienne, mère de toutes les divinités et inventrice présumée de l'alchimie, était vénérée dans l'ancienne Lutèce. Une statue d'Isis trônait même autrefois dans l'église de Saint-Germain-des-Prés, témoignage de cette filiation mystique entre la capitale française et les anciens mystères égyptiens.

Cette révélation prend tout son sens quand on observe Notre-Dame d'en haut. La cathédrale dessine parfaitement la lettre H, initiale d'Hermès, le dieu patron des alchimistes. Cette forme ne doit rien au hasard : elle révèle l'intention secrète des bâtisseurs de créer un temple dédié à l'antique science hermétique.

Guillaume de Paris, l'évêque alchimiste

Au cœur de ces mystères se dresse une figure fascinante : Guillaume de Paris, évêque de la capitale au XIIIe siècle. Cet homme d'Église cultivé était secrètement passionné d'alchimie, art considéré comme dangereux par l'orthodoxie religieuse de l'époque. Selon les légendes tenaces qui circulent depuis des siècles, Guillaume de Paris aurait fait dissimuler un fragment de la pierre philosophale dans l'un des piliers de Notre-Dame.

 Cette histoire extraordinaire explique pourquoi un corbeau de pierre regardait autrefois vers l'intérieur de la cathédrale depuis la façade ouest. Le corbeau, symbole de l'œuvre au noir dans la tradition alchimique, indiquait selon la légende, l'emplacement exact du pilier contenant le précieux fragment.

Les portails : grimoires de pierre mystérieux



La façade occidentale de Notre-Dame constitue le premier et plus spectaculaire des livres d'alchimie gravés dans la pierre. Chaque portail recèle des symboles hermétiques d'une richesse inouïe, accessibles seulement à ceux qui possèdent les clés de lecture ésotérique.

Le portail de la Vierge révèle immédiatement ses secrets aux yeux initiés. Sur le lit de mort de Marie, sept cercles mystérieux ornent le linteau, disposés selon une géométrie parfaite. Ces cercles, gravés avec une précision remarquable, représentent selon les alchimistes les sept métaux planétaires fondamentaux de leur art : 

l'or du Soleil,
l'argent de la Lune,
le fer de Mars,
le cuivre de Vénus,
l'étain de Jupiter,
le plomb de Saturne
 le mercure de la planète éponyme.



Plus troublant encore, le zodiaque sculpté sur les pieds-droits présente une anomalie délibérée qui intrigue depuis des siècles. À la place du Cancer, les sculpteurs ont gravé un Lion, symbole du soufre philosophique dans la tradition hermétique. Cette substitution volontaire marque le moment précis où les alchimistes devaient commencer l'œuvre au noir, phase cruciale de la transmutation qui s'effectuait traditionnellement quatre mois après l'équinoxe de printemps, au moment où le Bélier laisse place au Lion dans cette représentation ésotérique.

 

La rose sur la croix, mystère des Rose-Croix


Au trumeau du portail de la Vierge, un détail fascinant échappe à la plupart des regards. 
La Vierge Marie tient une croix ornée d'une rose épanouie à l'intersection de ses branches. 
Cette représentation, qui anticipe de plusieurs siècles l'émergence officielle des Rose-Croix, révèle l'ancienneté des courants ésotériques qui traversaient la chrétienté médiévale.

Rose+Croix

La rose sur la croix symbolise la quintessence, la perfection alchimique obtenue par l'union des contraires. La croix représente les quatre éléments et les quatre directions de l'espace, tandis que la rose incarne la cinquième essence, le résultat parfait de l'œuvre hermétique. Cette image, gravée dès le XIIIe siècle, témoigne de la profondeur des connaissances ésotériques des maîtres d'œuvre de Notre-Dame.

Saint Marcel et le dragon hermétique


St Marcel XIIe s. portail Ste Anne ND Paris -  musée de Cluny

Saint Marcel ND de Paris - 2025 (copie)

Le portail de Sainte-Anne recèle un autre mystère alchimique majeur avec la représentation de saint Marcel terrassant un dragon. Loin d'être une simple allégorie du christianisme triomphant du paganisme, cette scène encode les étapes fondamentales de l'œuvre alchimique selon une lecture hermétique sophistiquée.

Le dragon représente le mercure philosophique, matière première transformée par l'art hermétique. L'évêque Marcel incarne l'opérant, l'alchimiste qui maîtrise les forces de la nature. Le cercueil d'où émerge le monstre figure l'athanor, le fourneau philosophique, tandis que la tête couronnée visible à l'intérieur symbolise le roi, représentation du soufre philosophique en cours de dissolution.

Cette scène complexe illustre la phase de "putréfaction" de l'œuvre alchimique, moment où les matières premières se décomposent avant de renaître purifiées. Les alchimistes médiévaux reconnaissaient immédiatement ces symboles codés, invisibles aux yeux des profanes mais parfaitement clairs pour les initiés.

Les médaillons du jugement, encyclopédie hermétique

Le portail central révèle ses secrets les plus profonds à travers une série de vingt-huit médaillons représentant officiellement les vices et les vertus. Cette lecture morale masque cependant une réalité ésotérique autrement plus riche : ces médaillons constituent une véritable encyclopédie alchimique gravée dans la pierre.

Le corbeau du premier médaillon marque l'œuvre au noir, phase initiale indispensable de toute transmutation. Le serpent s'enroulant autour d'un bâton symbolise le mercure philosophique dévorant le soufre. La salamandre résistant aux flammes évoque la calcination du sel, troisième principe alchimique fondamental. Un médaillon représente même schématiquement un athanor complet avec ses trois parties distinctes : le foyer, la chambre de transformation et la zone de réverbération.

Ces images, disposées apparemment au hasard, exigeaient des connaissances approfondies pour être correctement interprétées. Seuls les alchimistes initiés possédaient les clés permettant de reconstituer l'ordre logique des opérations hermétiques à partir de ces fragments épars.

Les arts libéraux et la philosophie hermétique

Au pied du Christ du portail central, une représentation remarquable des sept arts libéraux révèle l'influence de la pensée hermétique sur l'enseignement médiéval. La figure de Cybèle, déesse de la philosophie, trône au centre de cet ensemble symbolique. Assise sur un siège cubique évoquant la pierre philosophale, elle tient deux livres : l'un ouvert représentant la connaissance révélée, l'autre fermé symbolisant les mystères réservés aux initiés.

L'échelle à neuf barreaux que foule cette figure mystérieuse évoque les neuf degrés de la sagesse hermétique, en écho à l'Hermite du tarot de Marseille, neuvième arcane majeur. Cette représentation témoigne de l'interpénétration entre l'enseignement officiel et les doctrines ésotériques dans les écoles cathédrales du XIIIe siècle. (déjà cité plus haut)

La porte rouge, seuil des initiés



Le côté nord de Notre-Dame révèle un autre aspect de ses mystères avec la porte rouge, traditionnellement considérée comme le "portail des initiés" dans l'architecture sacrée. Cette entrée, réservée aux chanoines pour l'office des matines, s'orne d'un extraordinaire bestiaire fantastique qui intrigue depuis des siècles.

Les fleurs d'églantier qui courent le long de ce portail ne constituent pas un simple ornement décoratif. L'églantier était l'un des symboles végétaux adoptés par les alchimistes médiévaux, et sa présence massive sur ce portail "initiatique" ne saurait être fortuite. Les centaures, salamandres et créatures ailées qui peuplent le soubassement de cette porte constituent probablement un langage codé dont nous avons perdu les clés, mais dont la complexité témoigne d'une intention symbolique délibérée.

Les verrières, symphonie colorée de l'œuvre hermétique

L'intérieur de Notre-Dame prolonge les mystères de la façade à travers ses trois roses monumentales. Ces verrières, loin d'être de simples ornements colorés, s'ordonnent selon une logique alchimique rigoureuse qui transforme la cathédrale en un véritable traité lumineux de l'art hermétique.

La rosace nord, seule survivante de l'époque médiévale, baigne dans des dominantes bleu sombre évoquant l'œuvre au noir, première phase de la transmutation. La rosace sud, refaite par Viollet-le-Duc selon les canons de l'époque, éclate de jaunes et de mauves lumineux symbolisant l'œuvre au blanc, phase de purification. La rosace occidentale, malheureusement masquée par l'orgue, marie les rouges et les ocres figurant l'œuvre au rouge, accomplissement final de l'art royal.

Cette progression colorée, de l'obscurité du nord vers la lumière du sud, puis vers l'embrasement du couchant occidental, retrace symboliquement le parcours initiatique de l'alchimiste. Elle transforme Notre-Dame en un gigantesque livre de lumière où se déchiffrent les étapes de la quête hermétique.

Thomas d'Aquin et la fontaine de sagesse

Un tableau du XVIIe siècle, souvent négligé par les visiteurs, révèle la persistance des courants alchimiques dans Notre-Dame bien après le Moyen Âge. Cette œuvre d'Antoine Nicolas représente saint Thomas d'Aquin devant une mystérieuse fontaine de sagesse, entouré de personnages vêtus selon un code coloré particulier : certains en noir, d'autres en blanc, d'autres encore en rouge.

Cette fontaine miraculeuse symbolise selon la tradition hermétique le "dissolvant universel", cette eau qui ne mouille pas et qui permet les transmutations les plus subtiles. L'inscription latine qui accompagne l'œuvre - "Hi puros promunt divino e fontes liquores" (Ils tirent de pures liqueurs de la fontaine divine) - évoque clairement les opérations alchimiques sous le voile de la métaphore religieuse.

Le soleil que porte Thomas d'Aquin en sautoir rappelle que plusieurs traités d'alchimie lui ont été attribués, authentiques ou apocryphes. Ce tableau témoigne de la continuité des traditions hermétiques à Notre-Dame, bien au-delà de l'époque médiévale.

Les dimensions sacrées et la géométrie hermétique

L'architecture même de Notre-Dame obéit aux principes de la géométrie sacrée chère aux alchimistes. La façade dessine un carré parfait entre sa largeur et la hauteur qui va jusqu'à la seconde galerie, proportion fondamentale de l'art hermétique symbolisant l'équilibre entre les forces terrestres et célestes.

La longueur totale de l'édifice correspond exactement à deux fois et demie sa largeur, rapport qui se retrouve dans les traités d'architecture sacrée de l'époque.

Ces proportions mathématiques ne doivent rien au hasard : elles révèlent l'application consciente des principes hermétiques à l'art de bâtir.

La flèche actuelle, haute de quatre-vingt-seize mètres, encode elle aussi des symboles ésotériques. Ce nombre, résultat de seize fois six, marie les douze apôtres et les quatre évangélistes (seize) aux six jours de la création et au sixième jour qui vit naître l'humanité. Viollet-le-Duc, en fixant cette hauteur précise, perpétuait consciemment ou inconsciemment les traditions numériques des anciens maîtres d'œuvre.

Les confréries secrètes et la transmission des mystères

La question de la transmission des connaissances hermétiques à travers les siècles fascine autant qu'elle intrigue. Comment des sculpteurs et des maîtres d'œuvre médiévaux ont-ils pu encoder avec tant de précision les arcanes de l'alchimie dans la pierre de Notre-Dame ?

Plusieurs hypothèses s'affrontent. La première privilégie le rôle des clercs érudits comme Guillaume de Paris, qui auraient fourni aux artisans des modèles détaillés sur parchemin. La seconde suggère l'existence de véritables cercles initiatiques réunissant maîtres d'œuvre, sculpteurs et alchimistes autour d'une même quête spirituelle.

Les textes anciens mentionnent effectivement des rencontres régulières d'alchimistes devant les portails de Notre-Dame, particulièrement le samedi, jour de Saturne. Ces assemblées discrètes permettaient l'échange de connaissances et la perpétuation des traditions hermétiques à travers les générations.




Parmi les légendes qui entourent Notre-Dame, celle de Biscornet illustre parfaitement l'atmosphère ésotérique qui baignait la construction de la cathédrale. Ce ferronnier d'art, chargé de forger les pentures du portail du jugement, aurait vendu son âme au diable pour obtenir l'aide nécessaire à son œuvre.

Cette légende révèle la perception que les contemporains avaient des arts "magiques" nécessaires à la création d'œuvres d'exception. L'idée de pactiser avec les forces obscures pour atteindre la perfection artistique traverse toute la tradition hermétique médiévale. Le pacte faustien de Biscornet symbolise en réalité l'épreuve initiatique que doit traverser tout adepte de l'art royal : accepter de "mourir" à son ancienne condition pour renaître transformé par la connaissance. La mort littérale du ferronnier représente cette mort symbolique nécessaire à toute véritable initiation.

Le coq solaire et les mystères compagnonniques

L'histoire du coq qui surmonte la flèche de Notre-Dame illustre la persistance des traditions ésotériques jusque dans les temps modernes. Ce coq de quatre-vingts kilos, œuvre des Compagnons du Devoir, porte gravés les symboles de ces confréries ouvrières héritières des anciens bâtisseurs.

L'étoile flamboyante, pentagramme sacré des initiés, ornait originellement cette œuvre avant d'être dérobée. Le coq lui-même, animal solaire par excellence, symbolise l'éveil spirituel et la vigilance de l'âme face aux ténèbres de l'ignorance.

La mort tragique du jeune compagnon Rémy lors de l'installation de ce coq résonne étrangement avec les antiques traditions qui voulaient qu'un sacrifice humain, volontaire ou accidentel, scelle définitivement la sacralité d'un édifice. Cette mort, bien que fortuite, s'inscrit dans la longue série des légendes qui associent la construction des cathédrales au versement du sang.

L'alchimiste de pierre


Au sommet de la tour sud, parmi les chimères de Viollet-le-Duc, une silhouette particulière attire l'attention des observateurs attentifs. Coiffé du bonnet phrygien, attribut traditionnel de l'adepte hermétique, un vieillard de pierre observe Paris en caressant sa barbe. Cette figure, connue sous le nom d'alchimiste de Notre-Dame, témoigne de la volonté délibérée de Viollet-le-Duc de perpétuer les traditions ésotériques de la cathédrale.

Cet alchimiste de pierre, sentinelle silencieuse des mystères hermétiques, veille sur Paris depuis plus d'un siècle. Sa présence au sommet de Notre-Dame rappelle que la quête alchimique, loin d'appartenir au passé, continue de fasciner et d'inspirer les chercheurs de vérité.

L'héritage vivant des mystères

La restauration de Notre-Dame, rendue nécessaire par l'incendie de 2019, a révélé de nouveaux mystères. Les charpentiers et restaurateurs ont découvert des marques de tâcherons inconnues, des symboles gravés dans le bois des charpentes, des traces d'anciennes pratiques rituelles. Ces découvertes enrichissent encore notre compréhension des dimensions ésotériques de la cathédrale.

L'exploration des mystères hermétiques de Notre-Dame transforme radicalement l'expérience de la visite. Chaque détail architectural prend une dimension nouvelle, chaque sculpture révèle des significations insoupçonnées. La cathédrale cesse d'être un simple monument historique pour devenir un livre vivant où se déchiffrent les arcanes de la sagesse antique.

Dans le Paris moderne qui l'entoure, Notre-Dame demeure le gardien silencieux de mystères qui défient le temps, pour qui sait voir et comprendre sa véritable nature : temple de l'alchimie éternelle où se transmutent les âmes en quête d'absolu.






lundi 26 mai 2025

Léon XIV - blason

 

Robert Francis Prevost Martinez

Ordre de Saint-Augustin


Fleur de Lys, Sacré-Cœur sur un livre : que représente le blason épiscopal du pape Léon XIV ?

La science des armoiries est très codifiée. Celles de Robert Prevost alors qu’il était cardinal comportent des références directes à son diocèse péruvien, comme à l’ordre de Saint-Augustin dont il se réclame.

Un «homme discret» et «missionnaire», doté d’un « sens de l’écoute et des décisions »... Quelques heures à peine après la nomination du cardinal américain Robert Prevost à la tête du Saint-Siège, les qualificatifs affluent pour tenter de dessiner le portrait du prélat de 69 ans, qui prend la succession du Pape François.

Son discours prononcé au balcon de la basilique devant la foule innombrable venue l’acclamer présage d’un pape modéré, qui semble s’inscrire dans l’héritage du pape François. Et ses quelques mots en espagnol, adressés à son diocèse péruvien de Chiclayo, où il a exercé son ministère pendant deux décennies laissent également deviner l’image d’un souverain profondément attaché à ses racines - géographiques comme intellectuelles.

Symbole de Marie

Preuve en est de son blason épiscopal, qui sera modifié pour représenter sa fonction pontificale. Selon les coutumes de l’héraldique ecclésiastique, dont l’usage perdure depuis le XIIIe siècle, le côté gauche de l’écu est dédié à la juridiction ou au territoire desservi par l’évêque. Dans le cas de celui du pape Léon XIV, cette partie est occupée par une fleur de lys blanche sur fond bleu. Cette fleur, associée à la couleur mariale, représente la Vierge Marie sous le titre d’Immaculée Conception, patronne du diocèse de Chiclayo.


Armoiries du cardinal Robert Francis Prevost Martínez, 
préfet du dicastère pour les évêques et 
président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine. 


Dans l’héraldique ecclésiastique, la partie droite de l’écu désigne plus spécifiquement les qualificatifs de la personne. On trouve sur le blason de Robert Prevost un Sacré-Cœur percé d’une flèche, sur un livre fermé (la Bible). Ce symbole est celui de l’Ordre de Saint-Augustin, que le nouveau pape a intégré à l’âge de 22 ans, et dont il a d’ailleurs été prieur général pendant douze ans. L’ordre mendiant fondé au XIIIe siècle se réfère à la règle de Saint-Augustin, qui prêche l’unité, la pauvreté de vie et la charité, et dont la théologie met l’accent sur la recherche de la vérité intérieure. (le cœur transpercé d'une flèche qui évoque la conversion de saint Augustin dont le cœur a été transpercé par la parole du Christ et « l'amour rédempteur du Christ [dont le cœur est] blessé pour le salut du monde »).

L’écu est surmonté de sa devise, « in illo uno unum » (« Dans Celui qui est Un, soyons un »), issue d’un sermon de Saint-Augustin (Psaume 127 : « Bien que nous, chrétiens, soyons nombreux, dans l’unique Christ, nous sommes un »), qui reflète son aspiration à l’unité au sein de l’Église. En cela, ces armoiries « remplissent leur fonction symbolique, qui est d’être comprises immédiatement » par le spectateur, précise à cet effet Eric Mension Rigau, historien spécialiste de l’étude des élites.

Les ornements extérieurs comportent quant à eux un chapeau à large bord, motif traditionnel sur les blasons épiscopaux. Ce « galero » était initialement réservé au « bas clergé », soit les moines et les prêtres officiant dans les paroisses, au plus près du peuple de Dieu, jusqu’à ce que le pape Innocent IV l’impose aux cardinaux en 1245. Le couvre-chef, rouge en écho à la fonction cardinale de Robert Prevost, surplombe une cordelière à quinze houppes. Posée en pal derrière l’écu, la croix de procession à double traverse est l’unique signe que les évêques ont le droit de porter.

Clés de Saint-Pierre et mître pontificale

Élu pape le jeudi 8 mai 2025, Robert Prevost va voir son blason être modifié pour qu’il y reflète la fonction pontificale. Et là encore, les armoiries papales comportent des figures bien spécifiques.

Apparues au cours du XIIe siècle, elles sont codifiées au XVIIe siècle par le généalogiste Pierre Palliot. Elles comprennent, depuis le pape Innocent III (1198-1216), les clefs de Pierre. Ces ornements désignent le pouvoir de lier et de délier accordé par le Christ à l’apôtre et à ses successeurs.

L’une, en or, qui va de dextre à sénestre (de gauche à droite), représente le pouvoir qui s’étend sur le royaume des cieux. L’autre, la clé d’argent, positionnée en sens inverse, symbolise le pouvoir pontifical sur les fidèles de la terre. Les poignées sont en bas, car elles sont dans la main du pape, tandis que les pannetons (la partie supérieure de la clé) sont en haut, car le pouvoir de lier, comme de délier, appartient au Ciel.

Les blasons des souverains pontifes comprenaient également, jusqu’à Benoît XVI, la tiare, coiffure extra-liturgique du pape en or et en argent, à trois couronnes. Ce dernier la portait traditionnellement à l’occasion des grandes solennités et surtout des cortèges. Le pape allemand a cependant retiré la tiare pour la remplacer par une mître, imité par le pape François. Léon XIV décide lui aussi de conserver la Mitre.

En revanche, l’écu du blason de Léon XIV, (soit la partie centrale, au centre des armoiries) reste semblable à son blason épiscopal, à l’instar de ses prédécesseurs.

Lors de son discours, le nouveau pontife s’est ainsi présenté comme un « fils de Saint-Augustin », avant d’entamer un « je vous salue Marie »  devant la foule, plaçant son pontificat sous le signe de la Vierge.

C’est pourquoi le symbole de l’ordre mendiant et la référence à la Vierge Marie sont conservés sur l’écu pontifical.

 


Dans une interview accordée aux médias du Vatican en juillet 2023, le cardinal Prevost lui-même a expliqué sa devise : 

« Comme le montre ma devise épiscopale, l'unité et la communion font partie du charisme de l'Ordre de Saint-Augustin et aussi de ma façon d'agir et de penser. Je pense qu'il est très important de promouvoir la communion dans l'Église et nous savons très bien que la communion, la participation et la mission sont les trois mots clés du Synode. Donc, en tant qu'augustinien, la promotion de l'unité et de la communion est pour moi fondamentale. Saint-Augustin parle beaucoup de l'unité dans l'Église et de la nécessité de la vivre ».

Le 10 mai 2025, lors d'une rencontre avec le collège des cardinaux, il explique le choix de son nom : « Il y a plusieurs raisons, principalement parce que le pape Léon XIII, avec l'encyclique historique Rerum novarum, a abordé la question sociale dans le contexte de la première grande révolution industrielle » avant d'ajouter : « Aujourd'hui l'Église offre à tous son héritage de doctrine sociale pour répondre à une autre révolution industrielle et aux développements de l'intelligence artificielle, qui posent de nouveaux défis pour la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail ».

Distinctions

À la suite de son élection, Léon XIV est grand maître des ordres suivants :

 Ordre du Christ

 Ordre de l'Éperon d'or

 Ordre de Pie IX

 Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand

 Ordre de Saint-Sylvestre

Décorations étrangères

Ordre souverain de Malte

Bailli grand-croix d’honneur et dévotion de l'ordre de Malte

Bailli grand-croix d’honneur et dévotion de l’ordre souverain de Malte (reçu à Versailles le 11 février 2025). Il est ainsi, après Jean XXIII et Benoît XVI, le troisième pape membre de cet ordre.


L’insigne de bailli Grand-croix d’honneur et de dévotion 
conféré au cardinal Robert Francis Prevost le 11 février 2025


[ Aujourd’hui, mardi 11 février, dans la Chapelle magistrale, le Grand Maître Fra’ John Dunlap a admis au sein de l’Ordre souverain militaire de Malte, avec la dignité et le rang de bailli Grand-croix d’honneur et de dévotion, le Cardinal Robert Francis Prevost, O.S.A., préfet du Dicastère pour les Évêques et archevêque-évêque émérite de Chiclayo.

La cérémonie s’est déroulée en présence du Grand Commandeur Fra’ Emmanuel Rousseau, du Grand Chancelier Riccardo Paternò di Montecupo, des membres du Souverain Conseil Fra’ Thomas Mulligan et Clemente Riva di Sanseverino, de l’ambassadeur de l’Ordre de Malte auprès du Saint-Siège, Antonio Zanardi Landi.

Le cardinal Robert Francis Prevost, O.S.A., est né en 1955 à Chicago (Illinois, USA) et est entré au noviciat de l’Ordre de Saint-Augustin (O.S.A.) en 1977. Il a prononcé ses vœux solennels le 29 août 1981 et a été ordonné prêtre en 1982, puis a été envoyé travailler dans la mission de Chulucanas, au Pérou (1985-1986).

En 1999, il a été élu prieur provincial de la Province « Mère du Bon Conseil » (Chicago). Après deux ans et demi, le chapitre général ordinaire l’a élu prieur général, ministère que l’Ordre lui confie à nouveau lors du chapitre général ordinaire de 2007.

Le pape François l’a nommé administrateur apostolique du diocèse de Chiclayo (Pérou) le 3 novembre 2014, l’élevant à la dignité épiscopale d’évêque titulaire du diocèse de Sufar ; il a ensuite été ordonné évêque dans la cathédrale de son diocèse. Le pape François l’a nommé membre de la Congrégation pour le clergé en 2019 et membre de la Congrégation pour les évêques en 2020.

Le 15 avril 2020, le pape l’a nommé administrateur apostolique du diocèse de Callao.

Depuis le 30 janvier 2023, il est préfet du Dicastère pour les Évêques et président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine. ]

 

Archi. Ordre souverain de Malte



Archi. Ordre souverain de Malte





Acte d'acceptation du pape Léon XIV


Habemus Papam - 8 mai 2025


PREMIÈRE BÉNÉDICTION URBI ET ORBI
DU SAINT-PÈRE LÉON XIV

Loggia des bénédictions de la basilique Saint-Pierre
Jeudi 8 mai 2025


Que la paix soit avec vous tous !

Très chers frères et sœurs, telle est la première salutation du Christ ressuscité, le Bon Pasteur qui a donné sa vie pour le troupeau de Dieu. Moi aussi, je voudrais que ce salut de paix entre dans votre cœur, atteigne vos familles, toutes les personnes, où qu'elles se trouvent, tous les peuples, toute la terre. Que la paix soit avec vous !

C'est la paix du Christ ressuscité, une paix désarmée et désarmante, humble et persévérante. Elle vient de Dieu, Dieu qui nous aime tous inconditionnellement.

Nous avons encore dans nos oreilles cette voix faible mais toujours courageuse du Pape François qui bénissait Rome ! Le Pape qui bénissait Rome donnait sa bénédiction au monde, au monde entier, en ce matin de Pâques. Permettez-moi de reprendre cette même bénédiction : Dieu nous aime, Dieu vous aime tous, et le mal ne prévaudra pas ! Nous sommes tous entre les mains de Dieu. Alors, sans crainte, unis main dans la main avec Dieu et entre nous, allons de l'avant. Nous sommes disciples du Christ. Le Christ nous précède. Le monde a besoin de sa lumière. L'humanité a besoin de Lui comme pont pour être rejoint par Dieu et par son amour. Aidez-nous vous aussi, puis aidez-vous les uns les autres à construire des ponts, par le dialogue, par la rencontre, en nous unissant tous pour être un seul peuple toujours en paix. Merci au Pape François !

Je tiens également à remercier tous mes frères Cardinaux qui m'ont choisi pour être le Successeur de Pierre et marcher avec vous, en tant qu'Église unie, toujours à la recherche de la paix, de la justice, toujours en essayant de travailler comme des hommes et des femmes fidèles à Jésus-Christ, sans crainte, pour proclamer l'Évangile, pour être missionnaires.

Je suis un fils de saint Augustin, augustinien, qui a dit : « Avec vous, je suis chrétien, et pour vous, je suis évêque ». En ce sens, nous pouvons tous marcher ensemble vers la patrie que Dieu nous a préparée.

À l'Église de Rome, un salut particulier! [applaudissements] Nous devons chercher ensemble comment être une Église missionnaire, une Église qui construit les ponts, le dialogue, toujours prête à accueillir comme cette place avec les bras ouverts. Tous, tous ceux qui ont besoin de notre charité, de notre présence, de dialogue et d'amour.

Et si vous me permettez un mot, je salue tout le monde, en particulier mon cher diocèse de Chiclayo, au Pérou, où un peuple fidèle a accompagné son évêque, a partagé sa foi et a donné beaucoup, beaucoup pour continuer à être une Église fidèle à Jésus-Christ.

À vous tous, frères et sœurs de Rome, d'Italie, du monde entier, nous voulons être une Église synodale, une Église qui marche, une Église qui recherche toujours la paix, qui recherche toujours la charité, qui cherche toujours à être proche, en particulier de ceux qui souffrent.

Aujourd'hui, c'est le jour de la Supplique à Notre-Dame de Pompéi. Notre Mère Marie veut toujours marcher avec nous, être proche de nous, nous aider par son intercession et son amour.

Je voudrais donc prier avec vous. Prions ensemble pour cette nouvelle mission, pour toute l'Église, pour la paix dans le monde et demandons cette grâce spéciale à Marie, notre Mère.

Ave Maria…

 

HOMÉLIE DU PAPE LÉON XIV

Chapelle Sixtine
Vendredi 9 mai 2025

 

 Je commencerai par quelques mots en anglais, puis je poursuivrai en italien.

Mais je voudrais répéter les paroles du psaume responsorial : « Je chanterai un cantique nouveau au Seigneur, car il a fait des merveilles  ».

Et en effet, pas seulement pour moi, mais pour nous tous. Mes frères cardinaux, alors que nous célébrons ce matin, je vous invite à reconnaître les merveilles que le Seigneur a accomplies, les bénédictions que le Seigneur continue de répandre sur nous tous à travers le ministère de Pierre.

Vous m'avez appelé à porter cette croix et à être béni par cette mission, et je sais que je peux compter sur chacun d'entre vous pour marcher à mes côtés, alors que nous continuons à être une Église, une communauté d'amis de Jésus, des croyants qui annoncent la Bonne Nouvelle, qui annoncent l'Évangile.

 « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16). Par ces paroles, Pierre, interrogé avec les autres disciples par le Maître sur la foi qu'il a en Lui, exprime en synthèse le patrimoine que l'Église, à travers la succession apostolique, garde, approfondit et transmet depuis deux mille ans.

Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, c'est-à-dire l'unique Sauveur et le révélateur du visage du Père.

En Lui, Dieu, pour se faire proche et accessible aux hommes, s'est révélé à nous dans les yeux confiants d'un enfant, dans l'esprit éveillé d'un adolescent, dans les traits mûrs d'un homme (cf. Conc. Vat. II, Const. Past. Gaudium et spes, n. 22), jusqu'à apparaître aux siens, après sa résurrection, dans son corps glorieux. Il nous a ainsi montré un modèle d'humanité sainte que nous pouvons tous imiter, avec la promesse d'une destinée éternelle qui dépasse toutes nos limites et toutes nos capacités.

Dans sa réponse, Pierre saisit ces deux aspects : le don de Dieu et le chemin à parcourir pour se laisser transformer, dimensions indissociables du salut, confiées à l'Église afin qu'elle les annonce pour le bien du genre humain. Confiés à nous, choisis par Lui avant même que nous ayons été formés dans le sein de notre mère (cf. Jr 1, 5), régénérés dans l'eau du Baptême et, au-delà de nos limites et sans aucun mérite de notre part, conduits ici et envoyés d'ici, afin que l'Évangile soit annoncé à toute créature (cf. Mc 16, 15).

En particulier, Dieu, en m'appelant par votre vote à succéder au Premier des Apôtres, me confie ce trésor afin que, avec son aide, j'en sois le fidèle administrateur (cf. 1 Co 4, 2) au profit de tout le Corps mystique de l'Église, de sorte qu'elle soit toujours plus la ville placée sur la montagne (cf. Ap 21, 10), l'arche du salut qui navigue sur les flots de l'histoire, phare qui éclaire les nuits du monde. Et cela, non pas tant grâce à la magnificence de ses structures ou à la grandeur de ses constructions – comme les édifices dans lesquels nous nous trouvons –, mais à travers la sainteté de ses membres, de ce « peuple que Dieu s'est acquis pour proclamer les œuvres admirables de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 P 2, 9).

Cependant, en amont de la conversation où Pierre fait sa profession de foi, il y a aussi une autre question : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » (Mt 16, 13). Ce n'est pas une question anodine, elle touche en effet à un aspect important de notre ministère : la réalité dans laquelle nous vivons, avec ses limites et ses potentialités, ses questions et ses convictions.

« Au dire des gens, qui est le Fils de l'homme ?» (Mt 16, 13). En pensant à la scène sur laquelle nous réfléchissons, nous pourrions trouver deux réponses possibles à cette question qui dessinent deux attitudes différentes.

Il y a tout d'abord la réponse du monde. Matthieu souligne que la conversation entre Jésus et ses disciples sur son identité se déroule dans la belle ville de Césarée de Philippe, riche en palais luxueux, nichée dans un cadre naturel enchanteur, au pied de l'Hermon, mais aussi siège de cercles de pouvoir cruels et théâtre de trahisons et d'infidélités. Cette image nous parle d'un monde qui considère Jésus comme une personne totalement insignifiante, tout au plus un personnage curieux, qui peut susciter l'émerveillement par sa manière inhabituelle de parler et d'agir. Ainsi, lorsque sa présence deviendra gênante en raison de son exigence d'honnêteté et de moralité, ce « monde » n'hésitera pas à le rejeter et à l'éliminer.

Il y a ensuite une autre réponse possible à la question de Jésus : celle du peuple. Pour lui, le Nazaréen n'est pas un « charlatan » : c'est un homme droit, courageux, qui parle bien et dit des choses justes, comme d'autres grands prophètes de l'histoire d'Israël. C'est pourquoi il le suit, du moins tant qu'il peut le faire sans trop de risques ni d'inconvénients. Mais ce n'est qu'un homme, et donc, au moment du danger, lors de la Passion, il l'abandonne et s'en va, déçu.

Ce qui frappe dans ces deux attitudes, c'est leur actualité. Elles incarnent en effet des idées que l'on pourrait facilement retrouver – peut-être exprimées dans un langage différent, mais identiques dans leur substance – dans la bouche de nombreux hommes et femmes de notre temps.

Aujourd'hui encore, nombreux sont les contextes où la foi chrétienne est considérée comme absurde, réservée aux personnes faibles et peu intelligentes ; des contextes où on lui préfère d'autres certitudes, comme la technologie, l'argent, le succès, le pouvoir, le plaisir.

Il s'agit d'environnements où il n'est pas facile de témoigner et d'annoncer l'Évangile, et où ceux qui croient sont ridiculisés, persécutés, méprisés ou, au mieux, tolérés et pris en pitié. Et pourtant, c'est précisément pour cette raison que la mission est urgente en ces lieux, car le manque de foi entraîne souvent des drames tels que la perte du sens de la vie, l'oubli de la miséricorde, la violation de la dignité de la personne sous ses formes les plus dramatiques, la crise de la famille et tant d'autres blessures dont notre société souffre considérablement.

Aujourd'hui encore, il existe des contextes où Jésus, bien qu'apprécié en tant qu'homme, est réduit à une sorte de leader charismatique ou de super-homme, et cela non seulement chez les non-croyants, mais aussi chez nombre de baptisés qui finissent ainsi par vivre, à ce niveau, dans un athéisme de fait.

Tel est le monde qui nous est confié, dans lequel, comme nous l'a enseigné à maintes reprises le Pape François, nous sommes appelés à témoigner de la foi joyeuse en Christ Sauveur. C'est pourquoi, pour nous aussi, il est essentiel de répéter : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16).

Il est essentiel de le faire avant tout dans notre relation personnelle avec Lui, dans l'engagement d'un chemin quotidien de conversion. Mais aussi, en tant qu'Église, en vivant ensemble notre appartenance au Seigneur et en apportant à tous la Bonne Nouvelle (cf. Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 1).

Je le dis tout d'abord pour moi-même, en tant que Successeur de Pierre, alors que je commence cette mission d'Évêque de l’Église qui est à Rome, appelée à présider dans la charité l'Église universelle, selon la célèbre expression de S. Ignace d’Antioche (cf. Lettre aux Romains, Prologue). Conduit enchaîné vers cette ville, lieu de son sacrifice imminent, il écrivait aux chrétiens qui s'y trouvaient : « Alors je serai vraiment disciple de Jésus-Christ, quand le monde ne verra plus mon corps » (Lettre aux Romains, IV, 1). Il faisait référence au fait d'être dévoré par les bêtes sauvages dans le cirque – et c'est ce qui arriva –, mais ses paroles renvoient de manière plus générale à un engagement inconditionnel pour quiconque exerce un ministère d'autorité dans l'Église : disparaître pour que le Christ demeure, se faire petit pour qu'Il soit connu et glorifié (cf. Jn 3, 30), se dépenser jusqu'au bout pour que personne ne manque l'occasion de Le connaître et de L'aimer.

Que Dieu m'accorde cette grâce, aujourd'hui et toujours, avec l'aide de la très tendre intercession de Marie, Mère de l'Église.


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Cliché officiel du Pape Léon XIV



archives : 

Blason avec la Tiare Pontificale

Le dernier pape à avoir blasonné avec la Tiare est Sa Sainteté Saint Jean Paul II

Intronisé le 22 octobre 1978

Décédé le 2 avril 2005 sur le trône de Saint Pierre

Il fut Béatifié le 1er mai 2011 par le pape Benoit XVI

Et Canonisé le 27 avril 2014 par le pape François






Des symboles de l’église catholique

  L’agneau  : symbole de Jésus dans le Nouveau Testament. L’immolation de l’agneau pascal, représentant la pureté et l’innocence, préfigure ...