« D'où
viens-tu ? - Je viens de Troyes.
Qu'y fait-on
? - L'on y sonne »
Ce dicton est resté six siècles en vigueur dans la France entière !!
Le principe de la cloche a été trouvé lorsque l’homme a pu durcir au feu un vase d’argile qui était un instrument musical pouvant répondre à la percussion. Avec l’art de fondre et de forger les métaux, la cloche fut mise en usage cinq ou six siècles avant J.C.
Jusqu’au
IXe s. il existait des cloches en cuivre ou en fer battu. Les chrétiens
adoptent la cloche en France vers l’an 550. Elles sont faites pour parler à
notre cœur : elles se réjouissent pour ceux qui sont dans la joie, elles
s'affligent avec ceux qui pleurent. Elles ont chanté sur notre berceau, elles
ont carillonné au jour de notre mariage, elles égrènent leur
plainte quand la mort frappe autour de nous. Elles sonnent l’union lors d’un
fléau, incendie, guerre…
Souvenez-vous
ce que disaient les cloches au jour glorieux, tant attendu, le 8 mai
1945 !
Rabelais
dit qu’une ville sans cloches est comme un aveugle sans bâton, et un
dicton : " un valet paresseux, un âne et une cloche ne
valent que si on les frappe ".
Au
XIIIe s., le Beffroi est le lieu où est élu le Gouvernement de Troyes. Sa tour
renferme une grosse cloche qui sonne pour les assemblées générales de
la Saint Barnabé, à la Fête-Dieu et la veille de la nativité de la Vierge
(" en faisant la procession des bourgeois de la ville, sauf en 1416 pour
occasion des gens d'armes qui étaient environ de Troyes "). On la met
aussi en branle lors d’événements historiques, comme lors de l’entrée dans la
ville de l’évêque Jean Léguisé, elle sonne le tocsin, lors d’incendies, de
guerre. Il faut plusieurs hommes pour la mettre en mouvement.
Troyes
était très fière de cette grosse cloche, qui avait une grande renommée
dans tout le royaume. Mais en 1521, lors de la venue à Troyes de François
1er, elle se casse. Elle n’est pas encore remplacée lorsque, lors du terrible
incendie de 1524, le Beffroi disparaît dans le brasier.
Nous
rencontrons nombre d’enseignes au XVIe s. : Aux 3 cloches, A la
cloche d’or, A la cloche d’argent, Hôtellerie de la Cloche (Place du Marché au
blé), rue des Clochettes, rue de la Cloche… en 2011, il ne reste
que l’Impasse de la Cloche, près du pont des Marots.
La
cathédrale possède 4 cloches (il y en avait 10 en 1220), le bourdon
de 9 t. + 1 timbre (le plus ancien du département de 1427), et 1 cloche pour
l’horloge. La coulée d’une cloche est une grande fête. En 1827, pour le bourdon
sur la place de la Cathédrale, la foule est si considérable, que l’on doit
faire venir un détachement de pompiers pour la contenir. 19 hommes sont
nécessaires pour sonner les 4 cloches, dont 9 pour le bourdon seul. Depuis 1925,
grâce à l’électricité, il suffit de presser sur un bouton pour mettre en branle
les cloches.
Depuis
le XIIIe siècle, toutes les cloches muettes depuis le Jeudi-Saint, se mettent
en branle le Samedi-Saint, mais ne peuvent le faire avant que les cloches de la
cathédrale n’aient donné le signal.
A
partir de 1567, il est interdit de sonner les cloches pendant la nuit, sauf
celles de la cathédrale qui servent au guet pendant les troubles, et en cas
d’incendie.
En
1630, pendant leur séjour à Troyes, Louis XIII, Marie de
Médicis étant logés à l’évêché et Anne d’Autriche à Saint-Martin-ès-Aires,
pour ne pas troubler leur sommeil, le sonneur s’est abstenu de sonner, même
pour le jour de Pâques !
A
partir de 1653, une des grosses cloches sonne tous les soirs de 19 h 30 à 20 h,
pour avertir les soldats de la garnison, qu’ils peuvent rentrer chez leurs
hôtes.
Saint-Jean,
deux grosses (six en 1441), une petite, un timbre et deux petites cloches pour
l’horloge, 28 t : " On les sonnera en cas de tonnerre ou
orage, tant de jour que de nuit, même en cas d'incendie ou
d'alarme ". A la Révolution, cinq sont descendues. Le clocher, situé
à l’angle sud-ouest de l’édifice s’est effondré dans la nuit du 23 au 24 mai
1911 lors de l’enlèvement de deux étais, emportant avec lui la façade
occidentale pendant les travaux de démolition des logettes. Le porche datait de
1593 et le grand beffroi, construit cinq mois après l’incendie de 1524, qui
commandait le haut de la nef sud et renfermait les cloches. La presse locale et
nationale de l’époque a largement commenté l’évènement. Sa structure en bois
contenait les cloches actuellement déposées dans les bas-côtés nord et sud, qui
ne souffrirent guère de l’accident.
On
lit dans la presse de l’époque : « Eglise Saint-Jean à Troyes. — La
municipalité de Troyes vient d'arriver, comme tous les journaux l'ont annoncé,
au résultat que tous les archéologues avaient prévu depuis le moment où l'on
avait commencé le « dégagement » si intempestif de cet édifice. L'abatage
des maisons qui l'étayaient a eu pour conséquence fatale la chute du clocher
gothique de l'édifice, grand travail de charpente recouvert d'ardoises et dont
l'assemblage devait être d'une belle solidité, puisque toute une partie de la
tour s'est allée coucher sur les maisons voisines sans se décheviller. »
Sainte-Madeleine,
3 cloches (6 en 1413), 19 t 400. A la Révolution, 4 cloches sont descendues.
Saint-Martin,
5 cloches, 3 timbres pour la sonnerie de l’horloge (dès 1545), 24 t. A la
Révolution, il faut 25 journées, plus une avec 3 chevaux, pour les descendre et
emmener dans un dépôt.
Saint-Nicolas,
4 modestes cloches de 1801 (6 en 1435) 4 t. 200. Elles sont descendues à la
Révolution.
Saint-Nizier 1
cloche, 8 t. (8 en 1524)
Saint-Pantaléon,
4 cloches depuis 1514, 1 t. 700. Le grand incendie de 1524 fait fondre les
cloches. 3 nouvelles sont bénites en 1524, 1 en 1525, 2 en 1529, 1 en 1663.
Lors de la Révolution, 3 cloches sont descendues.
Saint-Remy, 1
cloche 1529, servant aussi à l’horloge (6 en 1434) + 2 timbres, 6 t.
Saint
Urbain, 5 cloches, dès 1264. A la Révolution, 4 cloches sont descendues.
Notre-Dame
des Trévois, 2 cloches, 1 a été fondue en 1821.
Chapelle
de l’Hôtel-Dieu : 1 cloche de 1855, ayant
pour parrain l’Evêque Louis Cœur et pour marraine, l’épouse du Préfet.
Une
coutume ancienne donne des noms aux cloches, généralement celui du parrain, de
la marraine ou du donateur. Un certain nombre porte des blasons, des figures de
saints ou des inscriptions. Plusieurs du département, du XVe ou XVIe s. sont
classées comme monuments historiques : Montgueux, Neuville-sur-Vanne,
Saint-Phal, Torvillers, Villemaur, Thieffrain, Villehardouin, Nogent, Polisot,
Montigny-les Monts, Montreuil, Saint-Léger-sous-Brienne, Villeneuve-au-Chemin
(3 timbres), Nogent-sur-Seine…, qui sont des XVe ou XVIe siècles.
La
charge de sonneur n’est pas une sinécure. Voici par exemple le règlement de
1673 établi pour celui de Saint-Nizier, qui énumère ses nombreux devoirs :
"
Le sonneur est tenu de sonner toutes les cloches à tous les bons jours, aux sermons,
assemblées, aux vêpres du Saint-Sacrement, messes, services de dévotion, de
fondation, processions, prières publiques. Il doit en outre faire souffler
l’orgue, porter la croix, blanchir le linge de l’église. Parer l’autel pour les
trentains, assister aux processions avec sa robe, nettoyer l’église, tendre les
courtines devant les images pendant le temps du carême, faire les annonces qui
conviendront. Aider à tapisser et détapisser à la Saint-Nizier, aller quérir
les enfants décédés, faire taire les enfants pendant la prédication, mener
l’horloge, faire le paradis pour le Vendredi-Saint. Puiser l’eau pour faire
l’eau bénite, ôter les neiges de dessus les terrasses de la tour, fournir le
feu et le charbon pour l’encensoir, le charbon pour la sacristie, obéir aux
ordres des marguilliers, apporter à ceux-ci tous les dimanches un mémoire de ce
qui se sera fait pendant la semaine… Pour tout ce que dessus, le sonneur reçoit
111 livres par an, à charge par lui de payer les sous-sonneurs ".
Le
sonneur de Saint-Remy, en plus d'une petite rémunération, jouit d'un logement,
d'un jardin et perçoit un salaire pour les baptêmes, mariages et enterrements.
Il porte une robe de drap rouge et bleu, garnie de galons d'or fin au col et
aux manches, costume complété par une baguette de baleine ornée de deux
virolles d'argent. Mais il doit en plus sonner soir et matin les Ave Maria.
Un décret de l’Assemblée Nationale
de 1791 ordonne la fabrication de monnaie avec le métal des
cloches, et un décret de la Convention Nationale de 1793 n’autorise qu’une
cloche par église. La ville de Troyes possède 34 cloches et 9
timbres.
En 1790,
il en existait 126 pour 30 églises, chapelles et couvents, d’où le
dicton :
Que fait-on à
Troyes ? On y sonne !
Dans
le département, l’on compte 1025 cloches ou timbres. L’église de Dienville
tient le record avec 7 cloches, et 158 églises n’en ont qu'une.
37
cloches de 31 églises du département, du XVe siècle, sont classées monuments
historiques.
Quelques
proverbes :
"
N'être pas sujet au coup de cloche ", c'est être libre,
"
Faire sonner la grosse cloche ", c'est faire agir un personnage influent,
"
Telle cloche, tel son ", c'est comparer la parole à l'intelligence,
"
Tirer le cordon de la cloche ", c'est mendier,
"
Fondre la cloche ", c'est prendre un parti décisif,
" Qui n'entend qu'une cloche n'entend
qu'un son "....
Notre
grand Jean de la Fontaine a écrit une fable sur les cloches :
LE
SONNEUR ET L’ARAIGNÉE
Certain
sonneur, rempli de vanité,
Entre
deux vins, et peut-être entre quatre,
Fut
assez ivre pour débattre
A
Jupiter la primauté,
Disant
avec impiété,
Quand
ce dieu lançoit le tonnerre,
Qu’il
le pouvoit éloigner de la terre ;
Et
que, la substance de l’air
Estant
délicate et menue,
Ses
cloches pouvoient l’ébranler,
Chasser
et dissiper la nue,
Et
donnant au foudre une issue,
Faire
prendre un rat à l’esclair,
Comme
l’avait soutenu haut et clair
Quelque
philosophe moderne,
Qui
sans doute avoit beû dans la même taberne.
Jupiter,
l’oyant blasphémer,
Se
préparoit à l’abysmer,
Accoutumé
de mettre en poudre,
Quand
il lance son foudre,
Plus
de clochers et de sonneurs,
Que
de toits de bergers et de pauvres glaneurs,
Lorsqu’une
vieille et prudente araignée,
Hostesse
du clocher depuis plus d’une année,
Voyant
ce faux raisonnement,
Faisait
des leçons à son hoste,
Pour
lui faire avouer et réparer sa faute,
Et
lui montroit que follement
Il
s’attaquoit au maistre des estoiles ;
Qu’il
auroit beau sonner en double carillon,
Bien
loin de dissiper le moindre tourbillon,
Il
ne lui romproit pas la moindre de ses toiles.
" l'assemblage devait être d'une belle solidité, puisque toute une partie de la tour s'est allée coucher sur les maisons voisines sans se décheviller "
Fabrication
de cloches
Elles ont toutes une histoire et chacune est unique,
écoutons M. Paccard (fondeur)
La cloche existe depuis la haute antiquité. C’est
ainsi que la Bible, le plus vieux livre du monde, la mentionne déjà. Elle est
présente dans toutes les civilisations. De formes et de matériaux différents,
les premières traces remontent à plus de 4000 avant J.-C. La cloche de bronze
fait son apparition en Chine vers 2000 avant J.-C. Les premiers Chrétiens quant
à eux en firent un symbole d’appel et de ralliement messianique : le Signum
(signal qui, en ancien français a donné le mot « sain », synonyme de cloche).
Nos cloches sont en bronze (78% de cuivre et 22%
d’étain) et se distinguent par leur très belle présentation. Elles sont
décorées de frises représentant des motifs religieux ou bucoliques. Nous
reproduisons les inscriptions spéciales à chaque communauté, ainsi que les
effigies de Saints et autres motifs religieux pouvant être demandés et faisant
partie de notre collection (environ 5 000 gravures).
La Fonderie PACCARD réalise des bourdons de
cathédrales, des cloches d’églises, des cloches de missions, des cloches de
maison, des cloches de sacristies, des cloches pour des événements culturels ou
sportifs, des carillons, des sculptures musicales, mais aussi des cloches
miniatures personnalisées… Toutes les demandes seront étudiées !
Voici
en résumé les étapes de fabrication d'une cloche
01
Le
noyau
C’est la partie du moule qui représente l’intérieur
de la cloche. En d’autres termes, après la coulée, le noyau remplira
entièrement l’intérieur de la cloche. Il est construit en briques habilement
disposées, cerclées avec du fil de fer et recouvert d’argile.
02
La
fausse cloche
Cette partie du moule, en terre friable, représente
la cloche elle-même, dont elle tient provisoirement la place. Elle a donc les
mêmes dimensions, la même épaisseur que la future cloche. C’est sur cette
fausse cloche que l’on place l’ornementation et les inscriptions. Ces décors
sont en cire et en relief.
Les inscriptions sont coulées en même temps que la
cloche. Ainsi les empreintes sont placées dans le moule, presque au début de la
fabrication… C’est la technique de la cire perdue, les inscriptions et
ornementations sont appliquées sur la fausse cloche et viennent s’y inscrire en
relief, elles seront ensuite en négatif à l’intérieur du moule.
Pour la beauté des cloches, nous recommandons des
inscriptions sobres. La sobriété est la qualité principale du style
épigraphique. Il n’y a aucune règle absolue pour la composition du texte. Les
principaux éléments peuvent être : Le nom de la cloche suivant le cas, l’indication
du Pape régnant, de l’évêque du Diocèse,
du Curé de la paroisse ou encore du Maire de la
Commune (surtout si celle-ci intervient pour la dépense). De plus, viennent
quelques fois s’ajouter les noms du Parrain et de la Marraine ou encore les
noms des principaux donateurs, pouvant favoriser le lancement d’une
souscription.
03
La
chape
C’est la partie supérieure du moule, celle qui va
recouvrir la fausse cloche. Elle est également en terre et formée de couches
successives. Les premières couches sont obtenues au moyen d’une terre très
fine, presque liquide, que l’on nomme «
potée » . Ensuite, on continuera la fabrication de la chape avec de la terre
glaise, plus épaisse, armée de chanvre, qui assurera à l’ensemble une plus
grande solidité.
On procède alors à la cuisson du moule, opération
qui fera fondre les décorations en cire placées au préalable et dont les
empreintes resteront en creux et à l’envers dans la chape.
04
Le démoulage
Le moule étant terminé.
Alors, va-t-on procéder aussitôt à la coulée ? Pas encore. Ici se place
l’opération du démoulage. La fausse cloche, avons-nous dit, remplace
provisoirement la future cloche en bronze ; elle n’est alors utile que pour la
fabrication de la chape. Le moment est donc venu de l’enlever. A l’aide d’un
palan, on soulève la chape et l’on brise la fausse cloche. La chape est alors
replacée sur le noyau. Entre ces deux parties du moule et grâce à une portée
minutieusement établie, il reste un vide créé par la disparition de la fausse
cloche. C’est ce vide que viendra occuper le métal en fusion lors de la coulée.
05
La coulée
Autrefois, quand la nuit
venue les Annéciens apercevaient, en direction du Nord, une lueur qui trouait
l’obscurité, c’était le signal que le lendemain matin une coulée de cloches
aurait lieu. La flamme dépassait parfois, de plusieurs mètres, le sommet de la
cheminée, jetant des milliers d’étincelles.
Il n’en est guère d’entre eux qui ne soient venus, au moins une fois,
assister à cette opération. C’était l’époque du four à bois, à Annecy-le-Vieux,
où se trouvait la Fonderie PACCARD jusqu’en 1989. Aujourd’hui, à Sevrier, dans
des ateliers modernisés, on utilise désormais des fours à gaz.
Une coulée de cloches :
spectacle émouvant et que l’on n’oublie pas ! Minute vraiment grandiose et
presque magique, quand, sur l’ordre du fondeur, les ouvriers donnent libre
cours au métal en fusion, qui sort en bouillonnant, coule en ruisseaux de feu
et se précipite avec des sifflements dans les moules qu’il remplit.
Tout cela est très rapide,
presque comme un éclair. En quelques minutes tout est terminé, mais c’est
assez, car l’air est surchauffé, l’atmosphère est devenue irrespirable et on
s’empresse d’aérer. Pendant ce temps, le prêtre qui a déjà béni le métal avant
sa sortie du four, rend à Dieu, parmi le silence de tous les assistants, de
justes actions de grâce.
La touche finale : Accordeur de cloche
Maîtrise du profil,
qualité du métal et précision de l’accordage ont donné à la Fonderie PACCARD sa
réputation mondiale. A l’instar de Steinway, Fazoli, Selmer ou Stradivarius,
PACCARD est aujourd’hui synonyme d’excellence musicale. La cloche, instrument à
la sonorité très riche, ne donne toutefois pas naturellement une note
fondamentale accompagnée d’harmoniques justes et judicieusement dosés. La
frappe du battant éveille dans le bronze toute une panoplie de sons : un vrai
bouquet de notes. C’est l’accordage des notes qui fera apparaître la puissance
et la pureté de la fondamentale. C’est leur dosage en intensité qui va créer la
richesse et l’ampleur du Timbre.
01
La précision de l’accordage
La cloche est un véritable
instrument de musique. Mise en vibration, elle fait entendre un son principal –
appelé Fondamentale – et des sons secondaires nommés Harmoniques – Hum, Tierce
mineure, Quinte et Octave supérieure – parfaitement mesurables.
L’intensité et la variété
de ces différents harmoniques constituent le timbre, propre à chaque
instrument. La cloche a cependant une particularité : son troisième harmonique
est légèrement diminué, ce qui en fait une tierce mineure. C’est cela qui
confère à la cloche ce timbre si particulier, un peu mélancolique.
Un soin tout particulier
est apporté à l’accordage de chacune de nos cloches. Cette technique consiste à
modifier légèrement le profil – par enlèvement de métal à l’intérieur de la
cloche – afin d’ajuster parfaitement, et un à un, les cinq harmoniques en
constituant le timbre. Chaque cloche – et chaque harmonique – est accordée au
centième de 1/2 ton.
Si des appareils
électroniques permettent aujourd’hui de contrôler la justesse du timbre de la
cloche, à la Fonderie PACCARD, c’est l’oreille et elle seule qui détermine toute
l’opération. Celle-ci accorde non seulement chaque cloche, mais également les
cloches d’un même carillon les unes par rapport aux autres.
Dans le monde entier, seul
un très petit nombre de fondeurs de cloches possède et maîtrise cette technique
d’accordage. Ils portent le nom de facteurs de carillons.
02
La mélodie des cloches
Dès sa conception, la
cloche possède une note, déterminée par sa taille et son profil. Plus une
cloche est grosse, plus le son est grave et, a contrario, plus elle est petite,
plus le son est aiguë.
Toutefois, une fois
frappée, la cloche ne donne pas qu’une seule note mais une mélodie dont les
notes se développent dans un accord consonant et mélodieux : l’arpège mineur.
Cet arpège est constitué par l’octave inférieure, renforcée d’autres partiels :
la fondamentale, la tierce mineure, la quinte et l’octave supérieure…
La cloche ne s’accorde
qu’une seule fois dans sa vie, ce qui a permis au philosophe Alain de dire
qu’elle était le plus parfait des instruments de musique.
Qu’est-ce qu’un beffroi ?
Le beffroi est la
structure – en bois ou en métal – qui supporte le poids des cloches et permet
leur sonnerie à la volée (cloche en mouvement) ou en tintement (cloche à poste
fixe). Il permet d’isoler les cloches des murs du clocher, afin de protéger
celui-ci des efforts – parfois fort violents – développés par la ou les cloches
en mouvement.
Le plus souvent, le
beffroi se trouve à l’intérieur d’un clocher, mais pas toujours. Ainsi, dans le
nord de la France – berceau des carillons de type flamants – trouve-t-on des
beffrois dans des tours « civiles » qui, par extension, portent également le
nom de beffrois. Le clocher le plus populaire est peut-être aujourd’hui celui
de Bergues, rendu célèbre par le film « Bienvenu chez les Ch’tis » et qui abrite
un carillon PACCARD de 48 cloches.
L’importance du beffroi
dans la préservation du patrimoine campanaire
Un beffroi mal conçu peut
entraîner plusieurs siècles d’histoire menacés de ruine… Ainsi, les efforts
exercés par les cloches, répercutés sur le clocher par un beffroi mal isolé,
provoqueront certainement, à plus ou moins long terme, des dommages
irréversibles sur le clocher.
C’est pourquoi, pour tous
travaux campanaires, il est important de faire appel à un campaniste,
technicien spécialiste dans l’installation et l’entretien de la cloche et de
ses équipements.
PACCARD, en plus d’être fondeur de cloches de père en fils depuis 1796, conçoit, installe et entretient beffrois et clochers dans le monde entier, depuis plus de 200 ans et dans le respect de chaque spécificité régionale. PACCARD intervient sur tout le Rhône Alpes pour l’étude, l’installation ou la maintenance de notre patrimoine campanaire.
Les sonneries
La cloche ayant été montée
et installée dans le clocher, il s’agit de la faire sonner.
Le tintement est la
manière la plus simple de faire résonner une cloche. Celle-ci est fixe et
demeure immobile, le sonneur la frappe avec un marteau métallique sur
l’extérieur. Le sonneur peut aussi tirer la battant par une corde attachée à
son extrémité.
La volée est le
balancement régulier de la cloche suspendue à son joug dans le respect des
traditions locales. Ce mouvement est toujours horizontal. En Italie du Nord et
en Angleterre, les cloches sont dressées vers le ciel et retombent l’une après
l’autre en une succession d’arpèges ou de fragments de gamme allant de l’aigu
au grave : c’est le « change ringing ». En Espagne, la spécialité locale est la
« volée tournante » un mode sonnerie dans lequel la cloche fait un tour complet
sur elle-même.
De nos jours, le tintement
d’une cloche est commandé électriquement.
L'horlogerie
Le terme d’horlogerie
recouvre deux aspects très différents : l’horlogerie monumentale à proprement
parler, et le système de commande et de programmation des cloches.
L’horlogerie monumentale
comprend les cadrans – dont il existe une grande diversité en fonction des
usages et des traditions locales (cadrans à aiguilles, cadran squelette,
chiffres romains…etc.) et les minuteries / réceptrices permettant
l’entraînement des aiguilles. La pose et l’entretien de ces équipements font
partie intégrante du métier de campaniste
Et, comme il n’y a plus
guère de bedeau pour sonner les cloches – l’époque de Quasimodo est révolue –
les cloches sont désormais pilotées par des horloges électroniques. L’horloge
HARMONY du campaniste PACCARD permet ainsi la programmation de toutes les
sonneries civiles et religieuses, comme des tintements, au fl de l’année
liturgique et des saisons (remise à l’heure automatique, changement heure d’été
heure d’hiver, programmation de mélodies…etc.).
NOTRE DAME de PARIS
En 2013, les cloches de
Notre-Dame de Paris ont été remplacées pour redonner à la cathédrale son
paysage sonore d'origine. L'ancien ensemble campanaire, installé au XIXᵉ
siècle, ne correspondait plus à l'harmonie voulue à l'époque médiévale. À
l'occasion du 850ᵉ anniversaire de la cathédrale, neuf nouvelles cloches ont
été fondues et installées aux côtés du bourdon Emmanuel, qui est resté en
place. Ce changement a permis de retrouver la sonorité que Notre-Dame possédait
avant la Révolution française. Un vrai retour aux sources !
L'histoire des cloches de Notre-Dame de Paris
L’histoire des dix
cloches, huit benjamines et deux bourdons, qui composent l’ensemble
campanaire est indissociable de celle de
la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Comptant parmi les plus
vieux instruments sonores, les cloches sont toujours associées à la chrétienté
dès les premiers siècles de son essor. Tout en rythmant l’écoulement des heures
depuis le Moyen Âge, leur fonction première est liturgique : par leurs volées
et leurs tintements, elles appellent les fidèles à se rassembler et à prier.
Dès la fin du XIIème
siècle, alors que l’édification de la cathédrale est encore loin d’être
terminée, il est fait mention dans un document d'archive de la sonnerie des
cloches précédant les offices. Cet ensemble d'instruments s'agrandit au cours
des siècles, au rythme de la vie de l’édifice et de son rayonnement.
Sous la Révolution
française, les cloches de Notre-Dame et le bourdon Marie sont descendus, brisés
et fondus. Heureusement, le bourdon Emmanuel, pièce maîtresse de l’ensemble,
est épargné !
Il demeure aujourd’hui
l’un des plus beaux vases sonores d’Europe. Depuis 1686, au sommet de la tour
Sud, il ne cesse de sonner les grandes Heures de la cathédrale, des grandes fêtes
liturgiques aux événements marquants du diocèse de Paris et de l’Église.
Mais il est aussi
intimement associé à la Nation française dont il célèbre depuis sa fonte de
nombreux temps forts : les grands événements royaux (Te Deum), les fins de
conflits (dont les deux Guerres mondiales en 1918 et 1945), les obsèques
nationales... On l'entend aussi tonner quand la prière rassemble à Notre-Dame
les croyants et les hommes de bonne volonté.
À l’occasion du 850ème
anniversaire de Notre-Dame de Paris, en 2013, un nouvel ensemble composé de
huit cloches pour la tour nord et d’un bourdon pour la tour sud, a pris place
aux côtés du bourdon Emmanuel. Depuis, la cathédrale a retrouvé le paysage
sonore qu’elle possédait dans le ciel de Paris à la fin du XVIIIème siècle.
Le samedi 23 mars 2013 à
17h, le nouvel ensemble campanaire de Notre-Dame de Paris a résonné pour la
première fois dans le ciel parisien
Homélie du cardinal André
Vingt-Trois - Messe de bénédiction des huit nouvelles cloches de Notre-Dame de
Paris – Jubilé des enfants du catéchisme
« Chers jeunes amis,
Vous qui êtes venus de beaucoup
de paroisses de Paris, chaque semaine, vous allez au catéchisme pour apprendre
à connaître qui est Jésus. Et comme nous le dit l’Évangile de Jésus, je pense
qu’en apprenant à le connaître, vous aussi, vous grandissez en grâce et en
sagesse. Connaître Jésus, c’est bien souvent à travers l’Évangile, apprendre ce
qu’il a fait et ce qu’il a dit.
Aujourd’hui, nous
découvrons comment Marie et Joseph sont venus au Temple pour présenter cet
enfant à Dieu comme le faisaient tous les juifs. Et celui qui n’aurait pas eu
d’autre renseignement, n’aurait rien vu d’extraordinaire en cette demande de
Marie et de Joseph. D’une certaine façon, l’histoire de Jésus pourrait être
l’histoire d’un enfant et d’un homme ordinaire.
Mais connaître Jésus, ce
n’est pas seulement connaître cette histoire d’un être ordinaire, c’est
connaître quelque chose qui ne se voit pas et n’est pas perçu par les mots. Ce
qui ne se voit pas, c’est ce que voient Siméon et la prophétesse Anne. Tous
dans le Temple voient un enfant ordinaire, comme vos camarades de classe voient
en vous des enfants ordinaires ! Vous êtes comme tout le monde ! Mais il y a
quelque chose qui habite en vous et qui ne se voit pas. Ce que le vieillard
Siméon voit dans l’enfant présenté au Temple, c’est le Messie, le Fils de Dieu
envoyé pour apporter la lumière de Dieu au monde à toutes les nations. Et bien
sûr, cela ne se voit pas dans cet enfant de quarante jours ! Il faut un œil de
prophète pour le voir ! Quand vous lisez l’histoire de Jésus, ce n’est pas
simplement une histoire du temps passé qui ne dit rien pour aujourd’hui. C’est
une histoire qui nous dit que la lumière de Dieu est venue pour tous les
hommes. Et aller au catéchisme, ce n’est pas simplement apprendre l’histoire de
Jésus, c’est apprendre à découvrir cette lumière que Dieu nous envoie à travers
les actes et les paroles du Christ. Ainsi, vous devenez vraiment des chrétiens,
des disciples de Jésus. Vous recevez sa parole, pas simplement comme une
histoire, mais comme une lumière pour éclairer votre vie, pour vous montrer les
chemins du bonheur et dans quelle direction il faut aller pour grandir en grâce
et en sagesse.
Cette lumière, vous la
recevez, semaine après semaine, mais plus encore, jour après jour quand vous
prenez l’Évangile et que vous lisez la parole de Jésus. C’est une lumière qui
vous est donnée. Cette lumière, il ne faut pas qu’elle disparaisse. Il ne faut
pas que vous la perdiez. Il faut au contraire que vous la gardiez vivante et
présente dans votre cœur. Mais comme vous le savez, dans l’histoire d’une vie,
il y a des épisodes différents. À certains moments, la mémoire peut fléchir ou
s’obscurcir. Vous voyez autour de vous des gens qui, par ailleurs très gentils,
ont oublié qu’ils avaient reçu la lumière du Christ. Il y a un trou dans leur
mémoire. Ils ne savent plus où est la lumière. Alors ils avancent comme des
aveugles dans un tunnel, ils vivent n’importe comment et se cognent contre les
murs. Il faut donc que de temps en temps, ils entendent à nouveau que cette
lumière existe. C’est pourquoi Dieu envoie son prophète pour appeler Israël à
être une voix qui crie, pour réveiller les mémoires.
Dans notre vie, il y a des
signes pour rappeler cette lumière du Christ. Nos églises sont des signes.
Votre paroisse est un signe. Cette cathédrale est un signe magnifique pour nous
le rappeler. Mais comme vous le savez, quand on a des trous de mémoire, cela
nous empêche de bien voir. C’est comme s’il y avait du brouillard, un rideau
devant les yeux, et on ne voit plus les signes. On peut rencontrer des signes,
et on ne sait plus ce qu’ils veulent dire. On passe devant une église et on ne
sait plus ce qu’elle signifie.
Alors il faut que la voix
de Dieu se fasse entendre, non seulement par la vue des signes, mais par le
son. Et ces cloches que nous venons de bénir et qui vont être placées dans les
tours de la cathédrale auront pour mission de répandre ce bruit -pas seulement
le fracas du métal- mais une harmonie, une musique, un appel, un message :
quand la cloche sonne, c’est le message de Dieu qui atteint notre cœur, qui
vient réveiller dans nos mémoires la présence de cette lumière pour conduire
notre vie. Et pour les hommes et les femmes qui n’ont jamais connu cette
lumière, qui l’ont oubliée ou perdue, c’est un chemin pour leur adresser une
parole d’espérance. Oui, ils pourront se laisser guider par le son de ces
cloches, parce que le son les conduira vers la lumière pour orienter leur vie
vers le bonheur.
Aujourd’hui nous sommes
heureux de bénir ces cloches qui vont être la voix de Dieu pour les habitants de
Paris, qu’ils le connaissent ou non ! Ils entendront une voix qui s’adresse à
leur cœur, une voix plus pure, plus belle que le bruit de la ville, une voix
qui leur donnera une espérance. Vous n’êtes pas venus sur terre pour vous
perdre dans la nuit, pour errer comme des brebis perdues sans pasteur, pour
tout ramener à vous, mais pour accueillir la lumière du Christ et vous laisser
conduire, pour devenir des hommes et des femmes qui essayent de se mettre au
service de tous, puisqu’ils sont les amis et les disciples du Serviteur. Amen. »
+ André cardinal
Vingt-Trois, archevêque de Paris.
Bénédiction des cloches pour leur retour à Notre-Dame de Paris
12 septembre 2024
Mgr Olivier Ribadeau
Dumas, recteur-archiprêtre de la cathédrale, a proclamé l’Évangile, a dit la
prière de bénédiction, puis a aspergé d’eau bénite et a encensé les cloches. Il
a prié pour tous ceux et celles qui, depuis cinq ans, ne ménagent pas leurs
forces pour que la cathédrale puisse ouvrir ses portes au mois de décembre. Il
a également confié à la bonté de Dieu tous ceux et celles qui, dans les
décennies et les siècles à venir, entendront la voix de ces cloches sonner au
cœur de Paris.
Carillon
Un carillon est un
instrument de musique constitué de plusieurs cloches accordées, souvent
disposées dans un clocher ou une tour. Il est généralement joué en frappant les
cloches avec des marteaux mécaniques ou via un clavier. Les grands carillons
peuvent produire des mélodies élaborées et sont souvent utilisés pour signaler
l'heure ou accompagner des événements spéciaux.
Ils sont apparus en Europe
du Nord, notamment en Belgique, aux Pays-Bas et dans le nord de la France, où
ils ont atteint leur apogée au XVIIe siècle. À cette époque, ils étaient
souvent installés dans les tours des églises et des hôtels de ville pour marquer
les heures et accompagner des événements importants. Malheureusement, la
Révolution française a entraîné la fonte de nombreuses cloches pour fabriquer
des canons, ce qui a conduit à la disparition de nombreux carillons
historiques.
Les carillons éoliens,
quant à eux, ont des origines encore plus anciennes. Ils étaient utilisés en
Asie, notamment par les moines bouddhistes lors de rituels spirituels. En Chine
ancienne, on croyait que suspendre des carillons pouvait éloigner les esprits
mauvais et attirer la bonne fortune. Au Japon, les célèbres fūrin en verre ou
en métal léger sont très populaires et sont associés aux festivals estivaux.
Aujourd'hui, les carillons
continuent d'être appréciés pour leur beauté sonore et leur symbolisme.
Certains sont encore joués manuellement, tandis que d'autres sont automatisés
pour préserver cette tradition musicale unique.
Le carillon comporte 7 cloches de volée et 17 cloches frappées.
Il joue tous les jours à 16h00 l’Ave Maria composé par Louis-Alfred Lefébure-Wély, organiste et compositeur français du XIXe siècle. Localement on dit : « l’Ave Maria de Notre-Dame de Grâce ». On peut certains dimanches entendre d'autres morceaux choisis... Pour l'avoir entendu plusieurs fois, je peux dire que le son est magnifique.
Les cloches sonnent
également tous les quarts d’heure.
Je termine ce petit exposé sur les cloches avec le plus célèbre des sonneurs,
connu dans le monde entier grâce à Victor Hugo :
QUASIMODO
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