samedi 11 octobre 2025

Les comtes de Dreux à Braine (02)

 

Gisant d'un comte de Dreux, église de Braine en 1958

Les Comtes de Dreux à Braine (02)

Il fut un temps où Braine, modeste bourg du Tardenois, rayonnait comme un foyer capétien, une enclave princière enchâssée dans les terres de Champagne. Ce rayonnement, né au XIIe siècle, s’incarne dans la lignée des Seigneurs de Braine, bâtisseurs, mécènes, croisés et transmetteurs, dont les cendres reposèrent longtemps dans la chapelle des Comtes, au cœur de l’abbatiale Saint-Yved.

Tout commence avec Robert de France, comte de Dreux († 1188), fils cadet du roi Louis VI le Gros, et son épouse Agnès de Baudement († 1204), dame de Braine. Ensemble, ils fondent la seigneurie et l’abbatiale, dans un geste de piété et de puissance. L’église, reconstruite entre 1180 et 1210, devient un chef-d’œuvre du premier art gothique classique, avec son chœur rigoureux, sa symétrie parfaite, et sa tour-lanterne qui rivalise avec celle de Laon. Saint-Yved devient alors nécropole dynastique, sanctuaire de mémoire et de transmission.

Leur fils, Robert II de Dreux († 1218), et son épouse Yolande de Coucy († 1222), poursuivent l’œuvre, enrichissant l’abbatiale de donations et de sculptures. Puis vient Robert III († 1234), comte discret mais fidèle à la lignée, suivi de Jean Ier († 1249), dont le cœur est inhumé à Braine, selon la coutume des grands seigneurs. Sa veuve, Marie de Bourbon-Dampierre († 1274), veille sur les terres et les rentes.

La lignée se ramifie : Pierre Ier de Bretagne († 1250), fils de Robert III, meurt en croisade, et sa sépulture à Braine reste incertaine. Robert de Dreux, vicomte de Beu et de Châteaudun († 1264), et son épouse Clémence de Châteaudun († 1259), représentent une branche cadette capétienne, également inhumée à Saint-Yved. Le dernier comte capétien à y reposer est Robert IV de Dreux († 1282), scellant la fin d’une époque.

Après un long silence, la seigneurie renaît au XVe siècle avec Amé II de Sarrebruck-Commercy († 1476), comte de Braine, seigneur de Commercy, qui réside au château de Braine et restaure les droits seigneuriaux. Son fils, Robert II († 1504), épouse Marie d’Amboise et poursuit l’ancrage dynastique. Sa fille, Guillemette de Sarrebruck, comtesse de Braine, épouse Robert III de La Marck, duc de Bouillon († 1536), introduisant les La Marck dans la nécropole de Saint-Yved.

Enfin, Françoise de Brézé (1518–1574), fille de Diane de Poitiers, épouse Robert IV de La Marck, dit le Seigneur de Florange († 1556), mort empoisonné après sa captivité à Milan. Elle assure la régence de Sedan et de Braine, fonde l’hospice de Sedan, et fait paver ses rues. Elle est inhumée à Saint-Yved, aux côtés des Dreux, Sarrebruck et La Marck.

Mais aujourd’hui, il ne reste rien. Les guerres de Cent Ans ont ravagé les terres, les sépultures ont été profanées, les pierres dispersées. La Révolution française, dans sa fureur égalitaire, a achevé l’œuvre de l’oubli. L’abbatiale, jadis majestueuse, n’offre plus que son chœur silencieux, vestige d’une mémoire effacée.

 Les Seigneurs de Braine incarnent une dynastie de transmission, où chaque génération scelle sa mémoire dans la pierre et la prière. L’abbatiale Saint-Yved, fondée par un fils de roi, devient le miroir gothique d’une lignée capétienne, puis l’écrin des Sarrebruck et des La Marck. Aujourd’hui, seule la tour-lanterne veille encore sur les ombres.

 

Les comtes de Dreux enterrés en l’église abbatiale St Yved de Braine

 

Robert de France, comte de Dreux († 1188) et Agnès de Baudement († 1204), son épouse Fondateurs de la seigneurie de Braine et de l’abbatiale Saint-Yved.

Robert II de Dreux († 1218) et Yolande de Coucy († 1222), son épouse Successeurs directs, mécènes de l’abbatiale.

Robert III de Dreux († 1234) Fils de Robert II, comte de Dreux.

Jean Ier de Dreux († 1249) et Marie de Bourbon-Dampierre († 1274), son épouse Le cœur de Jean Ier est inhumé à Braine.

Pierre Ier de Bretagne († 1250), duc de Bretagne Fils de Robert III, mort en croisade. Sépulture incertaine à Braine.

Robert de Dreux, vicomte de Beu et de Châteaudun († 1264) et Clémence de Châteaudun († 1259), son épouse Branche cadette capétienne, inhumée à Braine.

Robert IV de Dreux († 1282) Dernier comte capétien inhumé à Braine.

Amé II de Sarrebruck-Commercy († 1476) Comte de Braine, seigneur de Commercy, résidant à Braine.

Robert II de Sarrebruck-Commercy († 1504) Fils d’Amé II, époux de Marie d’Amboise.

Guillemette de Sarrebruck, comtesse de Braine épouse de Robert III de La Marck de Bouillon († 1536) Transmission du comté de Braine à la maison de La Marck.

Françoise de Brézé (1518–1574), fille de Diane de Poitiers épouse de Robert IV de La Marck, dit le Seigneur de Florange († 1556) Duc de Bouillon, prince de Sedan, comte de Braine et de Maulévrier, mort empoisonné.


                                                  Robert de France (1123–1188) et

Agnès de Baudement (vers 1130–1204)

Comte de Dreux, du Perche et de Braine – Fondateurs de la lignée capétienne de Braine

Robert Ier de Dreux, dit « le Grand », cinquième fils de Louis VI le Gros, roi de France, et d’Adélaïde de Savoie, reçoit en 1137 le comté de Dreux en apanage à la mort de son père. Capétien de sang mais seigneur de second rang, il incarne la stratégie d’essaimage dynastique des rois de France, consolidant l’influence royale dans les marges du domaine. NdP : Figure charnière du XIIe siècle, Robert Ier illustre l’expansion capétienne par alliances territoriales et mécénat religieux.

Il accompagne son frère Louis VII à la Deuxième croisade (1147–1149), fait la guerre à Henri Plantagenêt en Gascogne et en Languedoc (1158–1159), se rend à Jérusalem, puis assiste son frère en 1158. En 1159, il accorde une charte à la ville de Dreux et fonde à Paris l’église Saint-Thomas du Louvre. En 1170, il dote sa ville de Brie-Comte-Robert d’un puissant château fort. Il abandonne la direction de son comté de Dreux en 1184.

En 1152, il épouse Agnès de Baudement, dame de Braine-sur-Vesle, héritière d’un vaste ensemble de terres dans le Tardenois et le Laonnois. Ce mariage lui apporte les seigneuries de Fère-en-Tardenois, Pont-Arcy, Néelle, Quincy, Baudement, Torcy, Chailly, Savigny-sur-Ardres, Longueville, Brie-Comte-Robert, Chilly et Longjumeau. Il devient ainsi le septième comte de Braine et établit sa résidence principale dans cette ville.

Braine devient le siège d’une justice seigneuriale. La ville est bâtie dans une vallée fertile, au bas d’une colline qui la domine du côté du Midi. Robert Ier la fait fortifier par des murailles de pierre dure. Elle possède quatre portes, chacune munie d’écluses et de ponts-levis. Il fait construire le « chanteau de Braine » et le « château d’en hault », nouvellement bâti et fort somptueux. Il y fait mettre gens de guerre preux et hardis, avec vivres et toutes autres choses nécessaires pour résister à ses adversaires. NdP : La double fortification de Braine témoigne d’une volonté d’affirmation seigneuriale dans une zone stratégique entre Champagne et Île-de-France.

En ou vers 1180, le couple fonde une nouvelle église sous le vocable de Notre-Dame, en remplacement de l’ancienne. L’ensemble des travaux se termine en 1216, bien après la mort des fondateurs.

Robert fonde également l’abbaye Saint-Yved de Braine, destinée à devenir la nécropole des comtes de Dreux. Il adopte les armes de sa femme, signe d’un transfert symbolique de pouvoir et d’ancrage territorial. Il favorise les implantations religieuses et les donations aux ordres, notamment aux prémontrés.

Sur sa tombe dans l’abbaye Saint-Yved de Braine, on pouvait lire : Princeps Robertus mira pietate refertus Hic jacet : heu ! noli plura rogare, tacet.

 Agnès de Baudement (vers 1130–1204)

Comtesse de Dreux et de Braine – Mécène, bâtisseuse et figure spirituelle




Fille de Guy de Baudement, comte de Braine, et d’Alix de Braine, Agnès est une héritière puissante. Veuve de Milon III de Bar-sur-Seine, elle épouse Robert de Dreux en secondes noces. Elle apporte en dot un ensemble de terres qui font de Braine un centre politique et religieux majeur.

Dame de Fère-en-Tardenois, Pont-Arcy, Néelle, Longueville, Quincy-Basse, Baudement, Torcy, Chailly, Savigny-sur-Ardres, elle est à l’origine de la construction de l’abbatiale Saint-Yved, dont elle surveille les travaux et assure la dotation. Elle fonde également une maison-Dieu en 1201 et un hôpital, poursuivant l’œuvre charitable de ses ancêtres. NdP : Agnès incarne la figure de la dame fondatrice, à la fois gestionnaire, mécène et actrice spirituelle. À croiser avec les archives de Saint-Yved et les mentions de la maison-Dieu.

Agnès s’occupe à convertir les juifs, ceux qui restent après l’expulsion de 1182. Il se raconte qu’après un miracle, une jeune juive, n’ayant pu résister à une apparition de Jésus-Christ, demande pardon à Dieu et reçoit le baptême, entraînant dans cet exemple nombreux de ses coreligionnaires. Cette jeune juive est inhumée à Saint-Yved dans une tombe entre celles d’Agnès et de son époux. NdP : Ce récit hagiographique mérite d’être confronté aux sources hagiographiques et aux pratiques d’inhumation à Saint-Yved.

Quant à Agnès, après avoir été embaumée et déposée dans un cercueil de plomb, elle est honnêtement et honorablement ensevelie à l’occasion de funérailles entourées d’une grande dévotion. Elle est inhumée au milieu du chœur de l’église, sous une tombe de pierre élevée.

Descendance

Le couple eut dix enfants, dont plusieurs figures majeures de l’aristocratie et de l’Église :

Robert II de Dreux (1154–1218), successeur et mécène

Henri, évêque d’Orléans

Philippe, archevêque de Reims

Alix, mariée à Raoul Ier de Coucy

Isabeau, mariée à Hugues III de Broyes

Pierre, Guillaume, Jean, seigneurs de terres locales

 

[La descendance de Robert et Agnès illustre la stratégie capétienne d’essaimage dans les sphères féodales et ecclésiastiques.]

 

 Robert II de Dreux (vers 1154 – 28 décembre 1218) et

Yolande de Coucy

Comte de Dreux, de Brie et de Braine – Stratège capétien et bâtisseur

Fils de Robert Ier de Dreux et d’Agnès de Baudement, Robert II hérite du comté de Dreux en 1184 et du comté de Braine par sa mère. Il devient le huitième comte de Braine. Prince capétien de branche cadette, il joue un rôle militaire et diplomatique majeur au tournant du XIIIe siècle.  Son père lui constitue une rente sur le travers de Braine, destinée à ses deux filles Marguerite et Béatrix, qui entrent en religion, la dernière au couvent du Charme.

Troisième croisade (1190–1191) : Il se distingue à la bataille d’Arsur et au siège de Saint-Jean-d’Acre.

Conflits franco-anglais : Il combat en Normandie (1195–1198, 1202, 1206).

Croisade des Albigeois : Il mène des troupes au siège de Termes (1209–1210).

Bataille de Bouvines (27 juillet 1214) : Il commande l’aile gauche de l’armée royale, composée de chevaliers de l’Île-de-France, de Normandie et de ses propres vassaux.

Il aide également son frère Philippe, évêque de Beauvais, dans sa lutte contre le comte de Boulogne.

Robert II poursuit l’œuvre de ses parents dans l’église abbatiale Saint-Yved de Braine. Il y fait inhumer ses parents, respectant leurs vœux, et transforme l’abbatiale en nécropole dynastique : dix sépultures de la branche capétienne y seront veillées par les religieux de l’ordre de Prémontré.

Il fait transférer les reliques de saint-Yved, conservées depuis le IXe siècle dans la collégiale du château de Braine, vers l’abbatiale. Les pèlerins substituent progressivement le nom de saint-Yved à celui de Notre-Dame.

Il continue la construction commencée par son père de la forteresse défensive de Braine, le Castrum de Celso, et réside au Château du Bas, attenant à l’abbaye.

Il fait également construire :

Le château de Fère-en-Tardenois à la fin du XIIe siècle.

Le château de la Folie d’Aigremont à Cerseuil, bâti sur une colline escarpée près de Braine, appelé au XIXe siècle « la Folie », mais nommé originellement Castrum de Celso Duchesne.

Ce dernier domine la ville de Braine et les plaines de la Vesle. Il est bâti sur un immense rocher entouré d’un large et profond fossé taillé à vif dans le roc. Les murailles épaisses sont flanquées de grosses tours à meurtrières, défendues par des redoutes et un second mur d’enceinte. Le corps de logis est entouré d’un portique carré artistement sculpté, prolongé par plusieurs rangées d’habitations pour les officiers des comtes.

Les six grosses tours de huit mètres de diamètre sont entourées d’un fossé taillé dans la pierre. Le rocher est coupé en talus à 7 mètres de hauteur, sur 160 mètres de pourtour, avec 3 mètres de largeur à la base et 13,50 mètres d’évasement.

 

Yolande de Coucy (vers 1164 – 18 mars 1222)

Comtesse de Dreux et de Braine – Alliée stratégique et mécène



Fille de Raoul Ier de Coucy et d’Agnès de Hainaut, Yolande appartient à l’une des lignées les plus puissantes du nord du royaume. Née à Coucy-le-Château, elle est liée aux seigneurs de Vervins, Marle et La Fère. Elle épouse Robert II vers 1184, apportant un prestige militaire et féodal à la maison de Dreux.

Elle est inhumée à l’abbatiale Saint-Yved de Braine, aux côtés de son époux.

Descendance remarquable

Le couple eut une dizaine d’enfants, dont plusieurs figures majeures du XIIIe siècle :

Robert III Gasteblé (1185–1234), comte de Dreux

Pierre Mauclerc (1191–1250), duc consort de Bretagne

Henri de Dreux, archevêque de Reims

Jeanne de Dreux, abbesse de Fontevraud

Philippa, Yolande, Isabelle, Aliénor, Adélaïde, dames de Torcy, Dreux, Traves, Salins…

[|NdP] : Leur descendance irrigue les grandes maisons féodales du XIIIe siècle. À cartographier pour visualiser les ramifications dynastiques.

 

Robert III de Dreux (1185 – 3 mars 1234), dit Gasteblé et

Aénor de Saint-Valéry

 


Comte de Dreux, de Braine, seigneur de Saint-Valery et Gamaches – Neuvième comte de Braine

Fils de Robert II de Dreux (1154–1218) et de Yolande de Coucy (1161–1222), Robert III hérite du comté de Dreux et de Braine en 1218. Surnommé Gasteblé par Guillaume le Breton pour avoir détruit un champ de blé lors d’une chasse dans sa jeunesse, il incarne une noblesse capétienne active, militaire et territoriale. NdP : Le surnom Gasteblé, d’abord anecdotique, devient emblématique d’une noblesse guerrière et terrienne, enracinée dans le Tardenois.

Chevalier en 1209 par le roi Philippe Auguste.

1212 : Combat aux côtés de son frère Pierre Mauclerc et de Louis de France (futur Louis VIII) contre les Anglais. Il défend la ville de Nantes mais est fait prisonnier lors d’une embuscade.

1214 : Échangé après la bataille de Bouvines contre le comte de Salisbury.

Accompagne le prince Louis en Angleterre, dans le cadre des revendications capétiennes sur le trône anglais.

1226 : Participe à la croisade contre les Albigeois, notamment au siège d’Avignon.

Après la mort de Louis VIII, il soutient activement la régente Blanche de Castille et assiste au sacre de Louis IX.

1229 : Fait construire le château de Dannemarche à Dreux.

Il poursuit l’œuvre dynastique dans l’abbatiale Saint-Yved de Braine, où il est inhumé. Sur sa tombe en pierre plate, fait rare, est gravé le nom de l’artiste : Letarous me ficit.  [Mention de l’artiste sur la tombe : rareté notable, à signaler dans les relevés épigraphiques de Saint-Yved].

  

Aénor de Saint-Valery (vers 1192 – 1250)

Dame de Saint-Valery-sur-Somme, Domart et autres terres picardes



Fille de Thomas de Saint-Valery et d’Adèle de Ponthieu, Aénor est dame de Saint-Valery-sur-Somme, possession stratégique en Picardie maritime. Son mariage avec Robert III en 1210 renforce les alliances entre Dreux et les lignages du nord. Elle apporte un patrimoine maritime et féodal à la maison de Dreux. NdP : Aénor incarne l’ouverture vers la Picardie et les ports de la Somme. À croiser avec les lignages de Ponthieu et les seigneuries de Domart.

Elle est inhumée à Braine, aux côtés de son époux, dans la nécropole familiale de l’abbatiale Saint-Yved.

Descendance:

Jean Ier de Dreux (1215–1249), comte de Dreux

Robert Ier de Beu (1217–1264), vicomte de Beu, fondateur de la branche cadette

Yolande de Dreux (1212–1248), mariée à Hugues IV de Bourgogne

Antoinette de Dreux (1228–1277), mariée à Robert IV d’Ô

Pierre de Dreux († 1250), prêtre

[Repères dynastiques

Les trois premiers comtes de Dreux — Robert I, II et III — sont les plus illustres représentants capétiens de cette lignée. Grands soldats, bataillant contre les Anglo-Normands et participant aux croisades, ils sont aussi de grands bâtisseurs dans leurs fiefs. [Trilogie fondatrice à mettre en valeur dans la structure du dossier. À illustrer par les châteaux, les tombeaux et les alliances.]]


 Jean Ier de Dreux (1215 – 1249) et

Marie de Bourbon-Dampierre

 


 Comte de Dreux et de Braine – Dixième comte de Braine, dernier croisé de la lignée

Fils aîné de Robert III Gasteblé (1185–1233) et d’Aénor de Saint-Valery (1192–1250), Jean Ier hérite du comté de Dreux à la mort de son père en 1233. À sa majorité, il se réserve notamment la terre de Braine. Il devient le dixième comte de Braine et incarne la continuité capétienne dans le Tardenois au XIIIe siècle. Jean Ier est seigneur de : Braine, Fère-en-Tardenois, Pont-Arcy, Nesle, Longueville, Saint-Valery → Héritage des terres picardes de sa mère et des terres du Tardenois de son père.

[ Jean Ier est le dernier comte de Dreux à participer aux croisades. Sa vie marque la fin d’une génération guerrière et pèlerine.]

Engagements militaires et croisades

Chevalier le 24 juin 1241 à Saumur, en présence du prince Alphonse de Poitiers, par Saint Louis.

1242 : Prend les armes contre Hugues de Lusignan, comte de la Marche, allié du roi d’Angleterre. Il participe à la bataille de Taillebourg.

1248–1249 : Participe à la septième croisade aux côtés de Saint Louis et de son beau-frère Archambaud IX de Bourbon. Les deux meurent de maladie pendant l’hiver de l’armée à Chypre, avant d’atteindre Damiette.

Jean Ier meurt à Nicosie, sur l’île de Chypre, en 1249.

Il est inhumé dans la cathédrale Sainte-Sophie de Nicosie, mais son tombeau est détruit en 1570 lors de la prise de Chypre par les Ottomans, qui transforment la cathédrale en mosquée et détruisent les sculptures et tombes chrétiennes. Seul son cœur est déposé dans la chapelle de l’abbatiale Saint-Yved de Braine, nécropole familiale.

[La double inhumation – corps à Nicosie, cœur à Braine – illustre la tension entre devoir lointain et mémoire locale.]

Marie de Bourbon-Dampierre (1220 – 1274)

Dame de Montluçon – Mécène et fondatrice de chapelle à Braine

Fille d’Archambaud VIII de Bourbon et de Béatrice de Montluçon, Marie appartient à une lignée puissante du Bourbonnais, vassale directe du roi. Elle épouse Jean Ier en 1240, scellant une union stratégique entre deux lignages capétiens de second rang.

[L’union Bourbon–Dreux illustre la stratégie capétienne d’alliances territoriales. Elle relie le Tardenois à la Marche et au Bourbonnais.]

Elle fonde une chapelle dans l’église Saint-Yved de Braine, et meurt en 1274. Elle est enterrée près du cœur de son mari dans la nécropole princière. Son tombeau, richement émaillé de cuivre et doré, est orné de trente-six statuettes représentant rois, reines et membres des lignages de Dreux et de Bourbon. Le nécrologe de Braine indique que le 29 août, on doit prier pour cette dame en mémoire des présents qu’elle a faits à l’église : cinq arpents de terre et une rente de quinze livres pour fonder une chapelle.

Le mariage avec Marie de Bourbon apporte aux Dreux :

Montluçon, Bourbon-l’Archambault, marges du Berry → Renforce la position des Dreux dans les cercles féodaux du centre du royaume.

[L’alliance Bourbon–Dreux, bien que discrète dans les sources, joue un rôle structurant dans la cartographie féodale du XIIIe siècle.]

Descendance

Jean Ier et Marie de Bourbon eurent plusieurs enfants, dont :

Robert IV de Dreux (1241–1282), comte de Dreux, onzième comte de Braine (1249–1274)

Jean de Dreux, seigneur de Châteauneuf, entré dans l’ordre des chevaliers du Temple, fondateur d’un anniversaire dans l’église de Braine, mort après 1274

Philippe de Dreux, chanoine

Isabelle de Dreux, mariée à Jean de Montfort

[Descendance à double ancrage : nord (Dreux, Braine) et centre (Bourbon, Montluçon).]

 

 Pierre Ier de Bretagne, dit Mauclerc (1187-1250) et

Alix de Thouars

 

Comte de Braine, duc de Bretagne par mariage, croisé, poète et stratège capétien

Né vers 1187 à Dourdan, Pierre est le fils de Robert II de Dreux (petit-fils de Louis VI le Gros) et de Yolande de Coucy.

Il appartient à la branche cadette capétienne des Dreux, qui détient le comté de Braine et fait de l’abbatiale Saint-Yved leur nécropole dynastique.

[La maison de Dreux, bien que cadette, joue un rôle stratégique dans l’expansion capétienne en Bretagne et dans l’Ouest du royaume.]

En 1213, Pierre épouse Alix de Thouars, héritière du duché de Bretagne. Il devient duc jure uxoris (par le droit de son épouse), mais conserve son autonomie politique.

Il prend le titre de baillistre de Bretagne, gouvernant au nom de son épouse puis de son fils Jean Ier le Roux.

[Pierre Mauclerc incarne la tension entre pouvoir ducal breton et autorité capétienne, jouant habilement des alliances franco-anglaises.]

Surnom « Mauclerc » et conflits ecclésiastiques

Destiné à une carrière ecclésiastique, Pierre abandonne cette voie, d’où le surnom de Mauclerc (« mauvais clerc »).

Il entre en conflit avec l’évêque de Nantes, s’oppose aux privilèges ecclésiastiques, et modifie son blason en y ajoutant un franc quartier d’hermine, symbole religieux détourné.

[Le franc quartier d’hermine, repris ensuite par les ducs bretons, devient emblème héraldique du duché. Pierre en est l’initiateur.]

Comte de Braine et mécène capétien

En 1222, à la mort de son père, Pierre hérite du comté de Braine, avec l’abbatiale Saint-Yved comme centre spirituel et dynastique.

Il y est inhumé en 1250, après sa mort en mer au retour de la septième croisade (dirigée par Saint Louis).

L’abbatiale conservait son gisant, aux côtés d’autres membres de la maison de Dreux.

Pierre aurait été trouvère, auteur de chansons courtoises. Quelques pièces lui sont attribuées dans les manuscrits lyriques.

[La figure du prince-poète renforce son image de seigneur cultivé, en rupture avec les clercs mais proche des arts.]

Son fils Jean Ier le Roux lui succède en Bretagne.

La maison de Dreux conserve le duché jusqu’à la fin du XIIIe siècle.

Le comté de Braine reste un bastion capétien, avec l’abbatiale comme lieu de mémoire.

[La double sépulture bretonne et brainoise illustre la stratégie territoriale des Dreux : Bretagne pour le pouvoir, Braine pour la mémoire.]

 

Alix de Thouars (vers 1200-1221)

Duchesse de Bretagne et comtesse de Richemont

 


Fille de Guy de Thouars et de Constance de Bretagne, duchesse souveraine, Alix hérite du duché de Bretagne à la mort de son demi-frère Arthur Ier en 1203. Elle n’a alors que trois ans.

Son père, Guy de Thouars, exerce la régence jusqu’en 1206, date à laquelle Philippe Auguste impose son autorité sur la Bretagne.

En 1213, Alix épouse Pierre de Dreux, dit Pierre Mauclerc, fils de Robert II de Dreux (branche cadette capétienne) et de Yolande de Coucy. Ce mariage est orchestré par le roi de France pour renforcer son influence en Bretagne.

Pierre devient duc de Bretagne jure uxoris (par son épouse), mais conserve le titre de comte de Dreux, ce qui lie durablement la Bretagne à la maison capétienne de Dreux.

Le couple a trois enfants :

Jean Ier le Roux (1217–1286), futur duc de Bretagne.

Yolande de Bretagne (1218–1272), qui jouera un rôle diplomatique important.

Arthur de Bretagne, mort jeune.

Alix meurt prématurément en 1221, à environ 21 ans, et est inhumée à l’abbaye de Villeneuve-lès-Nantes, aux côtés de sa fille Yolande.

[Alix incarne une figure de transition : héritière directe des ducs de Bretagne par sa mère, elle est aussi le point d’ancrage de la maison capétienne de Dreux en terre bretonne. Son mariage avec Pierre Mauclerc, imposé par la couronne capétienne, marque une inflexion politique majeure dans l’histoire du duché. Elle est donc un pivot dynastique, à la fois mémoire d’un duché autonome et matrice d’une nouvelle lignée.]

 

Robert de Dreux, comte de Beu (1217 – 1281) et

Clémence de Châteaudun


 Fils de Robert III de Dreux, comte de Dreux et de Braine, et d’Aénor de Saint-Valery, Robert Ier incarne la fondation d’une branche cadette capétienne, celle des seigneurs de Beu. Né en 1217, il hérite de terres dans le Tardenois, le Perche et le Dunois, consolidant une seigneurie secondaire mais influente.

Vicomte de Beu, vicomte de Châteaudun, seigneur de Nesle et de Longueville

Il porte les armes échiquetées d’or et d’azur à la bordure engrelée de gueules, emblème de la maison de Beu.

Il est inhumé à Braine en 1281, prolongeant l’usage dynastique de l’abbatiale Saint-Yved malgré son statut de branche cadette.

[Robert Ier de Dreux fonde la lignée des seigneurs de Beu, branche cadette capétienne. Par ses alliances et ses terres, il étend l’influence de Dreux vers le Perche et le Dunois. Sa sépulture à Braine témoigne de la persistance dynastique au-delà de la lignée principale.]

 

Clémence de Châteaudun (1229 – 1259)

Vicomtesse de Châteaudun, dame de Mondoubleau

Clémence de Châteaudun, née en 1229, est l’unique héritière de Geoffroy VI de Châteaudun et de Clémence des Roches. À la mort de son père, elle hérite de la vicomté de Châteaudun ainsi que des terres de Mondoubleau et Saint-Calais, situées dans le Perche-Gouët. Ces possessions, à la fois stratégiques et anciennes, forment un ensemble cohérent entre Chartres et Vendôme, à la frontière des influences capétiennes, angevines et percheronnes.

Vers 1253, Clémence épouse Robert Ier de Dreux, seigneur de Beu, Longueville et Nesle, issu de la branche cadette des Dreux–Braine. Ce mariage, probablement négocié dans l’entourage royal, permet à la maison de Dreux d’étendre son emprise vers le Perche, tout en consolidant son ancrage dans les terres capétiennes. Par cette union, la vicomté de Châteaudun passe dans les mains de la maison de Beu, qui en assure la continuité jusqu’au XVIe siècle.

Clémence meurt en 1259, à l’âge de trente ans, et est inhumée à l’abbaye Saint-Yved de Braine, aux côtés de son époux. Sa sépulture dans la nécropole dynastique des Dreux confirme l’intégration de sa lignée dans le sanctuaire capétien, loin de ses terres natales du Perche.

Sa descendance assure la continuité de la maison de Beu jusqu’au XVIe siècle.

Alix de Beu (1255–1302), épouse de Raoul II de Clermont-Nesle, connétable de France

Clémence de Dreux (1257–ap. 1300), épouse de Gauthier de Nemours puis Jean des Barres

Isabeau de Dreux (1264–1300), épouse de Gaucher V de Châtillon

Robert II de Dreux (1265–1306), vicomte de Beu, seigneur de Bagneux

 Alix de Beu, l’aînée, épouse Raoul II de Clermont-Nesle, connétable de France, transférant ainsi la vicomté de Châteaudun à la puissante maison de Clermont.

 Clémence de Dreux, sa sœur cadette, contracte deux alliances successives avec Gauthier III de Nemours puis Jean des Barres, assurant une présence Dreux dans les terres de Beauvais et du Gâtinais.

Isabeau de Dreux, née vers 1264, épouse Gaucher V de Châtillon, autre connétable de France, renforçant les liens entre Dreux et les grandes familles militaires du royaume.

Enfin, Robert II de Dreux hérite du titre de vicomte de Beu et seigneur de Bagneux, assurant la continuité masculine de la lignée jusqu’au début du XVIe siècle.

 [Clémence de Châteaudun incarne une transmission territoriale féminine rare et décisive. Par son mariage, elle transfère la vicomté de Châteaudun à la maison de Beu, tout en assurant une descendance qui relie Dreux aux maisons de Clermont, Châtillon et Nemours. Sa sépulture à Braine, loin du Perche, témoigne d’une capétianisation réussie, mais aussi d’un effacement des lignées locales au profit des dynasties royales. Elle est donc un vecteur de capétianisation territoriale, une matrice d’alliances, et une figure de transition entre les seigneuries du Loir et les sphères militaires du royaume.]

 



Amé II de Sarrebruck-Commercy (1435 – 1476)

Guillemette de Luxembourg (1435 – vers 1500)

Fils de Robert Ier de Sarrebruck-Commercy et de Jeanne de Pierrepont, Amé II hérite du comté de Braine à la mort de son père en 1465. Ce dernier ayant laissé une réputation sombre à Commercy, Amé II choisit de résider à Braine, renouant avec la tradition capétienne de l’abbatiale Saint-Yved. Comte de Braine, seigneur de Commercy-Château-Haut

Il assiste au sacre de Louis XI en 1461 aux côtés de son frère Jean VII, comte de Roucy, témoignant de son rang et de son intégration dans la haute noblesse du royaume. Il poursuit les alliances territoriales et le mécénat religieux dans le Tardenois.

[Amé II de Sarrebruck-Commercy incarne le retour à Braine après les excès de son père. Par sa résidence, ses alliances et sa sépulture, il réactive la mémoire dynastique des Dreux tout en introduisant la noblesse lorraine dans le sanctuaire capétien.]

Guillemette de Luxembourg (1435 – vers 1500)

Comtesse de Braine, dame de Commercy

Née vers 1435, Guillemette est la fille de Thibaut de Luxembourg-Saint-Pol, seigneur de Fiennes, et de Philippotte de Melun, dame de Rosny. Elle appartient à la branche des Luxembourg-Ligny, issue des comtes de Brienne et de Saint-Pol, et donc liée aux grandes familles princières du nord du royaume et des marches de Lorraine.

En 1462, elle épouse Amé II de Sarrebruck-Commercy, seigneur de Commercy-Château-Haut et comte de Braine. Ce mariage unit les Luxembourg et les Sarrebruck, deux lignées aux marges du royaume, mais proches du pouvoir royal. Guillemette apporte en dot des liens avec les terres de Fiennes, Rosny et Saint-Pol, renforçant l’ancrage capétien de la maison de Sarrebruck dans le nord du royaume.

Elle est la mère de Robert II de Sarrebruck-Commercy, qui lui succède comme comte de Braine.

De cette union naît Robert II de Sarrebruck-Commercy, qui hérite du comté de Braine et de Commercy à la mort de son père en 1476. Guillemette survit à son époux et semble avoir contracté un second mariage vers 1478 avec Gilles Harpedanne de Belleville, seigneur de Cosnac, ce qui témoigne d’une volonté de maintenir son statut et ses alliances après la mort d’Amé II.

Elle meurt avant 1500, probablement dans l’entourage de son fils ou de son second époux. Sa sépulture n’est pas attestée à Braine, ce qui suggère un éloignement de la nécropole dynastique après son remariage.

[Guillemette de Luxembourg incarne une stratégie féminine d’alliance et de transmission, à la fois par son mariage avec Amé II de Sarrebruck et par son remariage avec Gilles Harpedanne. Elle relie les maisons de Luxembourg, Melun, Sarrebruck et Belleville, assurant une continuité territoriale et diplomatique dans les marches du royaume. L’absence de sépulture à Braine, contrairement à son époux, témoigne d’une bifurcation dynastique, mais aussi d’une autonomie féminine affirmée dans la gestion des alliances.]

 

Robert II de Sarrebruck-Commercy († 1504) et

Comte de Roucy et de Braine, Seigneur de Commercy-Château-Haut,

Montmirail et La Ferté-Gaucher

Marie d’Amboise (vers 1460-1519)


Fils d’Amé II de Sarrebruck-Commercy et de Guillemette de Luxembourg, elle-même fille de Thibaut de Luxembourg, seigneur de Fiennes. Héritier d’une double tradition : la maison de Sarrebruck-Commercy (implantée en Lorraine) et les alliances luxembourgeoises, qui renforcent son ancrage dans la haute noblesse du royaume de France.

Actif dans les affaires du royaume à la fin du XVe siècle, notamment dans la gestion des terres de Braine et Roucy. Témoin de la transition entre les derniers Valois et les premiers Bourbons, dans un contexte de centralisation monarchique.

Épouse Marie d’Amboise le 5 février 1487, fille de Charles Ier d’Amboise, seigneur de Chaumont, et de Louise-Marie de Rieux.

Cette union le rattache à la puissante maison d’Amboise, proche du pouvoir royal et active dans les affaires militaires et diplomatiques.

Descendance

Amé III de Sarrebruck-Commercy, son fils, lui succède mais meurt sans postérité.

Trois filles : Philippine, Catherine, et Guillemette, qui héritent des terres et titres à la mort de leur frère.

Philippine épouse Charles de Bourbon-Montpensier, renforçant les liens avec la maison de Bourbon.

Catherine épouse Claude de Lannoy, seigneur de Molembais.

Guillemette épouse Jean de Montmorency, seigneur de Beuvry.

Décès à Paris le 4 septembre 1504, son cœur y est conservé, tandis que son corps est transféré à Braine, dans l’abbatiale Saint-Yved.

Il y rejoint son père Amé II, dans une tradition funéraire qui fait de Braine un sanctuaire dynastique.

 

[Robert II incarne la transition entre les lignages féodaux et les alliances dynastiques du royaume de France. Son inhumation à Braine, aux côtés de son père, scelle une mémoire territoriale et aristocratique que l’abbatiale Saint-Yved cristallise.]

 

Marie d’Amboise (vers1460-1519)

Marie d’Amboise (vers 1460 – 9 janvier 1519) fut dame des Riceys, de Bagneux et de Rosny, épouse de Robert II de Sarrebruck-Commercy. Elle incarne la jonction entre les maisons d’Amboise, Sarrebruck et La Marck, et joue un rôle central dans la transmission du comté de Braine au XVIe siècle.

Née vers 1460, Marie est la fille de Charles Ier d’Amboise, seigneur de Chaumont, gouverneur de l’Île-de-France, de Bourgogne et de Champagne, et de Catherine de Chauvigny, dame de Ravel. Elle appartient à une maison influente dans les cercles royaux, et est la nièce du célèbre cardinal Georges d’Amboise, ministre de Louis XII.

Le 5 février 1487, elle épouse Robert II de Sarrebruck-Commercy, comte de Braine et de Roucy, seigneur de Commercy-Château-Haut, Montmirail et La Ferté-Gaucher. Ce mariage renforce les liens entre les Sarrebruck et les Amboise, consolidant leur présence dans les terres du nord et de l’est du royaume.

Marie survit à son époux, mort en 1504, et meurt le 9 janvier 1519 aux Riceys, dans l’Aube. Elle est probablement inhumée sur ses terres, loin de la nécropole de Braine où repose son mari.

Descendance

Marie d’Amboise et Robert II eurent plusieurs enfants :

Amé III de Sarrebruck-Commercy, héritier principal, mort sans postérité en 1525.

Philippine de Sarrebruck, dame de Commercy, morte en 1551.

Catherine de Sarrebruck, épouse d’Antoine de Roye, transmet le comté de Roucy à la maison de Roye.

Guillemette de Sarrebruck, épouse de Robert III de La Marck, maréchal de France, mère de Robert IV de La Marck, duc de Bouillon et prince de Sedan.

 [Marie d’Amboise incarne une stratégie féminine de transmission territoriale et diplomatique. Par son mariage avec Robert II, elle ancre les Sarrebruck dans les cercles royaux, tout en assurant une descendance qui relie Braine aux maisons de La Marck et de Roye. Sa mort aux Riceys, loin de Braine, témoigne d’une dispersion territoriale, mais aussi d’une autonomie féminine affirmée dans la gestion des terres et des alliances.]


                           Guillemette de Sarrebruck (vers 1490 – après 1540)


Comtesse de Braine, dame de Montagu, héritière des Sarrebruck-Commercy 

Épouse de Robert III de La Marck, duc de Bouillon, prince de Sedan.

Fille de Robert II de Sarrebruck-Commercy et de Marie d’Amboise, Guillemette naît dans une maison noble aux racines lorraines et champenoises, liée aux terres de Commercy, Montmirail, La Ferté-Gaucher, et surtout Braine, centre dynastique du Tardenois.

Elle devient comtesse de Braine à la mort de son frère Amé III, dernier mâle de la lignée, décédé sans postérité. Cette succession féminine, rare mais légitime, assure la continuité territoriale des Sarrebruck dans la région.  Elle hérite également de la seigneurie de Montagu, et probablement de droits sur Pontarcy, Neufchâtel, et La Ferté-Gaucher, consolidant un ensemble cohérent entre Champagne et Picardie.

Elle épouse Robert III de La Marck, duc de Bouillon, prince de Sedan, maréchal de France, seigneur de Fleurange et de Florange, issu d’une maison princière puissante, liée aux duchés de Clèves, Bouillon, et au Saint-Empire. Ce mariage, célébré vers 1510, scelle l’entrée des La Marck dans les terres de Braine et dans la nécropole dynastique de l’abbatiale Saint-Yved, où repose déjà son père.

Par cette union, les possessions des Sarrebruck-Commercy sont intégrées aux domaines princiers des La Marck, renforçant l’ancrage franco-impérial du Tardenois.

Leur fils, Robert IV de La Marck (1512–1556), devient maréchal de France, duc de Bouillon, et prince de Sedan. Il épouse Françoise de Brézé, fille de Louis de Brézé et de Diane de Poitiers, favorite d’Henri II.

Robert IV meurt empoisonné à Rome, selon les chroniques, sur ordre de Charles Quint, dans un contexte de tensions franco-impériales.

Guillemette, par son fils, assure la transmission du comté de Braine aux La Marck, qui le conserveront jusqu’au XVIIe siècle.

Guillemette réside au château de Braine, où elle administre les terres, les droits seigneuriaux, et les rentes du comté. Elle veille à l’entretien de l’abbatiale Saint-Yved, lieu de sépulture des Sarrebruck et des La Marck, consolidant la mémoire dynastique. Elle est mentionnée dans plusieurs actes notariés et cartulaires de la région, notamment dans les registres de donations à l’abbaye et les actes de succession.

Elle meurt après 1540, probablement vers 1541–1542, au château de Braine. Elle est inhumée dans l’abbatiale Saint-Yved, rejoignant son père Robert II, son frère Amé III, et plus tard son époux Robert III de La Marck, dans une continuité funéraire qui fait de Braine une nécropole aristocratique majeure.

[Guillemette de Sarrebruck incarne la transmission féminine du pouvoir territorial à la charnière des XVe et XVIe siècles. Par son héritage du comté de Braine, son mariage avec Robert III de La Marck, et la gestion du château et de l’abbatiale, elle assure la continuité dynastique entre Commercy, Braine et Bouillon. Sa figure relie les mémoires féodales aux principautés renaissantes, dans un Tardenois devenu carrefour franco-impérial.]

 

 Françoise de Brézé (1518 – 14 octobre 1574)

 


 Comtesse de Maulévrier, baronne de Mauny et de Sérignan, dame de Bréval 

Épouse de Robert IV de La Marck, duchesse de Bouillon, régente de Sedan et de Braine

Fille de Louis de Brézé, grand sénéchal de Normandie, et de Diane de Poitiers, favorite du roi Henri II, Françoise naît dans une lignée prestigieuse mêlant sang royal (descendante de Charles VII et d’Agnès Sorel) et influence politique.

Elle est élevée dans l’entourage de la cour, au château d’Anet, et bénéficie d’une éducation raffinée, marquée par les arts, les lettres et la diplomatie. Par sa mère, elle incarne la lignée des favorites, femmes puissantes de la Renaissance, capables d’influer sur les affaires du royaume.

Mariage et alliance dynastique

Le 19 janvier 1538, elle épouse Robert IV de La Marck, duc de Bouillon, prince de Sedan, comte de Braine et de Maulévrier, dans la chapelle du Louvre, en présence de la cour.

Ce mariage unit les maisons de Brézé, Poitiers et La Marck, consolidant les possessions dans le Tardenois, la Normandie, les Ardennes, et les marches du Saint-Empire.

Elle devient ainsi duchesse de Bouillon, et sa dot renforce les domaines de son époux, notamment à Maulévrier, Bréval, et Sérignan.

Le couple a neuf enfants, dont :

Henri-Robert de La Marck (1540–1574), successeur à Sedan et Bouillon

Charles-Robert, comte de Maulévrier et de Braine

Antoinette, duchesse de Montmorency

Diane, duchesse de Nevers

Guillemette, comtesse de Brienne

Françoise, abbesse d’Avenay

Catherine, dame de Bréval

 Par ses filles, Françoise tisse des alliances avec les Montmorency, Clèves, Luxembourg, Babou, et Harlay, assurant une dispersion stratégique de l’influence familiale dans les cercles princiers et ecclésiastiques.

Régence et administration

À la mort de son époux en 1556, empoisonné après sa captivité à Milan sur ordre de l’empereur Charles Quint, Françoise assure la régence de Sedan et de Braine jusqu’à la majorité de son fils Henri-Robert.

Elle se montre administratrice rigoureuse, elle fait paver la rue Neuve de l’Horloge à Sedan, première rue pavée de la ville, encore visible aujourd’hui.

Elle fonde l’hospice de Sedan, structure hospitalière durable, symbole de sa politique sociale.

Elle veille à l’équilibre des comptes, à la gestion des rentes et à la défense des droits princiers.

Mort et sépulture

Elle meurt le 14 octobre 1574, à l’âge de 56 ans, probablement au château de Sedan ou de Braine.

Elle est inhumée dans la abbatiale Saint-Yved de Braine, nécropole familiale des Dreux, Sarrebruck, et La Marck, scellant la continuité dynastique et la mémoire princière du Tardenois.

[Françoise de Brézé incarne la puissance féminine de la Renaissance, héritière directe de Diane de Poitiers. Par son mariage princier, sa régence territoriale, et ses alliances dynastiques, elle relie les mémoires capétiennes de Braine à la politique royale de Henri II. Sa sépulture à Saint-Yved scelle la transmission aristocratique entre Normandie, Tardenois et Ardennes. ]


 Origines et premières lignées

  • 1040–1050 : Hugues Premier seigneur mentionné, probablement lié à la noblesse locale.
  • 1094–1106 : Hugues II dit le Blanc (ou de Laon) [Personnage clef, à relier aux lignages laonnois et aux luttes féodales régionales.]
  • 1106–1109 : Rodolphe Frère probable de Hugues II.
  • 1120 : André de Baudement Sénéchal de Champagne, beau-frère de Hugues II.
  • 1137 : Guy de Baudement Fils d’André, père d’Agnès de Baudement.


Maison capétienne de Dreux (branche cadette des Capétiens)

  • Vers 1150 : Robert Ier de Dreux Époux d’Agnès de Baudement.  [Début de la dynastie capétienne à Braine, à croiser avec les archives de Saint-Yved.]
  • 1188–1325 : Succession Dreux (Robert II à Robert V) Plusieurs comtes successifs, dont Jean II dit "le Bon".


Maison de Pierrepont


Armes des comtes de Roucy de la maison de Pierrepont

  • 1325–1459 : Jean V à Jeanne de Pierrepont  [À noter : Isabelle et Jeanne, héritières, ouvrent la voie à la maison suivante par alliance.]

 Maison de Sarrebruck-Commercy

  • 1417–1492 : Robert III à Jean VII Par mariage avec Jeanne de Pierrepont. [Robert III devient comte de Braine par alliance, à vérifier dans les registres de Commercy.]
  • 1492–1525 : Amé III de Sarrebruck Marié à Renée de La Marck. Leur fils Robert meurt en bas âge. Trois sœurs héritent : Guillemette (Braine), Catherine (Roucy), Philippine (Commercy).

 Maison de La Marck

  • 1525–1622 : Robert III à Henri-Robert de La Marck Guillemette épouse Robert III de La Marck. [Guillemette meurt à Braine en 1571, inhumée à Saint-Yved. À documenter visuellement.]

Maison Eschallart de La Boulaie

  • 1658–1675 : Maximilien Eschallart à Henri-Robert-Maximilien Derniers seigneurs avant la Révolution. [ À croiser avec les archives militaires (bataille de Cantarbrick).]

Derniers seigneurs et Révolution

  • 1789 : Casimir Pignatelli d’Egmont Comte de Braine, député de la noblesse. [Dernier seigneur avant l’émigration en 1791. À relier aux événements révolutionnaires locaux.]

 

La dalle de forme carrée est scellée dans le sol de la chapelle Saint-Nicolas, devant l'autel. 

L'épitaphe en occupe toute la surface. h = 83 ; la = 81.

 CY GIST/MADAME MARIE DE DREUES FILLE [DE]/MONSEIGNEUR ARCHEMBAUD DE BOURBON/PRIEZ POUR S'AME/ELLE TRÉPASSA A LA/VIGILE ST BARTHÉLEMY EN L'AN DE GRACE/MCCLXXIV/SON TOMBEAU A ÉTÉ TRANSPORTE CY A COTE/POUR LA DÉCORATION DE L’ÉGLISE/L'AN 1775.


Vue des pieds du gisant de Simon de Roucy - Musée de Soissons


Gisant de Marie de Châtillon, auquel a été fixée une tête (de prophète ?)
 provenant du portail occidental.


Dans la seconde moitié du 14e siècle, Simon de Roucy, comte de Braine, fait aménager dans le bras sud du transept de l'église abbatiale et la chapelle biaise qui le prolonge à l'est, une chapelle funéraire familiale sous le vocable de Saint-Denis. Son fils Jean de Roucy, évêque et duc de Laon de 1386 à 1418, fait élever cinq tombeaux pour ses parents, ses frères, sa sœur et ses neveux. Le monument funéraire de Simon de Roucy et de Marie de Châtillon, décédés respectivement en 1392 et en 1396, a probablement été réalisé peu après leur disparition à l'initiative de leur fils. Il est relevé ainsi que l'ensemble des tombeaux seigneuriaux de Braine pour l'érudit et antiquaire Roger de Gaignières à la fin du 17e ou au début du 18e siècle. Ces dessins, conservés depuis le 19e siècle à la Bodleian Library d'Oxford (Royaume-Uni) ont été copiés sur calque par l'érudit local Stanislas Prioux au milieu du 19e siècle, ce qui permet d'en connaître l'aspect. D'après cette source, les gisants des deux époux étaient sculptés en calcaire polychrome, à l'exception des mains et des visages en albâtre. Ils reposaient avec leur dais sculptés et armoriés sur une dalle de marbre noir bordée de l'épitaphe gravée en écriture gothique. Le dessin de Gaignières permet également de restituer assez fidèlement l'épitaphe et les armoiries. En effet, tous ces monuments funéraires ont été détruits sous la Révolution, à l'exception des pieds du gisant de Simon de Roucy (ou de celui de son fils Hugues de Roucy, décédé en 1395) et du corps du gisant de Marie de Châtillon. Ce dernier, mutilé, a été affublé dès le 19e siècle d'une tête de vieillard barbu. D'après certaines comparaisons iconographiques et stylistiques, notamment avec les portails des cathédrales de Laon et de Senlis, cette tête provient vraisemblablement d'une des quatre statues-colonnes de prophètes placées dans les ébrasements du portail central de la façade occidentale de l'ancienne église abbatiale. Les deux vestiges du tombeau sont en dépôt au musée de Soissons depuis 1962.

Seuls subsistent aujourd'hui le corps du gisant de Marie de Châtillon et les pieds du gisant probable de Simon de Roucy.

Taille de pierre, marbrerie, sculpture, calcaire, en plusieurs éléments, blanc taillé, peint, polychrome, décor en relief, marbre, monolithe, noir taillé, poli, gravé

Dimensions du corps du gisant de Marie de Châtillon : h = 31 ; l = 146 ; la = 44. Dimensions des pieds du gisant de Simon de Roucy : h = 26, l = 26, la = 46.

Iconographies :

personnage historique, lion homme, de face, en pied, prière, armure, ornement animal

personnage historique, chien femme, de face, en pied, prière, ornement animal

 Selon le dessin de la collection Gaignières, le gisant de Simon de Roucy était revêtu de l'armure articulée et de la cotte armoriée du chevalier, un lion héraldique à ses pieds. Le dessin du tombeau de Hugues de Roucy montre un gisant semblable à celui de son père, et pose ainsi le problème de l'attribution des pieds subsistants. Le gisant de Marie de Châtillon est revêtu d'une longue robe et d'un manteau armorié. Ses pieds reposent sur deux chiens adossés. Le corps mutilé de la statue a été affublé d'une tête de prophète provenant probablement du portail occidental.

Inscriptions & marques

dates, dédicace, épitaphe, armoiries gravées sur l'œuvre, français, latin, connu par document

Précision inscriptions

Cy gist hault et puissant prince monseigneur simon conte de roucy [et] de braine qui trepassa en son chastel du bois les roucy en l'an de grace mil ccc iiii xx [et] douze le mardy xviiie jour de fevrier./Cy gist tres haulte et puissante dame madame marie de chatillon contesse des dis lieux et/fe[m]me du dit monseigneur le conte qui trepassa en lan de grace mil ccc iiiixx [et] xvi le xie jour davril Et leur fit faire cette sépulture rev[er]ens pere en dieu monseigneur/jehan de roucy par la grace de Dieu evesque [et] duc de laon conte danisy per de france leur fils. Armoiries de Simon de Roucy (sculptées et peintes sur le dais et sur la cotte) : d'or au lion d'azur ; armoiries de Marie de Châtillon (sculptées et peintes sur le dais et sur le manteau) : parti, à dextre d'or au lion d'azur (Roucy), et à senestre palé de gueules et componé d'azur et d'argent, au chef d'or à un alérion de gueules (Châtillon).

État de conservation : œuvre mutilée

Le corps du gisant de Marie de Châtillon et les solerets du gisant de Simon de Roucy, appuyés sur un lion couché, sont les seuls vestiges connus du tombeau.


Voir : LÉglise Saint-Yved de Braine,  ancienne église abbatiale prémontrée Saint-Yved

Ici
































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