DEMAIN, Dès l’Aube
Au seuil de cet ouvrage, je me dois de déclarer que
seule la maîtrise d'un historien serait habile à relater une « Histoire » de
tel ou tel endroit.
En écrivant ces pages, je n'ai nullement eu
l'intention ni la prétention de m'arroger semblable titre.
J'ai simplement rapporté ce que les archives
départementales, communales ou paroissiales pouvaient recéler d'intéressant.
Par ailleurs, et sans prétendre les avoir tous réunis et ordonnés, je me suis
contenté de rassembler divers documents puisés auprès des spécialistes en la
matière et dont les œuvres auxquelles je me suis scrupuleusement référé, sont
mentionné de leurs auteurs.
L’idée du patrimoine a pris aujourd’hui une
dimension sans précédent. Je ne citerai pour exemple que la notion
d’archéologie ou de patrimoine industriel, que la société post-industrielle a
fait surgir voici quelques années.
Les objets mobiliers, les collections ou encore
l’ouvrage monumental, chefs-d’œuvre pris dans leur acception classique et
romantique, n’ont plus le seul et unique privilège d’être
« patrimoine ». Un tissu urbanisé, un paysage rural ou encore un
espace de travail en font désormais partie intégrante.
Séquences d’émotion, le patrimoine représente ainsi
des temps forts de l’affectivité urbaine ou rurale. Il est ce qui crée pour
chacun un sentiment d’appartenance à une communauté humaine donnée.
Pourtant, il n’en est pas moins fragile. Par
ignorance, par mode parfois, mais surtout par le temps et la nécessité
d’urbanisme, combien de ces témoignages privilégiés ont disparu à jamais ?
Il aura fallu près d’un siècle et demi pour que l’État parvienne à une
politique cohérente en matière d’ensembles urbains anciens. Il aura fallu
également la perception aiguë et visionnaire d’une personnalité hors
pais : j’ai nommé André Malraux.
Sous son impulsion fondamentale, la législation
française s’est enrichie en matière de protection mais aussi de mise en valeur
du patrimoine historique national, grâce aux « secteurs sauvegardés ».
C’est ainsi qu’à Troyes, principale métropole
auboise, un important patrimoine « urbanistique » a été préservé au
titre de Secteur sauvegardé selon la loi Malraux, créée dès 1964, dans le
centre historique de la ville. Dans un périmètre de cinquante-trois hectares,
se développent de rares ensembles immobiliers. Pris Europa Nostra 1979,
restaurés ou rénovés dans la tradition architecturale champenoise, en
particulier celle du pan de bois. Celle-ci reste d’ailleurs très présente dans
la plupart des centres urbains du département où divers exemples de ces
pittoresques maisons y ont été mis en valeur.
L’architecture civile s’exprime aussi à traves de
belles demeures. Troyes possède ainsi différents hôtels particuliers du XVIe
siècle, pour la plupart restaurés. Plusieurs châteaux ou manoirs subsistent
encore dans l’Aube, parmi lesquels je citerai le manoir de Rumilly-lès- Vaudes,
le châtelet de Dampierre ou celui de Vermoise, tous trois vestiges de la
Renaissance. Le siècle suivent est illustré principalement par le château de
Barberey, avec son pavillon Louis XIII. Des époques postérieures, j’évoquerai
bien sût, le château de Brienne, celui de Vendeuvre-sur-Barse, de Dampierre ou
encore celui de Pont sur Seine, sans oublier le très beau château de la Motte
Tilly, édifié sur les plans de l’architecte Lancret.
Ceux qui s’intéressent à l’architecture religieuse découvriront
dans notre département un patrimoine particulièrement riche. La seule ville de
Troyes réunit neuf églises classées, représentatives de l’architecture du XIIe
au XVIIIe siècle. Maintes églises ou chapelles rurales conservées témoignent
d’un art Roman, Gothique ou Renaissance éminemment florissant dans l’Aube. Ce
que l’on connaît beaucoup moins, c’est la qualité et l’importance des vitraux
et de la statuaire que nombre d’entre elles renferment. Une véritable école
locale de peintres-verriers a existé à Troyes et dans sa région, se perpétuant
jusqu’au XVIIIe siècle. Avec des grisaille, en passant par des bleus de
Chartres, des sanguines dites « Jean Cousin » ou encore des grisailles
en camaïeu, les verrières auboises offre en quelque sorte une synthèse de l’art
des « maîtres de la lumière », tout en constituant près du tiers
de la surface du patrimoine français en la matière.
De même, pour la sculpture, un courant artistique
foncièrement original a pris naissance au XVIe siècle. Nombre de ses œuvres se
retrouvent à Troyes mais aussi à Chaource, à Mussy-sur-Seine, à Rumilly, à
Bayel, à Lhuître ou encore à Bar-sur-Aube.
Composante de notre mémoire collective, le patrimoine
historique et artistique de Troyes et sa région reste donc bien vivant, grâce en
particulier, à une politique active de remise en valeur et de conservation
menée depuis plusieurs années à tous les niveaux. Mais au-delà, nous aurons su
développer dans l’espace urbain et rural, à travers toutes ces actions, le
concept de qualité du cadre de vie.
DU
BOIS DONT ON FAIT L’AUBE
Le
pan de bois
Les constructions champenoises à pans de bois
suivent les lignes de côte du Bassin parisien du crétacé supérieur, délimitant
la Champagne humide et la Champagne pouilleuse. Ce secteur géographique
constitue également une transition entre le climat océanique tempéré parisien
et le climat plus continental. Ce mode de construction s’est maintenu ici plus
longtemps qu’ailleurs : le bois a toujours été abondant en Champagne alors
que la craie est trop tendre et excessivement gélive.
Résolument hostile à la pénétration des constructions romaines, la Champagne adopta tardivement le principe des fermes de charpente. En effet, il faut attendre la généralisation des premiers modèles d’étrésillons horizontaux ou les premiers entraits retroussés du XIIe ou du XIIIe siècle pour que la chaumine champenoise esquisse le premier essai de raidissement longitudinal. Ce dernier est assuré par l’adjonction d’une pièce de bois, placé en protection verticale sous le faîtage. Cette pièce, appelée joubardier (du nom de la plante que l’on disposait dans la terre glaise colmatant le faîte de la toiture de chaume), ne supporte pas la tête du chevronnage.
En outre, c’est seulement au XVIIe siècle que les
actes anciens font mention de mitoyenneté. Cette notion, propre au droit
romain, inconnu jusqu’à cette époque en Champagne méridionale, explique
l’indépendance des constructions et le « vide » systématique qui les
sépare.
Enfin, il faut attendre le début du XIXe siècle pour
que soient appliqués - et seulement dans les villes - les règlements de sécurité prévenant les
risques d’incendie. Les bois apparents des rez-de-chaussée furent interdits à
Paris, dès l’édit Royal de 1607 ; aucune saillie n’était permise et un enduit
devait les recouvrir.
L’exemple
urbain
La conception générale de la maison urbaine a dû
s’implanter dès le XVe siècle, sur un parcellaire étroit et resserré. La
sablière primitive, servant d’assise a toute ossature, était à l’origine, une poutre
encastrée dans du sable ou de la grève qui en assurant la conservation par
chaînage. Peu à peu, cet élément sort de son milieu protecteur et se place sur
un soubassement de maçonnerie.
Une des caractéristiques du pan de bois champenois
réside dans le fait qu’il présente systématiquement une sablière intermédiaire,
située au 2/5 de la hauteur d’un étage. Cette sablière, ou entretoise, traverse
la fenêtre pour constituer le meneau horizontal qui reçoit, au droit de la
fenêtre et pour marquer celle-ci, une mouluration, la plus fréquemment en forme
d’accolade. Le poteau, de forte section est (parfois largement surdimensionné),
traduit la volonté du charpentier de hiérarchiser les différents éléments de
composition.
Cette disposition se généralise à Troyes, après
l’incendie de 1524. Ici, les abouts de solives ne supportent pas la façade
supérieure. L’unique encorbellement (il n’y a pratiquement pas de
encorbellements multiples en Champagne) est constitué d’un « poitrail »,
s’appuyant sur les abouts des sablières latérales et de la poutre médiane. Les
assemblages sont renforcés par des aisselliers très souvent doubles. Ces
derniers appelés également brasseaux, reçoivent, comme le poitrail et les
poteaux corniers, de belles sculptures.
Les compas (décharges ou écharpes) sont disposés
systématiquement par rapport à l’axe de la façade. Ils entrecoupent les
tournisses qui supportent les palessons, servant d’armature au torchis de
remplissage. Le torchis est lui-même armé de paille hachée, de poil de vache ou
de crin de cheval, suivant la place occupée par le propriétaire dans la
hiérarchie sociale !
Le pignon surmontant la rue est souligné par les
fermes d’avant d’avant-corps (triple le plus fréquemment), posées sur les
doubles sablières de carré dont les abouts sont soulagés par des aisseliers
doubles. Les chevrons formant ferme sont renforcés par des cerces, assemblées
entre en pied sur les blochets, et en tête sur un poinçon-clef.
L’exemple
rural
C’est à la fin du XVIIIe siècle que les locaux d’habitation
se séparent des autres bâtiments utilitaires.
Auparavant, un grand toit de chaume recouvrait à la
fois l’habitation, la grange et l’étable.
Le bas-côté de la maison, zone froide et humide,
recevait la soue, le cellier ou la cave creusée à mi-niveau et le four à pain
jumelé avec l’unique souche de cheminée.
Les toitures de tuiles ou de chaume reposaient sur
des « grandes ramées » (grands
chevrons d’un seul tenant) de baliveau, opposées au faîte et fixées sans
soutien intermédiaire. Les décharges obliques s’opposaient au déversement de
l’ossature, mais les assemblages des baliveaux étaient faibles ; ils
étaient constitués de petits tenons cylindriques exécutés aux extrémités des
bois de remplissage.
La cuisine et la chambre étaient principalement orientées
au levant, les deux autres pièces plus petites et non chauffées donnaient au
sud et au nord.
Au XIXe siècle (surtout après la guerre de 1870), les nouvelles constructions optent pour une façade occidentale en maçonnerie : de brique, de terre cuite ou de craie.
Ces façades, surmontées parfois de très belles corniches, conservent leur aspect dissymétrique. Les constructions restent fidèles à la basse goutte : le mur se termine en pan coupé et la corniche suit la même inclinaison.
Variété
des pans de bois
En champagne humide, la façade de la maison est
marquée, aux deux-tiers de la hauteur, par la sablière de plancher du grenier.
Le rez-de-chaussée est souligné également par une sablière intermédiaire,
interrompues par les ouvertures et reliée aux décharges symétriques. C’est le
style disposition le plus fréquent.
Les colombages des pans de bois de la Champagne
pouilleuse et du Perthois sont disposés de façon plus régulière.
De ces bâtisses émane un effet de verticalité :
à la haute fenêtre éclairant l’habitation correspond l’accès au sinot, installé en combles pour remiser le foin. Ce
type de pan de bois se distingue de celui de la Champagne humide : il n’y
a pas d’entretoise intermédiaire, ni de linteau au-dessus des ouvertures. Le
remplissage des pans est fait principalement de parpaings de tuf, composés de
petits morceaux de craie liés par un mortier de terre jaune.
Les pans de bois du bocage (région du Der) nous
permettent de mieux définir l’élément propre à la Champagne :
l’entretoise. Cet élément possède néanmoins, dans cette région, une particularité :
il reçoit de petites décharges disposées en épis ou en arêtes de poisson.
Exemple
d’une restauration
L’hôtel du Petit Louvre appartient à un ensemble urbain très important pour l’histoire de Troyes. Situé sur l’un des accès les plus pittoresques du parvis de la cathédrale Saint-Pierre, il présente des vestiges de la porte fortifiée de l’ancienne cité des Tricasses.
Le contraste est saisissant entre l’austérité des
façades extérieures de cette ancienne maison Canoniale et les élévations en
pans de bois qui forment la cour intérieure.
Pleine de verve, la façade en encorbellement de
l’aile principale (reconstruite tout d’abord vers 1510 par Louis Budé, frère du
célèbre humaniste) est un modèle d’architecture de bois de conception
médiévale. Les différents éléments de l’ossature sont extrêmement bien
hiérarchisés et proportionnés. Les abouts des entraits principaux présentent
des sculptures d’origine. A cette époque, les imagiers se plaisaient à façonner
en toute liberté jusque dans la demeure des évêques, des scènes bouffonnes,
symboles de la folie, tel l’ivrogne élevant joyeusement un énorme broc de vin.
Les fenêtres ont retrouvé leurs proportions
originales et leurs meneaux ont été remis en place. Les gros liens courbes et
moulurés et reposent sur des culs-de-lampe sculptés. Parmi ces derniers, on
observe encore les traces du blason d’Odart Hennequin, évêque de Troyes, qui
fit reconstruire, après l’incendie de Troyes en 1524, l’aile nord en retour.
Les pans de bois de l’aile nord répondent aux mêmes
caractéristiques structurelles. Toutefois, les sections des différents éléments
de la poutraison s’avèrent plus uniforme.
Les principes de rationalisation de mise en œuvre
ont été acquis très vite par les charpentiers champenois qui ont dû, après
1524, faire face aux besoins de reconstruction des trois-quarts de la ville.
Cette partie reçoit les influences de l’architecture
officielle, conçue à la manière italienne. C’est notamment le cas de la baie en
loggia de l’escalier, qui a été restituée, ainsi que l’about de poutre sculptée
en médaillon.
L’un des intérêts majeurs, que présentent ces
bâtiments, réside en cette comparaison (unique en Champagne) entre ces deux
façades en bois juxtaposées. Elles sont le reflet de deux stades évolutifs de
cette architecture de bois, à un moment de notre histoire pleine de
bouleversements.
ÉGLISES
ET CHAPELLES
Précédée d’un porche couvert, l’église se compose d’une nef à quatre travées flanquée de bas-côtés et se termine par un chœur d’une travée et d’une abside à trois pans. On y retrouve des vitraux en médaillon datant du XVIème siècle.
Avec ses 19 églises construites entièrement ou partiellement en colombage, l’Aube est le département français le plus riche en édifices religieux en bois. Sa densité en monuments de ce type n’est dépassée qu’en certaines régions d’Allemagne, de Scandinavie et d’Europe de l’Est. Ces églises ne constituent cependant que la partie méridionale du vaste ensemble des sanctuaires en bois champenois, répartis de l’Argonne aux plateaux icaunais, et qui offrent sur les plans technique, architectural et historique une réelle unité. Les édifices aubois, peuvent d’autant moins être considérés à part que bon nombre des églises en torchis de la Haute-Marne et de la Marne voisines appartenaient avant la Révolution, à des paroisses de l’ancien diocèse de Troyes. Le fait n’empêche pas de reconnaitre à l’Aube une richesse particulière dans ce domaine.
La cartographie de ces monuments montre leur plus
grande fréquence dans le Nord-Est du département, entre la vallée de l’Aube et
les limites de la Marne et de la Haute-Marne. Un autre groupement peut être
distingué autour du lac de la forêt d’Orient, tandis que, plus clairsemées,
d’autres églises s’observent au sud du pays d’Othe, jusqu’aux environs
d’Ervy-le-Châtel. Cette géographie s’éclaire si l’on ajoute à la carte actuelle
la dizaine de sanctuaires disparus et si l’on considère dans son ensemble la
localisation des églises en bois champenoises. Il apparait alors que celles-ci
se rassemblent autour d’un axe directeur, une écharpe traversant la région du
Nord-Est au Sud-Ouest, qui correspond à la Champagne humide. Cette zone,
géologiquement l’une des auréoles concentriques du Bassin parisien, est définie
par l’émergence des roches argileuses du crétacé. Dépourvue de pierre à bâtir,
riche en bois de chêne, elle possède un habitat traditionnel marqué par
l’utilisation presque exclusive du colombage. La présence d’églises en bois,
datant du XVe au XIXe siècle, trouve là sa principale explication. Si quelques
édifices se situent hors de la zone argileuse, en particulier en Champagne sèche,
c’est que la craie, tendre et gélive, y a aussi largement cédé la place au
torchis.
La seule nuance à apporter à ce déterminisme
géographique tient au fait que ces sanctuaires en bois sont restés relativement
exceptionnels, même au cœur de la région humide. Le principe de l’église en
pierre y domine. Dans ces conditions, comment expliquer que certaines communautés
aient eu recours au matériau moins noble qu’est le colombage ? Ne nous
hâtons pas de conclure que les églises en bois sont réservées à des villages
pauvres et peu peuplés, car la qualité et la dimension de bien des édifices
l’excluent. Intervinrent plutôt des raisons tenant à l’administration
paroissiale d’Ancien Régime : les organismes responsables choisirent le
bois parce qu’à frais égaux, il permettait de construire plus grand et plus
beau.
Chapelles
rurales et sanctuaires paroissiaux
Il convient maintenant de partir à la découverte de
ces églises. La spécificité du département de l’Aube est d’offrir à lui seul un
panorama complet de cette architecture. Toutes les catégories de sanctuaires
comme toutes les périodes d’édification y sont représentées. L’amateur y
rencontre ainsi un choix significatif de chapelles rurales et, en particulier,
leur plus parfait modèle, Saint-Jean de Soulaines, petit oratoire d’une
léproserie, que les arcades trilobées de son porche conduisent à placer haut,
au XVe siècle, dans l’échelle chronologique. Ces chapelles autrefois nombreuses
ont été souvent détruites depuis le XIXe s. du fait de l’évolution des formes
de piété.
Un exemple de leur état d’abandon, prélude fréquent
à leur démolition, s’observe encore à Ervy-le-Chatel, où la chapelle
Saint-Aubin de la Maladrerie (XVIIIe), longtemps ignorée a été, il y a peu,
redécouverte.
Vers 1770, lorsque le cimetière
situé au chevet de l'église s'avère trop petit, on pense à réhabiliter celui
des ladres, propriété de l'Hôpital. Le terrain est acheté en 1782.
La Chapelle Saint-Aubin est démontée et reconstruite au milieu des champs encore vierges de toute sépulture.
Tous les ossements de la maladrerie sont rassemblés près de la chapelle.
Un siècle plus tard, elle est
complètement en ruine et le joli retable de pierre est mutilé. Le site a fait
l'objet d'une restauration en 1988, puis d'une seconde restauration en 2012.
Certaines ont disparu pour d’autres causes ;
ainsi, en juin 1940, un des plus beaux témoins de cette gamme de monuments,
Saint Gilles de Troyes, incendié lors d’un bombardement. Type, comme la célèbre
Sainte-Catherine de Honfleur, ce sanctuaire paroissial en bois d’un faubourg
urbain en expansion, elle avait été bâtie en deux temps : construits au
XVe s., le chœur et la nef, de style élancé, furent au XVIe s., allongés et flanqués
de croisillons. L’élégance et la qualité de l’édifice font regretter son
anéantissement, mais, en raison de la préservation de son mobilier et de la
connaissance précise de son dispositif, ne pourrait-on envisager sa reconstruction ?
A côté de ces chapelles, l’Aube conserve aussi des
témoins d’édifices mineurs, mais à considérer dans une vue d’ensemble de ce
mouvement architectural. Ainsi, les courtes et basses églises de plan
quadrangulaire correspondant à des paroisses tard créées dans de petits
hameaux ; dans ce groupe, se détache Morembert (fin XVIe s.), sauvée de la
banalité par une toiture à quatre pentes et un clocheton joliment ajouré. Plus
dignes d’intérêt sont les églises mixtes, associant des parties en bois à
d’autres en pierre. La structure la plus courante, celle qui juxtapose un chœur
en maçonnerie à une nef en colombage, s’y observe fréquemment. A
Chauffour-lès-Bailly, un vaisseau unique, couvert d’une belle voûte élancée,
précède le classique chœur flamboyant en craie. Mais l’Aube possède aussi les
seuls exemples d’une distribution inverse – Nef en pierre, chœur en bois - avec Juzanvigny et Dommartin-le-Coq, celle-ci
dotée d’un transept à colombage.
Églises
majeures
Parmi les églises majeures, se constate là encore la
présence d’édifices représentatifs des phases architecturales distinguées dans
l’histoire quadri séculaire de ces sanctuaires : la fin du Moyen-Age et la
première Renaissance, la seconde moitié du XVIe s. et le XVIIe ; l’époque
1700-1860.
Cette dernière période est marquée par des bâtiments
aux formes géométriques sévères, inspirés par les monuments en pierre
contemporains. C’est à ce canon qu’est fidèle la dernière église champenoise –
et sans doute française – établie en pans de bois, celle de Fays-la-Chapelle
(1854). A ce haut parallélépipède à façade de briques et fronton, il faut
préférer l’importante église de Mathaux (1761). A nef unique, mais munie d’un
transept très débordant, elle présente une élévation simplifiée : sur chaque
partie, des murs bas percés de vastes fenêtres portent des toitures à double
pente peu inclinées. Mais son concepteur, un maitre charpentier du bourg voisin
de Dienville, l’a pourvue en façade d’un vigoureux clocher rectangulaire,
coiffé d’un beau lanternon dans le goût du XVIIIe s. L’allure extérieure y
gagne ampleur et dignité.
L’après 1550 a pour caractéristique de larges églises-halles, couvertes d’une grande toiture unique double rampant. Les principaux témoins sont marnais, mais l’Aube garde, avec Saint-Léger-sous-Margerie, un exemple reconnaissable malgré un remaniement postérieur. Du début du XVIIe siècle, elle comprenait un vaisseau à trois nefs, terminé par une abside à six pans. En 1788-89, les travées ouest des bas-côtés furent supprimées et les murs latéraux reportés au niveau des anciennes arcades de la nef centrale. L’édifice prit alors son allure actuelle, mais en restituant mentalement les collatéraux primitifs et leur toiture, l’on retrouve la disposition originelle à couverture enveloppante. Plus récente (milieu du XVIIe siècle), l’église de Perthes-lès-Brienne, à l’intérieur intimiste, fait observer quelques-uns des partis (la nef unique, le clocher de façade) qui s’imposèrent ultérieurement.
Les
plus beaux édifices 1450-1550
Mais les connaisseurs du « miracle
troyen » constatent sans surprise que l’Aube conserve avant tout les plus
remarquables spécimens de la première génération des églises en bois. Les
monuments de ce temps (vers 1450 – vers 1550) se distinguent par la forte
articulation de leur architecture et l’accent mis sur les lignes ascendantes,
soulignées par une élévation à trois degrés toujours plus élancés et définis
chacun par leur couverture. Autour du haut toit de la nef, décalé d’un étage,
une toiture à pan court autour du bâtiment, unissant les bas-côtés et le
porche. Le troisième niveau est celui du clocher effilé, jaillissant du toit
central. L’église de Longsols, isolée dans la plaine crayeuse, propose une nef
de ce type, suivie des volumes sobres, au colombage soigné, des croisillons et
du chœur à chevet plat. Dépourvue de transept, les églises sœurs et voisines de
Lentilles et Bailly-le-Franc constituent les paradigmes de ce mode
architectural tout de finesse et de légèreté. La première tranche par ses plus
justes proportions et son aménagement d’un extrême raffinement ; on
admirera particulièrement le magnifique revêtement de bardeaux tapissant
porche, façade et flèche. Avec leurs pignons aigus, leurs toits inclinés, leurs
clochers pointus, ces édifices illustrent le maintien des traditions gothiques
de verticalité dans la Champagne méridionale des XVe et XVIe siècles.
D’autres point mériteraient d’être évoqués : les aspects techniques ; les aménagements intérieurs et leur évolution ; la comparaison avec les bâtiments civils en bois (maisons, halles…), dont ces églises n’apparaissent jamais architecturalement éloignées. Soulignons seulement combien ces monuments si originaux confirment l’exceptionnelle richesse du patrimoine aubois.
CHARPENTES
L’art de la charpenterie se perd dans la nuit des
temps. Nos lointains ancêtres ont pu habituellement exploiter les ressources
naturelles que leur procuraient les belles forêts qui couvraient la Champagne
méridionale.
La charpente fut d’abord réservée à la simple
habitation, mais l’évolution des techniques et l’habileté des compagnons
conduisirent à une parfaite maîtrise, autorisant des franchissements de plus en
plus importants.
L’Aube des charpentes se présente à nous aujourd’hui
par des ensembles prestigieux qui méritent d’être encore révélés auprès du
grand public. Quelques-uns demandent certainement à être connus, comme les
combles « en impériale », remarqués à Nogent-sur-Seine. Cependant, la
plupart des églises rurales de l’Aube possèdent des charpentes du XVe ou du
XVIe siècle et qui montrent quelquefois des voûtes lambrissées, couvrant la
nef, transept ou chœur.
Avant de rappeler ici quelques charpentes remarquables
du département, soulignons d’abord que la nature du matériau – le chêne, le
châtaignier et parfois le tremble ou le peuplier (grisard) – n’a pas permis que
parviennent jusqu’à nous des ensembles antérieurs au XIIe siècle, en raison de
la foudre, des incendies, des fuites de couverture ou encore des démolitions.
[Située sur le plateau dominant
Bar-sur-Seine, la commanderie templière d’Avalleur est un ensemble historique
de grand intérêt pour le département de l’Aube et pour l’histoire de la
Champagne.
Entre Bourgogne et Champagne, la
terre d’Avalleur a été donnée avant 1142 à l’Ordre du Temple. La commanderie a
dû s’organiser vers 1167 et s’est développée jusqu’en 1300, date de la dernière
donation dont elle a bénéficié.
Quand, le 22 mars 1312, le Pape
Clément V prononce la suppression de l’Ordre du Temple, il ordonne que ses
biens reviennent aux Hospitaliers. Ces derniers prennent alors possession des
terres d’Avalleur. Mais le domaine reste géré de la même façon. La commanderie
d’Avalleur est alors l’une des plus riches commanderies de l’Ordre. Au XIIIe
siècle, son expansion concerne une dizaine de villages et ses possessions
s’étendent jusqu’aux portes de Troyes.
Après la Révolution, la Commanderie
est devenue bien national et a été vendue au Comte de Brosse qui y a placé des
fermiers.
L’abbé Prud, curée de
Bar-sur-Seine, achète la chapelle en 1865, qui passera après sa mort à la
paroisse de Bar-sur-Seine en 1873 puis à la commune en 1921.
Elle sera classée monument
historique en 1921.
La commanderie d’Avalleur est l’un
des rares ensembles templiers de France. Malgré quelques altérations, l’intérêt
architectural de la commanderie d’Avalleur est indéniable. La chapelle,
miraculeusement intacte, avec ses décors peints et sa belle charpente, est un
exemple type des nefs templières de l’Est de la France. Quant au corps de
logis, l’examen de ses murs a révélé qu’ils datent, pour l’essentiel, de son
origine.]
Histoire et technique
La charpente permet de supporter une couverture ; elle est parfois apparente, c’est-à-dire visible depuis l’intérieur de l’édifice, ou plafonnée. A parti du XIIIe siècle, elle couvre le plus souvent les voûtes de pierre qui la protègent des risques d’incendie. [Notons à ce propos que la voûte de pierre protège l’intérieur de l’édifice d’une charpente en flamme (cf. la cathédrale de Troyes, en 1700)]. C’est un système léger, en comparaison d’une toiture portée par une voûte de maçonnerie, et indépendant du gros œuvre.
Notons
encore que la pente de toiture dépend du matériau employé, tuile plate, tuile
ronde, essentage, plomb, ardoise. C’est ainsi que des édifices romans voient
aujourd’hui les toitures de leur bas-côtés dans le prolongement de celle de la
nef (Savières, Colombe-la-Fosse). A l’origine, la pente de ces toitures devait
être faible et couverte par de la tuile ronde (les tables de plomb semblent
plutôt réservées aux édifices plus imposants).
L’amélioration
des techniques et le souci de la simplification de mise en œuvre ont produit
des éléments remarquables dans l’Aube. Certains sont encore en place comme dans
l’église de la Madeleine à Troyes, qui possède deux charpentes de la fin du
XIIe siècle. L’une est installée au-dessus de la nef, l’autre couvre le bras
sud du transept. Il est exceptionnel que ces éléments soient parvenus intacts
quand on se souvient des incendies de Troyes, (le plus destructeur en 1524).
D’autres
ont disparu : que savons-nous de la charpente primitive du cellier de
Clairvaux qui mesurait, à l’origine près de quatre-vingts mètres ?
Certaines
charpentes restent difficilement visibles, mais d’autres font partie de
l’architecture du monument (Saint-Pantaléon) en contribuant à son harmonie et à
son charme, soit par leur mouluration, soit par leur ornement
(Villenauxe : charpente à engoulant).
Charpentes conservées
Pendant les XIIe et XIIIe siècles, les charpentes présentent une conception rudimentaire. Les exemples encore en place dans l’Aube laissent supposer que les procédés utilisés étaient les mêmes pour les grands édifices (église de la Madeleine à Troyes), que pour les simples demeures.
Les
charpentes sont du type chevron formant ferme, l’ensemble formant souvent un
triangle équilatéral ; c’est ce que l’on trouve à l’église
Saint-Pierre-ès-liens de Clérey, édifice dont la plus grande partie date du
XIIe siècle. Le comble du chevet, accessible uniquement par une petite
ouverture pratiquée au-dessus de la voûte de la croisée du transept, dans le
mur de la vieille tour du clocher, révèle une charpente d’époque XIIe siècle,
de ce type.
Le
comble du porche de l’église de Montreuil-sur-Barse est aussi du XIIe siècle.
Sa charpente est très rustique ; les chevrons forment ferme et les
assemblages chevillés sont à entailles à queue d’aronde.
Située
non loin de Bar-sur-Seine, la chapelle d’Avalleur fait partie d’une commanderie
dépendant de l’ordre des Templiers. C’est un édifice de transition entre les
styles roman et gothique. La charpente est à chevron formant ferme dont le
dessin s’inspire de celle de la Madeleine à Troyes, avec entrait, jambe de
force et aisselier. Les restes de la base d’une flèche sont encore visibles au
milieu du comble.
A Avalleur, comme à La Ville-aux-Bois, le comble à croupe parait inusité, partout il se termine en pignon.
La
charpente en place au-dessus de la nef de l’église de l’Assomption à la
Ville-aux-Bois date du XIIIe siècle et seul un petit beffroi, qui abrite une
cloche, a dû être installé, à l’intérieur, près de l’escalier d’accès au
comble, contre le revers de la façade occidentale. Cette charpente aurait été
apparente jusqu’à XIXe siècle.
Peut-être
cette église possédait-elle un clocher ou une flèche ? Il est
vraisemblable que cet édifice, qui se présente aujourd’hui amputé de son
transept et de son chevet, devait être plus vaste. Cependant, la charpente
présente une belle unité. Elle est en chêne, du type chevrons formant ferme assemblés
en tête à mi-bois chevillé, entaillé à queue d’aronde et à tenon et mortaise en
pied de chevron.
L’ensemble
restauré en totalité en 2000 présente sur les murs un décor peint du XIIIe
siècle, mis à jour après dégagement des badigeons actuels.
Le
cellier du chapitre à Troyes est un des rares édifices domestiques qui possède
une charpente remarquable du XIIIe siècle encore en place. Situé en face de la
cathédrale Saint Pierre et Saint Paul de Troyes, de l’autre côté du parvis, il
offre un bel exemple de majesté, à la fois par la simplicité de la construction
et pas l’ampleur des volumes.
La charpente, de type chevron formant ferme avec une maîtresse ferme pour cinq travées courantes, date à l’origine du XIIIe siècle. Elle est conçue sur le modèle de celle de la Madeleine, toute proche, à ceci près que le triangle formé par les chevrons et l’entrait inférieur forme un triangle équilatéral et que les jambes de force ainsi que les aisseliers sont courbes. Ajoutons qu’une voûte de lambris (ou de plâtre sur un lattis) a pu être installée plus tardivement sur un profil en plein cintre, comme en témoignent les nombreux clous visibles en sous-face de ces éléments.
Ainsi,
on pourrait imaginer que le plancher actuel a été rajouté et qu’un seul volume
au XIIIe siècle comprenait l’étage et le comble actuel.
Au XIVe siècle, les dispositions des XIIe et XIIIe siècles sont poursuivies. Tous les assemblages sont à tenon et mortaise ; mais leur exécution est portée à la perfection. Le XVe siècle est marqué par l’apparition de l’étrésillonnement dans le plan des poinçons et dans le plan même des chevrons, et par l’apparition de l’emploi du fer (pour les boulons de clavettes).
A Saint-Lyé, l’investigation des combles de l’église nous a révélé d’heureuses surprises ; qu’on en juge : la nef et les bas-côtés sont surmontés de charpentes du XVe siècle de conception identique, mais cependant différentes, et destinées à recevoir toutes les trois une voûte lambrissée apparente, en berceau brisé, dont certains éléments étaient encore en place au-dessus du plafond du bas-côté sud. L’ensemble est aujourd’hui visible et porte la hauteur de la nef à près de treize mètres cinquante.
La
charpente du nord est la plus belle et la partie des poinçons destinée à rester
visible est finement sculptée d’angelots portant les armes de la Passion. Sans
doute la raison en est-elle la proximité du palais des Évêques de Troyes ?
Ajoutons
la présence d’une peinture murale dissimulée dans les combles, figurée sur le
mur occidental du transept et représentant le buste d’un saint Christophe.
Remarquons autour de Troyes, vers le nord et non loin de Saint-Lyé, d’autres églises qui présentent des charpentes des XVE et XVIe siècles avec voûtes lambrissées : Premierfait, Savières, Vanne ou Barberey-Saint-Sulpice, ces dernières étant constituées par un remplissage en torchis sur palessons recouvert de plâtre, comme à Vailly où l’on peut admirer la belle charpente récemment mise en valeur au-dessus de la nef.
Au
XVIe siècle, la charpente se modifie profondément. Les pentes se redressent,
d’où la nécessité de doubler le sous-faitage pour emprisonner l’entrait
retroussé (église Saint-Nizier, à Troyes).
L’église
Notre-Dame de l’Assomption de Villemaur-sur-Vanne est surtout intéressante pour
sa tour de bois abritant le clocher qui date du XVIe siècle. Celui-ci est
séparé de l’église proprement dite. Construit en charpente de chêne, il est
recouvert d’essentes de châtaignier sur quatre étages successifs, séparés par
trois auvents formant des jupes.
L’église présente également des charpentes lambrissées du XVIe s. avec entrait inférieur et poinçons apparents au-dessus de la nef et en simple berceau plein cintre pour le transept et le chœur. L’ensemble a été restauré après la dernière guerre et comporte un décor peint au pochoir sur les bardeaux.
Grand chantier de restauration pour la Collégiale : 2021 à 2024 : restauration en 4 phases concernera l’ensemble de l’édifice. Actuellement, certains murs en craie de la collégiale Notre-Dame présentent de fortes dégradations. Cette première phase de travaux portera donc sur la restauration du jubé et des stalles. Des travaux de restauration seront également effectués sur les façades sud et est du chœur avec une reprise des fondations. Un drainage sera également effectué.
En
1561, Philibert de l’Orme tente de révolutionner l’art et la technique de la
charpente. Il invente des fermes légères, composées de planchettes (cerces)
assemblées en deux ou trois épaisseurs. Ces fermes sont liées entre elles par
des entretoises, bloquées par des clavettes, préfigurant nos fermettes clouées
actuelles mais l’ensemble est en forme de carène renversée.
La chapelle du monastère de la Visitation Sainte-Marie, à Troyes présente une toiture couverte de petites tuiles vernissées, très élégante elle aussi. Le comble en impériale est réalisé sur le modèle de Philibert de l’Orme, mais avec une charpente plus traditionnelle, à chevrons, pannes et arbalétriers.
Au
XVIIe siècle, les charpentes à chevron formant ferme sont toujours employées,
mais cette fois avec des « étages successifs », dont la mise en œuvre
ne nécessite plus de grande pièce de bois (cathédrale de Troyes). Il faut noter
l’apparition du comble, dit à la Mansart
(hôtel de ville de Troyes) bien que les premiers exemples datent de la fin du
XVIe siècle.
Les charpentes du XVIIIe siècle, à « étages successifs », sont plus élaborées, avec l’apparition des boulons à écrous pour fixer les moises et les étriers.
Cette étude rapide n’est qu’un aperçu de la richesse des charpentes existant encore dans l’Aube. Ce matrimoine doit être mieux connu car il témoigne d’un savoir-faire séculaire en Champagne méridionale.
voir l'article : Églises en pans de bois en Champagne
Bibliographie :
BABEAU(Albert) Le village sous l'Ancien Régime.
ROSEROT
DE MELIN (Mgr Joseph) Le diocèse de Troyes, des origines à nos jours.
BONNARD
(Mgr J. Dieudonné) mon parrain, archives
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BEAUCHAMP
(Louis A. Marquis de) mon aïeul, archives familiales
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Annuaire de l'Aube. Dictionnaire topographique. Etude sur les voies romaines du
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Topographie historique de la ville et du diocèse de Troyes
D'ARBOIS
de JUBAINVILLE, Répertoire
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Statistique monumentale du département de l'Aube.
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Site de la Bibliothèque nationale de France
LOUIS
LE GRAND, Coutume et bailliages de Troyes.
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Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe
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